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La strategie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extremisme violent: cas de la region de Tillaberi


par Moussa Hassabal kerim ABDEL-HADI
ENA-Niger - Maîtrise  2022
Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Sciences Politiques
   
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1.1.3 Problématique

Au cours de ces deux dernières décennies, la radicalisation et l'extrémisme violent sont devenus une préoccupation internationale et plus particulièrement pour le continent africain. L'Afrique, surtout dans la vaste zone sahélo-saharienne, a été touchée par les phénomènes de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Ceux-ci constituent des menaces sur la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le développement, avec notamment la présence des Groupes Armés Non Etatiques (GANE) dans les pays du Sahel, notamment la région de Liptako-Gourma (Burkina, Mali et Niger).

La région du Liptako Gourma, faisant déjà face à des défis structurels et climatiques majeurs, est affectée aussi par une crise sécuritaire depuis 2012 suite à l'insurrection au Mali de plusieurs groupes extrémistes violents, adeptes

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d'un islamisme radical et revendiquant principalement la libération de l'Azawad et l'instauration de la charia islamique comme loi fondamentale dans le nord du pays. Il s'agit principalement d'Ansar Eddine, d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique et du Mouvement pour l'Unité et le Djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), auxquels s'ajoutent de narcotrafiquants et de bandits armés dont les mouvements déstabilisent le Mali et au-delà les deux autres pays de la région du Liptako Gourma du fait de la porosité des frontières que ses Etats membres n'arrivent pas à assurer pleinement le contrôle.

Cette crise sécuritaire est aussi caractérisée par la présence active et continue des groupes armés. La criminalité et les conflits intercommunautaires qui n'épargnent aucun des pays du Liptako Gourma, notamment, le Niger où depuis la fin des campagnes militaires majeures qui, dans le cadre de l'opération Serval, ayant permis de libérer le nord du Mali, occupé par les principaux Groupes Islamistes, la situation sécuritaire s'est particulièrement dégradée.

Parmi les zones du Liptako Gourma confrontées aux menaces terroristes, l'ouest du Niger reste particulièrement confronté à une montée de l'extrémisme violent qui résulte de sa proximité avec la zone d'influence qui donne lieu à un manque de perspectives économiques, en particulier chez les jeunes, qui sont les plus vulnérables à la radicalisation, et les femmes, dans un contexte généralisé de pauvreté et de fragilité.

Depuis 2012, les parties Nord des régions du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont devenues des zones de conflits, avec comme corollaire la prolifération d'armes illicites provenant de la Libye, la constitution de groupes criminels organisés, les trafics de tout genre et l'existence des groupes terroristes. La détérioration de la situation sécuritaire, marquée par la prolifération des groupes armés, la recrudescence des affrontements communautaires et la montée de l'extrémisme violent, soulève de profondes inquiétudes au niveau de la région de Liptako-Gourma.

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C'est dans ce contexte que la région de Tillabéri, dans sa partie septentrionale, fait face à une recrudescence des conflits locaux et des attaques terroristes de plus en plus violentes avec des impacts majeurs sur les programmes de développement et sur le processus de consolidation de la paix. Ces actes d'une violence extrême ont entraîné des pertes en vies humaines, des enlèvements des personnes et des biens ainsi qu'un important flux des populations déplacées.

Cependant, toutes les menaces citées ci-haut peuvent causer un certain nombre de facteurs sur le parcours d'une personne vers ces phénomènes. Ces facteurs peuvent être propres à la personne selon son environnement immédiat (endogène) ou dans la société (exogène).

Aussi, une jeunesse sans emploi, sans activité, vivant dans l'oisiveté, peut constituer une proie facile à la manipulation des activités pouvant éclater une crise au sein de la société.

En plus, le mécontentement et le manque de confiance à l'égard du gouvernement sont préoccupants dans les localités du Niger qui enregistrent la plus forte incidence de l'extrémisme violent. Ces sentiments sont dus au délaissement, à l'injustice, à la marginalisation sur le plan politique et touchés par une pauvreté multidimensionnelle plus accentuée dans certaines régions du Niger, notamment le septentrion de la région Tillabéri. Tous ces facteurs créent des frustrations et des replis identitaires conduisant à l'insécurité.

Cette insécurité dans la région de Tillabéri est liée à l'intensification des conflits locaux, à la persistance de la criminalité transnationale organisée et à l'activisme de groupes extrémistes violents comme le groupe des insurgés islamistes peuls Ansar al-islam et la Jamaat nosrat al-Islam (Al Mourabitoun, Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar dine dont les démembrements sont la Katibat du Gourma). Ces groupes, qui cherchent à agrandir leur sanctuaire, commettent des incursions criminelles, aussi, dans l'ouest de la région de Tillabéri.

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Pour une meilleure prise en charge de cette problématique au niveau international qu'au niveau de chaque État, le plan d'action des Nations Unies pour la prévention et la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent a recommandé à chaque État de prendre des mesures nécessaires pour se doter d'un cadre d'action intégré pour prévenir et lutter contre la radicalisation et l'extrémisme violent4.

Au niveau national, le Plan de Développement Economique et Social (PDES 2017-2021) du Niger préconise l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la radicalisation et de l'extrémisme violent5 comme un des piliers importants pour l'amélioration du cadre stratégique de la gouvernance sécuritaire. Malgré les conditions des luttes que le Niger a créées, on constate toujours que le nombre de groupes extrémistes violents continue d'augmenter dans certaines régions, notamment dans la région de Tillabéri. Alors la question centrale de la recherche est la suivante :

- La stratégie mise en place par l'État du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent est-elle efficace ?

Pour tenter de répondre à cette question centrale, des questions spécifiques ci-après méritent d'être abordées :

- Quels sont les mécanismes mis en place par l'État dans le cadre de la lutte contre l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri ?

- Quels sont les facteurs de ralliement et les raisons qui poussent les jeunes à la radicalisation ?

Pour répondre à cette préoccupation, des hypothèses de recherche peuvent être avancées.

4 Stratégie Nationale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent-NIGER, 2020

5 Cf. PDES 2017-2021, Programme 9 : Renforcement de la sécurité et de la consolidation de la paix ; sous-programme 9.1 : Amélioration du cadre stratégique de la gouvernance sécuritaire, page 117.

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