Le terme « durabilité » est aujourd'hui
largement utilisé dans les milieux du développement, mais que
signifie-t-il au juste ? Selon le dictionnaire, la « durabilité
» se dit de « la continuité d'un effort, la capacité de
pouvoir durer et ne pas chuter ». Dans le contexte de l'agriculture, la
« durabilité » se réfère principalement à
la capacité de rester productif tout en maintenant la base des
ressources. À titre d'exemple, le Comité de consultation
technique du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
(CCT/GRAI, 1988) déclare que « l'agriculture durable consiste
à gérer de manière efficace les ressources utilisables par
l'agriculture dans le but de satisfaire les besoins changeants de l'être
humain, tout en veillant au maintien, voire à l'amélioration de
la qualité de l'environnement ainsi qu'à la préservation
des ressources naturelles » (Reijntjes, 1995).
Toutefois, beaucoup se réfèrent à une
définition plus large selon laquelle l'agriculture est durable si elle
est (Gips, 1986) :
? Écologiquement saine,
c'est-à-dire qu'elle préserve la qualité des ressources
naturelles et qu'elle améliore la dynamique de
l'ensemble de l'agrosystème, de l'homme aux micro-organismes du sol, en
passant par les cultures et les animaux. Le meilleur moyen d'assurer cette
dynamique reste une gestion du sol, et de la santé des cultures, des
animaux et des êtres humains, grâce à des
procédés biologiques (autorégulation). Quant aux
ressources locales, elles sont utilisées de manière à
minimiser les pertes d'éléments minéraux, de biomasse et
d'énergie et à éviter toute pollution, l'accent
étant placé sur l'utilisation des ressources renouvelables ;
? Économiquement viable,
c'est-à-dire qu'elle permet aux agriculteurs de
produire
suffisamment pour assurer leur autonomie et/ou un revenu, et de
fournir un profit suffisant pour garantir le travail et les frais
engagés. La viabilité économique se mesure non seulement
en termes de production agricole directe (rendement), mais également en
fonction de critères tels que la préservation des ressources et
la minimisation des risques ;
? Socialement équitable,
c'est-à-dire que la répartition des ressources et du
pouvoir
est telle que les besoins essentiels de chaque membre de la
société sont satisfaits,
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et que leurs droits concernant l'usage des terres,
l'accès à un capital approprié, l'assistance technique et
les possibilités de marché sont assurés. Chacun doit avoir
la possibilité de participer aux prises de décision, tant dans le
cadre de l'exploitation que dans la société. Les troubles sociaux
y compris à l'agriculture ;
? Adaptable, c'est-à-dire que les
communautés rurales sont capables de s'adapter
aux changements
incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture
(croissance démographique, politiques, demande du marché, etc.).
Cela n'implique pas seulement le développement des nouvelles techniques
mieux appropriées, mais aussi des innovations sur le plan social et
culturel.
La figure 2. Illustre les trois piliers de la
durabilité d'un système
Figure 3. Les trois piliers du développement
durable (Nature et Science, 2017)
Ces critères définissant la durabilité
peuvent être contradictoires, et absorbés selon des points de vue
différents : celui de l'agriculteur, de la communauté, de la
nation et du monde. Des conflits peuvent donc surgir entre les besoins actuels
et futurs, entre la satisfaction des besoins immédiats et la
préservation des ressources de base. L'agriculteur peut chercher
à maximiser son revenu à travers des prix élevés
pour ses produits, alors que le gouvernement préfère assurer un
approvisionnement en nourriture suffisant à des prix abordables pour les
populations urbaines. À ce titre, des choix doivent être faits
constamment dans le souci permanent de trouver un équilibre entre ces
intérêts contradictoires. Par conséquent, des institutions
efficaces et des politiques bien réfléchies sont
nécessaires à tous les niveaux, du village à la
planète, afin d'assurer un développement durable (Reijntjes,
1995).
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