4.1.4 La déradicalisation
Pour empêcher la radicalisation, de nombreux pays ont
mis en place des stratégies dites de « déradicalisation
», à savoir un type d'action destinée à ramener ceux
qui se sont engagés dans le djihadisme vers une « normalité
» définie par le renoncement à la violence comme solution
aux maux dont souffre la société.
Il s'agit d'un programme initié par le ministère
en charge de l'intérieur en collaboration avec la HACP pour permettre
aux personnes qui veulent faire l'acte de reddition volontaire dans les
conditions prévues à l'article 399.1.20 du Code pénal
nigérien, peut bénéficier d'un programme de
réhabilitation et de réintégration.
Conformément à la nouvelle teneur de l'article
399-1-20 du Code Pénal nigérien, les éléments qui
faisaient acte de reddition volontaire pourront être exemptés de
toute poursuite pénale seulement s'ils n'ont pas commis des
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crimes. S'ils ont été soupçonnés
de crime, ils seront transférés au parquet du pôle
judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme pour
être jugé.
C'est le Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la
Criminalité Transnationale Organisée (SCLCT/CTO) qui s'en charge
de la mission de son service d'enregistrement biométrique, le transport
des personnes associées à des groupes terroristes en reddition au
centre d'accueil de Goudoumaria, et ceux qui sont logés au sein de
l'école de la police de Niamey seront transférés au centre
d'accueil de la région de Tillabéri.
Le profilage est un élément essentiel du
processus de réhabilitation des repentis volontaires après
l'enregistrement biométrique. Ce dernier conduit au profilage qui permet
au procureur du Pôle Judiciaire Spécialisé dans la lutte
contre le terrorisme et la criminalité transnationale de faire un triage
des ex-associés aux GANE qui est admissible au processus de
réintégration et qui sera face aux instances judiciaires pour
expier ses fautes conformément aux dispositions de l'article 399.1.20 du
Code pénal. La durée consacrée au profilage est de 30
jours maximum et doit avoir lieu au centre de réinsertion.
Le profilage consiste à recueillir les actions
auxquelles la personne en reddition volontaire a effectivement pris part
volontairement sans aucune contrainte. Il permet d'apprécier le niveau
d'implication et le rôle joué dans la commission des actes
qualifiés de crimes contre l'humanité ou crimes de guerre commis
à l'occasion de son appartenance au groupe terroriste. Cette
appréciation par simulation permet à terme de faire le triage des
ex-éléments.
C'est ainsi qu'au moment de triage, les éléments
sont répartis en deux groupes : le groupe d'éléments
à poursuivre en justice et le groupe d'éléments à
réhabiliter.
À Diffa, par exemple, la réinsertion et la
réintégration de la première vague des repentis
accompagnés de leurs familles dans la communauté d'accueil ont
lieu en décembre 2019. La même année, une première
vague de 125 ex-combattants de Boko Haram a été formée,
certifiée et réhabilitée. En
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décembre 2021, une deuxième vague de
quarante-deux (42) ex-combattants de Boko Haram a acquis le même
traitement que la première vague. Cette deuxième est mixée
à quarante-deux (42) jeunes (filles et garçons) victimes
formées au Centre de Goudoumaria, et cent soixante-dix-huit (178)
formés au niveau des Centres de Formation aux Métiers des
communes de N'Guigmi, Bosso, Toumour, Mainé Soroa et Diffa qui regroupe
les jeunes de Diffa et de Gueskérou.
En outre, entre autres stratégies pour résoudre
ce problème, il y a l'encadrement des ex-combattants dans le domaine de
l'agriculture. Cette activité qui leur est familière n'exige pas
beaucoup d'efforts particuliers, surtout que le territoire d'Uvira
présente de grands atouts en matière de développement
agricole.
Au-delà de l'agriculture, il faut apprendre aux
ex-combattants les métiers dans des filières porteuses comme la
formation professionnelle en menuiserie, en maçonnerie, en couture, en
mécanique rurale, etc. Cet encadrement, approprié des
ex-combattants, fait renaitre l'espoir et la possibilité de vivre en
harmonie dans les milieux d'accueil.
Cette initiative, initialement lancée dans la
région de Diffa, a été répliquée pour la
région de Tillabéri dans la commune rurale de Hamdallaye au cours
de l'année 2022. Le centre de réinsertion socio-économique
a été construit et les instruments de mobilisation des
ex-associés aux GANE ont été élaborés pour
mener une sensibilisation qui est déjà en cours avec la HACP dans
la région de Tillabéri.
En réponse à cette campagne de sensibilisation,
57 éléments du terrorisme (2018) ont fait défection et se
sont rendus aux autorités de la région de Tillabéri. Ces
ex-associés ont été hébergés à
l'École Nationale de la Police et de la Formation Permanente jusqu'en
février 2022.
Aussi, l'État avec l'appui des partenaires techniques
et financiers (OIM et PNUD) a créé le centre de Hamdallaye dans
la région de Tillabéri pour
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permettre davantage aux personnes engagées dans les
groupes extrémistes violents de déposer les armes et de suivre un
programme de déradicalisation et de réintégration et/ou de
réinsertion socio-économique comme dans la région de
Diffa.
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