Section 2 : Un mot sur
les débuts de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
En nous appuyant sur les points de vue des
enquêtés et de nos propres lectures, nous relevons que les
débuts de l'art contemporain dans la région se situent dans une
période donnée avec un contexte et un espace précis. Il
faut préciser cependant que les avis divergent sur certains points
liés à ses débuts et à son émergence.
Néanmoins, un consensus se dessine sur la périodisation de l'art
contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi sur le
phénomène urbain de cet art.
Plusieurs enquêtés situent les débuts de
l'art contemporain dans les années 60-70, contrairement à la
définition chronologique qui le situe à partir de 1945.
« C'est vraiment les années 60, qui sont
vraiment eih... il faut creuser là où il y'a une certaine
généralisation mais, il apparait dans les politiques culturelles
en France pas dans les années 60 mais dans cette période des
années 70 très complexe avec Pompidou, avec Giscard
d'Estaing... ».
« Je dirais, des années 60-70 mais dans
les années 80, avec la politique Lang, les choses se sont
concrétisées on va dire, mises en oeuvre.... C'était
vraiment toutes ces années 80 qui ont vraiment été un
brassage de beaucoup de choses ».
Sur le contexte d'apparition de l'art contemporain, certains
enquêtés évoquent la naissance des structures
étatiques dans le domaine culturel. C'est ainsi que l'un d'eux
disait :
« Moi je suis une grande
bénéficiaire de cette politique-là, car c'est
l'époque où il ya énormément de lieux qui se sont
créés, où on a concrétisé certaines utopies
ou idéologies. Et moi j'en ai largement bénéficié,
car il ya eu de nombreux nouveaux postes. Donc c'est un contexte, je ne dirais
pas que c'est de la nouveauté artistique, pas plus qu'avant ou
après, mais c'est un contexte de nouveauté institutionnelle,
visibilité de l'art contemporain, voire début de la
spectacularisation de l'art contemporain, du devenir évènementiel
de l'art ».
D'autresenquêtés mettent l'accent sur les
initiatives privées comme la création de l'Espace Lyonnais d'Art
Contemporain (ELAC)
« Alors ça, ça remonte aux
années 70. On s'est dit qu'il n'y avait pas d'institutions pour l'art
contemporain, donc ça a commencé vraiment avec l'Espace Lyonnais
d'Art Contemporain (ELAC). C'est la première entité avec qui on a
pu commencer à travailler, donc avec Jean-Louis Maubant au
départ, quand il a commencé avec l'ELAC. Et puis on s'est battu
sur le terrain pour ça pendant des années pour que peu à
peu les (inaudibles) et tous les responsables locaux commencent à se
réveiller en se disant que le jour où il y aurait des
institutions vraiment installées, capables de traiter la question de
l'art, à ce moment-là on aurait sans doute des
galeries ».
Il faut rajouter aussi, dans ce contexte d'émergence de
l'art contemporain, l'implication deplusieurs personnes citées par les
enquêtés. C'est notamment Pradel, le maire de Lyon qui associe des
« artistes dans la construction de l'autoroute du centre-ville et qui
a bétonné Perrache » ; Thierry Raspail du
musée d'art contemporain de Lyon qui « a fait un boulot
formidable. Quand il est arrivé, il n'y avait rien. Ensuite, il a
monté une collection ex nihilo avec des pièces très
importantes. Il a eu l'intelligence d'acheter des pièces qui,à
l'époque étaient souvent délaissées qu'elles
étaient trop encombrantes » et tant d'autres personnages
cités.
Ce qui caractérise le début de l'art
contemporain dans la région, c'est aussi son urbanité. L'art
contemporain a été un phénomène urbain. Il
estapparudans les grandes villes comme Lyon, Grenoble et Saint-Etienne.
« Pour moi ça reste quelque chose de
très urbain, d'ailleurs le regard que posent les artistes est
majoritairement plus urbain qu'agricole, campagnard je ne sais pas...
(...) ».
Contrairement à notre idée de départ qui
consistait à attribuer son émergence dans la ville de Lyon, il
apparait clairement avec les enquêtés que l'art contemporain s'est
développé en dehors de Lyon.
« Oui Saint-Etienne, Grenoble, on constate plus
avec Saint-Etienne, oui... enfin en tout cas la ville de Grenoble elle a
été vraiment pionnière pour l'art contemporain avec le
musée de Grenoble. Je ne voudrais pas dire de bêtises mais je
crois que c'est l'un des premiers musées d'art contemporain en France,
il me semble. De toute façon la ville de Grenoble a été
pionnière de façon plus générale au niveau culturel
avec ..., c'est une des premières maisons de la culture avec celle du
Havre, dans les années 60. Donc oui Grenoble c'était vraiment une
ville pionnière ».
Il est important de rappeler que plusieurs aspects ont
concouru aux débuts de l'art contemporain et à son
émergence. Plusieurs enquêtés n'hésitent pas
à évoquer « le développement d'un marché
qui se différencie de l'art moderne, l'enseignement de cet art dans les
institutions qui vont s'emparer de cet intitulé qui n'est pas art
moderne mais art contemporain » et l'organisation des
évènements entre autres, la Biennale d'art contemporain de Lyon,
la Biennale du design de Saint-Etienne, les Echirolles près de Grenoble,
...
« Je pense qu'il y a eu des volontés
politiques à la fois nationales et territoriales, il y a eu de nouvelles
générations de conservateurs, de musées ou de centre l'art
etcetera. De toute façon les choses se font quand il y a eu l'afflux de
plusieurs choses comme ça. Ça fait émerger et c'est vrai
qu'en Rhône Alpes, c'était extrêmement important, d'abord le
FRAC, puis le musée d'art contemporain à Lyon et puis le
musée de Saint-Etienne etcetera ».
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