4.2 Limites et recommandations
Nous avons évoqué les stratégies de
prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme
violent, il est préférable aussi de faire ressortir les limites
et proposer des recommandations à l'endroit des institutions et les
populations concernées.
4.2.1 Limites
Les problèmes liés à la radicalisation et
à l'extrémisme violent au Niger en général et dans
la région de Tillabéri en particulier sont liés à
une fragilité structurelle profonde à laquelle le pays est
confronté.
La faible présence de l'État - ou « son
absence totale » - dans certaines zones induit une mauvaise
répartition des investissements publics et surtout aux problèmes
liés à l'inégalité quant à l'accès
aux services sociaux de base. Ajoutons aussi la persistance des conflits inter
et intracommunautaire, l'injustice, la vulnérabilité des jeunes,
le mal gouvernance et d'autres problèmes qui alimentent la tension entre
les populations.
Les groupes extrémistes et autres groupes criminels
profitent de ce vide pour exploiter la frustration et la détresse des
populations qui constituent leurs cibles principales en matière de
recrutement, d'endoctrinement et d'embrigadement.
Si l'une ou l'autre des réponses engagées par
l'État a sa propre valeur, elles ne constituent cependant pas, prises de
manière isolée, un moyen efficace pour lutter contre les facteurs
favorisant la violence. De nombreuses limites ressortent de notre analyse.
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Tout d'abord, le phénomène de
l'extrémisme violent a généralement donné lieu
à des actions d'ordre purement militaire. Si de telles réponses
restent nécessaires et permettent à l'État d'adresser les
violences et ses effets dans le court terme, elles se sont
avérées insuffisantes sur la durée quand elles n'ont pas
simplement alimenté le phénomène lorsque la
causalité des violences n'est pas apaisée ou éteinte, ou
lorsque des violations des droits de l'homme résultant de ces
réponses militaires les ont exacerbés.
La seconde limite repose sur la méconnaissance des
réalités locales et des causes profondes de la
conflictualité qui caractérisent la société de
Tillabéri, et par conséquent de l'inadéquation des
réponses jusque-là mises en oeuvre - notamment des programmes et
projets étatiques ou non - aux besoins de la communauté. Si
beaucoup font le lien entre radicalisation et idéologie religieuse, ou
encore entre radicalisation et pauvreté, une des principales causes de
la pauvreté - et donc de la vulnérabilité aux discours
radicaux - repose sur les sentiments d'inégalités et d'injustice,
et la compétition pour les ressources non adressées par ces
programmes et projets.
À titre d'illustration, dans les communes de
Bankilaré, de Banibangou, d'Ayorou, de Torodi et/ou d'Abala, des
inégalités d'investissements publics sont observées en
comparaison aux autres communes de la région plus proche de la capitale
Niamey. (Par exemple dans la commune de Dorgol, de Torodi, Ayérou,
etc.).
De nombreux projets ont été mis en oeuvre dans
ces zones sans pour autant que l'impact positif recherché n'ait pu
être atteint. Ainsi, le Projet Emploi des Jeunes et Inclusion Productive
qui est un projet chargé de réduire le chômage et lutter
contre les emplois des jeunes, mais ce projet a eu du mal à
démarrer ses activités depuis l'avènement de COVID-19
couplé au problème d'insécurité qui sévisse
dans ces zones.
À cet effet, l'analyse utilisée a d'abord
examiné les facteurs liés à l'émergence et au
développement de la radicalisation et de l'extrémisme violent
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dans la région de Tillabéri. L'un des plus
grands obstacles est le manque de sensibilisation et le renforcement des
capacités dans certaines zones, et surtout le manque de confiance aux
forces de défense et de sécurité. Il faut souligner que
certaines personnes collaborent timidement avec les groupes extrémistes
violents pour se sécuriser soit de sécuriser leurs familles
respectives.
Enfin, la faible capacité des collectivités
territoriales à mobiliser des ressources conséquentes et à
les investir dans le développement local restreint la capacité
des élus locaux à dialoguer avec leurs administrés et
à les influencer, en particulier les jeunes. De sensibilisation et
organisation de séances de concertation entre les parties prenantes, les
chefs traditionnels et religieux, en les impliquant dans les instances
décisionnelles pour plus d'efficacité dans la lutte contre ce
phénomène.
Au regard de ce qui précède, des solutions
devraient être envisagées pour « pallier » les
difficultés auxquelles fait face la région de
Tillabéri.
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