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Rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes.


par Salmane DIALLO
Université Jean Monnet de Saint-Etienne - Master 2 Recherche Formes et Outils de l’Enquête en Sciences Sociales 2019
  

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Section 2 : Un mot sur les débuts de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes

En nous appuyant sur les points de vue des enquêtés et de nos propres lectures, nous relevons que les débuts de l'art contemporain dans la région se situent dans une période donnée avec un contexte et un espace précis. Il faut préciser cependant que les avis divergent sur certains points liés à ses débuts et à son émergence. Néanmoins, un consensus se dessine sur la périodisation de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi sur le phénomène urbain de cet art.

Plusieurs enquêtés situent les débuts de l'art contemporain dans les années 60-70, contrairement à la définition chronologique qui le situe à partir de 1945.

« C'est vraiment les années 60, qui sont vraiment eih... il faut creuser là où il y'a une certaine généralisation mais, il apparait dans les politiques culturelles en France pas dans les années 60 mais dans cette période des années 70 très complexe avec Pompidou, avec Giscard d'Estaing... ».

« Je dirais, des années 60-70 mais dans les années 80, avec la politique Lang, les choses se sont concrétisées on va dire, mises en oeuvre.... C'était vraiment toutes ces années 80 qui ont vraiment été un brassage de beaucoup de choses ».

Sur le contexte d'apparition de l'art contemporain, certains enquêtés évoquent la naissance des structures étatiques dans le domaine culturel. C'est ainsi que l'un d'eux disait :

« Moi je suis une grande bénéficiaire de cette politique-là, car c'est l'époque où il ya énormément de lieux qui se sont créés, où on a concrétisé certaines utopies ou idéologies. Et moi j'en ai largement bénéficié, car il ya eu de nombreux nouveaux postes. Donc c'est un contexte, je ne dirais pas que c'est de la nouveauté artistique, pas plus qu'avant ou après, mais c'est un contexte de nouveauté institutionnelle, visibilité de l'art contemporain, voire début de la spectacularisation de l'art contemporain, du devenir évènementiel de l'art ».

D'autresenquêtés mettent l'accent sur les initiatives privées comme la création de l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC)

« Alors ça, ça remonte aux années 70. On s'est dit qu'il n'y avait pas d'institutions pour l'art contemporain, donc ça a commencé vraiment avec l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain (ELAC). C'est la première entité avec qui on a pu commencer à travailler, donc avec Jean-Louis Maubant au départ, quand il a commencé avec l'ELAC. Et puis on s'est battu sur le terrain pour ça pendant des années pour que peu à peu les (inaudibles) et tous les responsables locaux commencent à se réveiller en se disant que le jour où il y aurait des institutions vraiment installées, capables de traiter la question de l'art, à ce moment-là on aurait sans doute des galeries ».

Il faut rajouter aussi, dans ce contexte d'émergence de l'art contemporain, l'implication deplusieurs personnes citées par les enquêtés. C'est notamment Pradel, le maire de Lyon qui associe des « artistes dans la construction de l'autoroute du centre-ville et qui a bétonné Perrache » ; Thierry Raspail du musée d'art contemporain de Lyon qui « a fait un boulot formidable. Quand il est arrivé, il n'y avait rien. Ensuite, il a monté une collection ex nihilo avec des pièces très importantes. Il a eu l'intelligence d'acheter des pièces qui,à l'époque étaient souvent délaissées qu'elles étaient trop encombrantes » et tant d'autres personnages cités.

Ce qui caractérise le début de l'art contemporain dans la région, c'est aussi son urbanité. L'art contemporain a été un phénomène urbain. Il estapparudans les grandes villes comme Lyon, Grenoble et Saint-Etienne.

« Pour moi ça reste quelque chose de très urbain, d'ailleurs le regard que posent les artistes est majoritairement plus urbain qu'agricole, campagnard je ne sais pas... (...) ».

Contrairement à notre idée de départ qui consistait à attribuer son émergence dans la ville de Lyon, il apparait clairement avec les enquêtés que l'art contemporain s'est développé en dehors de Lyon.

« Oui Saint-Etienne, Grenoble, on constate plus avec Saint-Etienne, oui... enfin en tout cas la ville de Grenoble elle a été vraiment pionnière pour l'art contemporain avec le musée de Grenoble. Je ne voudrais pas dire de bêtises mais je crois que c'est l'un des premiers musées d'art contemporain en France, il me semble. De toute façon la ville de Grenoble a été pionnière de façon plus générale au niveau culturel avec ..., c'est une des premières maisons de la culture avec celle du Havre, dans les années 60. Donc oui Grenoble c'était vraiment une ville pionnière ».

Il est important de rappeler que plusieurs aspects ont concouru aux débuts de l'art contemporain et à son émergence. Plusieurs enquêtés n'hésitent pas à évoquer « le développement d'un marché qui se différencie de l'art moderne, l'enseignement de cet art dans les institutions qui vont s'emparer de cet intitulé qui n'est pas art moderne mais art contemporain » et l'organisation des évènements entre autres, la Biennale d'art contemporain de Lyon, la Biennale du design de Saint-Etienne, les Echirolles près de Grenoble, ...

« Je pense qu'il y a eu des volontés politiques à la fois nationales et territoriales, il y a eu de nouvelles générations de conservateurs, de musées ou de centre l'art etcetera. De toute façon les choses se font quand il y a eu l'afflux de plusieurs choses comme ça. Ça fait émerger et c'est vrai qu'en Rhône Alpes, c'était extrêmement important, d'abord le FRAC, puis le musée d'art contemporain à Lyon et puis le musée de Saint-Etienne etcetera ».

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon