§3. Défi de la régionalisation en
République Démocratique du Congo
Eu égard, à ce qui précède, il
manque un aspect important pour arrimer le bouleversement de la
géopolitique interne aux bouleversements de la géopolitique
régionale et mondiale. Il en est du "basculement
géopolitique des provinces frontalières et la
problématique d'une diplomatie provinciale".
L'une des conséquences attendues de la
régionalisation en RDC est le "basculement
géopolitique des provinces
frontalières".60 En effet, bien que ce
phénomène ne soit pas nouveau, il risque d'être
porté au zénith soit, pour répondre au besoin ardent de
développement local et donc l'accès aux marchés
extérieurs, soit pour
désenclaver les provinces anciennes ou nouvelles en
quête d'opportunités pour rentabiliser la nouvelle dynamique
spéciale.
60 M Tshiyembe, op cit, p 191-192.
Le Katanga est la province la plus méridionale de la
République Démocratique du Congo, limitée par la Tanzanie
à l'Est, par la Zambie à l'Est et au Sud,
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Par basculement géopolitique des provinces
frontalières, il faut entendre l'optimisation de la dynamique spatiale
d'extraversion vers les Etats voisins, appréhendées comme portes
d'ouverture sur le monde. Ce basculement géopolitique concernera les
provinces telles que le Nord-Ubani, le Sud-Ubangi, et le
Bas-Uélé, tournées vers la Centrafrique, le
Haut-Uélé vers le Sud-Soudan, l'Ituri vers l'Ouganda, le
Nord-Kivu et le Sud-Kivu vers l'Ouganda le Rwanda et le Burundi, le Tanganyika
vers la Tanzanie, (port de Dar-es-Salam et de Mombasa), le Lualaba vers
l'Angola (port de Lobito), le Kasaï-Occidental vers l'Angola (port de
Luanda), le Kwando et le Kongo-central vers l'Angola, l'Equateur et le
Maïn-dombe vers la République du Congo (par le port de point
noire).
De ce jeu de bascule émerge une responsabilité
inattendue : la mise en pratique des principes de personnalité
juridique, de libre administration et d'autonomie de gestion, mettra nez
à nez, des nouvelles autorités provinciales et locales avec les
autorités des pays étrangers, qu'il s'agisse des questions de
maintien de l'ordre, de migration, de circulation, de travail transfrontalier
de petit commerce, de visa, etc.
A ce jour, pourtant, les autorités provinciales et
locales n'ont pas des compétences diplomatiques pour traiter directement
avec les autorités des pays étrangers. Une diplomatie provinciale
devra voir le jour ou à défaut, une délégation de
certaines compétences diplomatiques de l'Etat à la province, si
l'on souhaite responsabiliser et rendre efficace l'action des provinces et des
entités territoriales décentralisées.
Autrement dit, la recomposition géopolitique interne et
le réaménagement géopolitique régional, sous-entend
la politique transnationale de grandes infrastructures routières
ferroviaires, fluviales et aéroportuaires, donc l'enjeu est à la
fois mobilité et l'arrimage des territoires congolais à l'espace
monde.
Pour autant, les mêmes provinces frontalières
entretiennent les relations de coopération avec leurs homologues des
pays voisins à travers la signature des accords de jumelage ou de
coopération mixte, le cas du Katanga par exemple.
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