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Socio-histoire d'une offre alternative de transport urbain: etude du cas des «woro-woro» de yopougon (abidjan, cote-d'ivoire)


par Yerehonon Jean Zirihi
Université Alassane Ouattara (Ex Université de Bouaké) - Doctorat  2015
  

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1.3 Décentralisation, libéralisation: apparition
de tutelles plurielles des woro-woro

En Côte d'Ivoire, la décentralisation est un processus ancien auquel les changements politiques ont donné des objectifs différents selon les époques. Pour rappeler l'expérience ancienne d'exercice local du pouvoir durant la période coloniale, on fait en général référence aux trois communes de plein exercice d'Abidjan, de Bouaké et de Grand -Bassam qui ont été instituées par la loi du 18 novembre 1955. Le processus se poursuivra, mais très timidement après l'indépendance en raison du contexte du parti unique et du besoin de contrôle politique des populations (Akindès 2007). La décentralisation est liée à cette époque à des objectifs de contrôle étatique:

«les réformes avaient pour but, non de faire participer mais de serrer le maillage administratif sur la société pour accroître l'efficacité de la politique de développement dont l'extension du domaine étatique était l'élément moteur» (Diouf 1992).

Le but était donc associé à ce moment à l'édification d'un État fort. Mais les années 1980 voient au contraire la mise en place des politiques d'ajustement structurel et le début du désengagement de l'État. La décentralisation devient donc un moyen de «gérer la pénurie» (Blundo 1998). Dans le même moment, l'essor de la coopération décentralisée et du développement «participatif» donne aux communes un rôle de premier plan dans la gestion des ressources locales. Au niveau de la théorie économique:

«la justification de la décentralisation renvoie presque exclusivement à la fonction allocative des gouvernements, les actions macroéconomiques et redistributives relevant du pouvoir central» (Piveteau 2004).

Les collectivités décentralisées devraient donc remplir essentiellement cette fonction économique d'allocation, de façon à ajuster l'offre de biens publics aux contextes locaux. La dernière phase de la décentralisation amorcée entre 2000 et

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2005 s'est traduite par la création de districts (le district d'Abidjan et le district de Yamoussoukro) avec transfert et répartition de compétences de l'Etat aux collectivités territoriales. Dans le secteur des transports collectifs d'Abidjan, la décentralisation a abouti à la libéralisation du secteur des transports. En particulier avec le Programme d'Ajustement Structurel du Secteur des Transports (CI-PAST) de 1995, une nouvelle arène s'ouverte entre l'Etat, la ville d'Abidjan et les mairies de la ville. Ainsi, au noyau restreint d'acteurs historiques de transport constitués de la ville d'Abidjan et du Ministère des transports, se sont adjoint d'autres catégories d'acteurs (mairies, associations coopératives de transporteurs, ONG, etc.). Le tout créant selon (Mintzberg 1990), un champ de forces évolutives autour des transports alternatifs qui peut comprendre les propriétaires, les syndicats et les autres associations d'employés, les usagers et tous les types de décideurs publics. Que ce soit sous une forme gouvernementale ou de groupes particuliers, ces forces forment des groupes d'intérêts parfois aussi convergents que contradictoires. La lecture qui est faite de ces transports dépend alors des ententes et des intérêts que chaque acteur ou groupe d'acteurs entendent tirés de ces transports. Trois grands types d'entités se trouvent alors représentées dans le jeu d'acteurs des woro-woro: les entrepreneurs privés, les collectivités locales et l'Etat. Ces acteurs constituent ainsi la structure du contexte d'action à partir de laquelle se détermine la structuration des woro-woro.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery