4.2. Milieu rural
Les différents villages du département de Sinfra
apparaissent depuis quelques temps comme étant le théâtre
d'affrontements fonciers violents et protéiformes. En effet, les
contradictions foncières qui, pourtant débutent dans les
plantations,
semblent se métamorphiser progressivement par un
processus complexe d'interventions suspectes, corrélé par des
soutiens familiaux et extrafamiliaux pour générer des conflits
violents entre acteurs ruraux dans l'arène rurale de Sinfra.
Ce culbutage des relations inter-ruralesa été
sans ambages mentionné par D. (40 ans, planteur, entretiens
effectués en Juin, 2016), un enquêté de Bérita en
ces termes « chez nous ici, de nombreux problèmes de terre se
règlent par des bagarres au sein du village. Ces bagarres se font
souvent entre cultivateurs eux-mêmes, entre familles, entre
lignées et quelques fois entre communautés car chacun appelle
ceux qu'il peut appeler pour le soutenir. L'année passée,
Bouèzan et un baoulé se sont disputés une portion de terre
au champ, puis sont venus de façon dispersée du champ. La dispute
s'est échauffée au village à cause du nombre
considérable d'autochtones et d'allochtones qui intervenaient beaucoup ;
ce qui a provoqué une bagarre de deux groupes de personnes.D'un
côté, les autochtones et d'un autre, les allochtones qui sont
arrivés en masse, soutenir leurs frères. De nombreuses personnes
ont été blessées dans cette bagarre et il était
difficile de savoir, qui sont ceux qui ont vraiment blessé ? La
chefferie du village a réglé le problème en demandant au
chef de terre, de déterminer le propriétaire de la portion avant
d'entamer des négociations pour calmer les coeurs ».
De ces propos, il ressort que le milieu rural à Sinfra
est le théâtre où se manifestent âprement les
revendications foncières entre acteurs ruraux.
4.3. Milieu urbain
Pour K. (22 ans, entretien de Septembre, 2015), un
enquêté de Bazré «on voit beaucoup des paysans se
battre en ville ; les paysans vivant du côté de la ville se font
agresser dans la rue et dans leurs maisons ; les administrateurs voulant
intervenir sont aussi pris souvent dans le coup de la violenceet les locaux des
services administratifs n'échappent pas à des envahissements
momentanés ». Autrement, le
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milieu urbain de Sinfra est un lieu de prédilection de
ces litiges fonciers où des ruraux y vivants font souvent l'objet
d'attaques sectorielles dans les rues ou dans leurs habitations. Ce qui
provoque une psychose générale et entraine souvent un
ralentissement des activités administratives locales.
A cela, s'ajoutent les envahissements fréquents de
locaux des services administratifs pour cause de partialité de certains
administrateurs locaux. Relativement ceux-ci, pris dans l'embûche,
semblent ne pas échapper à des cas de lynchage qui sont dans la
plupart du temps, l'oeuvre non collégialement
préméditée, mais l'action de personnes isolées. Le
théâtre urbain apparait comme le lieu où les violences
foncières sont multiples, fréquentes et variées comme le
témoignent les propos de S.de Blontifla (43 ans, Novembre,
2016)« En 2005, le conflit qui a opposé les gouro au nordistes
de la localité, a été très dramatique. Les gens se
sont affrontés en plein centre-ville et les autorités ont aussi
été lynchées car certains n'ont pas eu le temps de fuir
leurs bureaux. Le préfet d'alors a instruit les forces de l'ordre de
Sinfra qui se sont vus aussitôt débordées par la foule et
l'escalade de la violence. Ceux-ci ont demandé un appui des forces de
l'ordre de Gagnoa et Yamoussoukro avant que les hostilités ne cessent
».
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