ANNEXE V. GUIDE D'ENTRETIEN
Bonjour, je m'appelle Ariane et suis étudiante
puéricultrice à l'école du CHU de Grenoble. Nous nous
rencontrons aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel
(mémoire) concernant les ingestions accidentelles. Notre échange
me permettra d'étayer ma réflexion. Je vous rappelle que cet
entretien, d'une durée d'environ quinze minutes, est anonyme mais
enregistré pour les statistiques de mon travail. Je vous remercie pour
votre contribution et l'aide que vous m'apportez.
1. En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles
situations êtes-vous concernée par la prévention
?
Relance : A quelles occasions faites-vous de la
prévention ?
2. Dans le cadre de votre travail, pensez-vous
être un soutien à la parentalité ? Relance :
Est-ce que le soutien à la parentalité est un de vos rôles
en tant que puéricultrice ?
3. D'après votre expérience, les accidents
domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que
vous rencontrez ?
Si oui, pourquoi et quelle tranche d'âge est la
plus concernée ?
Relance : Êtes-vous fréquemment
confrontés aux accidents domestiques du jeune enfant ?
4. Dans le cadre des ingestions accidentelles
mettez-vous en place des actions de prévention ?
Si oui, lesquelles ?
Si non, pourquoi rien n'est instauré
concrètement ?
Relance : Faites-vous de la prévention relative
aux ingestions accidentelles du jeune enfant ?
5. Pensez-vous que des parents informés sont plus
à même d'avoir des réactions adaptées face aux
ingestions accidentelles de leur enfant ?
Relance : Selon vous, des parents sensibilisés
sont-ils plus à même de réagir en cas d'ingestion
accidentelle que des parents non informés ?
6. Les professionnels de la petite enfance que vous
rencontrez (AP, EJE, assistant maternel...) vous semblent-ils suffisamment
formés aux gestes de premiers secours ?
7. D'après vous, la PMI est-elle connue du grand
public pour ses actions de prévention et de soutien ?
8. Pour finir, quel est votre parcours professionnel
?
L'entretien se termine, je vous remercie pour votre
précieuse collaboration. Avez-vous d'autres
éléments à ajouter suite à cet échange
?
XI
ANNEXE VI. RETRANSCRIPTION DES ENTRETIENS
Entretien A
AR : Je vais commencer ... Bonjour, je
m'appelle Ariane, je suis étudiante puéricultrice à
l'école du CHU de Grenoble. Aujourd'hui on se rencontre parce que vous
avez bien voulu m'accorder du temps pour échanger autour du sujet des
ingestions accidentelles que j'étudie dans le cadre de mon projet
professionnel. C'est un échange qui va me permettre d'étayer ma
réflexion, il va durer environ quinze minutes et reste anonyme. Mais je
l'enregistre pour faciliter mon travail et mes statistiques. Je vous remercie
d'avance pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.
Alors la première question c'est : En tant que
puéricultrice de PMI dans quelles situations êtes-vous
concernées par la prévention ?
IPDE 1 : Notre travail en tant que
puéricultrice de PMI c'est un travail de prévention.
Effectivement il y a les notions de prévention primaire, secondaire et
tertiaire. Nous on est plutôt sur le primaire et le secondaire. Le
tertiaire c'est plutôt l'aide sociale à l'enfance, que tu auras
peut-être l'occasion de rencontrer ; eux c'est plutôt de la
protection ; nous de la prévention pure. Est-ce que tu veux que je te
donne les domaines de prévention vraiment ?
AR : Oui je veux bien, savoir sur quoi vous
axez votre prévention, des domaines, même assez vastes.
IPDE 1 : Alors la PMI c'est de zéro
à six ans pour les puéricultrices, et il y a aussi les
sages-femmes qui interviennent en prénatal. Alors c'est à travers
différentes actions, soit en postnatal direct par exemple en visite
à domicile, en permanence ou en consultation. Là ce sera tout ce
qui est soutien à la parentalité, la prise en charge de l'enfant.
L'idée c'est de répondre à leurs attentes et de partir un
peu de leurs besoins. Après on évolue en âge, il y a les
bilans de quatre ans qu'on fait dans les écoles. Le but c'est de voir
tous les enfants, ça permet de ratifier la population des enfants de
trois à quatre ans ; on se dit qu'ils sont au moins vus une fois, parce
qu'il y en a qui ne sont pas suivis selon les milieux même si ça
reste rare. Ça permet d'avoir une vision médicale de tous les
enfants, ça leur donne à tous une chance donc c'est vraiment de
la prévention à ce niveau-là. Le contenu des B4 c'est
peut-être pas la peine que j'en parle ...
Ensuite on a tout ce qu'il y a signalement, enfance en danger,
nous on est au premier plan pour évaluer s'il y a danger ... Euh...
à ce moment-là on va plutôt faire du soutien
éducatif, sanitaire, prise en charge de l'enfant, même
parentalité. Après d'autres domaines euh ...
AR : Oui il y en a déjà beaucoup !
C'est le coeur de votre métier !
Vous avez déjà abordé le sujet
précédemment, mais vous, vous vous considérez donc comme
un vrai soutien à la parentalité ?
IPDE 1 : Tout à fait ! Nous on ne fait
pas à la place, on ne va pas s'occuper de l'enfant, on passe par le
parent. Ce n'est pas nous qui allons faire les soins d'hygiène à
l'enfant ou les soins de santé ou l'éducation. C'est vraiment les
parents qui se saisissent de tout ce qu'on peut voir avec eux. C'est vraiment
notre rôle principal de soutien à la parentalité ;
effectivement nous on peut évaluer qu'il y a un enfant en
difficulté mais nous on passe par le parent : c'est l'aider à
avoir les outils adaptés en tant que parent ; pouvoir s'adapter aux
besoins de son enfant.
AR : Ensuite, la troisième question
c'est : D'après votre expérience, les accidents domestiques du
jeune enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ?
Et si oui, est-ce que vous avez une idée de la tranche d'âge la
plus concernée finalement ? Sachant que vous voyez surtout des
zéro - six ans.
XII
IPDE 1 : Alors, je dirai pas que c'est
fréquent au niveau des accidents, par contre nous ça fait partie
de nos missions de faire de la prévention des accidents domestiques donc
effectivement moi quand je vais à domicile lors d'une visite
post-natale, un des éléments c'est le couchage. Alors je vois
comment je sens les parents, des fois dès la première visite, si
je sens qu'ils sont méfiants, qu'ils n'aiment pas trop qu'on vienne chez
eux j'y vais plutôt à la deuxième mais au moins j'en
parle.
AR : Par rapport à la MIN oui ...
IPDE 1 : Oui oui, parce qu'eux des fois ils
ont leur vision oui oui c'est tout bon alors que nous tout de suite on peut
voir ce qui coince donc euh ... c'est dans nos missions d'être vigilants
! On ne va pas toujours en parler, c'est surtout à domicile, si on voit
quelque chose, là on se rend compte de suite ce qui est dangereux et
à portée de mains des enfants... Par contre au niveau des
accidents, surtout par l'hôpital de secteur, je reçois une fiche
de liaison dès qu'un enfant est hospitalisé pour un accident
domestique.
Alors je n'en ai pas beaucoup, mais là j'en ai eu
trois, surtout parce que cela peut entrer dans le cadre de la protection de
l'enfance selon ce qu'on évalue... mais par ingestion de boulettes de
cannabis. Alors effectivement c'est des parents qui ont laissé à
portée de main, alors c'est pas un accident domestique auquel on pense
facilement... mais souvent ce n'est pas ce que l'on voit dans les petits
livrets, on ne parle pas de ça. Mais c'est vraiment des choses pour
lesquelles on peut être interpellé et dans ce cas-là on va
évaluer à domicile. On en profite pour voir dans quel contexte
vit l'enfant, si c'est un contexte dans lequel le cannabis a beaucoup de place
ou l'enfant est au milieu de tout ça, ou est-ce que c'était une
soirée ...
Après effectivement c'est des parents, ou ce qui est
positif, c'est qu'ils ont eu le réflexe d'emmener l'enfant à
l'hôpital alors que d'autres n'auraient pas osé ...
AR : ... oui ou l'emmèneraient à
l'hôpital mais n'oseraient pas dire ce qui a été
ingéré.
IPDE 1 : Oui ça pourrait être
grave. Et j'en profite pour leur dire, comme c'est des gens qui fument, de
faire attention aux mégots de cigarettes, parce qu'un enfant qui
mâchouille un mégot de cigarettes, ça on en parle pas non
plus, c'est plein de nicotine et de goudron, et si un enfant le
mâchouille, ça peut faire quelque chose au niveau cardiaque, parce
que c'est très concentré.
Après, j'ai eu des chutes de plans de change... de
mémoire j'essaie de me souvenir s'il y a autre chose mais je pense que
c'est vraiment les deux choses principales que j'ai eu.
Et au niveau des âges... euh... c'est vraiment les
zéro - un an. Les âges au-dessus c'est des enfants qui se font des
bleus, mais je n'ai pas eu de trucs graves, à ma connaissance. C'est
vrai que peut-être ils [les hôpitaux] nous préviennent quand
c'est les zéro-un an ; au-delà je pense qu'ils gèrent
à l'hôpital et s'ils ne repèrent rien de particulier au
niveau social, je ne pense pas qu'ils nous interpellent.
AR : D'accord, super ! Du coup la question
suivante c'est plus par rapport aux ingestions accidentelles, est-ce que vous
mettez en place des mesures de prévention ? Vous disiez que
c'était plutôt quand vous en ressentiez le besoin...
IPDE 1 : Alors on ne fait pas d'action de
prévention de groupe comme ça pourrait se faire. Une fois en
crèche je sais que j'avais fait, enfin c'était auprès des
assistantes maternelles, et il y a longtemps mais j'avais mené une
action collective.
Ici, non on ne fait rien de collectif, par contre, c'est
vraiment en individuel à domicile. Et à chaque fois que je vais
en visite à domicile suite à un accident domestique, j'en profite
pour laisser un livret que j'ai sur les accidents domestiques. J'en profite
pour discuter de l'accident qu'il y a eu, je regarde si ça ne risque pas
de recommencer selon ce qui en était et après je fais une
explication plus large, plus rapide en donnant le livret. L'info je la donne
plutôt à ce moment-là.
XIII
AR : D'accord, et donc la question cinq c'est
plutôt par rapport aux parents, pensez-vous que des parents
informés sont plus à même d'avoir des réactions
adaptées face aux ingestions accidentelles ?
IPDE 1 : Ouais, alors réaction sur le
coup, la question c'est plutôt est-ce qu'ils vont avoir les gestes de
secours adaptés, c'est plutôt ça la question ?
Parce que action, ils vont être informés, ils
vont faire ce qu'il faut pour éviter l'accident ; alors que
réaction c'est une fois qu'il a ingéré.
AR : Oui c'est vrai, j'attendais un peu les
deux, action et réaction. Pour moi aussi c'est important comme vous
disiez, qu'ils préviennent bien l'accident.
IPDE 1 : Oui parce que action je pense qu'ils
peuvent effectivement mieux aménager leur environnement ; enfin
après ils s'en saisissent ou pas ; c'est vrai que des fois il faut
attendre qu'il y ai l'accident pour qu'ils se bougent un peu plus
derrière...
Réaction c'est plutôt du secours, et il n'y a pas de
gestes de secourisme qui sont transmis. Je dirais oui pour action, non pour
réaction.
AR : Ensuite c'est par rapport aux
professionnels de la petite enfance que vous rencontrez : auxiliaire de
puériculture, EJE, assistante maternelle... est-ce que ces
professionnels-là vous semblent justement suffisamment formés
face aux gestes de premiers secours ? Ou est-ce que cela pourrait être
intéressant à développer ?
IPDE 1 : Alors il y a des formations qui sont
proposées pour nous puéricultrices au département et
après effectivement on a été formées pendant
l'école, mais on a des mises à jour qui sont proposées.
Moi je trouvais, enfin on avait demandé, que ce soit plus
spécifique au petit enfant, des fois le risque, c'est que les formations
elles soient plutôt pour les adultes, il faut qu'il y ait cette
vigilance... Alors nous la dernière en tant que puéricultrice il
avait commencé par l'adulte mais avait amené des choses bien
spécifiques à l'enfant, et un mannequin d'enfant.
Assistantes maternelles, pareil il y a une proposition, mais
je ne sais plus où ça en est, il faudrait revoir avec la
référente des assistantes maternelles.
AR : Oui je sais qu'elles ont la formation du
PSC1 de sept heures qui est obligatoire pour l'agrément.
IPDE 1 : Oui, obligatoire pour
l'agrément mais le renouvellement je ne suis pas sûre... en tous
les cas c'est proposé. Moi je sais que quand je fais le renouvellement,
je leur demande de quand date la dernière, et si c'est d'il y a
longtemps je leur préconise de le refaire.
Les autres je ne sais pas, on n'a pas d'AP ou d'EJE...
AR : Oui, elles sont plus présentes en
crèche.
IPDE 1 : Mais vraiment la prévention
je pense qu'elle est vraiment nécessaire auprès des parents, pas
tant les assistantes maternelles parce que c'est déjà tellement
carré quand on les voit pour les agréments.
AR : D'accord merci... Ensuite la question ce
serait plutôt à propos de la PMI. Est-ce que vous pensez que la
PMI est suffisamment connue du grand public pour ses actions de
prévention et de soutien ?
IPDE 1 : Alors ceux qui connaissent la PMI,
oui ils savent que c'est des actions de prévention et de soutien aux
parents, mais en général je trouve que c'est peu connu. Mais
même des choses toutes bêtes, on tape « PMI » sur
internet, je pense qu'il n'y a rien qui sort. Les gens utilisent beaucoup
internet, mais je trouve que c'est pas bien développé. Y a un
projet de « com » qui était fait mais je crois que c'est un
peu tombé à l'eau... ça n'avance pas. Pareil, on devait
faire des flyers, on demande depuis des années, moi ça fait cinq
ans que je suis ici,
XIV
vingt-ans de PMI, avant j'étais dans la Drôme, on
demande des flyers officiels du département, mais non, on fait toujours
nos propres flyers, c'est toujours pas fait...
Je trouve qu'au niveau « com » il y a un vrai
problème, il y a vraiment besoin de plus. Alors ce qui permet qu'ils
nous connaissent c'est par rapport aux fiches de liaison, quand on envoie des
flyers : soit on propose une MAD, soit une visite à domicile pour toutes
les fiches de liaison qu'on reçoit.
Alors pour l'Isère on reçoit toutes les fiches
de liaisons des maternités, ça tu as dû le voir, par contre
la Savoie, je reçois des fiches seulement quand il y a un
problème qui a été repéré. Donc y en a
certains qui finalement ne reçoivent jamais rien... Et puis envoyer un
flyer « votre enfant vient de naître » alors que je
reçois tardivement... effectivement il y a la possibilité
d'être informée par les avis de naissance par les mairies ou les
choses comme ça... mais je sais qu'au moment où on le faisait
qu'on avait ça, ça arrivait très tard, c'était pas
l'idéal. C'était pas la meilleure des solutions. Mais
effectivement c'est nous qui allons vers les gens, y a pas une connaissance...
c'est plus le bouche à oreille sinon, quand les gens nous connaissent,
ou des professionnels, par leur profession qui nous connaissent.
AR : Pour finir, quel est votre parcours
professionnel ? Vous m'avez déjà parlé des cinq ans au
sein de cette PMI.
IPDE 1 : Donc ça fait bien vingt ans
de PMI, j'étais dans la Drôme, et là je suis ici depuis
cinq ans en tant que puéricultrice de PMI. Avant j'avais fait
hôpital et libéral. Est-ce que je te donne le détail de ce
que j'ai fait à l'hôpital ?
AR : Oui je veux bien.
IPDE 1 : L'hôpital quand je voulais, il
n'y avait pas de place en pédiatrie mais j'étais
repérée comme puéricultrice donc quand y avait des enfants
c'est moi qu'on appelait. J'étais d'abord au bloc opératoire donc
quand y avait des enfants c'est moi qui gérait, aux urgences et en
service de chirurgie digestive.
Les services de base je ne trouvais pas ça
intéressant, ça se répétait, moi j'avais besoin de
variétés, donc en PMI tous les jours c'est différent
[rires].
AR : C'est tout pour moi, est-ce que vous avez
des choses à ajouter ?
IPDE 1 : Oui la prévention et le
soutien à la parentalité c'est vraiment le coeur de notre
métier. Et ce qui est important quand on est professionnel c'est de ne
pas aller donner des conseils comme ça d'entrée, plaqués
aux gens. C'est vrai que moi je vois comment j'ai évolué avec les
gens ; au début quand j'étais nouvelle professionnelle je
demandais aux gens de quoi ils souhaitaient parler, donc je les appelais avant
la visite à domicile comme ça j'avais un peu en tête mes
idées. Mais c'est pas du tout comme ça ... c'est vraiment
être face aux gens et voir de quoi ils ont besoin de parler et ça
peut partir dans tous les sens. On a l'oeil, on a l'oreille, on va poser les
questions complémentaires qui vont faire parler... notamment tout ce qui
est prévention des violences conjugales, ça touche pas
parent-enfant en direct mais ça touche le couple et donc ça
impacte l'enfant. Suivant les réponses, on gratte et hop... des fois on
ne peut pas tout de suite, des fois si alors on y va.
Y a toute une subtilité dans le relationnel, il faut
réussir à toucher ce qui est important pour les gens, ce qui les
concernent eux, ce qui est spécifique.
Voilà ...
AR : Bon et bien merci beaucoup ! IPDE 1
: Avec plaisir !
XV
Entretien B
AR : Bonjour, je m'appelle Ariane, je suis
étudiante puéricultrice au CHU de Grenoble . Nous nous
rencontrons aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel qui concerne
surtout les ingestions accidentelles. Notre échange va me permettre
d'étayer ma réflexion et je vous rappelle que cet entretien est
d'environ quinze minutes, anonyme mais enregistré pour les statistiques
de mon travail. Je vous remercie pour votre contribution et l'aide que vous
m'apportez.
En tant que puéricultrice de PMI, dans quelles
situations êtes-vous concernée par la prévention ?
IPDE 2 : La prévention c'est un peu la
base de notre boulot, donc c'est au quotidien, c'est tout le temps. Pour les
bébés la prévention c'est sur le couchage, les chutes. Moi
mes VAD ou mes permanences ça va être surtout ça, le risque
de chute ; le couchage aussi que ce soit auprès des parents ou des
assistantes maternelles.
Pour ce qui est des ingestions c'est vrai que dans mon cas
j'en parle pas forcément, ou alors quand ils grandissent : attention
là il est en train de se retourner, d'attraper alors là il faut
faire attention aux petites choses qui trainent ; c'est plus
général.
Après les assistantes maternelles forcément
ça va être la prévention par rapport à la
sécurité de leur logement parce qu'elles gardent des enfants qui
leur sont confiés.
Et des fois ça apparaît dans la protection de
l'enfance pour les ingestions de cannabis... les enfants se retrouvent en
réanimation, et c'est plus fréquent qu'on ne le pense !
Sinon j'ai vu un cas, mais c'est l'hôpital qui nous
avait appelé pour les piles plates auxquelles on ne pensait pas
forcément ... et vu les conséquences que ça
entraîne... j'ai plutôt tendance à dire de faire attention
quand l'enfant peut attraper, s'il y a des plus grands faire attention à
ce qui traine. Maintenant j'explique bien les piles parce que les parents n'y
pensent pas forcément.
AR : La question deux c'est : dans le cadre
de votre travail pensez-vous être un soutien à la
parentalité ?
IPDE 2 : Ah ben oui ! [rires] Ça aussi
c'est la base de notre travail ! Notamment lorsque c'est des premiers enfants,
l'accompagnement là ... Déjà les parents ne connaissent
pas la PMI alors on doit leur expliquer et une fois qu'ils ont compris ils sont
bien contents d'avoir un soutien et des ressources ; et quand ils nous
connaissent avec les plus grands, ils sont bien contents de nous trouver pour
les conseiller et reprendre ce que disent les médecins, ils ne
comprennent pas toujours les traitements, les informations... donc oui c'est
vraiment notre quotidien.
AR : D'après votre expérience,
les accidents domestiques du jeune enfant sont-ils un problème
fréquent que vous rencontrez ? Et si oui, quelle est la tranche
d'âge la plus touchée ?
IPDE 2 : Un problème... ce n'est pas
non plus tous les jours mais on le répète tous les jours, mais du
coup on est dans la prévention. Après moi le problème que
j'ai eu il n'y a pas longtemps c'est sur les chutes et notamment les enfants
qui ne sont pas attachés dans les poussettes. Les parents ont aussi
souvent tendance à laisser, enfin c'est les bébés, les
moins d'un an, les laisser sur la table à langer et ils partent chercher
la couche à l'autre bout sans savoir si on est à
côté. Ils ne se rendent pas compte, même à deux,
trois, quatre mois ils les laissent.
Sinon dans les poussettes ils ont tendance à attacher
les lanières sur le ventre, donc on leur explique, parce que moi j'ai
surtout des familles qui se déplacent en tram, donc si le tram freine,
ils ne sont pas tenus et risquent de traverser tout le tramway comme
ça.
Sinon une fois ça m'est arrivé, une petite qui
est tombée d'un premier étage surélevé donc c'est
l'équivalent d'un deuxième ou troisième étage, qui
s'en est sortie à priori. C'est la grande soeur qui voulait lui montrer
par-dessus le balcon et elle est tombée, pourtant le logement
était adapté, la maman avait tout aménagé. En ce
qui nous concerne c'est surtout les chutes pour les moins d'un an.
XVI
Pour quand ils commencent à être à quatre
pattes, à ramper, se déplacer donc surtout à partir d'un
an, c'est les brûlures. Dans notre population, un peu plus
précaire qu'à d'autres endroits, les parents cuisinent à
même le sol, avec des réchauds par terre. Ils se brûlent
donc en mettant les mains ou en se renversant les choses dessus.
AR : Après, on revient plutôt
sur les ingestions accidentelles, mettez-vous en place des actions de
prévention ?
IPDE 2 : Eh non, pas sur ce SLS ! À
part en parler lors de l'accompagnement de chaque parent en fonction de
l'âge de l'enfant il n'y a pas d'action particulière
là-dessus.
Il y a seulement une fois, en fait je suis aussi en LAEP, et
une fois tous les deux à trois mois on organise des « cafés
papote » autour d'un thème qui est choisi avec des assistantes
maternelles, des parents, l'éducatrice et moi. Il y a quelques temps on
avait fait un café papote autour du sujet des accidents domestiques et
ça avait bien plu comme c'était un échange et pas juste
des conseils donnés par un professionnel.
Mais je sais que ça peut se faire ailleurs et que
ça intéresse, au CHU ils avaient fait une journée à
thème sur les accidents domestiques, un peu comme une chambre des
erreurs.
AR : Autre question : pensez-vous que des
parents informés sont plus à même d'avoir des
réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur
enfant ?
IPDE 2 : Oui je pense, forcément... Y
en a qui ne vont pas penser forcément aux petites pièces de lego,
ou alors ils vont manier des produits toxiques dans des bouteilles de jus de
fruits, eux ils savent mais les enfants eux ne savent pas.
Donc oui pour tout ce qui est des produits, des
médicaments qui traînent, là on intervient, donc s'ils sont
au courant ils feront peut-être le nécessaire... On en parle et on
donne des exemples un peu parlant pour qu'ils se rendent compte à quel
point c'est dangereux.
AR : Oui les accidents peuvent aussi être
liés à de la méconnaissance c'est vrai...
IPDE 2 : [hochement de tête] c'est
important d'en parler et d'en reparler, de faire des rappels.
AR : Ensuite l'autre question c'est : Est-ce
que les professionnels de la petite enfance que vous rencontrez, donc les
assistants maternels, peut-être les EJE et les auxiliaires de
puériculture, vous semblent suffisamment formés aux gestes de
premiers secours ?
IPDE 2 : Alors tout ce qui est EJE et
auxiliaire de puériculture moi c'est vrai que je ne les vois pas, ce
n'est pas nous qui gérons les crèches...
Les assistantes maternelles à chaque fois qu'on les
voit on leur demande de quand date leur diplôme de gestes de premiers
secours. On les incite fortement à renouveler tous les deux ans ou grand
maximum tous les cinq ans.
AR : Ensuite, question sept : D'après
vous, la PMI est-elle suffisamment connue du grand public pour ses actions de
prévention et de soutien ?
IPDE 2 : Connue oui peut-être... Mais
dans les maternités je ne suis pas certaine qu'elles prennent bien le
temps d'expliquer ce que l'on fait parce que quand on appelle beaucoup de
parents n'ont pas compris, ou vaguement. Je pense que ce n'est pas
forcément bien expliqué, peut-être parce qu'elles manquent
de temps...
Et nous quand on va à la maternité pour les
liaisons maternité on rencontre seulement les sages-femmes, on ne passe
pas dans les chambres.
Ça reste quand même peut-être encore
méconnu... à part les enfants qui sont hospitalisés et qui
passent en néonatologie, où là il y a la
puéricultrice de liaison de PMI qui a bien son rôle pour expliquer
aux parents comment ils vont sortir. C'est vrai que les parents qui sortent de
néonatologie ou de services de pédiatrie ils sont bien au courant
mais globalement même dans le grand public on parle de Protection
Maternelle et Infantile c'est pas forcément bien
XVII
connu. Alors là en ce moment peut-être un peu
plus parce qu'on en parle plus avec le rapport des 1000 premiers jours et la
loi Peyron.
Mais dans Protection Maternelle et Infantile il y a le mot
protection et du coup on est encore bien associées à l'Aide
Sociale à l'Enfance.
AR : Et donc pour finir, quel est votre parcours
professionnel ?
IPDE 2 : Moi j'ai été
diplômée infirmière en 2006, j'ai eu mon diplôme de
puéricultrice fin 2007 et après j'ai travaillé de
début 2008 à 2015 en service de médecine et soins
intensifs néonataux. Et je suis donc en PMI depuis septembre 2015.
AR : Parfait ! C'est tout pour moi, sauf si vous
avez d'autres éléments à ajouter ?
IPDE 2 : Euh... sur le sujet je crois que je
t'ai tout dit. Mais sinon si tu veux je peux te donner les coordonnées
de la puéricultrice de liaison PMI pour que tu discutes de tout
ça, et de ton projet avec elle.
AR : Ah oui je veux bien, ça pourrait
m'être très utile ! Et encore merci de m'avoir accordé cet
échange.
Entretien C
AR : Bonjour, je m'appelle Ariane, je suis
étudiante puéricultrice au CHU de Grenoble. On se rencontre
aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel qui porte notamment sur
les ingestions accidentelles. Notre échange va me permettre
d'étayer ma réflexion. Il dure environ quinze minutes, est
anonyme mais enregistré pour me permettre une meilleure analyse. Je vous
remercie d'avance pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.
La première question c'est : En tant que
puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous
concernée par la prévention ?
IPDE 3 : J'ai envie de dire dans toutes !
Sauf quand on en est déjà au placement, à ce
compte-là on sort de la prévention... Mais sinon tout le temps,
on est dans de la prévention dans nos visites à domicile, nos
permanences, nos consultations, chez les assistantes maternelles.
En ce qui concerne ce sujet particulier, les visites à
domicile c'est quand même là où on va le plus facilement
sur ce sujet-là parce qu'on voit des choses. En permanence c'est pas le
thème que je vais aborder d'entrée de jeu parce que quand ils
viennent c'est pour une pesée ou des conseils en particulier et on a
déjà beaucoup d'autres choses à aborder. Par exemple pour
un nourrisson je vais plutôt aborder la sécurité du
couchage.
AR : Et les grands thèmes de
prévention que vous abordez ?
IPDE 3 : Ca va être tout ce qui va
être le lien mère-enfant, les compétences du
bébé, la prévention du bébé secoué
beaucoup... vraiment beaucoup le bébé secoué et la mort
subite chez les moins de trois mois, parfois un peu les écrans. Le
transport aussi... parfois les parents ont des questions sur les poussettes,
les moyens de transport en voiture ; moins souvent les accidents domestiques.
Avant je travaillais à côté de Grenoble, et là-bas,
tous les ans on participait au Forum Santé où la PMI avait un
stand. C'était une journée de forum avec des associations autour
de la santé et la PMI avait un stand et deux années de suite on a
proposé une action autour des accidents domestiques, on avait
tiré ça d'un petit livret ministériel orange dont je n'ai
plus le nom. On avait agrandi les pages, on en avait fait de grandes affiches
et on avait fait des affiches vertes et des affiches rouges avec là
où les choses sont en sécurité, là où elles
ne le sont pas et on abordait ça avec les parents.
AR : Merci ! La question suivante c'est dans
le cadre de votre travail, pensez-vous être un soutien à la
parentalité ?
XVIII
IPDE 3 : J'espère bien ! C'est un peu
pour ça que je me lève le matin ! [rires] Honnêtement je
pense l'être dans la plupart des familles que j'accompagne, mais je sais
qu'il y a des familles quand on va avoir un mot malheureux ou quelque chose qui
n'a pas été tourné d'une bonne manière, là
pour le coup on va rompre le lien ; ou alors quand on a des familles qui n'ont
pas confiance en la PMI, peur du placement, s'il y a des
antécédents ou quelque chose comme ça... On est toujours
dans une démarche de soutien à la parentalité mais on sent
à la manière dont c'est reçu, il y a de la distance, du
« vous approchez pas trop, on a pas envie. ».
AR : La question suivante c'est
d'après votre expérience, les accidents domestiques du jeune
enfant sont-ils un problème fréquent que vous rencontrez ? Si
oui, quelle tranche d'âge est la plus concernée ?
IPDE 3 : Alors je n'en ai pas
accompagné énormément, mais les familles ne nous le disent
pas forcément quand il y a eu des accidents, souvent moi je le vois dans
le carnet de santé quand ça a été noté :
« Passage aux urgences, chute du lit, chute avec le trotteur ». Le
dernier gros accident domestique dont j'ai eu notion, mais de toute
façon là elle ne pouvait pas faire autrement c'est un enfant qui
s'était brûlé. La maman était d'origine africaine et
pour parfumer la maison elle mettait des charbons à chicha et faisait
brûler de l'encens dessus. D'habitude elle le mettait en hauteur sur un
placard et ce jour-là elle l'avait laissé sur la table basse.
L'enfant était allé joyeusement, et avait pris dans sa main et
avait essayé de manger et s'était retrouvé avec une jolie
balafre sur tout le côté du visage à cause de la
brûlure. Dans mon expérience PMI c'est plutôt ça,
sinon j'ai fait du libéral et j'ai eu à accompagner une famille
dont l'enfant avait avalé du Destop.
Ça m'est arrivé chez une assistante maternelle
de trouver du Destop par terre dans les toilettes et du rez-de-chaussée
et du haut : un bidon de Destop et un bidon de javel ! Et la dame me dit «
ah mais j'avais complètement oublié en plus, ça fait
longtemps qu'ils sont ici ». Comment dire... là je m'étais
fâchée fort ! En lui disant justement que moi j'avais
déjà soigné un enfant qui avait avalé du Desktop et
que c'était quelque chose que je ne voulais plus jamais revoir de ma vie
parce que ça a des conséquences absolument dramatiques.
Souvent, moi sur mon secteur j'ai un centre d'accueil de
demandeurs d'asile où ils ont des logements diffus et sont donc dans les
logements sociaux en famille ou en colocation. Dans ces familles-là
souvent je vais parler des produits ménagers par terre et le risque de
défenestration avec les fenêtres ouvertes avec la table de la
cuisine juste en dessous.
AR : Je comprends... on entend souvent parler
des chutes et des brûlures chez les jeunes enfants.
IPDE 3 : Oui c'est pour ça chez les
assistantes maternelles on est dures : moi les médicaments, les produits
ménagers et les fenêtres et les piscines ça fait partie des
choses ou je suis extrêmement intransigeante ; ce n'est pas
négociable en fait.
AR : Ensuite c'est : Dans le cadre des
ingestions accidentelles mettez-vous en place des actions de prévention
?
IPDE 3 : Pour ce qui est des ingestions, je
me répète un peu, mais pour moi c'est clairement au cours des
visites à domicile et ça va être en fonction de ce que
j'observe... une fenêtre ouverte typiquement alors qu'il y a une table
juste au-dessous ou une chaise on va dire attention ! Et puis il y a beaucoup
les faits divers qui nous aident entre guillemets, pour la prévention ;
c'est-à-dire qu'on a régulièrement des enfants qui tombent
des balcons ou par les fenêtres et c'est vrai que quand on aborde
ça tout de suite ça fait tilt, c'est pas juste parce qu'on pense
que les enfants ne seront pas surveillés, c'est parce qu'on sait qu'ils
sont capables de faire ça dans le dos très rapidement et qu'on ne
peut pas avoir des yeux derrière la tête quand on est un parent ou
une assistante maternelle.
Et sur le poste où je suis actuellement, on a pas
vraiment d'actions collectives comme j'ai pu le faire sur Grenoble.
Sinon ça va vraiment être à domicile quand
je vais voir une situation dangereuse, des médicaments à
portée de main, et la plupart du temps c'est les produits
ménagers. Dans les
XIX
médicaments c'est beaucoup de prévention autour
des médicaments qu'on dit anodins : le doliprane, sauf qu'on leur
rappelle que si l'enfant avale une boite de doliprane possiblement c'est une
insuffisance hépatique aiguë.
AR : Oui ça peut avoir de graves
conséquences...
IPDE 3 : Moi ce que je leur dis souvent c'est
pas pour rien qu'Ariel ne fait plus de pub sur l'efficacité de sa
lessive mais fait de la pub sur laisser hors de portée des enfants parce
que depuis qu'il y a les petites unidoses je pense qu'en terme de nombre
d'accident par ingestion ça a du bien augmenter. Moi ça m'avait
marqué...
AR : La question suivante c'est : pensez-vous
que des parents informés sont plus à même d'avoir des
réactions adaptées face aux ingestions accidentelles de leur
enfant ?
IPDE 3 : Pas évident, pas
évident... Informés bien sûr si on se base sur la
prévention. Moi ça m'est arrivé de faire une visite avec
des parents pour la prévention des accidents domestiques parce qu'il y
avait les fenêtres, les produits... et là « je reviens vous
voir et si vous voulez, ensemble, on va voir comment vous pouvez faire pour
sécuriser ».
Après, pour la conduite à tenir en cas
d'ingestion moi c'est le numéro du centre antipoison que je donne quand
on parle d'ingestion de produits ou de médicaments, tout simplement
parce qu'il y a trop en fonction de ce qu'ils avalent il y a trop de marches
à suivre qui sont différentes. Ça c'est pareil, pour les
assistantes maternelles on leur demande d'avoir un affichage numéros
d'urgence, SAMU, numéros des familles, et moi dedans je leur demande
d'avoir le numéro du centre antipoison.
AR : La question suivante c'est : Les
professionnels de la petite enfance que vous rencontrez vous semblent-ils
suffisamment formés aux gestes de premiers secours ?
IPDE 3 : Alors nous c'est vrai qu'on a pas
d'EJE sur notre territoire en PMI. Ça peut nous arriver quand on va
faire un tour en crèche mais c'est plus quand on fait des liens sur des
familles...
Alors les assistantes maternelles, elles sont formées,
elles l'ont toutes la formation, en Isère ça fait partie des
obligations préalables à l'agrément après ...
euh... Mais de plus en plus je trouve maintenant avec les relais d'assistantes
maternelles, elles mettent à jour leurs connaissances mais quand on va
en visite et qu'on va aborder certains points de sécurité pour la
prévention des accidents domestiques, moi je trouve qu'il y a certaines
assistantes maternelles qui sont dans la négociation par rapport
à ça. Pour moi ce n'est pas tolérable, il y a des choses
qui ne se négocient pas... si tu habites au troisième
étage il y a des bloque-fenêtres aux fenêtres et c'est tout
! Moi j'en ai eu des négociations, oui les médicaments sont hors
de portée mais ils ne sont pas hors de vue et des petites boites de
couleur comme ça c'est attirant pour les enfants donc mettez-les dans un
carton, une petite boite fermée.
Mais c'est vrai qu'on passe pour des rabat-joies parfois quand
même...
AR : Ça fait partie du métier
aussi [rires].
IPDE 3 : Oui ça fait partie du
métier mais ce que je leur dis souvent vous savez quand il y a un
accident ce n'est jamais dans des périodes où tout était
normal... chez les assistantes maternelles c'est parce qu'il y avait un enfant
en plus, ou un enfant a chuté et s'est fait mal alors j'étais en
train de mettre de la glace et l'autre en a profité pour ... Parce que
souvent leur discours c'est de dire « Ah bah ils ne l'ont jamais fait !
».
AR : Merci... ensuite c'est par rapport
à la PMI, d'après vous la PMI est-elle connue du grand public
pour ses actions de prévention et de soutien ?
IPDE 3 : Grande question ! Ça pourrait
être le sujet d'un mémoire tout entier ça. On est en pleine
démarche petits pas grands pas, prévention, je ne sais pas si
certaines collègues t'en ont parlé, qui est l'idée d'aller
le plus tôt possible, de mettre les parents en lien avec la PMI.
XX
Moi je suis sur un territoire qui réalise des liaisons
maternité auprès des mamans, c'est-à-dire qu'on ne va pas
juste récupérer les fiches avec les informations pour les
distribuer, on récupère les informations et on va voir chaque
maman hospitalisée avec son bébé le jour de notre passage.
Nous on passe deux fois par semaine, sur chaque maternité de la ville,
à la clinique et à l'hôpital : le mardi et le vendredi.
L'objectif de ce passage c'est de venir présenter la PMI aux mamans qui
sont à la maternité et qui ont accouché. Il y en a, grosso
modo, une moitié qui connaît déjà pour des
aînés ou sinon c'est pendant l'accompagnement sage-femme de la
grossesse où on leur a expliqué que dès la naissance elle
pourrait aller à la PMI. Nous on colle dans le carnet de santé du
bébé l'adresse de la PMI de son secteur et le numéro pour
les joindre. En fait moi quand je vais à la maternité je leur
présente la PMI.
Des fois on a aussi des gens un peu en mode retrait : «
mais pourquoi vous venez me voir ? est-ce qu'on m'a signalé ? »,
non non on va voir tout le monde. La PMI c'est un service public, c'est gratuit
on est payé par vos impôts, des fois on se demande à quoi
ça sert, ça sert à ça aussi de payer des
impôts, ça sert à avoir un service public et de rencontrer
une puéricultrice, pouvoir bénéficier d'une visite
à domicile sans avoir à débourser d'argent.
Sur ce territoire où je travaille c'est vraiment une
excellente porte d'entrée parce qu'en plus on fait ça dans un
lieu qui est neutre, c'est-à-dire que c'est pas intrusif, on ne va pas
directement à la maison, on ne fait pas un premier lien par
téléphone où souvent les mamans nous disent non mais j'ai
la sage-femme qui vient c'est bon je n'ai pas besoin. Là, la plupart du
temps elles sont plutôt disponibles, en plus en ce moment, merci covid,
il y a peu de visites à part du papa, il y a peu de monde, les
sages-femmes ont beaucoup de travail et nous du coup on peut prendre le temps
de tirer la chaise cinq minutes de s'asseoir, d'échanger, et je trouve
que ça c'est très important d'avoir quelqu'un d'avenant qui vient
présenter la PMI et prendre des nouvelles du bébé. Parfois
quand j'entre dans une chambre je sens les parents un peu réfractaires
et quand je sors ils sont plutôt souriants, ils ont effacé un peu
l'image de on va placer les bébés et on est un service de cas
sociaux.
AR : Super.. bon je vous pose ma
dernière question. C'est juste pour finir, quel est votre parcours
professionnel ?
IPDE 3 : Alors, moi j'ai été
diplômée infirmière en 2007, j'ai travaillé à
l'hôpital, principalement chez les adultes, j'ai fait des urgences en
gros j'avais un 80% aux urgences neuro-vasculaire parce que j'étais
à temps plein de nuit ; j'ai fait ça pendant quatre ans. Ensuite
je suis partie travailler un an en Nouvelle-Calédonie dans un
hôpital local de brousse, en revenant j'ai fait une année de
libéral mais salariée par une mutuelle ; c'était la
mutualité française en fait qui avait des cabinets et du coup
c'était un vrai boulot de libéral sauf qu'au lieu de facturer
à mon nom je facturais au nom de la mutuelle et il me reversait en
salaire un certain pourcentage et pendant que j'étais là-bas j'ai
passé mon concours d'école de puéricultrice. Je suis
rentrée à l'école de puéricultrice en 2014, j'en
suis sortie diplômée et j'ai attaqué en PMI en mars
2015.
AR : D'accord très bien.
IPDE 3 : En fait je n'ai pas
d'expérience pédiatrique à l'hôpital, depuis que je
suis puéricultrice je n'ai fait que de la PMI.
AR : Super, c'est tout bon pour moi, merci
encore pour votre participation et si vous avez des éléments
à ajouter n'hésitez pas.
IPDE 3 : Eh bien non, juste bonne
continuation, bon courage à toi et n'hésites pas si tu as besoin
de quoi que ce soit tu me fais un petit mail.
Entretien D
AR : Si tu es prête on va commencer.
IPDE 4 : Oui vas-y quand tu veux.
XXI
AR : Alors, bonjour, moi c'est Ariane et je
suis étudiante puéricultrice à l'école du CHU de
Grenoble. On se rencontre aujourd'hui dans le cadre de mon projet professionnel
sur les ingestions accidentelles, mais aussi un peu sur les accidents
domestiques en général. C'est vraiment un échange qui va
me permettre d'étayer ma réflexion. C'est un entretien qui dure
environ quinze minutes, qui est anonyme mais enregistré. Merci d'avance
pour votre contribution et l'aide que vous m'apportez.
Donc la première question c'est : En tant que
puéricultrice de PMI, dans quelles situations êtes-vous
concernée par la prévention ?
IPDE 4 : Alors je pense qu'on est
concerné au niveau des suivis des enfants donc dès qu'on peut
faire des suivis à domicile, donc des visites à domicile sur des
suivis courants, sur les moments où on est en consultation aussi, c'est
vrai que c'est un âge ou on peut aussi aborder ça avec les parents
mais aussi avec les assistants familiaux et les assistants maternels, c'est
important au niveau de la sécurité donc on est obligé
d'aborder ça avec eux.
AR : Et sinon est-ce qu'il y a d'autres grands
thèmes que tu abordes régulièrement ?
IPDE 4 : Par rapport aux accidents
domestiques on va faire attention vraiment aux produits ménagers en
essayant du coup de sensibiliser les familles pour que ce soit hors de
portée, en faisant en sorte aussi qu'ils ne transvasent pas et ne
mettent pas dans des bouteilles, pour des enfants qui seraient plus grands par
exemple, des choses comme ça...
Après, on fait aussi attention à, même si
ce n'est pas forcément ton sujet, à tout ce qui est
sécurité de l'environnement, de l'aménagement : les
escaliers, les barrières, tous les coins où l'enfant pourrait
chuter, aussi le comportement que l'adulte pourrait avoir envers l'enfant donc
qui pourrait être insécure ou autre, comme le fait de toujours
avoir une main sur l'enfant : tous les parents ne sont pas toujours
opérationnels là-dessus, ils n'ont pas toujours la notion de
ça en fait donc ça fait aussi parti de la prévention qu'on
fait.
AR : D'accord super ! Ensuite, dans le cadre
de votre travail, pensez-vous être un soutien à la
parentalité ?
IPDE 4 : Moi je pense que oui, je pense que
c'est la base de notre métier, qu'on est là en accompagnement et
en soutien des parents. La plupart du temps ils leur manquent des clés
et nous on est là pour les accompagner et les soutenir à ce
niveau-là. C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses sur lesquelles on
peut jouer : dans le développement de l'enfant, qui va aider les parents
ça peut être sur plein de choses, sur le développement
psychomoteur, sur la diversification, même tous les conseils qu'ils
peuvent nous demander aussi. On a un accompagnement, je trouve, assez large des
familles, on est aussi là pour répondre à leurs demandes,
oui on va amener des choses mais on est aussi en priorité là pour
les accompagner selon leurs besoins.
AR : Oui c'est vrai, c'est très
important. Ensuite, d'après votre expérience, les accidents
domestiques du jeune enfant sont-ils un problème fréquent que
vous rencontrez ?
IPDE 4 : Alors moi personnellement de mon
côté je n'en ai pas eu couramment. Je pense qu'il peut il y en
avoir mais que l'on est pas forcément informé non plus, et
surtout on essaie de faire en sorte que cela n'arrive pas. On essaie de
prévenir bien pour faire en sorte que ça n'arrive pas mais moi de
mon côté je n'en ai pas eu personnellement.
Je pense que si on en est informé c'est vraiment par
l'hôpital en fait, par d'autres professionnels qui ont été
alertés.
AR : Oui finalement c'est plus sous forme de
signalement en fait... Sinon, dans le cadre des ingestions accidentelles
mettez-vous en place des actions de prévention ?
IPDE 4 : On peut en mettre en place, sinon ce
que je disais c'est de sécuriser les produits ménagers ça
peut être mettre un bloque-porte, mettre en hauteur ou dans un cellier
fermé à
XXII
clé. C'est expliquer aux parents aussi pourquoi, quel
est le risque c'est leur en parler, c'est leur donner des liens, qui appeler
quand ça arrive parce qu'on sait que même si on fait attention
ça peut arriver, autant chez les parents que chez les assistantes
maternelles. Le principe c'est que cela n'arrive pas donc on essaie de faire en
sorte, un maximum, que les produits soient sécurisés et
inaccessibles aux enfants.
AR : D'accord merci. La question suivante
c'est plus par rapport aux parents : pensez-vous que des parents
informés sont plus à même d'avoir des réactions
adaptées face aux ingestions accidentelles de leur enfant ?
IPDE 4 : Clairement oui, parce que quand on
prévient les parents sur comment agir c'est plus facile de
réagir. On sait que quand des personnes vivent des situations complexes
qui du coup peuvent entrainer des réactions d'urgence, en fait le corps
réagit différemment mais de manière inconsciente. Tu peux
très bien être tétanisé, avoir une sidération
ou très bien réagir parce qu'il y a une montée
d'adrénaline ; voilà il y a des réactions vraiment
différentes. Il y a des personnes qui en sont tout à fait
inconscientes et lorsqu'on les a prévenues en amont elles sont plus en
phase d'être en conscience avec ce qu'il se passe et du coup savoir
réagir. Comme les assistantes maternelles, on leur dit très bien,
elles ont toujours une feuille pour avoir les liens d'urgence et du coup c'est
plus facile de dire je vais vite appeler là ; quand on en a pas
parlé on ne sait pas ce qu'il faut faire.
AR : Oui c'est vrai... ensuite on revient un
peu sur les assistantes maternelles : les professionnels de la petite enfance
que vous rencontrez vous semblent-ils suffisamment formés aux gestes de
premiers secours ?
Je pose la question aussi par rapport aux EJE et auxiliaire de
puériculture mais visiblement vous n'intervenez pas trop en
crèche.
IPDE 4 : Non pas vraiment en crèche.
Mais pour moi je dirais oui parce que ce sont des professionnels de la petite
enfance et qui ont dans leur cursus une formation spécifique du PSC1
basé sur l'enfance donc elles sont censées avoir les
compétences requises en sachant qu'elles ne sont pas obligées de
le mettre à jour non plus. Après ça dépend, je
pense qu'elles ont les moyens mais qu'après c'est aussi du savoir
être et qu'elles ne sont pas toutes en capacité de
réagir.
AR : D'accord. Une autre question, c'est par
rapport à la PMI. D'après vous, la PMI est-elle connue du grand
public pour ses actions de prévention et de soutien ?
IPDE 4 : Je pense que l'on est pas encore
assez connue, alors là quand même je suis surprise parce que
là souvent j'appelle des jeunes mamans qui ont déjà
entendu parler de la PMI... Alors des fois c'est aussi grâce aux
sages-femmes de PMI, en amont, qui ont fait une première
présentation et qui ont fait un lien. Mais effectivement dans mon
contexte personnel je trouve que la PMI n'est pas encore assez connue ni assez
valorisée au niveau national.
AR : Oui et quand elle est connue il y a
toujours cette association avec l'aide sociale à l'enfance et le terme
de protection.
IPDE 4 : Oui quand c'est connu il y a aussi
cette notion un peu péjorative de c'est l'ASE, on va nous retirer les
enfants et moi dans mon métier, là où je suis actuellement
mes collègues m'ont dit tu verras les sages-femmes du secteur il y en a
certaines qui nous dévalorisent et qui disent de ne pas aller voir la
PMI parce qu'on allait leur retirer leur enfant. On est pas du tout
là-dedans ! C'est aussi dommage qu'il y ai des professionnels qui en
rajoutent et ne travaillent pas en collaboration.
AR : Oui c'est un vaste sujet, il y a encore
beaucoup d'évolutions à avoir je crois. Du coup, la
dernière question c'est : quel est votre parcours professionnel ?
XXIII
IPDE 4 : Mon parcours professionnel alors...
j'ai fait mon BAFA avant mon BAC, j'ai passé mon école
d'infirmière avec divers stages en pédiatrie,
pédopsychiatrie et PMI aussi parce que je savais que c'était mon
projet professionnel. Là j'ai travaillé en intérim pendant
mes deux mois parce que j'ai passé le concours de puéricultrice
et j'ai eu l'école. Donc diverses missions parce que l'intérim
ben voilà... donc médecine générale, soins de suite
et de réadaptation, de la maison d'accueil spécialisée
avec des polyhandicapés voilà des choses comme ça.
Après je suis allée à l'école de
puéricultrices, on a eu la crise sanitaire et du coup je suis
allée faire un mois en néonatologie pendant la crise sanitaire et
de nuit, voilà, après j'ai eu mon diplôme donc en 2020 et
je suis allée en PMI vu que c'était mon projet.
Voilà...
AR : Eh bien merci beaucoup c'était
intéressant.
IPDE 4 : Avec plaisir, si tu as besoin pour
quelque chose tu me dis. Je te souhaite bon courage pour ton mémoire,
surtout pour l'analyse ! [rires]
AR : [rires] Oh oui je vais en avoir besoin,
merci beaucoup ! Bonne fin de journée.
XXIV
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