INTRODUCTION
1. Présentation générale du
sujet
Le système des relations internationales -en fait il
serait plus juste de parler des relations interétatiques- remontent au
traité de Westphalie (1648). La création même de l'Etat
cherchait non seulement à organiser des unités administratives
intérieures, mais aussi -et peut-être surtout- à stabiliser
les rapports entre divers acteurs détenteurs d'un pouvoir sur un
territoire et une population donnés. Du coup le cadre international
reconnaissait les Etats en leur donnant des leviers nécessaires à
leurs transactions. Or, ces paramètres ne définissaient qu'un
type d'Etat, "Etat unitaire" ; ils ne pouvaient tenir compte d'un
nouveau type d'acteur, soit l'Etat fédéral qui ne devait voir le
jour plus d'un siècle plus tard. En effet, à l'époque, les
entités fédérées n'étaient pas reconnus par
ces traités ; et pour cause : il n'y a aucune fédération
en existence. La première fédération, les Etats-Unis, ne
verra le jour qu'un bon siècle plus tard.1
De plus, la politique étrangère est, en principe
réservée au gouvernement central. Néanmoins, des
collectivités fédérées de plus en plus nombreuses
disposent de réels pouvoirs en matière de politique
internationale : elles concluent des accords internationaux, elles
siègent au sein des organisations internationales, elles envoient leurs
propres représentants à l'étranger, elles nouent des liens
avec d'autres acteurs internationaux, supranationaux ou transnationaux. Elles
développent ainsi des modes inédits de diplomatie souvent
qualifiés de paradiplomatie. Par certaines de leurs activités,
toutefois, «elles ébranlent les colonnes du temple» car elles
obligent à reconsidérer les dogmes de la souveraineté que
les juristes ne manquent pas de privilégier même lorsqu'il s'agit
d'Etats à structure complexe.2
Les relations internationales, quant à elles, font
références à la notion de puissance et de
pouvoir.3 A cause du biais stato-centrique de la discipline, on
minimise souvent l'importance des entités sub-étatiques car,
elles n'ont pas encore réuni les qualités requises pour
être considérés comme des véritables acteurs
internationaux, ces entités sont méconnus par les droit
international mais le phénomène qu'elles
1 Bernard Fournier, Min Reuchamps(dir), Le
fédéralisme en Belgique et au Canada, comparaison
sociopolitique, Ed De Boeck université, 1ère
édition , 2009 , p 186-187.
2 Bernard Fournier, Min Reuchamps (dir), op
cit, p 173.
3 Paquin Stéphane, régionalisation et
fédéralisme, Bruxelles, Peterlang, 2004, P244.
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représentent est presque devenu banal ; la ville de San
Francisco sanctionne un pays qui ne respecte pas le droit de l'homme, le
gouvernement du Québec inaugure une saison culturelle à Paris,
les entités sub-étatiques flamande et wallonne forment la
délégation belge à l'Organisation Mondiale du
Commerce,...
De nos jours, l'Etat se trouve soumis à des pressions
à la fois centralisatrices, puisque devant parler d'"une seule voix
afin d'avoir une politique internationale cohérente", et
décentralisatrice puisque "la mondialisation pousse dans le sens
d'une extension quantitative et qualitative des rôles internes et
internationaux des acteurs sub-étatiques principalement par le
déploiement d'une paradiplomatie."
La paradiplomatie résulte, en effet, des
activités sub-étatiques (infra-étatique) sur la
scène internationale, avec d'autres acteurs nationaux, gouvernementaux
ou non. Ces activités touchent à des nombreux domaines, plus ou
moins sensibles au regard de la structure centrale, conduisant parfois à
une concurrence, parfois à une complémentarité des
connaissances dans certains domaines.
Pour autant, la paradiplomatie ne cherche pas à
attaquer de front la souveraineté dominante, mais elle s'affaire sans
cesse à assimiler des fragments d'une souveraineté qui ne lui
était pas impartie à la source.4 La paradiplomatie met
principalement l'accent sur les questions de low politics (qui
s'intéressent par définition à l'économie, au
commerce, au social, aux droits de la personne, à l'environnement, etc.)
et se désintéresse généralement des questions
de high politics (comme les questions de sécurité
militaire).
Toutefois, ce phénomène comporte un certain
nombre de risques pouvant engendrer désordre et conflits entre les
divers paliers de gouvernement. Le danger du phénomène
paradiplomatie, est que son développement peut créer certaines
tensions entre le gouvernement central qui cherche à conserver ses
prérogatives internationales en luttant énergiquement contre les
forces centrifuges ainsi que les mouvements nationalistes sub-étatiques
qui, de leur coté s'efforceraient d'édifier leur identité
comme acteur internationaux distincts, échappant en partie au
contrôle des Etats-territoriaux.
Le phénomène paradiplomatique sous toutes ses
formes, est important ; il est intensif, extensif et permanent. Les acteurs de
la paradiplomatie ont une bonne
4 Jean-François Payette, les relations internationales
du Québec et l'élaboration d'une paradiplomatie identitaire,
mémoire présenté comme exigence partielle de la
maîtrise en science politique à l'Université du
Québec à Montréal, mai 2006, P 23.
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marge d'autonomie, des nombreuses ressources, souvent plus que
la vaste majorité des Etats souverains et ils ont de plus en plus
d'influence sur la politique internationale.
Enfin, l'objectif des acteurs paradiplomatiques est
d'encourager la collaboration transnationale, parfois même avec des
acteurs qui cherchent également à s'émanciper de leur
cadre territorial national qui limite leurs ambitions internationales.
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