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Enjeux de transition du tourisme aérien.


par Mélanie FAYARD
Institut Urbanisme et Géographie Alpine Grenoble - Master Tourisme Innovation Transition 2019
  

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Introduction

Le travail suivant est consacré aux enjeux de transition du tourisme aérien. Deux domaines, deux activités humaines qui auraient pu ne jamais se mêler et qui, une fois combinées ont redessiné les contours sociaux et économiques de nombreux pays.

Le tourisme est un phénomène social assez récent à l'échelle de l'histoire. C'est en effet au 18ème siècle que l'aristocratie britannique lance la mode du « grand tour » qui veut envoyer la jeunesse (principalement masculine) en quête d'expérience et de connaissance du monde dans un objectif de pure oisiveté. L'objectif est à cette époque, de se démarquer de la bourgeoisie qui travaille, en consacrant son temps à des activités qui n'ont pas de rentabilité économique. Cette jeunesse dorée d'alors, parcours ainsi l'Europe. C'est de cette manière que vont émerger les premières « stations touristiques » dans les lieux fréquentés par ces voyageurs puisque les itinéraires sont bien souvent similaires. Les Alpes sont ainsi un lieu très visité. Autour de ces voyageurs d'un nouveau genre, vont se déployer progressivement les activités servant à leur accueil c'est-à-dire les hébergements, les restaurants, les transports etc ... Cette pratique reste toutefois tout à fait confidentielle puisque réservée à l'élite et pas forcément prisée du reste de la population. A cette époque « voyager » n'est pas forcément un but comme ce peut être le cas aujourd'hui. Le tourisme est ainsi inventé par ses pratiquants.

Deux siècles plus tard, le tourisme a radicalement changé de visage, il est devenu une industrie. Les distances parcourues par les voyageurs pour leurs vacances ont littéralement explosé et on revendique le droit aux vacances pour tous.

Si l'on veut parler à présent du tourisme aérien, il est dès les années 1920 une véritable révolution. En effet, l'avion redessine la carte du monde. Des territoires jusqu'alors lointains et exotiques deviennent accessibles en quelques heures. Une réelle fascination pour le voyage en avion nait alors, ce qui explique son succès grandissant années après années. Et l'on sait bien également, que voler a toujours été le rêve de l'homme, du mythe d'Icare aux machines de Léonard de Vinci, c'est au sein du 20ème siècle que le ciel va enfin être conquit. Et quelle conquête ! En 2017 on dénombre 36,8 millions de vols dans l'année. Ce sont ainsi de nombreux territoires et pays qui sont bouleversés par le tourisme qui devient massif. On pense à la Thaïlande, à Bali, aux Baléares ... ces endroits où les conséquences sociales et environnementales du tourisme de masse sont majeures. L'avion est donc l'étendard d'une certaine forme de tourisme, ou au moins en phase de le devenir.

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Dans un contexte mondial de prise de conscience de l'urgence climatique, notamment des jeunes générations on dénonce de toutes parts les aberrations environnementales. Le trafic aérien fait partie des pratiques les plus polluantes. En effet, il connait une croissance exponentielle depuis les années 60 et il est responsable de diverses pollutions comme l'émission de gaz carbonique, d'oxydes d'azote, de monoxyde de carbone ou encore de particules fines. Au-delà de la production de gaz à effet de serre, le transport aérien a d'autres conséquences comme la pollution sonore ou les aménagements terrestres importants.

Longtemps associé aux paysages de rêves, à l'exotisme et aux vacances de manière générale l'avion est l'élément indispensable d'un beau voyage (voir DU voyage). Et pourtant, face aux enjeux climatiques cette pratique semble être remise en question. On voit émerger, notamment en Suède des mouvements qui veulent dire non à l'avion. Nommé « Flygskam » littéralement honte de voler ces mouvements semblent s'amplifier. La presse est en plein boom sur ce sujet et cette tendance se diffuse en France également. Quelques compagnies aériennes font faillite, le trafic aérien semble ralentir en Suède. Serions-nous à l'aube d'un changement de comportement, comment le tourisme aérien peut-il aborder la transition écologique ?

Lorsqu'on regarde la presse, les témoignages sont nombreux et le phénomène semble s'intensifier. Parti de Suède, pays qui a introduit il y a un an une taxe sur le trafic aérien, l'idée de ne plus prendre l'avion par conscience écologique se heurte vite à la réalité : pour des voyages intra-européens, voyager en train est plus long mais surtout plus cher que l'avion.

Face à ce constat, les opérateurs touristiques ont certainement du souci à se faire puisqu'ils vivent du voyage en avion. Comment peuvent-ils aborder ce virage ? De nombreuses questions sont à poser afin de comprendre comment un opérateur touristique peut se saisir de cette mouvance ? Comment même, dans un esprit d'innovation peut-il imaginer l'accompagner ? En effet, pour le moment certains Tour Operator comme Allibert trekking compensent les émissions carbones des clients, mais comment fonctionnent exactement ces compensations ? Elles ne semblent pas faire l'unanimité.

En s'appuyant sur une étude de cas au sein de l'entreprise Allibert trekking, je souhaite comprendre comment peut être abordée cette transition. Cette étude de cas devra permettre de saisir quelles sont aujourd'hui les alternatives à l'avion, comment elles sont organisées et rendues accessibles aux clients.

La question du voyage en avion est au coeur de l'actualité. Depuis le début de cette étude en avril 2019 le nombre d'articles de presse, d'émissions de radio ou de reportages sur le sujet a littéralement explosé. Au-delà d'un simple moyen de transport l'avion semble se positionner en symbole d'un

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modèle qui pour certains conduit le monde vers l'effondrement. Réimaginer le temps des vacances, questionner son lieu et sa durée, reviendrait à questionner profondément notre rapport au temps « vacant » et par conséquent aussi notre rapport au temps qui n'est pas vacant, à savoir celui du travail.

Ce mémoire est organisé en trois grandes parties :

· Une première de contextualisation afin de cerner les enjeux du tourisme aérien, qu'ils soient symboliques, économiques ou sociaux. Cette première partie s'appuie surtout sur des données chiffrées, des études scientifiques et des articles parus dans des revues spécialisées.

· La seconde partie est une analyse d'un corpus d'articles de presse sur le sujet, qui n'est pas exhaustif étant donné la masse considérable d'articles parus ces derniers mois. En termes de méthodologie, j'ai lu une grande quantité d'articles pour ne garder que les plus intéressants. Je les ai ensuite regroupés par thématiques afin de les analyser. La plupart de ces articles ont été consultés en ligne, sur les sites des médias en question. L'ensemble des sources se trouvent en fin de mémoire, en bibliographie et webographie.

· Enfin la dernière partie est consacrée à l'étude de cas de l'agence Allibert Trekking dans laquelle j'ai effectué mon stage.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery