2.3 Les difficultés du milieu agricole
Il est étonnant de se rendre compte que malgré
les atouts et la diversité des ressources alimentaires susceptibles
d'être produites sur le territoire national, l'Agriculture soit en
déclin. En effet depuis l'indépendance19 du pays, la
production agricole déjà faible20, est en plus
décroissante. Pour preuve, sa contribution à la richesse
nationale est passée de 15% dans les années 1960 à
près de 4% de nos jours. Cette observation n'est que la
conséquence de plusieurs malaises.
Premièrement, il n'y a plus une volonté
populaire manifeste pour pratiquer l'agriculture. Cela se traduit par un manque
considérable d'agriculteurs. Ceux-ci provenaient majoritairement des
villages ; au fil du temps, ils se sont déportés dans les grandes
agglomérations du pays (Libreville, Port-Gentil et Franceville) pour
avoir des revenus plus importants et profiter de la croissance, issue des
autres secteurs, non perçu dans l'arrière-pays.
Deuxièmement, les individus qui décident de se
maintenir dans cette activité supportent des coûts
élevés pour l'acquisition du matériel, des cultures
industrielles, et attendent longtemps avant le retour sur investissement. Ces
agriculteurs se confrontent surtout à la concurrence d'aliments
occidentaux de qualité et moins couteux qui inondent le marché.
Pour contourner cette difficulté, le code agricole incite les
agriculteurs à créer des regroupements /associations
/coopératives agricoles, moyennant des privilèges et
réductions dans l'achat d'outils, et l'importation des engrais et
pesticides. Seulement ces regroupements ne sont pas suivis et finissent donc
par se disloquer.
18 Partenaire qui accompagnent et offre des
enseignements aux agriculteurs, pêcheurs, et éleveurs pour une
meilleure gestion et une amélioration de leur production par
l'utilisation des engrais, pesticides et OGM.
19 Le Gabon accède à la
souveraineté internationale le 17 Août 1960.
20 La production est focalisée sur quelques
cultures de subsistance pratiquée sur des petites surfaces
TCHIKAYA MEGNIER Thys Verlain, Elève
Ingénieur d'Application de la Statistique, niveau4
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EVOLUTION DES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES LES PLUS COUTEUSES AU
GABON ENTRE 2005 ET 2013
Partant du point précédent, nous pouvons alors
faire remarquer un troisième point ; il s'agit du système
d'information agricole dont le système statistique, manque de moyens et
se base sur des estimations devenues obsolètes. Le dernier recensement
agricole date de 1975, et les dernières enquêtes agricoles datent
de 1988 (Cf. Direction Générale des Statistiques Agricoles). Dans
la même lancée, un point d'orgue peut être mis sur les
difficultés de la recherche et développement du secteur agricole.
Elle n'a pas vraiment évolué « faute de moyen »
(CENAREST). Aujourd'hui, c'est l'une des plus faibles R&D d'Afrique
Subsaharienne non seulement à cause du faible effectif de ses chercheurs
mais surtout du nombre insuffisant de leurs publications. Grosso modo, c'est le
reflet de l'importance que le pays accorde à ce secteur.
Compte tenu de toutes ces maux, le Gabon est obligé
d'importer bon nombre d'aliments, voire la quasi-totalité de sa
consommation alimentaire à des prix très instables, alors en cas
de hausse soudaine des prix, la facture alimentaire s'alourdit brutalement se
répercutant immédiatement sur le pouvoir d'achat des
ménages, en particulier urbain, avec le risque d'instabilité
sociale. Nous pouvons donc étudier l'évolution de ces
importations (en quantité et en valeur) durant la décennie
passée non seulement pour se rendre compte du niveau de
sécurité et de dépendance alimentaire du pays, mais aussi
pour évaluer l'efficacité des politiques mises en place.
TCHIKAYA MEGNIER Thys Verlain, Elève
Ingénieur d'Application de la Statistique, niveau4
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