Introduction
Le travail suivant est consacré aux enjeux de
transition du tourisme aérien. Deux domaines, deux
activités humaines qui auraient pu ne jamais se mêler et qui, une
fois combinées ont redessiné les contours sociaux et
économiques de nombreux pays.
Le tourisme est un phénomène
social assez récent à l'échelle de l'histoire. C'est en
effet au 18ème siècle que l'aristocratie britannique
lance la mode du « grand tour » qui veut envoyer la jeunesse
(principalement masculine) en quête d'expérience et de
connaissance du monde dans un objectif de pure oisiveté. L'objectif est
à cette époque, de se démarquer de la bourgeoisie qui
travaille, en consacrant son temps à des activités qui n'ont pas
de rentabilité économique. Cette jeunesse dorée d'alors,
parcours ainsi l'Europe. C'est de cette manière que vont émerger
les premières « stations touristiques » dans les lieux
fréquentés par ces voyageurs puisque les itinéraires sont
bien souvent similaires. Les Alpes sont ainsi un lieu très
visité. Autour de ces voyageurs d'un nouveau genre, vont se
déployer progressivement les activités servant à leur
accueil c'est-à-dire les hébergements, les restaurants, les
transports etc ... Cette pratique reste toutefois tout à fait
confidentielle puisque réservée à l'élite et pas
forcément prisée du reste de la population. A cette époque
« voyager » n'est pas forcément un but comme ce peut
être le cas aujourd'hui. Le tourisme est ainsi inventé par ses
pratiquants.
Deux siècles plus tard, le tourisme a radicalement
changé de visage, il est devenu une industrie. Les distances parcourues
par les voyageurs pour leurs vacances ont littéralement explosé
et on revendique le droit aux vacances pour tous.
Si l'on veut parler à présent du
tourisme aérien, il est dès les années
1920 une véritable révolution. En effet, l'avion redessine la
carte du monde. Des territoires jusqu'alors lointains et exotiques deviennent
accessibles en quelques heures. Une réelle fascination pour le voyage en
avion nait alors, ce qui explique son succès grandissant années
après années. Et l'on sait bien également, que voler a
toujours été le rêve de l'homme, du mythe d'Icare aux
machines de Léonard de Vinci, c'est au sein du 20ème
siècle que le ciel va enfin être conquit. Et
quelle conquête ! En 2017 on dénombre 36,8 millions de vols dans
l'année. Ce sont ainsi de nombreux territoires et pays qui sont
bouleversés par le tourisme qui devient massif. On
pense à la Thaïlande, à Bali, aux Baléares ... ces
endroits où les conséquences sociales et environnementales du
tourisme de masse sont majeures. L'avion est donc l'étendard d'une
certaine forme de tourisme, ou au moins en phase de le devenir.
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Dans un contexte mondial de prise de conscience de l'urgence
climatique, notamment des jeunes générations on dénonce de
toutes parts les aberrations environnementales. Le trafic aérien
fait partie des pratiques les plus polluantes. En effet, il connait
une croissance exponentielle depuis les années 60 et il est responsable
de diverses pollutions comme l'émission de gaz carbonique, d'oxydes
d'azote, de monoxyde de carbone ou encore de particules fines. Au-delà
de la production de gaz à effet de serre, le transport aérien a
d'autres conséquences comme la pollution sonore ou les
aménagements terrestres importants.
Longtemps associé aux paysages de rêves, à
l'exotisme et aux vacances de manière générale l'avion est
l'élément indispensable d'un beau voyage (voir DU voyage). Et
pourtant, face aux enjeux climatiques cette pratique semble être remise
en question. On voit émerger, notamment en Suède des mouvements
qui veulent dire non à l'avion. Nommé «
Flygskam » littéralement honte de voler ces mouvements semblent
s'amplifier. La presse est en plein boom sur ce sujet et cette tendance se
diffuse en France également. Quelques compagnies aériennes font
faillite, le trafic aérien semble ralentir en Suède. Serions-nous
à l'aube d'un changement de comportement, comment le tourisme
aérien peut-il aborder la transition écologique ?
Lorsqu'on regarde la presse, les témoignages sont
nombreux et le phénomène semble s'intensifier. Parti de
Suède, pays qui a introduit il y a un an une taxe sur le trafic
aérien, l'idée de ne plus prendre l'avion par conscience
écologique se heurte vite à la réalité : pour des
voyages intra-européens, voyager en train est plus long mais surtout
plus cher que l'avion.
Face à ce constat, les opérateurs
touristiques ont certainement du souci à se faire puisqu'ils
vivent du voyage en avion. Comment peuvent-ils aborder ce virage ? De
nombreuses questions sont à poser afin de comprendre comment un
opérateur touristique peut se saisir de cette mouvance ? Comment
même, dans un esprit d'innovation peut-il imaginer l'accompagner ? En
effet, pour le moment certains Tour Operator comme Allibert trekking compensent
les émissions carbones des clients, mais comment fonctionnent exactement
ces compensations ? Elles ne semblent pas faire l'unanimité.
En s'appuyant sur une étude de cas au sein de
l'entreprise Allibert trekking, je souhaite comprendre comment peut être
abordée cette transition. Cette étude de cas
devra permettre de saisir quelles sont aujourd'hui les alternatives à
l'avion, comment elles sont organisées et rendues accessibles aux
clients.
La question du voyage en avion est au coeur de
l'actualité. Depuis le début de cette étude en avril 2019
le nombre d'articles de presse, d'émissions de radio ou de reportages
sur le sujet a littéralement explosé. Au-delà d'un simple
moyen de transport l'avion semble se positionner en symbole d'un
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modèle qui pour certains conduit le monde vers
l'effondrement. Réimaginer le temps des vacances, questionner son lieu
et sa durée, reviendrait à questionner profondément notre
rapport au temps « vacant » et par conséquent aussi notre
rapport au temps qui n'est pas vacant, à savoir celui du travail.
Ce mémoire est organisé en trois grandes parties
:
· Une première de contextualisation afin de
cerner les enjeux du tourisme aérien, qu'ils soient symboliques,
économiques ou sociaux. Cette première partie s'appuie surtout
sur des données chiffrées, des études scientifiques et des
articles parus dans des revues spécialisées.
· La seconde partie est une analyse d'un corpus
d'articles de presse sur le sujet, qui n'est pas exhaustif étant
donné la masse considérable d'articles parus ces derniers mois.
En termes de méthodologie, j'ai lu une grande quantité d'articles
pour ne garder que les plus intéressants. Je les ai ensuite
regroupés par thématiques afin de les analyser. La plupart de ces
articles ont été consultés en ligne, sur les sites des
médias en question. L'ensemble des sources se trouvent en fin de
mémoire, en bibliographie et webographie.
· Enfin la dernière partie est consacrée
à l'étude de cas de l'agence Allibert Trekking dans laquelle j'ai
effectué mon stage.
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