ANNEE ACADEMIQUE 2018-2019
République Démocratique
du Congo
UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
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FACULTE DE DROIT
DEPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET SOCIAL
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DE LA PORTEE DU POUVOIR FISCAL DES PROVINCES
EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : ETUDE A LA LUMIERE DE LA PROVINCE
DU SUD-KIVU
Travail présenté en vue de l'obtention du titre de
Licencié en Droit
Présenté par Christian CITERA
Directeur : NAMEGABE MASTAKI Justin
Professeur Associé
Encadreur : MUZALIWA KALINDE Martin
Chef de Travaux
Christian CITERA
DEDICACE
A nos chers parents Citera Mungu-Akonkwa et Jeannette Nabintu,
A nos frères et soeurs Fazili, Salama, Maliyamungu,
Esther, Linda, Amina et Crispin.
Christian CITERA
II | P a g e
REMERCIEMENTS
Qu'il nous soit permis d'exprimer toute notre reconnaissance
à notre Directeur, le Professeur Justin Mastaki Namegabe pour avoir
très aimablement accepté de diriger ce travail de mémoire
dont les conseils perspicaces ont éclairé de manière
décisive à l'élaboration du présent mémoire
et ont permis à son aboutissement.
Nous voudrions en plus exprimer toute notre gratitude à
notre Encadreur, le Chef de Travaux Martin Muzaliwa Kalinde pour son
encadrement.
Qu'il soit vivement et infiniment remercié nos
très chers parents Citera Mungu-Akonkwa Dieudonné et Nabintu
Jeannette pour nous avoir engendré, bien élevé et
donné l'opportunité d'aller à l'école.
Nous voudrions dire également un grand merci à
nos soeurs et frères Fadhili, Salama, Maliyamungu, Alimasi, Linda, Amina
et Crispin.
Que nos cousins, nièces et neveux Akili, Prince,
Ombeni, Fiston, Célestine, Pascaline, Christian, Ebernerez, M'onga et
Eto'o reçoivent nos vifs et chaleureux remerciements.
Notre reconnaissance profonde va à l'endroit du
Capitaine Magistrat N'ganama Joseph, Lieutenant Magistrat Amisi Ramazani et au
Capitaine Magistrat Jeep Lufulwabo pour avoir guidé nos premiers pas
dans les rouages de la justice militaire et pour nous avoir donné le
goût de celle-ci. Il en va de même à l'Assistant Christian
Byaombe Malumalu et l'Assistant Blaise-Pascal Zirimwamagabo Migabo dont leurs
conseils et encouragements ont permis de nous sentir moins seul, tout au long
de ce mémoire.
Nos remerciements s'adressent également aux
Professeurs, Chefs de Travaux et Assistants de l'Université Officielle
de Bukavu, et particulièrement ceux de la Faculté de Droit, qui,
sans avoir été consultés, nous ont mis à notre
disposition, dans le cadre de leurs cours respectifs, des
éléments ayant permis de confectionner et de mieux
appréhender les différents aspects du sujet de ce
mémoire.
Ces mêmes sentiments s'adressent enfin aux
éminents membres du jury qui ont accepté de lire ce
mémoire, de le critiquer et de le discuter, nous avons bien conscience
de la chance d'avoir un tel jury, couvrant quasiment tous les domaines
abordés dans ce mémoire.
III | P a g e
SIGLES ET ACRONYMES
Coll. Collection
C.N.R.S. Centre National de la Recherche Scientifique
D.P.M.E.R. Direction Provinciale de Mobilisation et
d'Encadrement de Recettes
Ed. Edition
E.T.D. Entité Territoriale
Décentralisée
J.O. R.D.C. Journal Officielle de la République
Démocratique du Congo
L.G.D.J. Librairie Générale de Droit et de
Jurisprudence
L.G.F. Librairie Générale Française
LOFIP Loi relative aux Finances Publiques
Op. Cit. Opus Citatum
P. Page
P.U.F. Presse Universitaire de France
P.U.K. Presse Universitaire de Kinshasa
R.D.C. République Démocratique du Congo
U.C.B. Université Catholique de Bukavu
U.O.B. Université Officielle de Bukavu
U.P.C. Université Protestante du Congo
R.U.V. Revue de l'Université de Lorraine,
Vol. : Volume
1 | P age
0. INTRODUCTION
01. Problématique de l'étude
Dans le souci de rapprocher l'administration aux
administrés, la Constitution de 2006 a octroyé la
personnalité juridique aux provinces1 sur la base de laquelle
celles-ci disposent désormais de certaines prérogatives et cela
dans divers domaines.
Sur le plan fiscal, la Constitution détermine les
compétences de pouvoir central, les compétences concurrentes
entre le pouvoir central et des provinces ainsi que les compétences
exclusives des provinces. C'est ainsi, l'article 203 point 7 du texte
précité dispose, s'agissant des compétences concurrentes
entre le pouvoir central et des provinces, que les provinces peuvent
établir d'impôts2.
De même, en ce qui concerne la compétence exclusive
des provinces, l'article 204 de la Constitution3 reconnait aux
provinces la compétence d'organiser le régime fiscal des
impôts. C'est ce qui ressort de l'article 205 de la
Constitution4 qui prévoit que le Parlement ne peut pas
légiférer dans les compétences exclusives des provinces.
Réciproquement une Assemblée provinciale ne peut pas
légiférer sur les matières de la compétence
exclusive du pouvoir central. Il résulte de ces dispositions que le
Constituant originaire congolais a consacré le pouvoir fiscal des
provinces, notamment en matière d'établissement d'impôts,
de leurs recouvrements et de la fixation de leurs taux.
C'est dans cette optique que la loi n°08/012 du 31
juillet 2008 sur la libre administration des provinces, notamment en ses
articles 35, 36 et 475, dispose que l'impôt est établi
conformément à la législation provinciale.
1 L'article 3 de la Constitution du 18
février 2006 modifiée par la Loi n°11/002 du 20 janvier 2011
portant révision de certains articles de la constitution de la R.D.C. du
18 février 2006 dispose : « Les provinces (....) de la
République Démocratique du Congo sont dotées de la
personnalité juridique (....) », In J.O. R.D.C., N°
spécial 5 février 2011.
2 L'article 203 point 7 de la Constitution dispose
« l'établissement des impôts, y compris les droits d'accise
et de consommation, à l'exclusion des impôts visés à
l'article 174 », in J.O.R.D.C., N° spécial 5
février 2011.
3 L'article 204 point 16 de la Constitution dispose
« Sans préjudice des autres dispositions de la présente
Constitution, les matières suivantes sont de la compétence
exclusive des provinces : les impôts, les taxes et les droits provinciaux
et locaux, notamment l'impôt foncier, l'impôt sur les revenus
locatifs et l'impôt sur les véhicules automoteurs », In
J.O.R.D.C., N° spécial 5 février 2011.
4 L'article 205 de la Constitution dispose : «
une Assemblée provinciale ne peut légiférer sur les
matières de la compétence exclusive du pouvoir central.
Réciproquement, l'Assemblée nationale et le Sénat ne
peuvent légiférer sur les matières de la compétence
exclusive d'une province », In J.O.R.D.C., N° spécial
5 février 2011.
5 L'article 35 point 9 dispose « les taxes et
les droits provinciaux et locaux, notamment l'impôt foncier,
l'impôt sur les revenus locatifs et l'impôt sur les
véhicules automoteurs » ; L'article 36 point 3 dispose «
l'établissement des
2 | P age
Il résulte donc de ces dispositions constitutionnelles,
en l'occurrence les articles 203 et 204, et de la loi sur la libre
administration des provinces, notamment en ses articles 35, 36 et 47 que les
provinces disposent du pouvoir fiscal en RDC.
Pourtant, la même Constitution, en son article 174
précise qu'il ne peut être établi d'impôt que par la
loi. Autrement dit, la compétence fiscale étant du domaine
d'exclusif de la loi. Cette dernière fixe, conformément aux
dispositions de l'article 122 point 10 de la Constitution, l'assiette, le taux
et les modalités de recouvrement des impôts revenant au pouvoir
central comme ceux des impôts perçus au bénéfice des
provinces et des Entités Territoriales Décentralisées.
Abondant dans la même optique, la Loi n°11/011 du
13 juillet 2011 relative aux finances publiques6 dispose que les
provinces ne peuvent pas établir d'impôts par voie
d'édit.
Il en découle qu'au regard des articles 122 point 10 et
174 de la Constitution et l'article 9 de la loi relatives aux finances
publiques que les provinces ne peuvent pas établir d'impôt par
voie d'édit.
Dès lors, l'application des articles 203 et 204 de la
Constitution et les articles 35, 36 et 47 de la loi sur la libre administration
des provinces qui prévoient que les provinces disposent du pouvoir en
matière de création d'impôts dans le domaine concurrent et
exclusif, au regard des dispositions des articles 122 point 10 et 174 de la
Constitution ainsi que celles de l'article 9 de la loi relatives aux finances
publiques pose problème et nous pousse à nous interroger sur les
questions suivantes :
1. Quelle est l'étendue du pouvoir fiscal des provinces
en droit congolais ?
2. Comment les provinces de la RDC en général
et celle du Sud-Kivu en particulier se comportent-elles face aux règles
déterminant la compétence du pouvoir fiscal en RDC ?
Telles sont les questions auxquelles il sera proposé
des réponses progressivement à partir des hypothèses de
travail.
impôts, y compris les droits d'accise et de
consommation, à l'exclusion des impôts visés à
l'article174 de la Constitution » et l'article 48 dispose «
L'impôt est établi conformément à la
législation fiscale provinciale » tous ces articles sont de la Loi
n°13/008 du 22 janvier 2013 modifiant et complétant la Loi
n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces, Disponible sur
https://www.leganet.cd.
6 L'article 9 alinéa 5 de la Loi
n°18/010 du 18 juillet 2018 modifiant la loi n° 11/011 du 13 juillet
2011 relative aux finances publique est libellé « Les
Assemblées provinciales, les organes délibérants des
entités territoriales décentralisées ne peuvent
créer ni impôt, ni taxe, ni droit ou redevance», In J.O.
R.D.C., N° spécial 9 juillet 2018.
3 | P a g e
02. Hypothèses d'étude
En guise de réponses provisoires aux questions
soulevées par notre problématique, nous estimons que :
1. Le droit congolais semble entretenir une certaine
ambiguïté quant à l'étendue du pouvoir fiscal des
provinces en RDC étant donné que certaines dispositions
constitutionnelles et législatives tendent à reconnaitre d'une
manière implicite et/ou expresse le pouvoir fiscal des provinces, alors
que d'autres dispositions tant constitutionnelles que législatives ne
reconnaissent aux provinces aucun pouvoir fiscal.
2. Dans la pratique, la plupart de provinces de la RDC,
notamment celle du Sud-Kivu, se comportent comme bénéficiaire
notamment en matière d'établissement d'impôts ou taxes, en
matière de modification ou de la fixation du taux.
03. Etat de la question
La thématique du pouvoir fiscal a déjà
tiré l'attention de nombreux chercheurs. Nous ne pouvons donc pas
prétendre être le premier à pouvoir l'aborder. Nous ne
prétendons pas non plus présenter avec exhaustivité tous
les travaux réalisés sur cette thématique. Les travaux de
ces auteurs ont marqué notre attention:
Blaise Pascal Zirimwagabo Migabo et Christian Byaombe
Malumalu7 ont écrit en 2018 une tribune intitulée
« Inconstitutionnalité et illégalité de la taxe sur
la reconstruction de la province du Sud-Kivu ».
Dans cette tribune, ils concluent que les provinces de la RDC
n'ont aucune compétence en matière d'établissement
d'impôts ou taxes. De ce fait, la taxe sur les passagers instituée
par le gouvernement provincial du Sud-Kivu et le mécanisme de son
recouvrement, sont illégaux et anticonstitutionnels.
En effet, Michel Bouvier8 a écrit en 2011 un
article intitulé « L'autonomie fiscale des collectivités
territoriales : Du quiproquo à la clarification ».
7 B-P. ZIRIMWAGABO MIGABO et Ch. BYAOMBE MALUMALU,
« Inconstitutionnalité et illégalité de la taxe
sur la reconstruction de la province du Sud-Kivu »,
Disponible sur
https://www.laprunellerdc.infos/2018/10/16/inconstitutionnalité-et-illegalite-de-la-taxe-sur-la-reconstruction-de-la-province-au-sud-kivu/.
8 M. BOUVIER, « L'autonomie fiscale des
collectivités territoriales: Du quiproquo à la clarification
», En ligne sur
https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/l'-autonomie-fiscale-des-collectivites-territoriales:Du-quiproquo-a-la-clarification.
9 M.-Ch. STECKEL MONTES, « Un pouvoir fiscal
local en trompe-l'oeil », Dispose sur
https://www.cairn.info/revue-francaise-de-droit-constitutionnel-2005-1-page-19.htm,
4 | P age
Dans cet article, il conclut que le pouvoir fiscal local, tout
en restant un pouvoir dérivé de celui du Parlement s'est
amorcé lorsque certains impôts du gouvernement central furent
attribués aux collectivités territoriales.
Par ailleurs, Marie-Christine Steckel-Montes9 a
rédigé en 2005 un article intitulé « Un pouvoir
fiscal local en trompe-l'oeil ».
Dans cet article, elle conclut que le pouvoir fiscal local est
un objet nouveau du droit fiscal français. Cependant, sa
définition juridique étant laconique et qu'il est susceptible de
faire l'objet d'une double interprétation. Par une lecture extensive,
d'abord, il affermira l'autonomie financière des collectivités
territoriales. Par une lecture littérale, ensuite, il consolidera la
décentralisation fiscale.
Le présent travail de mémoire se démarque
de ces études ci- dessus sur des éléments :
La présente étude porte sur la portée du
pouvoir fiscal des provinces en République Démocratique du Congo
: Etude à la lumière de la province du Sud-Kivu. Cette
étude analyse la compétence fiscale des provinces de la RDC en
général et celle du Sud-Kivu en particulier en matière
d'établissement des impôts et taxes d'une part, et de fixation de
taux des impôts et taxes provinciaux d'autre part.
04. Choix et intérêt du sujet
L'étude sur la portée du pouvoir fiscal des
provinces en RDC revêt sans doute un intérêt
indéniable et à ce, à une triple raison.
D'abord, du point de vue scientifique, ce travail
réside en ce que toute personne (membre de la société,
décideur, enseignent, praticien du droit etc.) soucieuse de la
reconnaissance aux provinces d'un véritable pouvoir fiscal pourra
trouver dans ce travail un précieux instrument, mieux un guide de lui
fournir des éléments appropriés en la matière.
Ensuite, sur le plan social et pratique, le présent
travail s'inscrit dans le cadre de la réflexion sur les moyens pouvant
faire émerger le développement des provinces de la RDC. Cela
à partir de la reconnaissance aux provinces d'un véritable
pouvoir fiscal, qui grâce aux impôts et taxes que les provinces
auront établis et ces derniers seront capables de couvrir des charges
publiques provinciales et offrir des services publics aux citoyens,
réduire la pauvreté accablante de ceux-ci.
5 | P a g e
Enfin, à titre personnel, cette recherche est une
épreuve de notre engagement en faveur de la reconnaissance d'un
véritable pouvoir fiscal aux provinces pour bien booster les finances
provinciales.
05. Méthodologie
a. Méthodes
Toute recherche qui se veut scientifique et sérieuse
doit reposer sur une base méthodologique ; la méthode
elle-même étant l'ensemble des règles pour conduire
raisonnablement, logiquement nos pensées. En d'autres mots, c'est la
voie à suivre pour atteindre le but qu'on s'est
fixé10.
En Droit, comme l'a écrit François Grua, «
(...) le besoin de méthode ressurgit cependant quand on observe que
l'idée d'un Droit positif qui aurait réponse à tout se
révèle illusoire. L'accumulation des textes de lois et des
décisions de justices tend davantage à compliquer le Droit
qu'à le simplifier. Sans méthode on s'y noie (...)
»11.
De ce qui précède, il
s'avère impérieux, dans le cadre de cette étude, de
recourir à deux méthodes. Il s'agit de la méthode
exégèse ou de la méthode exégétique,
appelée communément la « méthode juridique » et
de la méthode historique. La première évoque l'idée
d'une interprétation littéraire. Elle va consister à
saisir le fondement des textes légaux et réglementaires en
matière fiscale des provinces. En d'autres termes, leur esprit et leur
lettre pour permettre de comprendre la ratio legis de ces textes. Il
nous semble que c'est la méthode appropriée et la plus
utilisée en Droit.
La deuxième, va permettre de chercher la
genèse, l'antécédent en ce qui concerne le pouvoir fiscal
des provinces en République Démocratique du Congo.
b. Technique
Une technique de recherche peut être définie
comme « tout moyen qui permet au chercheur d'acquérir et de traiter
les données dont il a besoin afin de comprendre et d'expliquer un
phénomène ou un sujet d'étude. La technique de recherche
est donc un outil de collecte des données. Elle est l'ensemble d'outils
mis à la disposition du chercheur12.
10 L. MPALA MBABULA, Pour vous chercheur :
Directives pour rédiger un travail scientifique suivi de recherche
scientifique sur internet, 3ième éd., Lubumbashi,
Ed. Mpala, 2006, P. 54.
11 F. GRUA, Méthodes des études
de droit. Conseils sur la dissertation et le commentaire, Collection
Méthodes de droit, Paris, Dalloz, 2006, P. 2.S
12 E. MWANZO, Notes de cours de
méthodologie juridique, Faculté de Droit, Deuxième
année de graduat, U.P.C., 2013-2014, Inédit.
6 | P a g e
Dans le cadre de ce travail, l'obligation nous incombe de
recourir à la technique qui repose sur la consultation des textes,
journaux, films ou tout ce qui, d'une façon ou d'une autre, constitue un
support permettant de rendre compte d'un phénomène social.
06. Esquisse du Plan
Mis à part la présente introduction ainsi que la
conclusion reprise in fine du présent travail de
mémoire, cette dissertation comporte deux chapitres qui s'agencent de la
manière suivante :
Le premier chapitre portera sur le pouvoir fiscal des
provinces en RDC alors que le second examinera la province du Sud-Kivu à
l'aune de l'incertitude du pouvoir fiscal
13 L'article 122 point de la Constitution du 18
février 2006 dispose : « la loi fixe les règles concernant
le taux, l'assiette et les modalités de recouvrement », In
J.O.R.D.C., N° spécial 5 février 2011.
7 | P a g e
CHAPITRE I. DU POUVOIR FISCAL DES PROVINCES EN RDC
L'examen du pouvoir fiscal des provinces en RDC passe d'abord
par la maitrise de la notion relative au pouvoir fiscal ainsi qu'à
l'étude des règles déterminant les compétences
fiscales de ces provinces.
Cela étant, dans le cadre du présent chapitre,
nous présenterons en premier lieu la notion relative au pouvoir fiscal
(Section I) et en second lieu, nous analyserons les règles relatives aux
compétences fiscales des provinces en RDC (Section II).
Section I. De la notion du pouvoir fiscal
En marge de cette section, nous aborderons les points relatifs
à la définition et caractéristique du pouvoir fiscal
(§1) ainsi que son contenu (§2).
§1. Définition et caractéristique du
pouvoir fiscal
Comme dit précédemment, l'étude de la
notion du pouvoir fiscal nécessite de prime abord la maitrise de la
définition et les caractéristiques du pouvoir fiscal. Cela
étant, nous allons en premier lieu définir le pouvoir fiscal (A)
avant d'aborder, en second lieu, les différentes caractéristiques
de ce pouvoir (B).
A. Définition du pouvoir fiscal et notions
voisines
Sur ce point, nous analyserons la définition (1), d'une
part et, nous passerons en revue les notions voisines du pouvoir dont question
(2), d'autre part.
1. Définition, de la dissociation ou de la non
dissociation du pouvoir fiscal et de la souveraineté de
l'Etat
a. Définition proprement dit du pouvoir
fiscal
D'emblée, relevons-le que la législation
congolaise n'a pas défini expressis verbis ce qu'on entend par
pouvoir fiscal.
En effet, le Constituant originaire congolais en son article
122 point 1013 dispose que le pouvoir fiscal est du domaine de la
loi. De ce qui précède, il s'avère impérieux de
recourir à la doctrine à défaut d'une définition
constitutionnellement établie.
De ce fait, Landry Ngono Tsim écrit que : « le
pouvoir fiscal est la compétence qu'ont les entités locales dans
la maîtrise du processus des impôts (création, modification
et suppression,
8 | P a g e
détermination de l'assiette, vote du montant et des
taux d'imposition, détermination des modalités de recouvrement),
ensemble de matières qui relèvent du législateur
conformément aux lois fondamentales des pays considérés
»14.
Abondant dans le même sens, Nicolas Guillet
précise, pour sa part, que « le pouvoir fiscal est la
liberté dont dispose une entité locale pour déterminer les
règles applicables au prélèvement fiscal ainsi que le
pouvoir de contraindre pour l'appliquer »15.
De ces définitions sous examen, il se dégage
l'idée selon laquelle le pouvoir fiscal consisterait, d'après
certains auteurs, pour une autorité, le pouvoir de créer ses
propres impôts et de fixer le régime juridique de ceux-ci (objets,
redevables, base imposable, taux, exemptions, règles procédurales
d'établissement et de recouvrement, règles relatives au
contentieux, etc.)16.
En effet, il est prescrit aux articles 122 point 10 et 174 de
la Constitution congolaise en vigueur que seul le législateur national
dispose de la compétence fiscale aussi bien au niveau national,
provincial voire local. En d'autres mots, en RDC, seul le législateur
national est investi de la compétence d'instituer les impôts en
vertu du principe de consentement de l'impôt car il représente
tous les peuples Congolais17.
C'est ce qui ressort du principe général de la
légalité fiscale issue de l'article 14 de la Déclaration
des droits de l'homme de 178918, lequel doit se concilier avec le
principe particulier de l'égalité devant
l'impôt19, tel qu'il découle de l'article 13 de la
même Déclaration20.
14 L. NGONO TSIM, L'autonomie administrative et
financière des collectivités territoriales
décentralisées: L'exemple du Cameroun, Thèse de
doctorant, Université de Paris-Est, 2010, P. 176. ; M. KHALID, « De
l'autonomie fiscale des collectivités locales marocaines », In
Revue des finances publiques marocaines, Disponible sur
https://www.cairn.infos/revue-francaise-des-finances-publiques19.htm.
15 N. GUILLET, « L'avenir financière
des collectivités territoriales après la loi organique du 29
juillet 2004 », In RGCT, Janvier-Février 2005, N° 32,
P. 45.
16 M. BOURGEOIS et M. UHODA, « La
décentralisation fiscale et financière en République
Démocratique du Congo : Eléments économiques et juridiques
», Revue de la Faculté de Droit de l'Université de
Liège, 2011, P. 391.
17 M. MASABO, Notes de cours de droit
fiscal, Faculté de Droit, Première année de licence,
U.O.B., 2017-2018, Inédit.
18 L'article 14 de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen de 1879 dispose : « Tous citoyens ont droit de
constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la
nécessité de la contribution publique, de la consentir librement,
d'en suivre l'emploi et d'en déterminer la quotité, l'assiette,
le recouvrement et la durée », Disponible sur
https://www.legifrance.gouv.fr/Droit-francais/constitution/Declaration-des-droits-de-homme-et-du-Citoyen-de-1879
19 M. MASABO, Notes de cours de droit
fiscal, Op.Cit., ; Voire encore M. MASABO, Notes de cours de
droit des finances publiques, Faculté de Droit, Deuxième
année de graduat, U.O.B., 2015-2016, Inédit.
20 L'article 13 de la Déclaration des droits
de l'homme et du citoyen de 1789 dispose : « Pour l'entretien de la force
publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution
commune est indispensable : elle doit être également
répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs
faculté», Disponible sur
https://www.conseil-constitutionnel.fr/le-bloc-de-constitutionalité/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789.
9 | P a g e
b. De la dissolution ou du non dissolution du pouvoir
fiscal avec la souveraineté de l'Etat
Il est à noter à ce jour que le pouvoir fiscal
est une notion strictement liée à la souveraineté de
l'Etat (1°). Néanmoins, ce pouvoir peut être dissocié
de la souveraineté de l'Etat puisque le pouvoir fiscal peut être
partagé entre l'Etat et d'autres entités (2°).
1°. De l'indissociable du pouvoir fiscal avec la
souveraineté de l'Etat
La constitutionnalisation des charges fiscales s'illustre
comme un phénomène quasi universel. Il ressort de ce passage
qu'aucune des Constitutions n'ignore la question de la contribution des charges
publiques pour le bon fonctionnement de l'Etat.
C'est ainsi que le Constituant originaire congolais en son
alinéa 2 de l'article 174 précise que la contribution aux charges
publiques constitue un devoir pour toute personne vivant en République
Démocratique du Congo21.
Par ailleurs, la constitutionnalisation du
phénomène fiscal nous parait compréhensible. Paraphrasant
l'idée de Jean Bodin sur le pouvoir fiscal, ce dernier renseigne que ce
pouvoir est indissociable de la notion de la souveraineté de l'Etat. A
cet effet, il écrit en ces termes : « le droit d'imposer est
basé sur la théorie générale de la
souveraineté »22.
Abondant dans le même sens, Guy Gest et Gilbert Tixier
soulignent sans ambages que : « le pouvoir fiscal et le pouvoir politique
vont de pair et qu'ils ne peuvent pas être séparés puisque
l'impôt a toujours été un aspect essentiel de la
souveraineté de l'Etat. Il est l'un des droits régaliens qui
expriment la puissance du prince »23. C'est pourquoi,
concluent-ils « maîtriser l'impôt, c'est maîtriser
l'Etat »24.
2°. De la dissociation du pouvoir fiscal de la
souveraineté de l'Etat
Alexandre Maïtrot De La Motte fournit des
éléments de dissociations entre le pouvoir fiscal et la
souveraineté de l'Etat. En fait, cet auteur pense que ces deux notions
peuvent se dissocier sur un double point de vue, en tenant non seulement compte
du contenu de ces deux notions, mais aussi du plan matériel.
21 Lire l'article 174 alinéa 2 de la
Constitution du 18 février 2006 telle que modifiée et
complétée à ce jour, J.O.R.D.C., N°
spécial 5 février 2011.
22 J. BORDIN, Les six livres de la
République, Paris, Librairie Générale
Française, 1993, Disponible sur
www.librairie-générale-française-publié-en-1576-fr.
23 G. GEST et G. TIXIER, Manuel de droit
fiscal, Paris, L.G.D.J., 1986, P. 32.
24 Ibidem.
10 | P a g e
En se référant au contenu du pouvoir fiscal et
à la souveraineté de l'Etat, cet auteur estime que la
différence qu'il faut établir entre ces deux notions tient au
fait que le pouvoir fiscal regroupe une compétence et un pouvoir alors
que « la souveraineté de l'Etat »25 désigne
la compétence de compétence et le pouvoir du pouvoir. Dit
autrement, le pouvoir désigne, d'une part la compétence d'exercer
des compétences normatives ou de les attribuer librement à une
autorité et de les lui reprendre, et d'autre part, la puissance
permettant d'exercer des pouvoirs ou de les conférer à une
autorité ou les lui reprendre26.
Sur le plan matériel, et contrairement à la
souveraineté qui n'appartient qu'à l'Etat dont il lui est
incontestable et indivisible, le pouvoir fiscal, cependant, peut être
partagé entre l'Etat et une autre entité, voire même
l'être transférée, de sorte que le titulaire de la
souveraineté et celui du pouvoir fiscal ne coïncident pas
nécessairement27.
2. De la notion voisine du pouvoir fiscal
La notion du pouvoir fiscal des provinces peut prêter
à confusion avec l'autonomie financière (a) et avec l'autonomie
budgétaire lorsqu'une entité jouit du principe de la libre
administration (b).
a. De l'autonomie financière des
provinces
La Constitution congolaise, moins encore la loi relative
à la libre administration des provinces et de la loi sur les
Entités Territoriales Décentralisées, ne définisse
nulle part l'autonomie financière. D'ailleurs, elle se contente
seulement à faire allusion qu'à l'autonomie de gestion des
ressources financières28. Pour cela, il convient de tenter de
définir ce concept. Celui-ci retient, pour cette définition, deux
aspects cumulativement : la capacité juridique (2°) et
l'indépendance matérielle en matière de finances des
provinces (1°).
25 L'article 9 de la Constitution du 18
février telle que modifiée et complétée à ce
jour dispose : « L'Etat exerce une souveraineté permanente
notamment sur le sol, le sous-sol, les eaux et les forêts, sur les
espaces aérien, fluvial, lacustre et maritime congolais ainsi que sur la
mer territoriale congolaise et sur le plateau continental (...) », In
J.O.R.D.C., N° spécial 5 février 2011.
26 A. MAÏTROT DE LA MOTTE, Droit fiscal de
l'Union européenne, Bruxelles, Bruylant, 2012, P. 1.
27 Ibidem.
28L'alinéa 3 de l'article 3 de la Constitution
du 18 février 2006 dispose : « Elles jouissent de la libre
administration
et de l'autonomie de gestion de leurs ressources
économiques, humaines, techniques et financières », In
J.O.R.D.C., N° spécial 5 février 2011. Et l'article
2 alinéa 3 de la loi sur la libre administration prévoit : «
Elle jouit de l'autonomie de gestion de leurs ressources économiques,
humaines, techniques et financières », Disponible sur
https://www.leganet.cd.
11 | P a g e
1°. L'autonomie financière :
Indépendance matérielle en matière
financière
L'autonomie financière des collectivités
territoriales doit être conditionnée par un aspect matériel
qui consiste, pour ces collectivités, à détenir la
possession effective des moyens financiers leur permettant de faire face
à leurs charges.
En d'autres termes, l'autonomie financière
réelle « ou dans son aspect d'indépendance matérielle
en matière financière » suppose que les collectivités
locales disposent d'un niveau suffisant de ressources financières et
qu'elles aient une maîtrise de leurs charges.
Contrairement à la capacité juridique,
l'autonomie financière réelle passe du registre du pouvoir
à celui de l'avoir. On peut donc affirmer que si l'autonomie formelle et
l'autonomie réelle sont étroitement liées, c'est la
seconde qui donne tout son sens à la première. Comme le
précise Robert HERTZOG, « avoir un patrimoine, avoir des agents,
avoir des ressources financières suffisantes, voilà qui est
déterminant pour l'autonomie ainsi entendue. La capacité de
produire des règles est, au mieux, accessoire »29.
En définitive, retenons avec Landry Ngono Tsimi que
l'autonomie financière des collectivités territoriales peut
être définie « d'une part, comme la capacité juridique
de ces collectivités à disposer d'un libre pouvoir de
décision tant en matière de recettes que de dépenses, et
d'autre part comme l'indépendance matérielle en matière de
finances de ces collectivités vis-à-vis de l'Etat
»30.
2°. L'autonomie financière : Capacité
financière
La capacité juridique en matière
financière est appréhendée en termes de pouvoir de
décision budgétaire en matière de recettes qu'en
matière de dépenses. Cela étant, sous réserve de
l'exercice de ce pouvoir dans les limites prescrites par les règles de
droit positif en vigueur. Il s'agit là d'une condition
qualitative.
Dans son aspect de capacité juridique, l'autonomie
financière est dite aussi « autonomie formelle ». Elle se
caractérise par une compétence juridique initiale ; c'est le
pouvoir de produire des normes, notamment celles qu'on s'applique à
soi-même.
29 R. HERTZOG, « L'ambiguë
constitutionnalisation des finances locales », In Actualité
juridique de droit administratif, Mars 2003, P. 542.
30 L. NGONO TSIM, Op. Cit. P. 180.
12 | P a g e
Comme pouvoir de décision budgétaire en
matière de recettes, l'autonomie financière exige que la
collectivité territoriale puisse voter elle-même son propre budget
par ses organes élus31. Ce faisant, le budget ainsi
voté, et qui traduit en des termes concrets la prévision des
réalisations des compétences transférées, est
subordonné concomitamment à la réalisation des ressources
attendues. Cette équation qui pose une règle fondamentale des
finances publiques, suppose au préalable la maîtrise parfaite de
ses recettes depuis leur création jusqu'à leur recouvrement.
En revanche, le pouvoir de décision budgétaire
en matière de dépenses est une opération juridique qui
consiste à décider de la dépense locale ou «
engagement ». Ce pouvoir se réalise à la libre
appréciation de l'ordonnateur dès lors qu'il a reçu,
à travers le vote du budget, le pouvoir d'exécuter les
dépenses inscrites et autorisées pour l'année.
C'est ainsi que la phase d'exécution de la
dépense locale ne suffise pas à conclure que les
collectivités territoriales jouissent au regard de leurs dépenses
d'une réelle autonomie. Il serait d'ailleurs une conclusion hâtive
car l'autonomie de la dépense locale doit être analysée
ex-ante, c'est-à-dire, au moment du vote par les
assemblées locales de leur budget.
b. De l'autonomie budgétaire des
provinces
Comme il en est de l'autonomie financière des
provinces, la Constitutions du 18 Février 2006 moins alors la loi sur la
libre administration des provinces n'a pas défini l'autonomie
budgétaire. Le Constituant originaire et le législateur congolais
se sont contentés seulement à dire que les provinces ont «
une autonomie de gestion de leurs ressources »32.
Cela étant dit, avant de créer une autonomie
financière, l'Etat cherche d'abord à se créer une
autonomie budgétaire car un budget « n'est pas seulement l'acte qui
prévoit les dépenses et les recettes de l'Etat pour une
année déterminée, le budget est aussi l'acte qui autorise
le paiement de ces dépenses et le recouvrement de ces recettes
»33.
L'autonomie budgétaire résulte principalement de
la faculté de déterminer les recettes et les dépenses,
mais également, elle est étroitement liée à la
nature, à la répartition ainsi qu'à
31 J. MASTAKI, Notes de cours des finances
publiques, Faculté de Droit, U.O.B., Deuxième année
de graduat, 2018-2019, Inédit.
32 Lire l'article 3 de la Constitution du 18
février 2006 telle que modifiée et complétée
à ce jour, In J.O.R.D.C., n° spécial 5
février 2011.
33 M. MASABO, Notes de cours de droit de finances
publiques, Op. Cit.
13 | P a g e
l'affectation de ces agrégats
budgétaires34. En fait, l'autonomie budgétaire
implique que les collectivités territoriales disposent d'un budget
propre et de ressources suffisantes, dont elles assurent librement la
gestion.
Ce faisant, l'autonomie budgétaire des provinces se
présente dès lors, comme un critère majeur dans la
distinction entre la décentralisation ou la régionalisation et la
déconcentration de l'Etat unitaire. A ce sujet, retenons avec Loïc
Philip qu'on peut difficilement imaginer une entité territoriale sans
l'autonomie budgétaire parce que l'on passerait alors de la
décentralisation ou de la régionalisation à la
déconcentration35.
B. Caractéristiques du pouvoir fiscal
Une entité territoriale déterminée
bénéficiant de la souveraineté populaire, est
réputée jouir du pouvoir fiscal dès lors qu'elle dispose
d'un système fiscal représentant deux caractéristiques
dont l'autonomie technique d'une part (1) et une exclusivité
d'application sur une entité donnée d'autre part (2).
1. De l'exclusivité d'application sur une
entité donnée
L'exclusivité d'application signifie que le
système fiscal s'applique, à l'exclusion de tout système
concurrent dans un territoire géographique déterminé
où il est « unique pourvoyeur de ressources fiscales d'un budget ou
d'un système budgétaire (budget central ou les budgets locaux)
»36.
2. De l'autonomie technique
L'autonomie technique suppose que le système fiscal
soit « complet »37, en d'autres termes, qu'il contient
toutes les règles d'assiettes, liquidations et recouvrements
nécessaires à la mise en oeuvre de l'impôt38, et
ce, même si son contenu a été élaboré sous
l'influence directe ou indirecte d'un autre système fiscal ou s'il
évolue dans la même direction que ce dernier à
34 M. BOUVIER, Finances publiques,
7ième, Paris, L.G.D.J., 2001, P. 45.
35 L. PHILIP, « L'autonomie financière des
collectivités territoriales », Op. Cit.
36 E. ROBERT, Eléments d'une
théorie de la frontière appliqués en droit fiscal,
Thèse de doctorant, Université Panthéon-Assas, Paris,
2011, P. 111. ; Voire aussi M. MASABO, Op. Cit. ; Voire aussi G. GEST
et G. TIXIER, Droit fiscal international, 2ième
éd, Paris, P.U.F., 2000, P. 15.
37 L. CARTOU, Droit fiscal international et
européen, Paris, Dalloz, 1981, P. 14.
38 J. MASTAKI, Notes de cours de droit
fiscal, Faculté de Droit, U.C.B., Première année de
licence, P. 25.
14 | P a g e
condition, toutefois que ce parallélisme ne
présente aucun caractère d'automaticité ou
d'obligation39.
A ce sujet, Michel Masabo enseigne que si un système
fiscal présentant les deux caractéristiques
précédentes a été élaboré par des
organes propres au territoire sur lequel il est applicable, l'on pourra parler
à cet égard d'une autonomie fiscale complète voire dans un
« lato sensu de la souveraineté fiscale
»40.
§2. Du contenu du pouvoir fiscal
Le pouvoir fiscal comprend la compétence relative
à la détermination de l'assiette, fixation des taux de
matière imposable (A) et enfin au recouvrement des impôts (B).
A. La compétence relative à la
création de l'impôt
Dans les lignes qui suivent, nous examinerons deux principaux
points en l'occurrence la détermination de l'assiette (1) d'un
côté et, la fixation des taux (2) de l'autre.
1. Détermination de l'assiette
« L'assiette fiscale »41 est garante du
caractère équitable et loyal de la fiscalité, il revient
au législateur d'en fixer les règles. En la matière, la
portée de la compétence législative est très large.
En effet, par détermination de l'assiette, il faut inclure non seulement
le choix et la définition de la matière imposable «
création d'une nouvelle imposition, suppression d'une imposition
existante, définition proprement dite de la matière imposable,
des assujettis, détermination du lieu d'imposition, fixation du fait
générateur de l'impôt »42, mais aussi son
évaluation « il revient au Parlement de définir les
méthodes d'évaluation ainsi que les choix de la méthode
qui serait applicable dans tel ou tel cas »43.
39 M. MASABO, Op. Cit. ; Voire aussi S.
OUEDRAOGO, Les compétences nationales en matière fiscal et de
la communautarisation des règles dans l'espace Ouest-Africain,
Thèse de doctorant, Université de Bordeaux, 2015, P. 125. Voire
aussi E. ROBBERT, Op. Cit., P. 455.
40 M. MASABO, Op. Cit.
41 L'assiette de l'impôt a deux sens. Elle
désigne d'abord l'ensemble d'opérations administratives tendant
à établir l'existence et le montant de la matière
imposable, et à constater la présence du fait
générateur de l'impôt, c'est-à-dire de l'acte ou la
situation qui est la condition de la naissance de dette d'impôt. Et
ensuite, elle est l'élément lui-même retenu pour le calcul
de l'impôt par l'application du tarif, par exemple le montant du revenu
annuel. La définition de l'assiette de l'impôt dans lexiques
de termes juridiques, 16e édition, Dalloz, 2017-2018, P.
175.
42 M. BOUVIER, Introduction du droit fiscal
général et à la théorie de l'impôt,
8ième éd., Paris, L.G.D.J., Coll. Système,
2007, P. 120.
43 J.-L. GUIÈZE, Le partage des
compétences entre la loi et le règlement en matière
financière, Paris, L.G.D.J., 1974, P. 49.
15 | P a g e
En d'autres mots, il appartient à la loi de
façonner le système fiscal en réponse à deux
questions fondamentales : Qui va être contribuable ? Quelle va être
la matière imposable ?
En premier lieu, une option sociale conduit la loi «
à décider s'il faut préférer ne tenir compte dans
l'établissement de l'impôt que de la matière imposable, ou
s'il faut également prendre en considération la situation
individuelle du contribuable »44. Il s'agit là du choix
entre « l'impôt réel et l'impôt personnel
»45.
En deuxième lieu, la loi doit choisir sur quelle
richesse va reposer la matière imposable, à cet effet en suivant
la « trilogie désormais classique, mais dont les termes sont moins
homogènes qu'il n'y paraît à première vue
»46. Il s'agit pour le législateur d'opérer un
choix entre le revenu, le capital ou la dépense : c'est l'option
économique.
En troisième lieu, il s'agit pour la loi
d'opérer une option selon les techniques juridiques d'imposition. On se
trouve donc en présence du choix entre « l'impôt direct et
l'impôt indirect »47.
2. De la fixation des taux
Une fois la matière imposable connue, il appartient
également à la loi de déterminer le taux de l'impôt,
c'est-à-dire le pourcentage à appliquer à la base
d'imposition pour trouver le montant de l'impôt dû au fisc.
Pour ce faire, le titulaire du pouvoir fiscal utilise, soit la
technique de la quotité, soit celle de la répartition. Dans le
système de l'impôt de quotité, la loi fixe à
l'avance le taux de l'impôt, tandis que le produit de l'impôt est
seulement évalué de façon plus ou moins approximative.
Dans le système de l'impôt de répartition,
au contraire, le législateur fixe à l'avance le montant global de
l'impôt, mais non pas son taux. Cependant, la tendance est à la
généralisation de la technique de la quotité.
Suivant la quantité de la matière imposable, la
loi peut opter soit pour la proportionnalité c'est-à-dire, un
impôt dont le taux est constant, soit pour la progressivité en
d'autres termes, un
44P.-M. AUDEMET et J. MOLINIER, Finances
publiques, Tome 2, Montchrestien, 1997, P. 82.
45J.-J. ROUSSEAU, Economie politique, oeuvres
complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la
Pléiade, Tome III, 1966, p. 270., cité par KOLA GONZE, Notes
de cours de droit fiscal, Faculté de Droit, Première
année de licence, U.P.C., 2008-2009, Inédit.
46 P. BELTRAME et L. MEHL, Techniques,
politiques et institutions fiscales comparées, 2 éd., Paris,
P.U.F., P.102.
47 G. JEZE, « De la distinction des
impôts directs et indirects dans la législation financière
française », In R.S.L.F., 1907, P. 55, cité par M.
MASABO, Notes de cours de droit de finances publiques, Op.
Cit.
16 | P a g e
impôt qui, selon l'heureuse formule de Condorcet «
augmente plus qu'en proportion de la valeur imposée
»48.
B. Recouvrement de l'impôt
Il revient à la loi de fixer les modalités de
recouvrement. L'explication paraît évidente : « pour que la
répartition de l'impôt entre les citoyens soit conforme aux
règles d'assiette et de taux, il faut que le recouvrement s'effectue
normalement et complètement, tout excès de recouvrement, toute
faille dans le recouvrement entraîneraient une perturbation dans
l'équilibre entre les citoyens et dans la répartition, entre eux,
de la charge fiscale telle que l'a voulue la loi »49.
Il appartient à cet égard à la loi de
désigner l'organe de recouvrement, de choisir le système de
recouvrement (retenue à la source, émission d'un rôle
nominatif, apposition d'un timbre, etc.), de prévoir les
différentes modalités du contrôle et les règles du
contentieux y relatives.
En RDC, l'alinéa dernier de l'article 9 de la loi
relative aux finances publiques de 2011 précitée prescrit que le
Parlement peut habiliter les Assemblées provinciales et les organes
délibérants des ETD à fixer les modalités de
recouvrement de certains impôts, taxes ou droits provinciaux et
locaux.
Qu'en est-il des amendes et sanctions non pénales
liées au recouvrement de l'impôt ? Il convient à cet
égard de reproduire la réponse proposée par Jean-Luc
Guièze « elles appartiennent aussi à la loi dans la mesure
justement où elles apparaissent comme une modalité
particulière de recouvrement de sommes dont elle est elle-même
compétente pour fixer le taux et l'assiette »50.
En effet, il est formellement interdit d'émettre et de
recouvrer tout impôt direct ou indirect autre que ceux qui sont
énumérés par la loi sur la nomenclature des impôts,
taxes, droits provinciaux et locaux à quelque dénomination
qu'elles se perçoivent, à peine, contre les agents qui
confectionneraient les rôles et les tarifs et ceux qui
procéderaient au recouvrement d'être
48 P. FOLLIET, Les tarifs d'impôts :
Essai de mathématiques fiscales, Thèse de Sciences
économiques et sociales, Genève, 1946, P. 54.
49 Ibidem.
50 J.-L. GUIÈZE, Op. Cit., p. 57.
51 L'infraction de la concussion est prévue
aux articles 145 à 146 de la Loi n° 15/022 du 31 décembre
2015 modifiant et complétant le Décret du 30 janvier 1940 portant
Code pénal, In Journal Officiel, N° spécial
57année.
17 | P a g e
poursuivis comme « concussionnaires »51,
sans préjudice de l'action en réparation contre tous receveurs,
comptables ou individus qui en auraient effectué la perception.
Au demeurant, il est à noter que dans de l'Etat
unitaire, le Parlement est tenu d'exercer lui-même la totalité de
sa compétence en matière d'assiette, du taux et des
modalités de recouvrement des impositions de toute(s) nature(s).
Section II. De la compétence fiscale des
provinces en droit congolais
Le droit positif congolais entretient une
ambiguïté en matière de la compétence fiscale des
provinces étant donné que la conjugaison des certains articles de
la Constitution, en l'occurrence les articles 203 et 204, et des textes
législatifs tendent à reconnaitre d'une part la compétence
fiscale des provinces et d'autres part, ne reconnaissent pas aux provinces
cette dite compétence.
Ceci étant, dans cette section, nous traiterons deux
notions, l'une se penchera sur l'apparente consécration du pouvoir
fiscal des provinces en droit congolais (§1), et l'autre analysera un tant
soit peu la confusion qu'on peut faire entre la notion du pouvoir fiscal et de
la libre administration des provinces tels qu'arrêtés par le
Constituant et par le législateur (§2).
§1. De l'apparente consécration du pouvoir
fiscal des provinces
Certaines dispositions constitutionnelles semblent reconnaitre
aux provinces un pouvoir fiscal (A). Cela dit, il nous revient tout de
même d'interroger, dans certaines mesures, ce qui est prévu dans
d'autres instruments juridiques, tel est le cas de différentes lois y
relatives (B).
A. De l'imprécision constitutionnelle en
matière du pouvoir fiscal des provinces
Le Chapitre 2 du Titre III de la Constitution est
intitulé « Des Provinces ». L'article 201 Constitution indique
que la répartition des compétences entre le pouvoir central et
les provinces est fixée par la présente Constitution. Les
matières sont, soit de la compétence exclusive du pouvoir
central, soit de la compétence concurrente du pouvoir central et des
provinces (1), soit de la compétence exclusive des provinces (2).
18 | P a g e
1. De la compétence concurrente en
matière de création de l'impôt
Marc Bourgeois et Maxime Uhoda écrit sur cette question
de l'article 203 point 7 de la Constitution du 18 février 2006 qui
dispose : « l'établissement des impôts, y compris les droits
d'accise et de consommation, à l'exclusion des impôts visés
à l'article 174 », est une compétence concurrente du Pouvoir
central et des Provinces. En effet, compte tenu de la clause d'exclusion
inscrite à l'article 203 point 7 précité, pareille
compréhension de l'article 174 selon laquelle seule la loi, votée
au Parlement et promulguée par le Président de la
république, pourrait établir l'impôt, aboutirait à
priver les Provinces de facto de toute autonomie fiscale
normative52.
Dans une interprétation plus restrictive et
équilibrée selon eux, l'expression « à l'exclusion
des impôts visés à l'article 174 » se limiterait
à confirmer le maintien dans le giron du Pouvoir central des
impôts sur le revenu et sur les sociétés, ainsi que des
impôts personnels, qui relèvent, conformément à
l'article 202 point 10 de la Constitution, de la compétence exclusive du
Pouvoir central. Par voie de conséquence, le terme « loi »,
tel qu'évoqué à l'article 174 de la Constitution,
fondement du principe de la légalité de l'impôt en droit
congolais, se verrait-il attribuer un sens générique
désignant à la fois les lois nationales et les édits ou
les lois provinciales, adoptés par les législateurs
provinciaux.
En outre, le premier alinéa de l'article 128 de la
Constitution dispose : « Les matières autres que celles qui sont du
domaine de la loi ont un caractère réglementaire ». De par
cette disposition, il est à retenir que le Constituant originaire
congolais a défini le domaine du règlement53
négativement ou par opposition au domaine de la loi.
Par conséquent, « aucun impôt ne peut
être établi par voie réglementaire sous peine de la
violation de la Constitution. De la même manière, il ne peut
être permis à l'administration fiscale d'étendre, par voie
d'interprétation, le champ d'application de l'impôt aux
matières non visées par la loi »54.
Le législateur provincial, d'après certains
auteurs à l'occurrence Clément Mufundji Tshinat-Karl, Marc
Bourgois et Maxime Uhada, disposerait d'un pouvoir fiscal sur base des
52 M. BOURGEOIS et M. UHODA, « La
décentralisation fiscale et financière en République
Démocratique du Congo : élément économique et
juridique », Op. Cit., P. 398.
53 Le règlement est l'ensemble de
décisions émanant du pouvoir exécutif et des
autorités administratives. Ils peuvent occuper des places diverses dans
la hiérarchie des normes selon leur nature mais aussi selon
l'autorité qui l'adopte voire T., FURAHA MWAGALWA, Notes de cours de
l'introduction générale à l'étude du Droit,
Faculté de Droit, Première année de Graduat, U.O.B.,
2016-2017, P. 31 ; G. CORNU, Introduction à l'étude du
Droit, Paris, P.U.F., P. 54.
54 J. MASTAKI, Op. Cit., P. 35.
19 | P a g e
articles 203 point 7, 204 point 16 et 205 de la Constitution.
En fait, disons que, Clément Mufundji Tshinat-Karl ; Marc Bourgois et
Maxime Uhada enseignent que l'Assemblée provinciale a le pouvoir de
légiférer sur les matières de la compétence
exclusive du pouvoir provincial dans sa sphère de compétence
territoriale55. Toutefois, certains auteurs en l'occurrence
Jean-Marie F. Mboko Dj'andima et Simone Kanduki Zamby, pour ne citer que ces
deux, enseignent que les provinces ne disposent pas du pouvoir fiscal par voie
d'édit étant donné que seuls les députés
nationaux et les sénateurs représentent tous les peuples
Congolais et il revient à eux par ricochet d'établir des
impôts en vertu du principe de consentement de l'impôt tel que
prévu dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de
1789 et dans notre Constitution en son article 174 et 122 point 10.
Cela étant dit, nous retenons avec Jean-Marie F. Mboko
Dj'andima et Simone Kanduki Zamby que l'on ne peut pas faire une analogie entre
la loi telle que prescrite aux articles 174 et 122 de la Constitution et
l'édit provincial.
Au demeurant, il est de principe du droit selon lequel «
là où la loi veut, elle le dit, là où la loi ne
veut pas, elle se tait ». En fait, le constituant congolais fait une
marcation entre la loi et l'édit. C'est dans sens que Justin Mastaki
enseigne que les dispositions fiscales sont d'interprétations strictes
et par conséquent l'interprétation analogique n'est pas
démise.
2. De la compétence exclusive de provinces en
matière de création d'impôt
Au sujet de la compétence exclusive des provinces,
Clément Mufundji Tshinat-Karl souligne sans ambages sur la question de
l'article 204 point 16 de la Constitution qui dispose : « les
impôts, taxes, droits provinciaux et locaux notamment l'impôt
foncier, l'impôt sur les revenus locatifs et l'impôt sur les
véhicules automoteurs ».
Selon son interprétation de cette disposition
constitutionnelle, la province, dans son domaine exclusif, peut créer
tout un arsenal d'impôts, taxes et droits en dehors de ceux qui ont
été énumérés expressément, à
la seule condition que la matière imposable se retrouve dans le domaine
de compétence exclusive de la province.
C'est finalement par un édit56 que la
province peut établir, selon l'article 122 point 10 de la
Constitution57, l'assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toute nature.
55 Lire l'article 205 de la Constitution, Op.
Cit.
56 En fait, T. MALONGO MUHINDO enseigne que
l'édit est une loi de portée provinciale.
20 | P a g e
B. De l'imprécision législative en
matière du pouvoir fiscal des provinces
Selon les articles 47 et 48 alinéa 1er de la
loi relative à la libre administration des provinces, l'impôt
provincial et leur mécanisme de recouvrement sont établis par
l'édit et non par la loi nationale.
C'est ainsi qu'il ressort de l'article 7 du même texte
que les matières prévues aux dispositions de l'article 204 de la
Constitution sont de la compétence exclusive des provinces. Aux termes
de cet article « l'Assemblée Provinciale est l'organe
délibérant de la province. Elle délibère dans le
domaine des compétences réservées à la province et
contrôle le gouvernement provincial et les services publics provinciaux
et locaux. Elle légifère par voie d'édit
»58.
A ce sujet, la loi relative aux finances publiques en vigueur
dénote expressis verbis en son article 9 que les
Assemblées provinciales ne peuvent créer ni impôt, ni taxe,
ni droit ou redevance. Cependant, elles peuvent sur habilitation de la loi
fixer le taux et les modalités de recouvrement des certains
impôts, taxes, droits provinciaux.
Abondant dans le même sens Jean-Marie Mboko Dj'andima
souligne que loi relative aux finances publiques conclue que les provinces ne
disposent pas du pouvoir fiscal par voie d'édit.
§2. De la confusion du pouvoir fiscal et de la libre
administration des provinces
Ce point porte sur le pouvoir fiscal et les notions voisines
(A) d'une part, et du pouvoir fiscal et le transfert des produits des
impôts (B) d'autre part.
A. Pouvoir fiscal, l'autonomie financière et
budgétaire en droit congolais
L'autonomie financière et l'autonomie budgétaire
ainsi reconnues aux provinces peuvent prêter à confusion avec le
pouvoir fiscal. A ce sujet, Loïc Philip souligne qu'il n'est guère
contestable que l'autonomie financière ne peut exister sans un certain
pouvoir budgétaire, cela est moins évident en ce qui concerne le
pouvoir fiscal local59.
57 Dans ce sens que l'Edit n°005/2009 du 25
mai 2009 portant modalités d'encadrement, de recouvrement et de
perception des impôts, taxes et redevances de la province du Nord-Kivu
n'hésite pas de se fonder aussi sur l'article 122, point 10 de la
Constitution pour adapter les procédures fiscales et non fiscales de la
province du Nord-Kivu afin de permettre à la Direction
Générale des recettes du Nord-Kivu d'assurer efficacement les
missions lui assignées et aux requérants de faire valoir leurs
droits. Ceci dit, alors que l'article 122 énumère les
matières que la loi est appelée de fixer.
58 Lire l'article 47 de la loi sur la libre
administration des provinces, Disponible sur
https://www.leganet.cd.
59 L. PHILIP, « Le pouvoir fiscal local
bénéficie-t-il d'une protection constitutionnelle ? », In
Pouvoir locaux, n°46, septembre 2000, P. 344.
21 | P a g e
En d'autres mots, les provinces peuvent
bénéficier de l'autonomie financière et de l'autonomie
budgétaire sans avoir, la compétence d'établir
d'impôts, disons mieux, le pouvoir fiscal.
La lecture de l'article 48 alinéa 2 de la loi sur la
libre administration prévoit que les recettes propres de la province
comprennent les impôts, taxes, droits provinciaux et locaux ainsi que les
recettes de participation. Autrement dit, dans le cadre de la libre
administration des provinces, les provinces bénéficient d'un
pouvoir de décision sur leurs les recettes fiscales.
Elles ne disposent donc pas du pouvoir de créer un
impôt voire taxe et d'en déterminer l'assiette, le taux et les
modalités de recouvrement. C'est donc au législateur national
qu'il incombe la tache de fixer le régime des impôts, taxes,
droits ou redevances provinciaux et locaux, comme le précise l'article
174 et 122 point 10 de la Constitution du 18 février 200660
que la création des impositions de toute nature et la
détermination de l'assiette, le taux et les modalités de
recouvrement de celles-ci est du domaine de la loi.
Au demeurant, Alexis Essono Ovono pouvait ainsi conclure que
les entités locales dans un Etat unitaire ne disposent pas du pouvoir
fiscal61.
B. Du pouvoir fiscal et transfert des produits des
impôts
L'article 22 de la loi Camerounaise du 22 juillet 2004 portant
l'orientation de la décentralisation dispose que : « les ressources
nécessaires à l'exercice par les collectivités
territoriales de leurs compétences leur sont dévolues soit par le
transfert des produits de la fiscalité, soit par dotation, soit les deux
à la fois »62.
Le législateur Congolais, abondant dans le même
sens que le législateur Camerounais, en son article 48 de la loi sur la
libre administration des provinces prévoit que : « les ressources
propres de provinces comprennent les impôts, taxes, droits provinciaux et
locaux ainsi que les recettes de participation »63.
60 Lire les articles 174 et 204 de la Constitution
du 18 février 2006 telle que modifiée et complétée
à ce jour, in », in J.O.R.D.C., N° spécial 5
février 2011.
61 A. ESSONO EVONO, « L'autonomie
financière des collectivités locales en Afrique noire
francophone. Le cas du Cameroun, de la Côte-d'Ivoire, du Gabon et du
Sénégal », Op. Cit.
62 Lire l'article 22 de la Loi Camerounaise n°
2004/017 du 22 juillet 2004 portant l'orientation de la décentralisation
disponible sur
http://www.cvuc-uccc.com-minat-texte.
63 L'article 48 alinéa 1er de la
Loi n°13/008 du 22 janvier 2013 modifiant et complétant la Loi
n°08/012 du 31 juillet 2008 portant principes fondamentaux relatifs
à la libre administration des provinces dispose : « les ressources
propres des provinces comprennent les impôts, taxes, droits provinciaux
et locaux ainsi que les recettes de participation », Op. Cit.
22 | P a g e
Ce faisant, les provinces disposent de produits des
impôts, taxes, droits ou redevances qui sont prévus aux
dispositions de l'article 204 point 16, de 40 % de recettes à
caractères national tel qu'il est prescrit à l'article 175 et de
10 % de la caisse nationale de péréquation tel qu'il est
prévu à l'article 181 de la Constitution et de l'annexe de
l'Ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018 fixant la nomenclature des
impôts, droits, taxes et redevances des provinces et ETD ainsi que les
modalités de répartition.
Autrement dit, les ressources fiscales des provinces
proviennent d'une part de partage des produits des impôts
nationaux64. D'autre part, les provinces perçoivent
l'intégrité de produit des impôts, taxes, droits ou
redevances qui sont prévus à l'article 204 point 16 de la
Constitution et de l'annexe de l'Ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018
précitée, prélevé sur les matières
imposables par les provinces mais sans disposer du pouvoir d'en
déterminer les taux65 conformément aux dispositions de
l'article 122 point 10 de la Constitution du 18 février 2006 sous examen
à moins que la loi ait habilité les provinces à fixer les
taux des certains impôts, taxes et droits provinciaux.
»66.
C'est ce qu'il découle des enseignements de Jean-Marie F.
Mboko Dj'andima que même si les provinces ont les ressources fiscales,
elles ne disposent pas de pouvoir fiscal par voie d'édit. Aux termes de
sa pensée : « conformément à l'article 122 point 10
in limine, de la Constitution, l'assiette, le taux et les
modalités de recouvrement des impôts revenant à l'Etat
comme ceux des impôts perçus au bénéfice des
provinces et des entités territoriales décentralisées
(....)
64 Justin MASTAKI enseigne que selon son
collègue Jacques MALHERBE estime qu'un impôt national peut
être partagé ou conjoint entre le gouvernement central et les
régions, J. MASTAKI, Op. Cit. P. 30.
65 JEROME GERMAIN écrit « Les produits
des impôts et taxes transférés aux provinces ne sont
réellement des ressources propres mais plutôt des dotations
déguisées tant que les provinces ne maitrisent ni leur taux ni
leur assiette », J. GERMAIN, « L'autonomie fiscales limitée
des collectivités locales », In R.U.V., N°2 2016, P. 34. ;
Voire « les provinces ne disposent pas de pouvoir fiscal par voie
d'édit » J.-M. F. MBOKO DJ'ANDIMA, Code général
des impôts, 2ième Trimestre, Kinshasa, P.U.C.,
2007, P. 6.
66 J.-M. F. MBOKO DJ'ANDIM, Op. Cit., P.
6.
23 | P a g e
CHAPITRE II. DE LA PROVINCE DU SUD-KIVU FACE A
L'INCERTITUDE DU POUVOIR FISCAL
Après que nous ayons abordé le premier chapitre
qui a traité du pouvoir fiscal des provinces en RDC, il s'en sort
aisément que le pouvoir fiscal des provinces n'est pas clairement
établi en ce sens que certaines dispositions consacrent un tel pouvoir
à l'égard des provinces et d'autres s'y opposent.
Cela dit, dans ce deuxième chapitre, nous
tâcherons, vu l'incertitude autour de cette question, de faire une
analyse tendant à savoir quelle pourrait être la position des
provinces en général et particulièrement celle du Sud-Kivu
(Section I). Ainsi, nous tenterons de proposer plus tard quelques pistes de
solutions au regard de cette incertitude du pouvoir fiscal des provinces
(Section II).
Section I. De la mise en oeuvre du pouvoir fiscal par
la province du Sud-Kivu
Comme nous l'avons dit ci-haut, il a été
question dans le chapitre précédent de montrer que certaines
dispositions constitutionnelles et législatives tendent à
reconnaitre aux provinces le pouvoir fiscal, en d'autres mots, le pouvoir
d'établir les impôts, taxes, droits et d'en fixer les
règles concernant l'assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impôts.
En effet, il ressort de certaines dispositions
constitutionnelles et législatives que l'établissement de
l'impôt, taxe et droit est de la compétence exclusive de la loi
(§1).
Toutefois, la Constitution dénote que le Parlement dans
ses matières exclusives peut habiliter une Assemblée provinciale
à prendre un édit dans les matières qui sont de la
compétence exclusive du Parlement. C'est ainsi que le cinquième
alinéa de l'article 9 de la loi sur les finances publiques de 2011 sous
examen renchérit que le Parlement peut habiliter l'organe
délibérant de la province par le truchement de l'édit
budgétaire à fixer le taux de certains impôts, taxes ainsi
que les droits provinciaux et/ou les modalités de recouvrement de
certains impôts, taxes et droits provinciaux (§2).
24 | P a g e
§1. De la mise en oeuvre du régime applicable
en matière d'établissement de l'impôt et taxe
Nous avons démontré au cours du premier chapitre
que la création de l'impôt et de la taxe relève de la
compétence exclusive du législateur national et qu'à ce
titre, la province ne dispose donc d'aucun pouvoir en matière de
création d'impôt ou taxe.
En revanche, il s'observe dans la pratique que ce postulat a
été tempéré par l'Arrêté n°18/004
de Janvier 2018 du gouvernement provincial du Sud-Kivu qui a institué la
taxe sur la reconstruction de la province.
Notons tout de même qu'un tel tempérament n'est
pas une innovation de la seule province du Sud-Kivu d'autant plus que, peu
avant celle-ci, l'Assemblée provinciale de l'ancienne province du
Katanga avait pris deux édits dans ce sens, à savoir l'Edit
n°001 du 23 Mai 2008 portant création de la taxe provinciale
d'intervention en matière de réhabilitation des infrastructures
urbaines de voirie et drainage ainsi que des routes d'intérêt
provincial et l'Edit n°001 du 20 Avril 2010 portant création de la
taxe provinciale sur les produits miniers concentrés destinés
à l'exportation67.
La création de la taxe sur la reconstruction de la
province par la province du Sud-Kivu au regard des textes déterminants
la compétence en matière du pouvoir fiscal pose problème.
Il nous pousse donc d'examiner le champ d'application de l'Arrêté
créant la taxe sur la reconstruction de la province (A) et de son
fondement ainsi que de sa validité en droit (B).
A. Du champ d'application de l'Arrêté
n°18/004 de Janvier 2018
Dans l'Arrêté n°18/004 de Janvier 2018, un
des articles dispose que la taxe sur la reconstruction de la province est due
par les passagers, au moment de l'embarcation ou de débarquement par le
biais de certains moyens de transport affrétés par ces derniers
tels que le bus, les voitures-taxis interurbains, les taxis-motos, les gros
bateaux et les canons68.
Cet Arrêté prévoit ensuite que le taux de
ladite taxe se distingue en fonction de moyen de transport utilisé par
les passagers. Ainsi, sur pied du texte précité, il est fait
obligation aux passagers par exemple qui affrètent le bus comme moyen de
transport de payer sept cent
67 Ces deux Edits sont à retrouver dans
l'annexe du rapport de l'Action contre l'Impunité pour les Droits
Humains, les Revenus des taxes provinciales du secteur minier 10 ans
après quel impact ?, Disponible en Pdf sur
https://www.congomines.org/system/attachements/assets/000/001/original/les-revenus-des-taxes
provinciales_ACIDH_IBGDH.pdf?1535986991, Consulté le 15 Mai 2019
vers 01 heure.
68 Les commentaires de cet Arrêté sont
à retrouver sur
https://www.laprunellerdc.info/2018/10/24/taxe-sur-passager-au-su-kivu-nyamugabo-ne-desarme-pas.
25 | P a g e
cinquante francs congolais, mille francs congolais pour les
voitures-taxis interurbains, huit cent francs congolais pour les gros bateaux,
cinq cent francs congolais pour les canons et mille six cent francs congolais
pour les taxis-motos69.
De même, l'Arrêté a quo prescrit
que la taxe sur la reconstruction de la province, mieux, la taxe sur les
passagers est perçue et recouvrée par la DPMER70.
En effet, le gouvernement provincial du Sud-Kivu avait
décidé de confier la perception et le recouvrement de cette taxe
à une entreprise privée au nom du partenariat public-privé
au début du mois d'octobre 201871.
Par ailleurs, au cours du même mois, la province a
confié de nouveau cette tâche à la Direction
Générale des Migrations au niveau des frontières de la
province du Sud-Kivu72.
B. Fondement et validité de
l'Arrêté établissant la taxe sur les passagers
Au cours de ce point, nous ferons allusion au fondement de
l'Arrêté créant la taxe sur les passagers (1) et à
la validité de cet Arrêté en Droit (2).
1. Fondement de l'Arrêté instituant la taxe
sur les passagers
Le gros de cette partie va s'articuler autour de deux points
à savoir sur la légalité de la
création de la taxe par la province (a) et, par la suite,
sur l'illégalité de cette taxe (b).
a. De la légalité de la création
de la taxe par la province
L'article 47 de la loi sur la libre administration des
provinces dispose sans équivoque que toute norme fiscale provinciale
doit être établie conformément à la
législation provinciale73. Autrement dit, une norme fiscale
provinciale est établie par voie d'édit et non par la loi
nationale74.
C'est pourquoi, en son article 204 point 16, le Constituant
limite les matières qui sont de la compétence exclusive des
provinces, notamment l'impôt foncier, l'impôt sur les revenus
locatifs et l'impôt sur les véhicules automoteurs. Dans cette
disposition, le constituant originaire
69 Les commentaires de cet Arrêté sont
à retrouver sur
https://www.laprunellerdc.info/2018/10/24/taxe-sur-passager-au-su-kivu-nyamugabo-ne-desarme-pas.
70 Ibidem.
71 B-P. ZIRIMWAGABO MIGABO et Ch. BYAOMBE MALUMALU,
« Inconstitutionnalité et illégalité de la taxe sur
la reconstruction de la province du Sud-Kivu », Op. Cit.
72 Idem.
73 L'article 47 de la loi n°13/008 du 22
janvier 2013 modifiant et complétant la loi n°08/012 du 31 juillet
2008 portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration
des provinces dispose : « l'impôt est établi
conformément à la législation provinciale »,
Disponible
https://www.leganet.cd.
74 C. MUFUNDJI TSHINAT-KARL, «
Décentralisation : problématique de la conformité à
la constitution à la loi sur la libre administration des provinces :
Etat et niveau d'application », In Librairie d'Etudes Juridiques
africaines, Volume 8, Novembre, 2011, P. 23.
26 | P a g e
congolais utilise l'adverbe notamment, en fait, selon le
dictionnaire Larousse, cet adverbe signifie : « spécialement, entre
autre »75.
A ce propos, Clément Mufundji Tshinat-Karl écrit
que : « (...) selon cette disposition constitutionnelle, la province, dans
son domaine exclusif, peut créer tout un arsenal d'impôts et taxes
en dehors de ceux qui ont été énumérés
expressément par le constituant, à la seule condition que la
matière imposable se retrouve dans le domaine de compétence
exclusive de la province »76.
Paraphrasant les idées agencées dans le rapport
Action contre l'Impunité pour les Droits Humains sur les Revenus des
taxes provinciales du secteur minier, « AIDHR » en sigle, ceci
renseigne qu'en outre les impôts et les taxes spécifiques à
chaque province sont prélevés sur les matières locales non
imposées par le pouvoir central.
b. De l'illégalité de la taxe sur les
passagers
Il ressort de ces dispositions de l'article 122 point 10 et de
la 174 de la Constitution sous examen que l'établissement des
impositions de toute nature relève de la compétence exclusive du
Parlement national.
L'article 2 de la Loi n° 04/ 015 du 16 juillet 2004 fixant la
nomenclature des actes générateurs de recettes administratives,
judiciaires, domaniales et de participations ainsi que leurs modalités
de perception renchérit qu'« il ne peut être institué
d'autres actes générateurs des recettes administratives,
judiciaires, domaniales et de participation qu'en vertu d'une loi
»77.
Au demeurant, la loi relative aux finances publiques
précitée ajoute que les organes délibérants des
provinces et des ETD ne peuvent créer ni impôts, ni taxes, ni
droits.
75 Lire le dictionnaire de poche Larousse de 2010, p.
287.
76 C. MUFUNDJI TSHINAT-KARL, «
Décentralisation : problématique de la conformité à
la constitution à la loi sur la libre administration des provinces :
Etat et niveau d'application », Op. Cit., P. 23.
77 L'article 2 de la Loi n°04/015 du 16
juillet 2004 fixant la nomenclature des actes générateurs de
recettes administratives, judiciaire, domaniales et de participation ainsi que
leurs modalités de perception, In Journal Officiel. Dans le
même ordre d'idée l'article 2 du Décret-loi n°089 du
10 Juillet 1998 portant fixation la nouvelle nomenclature des taxes
autorisées aux entités administratives
décentralisées, des recettes administratives
d'intérêt commun et des recettes fiscales cédées par
l'État aux entités disposait : « Les entités
administratives décentralisées ne peuvent créer des taxes
autres que celles reprises dans la présente nomenclature qui est
limitative », In Code larcier de la R.D.C., Bruxelles,
Africaédition, 2003, P. 178.
27 | P a g e
Abondant dans le même sens, Simone Kanduki Zamby
écrit à ce sujet tout en se ralliant au propos de Jean-Marie F.
Mboko Dj'andima que « (...) les Assemblées provinciales et les
organes délibérants des ETD n'ont pas de compétences en
matière fiscale »78.
En fait, aucune disposition de la loi sur les finances
publique ne dispose que les provinces peuvent établir d'impôts ou
taxes. Paraphrasant les idées agencées par Blaise-Pascal
Zirimwabagabo Migabo et Christian Byaombe Malumalu que la taxe sur les
passagers ainsi que sa perception sont illégales79.
Eu égard de ce qui précède, il
s'avère impérieux de nous poser la question de savoir le sort
réservé aux contribuables face aux textes élaborés
en province en violation de la Constitution ? La réponse à cette
question est donnée tant par la Charte Africaine des droits de l'homme
et des peuples de 1981 que par la Constitution congolaise.
Certes, disons que, l'impôt ou taxe porte atteinte au
droit garanti par la Charte africaine des droits d'homme et des peuples de
1981. Toutefois, la même Charte reconnait que cette atteinte est
légitime que pour la nécessité publique ou dans
l'intérêt général80. Mieux encore,
l'article 29 de la même Charte précise que tout individu a le
droit de s'acquitter des contributions fixées par la loi pour la
sauvegarde des intérêts fondamentaux de la société.
C'est pourquoi, la Constitution de la RDC confère exclusivement au
Parlement la compétence fiscale tant en matière de
création d'impôt ainsi qu'en matière de fixation des taux
des impôts nationaux, provinciaux voire locaux.
En fait, en ce qui concerne le sort des textes provinciaux en
matière fiscale en violation de la Constitution, il est à noter
que l'article 162 de la Constitution, accorde à toute personne le
pouvoir de saisir la Cour constitutionnelle pour l'inconstitutionnalité
de tout texte législatif ou réglementaire. De même,
l'article 205 du même texte dispose que tout édit incompatible
avec les lois nationales est nul et abrogé de plein droit. En outre, la
personne lésée par le texte fiscal voté au niveau
provincial, c'est-à-dire le contribuable, peut saisir les juridictions
administratives par
78 S. KANDUKI ZAMBY, S. KANDUKI ZAMBY, « La
décentralisation fiscale en République Démocratique du
Congo : expérience du Haut-Katanga», disponible sur
https://www.business-et-finances.com/decentralisation-fiscale-experience-du-haut-katanga,
Consulté le 22 février 2019 vers 10 heures. Dans le même
ordre d'idée Jean Marie. F. MBOKO DJ'ANDIMA écrit que les
provinces ne disposent pas de pouvoir fiscal par voie d'Edit. J.-M. F. MBOKO
DJ'ANDIMA, Op. Cit., P. 6.
79 B-P. ZIRIMWAGABO MIGABO et Ch. BYAMBE MALUMALU,
« Inconstitutionnalité et illégalité de la taxe sur
la reconstruction de la province du Sud-Kivu », Op. Cit.
80 L'article 14 de la Charte Africaine des droits
de l'homme et du peuple de 1981 dispose : « le droit de
propriété est garanti. Il ne peut y être porté
atteinte que par nécessité publique ou dans
l'intérêt général de la collectivité
».
81 C. DE LA MARDIERE, Recours pour excès
de pouvoir et contentieux administratif de l'impôt », Paris,
L.G.D.J., 2002, P. 32.
28 | P a g e
un recours d'excès de pouvoir pour l'annulation d'un
acte règlementaire ou d'une décision administrative pour des
motifs d'illégalité81.
§2. De la mise en oeuvre du pouvoir fiscal en
matière de fixation de taux et de recouvrement des impôts
Dans ce paragraphe, nous allons analyser en premier lieu la
mise en oeuvre du régime applicable en matière de fixation de
taux des impôts (A), et, en second lieu la mise en oeuvre du
régime applicable en matière de recouvrement des impôts
(B).
A. De la mise en oeuvre du régime applicable en
matière de fixation de taux des impôts
La Constitution en son article 122 point 10 et la loi relative
aux finances publiques prescrivent que les Assemblées provinciales et
les organes délibérants des ETD n'ont aucune compétence en
matière fiscale.
Cela étant, conformément à la loi sur les
finances publiques, la loi peut habiliter les Assemblées provinciales
à fixer le taux de certains impôts, taxes et droits provinciaux.
Nonobstant les prescrits des dispositions de cette loi, la province du Sud-Kivu
a mis sur pied l'Arrêté n°12/002/GP/SK du 08 janvier 2018
portant fixation de l'assiette des impôts, droits, taxes et redevances
à percevoir par l'entité province du Sud-Kivu et leurs taux
applicables au cours de l'exercice budgétaire 2018 sans une loi
d'habilitation.
Au vu de ce qui suit, nous examinerons le régime
juridique de l'Arrêté n°12/002/GP/SK
du 08 janvier 2018 (1), avant d'analyser son fondement et sa
validité en droit (b).
1. Du champ d'application de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018
L'article 1er de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08 janvier 2018 dispose que l'assiette des impôts,
taxes, droits et redevances provinciaux ainsi que leurs taux applicables pour
l'exercice budgétaire 2018 sont fixés conformément
à la nomenclature annexée au présent
Arrêté.
En son article 7, le même texte prévoit en outre
que les personnes physiques ou personnes morales redevables de l'impôt
sur revenu locatif retenu à la source, sont tenues, selon le contenu du
contrat de souscrire à une déclaration auto-liquidative
correspondant à 20% du loyer payer à la DPMER.
29 | P a g e
Pourtant, l'Ordonnance-loi de 1969 relative à
l'impôt cédulaire sur le revenu82 en son article 11
fixe le taux de l'impôt sur le revenu de la location des bâtiments
et terrains et les profits de sous location à hauteur de 22%. Cela
étant, l'article 7 de l'Arrêté sous examen a modifié
les dispositions de l'article 11 de l'Ordonnance-loi de 1969 a quo du
22% à 20%.
2. Du fondement et validité de
l'Arrêté n°12/002/GP/SK du 08/01/2018
Dans ce point, nous allons analyser d'abord le fondement de
l'Arrêté n°12/002/GP/SK/ du 08 janvier 2018 (a) et ensuite la
validité du même Arrêté (b).
a. Fondement de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018
La province du Sud-Kivu en établissant
l'Arrêté n°12/002/GP/SK du 08 janvier 2018 s'était
fondé sur les dispositions constitutionnelles, notamment les articles
171, 172, 174, 175, 199, 203 alinéa 7 et 204.
En dépit des dispositions constitutionnelles sus
évoquées, l'Arrêté dont question trouve son
fondement également dans la loi sur la libre administration des
provinces, spécialement en ses articles 35 alinéas 3, 4,5, 5 et
36 alinéa 3 ; le code minier en son article 204 ; la loi relative aux
finances publiques au travers les articles 191, 192, 193, 206, 207, 225 et 226
ainsi que de l'ordonnance-loi de 2013 fixant la nomenclature des impôts,
droits, taxes et redevances des provinces et des ETD ainsi que leurs
modalités de répartition.
b. De validité de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018
L'article 122 point 10 de la Constitution et l'article 9 de la
loi relative aux finances publiques disposent que l'impôt est du domaine
de la loi et que cette dernière doit déterminer le taux des
impôts83.
Eu égard de ce qui précède, Jean-Marie F.
Mboko Dj'ndima fait remarquer que : « (...) l'impôt, taxe, droit
étant du domaine de la loi, cette dernière fixe
conformément à l'article 122 point 10 de la Constitution
l'assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de
toute nature »84.
82Ordonnance-loi n°004/2012 du 21 Septembre 2012
modifiant et complétant certaines dispositions de l'Ordonnance-loi
n°69/009 du 10 février 1969 relative aux impôts
cédulaires sur les revenus, disponible sur
https://www.droitcongolais.infos/files/621.09/12-Ordonnance-loi-du-21-septembre-2012_impots-cedulaire-sur-les-revenus_modifications.pdf&sa=U&ved&=2ahUKEwjPoLSVp8bjAhULI1AKHctAuQFJAFegQIBRRA&usg=AOv
Van3mg95ITNDMJOAn40hGoy0U.
83 J.-M. F. MBOKO DJ'NDIMA, Op. Cit., P.
5.
84 Idem.
30 | P a g e
A ce sujet, paraphrasant les arguments agencés par
Simone Kanduki Zamby révèle que conformément à
l'article 4 de l'Ordonnance-loi n°13/001 du 23 Février 2013 fixant
la nomenclature des impôts, droits, taxes et redevance des provinces et
des ETD ainsi leurs modalités de répartition, disposait que les
lois des finances de l'année ou rectificatives peuvent habiliter les
Assemblées provinciales et les organes délibérants des ETD
à fixer par édit budgétaire ou par décision
budgétaire le taux de certains impôts, taxes et droit provinciaux
et locaux85.
Cela étant, les impôts cédés aux
provinces conformément à l'article 204 point 16 de la
Constitution en vigueur ont été institués par
l'Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969 relative aux
impôts réels86 et par l'Ordonnance-loi n°69-009 du
10 février 1969 relative aux impôts cédulaire sur les
revenus87. A cet effet, il se dégage que le
législateur en établissant ces impôts, il avait aussi
fixé leurs régimes juridiques. Autrement dit, le
législateur avait établi leurs assiettes et leurs taux, etc.
Toutefois, le gouvernement provincial du Sud-Kivu avait pris
l'Arrêté n°12/002/GP/SK du 08/01/2018 portant fixation de
l'assiette des impôts, droits, taxes et redevances à percevoir par
l'entité province du Sud-Kivu et leurs taux applicables au cours de
l'exercice budgétaire 2018 sans qu'il n'y ait pas une loi sur les
finances publiques qui l'habilite à cette prérogative
conformément à l'Ordonnance-loi de 2013 sous
examen88.
Outre ce principe, disons tout de même que
l'Ordonnance-loi n°18/004 du 23 mars 2018 fixant la nomenclature des
impôts, taxes, droits et redevance de la province et des ETD ainsi que
leurs modalités de répartition, en son article 2, confère
aux gouvernements provinciaux la compétence de fixer le taux
d'impôts, taxes, droits et redevances provinciaux.
85 S. KANDUKI ZAMBY, « La
décentralisation fiscale en R.D.C. : Un modèle à
réinventer et un cadre juridique repense », Op. Cit.
86 Ces impôts réels sont à
retrouver dans l'Ordonnance-loi n°69-006 du 10 février 1969, In
Code Larcier de la R.D.C., Tome V Droit Fiscal, Bruxelles, Afrique
édition, 2003, p. 66 à 85.
87 Il est à noter que parmi les impôts
cédulaires sur les revenus, seul l'impôt sur le revenu locatif qui
a été cédé aux provinces conformément
à l'article 204 point de la Constitution. Cet impôt est à
retrouver, in Code Larcier de la R.D.C, Tome V Droit fiscal,
Bruxelles, Afrique édition, 2003, p. 29 à 61.
88Notons que l'article 4 de l'Ordonnance-loi
n°13/001 du 23 février 2013 fixant la nomenclature des
impôts, droits, taxes et redevance des provinces et des ETD ainsi leurs
modalités de répartition prévoyait que les lois de
finances peuvent habiliter les Assemblées provinciales dans le cadre
d'édit budgétaire à fixer le taux ou/ et les
modalités de recouvrement de certains impôts, taxes et droits
provinciaux. Aux termes de cet article « Toutefois, les lois de finances
peuvent décider de déléguer aux Assemblées
Provinciales et organes délibérants des ETD, le pouvoir de fixer
le taux ou les modalités de recouvrement des certains impôts,
taxes et droits provinciaux et locaux ».
31 | P a g e
En faisant l'exégèse de l'alinéa 5 de
l'article 9 de loi sur les finances publiques, il s'ensuit que la loi peut
habiliter les Assemblées provinciales à fixer le taux et les
modalités de recouvrement de certains impôts, taxes et droits
provinciaux et locaux. Or, peut-on dire que l'Ordonnance-loi n°18/004 du
13 mars 2018 précitée qui confère en son article 2
à cet égard aux provinces la compétence de fixer le taux
d'impôts, taxes et droits provinciaux se substitue-t-elle à la loi
dont parle le législateur pouvant habiliter les provinces à fixer
le taux d'impôts, taxes, droits provinciaux conformément aux
prescrits de l'article 9 de LOFIP de 2011 ?
Pour répondre à cette question, deux approches
méritent d'être signalée :
D'abord, selon l'esprit de l'alinéa 5 de l'article 9 de
la loi sur les finances publiques de 2011 qui dispose que la loi peut habiliter
les provinces et les ETD à fixer le taux de certains impôts, taxes
et droits provinciaux et locaux. C'est ainsi que l'Ordonnance-loi de 2018
précitée, dans son exposé de motif en s'appuyant notamment
sur la LOFIP de 2011, prévoit en son article 2 que les taux des
impôts provinciaux d'intérêt commun ; taxes, droits et
redevances sont fixés par le gouvernement provincial. En effet, en se
fondant de ce qui précède, le gouvernement provincial du Sud-Kivu
a pris en 2019 l'Arrêté89 fixant les taux des droits,
taxes et redevances à percevoir à l'initiative du
ministère provincial des finances, du plan, des investissements
provinciaux, de l'économie, de l'industrie, du commerce, de petites et
moyennes entreprises en province du Sud-Kivu.
Ensuite, au sujet de la nature juridique des décisions
des justices étrangères en droit congolais, Aristide Kahindo
Nguru enseigne que les décisions des justices étrangères
sont en RDC considérées comme « de principes
généraux de droit »90. Ainsi, selon le principe
général de droit issue de l'affaire de blocage de prix sur le
revenu où il a été jugé que lorsque le
législateur abandonne ou délègue une partie de sa
compétence constitutionnelle au pouvoir règlementaire, on se
trouverait à cet égard en présence d'une
incompétence négative assimilée à une violation de
la Constitution91. En fait, sur pied de cette affaire sous examen,
nous pouvons dire que le fait que l'Ordonnance-loi de 2018
précitée confère en son article 2 aux pouvoirs
règlementaires la compétence de fixer le taux de certains
impôts, taxes, droits et redevances provinciaux, est une
89 L'Arrêté Ministériel
n°02/019/GP/CAB/MIN/FIN/PLAN/INVEST/ECON/INDUST/CCE/PME/2019 du 09/01 2019
fixant les taux des droits, taxes et redevances à percevoir à
l'initiative du ministère provincial des finances, du plan, des
investissements provinciaux, de l'économie, de l'industrie, du commerce,
des petites et moyennes entreprises en province du Sud-Kivu.
90 A. KAHINDO NGURU, Notes de cours de droit
international privé congolais, Faculté de Droit,
Deuxième année de Licence, U.O.B., 2018-2019, Inédit.
91 L. FAVOREU et L. PHILIP, Op. Cit., p.
343.
32 | P a g e
violation tant de la Constitution notamment : l'article 122
point 10 que de la loi sur les finances publiques à l'occurrence
l'article 9.
Au demeurant, s'agissant de la valeur juridique de principes
généraux de droit, René Chapuis écrit à ce
sujet que les principes généraux du droit ont la valeur infra
législative.
B. De la mise en oeuvre du régime applicable en
matière de recouvrement d' impôts, taxes et droits provinciaux
Le Parlement fixe les règles concernant les
modalités de recouvrement des tous les prélèvements
obligatoires qui ne sont ni de taxe parafiscale, ni de cotisation sociale moins
encore de redevance.
De ce fait, le Parlement, conformément à la
LOFIP de 2011, peut habiliter le législateur provincial par le biais de
l'édit budgétaire à fixer les modalités de
recouvrement de certains impôts, taxes et droits provinciaux.
Dans le cadre de ce point, il sera question d'analyser le
régime juridique de l'édit créant la DPMER (1), du
fondement de la création de la DPMER (2) et in fine de discuter
de validité de recouvrement des impôts, taxes et droits par la
DPMER (3).
1. Du champ d'application de l'édit
n°09/05 du 01/12/2009 portant la création de la DPMER
Aux termes de l'article 4 de l'Edit n°09/05 du
01/12/2009 sous examen, la DPMER s'applique aux recettes fiscales
conformément aux dispositions des articles 203 et 204 de la Constitution
sous examen, les recettes non fiscales et de participation revenant à la
province ; les statistiques à caractère national aux
matières à compétence concurrence ; l'assiette, le
contrôle, le recouvrement, contentieux des impôts provinciaux et
locaux ; l'ordonnancement, le contrôle, le recouvrement, et le traitement
du contentieux de recette non fiscale.
2. Du fondement de la création de la
DPMER
Il va sans dire que l'édit faisant objet d'étude
prévoit le processus de la décentralisation territoriale
engagé par la Constitution du 18 février 2006. Sur ce point, le
texte ci-dessus évoqué place la province du Sud-Kivu devant un
important défi de développement économique et social qui
nécessite de moyens financiers conséquents.
En effet, le faible taux de mobilisation des recettes locales
inscrites aux différents budgets de la province et la retenue de 40% sur
les recettes à caractère national par les provinces telle que
33 | P a g e
consacrée par la Constitution et repris in extenso
dans la loi n°08/012 du 31 juillet 2008, ne permet pas de relever ce
défi. D'où la nécessité d'accroître
significativement les ressources financières de province par une grande
mobilisation et un encadrement adéquat de recette locale en vue d'une
bonne exécution du programment du Gouvernement provincial.
Toutefois, l'édit sous examen dénote que le
caractère rudimentaire de l'appareil fiscal provincial et la faible
performance de mécanisme mis en place dans ce secteur ne saurait
répondre à cet objectif.
C'est pourquoi, s'appuyant sur les dispositions sur les
dispositions relatives aux finances publiques contenues dans la Constitution en
ses articles 171, 203 et 204 et de la Loi n°08/012/2008
précitée en ses articles 35 alinéa 4, le
législateur provincial entend doter la province du Sud-Kivu une
institution dénommée la DPMER dont la mission est d'exercer de
manière exclusive toutes les missions et les prérogatives en
matière de recettes fiscales et non fiscales revenant à la
province.
3. Validité de recouvrement des impôts,
taxes, droits provinciaux par la DPMER
L'article 48 alinéa 2 de la loi sur la libre
administration des provinces de 2008 habilite les provinces pour établir
le mécanisme de recouvrement des impôts provinciaux et locaux dans
le respect des procédures fixées par la législation
nationale.
En effet, l'Ordonnance-loi de 2018 fixant la nomenclature des
impôts, droits, taxes et redevances, des Provinces et des entités
territoriales décentralisées ainsi que leurs modalités de
répartition prévoit, en son article 1er alinéa
2, que les règles de perception des impôts, droits, taxes et
redevances provinciaux et locaux sont fixées par voie d'édits ou
des décisions des organes délibérants, conformément
à la législation nationale.
De ce fait, pour mieux gérer leurs compétences
fiscales, les provinces de la RDC ont procédé à la
création de leur propre régie financière prenant la forme
d'organisme public provincial.
Notons toutefois, qu'il y a lieu de relever un cas
d'inconstitutionnalité dans la création des régies
financières qui, au regard de l'article 37 de la loi sur la libre
administration, est du domaine réglementaire en violation de l'article
123 point 2 de la Constitution où la création des entreprises
publiques, établissements publics et organismes publics se trouvent dans
le domaine de la loi.
34 | P a g e
Ceci dit, aux termes de l'article 37 : « Les
matières reprises aux dispositions des articles 203 et 204 de la
Constitution autres que celles énumérées aux articles 35
et 36 de la présente loi ont un caractère réglementaire
» et ce, alors que la création des organismes publics n'y est pas
reprise.
Au regard de l'article 122 qui consacre la compétence
d'attribution à la loi d'un nombre des matières exhaustives, la
compétence résiduelle est confiée au domaine
règlementaire dans le cadre des rapports entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif sans distinction de niveau
c'est-à-dire, l'exécutif national ou provincial comme le
parlement national ou provincial92.
En d'autres termes, c'est une violation de la Constitution
pour une même matière prévue à la loi mais en
province l'est dans le domaine réglementaire.
La province du Sud-Kivu pour recouvrer ces impôts, taxes
et droits lui cédés conformément aux dispositions de
l'article 204 point 10 de la Constitution du 18 février 2006 avait pris
l'Edit n°09/05 du 01 décembre 2009 portant création de la
Direction Provinciale de Mobilisation et d'Encadrement des Recettes au
Sud-Kivu93. Ce qui laisse croire à une violation de la loi
sur la libre administration.
Section II. De la voie de sortie de l'incertitude du
pouvoir fiscal des provinces en
RDC
Cette partie du deuxième chapitre traitera en
première position de la nécessité de clarification du
pouvoir fiscal des provinces en droit congolais (§1) et, en seconde
position, de l'exercice et des perspectives du pouvoir fiscal ainsi reconnus
(§2).
§1. Nécessaire clarification du pouvoir fiscal
des provinces en droit congolais
Le droit congolais entretient un flou au sujet du pouvoir
fiscal, et ce flou, nous l'avons vu, conduit certaines provinces à
s'arroger un certain pouvoir en matière d'établissement
d'impôt et taxe ainsi que de leur taux alors qu'au regard du droit
congolais, ces provinces ne disposent d'aucun pouvoir fiscal dans ce
domaine.
Face à cette situation, il serait souhaitable que la
Constitution congolaise détermine clairement la répartition de
compétences fiscales entre le pouvoir central et celui des provinces,
92 C. MUFUNDJI TSHINAT-KARL, Op.
Cit., P. 43.
93 Les missions et prérogatives de la
DPMER/SK en matière de recettes fiscales propres concernent notamment :
l'assiette, le contrôle, le recouvrement et le contentieux des
impôts provinciaux et locaux ; l'ordonnancement, le contrôle, le
recouvrement et le traitement du contentieux des recettes fiscales. A cet
effet, elle est chargée d'étudier de soumettre à
l'autorité compétente les avant-projets d'édit,
d'arrêt, de circulaire et de décision en la matière, c'est
ce qui ressort de l'Edit n° l'Edit n°09/05 du 01 décembre 2009
portant la création de la DPMER/Sud-Kivu.
35 | P a g e
aussi bien dans le domaine de la création de
l'impôt et taxe que dans le domaine de recouvrement d'impôts et
taxes (A), et que les textes législatifs en matière fiscale
soient à harmoniser (B).
A. De la clarification du pouvoir fiscal des provinces
au sein de la Constitution
L'article 203 point 7 et 204 point 16 de la Constitution
semblent reconnaitre aux provinces le pouvoir de créer ou établir
des impôts dans les matières concurrentes qu'exclusives.
Pourtant, il a été souligné qu'au regard
de la portée des articles 122 point 10 et 174 de la même
Constitution que les provinces ne disposent pas en réalité de ce
pouvoir. En vue de la clarté et de la cohérence des dispositions
constitutionnelles, il serait souhaitable que les articles 202, 203 et 204
répartissant les compétences entre le pouvoir central et pouvoir
provincial soient révisés.
Ainsi, au lieu que les dispositions de l'article 203
reconnaissent aux provinces le pouvoir d'établir d'impôt sans
préciser si ce pouvoir peut s'exercer conformément aux articles
122 point 10 et 174 ou par voie d'édit, la Constitution devrait
clairement disposer de la manière dont les provinces pourront
créer ou fixer les modalités d'établissements de ces
impôts.
Concrètement, l'article 122 point 10 devrait
s'écrire de cette manière « le Parlement et les
Assemblées provinciales, en ce qui le concerne, fixent les règles
concernant l'assiette, les taux et les modalités de recouvrement des
impositions de toute nature » et l'article 174 devrait s'écrire
« Il ne peut être établi d'impôt que par la loi ou par
l'édit ».
A ce sujet, Simone Kanduki Zamby constate que les organes
délibérants des provinces devront jouir de la compétence
constitutionnelle en matière fiscale pour préciser à leur
échelon, l'assiette, les taux des impôts et taxes qui les
concernent directement ainsi que les modalités et procédures de
recouvrement y afférentes.
Dans le même ordre d'idée, le droit gabonais,
pays qui consacre le pouvoir fiscal local, en son article 250 du code des
collectivités locales reconnait aux collectivités locales le
pouvoir fiscal. Cet article est articulé de manière suivante
« l'impôt direct et indirect dont les modalités d'assiette et
de perception ainsi que de taux, sont créés par
délibération municipale ».
Dans la même perspective, François Lobie enseigne
que le consentement à l'impôt pourrait très bien être
donné par les représentants locaux des citoyens dès lors
que ceux-ci seraient investis d'une légitimité
démocratique suffisante (ce qui est le cas des Assemblées
36 | P a g e
provinciales dont ses membres sont élus au suffrage
universel direct94) et que l'impôt ainsi créé
aurait le champ d'application strictement limité dans le territoire de
l'entité qui l'a créé95.
B. De la clarification du pouvoir fiscal des provinces
au sein des textes législatifs
Les articles 35, 36, 47 et 48 de la loi sur la libre
administration des provinces reconnaissent aux provinces un pouvoir fiscal
notamment en matière de création de l'impôt ou taxe,
modification de taux et recouvrement des impôts ou taxes.
Pourtant, au regard des dispositions de l'article 9 de la loi
sur les finances publiques, nous avons souligné que les provinces n'ont
pas le pouvoir fiscal par voie d'édit.
Lorsque la constitution aura défini clairement la
compétence des provinces en matière de création des
impôts. Il faudra que cette compétence qui sera reconnue aux
provinces en matière de création des impôts soit
harmonisée aussi bien dans la loi sur la libre administration des
provinces que dans la loi sur les finances publiques.
De crainte que la Constitution ne proclame un principe qui
reconnait un pouvoir fiscal et au niveau de textes législatifs ne soient
pas concrétisés, raison pour laquelle les textes de lois doivent
être harmonisés afin que ces textes de lois aient l'esprit de la
Constitution révisées.
§2. De perceptive et de la reconnaissance du pouvoir
fiscal aux provinces
Nous allons présenter les perceptives de la
reconnaissance du pouvoir fiscal aux provinces (A) d'une part, et la
manière d'exercer de ce pouvoir (B) d'autre part.
A. De perceptive avenir de la reconnaissance du pouvoir
fiscal des provinces
Il n'y a pas de décentralisation « politique ou
constitutionnelle », mieux encore la régionalisation sans argent.
En fait, les provinces sont appelées à supporter un certain
nombre de charges publiques dont les dépenses de fonctionnement,
d'équipement et d'investissement. Or, la retenue à la source, la
rétrocession moins encore la caisse nationale de
péréquation n'est pas démise, elles font échapper
aux provinces d'importantes recettes.
Ce faisant, celles-ci sont privées de moyens financiers
importants pouvant les permettre de faire face à leurs charges
publiques.
94 Lire la Loi modifiant et complétant la
Loi n°06/006 du 09mars 2006 portant organisation des élections
présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales
et locales telle que modifiée à ce jour.
95 F. LOBIE, Cours de finances publiques,
disponible sur
http://www.cours-de-droit.fr,
consulté le 24 avril 2019 vers 12 heures.
37 | P a g e
Le pouvoir fiscal des provinces ainsi reconnu permettra aux
provinces de mobiliser les recettes des impôts en vue de répondre
aux défis et desiderata qu'elles sont appelées à
surmonter. A titre illustratif, les dispositions constitutionnelles
révisées et des dispositions législatives
harmonisées en reconnaissant aux provinces le pouvoir fiscal, les
provinces pourraient alors construire de routes, créer des
établissements publics provinciaux, de nouveaux emplois pour embaucher
les jeunes d'autant plus les provinces auront dès lors de moyens
financiers pour pouvant payer ses travailleurs, etc.
B. De l'exercice du pouvoir fiscal des provinces
La reconnaissance aux provinces du pouvoir fiscal peut
être une source de conflit de compétence à deux niveaux :
d'un côté entre le Parlement et les Assemblées provinciales
(1) et de l'autre, entre les directions provinciales de recouvrement des
impôts et les structures du pouvoir central de recouvrement des
impôts (2).
1. De conflit de compétence entre le Parlement
et les Assemblées provinciales
La Constitution ainsi révisée devra faire une
démarcation nette et simple des compétences exclusives entre le
pouvoir central et le pouvoir des provinces en vue d'éviter qu'un
pouvoir empiète la compétence de l'autre.
En effet, le constituant devra repartir la compétence
de cette matière par exemple que le Parlement devra se réserver
les matières qui concernent les impositions de toute nature
génératrice de recette à caractère national et les
Assemblées provinciales devront jouir de leur compétence
constitutionnelle en matière fiscale pour préciser à leur
échelon l'assiette, les taux des impôts et taxes ainsi que les
modalités et procédures de recouvrement y afférente.
De plus, en ce qui concerne la création des
impôts, la Constitution devra distinguer les impôts que les
Assemblées provinciales peuvent établir et les impôts que
le Parlement peut instituer. Le Constituant devra par exemple disposer que les
impôts réels et les impôts personnels peuvent être
établis par les provinces et les impôts indirects sont de la
compétence du pouvoir central.
En résumé, seule la Cour constitutionnelle devra
s'assurer de la conformité des édits et des lois à la
Constitution et sanctionner à cet égard l'incompétence du
législateur lorsque celui-ci n'exerce pas sa compétence à
chaque niveau ou l'a outre passée.
38 | P a g e
2. De conflit de matière de recouvrement des
impôts entre les directions provinciales et les structures
étatiques
La reconnaissance du pouvoir fiscal aux provinces, comme nous
l'avons souligné ci-haut, peut être une source de conflit entre
les directions provinciales des mobilisations de recettes et les structures
étatiques.
En fait, la Constitution révisée et les textes
législatifs harmonisés en vue d'éviter ce conflit de
compétence qui peut surgir et préjudicier les contribuables,
devra faire une distinction claire en ce qui concerne les prérogatives
des directions provinciales de mobilisations de recettes et les structures
étatiques de recouvrement des impôts, en disposant par exemple que
les impôts créés par les provinces sont perçus et
recouvrés par leurs directions provinciales de mobilisations de recette.
Et les impôts créés par le gouvernement central sont
perçus et recouvrés par les structures étatiques.
Cela étant, seuls les Cours et tribunaux
sanctionneraient, pour l'infraction de concussion telle que prévue aux
articles 145 et suivant du Code pénal congolais, les percepteurs et les
recouvreurs des impôts, lorsqu'ils auront outre passé à
leurs compétences en matière des recouvrements et des perceptions
des impôts créés par les provinces ou par le gouvernement
central.
39 | P a g e
CONCLUSION
Nous voici au terme de notre travail qui a porté sur
« De la portée du pouvoir fiscal des provinces en République
Démocratique du Congo : Etude à la lumière de la Province
du Sud-Kivu ».
Ce travail a comporté deux chapitres, le premier
relatif au pouvoir fiscal des provinces en RDC, nous avons eu à examiner
la notion du pouvoir fiscal et la compétence fiscale des provinces en
droit congolais.
A l'issue de ce chapitre, nous avons démontré
qu'après une longue confrontation des dispositions constitutionnelles et
législatives à la lumière du principe de
légalité dans l'établissement de l'impôt. Il ressort
que l'article 122 point 10 de la Constitution consacrant le principe de
légalité de l'impôt, définit les rapports entre le
pouvoir législatif et le pouvoir central alors que la province
légifère aussi sur les matières de sa
compétence.
Cependant, la loi sur les finances publiques coupe court
à ce débat fort malheureusement en se référant
aussi aux articles 122 point 10 et 174 de la Constitution. Cela étant,
les provinces n'ont pas le pouvoir fiscal par voie d'édit.
Le second chapitre relatif à la province du Sud-Kivu
face à l'incertitude du pouvoir fiscal, nous avons
démontré que la province du Sud-Kivu va au-delà des
compétences qui lui sont reconnues tant par des dispositions
constitutionnelles que par des dispositions législatives. Cela est
dû au fait que les dispositions constitutionnelles et législatives
ne sont pas claires mais aussi la province du Sud-Kivu semble confondre le
transfert de ressources des impôts cédés
conformément à l'article 204 point 16 de la Constitution et le
transfert du régime juridique des impôts.
A l'issue de ce chapitre, nous avons démontré
que face à cette imprécision constitutionnelle et
législative, la province du Sud-Kivu se comporte en pratique comme ayant
le pouvoir fiscal. En effet, la province du Sud-Kivu a institué par
l'Arrêté n°18/004 de Janvier 2018 la taxe sur les passagers
et a modifié par l'Arrêté n°12/002/GP/SK du 08/01/2018
le taux de l'impôt sur le revenu locatif.
Pour bien mener cette étude, nous nous sommes servi de
la méthode exégèse, la méthode historique ainsi que
la technique documentaire. Cela nous a poussé à nous poser deux
questions de problématique qui sont maintenant question à
affirmer.
40 | P a g e
Ainsi, à la question de savoir quelle est
l'étendue du pouvoir fiscal des provinces en RDC? Nous avons
démontré que le droit congolais n'est pas clair puisque la
lecture combinée des articles 203 et 204 de la Constitution et les
articles 7, 34, 35, 36, 47 et 48 de la loi sur la libre administration des
provinces laisse penser que les provinces ont le pouvoir fiscal.
Toutefois, la lecture des articles 174 et 122 de la
Constitution et l'article 9 de la loi relative aux finances publiques fait
sous-entendre par certains auteurs que les provinces n'ont pas le pouvoir
fiscal. Ce qui affirme notre première hypothèse.
A la question de savoir comment les provinces de la RDC en
général et celle du Sud-Kivu en particulier se comportent-elle
face aux règles déterminant l'étendue du pouvoir fiscal en
RDC? Nous avons démontré que la province du Sud-Kivu s'arroge la
compétence en créant la taxe sur les passagers, en modifiant le
taux de l'impôt sur le revenu locatif. Ce qui affirme notre
deuxième hypothèse.
Après examen de notre sujet, nous suggérons que
:
La clarification d'une manière claire et précise
du pouvoir fiscal des provinces en passant par la révision des articles
122 point 10, 174 et 202 à 204 de la Constitution, la loi sur la libre
administration des provinces et la loi sur les finances publiques.
Il s'avère impérieux de nous poser la question
de savoir si la province du Sud-Kivu s'arroge le pouvoir fiscal en
créant la taxe sur les passagers et en modifiant le taux de
l'impôt sur le revenu locatif ; d'autres provinces, comment se
comportent-elles?
L'absence de la réponse de cette question prouve
l'insuffisance de ce travail qui n'a pas abordé tous les aspects de ce
sujet. Il serait souhaitable que d'autres chercheurs puissent
généraliser cette étude pour savoir si le problème
qui se pose au niveau du Sud-Kivu, se pose aussi dans d'autres provinces de la
RDC.
41 | P a g e
BIBLIOGRAPHIE
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entre la loi et le règlement en matière financière,
Paris, L.G.D.J., 1974.
15. MAÏTROT DE LA MOTTE, A., Droit fiscal de l'Union
européenne, Bruxelles, Bruylant, 2012.
16. MBOKO DJ'ANDIMA, J.-M., Code général
des impôts, 2ieme Trimestre, Kinshasa, P.U.C.
17. MPALA MBABULA, L., Pour vous chercheur. Directives pour
rédiger un travail scientifique suivi de recherche scientifique sur
internet, 3ieme éd., Lubumbashi, Ed. Mpala, 2006.
III. Articles de revues
1. BOURGEOIS, M. et UHODA, M., « La décentralisation
fiscale et financière en République Démocratique du Congo
: éléments économiques et juridiques », In Revue
de la Faculté de droit de l'Université de Liège,
2011.
2. BOUVIER, M., « L'autonomie fiscale des
collectivités territoriales: Du quiproquo à la clarification
», en ligne sur
https://www.conseil-constitutionnel.fr/nouveaux-cahiers-du-conseil-constitutionnel/l'-autonomie-fiscale-des-collectivites-territoriales:Du-quiproquo-a-la-clarification.
3. GUILLET, N., « L'avenir financière des
collectivités territoriales après la loi organique du 29 juillet
2004 », In RGCT, Janvier-Février 2005, n°32.
4. HERTZOG, R., « L'ambiguë constitutionnalisation
des finances locales », In Actualité juridique de droit
administratif, Mars 2003.
5. KANDUKI ZAMBY, S., « La décentralisation fiscale
en République Démocratique du Congo : Expérience du
Haut-Katanga», Disponible sur
https://www.business-et-finances.com/decentralisation-fiscale-experience-du-haut-katanga.
6. MUFUNDJI TSHINAT-KARL, C., « Décentralisation :
Problématique de la conformité à la Constitution à
la loi sur la libre administration des provinces : Etat et niveau d'application
», In Librairie d'Etudes Juridiques africaines, Vol. 8, Novembre,
2011.
7. SCHMITTER, S., « L'incompétence
négative du législateur et des autorités administratives
», In Annuaire international de justice constitutionnelle,
1989.
44 | P a g e
8. STECKEL MONTES, M.-Ch., « Un pouvoir fiscal local en
trompe-l'oeil », en ligne sur
https://www.cairn.info/revue-francaise-de-droit-constitutionnel-2005-1-page-19.htm
9. PHILIP, L., « Le pouvoir fiscal local
bénéficie-t-il d'une protection constitutionnelle ? », in
Pouvoir locaux, n°46, Septembre. 2000.
10. ROUX, A., « L'autonomie financière des
collectivités locales en Europe », in Annuaire internationale
de justice constitutionnelle, 2006.
11. ZIRIMWAGABO MIGABO,
B-P. et BYOMBE MALUMALU, Ch., «
Inconstitutionnalité et illégalité de la taxe sur la
reconstruction de la province du Sud-Kivu », disponible sur
https://www.laprunellerdc.infos/2018/10/16/inconstitutionnalité-et-illegalite-de-la-taxe-sur-la-reconstruction-de-la-province-au-sud-kivu/.
IV. Thèses et mémoires
1. ESSONO EVONO, A., « L'autonomie financière des
collectivités locales en Afrique noire francophone. Le cas du Cameroun,
de la Côte-d'Ivoire, du Gabon et du Sénégal »,
2. M. KHALID, « De l'autonomie fiscale des
collectivités locales marocaines » in Revue des finances
publiques marocaines, disponible sur
https://www.cairn.infos/revue-francaise-des-finances-publiques19.htm.
3. NGONO TSIM, L., L'autonomie administrative et
financière des collectivités territoriales
décentralisées: l'exemple du Cameroun, Thèse de
doctorant, Université de Paris-Est, 2010.
4. OUEDRAOGO, S., Les compétences nationales en
matière fiscal et de la communautarisation des règles dans
l'espace Ouest-Africain, Thèse de doctorant, Université de
Bordeaux, 2015.
V. Notes de cours
1. FURAHA MWAGALWA, T., Notes de cours de l'introduction
générale à l'étude du Droit, Faculté de
Droit, Première année de Graduat, U.O.B., 2016-2017,
Inédit.
2. KAHINDO NGURU, A., Notes de cours de droit
international privé congolais, Faculté de Droit,
Deuxième année de Licence, U.O.B., 2018-2019, Inédit.
3. KINYAMB, S., Notes de cour de la
méthodologie de recherche scientifique, Kinshasa, P.U.K., 2001,
Inédit.
4. MASABO, M., Notes de cours de droit fiscal,
Faculté de Droit, Première année de licence, U.O.B.,
2017-2018, Inédit.
45 | P a g e
5. MASABO, M., Notes de cours de droit des finances
publiques, Faculté de Droit,
6. MASTAKI, J., Notes de cours de droit fiscal,
Faculté de Droit, Première année de licence, U.C.B.,
2016-2017, Inédit.
7. MASTAKI, J., Notes de cours des finances publiques,
Faculté de Droit, Deuxième année de graduat, U.O.B.,
2018-2019, Inédit.
8. ROUSSEAU, J.-J., Economie politique, oeuvres
complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la
Pléiade, Tome III, 1966., cité par GONZE, K., Notes de cours
de droit fiscal, Faculté de Droit, Première année de
licence, U.P.C., 2008-2009, Inédit.
VI. Rapports
1. Rapport de l'Action contre l'Impunité pour les Droits
Humains, les Revenus des taxes provinciales du secteur minier 10 ans
après quel impact ?, disponible en PDF sur
https://www.congomines.org/system/attachements/assets/000/001/original/les-revenus-des-taxes-provinciales
ACIDH IBGDH.pdf?
46 | P a g e
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
SIGLES ET ACRONYMES III
0. INTRODUCTION 1
1. Problématique de l'étude 1
2. Hypothèses de travail 3
3. Etat de la question 3
4. Choix et intérêt du sujet 4
5. Méthodologie 5
6. Esquisse du Plan 6
CHAPITRE I. DU POUVOIR FISCAL DES PROVINCES EN RDC 7
Section I. De la notion du pouvoir fiscal 7
§1. Définition et caractéristique du pouvoir
fiscal 7
A. Définition du pouvoir fiscal et notions voisines 7
1. Définition, de la dissociation ou de la non
dissociation du pouvoir fiscal et de la
souveraineté de l'Etat 7
b. De la dissolution ou du non dissolution du pouvoir fiscal
avec la souveraineté de l'Etat 9
1°. De l'indissociable du pouvoir fiscal avec la
souveraineté de l'Etat 9
2°. De la dissociation du pouvoir fiscal de la
souveraineté de l'Etat 9
2. De la notion voisine du pouvoir fiscal 10
a. De l'autonomie financière des provinces 10
1°. L'autonomie financière : Indépendance
matérielle en matière financière 11
2°. L'autonomie financière : Capacité
financière 11
b. De l'autonomie budgétaire des provinces 12
B. Caractéristiques du pouvoir fiscal 13
1. De l'exclusivité d'application sur une entité
donnée 13
2. De l'autonomie technique 13
§2. Du contenu du pouvoir fiscal 14
A. La compétence relative à la création de
l'impôt 14
1. Détermination de l'assiette 14
2. De la fixation des taux 15
B. Recouvrement de l'impôt 16
47 | P a g e
Section II. De la compétence fiscale des provinces en
droit congolais 17
§1. De l'apparente consécration du pouvoir fiscal des
provinces 17
A. De l'imprécision constitutionnelle en matière du
pouvoir fiscal des provinces 17
1. De la compétence concurrente en matière de
création de l'impôt 18
2. De la compétence exclusive de provinces en
matière de création d'impôt 19
B. De l'imprécision législative en matière
du pouvoir fiscal des provinces 20
§2. De la confusion du pouvoir fiscal et de la libre
administration des provinces 20
A. Pouvoir fiscal, l'autonomie financière et
budgétaire en droit congolais 20
B. Du pouvoir fiscal et transfert des produits des impôts
21
CHAPITRE II. DE LA PROVINCE DU SUD-KIVU FACE A
L'INCERTITUDE DU POUVOIR
FISCAL 23
Section I. De la mise en oeuvre du pouvoir fiscal par la province
du Sud-Kivu 23
§1. De la mise en oeuvre du régime applicable en
matière d'établissement de l'impôt et taxe 24
A. Du champ d'application de l'Arrêté n°18/004
de Janvier 2018 24
B. Fondement et validité de l'Arrêté
établissant la taxe sur les passagers 25
1. Fondement de l'Arrêté instituant la taxe sur les
passagers 25
a. De la légalité de la création de la taxe
par la province 25
b. De l'illégalité de la taxe sur les passagers
26
§2. De la mise en oeuvre du pouvoir fiscal en
matière de fixation de taux et de recouvrement des
impôts 28
A. De la mise en oeuvre du régime applicable en
matière de fixation de taux des impôts 28
1. Du champ d'application de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018 28
2. Du fondement et validité de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018 29
a. Fondement de l'Arrêté n°12/002/GP/SK du
08/01/2018 29
b. De validité de l'Arrêté
n°12/002/GP/SK du 08/01/2018 29
B. De la mise en oeuvre du régime applicable en
matière de recouvrement d' impôts, taxes et
droits provinciaux 32
1. Du champ d'application de l'édit n°09/05 du
01/12/2009 portant la création de la DPMER 32
2. Du fondement de la création de la DPMER 32
3. Validité de recouvrement des impôts, taxes,
droits provinciaux par la DPMER 33
Section II. De la voie de sortie de l'incertitude du pouvoir
fiscal des provinces en RDC 34
§1. Nécessaire clarification du pouvoir fiscal des
provinces en droit congolais 34
A. De la clarification du pouvoir fiscal des provinces au sein de
la Constitution 35
48 | P a g e
B. De la clarification du pouvoir fiscal des provinces au sein
des textes législatifs 36
§2. De perceptive et de la reconnaissance du pouvoir fiscal
aux provinces 36
A. De perceptive avenir de la reconnaissance du pouvoir fiscal
des provinces 36
B. De l'exercice du pouvoir fiscal des provinces 37
1. De conflit de compétence entre le Parlement et les
Assemblées provinciales 37
2. De conflit de matière de recouvrement des impôts
entre les directions provinciales et les
structures étatiques 38
CONCLUSION 39
BIBLIOGRAPHIE 41
I. Textes législatifs 41
A. Textes législatifs nationaux 41
B. Textes législatifs étrangers 42
II. Ouvrages 42
III. Articles de revues 43
IV. Thèses et mémoires 44
V. Notes de cours 44
VI. Rapports 45
1. Rapport de l'Action contre l'Impunité pour les Droits
Humains 45
TABLE DES MATIERES 46
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