2/ LES ELECTIONS PENDANT LA PREMIERE REPUBLIQUE
2.1. Les premières élections
communales
Les premières élections communales
organisées par le pouvoir colonial belge ont eu lieu en 1957,
principalement dans les grandes villes de la colonie : Kinshasa, Lubumbashi,
Likasi, etc. afin de les doter des structures de direction des territoires par
des autochtones (bourgmestres et de conseillers nationaux). Ces
élections seront largement boycottées à Kinshasa,
où seule l'ABAKO qui était favorable au pouvoir colonial,
remportera une grande victoire en prenant 8 municipalités sur 10 et 120
sièges municipaux sur les 170.
La grande caractéristique de ces élections fut
alors le caractère tribal et ethnique lié à la
présentation et au choix des candidats. Ce qui accentuera la formation
des groupements politiques sur la base de la tribu, de l'ethnie ou de la
province d'origine. Le PUNA (Parti de l'Unité Nationale)
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recrutant surtout les ressortissants de l'Equateur, le PSA
(Parti Solidaire Africain) implanté dans le Kwango, l'ABAKO dans le
Bas-Congo, le CEREA au Kivu. la BÂLU-BAKAT au Katanga.46
Nous pensons que cela était dû principalement
à l'apparition forte tardive du sentiment nationaliste, à
l'énormité du territoire ne permettant pas aux partis politiques
d'être partout et à l'autoritarisme du système colonial qui
favorisait seuls les groupements à caractère social et culturel,
et asservissait toute velléité de regroupement
véritablement politique et nationaliste
2.2. Les élections de 1960
En janvier et février 1960 à la Table ronde de
Bruxelles, les hommes politiques congolais ont fixé l'organisation des
élections locales en mars et celles nationales en mai 1960.
Les acteurs politiques soucieux d'obtenir
l'indépendance du Congo, n'ont pas donné des délais
nécessaires pour que ces élections s'organisent dans les
meilleures conditions mentales et matérielles. La loi fondamentale avait
organisé la nouvelle structure de l'Etat indépendant avec un
Parlement bicaméral : une Chambre des Représentants de 117
membres élus au suffrage universel et un Sénat de 87 membres
élus par les Assemblées provinciales à raison de 14 par
province ; un Président de la République élu au second
degré par le Sénat.
Au niveau des provinces, il était prévu un
gouvernement provincial et une assemblée élue. La grande
caractéristique des élections de 1960 est la trivialité :
rivalités politiciennes, campagnes électorales
démagogiques du type : « Après l'indépendance, (moi
au pouvoir) vous ne payera plus d'impôts, vous ne travaillerez plus dans
les champs, vous serez comme les Blancs ». Elles sont très
marquées par des impératifs tribaux, ethniques ou
régionaux.
Au Katanga, la BALUBAKAT est unie à une cause
d'exclusivité ethnique, le MNC/L et LUNC se regroupent face au MNC/K
principalement composé des Baluba du Kasaï, F ABAKO est
foncièrement dominée par les Bakongo, le CEREA s'appuie sur les
ethnies du Kivu, le PUNA sur celles de l'Equateur47. Aux
élections législatives nationales, le MNC/L remporte la
majorité de sièges (36 députés), suivi de l'ABAKO
(12), le reste des sièges étant éparpillé entre les
autres formations politiques.
Ce sont ces résultats qui ont conduit à la
formation du premier gouvernement formé par le Premier ministre Patrice
E. LUMUMBA. Le 21 juin 1960. Aux élections présidentielles,
46 TSHIMANGA, C., Jeunesse,
formation et société au Kinshasa, Paris, l'Harmattan, 2001,
p.131-261
47 MBEGU, « Allons aux
élections », Revue de pastorale des jeunes,
N068, février 2005, P14
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KASAVUBU est élu par le Sénat au second
degré, avec 159 voix, suivi de BOLIKANGO avec 44 voix ; on compte aussi
11 votes nuls.
Dès le lendemain de l'indépendance, le 30 juin
1960, un chaos général va paralyser tout le pays en mettant les
institutions mises en place par les élections dans
l'impossibilité totale de fonctionner. La crise va durer jusqu'en 1965,
alimentée successivement par la mort de Lumumba, les échecs des
négociations du Conclave de Lovanium. La balkanisation du pays, les
échecs des gouvernements successifs de ILEO et ADOULA.
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