Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

La strategie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extremisme violent: cas de la region de Tillaberi


par Moussa Hassabal kerim ABDEL-HADI
ENA-Niger - Maîtrise  2022
Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Sciences Politiques
   
Télécharger le fichier original

précédent sommaire suivant

4.1.4 La déradicalisation

Pour empêcher la radicalisation, de nombreux pays ont mis en place des stratégies dites de « déradicalisation », à savoir un type d'action destinée à ramener ceux qui se sont engagés dans le djihadisme vers une « normalité » définie par le renoncement à la violence comme solution aux maux dont souffre la société.

Il s'agit d'un programme initié par le ministère en charge de l'intérieur en collaboration avec la HACP pour permettre aux personnes qui veulent faire l'acte de reddition volontaire dans les conditions prévues à l'article 399.1.20 du Code pénal nigérien, peut bénéficier d'un programme de réhabilitation et de réintégration.

Conformément à la nouvelle teneur de l'article 399-1-20 du Code Pénal nigérien, les éléments qui faisaient acte de reddition volontaire pourront être exemptés de toute poursuite pénale seulement s'ils n'ont pas commis des

70

crimes. S'ils ont été soupçonnés de crime, ils seront transférés au parquet du pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme pour être jugé.

C'est le Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée (SCLCT/CTO) qui s'en charge de la mission de son service d'enregistrement biométrique, le transport des personnes associées à des groupes terroristes en reddition au centre d'accueil de Goudoumaria, et ceux qui sont logés au sein de l'école de la police de Niamey seront transférés au centre d'accueil de la région de Tillabéri.

Le profilage est un élément essentiel du processus de réhabilitation des repentis volontaires après l'enregistrement biométrique. Ce dernier conduit au profilage qui permet au procureur du Pôle Judiciaire Spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale de faire un triage des ex-associés aux GANE qui est admissible au processus de réintégration et qui sera face aux instances judiciaires pour expier ses fautes conformément aux dispositions de l'article 399.1.20 du Code pénal. La durée consacrée au profilage est de 30 jours maximum et doit avoir lieu au centre de réinsertion.

Le profilage consiste à recueillir les actions auxquelles la personne en reddition volontaire a effectivement pris part volontairement sans aucune contrainte. Il permet d'apprécier le niveau d'implication et le rôle joué dans la commission des actes qualifiés de crimes contre l'humanité ou crimes de guerre commis à l'occasion de son appartenance au groupe terroriste. Cette appréciation par simulation permet à terme de faire le triage des ex-éléments.

C'est ainsi qu'au moment de triage, les éléments sont répartis en deux groupes : le groupe d'éléments à poursuivre en justice et le groupe d'éléments à réhabiliter.

À Diffa, par exemple, la réinsertion et la réintégration de la première vague des repentis accompagnés de leurs familles dans la communauté d'accueil ont lieu en décembre 2019. La même année, une première vague de 125 ex-combattants de Boko Haram a été formée, certifiée et réhabilitée. En

71

décembre 2021, une deuxième vague de quarante-deux (42) ex-combattants de Boko Haram a acquis le même traitement que la première vague. Cette deuxième est mixée à quarante-deux (42) jeunes (filles et garçons) victimes formées au Centre de Goudoumaria, et cent soixante-dix-huit (178) formés au niveau des Centres de Formation aux Métiers des communes de N'Guigmi, Bosso, Toumour, Mainé Soroa et Diffa qui regroupe les jeunes de Diffa et de Gueskérou.

En outre, entre autres stratégies pour résoudre ce problème, il y a l'encadrement des ex-combattants dans le domaine de l'agriculture. Cette activité qui leur est familière n'exige pas beaucoup d'efforts particuliers, surtout que le territoire d'Uvira présente de grands atouts en matière de développement agricole.

Au-delà de l'agriculture, il faut apprendre aux ex-combattants les métiers dans des filières porteuses comme la formation professionnelle en menuiserie, en maçonnerie, en couture, en mécanique rurale, etc. Cet encadrement, approprié des ex-combattants, fait renaitre l'espoir et la possibilité de vivre en harmonie dans les milieux d'accueil.

Cette initiative, initialement lancée dans la région de Diffa, a été répliquée pour la région de Tillabéri dans la commune rurale de Hamdallaye au cours de l'année 2022. Le centre de réinsertion socio-économique a été construit et les instruments de mobilisation des ex-associés aux GANE ont été élaborés pour mener une sensibilisation qui est déjà en cours avec la HACP dans la région de Tillabéri.

En réponse à cette campagne de sensibilisation, 57 éléments du terrorisme (2018) ont fait défection et se sont rendus aux autorités de la région de Tillabéri. Ces ex-associés ont été hébergés à l'École Nationale de la Police et de la Formation Permanente jusqu'en février 2022.

Aussi, l'État avec l'appui des partenaires techniques et financiers (OIM et PNUD) a créé le centre de Hamdallaye dans la région de Tillabéri pour

72

permettre davantage aux personnes engagées dans les groupes extrémistes violents de déposer les armes et de suivre un programme de déradicalisation et de réintégration et/ou de réinsertion socio-économique comme dans la région de Diffa.

précédent sommaire suivant