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Médias transnationaux et représentations: le cas de la réception de RFI par les étudiants sénégalais

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par El Hadji Malick NDIAYE
Université Gaston Berger de Saint-Louis - Master 2 2016
  

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Introduction :

Les médias font partie des objets et des enjeux de recherches privilégiés des Sciences de l'Information et de la Communication. En fonction de leur stratégie d'ouverture ou de couverture, ils ne s'inscrivent pas seulement dans les frontières nationales mais adoptent des stratégies d'extension et d'internationalisation. C'est la presse écrite qui, en premier, va devenir transnationale avec des groupes comme Associated Press, lequel dès le XIXème siècle (en 1830), a déployé des stratégies pour diffuser de l'information vers d'autres territoires via des bateaux et navires intercontinentaux. Ensuite, la radio et la télévision vont bénéficier au début du XXème siècle, d'une capacité d'émission et de couverture plus large, accélérant ainsi le processus d'internationalisation de l'information avec comme facteur corrélatif le développement des moyens de transport et des réseaux, expressions d'une « hyperindustrialisation » (G. Tremblay, 2008, p.34). Ce processus d'internationalisation va conduire à la naissance de plusieurs médias transnationaux, lesquels vont diffuser l'information internationale dans toutes les régions y compris en Afrique où ils sont d'ailleurs relativement bien suivis. En effet, dans ce continent, la colonisation a engendré un fort ancrage des médias occidentaux laissant apparaitre un aménagement médiatico-linguistique (Abolou, 2010) favorable. Piliers essentiels de médiation et d'information en Afrique, les médias transnationaux sont relativement bien présents dans les sphères anglophones et francophones des pays anciennement colonisés. Ainsi, en 2016, selon le Global Audience Measure (GAM), Cable News Network (CNN) est le média transnational le plus suivi en Afrique anglophone (60%) devant la British Broadcasting Corporation (BBC) (47%)1. La BBC, enregistre par ailleurs, cent onze millions (111 000 000) de part d'audiences hebdomadaires cumulées en Afrique (TV, radio, social media, plateformes mobiles, etc.), soit 32% de ses 348 millions de son reach hebdomadaire global2. Quant à l'Afrique Francophone, le groupe France Médias Monde3, reste plébiscité par le public selon les statistiques. En 2011, sur les 40.5 millions d'auditeurs hebdomadaires estimés de la Radio France Internationale (RFI), l'Afrique en détient 33,1 millions, dont 24,5 millions dans les pays d'Afrique francophone4. Plus récemment, une étude réalisée en 2016 par Kantar TNS5, établit que plus d'un habitant sur deux (50,5%), et près de quatre cadres et dirigeants sur cinq (79%) écoutent RFI chaque semaine alors que la

1 Ipsos Affluent Survey Africa, 2016. Etude menée au Cameroun, au Ghana, au Kenya, au Maroc, au Nigeria, en Afrique du Sud et en Ouganda.

2 Global Audience Measure, 2016 (GAM)

3 Groupe de médias publics Français composé de la Radio France Internationale, de France 24 et de Monte Carlo Doualiya

4 TNS Sofrès, Médiamétrie, Intermédia / 2011 - 15 ans et +.

5 Kantar TNS-Africascope 2016 - enquêtes en face à face réalisées sur des périodes de 3 mois (d'avril à juin 2016) dans des capitales de 7 pays d'Afrique subsaharienne au Burkina Faso (Ouagadougou), au Cameroun (Douala et Yaoundé), en Côte d'Ivoire (Abidjan), au Gabon (Libreville), au Mali (Bamako), en RDC (Kinshasa) et au Sénégal (Dakar).

chaine de télévision d'information continue France 24, enregistre une audience hebdomadaire moyenne de 46,4% sur l'ensemble de la population étudiée. Une situation qui témoigne de la prépondérance des médias transnationaux occidentaux en Afrique, renouvelant ainsi le débat sur le déséquilibre des flux d'information internationale. Evoqué dans le rapport Mac Bride, l'inégalité des flux informationnels à l'échelle internationale a longtemps animé les débats au niveau des instances internationales, au sein des universitaires et des professionnels des médias. Déjà dans les années 1970 « les quatre grandes agences occidentales-Associated Press et United Press International aux Etats-Unis, Reuters au Royaume-Uni et l'agence France-Presse en France »6 concentraient à elles seules 80% de l'information internationale. Si l'on en croit Armand Matellart, les médias transnationaux seraient donc des vecteurs de hiérarchisation du monde (A. Mattelart, 1994)7. A travers les notions de « centre/périphérie », l'auteur nous explique que ce clivage est révélateur des déséquilibres notés notamment au niveau de la production de l'information (A. Mattelart, 2007). Le centre étant le pôle où se concentrent les richesses ; qui commande et bénéficie du système monde (A.Mattelart, 2007), envisagé ici comme un « système médiatique ». La périphérie désignant le concert de pays moins riches, moins avancés, moins émergents, qui subit ce « système médiatique ». C'est dans cette perspective d'ailleurs, que les débats sur les inégalités des flux informationnels avaient été agités à l'UNESCO avec le fameux Nouvel ordre mondial de l'information et de la Communication (NOMIC)8. Le rapport piloté par Sean Mac Bride est largement revenu sur les facteurs aggravants de ce déséquilibre caractérisé par la conspiration du silence, l'information tronquée et la propagande culturelle 9(F. Balle, 2013, p.658) orchestrées par le centre.

Ces questions soulevées depuis près d'un demi-siècle, restent encore au coeur des débats contemporains et se trouvent même amplifiées avec l'avènement de l'Internet. Aujourd'hui autant qu'hier, ces inégalités et déséquilibres entre le centre et la périphérie subsistent. Le clivage « inforiches »/« infopauvres » 10 renforcé par le phénomène de la « fracture numérique » impacte nécessairement, à l'heure actuelle, les circonvolutions des flux d'informations, nous dit en substance Olivier Sagna (Sagna, 2006). Dans un autre registre, Bertrand Cabedoche constate que l'information, quand elle est internationale, provient encore majoritairement des médias occidentaux, lesquels procèdent à une « construction de l'étrangéité »11 (Cabedoche,

6 Rapport MacBride, Voix multiples, un seul monde : Communication et société aujourd'hui et demain, Edition abrégée, Paris, UNESCO, 1986, p.123

7 Armand Mattelart., L'invention de la Communication, 1994, p.189

8, Armand Mattelart. Histoire de la société de l'information. La découverte, 2010.

9, Francis Balle, Médias et sociétés, 2013, p.658

10, Olivier Sagna. La lutte contre la fracture numérique en Afrique: aller au-delà de l'accès aux infrastructures. 2006, p. 15-24. 11 Bertrand Cabedoche. « La construction de l'étrangéité, enjeu du projet de chaîne française d'information internationale » 2004, p. 471

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2007), c'est-à-dire une perception de l' « étranger » à partir de leur lanterne d'émission. Au-delà de ce déséquilibre notoire et persistant, les médias transnationaux qui nous intéressent dans le cadre de cette recherche, développent de plus en plus des stratégies d'extension avec comme cible privilégiée l'Afrique. Un processus d'internationalisation teinté voire dicté par diverses logiques économiques, culturelles, politiques et technologiques que nous allons tenter de saisir afin de mieux dégager la problématique.

Problématique

Au titre des logiques qui accompagnent ce processus d'internationalisation, nous avons en premier lieu, la dimension politique. Ainsi, si l'on en croit Tristan Mattelart, les médias transnationaux dont la majorité appartient au monde occidental, seraient en croisade contre tout régime non-démocratique. En pénétrant ces pays, les médias transnationaux contournent ceux qui s'efforcent d' « exercer un strict contrôle sur les moyens d'expression » (Mattelart, 2002). Dans la réalité contemporaine, les médias transnationaux sont soupçonnés, derrière les réseaux sociaux, d'être des catalyseurs de changements et de révolutions à l'instar du printemps Arabe12 (Lecomte, 2011). En outre, financés pour la plupart par leurs pays d'origine, ces « states sponsored flows » (Thussu, 2007) obéiraient aux lignes définies par la politique internationale de l'Etat en question. Dans le cas de la France, dépendant du Ministère des Affaires étrangères et non des ministères en charge de la culture et de la communication, la Radio France internationale (RFI) est très souvent accusée par ses détracteurs de servir les intérêts de l'Etat français dans son agenda et son traitement de l'information. Qu'ils soient soupçonnés de diffuser une idéologie politique, des manières de penser et d'action ou de défendre les intérêts d'un Etat ou d'une région, les médias transnationaux comportent donc des enjeux politiques certains. Dans ce sillage, RFI, financé par le trésor public français, se trouve nécessairement liée à des enjeux politiques.

En outre, les logiques politiques évoquées supra, empruntent des connotations culturelles laissant transparaître une sorte de colonialisme culturel 13 (Bourdon, 2008). Dominique Wolton parle même de l'autre mondialisation14 (Wolton, 2003) dans lequel, les médias transnationaux sont soupçonnés de servir d'instrument d'impérialisme culturel (Schiller, 1976). En fait, provenant pour les plus connus d'anciens pays colonisateurs, ces médias sont perçus comme des médiums qui perpétuent la domination culturelle préexistante en transformant par exemple

12 Romain Lecomte. Révolution tunisienne et Internet: le rôle des médias sociaux. L'Année du Maghreb, 2011, no VII, p. 389-418.

13 Jérôme Bourdon, « Comment écrire une histoire transnationale des médias ? L'exemple de la télévision en Europe», 2008, p.166

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14 Dominique Wolton. L'autre mondialisation. Essais, 2003.

les Africains en « peaux noires, masques blancs »15 (Fanon, 2015). Les médias transnationaux feraient donc partie des nouveaux scapes (Appadurai, 1996) qui reconfigurent les réalités culturelles. Une influence sur les identités et les représentations, autant individuelles que collectives, débouchant sur des communautés imaginées (Anderson, 1996) et pouvant engendrer de nouvelles transversalités géographiques et politiques (Ambrosi, 1999). Les médias transnationaux sont au coeur des débats uniformisation/diversité ou encore forces centripètes/centrifuges de la culture (Mattelart, 2007). Qu'ils soient dans une logique d'hégémonie16 (Gramsci, 2009) ou de diversité culturelle (Mattelart, 2007), leur orientation culturelle reste au coeur des débats depuis maintenant plusieurs décennies. Dans cette optique, RFI serait aussi un canal de diffusion de la langue et de la culture Française. On peut d'ailleurs lire dans le rapport du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA) Français de 2014, que RFI s'est acquitté de ses charges de « promotion de la langue et de la culture française »17. Cette mission qui lui est assignée par l'Etat français ne fait-elle pas de RFI un instrument de domination culturelle ? Ou plutôt, n'est-elle pas en faveur d'une construction de représentations culturelles chez les publics qui écoutent la radio RFI ?

Au-delà de l'orientation culturelle, les médias transnationaux sont aussi guidés par des logiques économiques. Au plan économique, l'information tout court, a joué un rôle capital dans l'émergence du monde des finances à l'échelle internationale. L'agence de presse Reuters par exemple, a très tôt lancé une filiale dédiée à l'information financière et boursière. Les médias transnationaux constituent des multinationales comme tant d'autres et sont relativement bien positionnés au sein des industries du contenu (Miège, 2000, p.78). Toutefois, les médias transnationaux doivent très souvent leur salut aux capacités financières de leur Etat d'origine du fait de la lourdeur des dépenses de leurs activités. Ils sont donc soit financés par le trésor public comme c'est le cas avec la radio RFI, soit issus de puissants groupes de communication à l'instar du groupe Canal+ (Vivendi). En effet, du côté, des médias transnationaux privés, le développement de la financiarisation (l'actionnariat financier) permet d'accroitre les capacités et les moyens de production mais aussi la diversification des activités de niche afin de générer des sources de revenus additionnelles (Bouquillion, 2012). Quant aux médias publics, les Etats procèdent de plus en plus à leur concentration au tour de grands groupes à l'instar de France médias monde pour rationaliser les budgets qui leur sont alloués et favoriser des synergies. A titre d'exemple, RFI fait partie intégrante du groupe France médias monde. Si l'on en croit

15, Frantz Fanon. Peau noire, masques blancs. Seuil, 2015.

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Antonio Gramsci. Hegemony, intellectuals and the state. Cultural theory and popular culture: A reader, 2009, vol. 2, p. 210-16. 17 Rapport CSA année 2014 - France Médias Monde-Décembre 2015, p.12

Philippe Bouquillion (2012), ces stratégies de financiarisation et de concentration des médias transnationaux, se justifient par le fait qu'une diffusion internationale nécessite de grands moyens financiers, humains et techniques, or les revenus générés par la publicité ne les couvrent pas entièrement. Au regard des assertions des chercheurs de l'industrie du contenu, les médias transnationaux obéissent à des logiques économiques certaines.

Enfin, la dimension technologique est tout aussi importante pour saisir les logiques qui accompagnent les médias transnationaux. Outre les innombrables avancées notées avec la multiplication des satellites régionaux et intercontinentaux, le développement de la modulation de fréquences et les technologies numériques ne cessent d'apporter des changements majeurs dans l'accessibilité de l'information. Les dispositifs et les technologies numériques rendent l'information plus rapide, plus abondante et plus accessible. Du côté de la production de l'information, un renouvellement des pratiques du journalisme à l'ère du numérique est constaté avec une réorganisation des rédactions et l'émergence de nouvelles compétences (Mercier et Pignard-Cheynel, 2014). Du point de vue de la diffusion, les innombrables innovations technologiques ainsi que les pratiques de communication médiatisées par les réseaux numériques induisent elles aussi des mutations (Proulx, 2002). Au niveau de la réception des médias, les dispositifs et les plateformes ouverts et interactifs conjugués à une pluralité de sources disponibles pour les publics ont consacré l'avènement du sacre de l'amateur (Flichy, 2010). Les médias transnationaux qui évoluent dans des environnements médiatiques fortement concurrentiels devraient saisir de manière efficiente ces évolutions technologiques pour garder intacte leur audience en Afrique et dans le monde nous dit Marie Soleil-Frère, (2016). La question est maintenant de savoir si la radio transnationale RFI, objet de cette recherche, a adopté cette nouvelle configuration technologique en modernisant sa diffusion et en stimulant sa présence sur les plateformes numérique ? La réponse à cette question, comme les questionnements soulevés par les autres logiques (culturelles, politiques, économiques) nécessite d'orienter in fine la réflexion vers la réception. En effet, s'intéresser aux médias transnationaux suppose une réelle connaissance des caractéristiques du public sachant que, de nos jours, les médias font face à des récepteurs de plus en plus instruits et par conséquent critiques. Cet état de fait, conjugué à l'« infobésité »18 (Hiltz et Turoff, 1985), aux flux ininterrompus d'informations auxquels les récepteurs en question sont exposés, pourrait avoir

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18 « Selon Hiltz et Turoff (1985), la notion d'infobésité est à rapprocher du phénomène de surcharge informationnelle ou « information overload » qui a provoqué, avec la généralisation des TIC, un dysfonctionnement dans les organisations (Kalika Ledru, Isaac, Beyou et Josserand, 2003 ; Kalika et al., 2006). In Pratiques et usages numériques, Actes de H2PTM'13 du 16, 17 et 18 Octobre 2013, p.15

19 Charles Moumouni. « L'image de l'Afrique dans les médias occidentaux : une explication par le modèle de l'agenda-setting, » AUTOMNE 2003, p.154

20 Camille Laville. Le traitement de l'actualité internationale : avenir... et mirages de l'information planétaire, 2003, p.39

21Bertrand. Cabedoche « Télévisions transnationales et représentations de l'altérité : remarques épistémologiques et méthodologiques » Été 2007

22 Awa Ly, Le Sénégal dans la presse Française 1956-1968, Un traitement privilégié ? L'harmattan, 2003

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des incidences sur la réception, même si les statistiques des agences de mesure révèlent un bon positionnement des médias transnationaux en Afrique.

La réception est le parent pauvre des recherches sur les médias en Afrique. Beaucoup d'études ont été menées sur les origines, l'environnement médiatique, l'organisation ou le fonctionnement des médias nationaux. A titre d'exemple, le sociologue des médias Mor Faye a travaillé sur la presse privée écrite en Afrique Francophone (2008) ; Saidou Dia, un historien des médias s'est intéressé à l'évolution historique des médias au Sénégal (2001) et Ndiaga Loum auteur de travaux sur la communication internationale, entre autres, ont analysé les flux d'information en Afrique francophone. Lofti Madani (1996) quant à lui, a convoqué l'histoire, les aspects économiques et sociopolitiques ou encore l'extraneité qui touche la sphère médiatique nationale. Seulement, il faut signaler que ces études se focalisent sur les pratiques et le fonctionnement des médias nationaux.

Quelques rares travaux se sont intéressés aux médias transnationaux. Charles Moumouni, (2003)19 a cherché à analyser l'image de l'Afrique dans les médias occidentaux. Il a ainsi tenté d'expliquer la mauvaise image de l'Afrique dans les médias occidentaux à travers les modèles de « l'agenda-setting » et l'« agenda building ». Dans le même sillage, Camille Laville (2003, p.39) 20 souligne que le manque d'équilibre de l'information internationale aurait tendance à projeter un tableau apocalyptique de la « périphérie », en sublimant les « hard news » (chaos) au détriment des «soft news» (information sur les efforts de développement et sur les éléments d'image positive de la périphérie). Une situation qui fait transparaitre des clichés, des représentations de l'altérité21 et plus encore une volonté de construire une vision du monde. Un travail essentiellement axé sur la ligne éditoriale est celui mené par Awa Ly22, l'une des pionnières en matière d'étude des médias transnationaux au Sénégal. Dans une étude menée sur la presse écrite transnationale entre 1956 et 1968, elle a procédé à une analyse d'un corpus d'articles écrits sur le Sénégal. Pour ce faire, elle a dressé une typologie d'articles publiés par trois quotidiens français idéologiquement marqués à savoir Le Monde, Le Figaro et l'Humanité. A l'issue de son analyse qui avait pour objet de connaître le traitement de l'actualité concernant le Sénégal dans ces médias, elle affirme que le Sénégal fait exception dans le traitement de l'information sur l'Afrique subsaharienne du fait qu'il reste le seul pays qui bénéficie d'une

image et d'analyses toujours positives dans les articles qui lui sont consacrés. Bien que les résultats de ses travaux apportent des éclairages sur le traitement de l'information sur l'Afrique fait par les médias outre Atlantique, ils renseignent très peu sur le cadre de réception. En fait, les études menées jusqu'à présent restent parcellaires voire embryonnaires pour rendre compte de la complexité des phénomènes de réception des médias transnationaux au Sénégal. Les études en Afrique de l'Ouest relèvent essentiellement de l'audimétrie et émanent d'agences telles que TNS Sofres ou de bureaux d'écoutes des médias transnationaux qui ne s'intéressent souvent qu'aux données chiffrées. Hormis l'étude menée par Werner au début des années 2000 qui s'est intéressée à « la consommation des telenovelas par les audiences féminines » (2006 cité par Frère, 2016)23, rares sont les travaux consacrés à la réception des contenus véhiculés par les médias étrangers.

Depuis les travaux fonctionnalistes relatifs aux effets directs et indirects des médias, la question de la réception est prise en compte dans les études des médias. Pour le cas de RFI, qui nous concerne dans le cadre de cette recherche, Marie Jo Berchoud, dans son ouvrage RFI et ses auditeurs24, s'intéresse aux courriers que les auditeurs envoient à RFI pour poser des questions d'ordre diverses afin de comprendre s'ils étaient interactifs et quelles pouvaient être les raisons et motivations de leurs réactions. L'étude s'était focalisée sur un corpus de 337 lettres dont 88% sont d'origine africaine et 6% provenant du Sénégal (soit 21 lettres). Les résultats de ses travaux ont permis déjà de savoir que les auditeurs essayent d'interagir avec RFI. Cet aspect est important pour une meilleure connaissance du public, néanmoins, l'angle d'analyse et la méthode d'analyse de discours, restent encore pour nous non-exhaustive pour rendre compte de toute la complexité de la réception. Théophile Vittin, un des rares chercheurs à travailler sur la réception des medias transnationaux au Sénégal et en Afrique de l'Ouest s'est aussi intéressé au cas de la radio RFI. A l'issue de sa recherche, il arrive à la conclusion selon laquelle RFI est la source d'information privilégiée des auditeurs qui, cependant, sont « lucides, critiques et actifs » (Vittin, 2002) à l'égard de la station Française. Pourquoi RFI reste une source d'information privilégiée ? Pourquoi les auditeurs restent « lucides, critiques et actifs » ? Est-ce une forme de résistance face aux logiques politiques ou culturelles qui entourent les médias transnationaux ?

Il est vrai que RFI, dès sa création, a occupé une place prépondérante en Afrique Francophone. Dans les années 1980, elle devient incontournable chez les jeunes instruits et les élites de

23 Sylvie Captant, Marie-Soleil Frère, « Les Afriques médiatiques. Introduction thématique », Afrique contemporaine, 2011, p.37

24 Marie Jo Berchoud. RFI et ses auditeurs: chers émetteurs. Editions L'Harmattan, 2001

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l'Afrique Francophone du fait de la crédibilité de ses informations et de son professionnalisme. En ce moment, les sphères médiatiques nationales vivaient encore un monolithisme où seuls les médias d'Etat monopolisaient l'information (Soleil- Frère, 2000). La seule issue était les médias transnationaux qui pouvaient avoir une distanciation par rapport à l'information concernant le pays. Aujourd'hui, l'environnement médiatique national a fleuri et compte plus de 200 radios en opération (CNRA, 2014), près d'une vingtaine de chaines télévisées, et plus de 8 millions de connectés à Internet (ARTP, 30 Juin 2016). Ces mutations intervenues au niveau de la sphère nationale, avec le rôle de plus en plus déterminant que jouent l'Internet et les réseaux sociaux, ont-elles eu des incidences sur la réception de RFI ? Est-ce que RFI a su s'adapter aux changements? Si, oui, comment cette mutation s'est opérée ?

La communication-monde (Mattelart, 1992), s'est vu étudiée sous des angles diversifiés. Seulement, ces études se focalisent le plus souvent sur la production de l'information ainsi qu'à des clivages centre/périphérie. Il importe donc « de faire une histoire infranationale, et de mesurer la part de consentement local dans l'imposition de traits culturels, de tel ou tel segment des élites locales, et aussi l'adhésion du public, qui n'accepte pas aveuglement l'offre » (Bourdon, 2008, p.167).

En définitive, les constats faits précédemment autour du déséquilibre informationnel, des enjeux culturels, politiques et des mutations technologiques sont autant de facteurs à prendre en compte pour mieux appréhender les médias transnationaux. En effet, les logiques culturelles et politiques, avec en filigrane le rôle des dispositifs et plateformes numériques, sont, non seulement perceptibles chez les récepteurs, mais aussi renouvellent les problématiques autour des médias transnationaux d'où notre choix de les explorer. Nous allons donc résumer tous ces éléments de problématisation en une question de recherche centrale consistant à savoir si la réception de RFI participe à la construction des représentations culturelles et politiques des sénégalais? Nous articulons donc notre objet autour d'une des composantes essentielles des médias audiovisuels transnationaux (Clark et Werder, 2007) qu'est l'audience ou plus exactement la réception. Autrement dit, il s'agit d'étudier la manière dont les publics reçoivent les informations diffusées par la radio RFI au Sénégal ainsi que les représentations politiques et culturelles pouvant en résulter.

Cette question de recherche s'articule autour de trois postulats provisoires, servant d'hypothèses de travail. En premier lieu, nous faisons l'hypothèse que le média transnational RFI a déployé des stratégies efficaces d'adaptation aux changements qui sont intervenus dans

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les contextes nationaux de réception et bénéficie d'une réelle présence au niveau des plateformes numériques.

En deuxième lieu, à la suite de Stuart Hall (1994), nous posons l'hypothèse que la réception qui est faite du média transnational RFI est négociée.

En troisième lieu, nous postulons que RFI participe à la construction des représentations culturelles et politiques des étudiants Sénégalais.

Objectif de la recherche :

L'objectif de cette recherche consiste à analyser et à revisiter les problématiques de l'internationalisation de la communication et de la réception d'un média transnational comme RFI, au Sénégal où il disposait, dans le passé, d'un audimat stable et inconditionnel. Il vise à cet effet, à allier conceptualisation, historicité et données empiriques recueillies pour interpréter les mutations opérées au niveau de la réception de la radio RFI. Ainsi, les variables pouvant rendre compte des phénomènes de réception seront analysées, qu'ils s'agissent des types, des modes et des modalités de réception afin de mieux appréhender la place actuelle de la radio RFI au Sénégal mais aussi sa participation dans la construction des représentations politiques et culturelles des jeunes étudiants Sénégalais. Autrement dit, il s'agira de vérifier si les récepteurs, pris individuellement ou collectivement, construisent leurs systèmes de représentations à partir des informations qu'ils reçoivent de RFI. Les représentations et les imaginaires médiatiques (Macé, 2006) qui se traduisent dans la réalité culturelle et politique des publics concernés doivent être étudiés pour voir si les publics, en recevant ces informations, construisent essentiellement leurs représentations à partir ces dernières. En d'autres termes, il est question de savoir dans quelle mesure et à quel point RFI, participe à la construction des représentations culturelles et politiques des publics sénégalais.

Positionnement théorique et conceptualisation

Les médias transnationaux convoquent diverses logiques politiques, culturelles, économiques, technologiques. Il est donc clair que pour saisir toute cette complexité, les Sciences de l'Information et de la Communication constituent un ancrage théorique pertinent. A ce niveau nous nous inscrivons dans le courant de la réception de l'école de Birmingham, les cultural studies et plus spécifiquement dans les modèles d'analyse de Stuart Hall. Ce dernier va particulièrement s'intéresser aux phénomènes de réception des médias. A partir d'études empiriques pour saisir les logiques de consommation des médias, Stuart Hall va identifier trois types de réception des médias.

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- Une réception hégémonique, où fait sens la concordance entre le message formulé par le média et le message démêlé par le récepteur sans aucune résistance de la part de celui-ci ;

- une réception négociée où le récepteur décode le message en fonction de ses intérêts tout en tentant d'adapter le message à ceux-ci. A ce niveau, l'acceptation ou le rejet du message dépend de la réussite ou non de l'adaptation.

- une réception où le récepteur procède à un décodage oppositionnel ; il s'approprie le message en fonction d'un code différent de celui du média. Il peut également décider de rejeter le message au sens de décodage oppositionnel

C'est à partir de cette typologie de la réception que nous analyserons les réponses et les comportements des auditeurs de la radio RFI au Sénégal. Après ce positionnement théorique dans le segment de la réception, nous allons procéder à un lestage conceptuel afin de mieux clarifier les mots-clés qui entourent notre problématique à savoir l'information internationale, les médias transnationaux et les représentations.

Information internationale et médias transnationaux

Selon Camille Laville l' « information internationale désigne l'information échangée entre deux ou plusieurs nations. (...)». (Laville, 2003, p.34). Cette information circule donc dans l'espace international, indistinctement des frontières établies. De ce point de vue, elle s'inscrit dans le système monde et peut être caractérisée par les rapports de force et déséquilibres constatés aux niveaux économique, culturel, politique, technologique etc. Distillée par les médias transnationaux, l'information internationale est aussi fustigée pour son « inégale transnationalisation » (Marchetti, 2015). Le qualificatif transnational a été introduit à partir des années 1970 par l'école réaliste pour « décrire tous les processus qui, par volonté délibérée ou par destination, se construisent dans l'espace mondial» (Badié, 1996) 25. Les médias qui nous intéressent dans le cadre notre objet de recherche, s'inscrivent effectivement dans l'espace mondial et donc peuvent être appelés médias transnationaux. Néanmoins, tout ce qui s'inscrit dans l'espace mondial, n'est pas transnational, à l'image des entreprises multinationales. Raison pour laquelle, les « concentrations des médias à l'échelle mondiale »26 sont qualifiées de « transnationales» par les institutions de Breton Woods. Une question de convenance par rapport au domaine car, si dans d'autres activités on peut parler de « firme multinationale »,

25 Bertrand Badié (1996), Mondialisation, les termes du débat, CDRom la Découverte.

26 Patrick-Yves Badillo, Serge Proulx, « Mondialisation de la communication, à la recherche du sens perdu », 2006/1 (n° 44), p. 47-54. p.52

27 S. Moscovici, Des représentations collectives aux représentations sociales, in Jodelet D., Les représentations sociales, coll. Sociologie d'aujourd'hui, P.U.F. 1989 p.65

28 P. Bourdieu. Décrire et prescrire [Note sur les conditions de possibilité et les limites de l'efficacité politique]. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 38, mai 1981. La représentation politique-2. pp. 69-73;

29 Laurence Corroy, Jacques Gonnet, Dictionnaire d'initiation à l'info-com, 2ème édition, Vuibert, 2008

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dans le champ informationnel c'est l'adjectif transnational qui est usité pour désigner les médias à vocation transfrontière.

Les représentations

Largement développée en psychologie générale, la notion de représentations désignait un terme d'explication d'un ensemble de processus réactionnels aux stimuli. Dans la branche de la psychologie cognitive la représentation est définie comme une connaissance basée sur la relation entre deux systèmes d'objets (réels ou mentaux) : l'un étant le représentant de l'autre, le représenté (Bresson, 1987). En sociologie, Serge Moscovisci attribuant la paternité du concept à Emile Durkheim bien que faisant remonter l'idée à Georges Simmel (1858-1918) et Max Weber (1864-1920), la définit comme «une vaste classe de formes mentales (sciences, religions, mythes, espace, temps), d'opinions et de savoirs sans distinction. La notion est équivalente à celle d'idée ou de système, ses caractères cognitifs n'étant pas spécifiés»27 (Moscovisci, 1989, p.65). Cette définition, traduit pleinement l'idée de représentation à notre sens, puisqu'elle met l'accent sur ses aspects cognitifs, sur ses perceptions. D'ailleurs, à propos de l'action politique, Pierre Bourdieu nous dit qu'elle « vise à produire et à imposer des représentations (mentales, verbales, graphiques ou théâtrales) du monde social qui soient capables d'agir sur le monde en agissant sur la représentation que se font les agents. »28 (Bourdieu, 1981, p.69). La représentation, traduit donc généralement, dans les Sciences de l'Homme et de la Société, l'idée de cognition et de perception. A la suite de ces auteurs, d'autres chercheurs ont essayé d'analyser les représentations dans leurs dimensions individuelles et collectives. On peut ainsi lire dans le Dictionnaire d'initiation à l'info-com que « la représentation sociale serait alors l'équivalent de la représentation individuelle, transposée au niveau collectif »29. (Corroy et Gonnet, 2008, p.292). Quant à Paul Ricoeur (1984), il fait le lien entre l'idéologie et l'utopie pour qualifier les représentations de la société. Du côté des médias, Eric Maigret et Eric Macé dans leur tentative de Penser les médiacultures, analysent les représentations sous l'angle médiatique-culturel. Leur approche nous semble pertinente pour cerner les représentations culturelles et politiques de la réception de la radio RFI. «Diabolisé, instrumentalisé, interpellé, autonomisé » (Cabedoche, 2007), le concept de représentation est aujourd'hui au coeur du triangle médias, culture, politique. Faisant intervenir des logiques culturelles et politiques, le média transnational RFI, du côté de sa réception, peut donc être analysé sous l'angle des représentations.

Démarche empirique

Pour mener à bien cette recherche, nous avons limité notre objet à la radio RFI et à un segment

de son public sénégalais mais aussi mobilisé un certain nombre d'outils.

Choix du média et des cibles

Le choix porté sur le média RFI n'est pas fortuit. La présence de RFI au Sénégal, et son statut de radio la plus écoutée en Afrique de l'Ouest (Africascope : TNS SOFRES, 2014) rend compte de son poids et de sa popularité dans cet espace sous régional. De plus, son ancrage chez les élites les plus instruites est réel. Une des caractéristiques de ce public c'est sa capacité de décrypter le contenu transmis. Parmi ce public constitué de cadres, d'élites, nous avons porté notre regard sur le segment des étudiants. Les étudiants, représentent une catégorie d'âge assez jeune mais sont aussi perçus comme une élite en devenir dans notre pays. Ils sont donc des récepteurs privilégiés des médias transnationaux et font recours à ces derniers afin de renforcer leur culture générale. Afin de savoir si la réception de la radio RFI participe à la construction de leurs représentations politiques et culturelles nous avons élaboré un certain nombre d'outils de recherche.

Outils et méthode de recherche

Dans l'objectif de vérifier nos hypothèses de travail, nous avons procédé à une triangulation des méthodes qualitative et quantitative. En d'autres termes, nous avons utilisé des outils de recherche documentaire d'un côté et des enquêtes de terrain de l'autre.

Dans un premier temps, nous avons effectué une revue documentaire dans le champ des Sciences de l'information et de la Communication en mettant l'accent sur les travaux en rapport avec les médias nationaux (Faye, Loum, Dia, Ly, Moumouni) et les médias transnationaux (Mattelart, Cabedoche, Bouquillion, Miège, Tremblay etc.). Nous avons ensuite mené des recherches sur la réception (Vittin, Hall) des médias et sur les représentations (Bourdieu, Durkheim, Moscovisci, Macé, Maigret). L'objectif étant d'explorer l'essentiel de la littérature sur la thématique de notre recherche afin d'avoir une connaissance de l'état de la recherche sur la question, mais aussi de dégager une problématique pertinente. La revue de la littérature nous a aussi permis d'avoir un positionnement théorique clairement ancré dans les SIC. Ensuite, nous avons procédé à un recueil de données empiriques à travers des entretiens et des questionnaires que nous avons effectué.

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Interviews avec les personnes ressources

Dans un premier temps, nous avons mené des entretiens avec des personnes ressources composées de chercheurs, d'observateurs des médias, de journalistes, de correspondants de médias transnationaux et de membres d'organisations non-gouvernementales s'intéressant aux médias. Ces interviews avec les personnes ressources, nous ont fourni des éléments d'élucidation historique et contextuelle. Elles nous ont permis d'avoir des informations et de connaître l'esprit d'encodage des informations ainsi que la représentation que ces interviewés ont de la présence de RFI au Sénégal. Cette démarche était nécessaire pour avoir des informations provenant de personnes qui évoluent dans la sphère médiatique nationale et compléter nos éléments conceptuels et théoriques. Au total dix (10) personnes ont été interviewées (cf. Liste en annexe)

Questionnaire administré aux étudiants

Le questionnaire administré aux étudiants a permis de recueillir l'avis des étudiants sur les questions de réception et de représentation. Composé de variables en lien avec les modes, les modalités, les types de réception entre autres, il a été administré à un échantillon représentatif de cent (100) étudiants sénégalais, indistinctement des niveaux, filières et genre. Il a été administré par voie électronique et en direct pour permettre aux étudiants de toutes les institutions de l'Enseignement supérieur d'y répondre sans contrainte spatio-temporelle. Néanmoins le ciblage s'est adressé de façon prioritaire aux deux plus grandes universités Sénégalaises que sont l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et l'Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB). Dans un premier temps, il a été mis en ligne via Google docs, plateforme à travers laquelle 66 étudiants ont répondu. Il a été complété par des enquêtes en direct au niveau du campus de l'Université Cheikh Anta Diop vu que les étudiants de cette institution ne répondaient pas en ligne. Ainsi 34 étudiants de cette institution ont répondu en direct. Un total de 100 questionnaires a donc été recueilli entre le 19 Août 2016 et le 22 Septembre 2016.

Les résultats de ces enquêtes ont été traité directement sur Google docs pour la partie des réponses en ligne et par le logiciel Sphinx V5 pour les questionnaires administrés au niveau de l'UCAD. Par la suite, un traitement manuel a été réalisé pour faire le cumul des réponses apportées et dégager les principaux résultats. L'analyse de contenu relative aux questions ouvertes a été également réalisée de façon manuelle.

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Structuration du travail

Notre mémoire est structuré en trois parties distinctes répondant à chacune des hypothèses avancées. Ainsi la première partie s'inscrit dans une démarche diachronique. Elle revient sur l'évolution des concepts relatifs à la dimension transfrontière des médias tout en dressant un tableau des débats historiques qui consacrent les enjeux des médias transnationaux. Ensuite, toujours dans une perspective historique, un tableau des évolutions de la radio RFI, ainsi qu'un panorama des métamorphoses sociopolitiques opérées au niveau national conduisant à une « médiamorphose »30 est dressé. En fait, nous mettons en rapport les transformations de la sphère médiatique nationale avec les stratégies d'adaptation et de repositionnement de RFI pour répondre à notre première hypothèse.

La deuxième partie de notre mémoire s'intéresse aux résultats des enquêtes effectuées auprès des étudiants. En effet, après un exercice de conceptualisation autour de la réception et des publics des médias transnationaux, nous avons présenté les données recueillies sur le terrain. Des variables sur les modalités, la temporalité, les thématiques suivies, les dispositifs de réception entre autres ont été analysés afin d'apporter des conclusions provisoires concernant notre deuxième hypothèse. Rappelons que dans cette deuxième hypothèse, nous postulons que la réception qui est faite de RFI par les étudiants sénégalais est négociée (Hall, 1994).

La troisième partie est consacrée à l'analyse des représentations politiques et culturelles des étudiants Sénégalais en rapport avec leur réception du média transnational RFI. Sur la base des données empiriques, les résultats de ce travail sont assez révélateurs et offrent d'intéressantes grilles de lecture du phénomène des médias transnationaux.

30 Expression pour qualifier les métamorphoses opérées dans l'environnement médiatique. Nom d'une revue scientifique qui traite des métamorphoses médiatiques

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