CHAPITRE 3. LES LIMITES DE L'AGROECOLOGIE ET
L'AGRICULTURE
DURABLE
3.1. LIMITES DE L'AGROECOLOGIE
L'agroécologie s'oppose ainsi à l'idée
que le progrès signifie nécessairement l'augmentation de la
productivité de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire produire plus avec
moins de travail et plus de capital. Mais il y a autre chose encore. Intensive
en main-d'oeuvre, l'agroécologie l'est aussi en connaissances : elle
suppose des transferts de savoirs, elle repose sur les échanges entre
paysans, elle les érige en experts au lieu que la bonne pratique vienne
des laboratoires, elle a sa source dans ces lieux d'expérimentation qui
sont les champs que l'on cultive (De Shutter, 2010).
Malgré de nombreuses réussites à
l'échelle de projets, les pratiques agroécologiques ont du mal
à se maintenir dans la durée ou à se diffuser à
grande échelle. Enfin, certaines pratiques agroécologiques sont
intensives en main-d'oeuvre : elles sont plus aisées à pratiquer
sur des plus petites parcelles, où le travailleur agricole est
lié à la terre, sur laquelle il investit pour le long terme
(Dugué, 2014).
Après s'être documentés, nous avons
remarqué que l'agroécologie est un système
de production agricole qui présente des limites suivantes
: 3.1.1. Limites liées à la transition
L'agroécologie engendre des coûts de transition
(apprentissages, baisse de rendements les premières années...).
Afin d'ajouter de la valeur aux produits issus de l'agroécologie, il
faudrait donner les moyens aux paysans d'assumer davantage des tâches
liées à l'emballage, au traitement et à la
commercialisation par exemple au sein de coopératives. L'accès
aux marchés pour les paysans est essentiel au développement et
à la survie de leurs exploitations (JAGRO, 2016)
Olivier De Schutter (2014) dénombre quatre verrous
à cette transition agroécologiques : « Le premier est
d'ordre technologique . · la modernisation de l'agriculture mondiale
s'est faite uniquement selon un modèle productiviste. Le deuxième
est socio-économique : de grands acteurs dominent le marché,
aussi bien au niveau des producteurs d'intrants que des industries de
transformation. La possibilité pour de petits acteurs ou même des
acteurs de taille moyenne de créer des alternatives est donc très
limitée. Le troisième obstacle est culturel . · nos modes
de vie pressés dépendent d'une alimentation transformée et
facile à préparer. Enfin, l'obstacle politique . · les
gouvernements sont sensibles aux intérêts
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de leurs grandes entreprises agroalimentaires, qui se
trouvent de fait disposer d'un droit de veto sur les transformations d'ensemble
».
3.1.2. Limites écologiques Sur le plan
écologique :
· L'on remarque que les effets de certains traitements
phytosanitaires naturels sont moins immédiats comparativement aux
produits chimiques de synthèse mais sont en même temps avantageux
à moyen et long termes ;
· Il y a un besoin éventuel d'espaces
complémentaires, pour intégrer les pratiques
agroécologiques (embocagement, plantes de couverture...) ;
· Maîtrise des prédateurs et
pathogènes ;
· La lutte biologique nécessite une connaissance
des plantes et des minéraux, et de leurs vertus ; elle demande en
général de nombreuses applications successives et s'avère
parfois moins efficace que les traitements phytosanitaires de synthèse.
De fois elle représente un risque de pollution lié à la
toxicité de certaines matières actives (nicotine du tabac)
(Agrisud International, 2010) ;
· Certaines plantes de couverture telles que le
Pueraria phaseloides ou le Mucuna cochinchinensis peuvent
étouffer des cultures en absence de contrôle (Agrisud
International, 2010).
3.1.3. Limites socio-culturelles Sur le plan
socio-culturel :
· Il est constaté que l'évolution
nécessaire des pratiques traditionnelles ou conventionnelles
nécessite une volonté et une motivation pour les
communautés paysannes ;
· L'agroécologie nécessite un temps de
travail élevé. Ces pratiques sont pour la plupart coûteuses
en travail. La transformation de biomasses végétales en fumier et
compost en est un exemple. Même pour les exploitations
équipées en charrette, elle implique du travail de collecte de
résidus de cultures, de transport, de mise en tas et parfois d'arrosage
pour un résultat à court terme considéré par les
agriculteurs comme limité si on le compare à celui obtenu par
l'apport de 100 kg/ha d'engrais minéral (Dugué, 2014) ;
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· Les difficultés de sortir des systèmes
habituels ;
· Des innovations peu compatibles avec certaines
évolutions récentes. Ensuite, les stratégies
d'amélioration de la productivité du travail mises en place par
les agriculteurs ces 20 dernières années sont peu ou pas
compatibles avec l'adoption de certaines innovations agroécologiques. La
culture attelée bien maitrisée et toujours demandée par
les agriculteurs permet de réduire la pénibilité du
travail surtout pour l'entretien des cultures (sarclages et buttages
mécaniques). La culture associée recommandée par les
promoteurs de l'agroécologie est difficilement compatible avec la
mécanisation des sarclages et des buttages. Les agriculteurs n'ont pas
envie de revenir aux travaux d'entretien manuels, longs et fastidieux.
L'association céréale-légumineuse devient incompatible
avec l'épandage d'herbicides, très utilisés dans
l'ensemble des zones cotonnières, car il n'existe à ce jour aucun
herbicide sélectif pour ce type d'association. Plus globalement, l'usage
des herbicides totaux ou sélectifs est considéré par les
agriculteurs de ces zones comme un progrès majeur même s'ils sont
mal informés des dangers et des limites de leur usage (Dugué,
2014) ;
· La rapide croissance démographique et la
pauvreté accrue de la population mondiale, conjuguées à
une vulnérabilité des milieux, font peser de fortes menaces sur
la préservation des ressources naturelles et la pérennité
des formes d'agriculture qui les exploitent ;
· Évolution nécessaire des pratiques
traditionnelles ou conventionnelles nécessitant une volonté et
une motivation (Agrisud international, 2010).
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