2.2. Analyse quantitative
Dans le cadre de cette recherche, nous avons succinctement
utilisé les techniques suivantes : recherche documentaire, observation,
questionnaire et entretiens.
Au niveau de la recherche documentaire, les informations
recueillies sur internet manquaient de précision quant à la
spécificité foncière de Sinfra, pour les unes et
inadaptées au contexte socio-foncier actuel ivoirien, pour les autres.
C'est donc pour
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contourner cette insuffisance et simultanément pour
réduire les risques de biais de leurs travaux que certainsont
opté pour l'entretien sémi-directif des groupes ciblés
(Dossou, 2006) et d'autres, pour des entretiens structurés et
sémi-structurés corrélés aux discussions et
commentaires des acteurs concernés (Dicko, 2006).
Toutefois, même si la recherche documentaire dans le
cadre de notre étude, a présenté peu d'écrits
spécifiques aux conflits fonciers dans le département de Sinfra,
elle a néanmoins permis d'asseoir la conceptualisation des termes
explicites et implicites, la revue de littérature, le cadre de
référence théorique et la bibliographie contrairement
à Rokotovao (2011) qui a exclusivement mis l'emphase sur les
différents interviews.
Concernant notre observation de terrain qui s'est voulue
à la fois passive et participante, nous nous sommes heurtés
à des modifications comportementales des enquêtés du fait
de notre présence. Outre ce fait, notre subjectivité
(appartenance ethnique, tribale et religieuse) a quelque peu déteint sur
la présentation des faits (les investigations) et leur
interprétation. De plus, vu que la perception humaine reste
limitée, nous nous sommes fiés à ce que nous avons vu sur
le terrain sans nous préoccuper de voir le degré d'influence de
notre présence sur le mode d'agissement des acteurs. Cependant, bien que
notre présence et notre subjectivité semblent avoir
influencé d'une part, les agissements des ruraux et d'autre part
l'interprétation des résultats, l'observation sur le terrain a
tout de même permis de capter, suivre, comprendrede visu in
situ, les actions des acteurs ruraux au moment où ils agissaient.
Elle a aussi permis de comprendre la distance entre les actes posés par
les acteurs ruraux et les explications qu'ils en donnent plus tard,
contrairement à d'autres auteurs qui se sont exclusivement
penchés sur la documentation, l'enquête-interrogation et
l'interview (Tapé, 2000) et sur la recherche documentaire et la
participation aux festivités de réjouissance à Divo
(Bazaré, 2014).
Au niveau du questionnaire, il comporte quelques
inconvénients portant sur la difficulté d'identifier
l'enquêté qui répond aux questions, le caractère
superficiel des réponses (les enquêtés ont tendance
à donner la première réponse qui leur vient à
l'esprit, sans profondément réfléchir)et
l'impossibilité de compléter ou d'approfondir certaines
questions. Toutefois, malgré ces failles, nous avons opté pour
cette technique puisqu'elle nous a permis de travailler avec un grand
échantillon (600 personnes), d'éviter les coûts
(déplacements, appels téléphoniques) et de limiter les
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effets liés à la personnalité des
interviewers. Une technique qui, relativement à ses désavantages,
s'est vu rejetée par certains auteurs (Ibo, 2011) au profit de
l'observation directe et des entretiens (individuels et focus group) et par
d'autres (Oumarou, 2008) qui ont opté pour la pré-enquête
et l'observation participante.
En ce qui concerne l'entretien, nous nous sommes
focalisés sur l'entretien individuel et les groupes focaux. Lesquels ont
mis les enquêtés dans un état de défense face
à des questions jugées sensibleset a nécessité des
moyens coûteux (déplacement, recherche du nécessaire pour
libations et rituels villageois, évitements de questions et ajournement
de rendez-vous). Toutefois, en dépit de ces failles, cette technique
nous a permis de recueillir les informations directement auprès des
enquêtés (connaissances, opinions, réactions), de tester
les hypothèses (de l'étude) à l'épreuve des faits,
de connaître la valeur symbolique de la terre chez les «
kwênins » et les allochtones en vue de comprendre leurs
comportements actuels sur le foncier. Cette technique a été
écartée de la démarche méthodologique de certains
(Kodjo, 2013) qui ont préféré la recherche documentaire,
l'observation et l'enquête-interrogation et par d'autres (Gnabéli,
2008) dont les travaux se sont exclusivement fondés sur trois
enquêtes préalablement effectuées (2004-2007), (2005-2007)
et (2007-2008).
Dès lors, ce présent travail portant sur la
gestion des conflits fonciers entre autochtones et allochtones dans le
département de Sinfra, mérite certainement une
crédibilité en ce sens qu'il s'est appuyé sur des
techniques hétéroclites dont les unes ont pu combler les failles
des autres à l'effet de rendre compte des réalités
conflictuelles autour du foncier à Sinfra.
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