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Le déclassement professionnel. Insertion des jeunes diplômés au Cameroun.


par Louise Nina Belinga Nyangono
Université de Dschang Cameroun  - Master 2 2019
  

Disponible en mode multipage

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Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page i

Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

SOMMAIRE

DEDICACE ii

REMERCIEMENTS iii

RESUME iv

ABSTRACT v

LISTE DES ABREVIATIONS vi

LISTES DES TABLEAUX vii

INTRODUCTION GENERALE 1

PARTIE I : EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES CAMEROUNAIS .. 14

CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET

L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES 16

SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS-CLES 16

SECTION II : CADRE THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET L'INSERTION

PROFESSIONNELLE 22

CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE SUR LA RELATION EDUCATION ET INSERTION

PROFESSIONNELLE DES JEUNES 29

SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ANALYSE 29

SECTION II : ESTIMATION ET RESULTATS ECONOMETRIQUES 38

PARTIE II : INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE DU DECLASSEMENT DES

JEUNES 42

CHAP 3 : INSERTION PROFESSIONNELLE ET DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE :

UNE APPROCHE THEORIQUE 44

SECTION 1 : APPROCHE THEORIQUE DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE 44

SECTION 2 : APPROCHE THEORIQUE DU DECLASSEMENT 46

CHAP 4 : DETERMINANTS DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE DU

DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE DES JEUNES 56

SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE 56

SECTION II : RESULTATS ET DISCUSSIONS 61

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 63

REFERENCES 65

ANNEXES 68

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

DEDICACE

Ce travail est dédié à ma grand-mère WEYENO JUSTINE de regretté mémoire. Elle a toujours été celle-là qui m'a le plus encouragé mais est parti bien avant que le travail ne s'achève. Ceci est pour elle

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REMERCIEMENTS

Certes que ce travail a été assez long et difficile, mais grâce aux encouragements et soutien de beaucoup de personnes, j'ai pu arriver jusqu'au bout. Le moment est donc venu de les remercier de leur soutien.

- Tout d'abord je rends gloire au Dieu tout puissant pour les grâces et la force dont il m'a chargé tout au long de cette période ; il est la source de toute sagesse et intelligence.

- Ma reconnaissance et ma grande gratitude vont particulièrement à l'endroit du Pr MIAMO Clovis qui, animé de bonne volonté a bien voulu diriger le présent travail ; malgré ses multiples occupations, il répondait toujours présent pour nous autres étudiants sous son encadrement. Ses précieux conseils et critiques ont considérablement permis de réaliser ce travail. Je le remercie infiniment pour sa patience et son soutien régulier.

- Mes remerciements vont aussi à l'endroit du Dr KAFFO Faustin pour sa disponibilité et ses précieux conseils.

- Un grand merci au doyen de la faculté des sciences économiques et de gestion Pr AVOM Désiré et tout son staff pour avoir mis à notre disposition tous les moyens nécessaire à la bonne réalisation de nos travaux.

- Merci à ma maman BOMNDA Martine pour ses encouragements incessants, et sa grande tolérance pendant cette période. Merci à celui-là qui pour moi est un père le Dr TCHOUALAG Laurent pour ses encouragements et son soutien financier. Merci à la grande famille YANGA, à Mme PEZZANA Marie épse NNOUMA, la famille FOUMANE, à Mme EKOUDI pour leur présence et leur mobilisation à mes côtés pendant ces moments.

- Un merci particulier à ces amis-là qui n'ont cessé de m'encourager chaque jour et qui étaient là pour m'aider : NESSA HAMIDOU, KENGNI Barthele, SEUMO Finesse, AQUILA Nji, MASODA Julien, TCHINO Daniel. Merci très particulièrement au Phd candidate DJEKONBE Djimoudjiel pour sa disponibilité et sa précieuse aide.

- Je ne saurais terminer ces propos sans remercier ma grande famille YMCA de Dschang-ville pour leurs encouragements et leurs prières en mon égard.

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

RESUME

La présente étude vise à vérifier si l'éducation est un catalyseur d'accès au marché de l'emploi pour les jeunes camerounais en examinant l'impact des diverses dimensions de l'éducation sur l'insertion professionnelle des jeunes camerounais. Le déclassement ou suréducation est actuellement un problème majeur de société dans les pays en développement. Il constitue une autre forme de sous-utilisation des compétences humaines. Son analyse est d'un enjeu important pour une économie comme celle du Cameroun. Du point de vue de l'évaluation, l'identification de la suréducation à la lumière de nombreux travaux effectués dans ce domaine repose sur des mesures distinctes qui ne donnent pas l'espoir de disposer d'une mesure simple, précise et complète. Dans les approches traditionnelles dites normative, statistique et subjective, la mesure de la suréducation est rendue possible par la définition d'une norme d'éducation requise. Pourtant, le choix de cette norme est discutable du fait de sa double perception à la fois objective et subjective. Dans la présente étude nous utiliserons un modèle logit multinomial pour montrer comment es ce que l'éducation influence l'insertion des jeunes et comment on peut partir des déterminants de l'insertion pour expliquer le déclassement.

Mots clés : éducation, insertion professionnelle, suréducation,

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

ABSTRACT

The aim of this study is to test whether education is a catalyst for access to the labour market for young Cameroonians by examining the impact of the various dimensions of education on the professional integration of young Cameroonians. Decommissioning or over-education is currently a major societal problem in developing countries. It is another form of underutilization of human skills. Its analysis is an important issue for an economy like Cameroon's. From an evaluation perspective, the identification of over-education in the light of much work in this area is based on separate measures that do not give hope of a simple, accurate and comprehensive measure. In traditional normative, statistical and subjective approaches, the measurement of over-education is made possible by the definition of a required standard of education. However, the choice of this standard is questionable because of its dual perception, both objective and subjective. In this study we will use a multinomial logit model to show how education influences the integration of young people and how we can start from the determinants of insertion to explain decommissioning.

Keywords: education, job integration, over-education

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LISTE DES ABREVIATIONS

ASS : Afrique subsaharienne

BIT : bureau international du travail

CEMAC : Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale

DSCE : Document de stratégie de croissance économique

ECAM3 : troisième enquête camerounais auprès des ménages

EESI 2 : deuxième enquête sur l'emploi et le secteur informel

FMI : fond monétaire international

FNE : fond national de l'emploi

IIDRIS : indexe international et dictionnaire de la réadaptation et l'intégration sociale

INS : institut national de la statistique

OCDE : organisation de coopération et de développement économique

OIT : organisation internationale du travail

ONU : Organisation des nations unies

PIB : produit intérieur brut

RGPH : recensement général de la population et de l'habitat

UNESCO : organisation des nations unies pour l'éducation la science et la culture

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

LISTES DES TABLEAUX

Tableau 2.1 : Proportion (%) des jeunes dans la population selon le sexe, par région d'enquête et milieu de résidence ; répartition (%) des jeunes par région d'enquête et milieu de

résidence 32

Tableau 2.2 : Répartition (%) des jeunes par niveau d'instruction, taux d'alphabétisation et

durée moyenne des études, selon le milieu de résidence et le sexe .33

Tableau 2.3 : Taux d'activité au sens du BIT pour les personnes de 10 ans ou plus par région

d'enquête, groupe d'âges selon le milieu de résidence et le sexe (%) 34

Tableau 2.4 : Répartition (%) des jeunes en situation d'inactivité par raison d'inactivité selon

le sexe .35

Tableau 2.5 : Taux de chômage en milieu urbain par cycle d'études et selon le sexe 36

Tableau 4.1: Répartition (%) des emplois occupés par les jeunes par secteur d'activité,

secteur institutionnel, catégorie socioprofessionnelle en fonction du milieu de résidence 58

Tableau 4.2 : Répartition (%) des jeunes actifs occupés par ancienneté selon la catégorie

socioprofessionnelle 59

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LISTES DES FIGURES

Graphique 2.1 : Répartition des jeunes par situation d'activité 34

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INTRODUCTION GENERALE

I. CONTEXTE

La problématique de l'insertion sur le marché du travail est un défi que rencontre à la fois les pays développés et les pays en développement. Celle-ci est liée entre autre au problème de chômage et de sous-emploi. Pour aider à comprendre et résoudre ces problèmes, l'ONU, la Banque mondiale et le BIT s'engage à faire des études en collaboration avec les pays membres afin d'apporter des solutions à ces problèmes. Dans les pays africains, les conditions d'entrée sur le marché du travail et les conditions d'exercice d'une profession sont très difficiles et dans la plupart des cas ce sont les jeunes qui sont défavorisés. Suite au sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine sur l'emploi et la lutte contre la pauvreté qui s'est déroulé à Ouagadougou du 3 au 9 septembre 2004, un plan d'action pour créer des opportunités d'emplois productifs et décents en vue de la réduction durable de la pauvreté et du développement socioéconomique a été défini. Il a insisté sur le fait que les programmes et politiques relatifs à l'emploi doivent viser prioritairement des groupes vulnérables et notamment les jeunes, qui connaissent un chômage et un sous-emploi croissant.

La problématique de l'insertion des jeunes sur le marché de l'emploi relève que la formation scolaire ou universitaire de ces derniers est souvent moins bien considérée par les demandeurs de travail. Les jeunes se retrouvent à la sortie du système éducatif dans ce que VERDIER a appelé en 1993 « sas de transition », pour ne pas faire face au chômage. Cette situation décrit le fait que les jeunes pour subvenir à leur besoin exercent des emplois ne correspondant pas à leurs qualifications et/ou sont sous payés. C'est ainsi que la plupart des jeunes se retrouvent employés dans le secteur informel caractérisé par des emplois précaires.

Au Cameroun, la question de l'emploi des jeunes est d'actualité. Déjà, la grande crise qui a frappé le pays entre 1985 et 1994 avait pratiquement réduit les chances des jeunes d'accéder à un emploi salarié. Suite à la situation morose qui prévalait on est passé d'une situation d'autorégulation du marché du travail avec l'Etat comme principal employeur à une situation ou le secteur privé est considéré comme le nouveau pourvoyeur

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d'emploi. De ce fait, la transition entre l'école et le premier emploi décent connait de longues périodes d'attente pendant lesquelles les jeunes sont le plus souvent confrontés à des emplois précaires. En 2005, une enquête sur l'emploi et le secteur informel a montré que le taux de chômage était de 4,4% et le taux de sous-emploi de 75,8%. Ceci étant donc, le problème d'insertion se pose en termes de sous-emploi et non de chômage. Face à cela, les pouvoirs publics ont mis sur pieds des actions facilitant l'accès à un emploi de qualité. Le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) dans lequel est consignée la politique économique actuelle du pays met un accent sur l'emploi productif et décent avec le capital humain comme moteur de l'émergence en 2035.

C'est dans cette optique que pour une période 2016-2020, l'Etat Camerounais a adopté un document de stratégie du secteur de l'éducation et de la formation en s'orientant sur trois axes stratégiques que sont : l'accès et l'équité, la qualité et la pertinence, la gouvernance et le pilotage. Partant du second axe, l'objectif premier est d'améliorer la qualité des apprentissages dans l'enseignement primaire et secondaire. A cet effet les enquêtes ont montré une détérioration dans la qualité des apprentissages ces quinze dernières années. Ainsi le taux d'achèvement en relation avec la qualité d'apprentissage est de 72% au primaire ce qui traduit un niveau de rétention insuffisante alors que le Cameroun vise une scolarisation universelle.

L'une des premières théories à avoir abordé la question d'éducation et insertion sur le marché du travail est la théorie du capital humain1. Les théoriciens du capital humain ont démontré la place importante que l'éducation joue dans le développement d'un pays car elle améliore la qualité de main d'oeuvre et ainsi la productivité du travail. Ils en ressort que ceux des personnes ayant étudié sont moins confrontés au chômage et au sous-emploi et de ce fait ont une meilleure situation sur le marché du travail.

Le Cameroun est un pays de l'Afrique centrale s'étendant entre le 2ème et le 13ème degré de latitude Nord d'une part et entre le 8ème et le 16ème degré de longitude Est d'autres part. Peuplé d'environ 24 millions d'habitants en 2017 (Banque Mondiale) avec une population active d'un peu plus de 10millions d'habitant, le Cameroun est un pays a revenu intermédiaire de tranche inférieure dont la croissance du PIB est estimé à 3,7% en 2017 et le PIB par tête est de 3400dollars. Il partage ses frontières avec le Gabon, le Congo, le Nigéria, le Tchad, la Guinée Equatoriale et la République Centrafricaine. C'est un pays richement doté en ressources naturelles et agricoles (pétrole et gaz, minerais et

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bois précieux, café, maïs...). Le Cameroun est la principale économie de la CEMAC. Une zone ayant subi le choc causé par la chute des prix du pétrole .Les pays de la zone y compris le Cameroun ont été obligés de mettre en place des mesures d'ajustement budgétaire leur permettant de rétablir leur stabilité macroéconomique. Le Cameroun devrait en particulier enregistrer une croissance du PIB réel d'environ 8% sur la période 2015-2035.

Avant la crise économique des années 80, les camerounais avaient une stratégie de recherche d'emploi classique reposant sur les concours, l'auto emploi, les recrutements et prospection directes auprès des employeurs. Mais face à cette crise le pays a dû recourir à des réformes économiques qui se sont traduites par des licenciements du personnel, des fermetures d'entreprises, des compressions et des programmes d'ajustements structurels mis en place avec l'appui du FMI et de la Banque Mondiale entrainant ainsi une réduction du volume d'emploi et de recrutement. En outre, la forte croissance démographique d'une part et le retard à s'adapter du système de formation au marché du travail d'autre part confronte chaque année plusieurs jeunes fraichement sortis du système éducatif au marché du travail. Face à ce contexte sombre de l'économie, les jeunes ont de plus en plus de peine à s'insérer.

Fort heureuse, cette situation a poussé le gouvernement à mettre en place des mesures pour assurer la promotion et/ou la sauvegarde de l'emploi ceci à travers la création du Fonds National de l'Emploi(FNE) en 1990, de l'Observatoire National de l'Emploi et de la Formation Professionnelle en 2002, et bien d'autres.

II. PROBLEMATIQUE

Suite à ce contexte, il apparait que lorsqu'on parle d'insertion professionnelle l'accent est mis sur le marché du travail. Il donc important de faire ressortir la relation entre éducation et marché du travail. Ainsi va donc se fonder la littérature pour ce thème.

L'approche économique contemporaine de l'éducation s'est développée à partir de la fin des années 1950 avec les travaux de Schultz (Prix Nobel 1979), Becker (Prix Nobel 1992) et Mincer qui ont fondé la théorie du capital humain. Cette théorie relève que les compétences acquises dans le système d'enseignement rendent les individus plus productifs et de ce fait les revenus issus de leur travail ne peuvent qu'en être augmenté.

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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le déclassement professionnel des jeunes

Dans cette théorie, l'éducation est perçue comme un investissement en capital humain en ce sens que chaque individu décide de la durée et du contenu de ses études en fonction de ses couts et des bénéfices espérés dans le futur. De cette décision émane donc la demande d'éducation à laquelle le système d'enseignement répond en termes d'offre. L'enseignement est donc présenté comme un processus de production du capital humain dont les dépenses d'éducation sont traduites en résultats scolaires. Cette théorie soutien donc l'hypothèse selon laquelle l'éducation serait une condition suffisante pour accéder à un emploi. Cependant Tanguy (1986) démontrera dans son ouvrage l'introuvable relation formation-emploi que l'éducation est certes une condition pour accéder à un emploi sur le marché du travail mais il y'a aussi d'autres variables qui doivent être prise en considération dans l'accès à l'emploi. Elle s'aligne ainsi à la suite des penseurs comme Arrow(1973) pour qui l'éducation est avant tout un signalement. Partant du fait que les employeurs ne peuvent avoir d'informations réelles sur la productivité des candidats, ils sont juste limités aux diplômes et au niveau d'études. L'éducation apparait donc comme un filtre permettant de détecter et de conserver les candidats les plus « capables » à priori. Thurow (1975) le rejoindra par la suite en stipulant que puisque l'employeur ne dispose pas des connaissances sur le cout d'éducation de chaque individu, il se servira donc des explicites de chacun comme reflet de l'aptitude à être formé. En outre, Thurow met un accent sur le fait que la productivité réside dans l'emploi et non dans le travailleur.

Ainsi, « au cours des décennies écoulées, le nombre d'étudiants engagés dans les études supérieures a beaucoup augmenté »2. Les jeunes se ruent massivement vers les études universitaires et supérieures quoique cette évolution s'opère dans un contexte de faible croissance économique et de progression continue du taux de chômage, favorisant la dégradation des conditions de l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail. Les jeunes se retrouvent donc dans une situation où ils doivent arbitrer entre chômage et l'emploi disponible (même si celui-ci ne corresponde pas à leur niveau de diplôme), leur insertion sur le marché du travail est faite au prix d'un déclassement professionnel. Les jeunes diplômés sont donc prêts à exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse celui théoriquement requis ou à percevoir un salaire inférieur à celui correspondant théoriquement à leur niveau d'instruction3.

Est considéré comme « déclassé », tout individu qui, à son entrée dans la vie active, occupe un emploi inférieur à celui auquel son diplôme aurait pu lui permettre de prétendre. Compte tenu de la forte croissance de l'offre de main-d'oeuvre diplômée

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relativement à celle de la demande de travail qualifié, de telles situations sont devenues fréquentes sur le marché du travail.

La notion de déclassement reste souvent floue ou contestée en sciences sociales perçue comme le reflet des pratiques de surqualification des employeurs pour certains ou, à l'inverse, comme le produit de la sur-éducation des jeunes pour d'autres, la logique explicative de ce phénomène reste donc en tension. Se référant à l'acception de BOURDIEU (1978), il faut souligner qu'un individu est déclassé quand il est contraint de renoncer au classement social qu'il pensait obtenir grâce à son diplôme. Néanmoins, l'idée de contrainte forme un élément essentiel dans le « renoncement », il s'analyse en lien avec l'état du marché du travail sur lequel le jeune se positionne.

Bon nombre des pays de l'ASS suite aux difficultés liées à leur enlisement dans les persistantes crises socioéconomiques ces deux décennies, vivent des situations paradoxales. Car, à mesure que la population croît rapidement les conditions de vie se dégradent de plus en plus rendant ainsi plus difficile la situation sur le marché du travail.

Avec la saturation de l'État Camerounais qui est resté depuis l'indépendance en 1960 le principal pourvoyeur d'emploi du pays, le recrutement des diplômés a connu un inquiétant tassement. Les jeunes qui constituent la frange de la population active la plus affectée sont les moins outillée pour lutter contre le chômage car, 70 % de jeunes qui arrivent sur le marché du travail camerounais n'ont aucune qualification en termes de métier. Ainsi, malgré les dispositifs d'aide à l'insertion mis en place par l'Etat, le chômage des jeunes reste une préoccupation. Les données du recensement démographique de 1987 indiquaient que le chômage des moins de 25 ans représente 66 % du chômage total et celui de la tranche des 15-29 ans, 80 %; les conclusions de l'étude du Groupe d'études et de recherches en économie appliquée du centre universitaire de Douala (1988, 35) qui relèvent que 52 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont au chômage (Tama Ateba, 1996, ) ont sans doute largement contribué à la détermination du gouvernement à réorienter la politique de l'éducation vers le monde de l'entreprise.

Mebara (1984) fait figure de pionnier dans la recherche sur l'éducation, l'emploi et le salaire au Cameroun. Ce dernier montre que :les entreprises ont tendances a ne recruter que les étudiants ayant une expérience du terrain au détriment de ceux qui, ayant un diplôme équivalent n'ont suivi qu'un cursus uniquement universitaire ; il existe des inégalités en matière d'importance accordée par le pouvoir public a l'enseignement

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général par rapport à l'enseignement technique ; dans le supérieur les disciplines littéraires et juridiques sont dominantes des disciplines scientifiques. Cette approche, quoique ancienne dans les textes reste encore présente aujourd'hui car malgré les efforts consentis, l'insertion sur le marché du travail demeure une préoccupation permanente.

Actuellement, le niveau de diplôme est bien un facteur essentiel d'accès au monde professionnel Camerounais, mais il ne suffit pas à garantir une protection face au chômage et d'autres aléas du marché du travail. De plus, pour les diplômés qui veulent obtenir un emploi, il existe un fort décalage entre le niveau de diplôme atteint et la qualification de l'emploi obtenu. La demande de travail pour des emplois qualifiés n'est pas suffisante par rapport à l'offre de main-d'oeuvre diplômée. Ainsi, les difficultés d'insertion sur le marché du travail conduisent beaucoup de jeunes diplômés, car ils n'ont pas d'autre alternative, à exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse celui théoriquement requis, les entraînant de ce fait au déclassement professionnel.

Face à cette situation, il apparait opportun d'approfondir les analyses sur la notion d'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun. Au regard des développements et la problématique ci-dessus la question principale qui servira de fil conducteur à nos investigations est celle de savoir : Quel est le lien existant entre l'éducation et l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun et quelle est l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes camerounais ? De cette question principale peuvent naitre deux questions spécifiques que sont :

-Quel est l'apport du niveau d'études et/ou de formation professionnel dans l'insertion des jeunes sur le marché du travail ?

-les jeunes formés (diplômés) trouvent-ils toujours un emploi cadrant avec leur niveau de formation ?

III. OBJECTIFS

Ce travail de recherche est centré sur un objectif principal qui est le suivant : Faire une analyse profonde sur le lien existant entre l'éducation et l'insertion des jeunes

Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 7

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camerounais sur le marché du travail. Des objectifs spécifiques sont tirés de cet objectif principal à savoir :

- évaluer l'impact du niveau d'éducation sur l'insertion des jeunes sur le marché du travail.

-faire une analyse sur l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes dans la fonction publique.

IV. HYPOTHESES

Pour essayer d'apporter une réponse aux différentes questions soulevées plus haut des hypothèses peuvent être posées :

H1 : l'insertion professionnelle est fonction de l'éducation

H2 : Le niveau d'insertion professionnelle des jeunes diplômés sur le marché du travail serait bas avec comme conséquence une grande ampleur du déclassement professionnel

V. REVUE DE LITTERATURE

La littérature autour de la problématique de l'insertion professionnelle et de l'éducation a fait l'objet de plusieurs débats et ont confronté plusieurs théoriciens tant économistes que sociologues. Il serait donc plus judicieux d'essayer de présenter l'apport de ces théories.

Revue théorique

Même si les théories sur le marché du travail sont relativement muettes à l'égard de l'insertion professionnelle, il est possible de déceler certains éléments implicitement explicatifs. Les principales grandes théories sont celles du capital humain, de la quête d'emploi et du double marché de travail. Les deux premières se situant dans le prolongement de la théorie néoclassique (Dubar 1980).

Selon la théorie néoclassique, le marché du travail repose principalement sur la motivation économique des acteurs car chacun recherche la satisfaction maximale de leurs intérêts. Tandis que les employeurs recherchent une production plus efficace à moindre couts,

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les travailleurs eux investissent dans l'éducation et la formation afin de se garantir un meilleur salaire dans de meilleures conditions de travail. Le marché de travail ici est représenté comme un lieu de compétition parfaite entre offrant et demandeur d'emploi étant chacun influencé par l'environnement social ayant presque les mêmes effets sur tous.

La théorie de la quête de l'emploi développé par George Stigler dans les années 1960, s'intéresse plus particulièrement au comportement rationnel du chercheur d'emploi et tente «de définir une période et un processus d'insertion en s'attachant à ses actes et plus précisément à l'utilisation de son temps »(Vincens 1981). Donc, la variable lourde ici devient l'utilisation du temps de l'individu car un changement majeur est opéré dans celui-ci. Cette approche théorique repose sur un équilibre individuel. Un individu est en équilibre quand il suppose qu'il ne peut accroitre ses bénéfices en répartissant son temps entre plusieurs activités.

Quant à la théorie du capital humain, elle fait ressortir l'importance de l'investissement éducatif dans la relation école/emploi. Donc pour un individu s'il y'a parfaite adéquation entre la formation et le poste de travail, sa rentabilité est d'autant plus grande. L'insertion professionnelle est donc ici définie à partir de l'investissement dans la formation initiale.

Le capital humain est alors vu comme un facteur de production, dans un contexte de mobilité parfaite du capital financier, Barro, Mankiw et Sala-I-Martin (1995) placent le capital humain comme la variable centrale expliquant l'évolution macroéconomique. Dans ce contexte les pays d'OCDE considèrent le capital humain comme une panacée capable de réduire le chômage et les disparités de revenu, ou encore d'améliorer la productivité et la croissance économique.

Lucas (1988) est l'un des pionniers de l'analyse des mécanismes endogènes de croissance, et le premier, dans ce courant à mettre l'accent sur les relations entre secteur productif et secteur éducatif. La place du facteur humain dans la production constitue le coeur des apports des modèles de croissance endogène à la macro-économie. On considère que la productivité des salariés est améliorée par la plus grande qualité du facteur travail. Le capital humain agit directement sur la quantité et la qualité de la production.

Les théories du filtre (Arrow, 1973) et du signal (Spence, 1981) insistent sur une des limites de la logique de la théorie du capital humain. L'éducation est un signal pour les entreprises

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qui embauchent et de ce fait l'éducation est considéré comme un facteur de qualité qui élève la productivité des travailleurs et contribue de cette manière à augmenter la production.

Dans le cadre de la théorie du capital humain, le déclassement correspond à une situation temporaire où les entreprises n'utilisent pas pleinement les qualifications des salariés, ni ne les rémunèrent à leur productivité marginale potentielle. Cette théorie peut également expliquer le déclassement comme le résultat d'un choix délibéré : l'emploi de bas niveau constitue un moyen d'investir en capital humain spécifique (Hartog, 1999). En accord avec cette dernière interprétation, Sicherman(1991) met en évidence une probabilité de mobilité professionnelle ascendante accrue, par promotion interne ou changement d'entreprise, pour les individus déclassés.

Revue empirique

Beaud et Pialoux (2003) cités par Duffour et Peretti (2008), pensent qu'au sortir du système scolaire, les jeunes à faible niveau d'instruction éprouvent d'énormes difficultés à trouver de l'emploi surtout qu'ils font de plus en plus face à une rude concurrence sur le marché du travail. Nauze et Tomasin (2002) constatent que le diplôme diminue le risque de chômage, favorise l'accès à des emplois qualifiés et bien rémunérés. Ce constat est confirmé par les résultats de l'enquête Emploi 2001 de l'Institut National de Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) de France. Selon ces résultats, la plupart des actifs ayant un niveau d'études élevé occupent des emplois qualifiés.

Ces études empiriques montrent que le capital humain, mesuré par le niveau d'instruction ou le niveau d'étude, joue un rôle prépondérant dans l'accès à l'emploi. Il permet de réduire le risque de chômage, donne accès à des emplois qualifiés et une rémunération plus importante. Dans la même perspective, De La Fuente et Ciccone (2002) évoquent d'autres travaux empiriques qui ont confirmé le lien entre le capital humain et la productivité de l'entreprise. Leur étude montre qu'un capital humain élevé accroît la productivité et la compétitivité des travailleurs à long terme au sein des entreprises. Ce qui permet aux employés ayant un capital humain assez élevé de se maintenir aussi longtemps que possible en activité. Charlot (2005) aboutit à la conclusion que l'employabilité s'améliore avec l'éducation surtout avec l'avancée de la technologie qui est de plus en plus exigée par les employeurs. Il ressort de cela que l'investissement dans le capital humain doit continuer tout au long du cycle d'activité pour maintenir une certaine stabilité sur le marché du travail.

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Pour la plupart de ces travaux empiriques, l'éducation est un déterminant dans la carrière professionnelle du début à la fin de l'emploi.

Cependant des études empiriques ont été aussi faite au Cameroun en ce qui concerne la relation éducation et insertion professionnelle. D'entrée de jeu, Mebara et al. (1984) fait office de pionnier ici, il indique de façon concise ce que les auteurs comme René Dumont (1962, 1982,1987, 1991), Pierre Ernv (1977), Edgar Pisani (1988) ou Jean Ziegler (1988) posent de façon radicale dans leurs écrits consacrés au devenir de l'Afrique : l'adaptation de l'enseignement aux réalités du milieu pour une facile et rapide intégration dans le monde du travail et une revalorisation de l'enseignement technique longtemps considéré, et à tort d'ailleurs, comme un dépotoir des déchets de l'enseignement général.

D. Maingari(1997) opte pour les notions de professionnalisation d'expertise et de professionnalisation d'exercice pour spécifier et qualifier d'un côté l'intégration des attributs professionnels par les enseignants et décrire de l'autre les aspects et les conditions relatifs à l'adéquation formation- emploi.

Njikam, Tchoffo et Mwaffo (2005) ont essayé de faire une analyse de la situation de l'emploi des jeunes au Cameroun, en vue de mieux comprendre la nature et les causes de leur désavantage sur le marché du travail, et de proposer des stratégies qui intègrent l'emploi des jeunes comme variable endogène dans la politique de lutte contre la pauvreté et dans la politique de développement économique et social de manière plus générale.

En 2006 , Mambou produisait un mémoire sur « les stratégies d'insertion des jeunes dans la ville de Yaoundé ». Il s'agissait dans ce document d'analyser l'insertion professionnelle des jeunes en fonction des variables susceptibles d'expliquer la décision de participation au marché du travail et par là évaluer l'efficacité des stratégies adoptées par l'Etat dans l'insertion des jeunes. A sa suite, Simo (2008) rédigera un mémoire sur « Rendement de l'éducation sur le marché du travail au Cameroun ». Qui est une analyse sur l'impact qu'a l'éducation regroupant les formations tant scolaires que professionnelles, sur l'employabilité des jeunes sur le marché du travail camerounais.

La conclusion majeure semblant se dégager suite à cette revue de littérature, est que: des niveaux d'instruction élevés sont associés non seulement à des salaires plus élevés, mais aussi à une employabilité relativement forte. Toutefois les études empiriques présentent des limites liées à la mesure du capital humain. En effet, la plupart de ces études limitent le

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capital humain au niveau d'étude atteint ou au niveau d'instruction qui ne sont en fait qu'une de ses composantes. Toutefois, dans cette étude, le capital humain sera également mesuré par le niveau d'instruction.

VI. METHODOLOGIE

Tout d'abord il convient de présenter les différentes variables d'études devant servir pour l'estimation des modèles économétriques. La variable à expliquer ici est la situation d'activité des jeunes. Pour mieux l'expliquer on fera recours non seulement aux caractéristiques individuelles des jeunes mais aussi à l'emploi et au revenu. Les caractéristiques individuelles sur lesquelles nous allons nous attarder sont le niveau d'instruction, l'âge, le sexe, et le milieu de résidence. Ainsi pour modéliser le rôle de l'éducation dans l'insertion professionnelle des jeunes sur le marché du travail, nous estimerons les probabilités liées par le niveau d'instruction du fait d'être en emploi puis, pour les jeunes actifs occupés, nous estimerons les probabilités liées au niveau d'instruction dans la formation de revenu.

Les méthodes d'analyse sont autant descriptives qu'explicatives. Compte tenu de la nature de la variable dépendante, qui est qualitative et possède plus d'une modalité, le modèle de régression logistique multinomial encore appelé logit multinomial ou logit multinomial indépendant sera aussi mis en oeuvre. Ce modèle a été introduit à la fin des années 60 par Mc Fadden (1968) et Theil (1969). C'est un modèle où la variable expliquée est qualitative et possède plus de deux modalités. Il fait en outre partie des modèles multinomiaux non ordonnés. Les modèles multinomiaux non ordonnés permettent de décrire des choix individuels en présence d'utilité stochastique. La principale caractéristique du modèle logit multinomial indépendant est que les coefficients â varient en fonction des modalités et que les variables explicatives diffèrent selon les individus uniquement. Chacune des variables explicatives est fonction de l'individu. Cette analyse nous est inspirée des travaux du document sur l'insertion des jeunes de l'Institut National de Statistique du Cameroun (2013).

En outre, l'ampleur du déclassement sera déterminée en croisant, dans un tableau de contingence, le niveau de diplôme et le grade des jeunes diplômés ; par ailleurs un modèle économétrique dichotomique sera élaboré pour les déterminants de l'insertion professionnelle des jeunes diplômés camerounais

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Les données nécessaires pour la modélisation seront tirées de EESI2

VII. INTERET DE L'ETUDE

Le choix de ce sujet repose sur une profonde réflexion autour de l'état du marché du travail au Cameroun . Etant donné que la problématique du chômage et de l'emploi sont des préoccupations internationales, la notion d'insertion sur le marché du travail mérite de retenir toute notre attention. Il est devenu difficile de faire le lien entre la compétence d'un agent mesuré a priori par ses diplômes, et le poste qu'il occupe sur le marché; sans compter le fait que la procédure de recrutement est un peu floue. C'est donc pour essayer d'apporter un éclairage à ces points d'ombre que cette thématique a été choisie.

L'intérêt de ce choix se situe à deux niveau : au niveau personnel et au niveau

social.

- Niveau personnel : le problème de l'insertion et du déclassement des jeunes dipômés nous a intéressé non seulement parce que nous vivons dans ce milieu mais aussi parce que nous serons dans peu de temps lancés sur le marché du travail où nous serons confrontés à ces mêmes difficultés. C'est ainsi que ce travail nous permet de comprendre la situation que traverse beaucoup de diplômés sur le marché du travail afin de nous préparer en développant dès maintenant des mécanismes pour y échapper.

- Niveau social : ce travail permet à tous les éventuels lecteurs de mieux appréhender la thématique de l'insertion des diplômés sur le marché du travail, surtout en ce qui concerne l'emploi dans le secteur public de l'Etat, car il constitue une source précieuse de documentation en la matière. Il fournit à la communauté et aux décideurs politiques une réflexion leur permettant de porter un changement dans la politique en matière d'emploi, de recrutement et de gestion des carrières.

VIII. PLAN D'ETUDE

Ce travail sera reparti en deux parties. D'abord la première sera intitulée : éducation et insertion professionnelle. La présente étude vise à examiner l'impact du niveau d'éducation sur l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun. Ensuite la deuxième partie aura pour titre : insertion professionnelle et mesure du déclassement professionnel des jeunes. L'objectif est de faire une analyse sur l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes.

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PARTIE I : EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES
JEUNES CAMEROUNAIS

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INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

L'acuité du chômage des jeunes au Cameroun se situe officiellement à 33% (stat 2010); c'est une énorme source de débat qui a déclenché un bon nombre de réformes des politiques publiques depuis les années 1990 pour faire reculer la tendance en pleine progression. Malgré la réorganisation continue des ministères clés, notamment avec la nomination des membres du gouvernement après l'élection présidentielle du 8 décembre 2004 et l'institution des Ministères de la jeunesse et de l'Emploi et de la Formation professionnelle, il convient de noter que des avancées très mineures ont été réalisées dans la réduction du chômage des jeunes au Cameroun. Néanmoins il y'a plus préoccupant encore, la qualité de l'éducation dans certains pays en développement et notamment le Cameroun est trop faible pour pouvoir espérer bénéficier de ses bienfaits. Ainsi donc , le positionnement des jeunes sur le marché du travail dépendant de l'origine sociale de chacun créé des situations d'inégalités de chance en ce sens que les jeunes issus d'un milieu favorisé avec des parents aisés travaillant dans le secteur formel ont plus de chance d'accéder à des carrières mieux rémunérés dans le secteur formel. L'éducation apparait donc comme la solution à ces situations d'inégalités de chances car, elle permet au jeune d'acquérir un capital humain nécessaire pour entrer sur le marché formel. L'éducation en permettant l'accès à des emplois plus stables avec de meilleures conditions de travail, contribue ainsi à protéger certaines catégories de travailleurs, traditionnellement plus sujettes à l'exploitation (UNESCO, 2014).

Dans cette partie il sera question de mettre en évidence cette relation éducation/insertion professionnelle. Ceci à travers une approche théorique et une approche méthodologique liée à cette thématique.

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CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE SUR
L'EDUCATION ET L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES

Ce chapitre traite des notions générales en rapport avec notre étude. Il subdivisé en deux principaux points ; le premier concerne le cadre conceptuel ou la définition des concepts-clés et le second traite du cadre théorique de l'éducation et de l'insertion des jeunes sur le marché du travail. A ce titre, un tour d'horizon des différentes théories explicatives de l'accès et du maintien à l'emploi est fait.

SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS-CLES

Dans tout travail, il y a des concepts-clés qui reviennent très souvent et dont la définition constitue un point de départ pour la compréhension de ce travail. Il est donc important, dans le cas de cette étude, de commencer par définir les concepts-clés liés à l'éducation et à l'insertion des jeunes sur le marché du travail. Des définitions seront données de manière successive sur ce qu'il faut entendre par éducation, insertion professionnelle, marché du travail et les concepts y afférant, jeunesse.

I.1 L'EDUCATION

L'éducation est étymologiquement entendu comme « guider hors de », c'est-à-dire développer, faire produire. Il signifie maintenant plus couramment l'apprentissage et le développement des facultés intellectuelles, morales et physiques, les moyens et les résultats de cette activité de développement. L'éducation humaine inclut des compétences et des éléments culturels caractéristiques du lieu géographique et de la période historique. Chaque pays dans le monde dispose de son propre système éducatif, avec un rôle traditionnellement dévolu aux parents d'un enfant (ou à leur substitut) d'amener cet enfant aux moeurs de l'âge adulte, et une intervention souvent croissante des États. L'éducation est considérée comme un élément important du développement des personnes, d'où le développement d'un droit à l'éducation. Le mot « éducation » est directement issu du latin educatio de même sens, lui-même dérivé de ex-ducere (ducere signifie conduire, guider, commander et ex, « hors de ») : faire produire (la terre), faire se développer (un être vivant). Pour Durkheim, l'éducation est

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un« Socialisation méthodique pour la jeune génération ». Enseigner, c'est transmettre à la génération future un corpus de connaissances et de valeurs de la vie sociale.

Depuis les théories du Capital Humain (Becker, 1962 ; Schultz, 1961) et de la croissance endogène (Lucas, 1988 ; Romer, 1986), il est généralement admis que l'éducation, au niveau macroéconomique, est un facteur essentiel de croissance économique et un moyen de lutter contre toutes les formes de pauvreté. En effet, plus une population est éduquée, et plus elle est productive, ce qui a en retour un impact positif sur la croissance économique. L'éducation a non seulement un impact sur le niveau des revenus mais aussi sur leur répartition. Plus la population est éduquée, plus les revenus sont homogènes (UNESCO, 2014). Augmenter l'accès à l'éducation est donc un premier pas vers la réduction des inégalités de revenus au sein des pays. Pour les personnes les plus défavorisées, l'éducation est un outil efficace qui leur permet de sortir du piège de la pauvreté. Si tous les enfants des pays à faible revenu quittaient l'école avec les compétences de base en alphabétisme, 171 millions de personnes pourraient sortir de la pauvreté, soit l'équivalent d'une baisse de 12% de la pauvreté mondiale (UNESCO, 2014). Les individus éduqués, quelques soient leurs milieux d'origine, ont une plus faible probabilité de se retrouver en situation de pauvreté chronique (Dercon et al., 2012 ; Lawson et al., 2006 ; Ribas et al., 2007).

La relation entre éducation et marché du travail est cependant plus opaque dans les pays en développement car le marché du travail est segmenté entre un marché informel précaire et dominant et un marché formel plus restreint mais offrant de meilleures perspectives de carrières et de salaires (Ray, 1998 ; Schultz, 2004). Les rendements associés à l'éducation sont plus élevés dans le secteur public et le secteur privé formel que dans le secteur privé informel (Kuépié, Nordman et Roubaud, 2009).

I.2 L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Le concept d'insertion est indissociable du concept de socialisation car pour être inséré, l'être humain doit intérioriser un ensemble de valeurs, de normes, de règles communes. On distingue la socialisation primaire (au sein du cercle familial) de la socialisation

secondaire (au sein de l'espace scolaire, professionnel et au fil des divers échanges avec autrui). Ces processus de socialisation permettent à l'individu de trouver sa place dans la

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société, d'être inséré socialement. Jusqu'ici, il n'existe pas une définition standard et consensuelle du concept de l'insertion professionnelle. Certains chercheurs l'appréhendent comme un processus dynamique qui évolue dans le temps, d'autres la conçoivent comme une étape bien précise dans le cycle de vie des individus.

Barreyre sera le premier à donner l'origine étymologique du mot « insérer » qui vient du latin in-sere, signifiant « introduire dans ». Loriol(1999) essaiera d'apporter sa contribution à la compréhension du concept d'insertion par une citation de Durkheim en ces termes « un groupe ou une société sont intégrés quand leurs membres se sentent liés les uns aux autres par des croyances, des valeurs, des objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble sans cesse renforcé par des interactions régulières ». L'insertion sociale revêt donc plusieurs dimensions, que ce soit au niveau professionnel, du logement, culturel ou encore de la santé.

Selon l'IIDRIS, l'insertion est l'« action visant à faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation caractérisée par des échanges satisfaisants avec son environnement. C'est aussi le résultat de cette action, qui s'évalue par la nature et la densité des échanges entre un individu et son environnement ». L'insertion sociale et professionnelle désigne donc le processus permettant l'intégration d'une personne au sein du système socio-économique par l'appropriation des normes et règles de ce système. L'insertion couvre l'ensemble des rapports de la personne avec son environnement social.

. Selon Vincent (1981), l'insertion professionnelle est définie comme une «quête d'emploi» qui débute lorsqu'une personne consacre son temps à la recherche d'un emploi et se termine lorsqu'elle détient un emploi en lien avec sa formation et son projet de vie personnelle. Elle peut aussi être définie comme un processus par lequel un individu passe de l'état de sortie du système de formation initiale à celui d'emploi stable. Dans ce travail, l'insertion professionnelle est vue dans le sens de l'accès à l'emploi. Elle est opérationnalisée par la situation d'activité. La situation d'activité d'un jeune est l'état de ce jeune par rapport à l'activité économique. A ce titre, un jeune est dit inséré, s'il est actif occupé sans préjugé de la stabilité de son emploi. Par ailleurs, le jeune peut être chômeur ou inactif.

I.3 MARCHE DU TRAVAIL

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En économie, le marché du travail désigne le marché théorique où se rencontrent l'offre et la demande de travail. L'offre de travail est constituée par les salariés et les personnes en recherche d'emploi, la demande de travail par les besoins des entreprises (les facteurs de production). Le marché du travail peut aussi être défini comme le lieu théorique de rencontre entre la population active représentant l'offre de travail et les entreprises publiques ou privées représentant la demande de travail. Le travail y est régulé et fait l'objet, dans la majorité des cas, d'une rémunération, qui correspond au prix sur un marché "classique".

Dans le cadre de cette étude, la définition qui sera retenue est celle selon laquelle le marché du travail fonctionnant analogiquement comme les autres marchés est un lieu théorique de confrontation entre l'offre et la demande du travail moyennant un prix : le salaire.

Plusieurs concepts sont liés au marché du travail selon les différentes théories prédominantes dans la matière, à savoir : la théorie néoclassique et la théorie keynésienne. Ces concepts sont :

I.3.1. Le travail

Au sens économique usuel, le travail est l'activité rémunérée qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c'est un facteur de production de l'économie. Il est essentiellement fourni par des employés en échange d'un salaire. Dans un sens plus restreint, seuls les biens et services ayant une valeur pour autrui sont pris en compte. Ce périmètre inclut les travaux ménagers, mais exclut par exemple la toilette. Pour Wallon (1879-1962), travailler c'est « contribuer par des services particuliers à l'existence de tous, afin d'assurer la sienne propre ».

Depuis le rapport STIGLITZ, les économistes insistent sur le fait que le travail n'est pas seulement le travail rémunéré, l'activité productrice des travailleurs : il comprend aussi le bénévolat et le travail domestique. Freyssinet sépare le travail en différents types à savoir travail libre, travail salarié et travail forcé, dans le cadre d'activités marchandes ou non marchandes. Le travail forcé comprend l'esclavage, les corvées, et les peines de travaux forcés. Dans le cadre d'activités marchandes, le travail libre est fourni par les travailleurs indépendants. Dans le cadre d'activités non marchandes, le travail libre comprend le travail domestique et le travail militant ; le travail salarié comprend les salariés des administrations publiques et des ménages.

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I.3.2. Le chômage

Le terme chômage est issu du latin populaire « caumare » dérivé du grec ancien « êáõìá » (kauma), signifiant « se reposer pendant la chaleur ». Jusqu'au 19e siècle, il signifie une cessation d'activité en général, qu'importe la cause. En plus de cette définition étymologique, le chômage peut être défini comme l'état d'inactivité d'une personne souhaitant travailler. Cette définition du chômage connaît de nombreuses variantes et son concept donne toujours lieu à des controverses théoriques et statistiques.

Selon le BIT, est chômeur toute personne (de 15 ans ou plus) qui remplit les critères suivants:

? « Etre sans travail », c'est-à-dire ne pas avoir d'activité, même minimale, pendant la semaine de référence ;

? « Etre disponible pour travailler », c'est-à-dire être en mesure d'accepter toute opportunité d'emploi qui se présente dans les quinze jours, sans qu'une tierce obligation soit une entrave au retour à l'activité ;

? « Rechercher activement un emploi, ou en avoir trouvé un qui commence ultérieurement ».

Par ailleurs, pour être chômeur selon le système statistique européen Eurostat, il faut avoir été sans travail durant la semaine de référence (soit moins d'une heure hebdomadaire d'activité) et avoir fait des démarches spécifiques en vue de retrouver un emploi, sans forcément s'être déclaré comme chômeur auprès de l'administration. Aux États-Unis, le Bureau of Labor Statistics compte comme chômeurs les personnes n'ayant pas d'emploi, en ayant cherché un activement durant les quatre semaines passées, et disponibles pour travailler.

Dans le cadre de notre travail, est considéré comme chômeur tout individu qui au moment de l'enquête est sans emploi, recherche activement un emploi et est disponible pour l'occuper.

I.3.3. La Population active

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La population active se définit comme l'ensemble des personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché du travail, qu'elles aient un emploi (population active occupée) ou qu'elles soient au chômage (population active inoccupée) à l'exclusion de celles ne cherchant pas d'emploi, comme les personnes au foyer, étudiants, personnes en incapacité de travailler, rentiers. Selon les définitions, l'âge est fixé entre 15 et 64 ans, ou porte sur toutes personnes de plus de 15 ans.

L'Organisation internationale du travail (OIT) définit la population active comme l'ensemble des personnes ayant entre 16 et 67 ans et qui ont travaillé non bénévolement durant une semaine de référence. Les personnes ayant un emploi mais ne l'exerçant pas pour différentes raisons, comme un congé maternité, ainsi que les chômeurs, font également partie de la population active.

Cette étude considèrera la population active comme regroupant l'ensemble des personnes en âge de travailler exerçant une activité rémunérée (les actifs occupés) ainsi que celles à la recherche active d'une activité rémunérée (les actifs inoccupés ou chômeurs).

I.3.4. L'emploi

Un emploi est un contrat passé entre deux parties, l'employeur et l'employé, pour la réalisation d'un travail contre une rémunération. La notion d'emploi est souvent assimilée avec celle de salariat. En réalité la rémunération peut tout aussi bien prendre la forme d'un traitement, si l'employeur est une personne publique ; d'un salaire, si l'employeur est une personne morale ou physique autre que le travailleur ;

d'honoraires lorsqu'il s'agit d'un indépendant qui est son "propre employeur" (artisan, commerçant, exploitant agricole, profession libérale,...).

Une autre définition considère l'emploi comme une activité professionnelle, un travail qui reçoit, en contrepartie, une rémunération. Dans ce sens, une activité de bénévolat ne peut donc être considérée comme un emploi. L'emploi est un concept plus large que le salariat dans la mesure où il recouvre aussi la FP et les professions indépendantes (artisanat, commerce,.....).

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Pour cette étude, l'emploi sera défini au niveau macroéconomique. A ce niveau, l'emploi représente l'ensemble du travail fourni au sein d'une économie nationale, par la population active qui n'est pas au chômage. L'emploi peut être dans le secteur public ou dans le secteur privé, il peut être subventionné par les pouvoirs publics.

I.4 LA JEUNESSE

Le concept de jeunesse ou d'enfance diffère considérablement d'un pays à un autre, allant de 7 à 39 ans. En règle générale, la jeunesse peut être définie comme étant la période de la vie qui précède le passage à l'âge adulte et celle-ci peut varier en fonction de facteurs divers tels que l'âge moyen auquel les jeunes terminent leurs études et leur formation initiale et celui auquel ils sont censés assumer leurs responsabilités d'adulte dans la collectivité. Le statut légal de la jeunesse peut également varier à l'intérieur d'un même pays et ce sont les éléments comme le mariage, le droit au vote, le droit foncier, les délits pénaux, l'âge du service militaire ou encore la possibilité d'accéder aux services médicaux sans le consentement des parents qui sont pris en compte pour le définir. L'Organisation des Nations Unies (ONU) définit le jeune comme tout individu âgé de 15 à 24ans. Selon le document de politique nationale de la jeunesse du Cameroun, la jeunesse constitue la population dont l'âge varie entre 15 et 35 ans inclus. Dans cette étude, une personne sera dite jeune si elle est âgée de 15-34 ans révolu.

Ainsi défini tous les concepts-clés relatifs à cette partie, le premier contact est établi. Reste maintenant à présenter les différentes théories et débats qui ont balisés la relation éducation/insertion professionnelle

SECTION II : CADRE THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Comme Laramée et Vallée (1991) pouvait encore le dire, « le cadre théorique sert principalement à présenter un cadre d'analyse et à généraliser des relations théoriques déjà prouvées dans d'autres contextes pour tenter de les appliquer au problème étudié ».

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Ainsi donc, une revue théorique faite ici nous permet de faire l'état de la recherche sur l'éducation et l'insertion professionnelle.

II.1 Les théories d'analyse d'entrée sur le marché du travail.

Ici nous nous attarderons sur trois principales grandes théories dont celles du capital humain, de la quête d'emploi et du filtre. Toutes les trois sont à caractère économique et les deux premières se situent dans le prolongement de la théorie néo-classique (Dubar, 1980).

II.1.1 La théorie du capital humain

Le concept du « CAPITAL HUMAIN » dans les théories économiques a véritablement émergé grâce à Schultz (1961) et Becker (1964), deux économistes américains nobélisés quelques décennies plus tard pour leurs travaux, eux-mêmes inspirés par les théories déjà anciennes d'Adam Smith et de quelques autres. La doctrine de cette théorie est qu'un individu, lorsqu'il décide de suivre une formation au lieu de prendre un travail, raisonne comme un investisseur. L'éducation aurait ainsi des caractéristiques communes avec le capital physique. Elle serait une dépense présente, effectuée en vue d'un rendement futur. Pour Becker (1993), la formation apparaît comme un investissement qui améliore la productivité individuelle ; chaque individu arbitre entre le coût et le rendement de l'investissement que génère la formation ou l'éducation

Lucas (1988) est l'un des pionniers de l'analyse des mécanismes endogènes de croissance, et le premier, dans ce courant, à mettre l'accent sur les relations entre secteur productif et secteur éducatif. On considère que la productivité des salariés est améliorée par la plus grande qualité du facteur travail. Le capital humain agit directement sur la quantité et la qualité de la production.

Les modèles précurseurs ont mis l'accent sur deux modes d'accumulation du capital humain :

? l'accumulation hors processus de production, l'individu effectue une répartition de son temps entre formation et production (Lucas, 1988) et,

? l'accumulation au sein même du processus de production, le fait même de produire permet une accumulation de connaissances.

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Chez Romer (1986, 1990) on retrouve la distinction traditionnelle de Becker (1964) entre deux composantes du capital humain, la formation « schooling » et l'apprentissage sur le tas « on the job training ».

Selon Tremblay (1997), les individus peuvent faire d'autres types d'investissements en l'occurrence l'investissement de la connaissance du marché du travail telles l'acquisition de l'information sur l'emploi, l'acceptation d'un emploi moins rémunéré mais pouvant offrir des possibilités de carrière et même la mobilité géographique pour profiter des opportunités d'emplois.

Certains auteurs tels Eicher, Vincens ont cependant émis des remarques concernant le capital humain. Pour Eicher (1979), la théorie du capital humain ne prouve pas que la productivité est totalement liée au niveau de formation car d'autres variables sont susceptibles d'expliquer le niveau de revenu (l'âge, le sexe, la race, la région, la profession et la durée du travail) ; pour Vincens (1998), la théorie du capital humain a un pouvoir explicatif dans un régime où les salaires sont flexibles et /ou le chômage global est faible.

II.1.2 La théorie de la quête d'emploi « job search »

La théorie du << job search >> est un assouplissement de l'hypothèse de l'information parfaite sur les emplois potentiels dans un marché du travail en concurrence pure et parfaite. Pour les partisans de cette théorie, à l'instar de Stigler qui l'a développé dans les années 1960, l'offreur de travail est un demandeur d'informations relatives aux salaires, aux emplois, aux qualifications, aux conditions de travail, etc. mais avec un coût d'obtention plus ou moins important. L'offreur de travail arrêtera sa prospection lorsque le gain marginal attendu égalisera le coût marginal de visite d'entreprise ou de recherche d'emploi.

Lippman et Mac Call (1976) appellent salaire de réserve ou d'acceptation le coût de recherche de l'emploi qui égalise les gains marginaux attendus. Pour ces mêmes auteurs, le salaire de réserve dépend de la distribution des salaires dans l'économie, du degré de stabilité des emplois proposés et de l'impatience de chaque demandeur d'emploi. Lorsque les salaires proposés sont inférieurs au salaire d'acceptation, les emplois offerts sont refusés, d'où un chômage volontaire du chercheur d'emploi vu par ce dernier comme un investissement pour accéder à un emploi décent. Mais ce chômage perd son caractère d'investissement en période de fort chômage pour devenir un facteur de déclassement.

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La théorie de la recherche de l'emploi précise que l'offreur de travail est un demandeur d'informations dont les informations relatives aux qualifications, à la formation. Il serait important de passer en revue les systèmes de formation mis en oeuvre dans le monde ; ceci dans le but d'extraire les éléments utiles qui pourront aider les jeunes à s'insérer.

II.1.3 La théorie du filtre

Michael Spence (1973) a appliqué la notion de signal au rôle de l'éducation supérieure : selon la théorie de Spence, l'éducation n'a pas d'effet sur la productivité du futur employé : elle est seulement utile pour prouver une compétence face à un employeur. Dans la réalité pourtant il est reconnu que l'éducation est considérée comme une source notable de productivité et de mobilité sociale, et donc de croissance économique. D'aucuns diront qu'en fait l'éducation joue ces deux rôles : elle augmente d'une part la productivité des individus et fournit d'autre part un signal utile sur les qualifications et la capacité de travail de celui-ci. Les employeurs, ne connaissant pas les capacités des candidats à l'embauche recherchent toutes les aptitudes qu'ils possèdent. Spence affirme que ces aptitudes sont révélées par un signal donné par le niveau de formation.

Pour les tenants de l'école du filtre, la population est hétérogène avant même d'entrer en formation du fait des coûts de formation différents suivant les individus. Les coûts de formation seraient plus bas chez les plus doués, contrairement à ce que postule la théorie du capital humain pour laquelle l'hétérogénéité résulte du cumul du capital des individus qui avaient à l'origine des aptitudes semblables.

Le niveau d'éducation apparaît alors comme un outil utilisé par les demandeurs d'emploi et par les employeurs. Pour les premiers, le niveau d'éducation joue un rôle de signal pouvant révéler les aptitudes et pour les seconds, il agit comme un filtre permettant d'identifier les individus les plus aptes à recruter pour les emplois disponibles.

II.2 Les modèles explicatifs de l'insertion professionnelle

II.2.1 Modèle d'investissement en éducation et d'offre de travail simultané

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Blakemore et Low (1983, cité par Julie du Bois (2002) ont élaboré un modèle d'investissement en éducation et d'offre de travail simultané dans le but d'étudier et de prévoir l'effet d'un changement dans les conditions du marché du travail sur les choix travail-études. En théorie, un taux de chômage élevé et des salaires bas conduise à une réduction du coût d'option des études mais aussi une diminution du revenu familial disponible pour financer l'éducation. L'effet net des conditions du marché du travail sur les choix travail-études est déterminé de façon empirique.

Le modèle de Blakemore et Low repose sur l'hypothèse selon laquelle les individus font le choix d'une combinaison d'investissement en éducation et d'offre de travail qui maximise la valeur présente nette attendue des revenus sur leur horizon de vie. Cette valeur est définie comme étant une fonction des caractéristiques de l'individu, des coûts directs des études, des ressources financières, autres que le revenu, disponibles pour couvrir les coûts directs des études ainsi que du taux de chômage et des salaires. Pour cette théorie, une hausse du taux de chômage entraine une réduction de la probabilité de la poursuite des études. L'effet revenu négatif d'une hausse du taux de chômage annule donc l'effet positif d'une diminution du coût d'option.

L'impact d'une hausse des salaires sur les choix travail-études a également été estimé. L'effet revenu semble dominer encore une fois puisqu'une hausse des salaires entraîne une augmentation de la probabilité de poursuivre des études bien que les étudiants soient également plus susceptibles de travailler à temps partiel pendant leurs études. En bref, les conditions du marché du travail influencent la décision d'investir en éducation principalement parce qu'elles influent sur le revenu familial.

1.1.2.5 Modèle formation-emploi

L'adéquation diplôme-emploi est réalisée ici par « tâtonnement » à l'issu de la période d'insertion. Est-ce à dire qu'au terme de cette période, tous les jeunes réalisent l'adéquation formation-emploi ? La réponse à cette question est évidemment non pour plusieurs raisons. Ces raisons sont liées aux arbitrages individuels entre coût et bénéfices de la formation et aux caractéristiques du marché du travail, notamment au décalage existant entre offre et demande de travail. Concernant les arbitrages individuels, la théorie de la quête d'emploi, dans ces différentes versions, intègre les coûts de la recherche d'emploi (Stigler, 1962, Mac Call, 1970). Il s'agit, par exemple, du coût de l'information, de celui des trajets, des coûts d'opportunité associés à la durée de recherche, des coûts psychologiques dus à la précarité de

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la situation, etc. Le jeune qui intègre ces coûts à sa décision de quitter un emploi risque alors de rester dans son emploi même s'il existe ailleurs un emploi plus en adéquation avec ces compétences notamment sa formation initiale. En plus de ces arbitrages individuels, l'état de l'offre et de la demande de travail détermine la qualité de l'adéquation. Tout d'abord et en relation avec ce qui précède, un fort taux de chômage, i.e. l'absence de nombreuses opportunités, augmente le coût d'opportunité d'une démission. Ensuite, l'offre d'éducation n'évolue pas en lien direct avec la demande de compétence.

Une lecture analytique des recherches empiriques récentes sur l'insertion professionnelle montre que les jeunes manifestent beaucoup d'appréhension à l'égard du monde du travail. Non seulement ils manifestent de l'inquiétude à l'égard de la quantité des débouchés sur le marché du travail, mais ils se sentent démunis vis-à-vis des grandes composantes et des grands acteurs du monde du travail. En général, il est convenu de reconnaître que les jeunes finissants de l'enseignement secondaire ont une connaissance approximative du marché du travail, du développement technologique et du syndicalisme.

De plus, si d'une part il y a l'école et l'entreprise qui jouent un rôle majeur, d'autre part on peut se demander si, à niveau égal de formation, la qualité de l'insertion professionnelle des individus dépend de leur sexe, de leur origine sociale, de leur conformité au système idéologique dominant, de leur spécialité. Les relations personnelles et la recherche personnelle d'emploi sont beaucoup plus efficaces que les agences officielles de main d'oeuvre.

En somme, le processus d'insertion professionnelle commence à l'école et se termine dans l'entreprise au moment où le travailleur occupe un poste de travail stable et devient conscient des étapes de sa carrière. Théoriquement l'insertion professionnelle est non seulement influencée par les faits de socialisation et les faits d'organisation, mais elle participe à la définition de ces faits. En effet, les individus en période d'insertion professionnelle peuvent exercer ou non des pressions, autant sur le système d'enseignement que sur l'entreprise pour favoriser une réorientation des faits de socialisation et des faits d'organisation. Ainsi, l'insertion professionnelle des jeunes serait influencée par l'environnement politique, économique et social du pays à travers les règles de fonctionnement du marché du travail, les caractéristiques des parents et des jeunes. La santé économique et la stabilité politique d'un pays peuvent faciliter non seulement la création des infrastructures de formation, mais aussi la création des infrastructures de recherche d'emploi

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qui sont des éléments dont les jeunes peuvent jouir et qui sont susceptibles d'influencer leur insertion.

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CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE SUR LA RELATION
EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES

Ce chapitre s'inscrit dans le cadre méthodologique de l'analyse. Il sera question ici de présenter les différentes variables de l'étude, les méthodes et estimations qui seront utilisées, ainsi que les résultats économétriques obtenus. La variable à expliquer ici est la situation d'activité des jeunes. Cette variable compte trois modalités à savoir : actif occupé, chômeur, et inactif. Elle sera expliquée par de variables explicatives que sont le niveau d'instruction, l'âge, le sexe, le milieu de résidence, l'emploi et le revenu. Le modèle que nous utiliserons ici est celui de régression logistique multinomial. Ce chapitre sera divisé en deux sections dont la première sera consacrée à la méthodologie et la seconde à l'estimation.

SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ANALYSE

Cette section a pour objectif de mettre en évidence sur un plan empirique la relation entre l'éducation et l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun. Les éléments méthodologiques présentés dans cette section portent sur la source des données empiriques, le cadre et la méthode d'analyse. Cette section présente les variables de l'étude, les données empiriques ainsi que les outils économétriques employés.

I.1 Source et méthodes d'analyse des données

La présente étude, dans sa partie vérification empirique du rôle que joue l'éducation dans l'insertion professionnelle des jeunes, utilise les données en coupe transversale issues de l'enquête initiée par l'INS intitulée EESI plus précisément la deuxième (EESI2). EESI 2 est une enquête statistique à deux phases dont la première vise à appréhender l'emploi (Enquête sur l'Emploi) et la seconde à évaluer les activités économiques du secteur informel non

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agricole (Enquête Secteur Informel). La base de sondage utilisée pour la première phase est fournie par la cartographie actualisée du troisième Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2005. Elle a permis de sélectionner de manière aléatoire un échantillon de 8 160 ménages stratifié selon les dix régions et le milieu de résidence. Les villes de Yaoundé et de Douala ont été considérées chacune comme une région d'enquête.

Les ménages au Cameroun ont une taille de 4,4 personnes. Cette taille est restée quasi stable depuis 2005. Elle était de 4,5 personnes en 2005 (EESI 1) et de 4,4 en 2007 (ECAM 3).Les ménages sont de taille plus grande en milieu rural (4,7) qu'en milieu urbain (4,0).

I.1.1 Variables de l'étude

Il est question ici de présenter les différentes variables qui seront utilisés lors de l'estimation du modèle économétrique. Dans le cadre de notre étude, la variable à expliquer est la situation d'activités des jeunes ; cette dernière permet d'étudier le niveau de participation des jeunes au marché du travail. Cette variable intègre trois modalités à savoir : les actifs occupés, les chômeurs et les actifs inoccupés.

Pour expliquer cette variable, des variables indépendantes à caractère individuel et environnemental seront utilisées. Ces variables sont :

? L'âge

C'est une variable donnant un ensemble d'informations sur les capacités physiques d'un individu. Un adulte est en général plus apte physiquement qu'un très jeune ou un âgé. En deuxième lieu, c'est l'âge qui donne à l'individu l'élan de se former et de se qualifier. On retient pour l'âge, deux modalités à savoir 15-24 ans et 25-34 ans.

? Le sexe

La variable sexe est l'indicateur utilisé pour mesurer directement les relations de genre. Elle a deux modalités homme et femme. Les différences sexuelles sont interprétées comme la manifestation des rôles et statuts assignés par les rapports de genre.

? Le milieu de résidence

L'enquête sur l'emploi et le secteur informel(EESI) recouvrant l'ensemble du territoire national, on distingue donc le milieu urbain du milieu rural. Le milieu urbain

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est composé des agglomérations d'au moins 50 000 habitants ; le milieu rural est constitué des agglomérations de moins de 50 000. Les villes de Douala et de Yaoundé sont considérées comme étant intégralement urbaines et assimilées respectivement aux départements du Wouri et du Mfoundi.

? Le niveau d'instruction

Il permet de mesurer le capital humain d'un individu. Le niveau d'instruction est un critère de différenciation de l'accès à l'emploi. Les modalités retenues pour cette variable sont : sans niveau, primaire, secondaire 1er cycle, secondaire 2nd cycle et supérieur.

? Emploi

Il représente ici la situation d'emploi du chef de ménage ou parents du jeune qui veut

s'insérer sur le marché de l'emploi. Il s'appuie aussi sur le secteur d'activité des parents.

I.1.2 Méthode d'analyse

Les méthodes d'analyse sont autant descriptives qu'explicatives. L'analyse descriptive permet de dresser un portrait de la situation des jeunes sur le marché du travail. L'analyse explicative quant à elle permet de prendre une décision quant à la confirmation ou à la réfutation de l'hypothèse de recherche. Compte tenu de la nature de la variable dépendante, qui est qualitative et possède trois modalités, le modèle de régression logistique multinomial encore appelé logit multinomial ou logit multinomial indépendant sera mis en oeuvre.

Ce modèle a été introduit à la fin des années 60 par Mc Fadden (1968) et Theil (1969). C'est un modèle où la variable expliquée est qualitative et possède plus de deux modalités.

La principale caractéristique du modèle logit multinomial indépendant est que les coefficients â varient en fonction des modalités et que les variables explicatives diffèrent selon les individus uniquement. Chacune des variables explicatives est fonction de l'individu (ceci se vérifie aisément puisque chacune des variables

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explicatives sont issues d'un questionnaire rempli par chacun des individus). De la

même manière, les résultats obtenus attribuent un coefficient différent pour chacune des modalités de la variable expliquée.

I.2 Analyse descriptive de l'étude

Il s'agit ici de dresser un portrait sur la situation des jeunes sur le marché du travail. Pour se faire il convient d'expliciter les différentes modalités de la variable dépendante que sont actifs occupes, chômeurs et inactifs. Cette analyse se fait à travers un examen de la proportion des jeunes dans la population, leur niveau d'instruction et la situation d'activité dans laquelle ils se trouvent.

I.2.1 Proportion des jeunes dans la population

Les jeunes représentent un tiers (34,3%) de l'ensemble de la population tant en 2010 qu'en 2005 (33,2%). Une analyse par milieu montre que les jeunes sont relativement plus nombreux en milieu urbain (41,6%) qu'en milieu rural (29,7%). Selon le sexe, l'enquête révèle une différence très faible entre les proportions de jeunes garçons et de jeunes filles (respectivement 32,9% et 35,6%). Par région d'enquête, on observe que la ville de Yaoundé abrite la plus forte proportion de jeunes (44,2%) et la région de l'Ouest, la plus faible (27,3%).

Source : INS, EESI 2

I.2.2 Niveau d'instruction des jeunes

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La quasi-totalité des jeunes ont déjà été à l'école. Un jeune sur trois (34%) a le niveau primaire, 28,4% celui du secondaire 1er cycle de l'enseignement général et 17,6% celui du secondaire 2nd cycle de l'enseignement général. La proportion de jeunes qui ont fait l'enseignement technique est très faible par rapport à ceux de l'enseignement général quel que soit le cycle, le milieu de résidence ou le sexe. Le milieu urbain est caractérisé par une scolarisation de même importance dans le primaire et le secondaire général pendant qu'en milieu rural un jeune sur deux a au plus le niveau du primaire. En milieu rural, les jeunes scolarisés fréquentent en moyenne 2,6 ans de moins que ceux du milieu urbain (7,0 ans contre 9,6 ans). Cette répartition est donnée dans le tableau 2.2 qui suivra.

Les femmes passent presque autant d'années à l'école que les hommes (en moyenne 8,2 ans contre 8,5 ans).

Source : INS, EESI 2010

I.2.3 Situation d'activité des jeunes

La répartition des jeunes selon la situation d'activité révèle que 64,9% de jeunes sont des actifs occupés, 6,4% sont des chômeurs et 28,7% sont des inactifs. C'est ce que montre le graphique 2.1 qui suit :

Graphique 2.1 : Répartition des jeunes par situation d'activité

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Un jeune est considéré comme actif s'il participe au marché du travail. La participation au marché de travail traduit alors le fait (i) d'exercer une activité économique (participation à toute activité de production de biens ou de services donnant lieu ou non à une rémunération monétaire ou en nature) ; (ii) ou d'être à la recherche effective d'une activité économique à exercer. Le BIT recommande d'utiliser le taux d'activité comme indicateur de mesure de la participation au marché du travail. Au sens du BIT, près de 7 personnes sur 10 sont actives (69%). Ce taux masque d'importantes disparités régionales. Ainsi, situées nettement au-dessus de la moyenne, l'Ouest (83,6%), le Littoral (83,2%), et le Centre (82%) se détachent des autres régions avec plus de quatre actifs sur cinq personnes de 10 ans ou plus tandis qu'à l'autre extrémité, les villes de Yaoundé (57,3%), Douala (62,4%) et les régions de l'Adamaoua (49%) et du Sud-Ouest (66,3%) présentent des faibles taux d'activité.

Le taux d'activité est de 74,1% chez les hommes, soit 9,9 points d'écart par rapport à celui des femmes (64,2%). En milieu urbain, 67,2% d'hommes sont actifs contre 52,2% de femmes soit un écart de 15 points. Par contre, en milieu rural, l'écart entre le taux d'activité des hommes et celui des femmes est moins prononcé qu'en milieu urbain. En effet, près de huit hommes sur dix sont actifs contre sept femmes sur dix, soit un écart de 6,4 points.

Tableau 2.3 : Taux d'activité au sens du BIT pour les personnes de 10 ans ou plus par région d'enquête, groupe d'âges selon le milieu de résidence et le sexe (%)

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Source : INS, EESI 2, Phase 1

Un jeune est considéré comme inactif, s'il ne participe pas au marché du travail, c'est-à-dire qu'il n'est pas classé dans la catégorie des actifs. Le taux d'inactivité est l'indicateur de mesure du phénomène de l'inactivité. Il est le complément à 100 du taux d'activité. Le taux d'inactivité des jeunes est de 30,2%. Parmi les raisons d'inactivité, la scolarisation est la principale raison d'inactivité déclarée par la plupart des jeunes. En effet, 64,9% de jeunes en situation d'inactivité sont en cours de scolarité, 22,5% sont des femmes au foyer.

Tableau 2.4 : Répartition (%) des jeunes en situation d'inactivité par raison d'inactivité selon le sexe

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Source : INS, EESI 2

Au sens du BIT, le chômage correspond à la situation des actifs qui n'ont pas travaillé au cours des 7 jours précédant l'enquête, ne serait-ce qu'une heure, et qui recherchent un emploi et sont disponibles pour l'exercer immédiatement. Le chômage au sens

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élargi quant à lui regroupe les chômeurs au sens du BIT auxquels on ajoute ceux qui, bien que n'ayant pas cherché d'emploi au cours de la période de référence, restent malgré tout disponibles à travailler si on leur en proposait un.

Au sens du BIT ou au sens élargi, le chômage des jeunes est une fonction croissante, à quelques exceptions près, du niveau d'instruction. Plus le niveau d'instruction est élevé, plus les jeunes éprouvent des difficultés à s'insérer sur le marché du travail. Cette situation pourrait s'expliquer par la faible capacité de l'économie à créer des emplois pour les personnes de plus en plus instruites et par l'exigence des personnes instruites vis-à-vis d'un type d'emploi recherché.

En milieu urbain, le taux de chômage est plus élevé chez les personnes ayant suivi un cursus académique général que chez ceux ayant suivi un cursus technique ou professionnel tant chez les jeunes de sexe masculin que chez ceux de sexe féminin.

Tableau 2.5 : Taux de chômage en milieu urbain par cycle d'études et selon le sexe

Source : INS, EESI 2

I.3 Construction du modèle

Une fois le cadre d'analyse défini et le tableau sur la situation des jeunes sur le marché du travail dressé, il est important de présenter le modèle économétrique empirique qui nous permettra d'expliquer la relation éducation et insertion professionnelle.

Le modèle retenu pour notre analyse est celui du logit multinomial. Issu de la classe des modèles multinomiaux non ordonnés, il satisfait une hypothèse particulière qui est l'hypothèse d'Indépendance des Alternatives Non Pertinentes (IANP ou IIA en anglais pour Independance of Irrelevant Alternative). Cette hypothèse traduit le fait que le rapport de deux probabilités associées à deux évènements particuliers est indépendant des autres événements.

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L'utilisation essentielle de cette classe de modèle est de rendre compte de choix probabilistes. Les modèles multinomiaux non ordonnés sont en effet avant tout des modèles permettant de décrire des choix individuels en présence d'utilité stochastique. Les choix probabilistes supposent qu'un individu ait à effectuer un choix rationnel entre m + 1 modalités procurant m + 1 niveaux de satisfaction différents pour l'individu. Le niveau d'utilité est considéré comme étant stochastique et décrit par une fonction U (.) dépendant d'un terme aléatoire. pour chaque modalité j = 0, 1, ..,m, l'utilité de l'individu s'exprime sous la forme suivante :

Uj = U (xj , åj) = v (xj) + åj ?j = 0, 1, ..,m

v (.) est une fonction continue déterministe et où åj est une variable aléatoire i.i.d. Une variable polytomique y prenant m + 1 modalités suivant les choix de l'individu est défini:

y = j si l'individu choisit la j`eme modalité ?j = 0, 1, ..,m

Le modèle logit multinomial indépendant (ou logit multinomial) est obtenu lorsque la fonction v (.) est linéaire, les paramètres fij diffèrent selon les modalités et les variables explicatives varient uniquement en fonction des individus, c'est à dire lorsque

v (xi,j) = xifij (xi,j désigne la valeur du vecteur de variable explicative pour l'individu i conditionnant le choix de la j`eme modalité).

Dès lors, on peut définir la forme générale de la probabilité que l'individu i choisisse la modalité j de la façon suivante :

Prob (yi = j) = ? =

?

Où le vecteur â0 est normalisé à zéro : = 0. Sous l'hypothèse de normalisation = 0, la probabilité associée à la modalité de référence 0 est définie par :

prob ( = ) ? = ?

Pour notre étude, on cherche à modéliser la probabilité que les jeunes aient une situation d'activité en fonction des différentes variables explicatives précitées plus haut. La situation d'activité est considérée comme yi la variable dépendante et elle peut prendre les

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modalités (j=1,2,3,4) que sont actifs occupés (modalité1), travail des enfants(modalité 2) chômeurs (modalité3), inactifs (modalité4). Le modèle à estimer est présenté comme suit :

Yi= iq0 +: iqjT.i xj+

Avec yi la variable expliquée représentant les groupes de modalité. xi les variables explicatives m E [0; 4]. et le terme d'erreur.

I.3.1 Spécification du modèle

Notre modèle à estimer s'écrira donc sur cette forme :

Avec actif i : la variable indépendante situation d'activité du jeune age : l'âge de l'individu

i

sexei : le sexe de l'individu

emploii : emploi du parent de l'individu

nivinsi : le niveau d'instruction de l'individu

milieui : le milieu de résidence des jeunes

Le modèle ainsi décrit peut être écrit selon les modalités prise par la variable explicative.

SECTION II : ESTIMATION ET RESULTATS ECONOMETRIQUES

II.1 Estimations

L'estimation des paramètres des modèles logit multinomiaux peut se faire de différentes façons : Méthodes du maximum de vraisemblance, méthodes de moments : GMM, moments simulés etc.., méthodes non paramétriques et semi-paramétriques. Nous utiliserons ici la méthode du maximum de vraisemblance à information complète.

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La vraisemblance associée à un modèle logit multinomial indépendant à m+1 modalités s'écrit en fonction de m vecteur de paramètres âj, j = 1, ..,m du fait de la normalisation â0 = 0. Ainsi l'estimation des paramètres du modèle logit multinomial s'effectue alors en maximisant la log-vraisemblance par rapport aux vecteurs de paramètres (â1, â2, ..., âm) :

log L ( , â1, â2, ..., âm)= ? ?

avec yi,j = 1 si yi = j et 0 sinon, et où les probabilités Prob (yi = j) sont définies par :

Prob (yi = j) = ? =

?

Notons au passage que la fonction de log-vraisemblance d'un modèle logit multinomial indépendant est globalement concave et que par conséquent on peut utiliser différents algorithmes d'optimisation numérique propres à ce type de problème (Newton Raphson par exemple) et que les résultats ne sont pas sensibles au choix des conditions initiales de ces algorithmes.

II.2 Les résultats économétriques

Les résultats économétriques de notre modèle ont été obtenus grâce à notre travail avec le logiciel stata 14. Pour parvenir à l'élaboration de notre modèle économétrique logit multinomial nous avons tout d'abord exporté nos données de la base de données EESI 2 vers le logiciel stata 14 et c'est à partir de ce dernier que nous avons eu les résultats qui seront présentés dans les tableaux situés en annexes de ce document. Il s'agira donc pour nous dans ce point d'interpréter les différents résultats obtenus.

Etant donné le fait que nous sommes dans un modèle de régression multinomiale, les interprétations se feront en termes de probabilités suivant les différentes modalités. Les modalités que nous interprèterons plus dans le cadre de notre étude sont : population active, chômeurs et inactifs.

Au regard des résultats donnés par le tableau d'estimation (annexe1),il vient que notre modèle est globalement significatif au seuil de 1% car Prob chi2=0.0000. De même, le Pseudo R2 = 0.5624 qui signifie que les variables indépendantes expliquent à 56,24% la variable situation d'activité.

Les résultats montrent que, en ce qui concerne la variable âge, elle a une influence positive et significative sur la modalité actif occupé. Ce qui signifie que pour avoir la chance

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d'être considéré comme un actif occupé il faut atteindre un âge précis ; dans le cadre de notre travail l'âge prend deux modalités que sont 15-24ans et 25-34ans. Cependant, elle a une influence négative sur les modalités chômeurs et inactifs ce qui signifie l'âge n'influence pas le fait de ne pas avoir un emploi. Ce qui est tout à fait logique car ce n'est pas parce qu'on atteint une certaine tranche d'âge qu'on est directement qualifié de chômeurs ou d'inactifs.

Au compte de la variable sexe, il existe une corrélation négative et positive entre elle et la modalité 1. Ce qui revient à dire que le statut de travailleur ne dépend pas toujours du sexe de l'individu. Par contre pour les modalités 3 et 4 on constate une significativité forte et positive de cette variable signifiant que la situation de chômage et d'inactivité dépend en ce moment du sexe de l'individu. Ce qui est justifié dans le rapport sur l'insertion professionnelle au Cameroun où il spéculé qu'un jeune de sexe féminin a environ 66% de risque de moins qu'un jeune de sexe masculin d'être chômeur plutôt qu'actif occupé, toutes choses égales d'ailleurs. Par ailleurs, un jeune de sexe féminin a environ 56% de risque de moins qu'un jeune de sexe masculin d'être inactif plutôt qu'actif occupé.

Le niveau d'instruction est négatif dans les modalités 1 et 3 ; ce qui signifie que plus un individu est qualifié, moins il a des chances d'être soit actif soit chômeur. L'éducation n'influencerait pas la situation d'activité d'un jeune. Ce résultat est contraire à nos attentes puisque en réalité et suivant les différentes théories de l'insertion professionnelle, le fait d'avoir reçu une éducation garanti une insertion professionnelle future. Cependant, au Cameron il a été démontré que ceux-là qui sont facilement inséré sur le marché de l'emploi sont ceux ayant une expérience professionnelle aux détriments de ceux n'ayant reçu une formation purement et seulement académique ( Mebara et al) d'où on peut comprendre ce résultat car cette variable ne prend en compte que les jeunes n'ayant pas suivi une formation professionnelle mais uniquement académique.

Pour ce qui est du milieu de résidence, il est significativement positive quel que soit la modalité signifiant ainsi que la zone dans laquelle le jeune se trouve influence ses chances de pouvoir avoir une quelconque situation d'activité. Les jeunes du milieu urbain plus de risque d'être chômeurs et inactifs plutôt que d'être actifs occupés sur le marché du travail.

Il était question dans ce chapitre de vérifier l'assertion selon laquelle l'insertion professionnelle a un lien avec l'éducation. Les tests empiriques sont effectués à partir de la base de données EESI 2010. Les résultats du modèle logit multinomial montrent qu'il existe une correlation négative entre le niveau d'instruction et la probabilité d'avoir une situation

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d'activité pour les jeunes. Ainsi une formation professionnelle recu pourra être un indicateur les jeunes dans la possibilité d'être inseré. En suivant donc beaucoup plus les formations professionnelles, ceci augmenterai la probabilité d'insertion professionnelle des jeunes.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

L'objectif de cette partie était d'identifier le rôle joué par l'éducation dans l'insertion des jeunes sur le marché du travail. Pour y parvenir, l'insertion a été opérationnalisée par la situation d'activité. Les jeunes représentent plus du tiers de la population du pays. Ces jeunes ont très peu recours à l'enseignement technique comparé à l'enseignement général quels que soient le cycle, le milieu de résidence et le sexe. En milieu urbain, le taux de chômage est plus élevé pour les jeunes ayant suivi un cursus académique général que chez ceux ayant suivi un cursus technique ou professionnelle et ce, quel que soit le sexe, même si ce taux reste plus élevé parmi les jeunes de sexe féminin.

Cependant, quand bien même ces jeunes réussissent à s'insérer professionnellement, ils se retrouvent confronté à une situation dans laquelle ils sont obligés n'importe quel emploi même si celui-ci ne correspond pas à la formation initialement reçue . D'où la naissance du phénomène de déclassement dont on parlera dans la partie suivante.

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PARTIE II : INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE DU
DECLASSEMENT DES JEUNES

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INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE

Le recours à la notion de "déclassement" ne devrait a priori guère poser problème tant il est vrai que, dans ses usages courants, le sens du mot va de soi : sa construction lexicale est explicite et son usage bien réglé. L'usage savant du mot, consiste à juger un individu comme « déclassé » au regard de son diplôme lorsque l'emploi qu'il occupe pourrait ou pouvait, dans un état de fait antérieur être occupé par quelqu'un de moins diplômé. Cet usage savant très particulier a trouvé l'un de ses terrains d'application privilégiés dans la description de l'insertion professionnelle des jeunes : est alors considéré comme « déclassé » tout individu qui, à son entrée dans la vie active, occupe un emploi inférieur à celui auquel son diplôme aurait pu lui permettre de prétendre. Par ailleurs, au-delà du chômage et du temps partiel subi, le « déclassement » peut constituer une autre forme de sous-utilisation des compétences humaines sur le marché du travail. Actuellement, le niveau de diplôme est bien un facteur essentiel pour accéder au monde professionnel camerounais, mais cela ne suffit pas à garantir une protection face au chômage et d'autres aléas du marché du travail. De plus, pour les diplômés qui veulent obtenir un emploi, il existe un fort décalage entre le niveau de diplôme atteint et la qualification de l'emploi obtenu. Il existe également un problème d'expérience professionnelle limitée ; les employeurs mettent l'emphase sur l'expérience professionnelle comme facteur clé pour être retenu. Ainsi, les difficultés d'insertion sur le marché du travail camerounais conduisent beaucoup de jeunes diplômés, car ils n'ont pas d'autre alternative, à exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse théoriquement celui requis, les entraînant ipso facto au déclassement professionnel. Pour autant, la fonction publique présente un ensemble de caractéristiques qui fait d'elle un champ d'analyse du déclassement particulièrement pertinent. En effet, elle concentre une population salariée plus diplômée que dans le secteur privé.

Dans cette partie nous nous attarderons à démontrer l'ampleur que le déclassement a sur l'insertion professionnelle des jeunes. Ceci se fera au fil d'un parcours en deux étapes : la première s'attachera à définir un cadre théorique a la notion de déclassement et d'insertion professionnelle. La seconde visera à partir des déterminants de l'insertion pour donner une mesure à l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes.

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CHAPITRE 3 : INSERTION PROFESSIONNELLE ET DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE : UNE APPROCHE THEORIQUE

L'insertion professionnelle correspond à une succession de situations (recherche d'emploi, emploi, chômage, formation, inactivité...) par lesquelles l'individu transite avant de se stabiliser dans un type d'emploi. La durée de la période d'insertion est, en ce sens, relativement difficile à déterminer puisqu'il faut alors s'accorder sur ce qu'est une situation stable et un emploi correspondant à la formation initiale. Les représentations individuelles et collectives ont ainsi un impact significatif dans la définition de l'insertion professionnelle puisque la « stabilisation » sera caractérisée de façon différente selon les personnes. On peut toutefois considérer, de manière générale, que la « stabilisation » désigne le fait de trouver un emploi correspondant au niveau et à la formation de l'étudiant, et dans lequel celui-ci est amené à rester de façon relativement pérenne. Or, les jeunes en emploi sur le marché du travail n'accèdent pas tous à l'emploi à vie dès leur embauche. Ainsi, il sera question pour nous dans ce chapitre de présenter les différents auteurs et théories de l'insertion professionnelle et du déclassement.

SECTION 1 : APPROCHE THEORIQUE DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE

Issu du champ des politiques publiques et de l'économie sociale, le concept d'insertion est apparu dans les années 1960 et s'est fortement répandu par la suite. À l'origine, cette notion concernait la jeunesse et plus particulièrement le processus d'adéquation entre formation et emploi. D'après Nicole-Drancourt et Roulleau-Berger, l'utilisation de ce terme dans les textes législatifs date du début des années 1970. Mais ce n'est véritablement qu'en septembre 1981, à l'occasion d'un rapport sur « l'insertion professionnelle et sociale des jeunes » remis par Bertrand Schwartz au Premier Ministre Pierre Mauroy, que le terme d'insertion fait une entrée en force dans le vocabulaire politique français. Les années suivantes ont vu l'insertion être érigée en problème social et instituée en « impératif national », lors de l'adoption de la loi sur le Revenu Minimum d'Insertion (RMI) en 1988. Néanmoins, la conceptualisation par les sociologues ne s'est faite que depuis les années 1990.

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En outre, il faut préciser qu'au départ, le terme d'insertion n'était pas utilisé pour parler des diplômés. En effet, l'action en faveur de l'insertion professionnelle concernait surtout les personnes peu ou pas qualifiées puisque les diplômés n'avaient, en principe, pas de problèmes pour trouver un travail qui leur corresponde. Aujourd'hui, l'insertion est devenue un terme couramment employé, qui désigne, de façon plus ou moins précise, un ensemble de processus en rapport avec la scolarisation des jeunes, l'intégration harmonieuse dans la société et la recherche d'un emploi. Le terme a ainsi progressivement évolué pour s'appliquer, non seulement aux jeunes peu ou pas qualifiés et aux chômeurs de longue durée, mais également aux diplômés du supérieur.

Il existe de nombreuses représentations autour de l'insertion professionnelle qui rendent ce terme polysémique. Selon TROTTIER, LAFORCE et CLOUTIER(1997), les représentations de l'insertion sont structurées par trois termes que sont la stabilité, la correspondance formation/emploi et la construction d'une identité professionnelle. Selon cette analyse, la plupart des personnes lient l'insertion professionnelle au fait de trouver un emploi stable et correspondant à sa formation, mais aussi et surtout, l'insertion professionnelle apparaît, dans cette perspective, comme un processus de socialisation. Ce serait elle qui permettrait au jeune de passer véritablement à l'âge adulte et de trouver une certaine reconnaissance par ses pairs à travers l'identification à un métier et à un groupe de personnes exerçant la même fonction ou travaillant simplement dans le même lieu. Cette dimension de l'insertion professionnelle apparaît comme très importante car elle souligne un des enjeux lié à l'insertion professionnelle des diplômés : celui de leur intégration dans la société.

Théoriquement, il existe trois perspectives pour aborder la question de l'insertion : suivant le point de vue du sujet en insertion ; de la société qui, posant l'insertion en « impératif national », conçoit et pilote une politique d'insertion ; ou le point de vue du professionnel qui met en oeuvre l'insertion pour le sujet et avec le sujet. Ces trois aspects sont liés mais l'on fera le choix dans cette étude de regarder l'insertion professionnelle telle qu'envisagée par la société, dans le sens où c'est la construction de l'insertion professionnelle comme problème et l'action des autorités publiques qui nous intéressent.

En guise de récapitulatif, on peut suggérer la définition intéressante que proposent Bordigoni, Demazière et Mansuy en 1994 : l'insertion professionnelle correspondrait à un « processus socialement construit dans lequel sont impliqués des acteurs sociaux et des institutions

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(historiquement construites), des logiques (sociétales) d'action et des stratégies d'acteurs, des expériences (biographiques) sur le marché du travail et des héritages socio-scolaires. »

On peut noter qu'il existe finalement un certain déficit de théorisation concernant la notion d'insertion professionnelle, qui fait de celle-ci un terme "fourre-tout". Ce constat amène le sociologue Dubar à écrire, en 1998, que « la notion d'insertion constitue bien, avant tout, une notion du débat social et politique, historiquement datée et sémantiquement floue. ». On voit donc que l'emploi du terme "insertion" est lié à une construction particulière qui s'est opérée dès les années 1960-1970, mais a beaucoup évolué, pour devenir de plus en plus large.

Le concept d'insertion professionnelle est complexe du fait de la multiplicité des réalités auxquelles il renvoie. Diverses représentations et divers acteurs sont susceptibles d'intervenir au cours du processus d'insertion professionnelle : les diplômés, les entreprises, les universités, l'État, les collectivités locales, les professionnels de l'insertion, etc... D'autre part, la notion d'insertion se situe au carrefour de plusieurs disciplines comme la sociologie, les sciences de l'éducation, l'économie ou encore l'histoire. C'est ce qui fait à la fois son intérêt et la difficulté qu'il peut y avoir à saisir tous les enjeux liés à ce thème.

Si l'on en croit Claude Dubar(2001), « le fait de «devoir s'insérer» en essa ant de trouver du travail, à la sortie de l'école ou de l'université est tout sauf un donné naturel qui aurait toujours existé. Au contraire, c'est une exigence relativement récente, en France comme ailleurs. ». Et si aujourd'hui, l'ensemble des orientations politiques en termes d'emploi et de formation en tiennent compte, tant au niveau national qu'au niveau européen et international, cela n'a pas toujours été le cas. Il s'agira donc de voir comment a évolué la représentation de l'insertion professionnelle des diplômés pour mener à une action concrète de la part des autorités publiques, alors que celle-ci n'était pas forcément évidente au départ.

SECTION 2 : APPROCHE THEORIQUE DU DECLASSEMENT

Selon NAUZE-FICHET et TOMASINI, « le déclassement recouvre une sous-utilisation de la main-d'oeuvre potentielle qui dépasse les seuls constats du chômage et du sous-emploi, au sens usuel du terme. Il peut influer sur la motivation des jeunes salariés comme sur leur productivité. Il invite, par ailleurs, à nuancer, en partie, le discours sur les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée ». Le concept de déclassement apparait donc comme un concept qui mérite

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qu'on lui accorde une attention particulière. Le déclassement fait l'objet de débat dans la littérature et, notamment, son caractère transitoire ou durable n'est pas tranché dans les explications théoriques. Par ailleurs, la notion même de déclassement peut renvoyer à plusieurs dimensions : normative, statistique ou subjective, autant de façons de mesurer le déclassement que nous aborderons dans cette section.

II.1 Les débats théoriques autour du déclassement

Le déclassement, encore appelé overeducation par les anglo-saxons, a déjà fait l'objet de nombreuses études et publications. Malgré une définition à peu près unanime selon laquelle « est considéré comme déclassé tout individu dont le niveau de formation initiale dépasse celui normalement requis pour l'emploi occupé », les deux auteurs précités précisent que l'interprétation exacte du concept et l'analyse de ses causes et de ses effets varient fortement, en fonction notamment des hypothèses retenues par les économistes sur le fonctionnement du marché du travail.

Les premières investigations sur la « suréducation » remontent au début des années 1970 aux États-Unis. En effet, Berg (1970) observait que les employeurs profitaient de la hausse de l'offre des travailleurs ayant un niveau de scolarité collégial pour augmenter les qualifications scolaires requises pour un emploi qui n'aurait pas théoriquement nécessité un tel niveau de savoir et de savoir-faire. Ce sera néanmoins Freeman (1976) qui fondera l'acte de naissance d'un véritable champ de recherche sur ce thème. D'un point de vue théorique, le déclassement est envisagé comme transitoire pour certains auteurs, durable pour d'autres. En effet, dans le cadre de la théorie du capital humain, le déclassement correspond à une situation temporaire où les entreprises n'utilisent pas pleinement les qualifications des salariés, ni ne les rémunèrent à leur productivité marginale potentielle. Cette théorie peut également expliquer le déclassement comme le résultat d'un choix délibéré : l'emploi de bas niveau constitue un moyen d'investir en capital humain spécifique (Hartog, 1999). En accord avec cette dernière interprétation, Sicherman (1991) met en évidence une probabilité de mobilité professionnelle ascendante accrue, par promotion interne ou changement d'entreprise, pour les individus déclassés. Dans cette configuration, l'hypothèse qui prévaut est celle d'un rattrapage d'un déclassement initial. Selon Mc Cormick (1990), en situation d'information imparfaite, l'employeur considère l'information relative au dernier emploi occupé par l'individu comme signal de sa productivité. Une situation d'emploi déclassé est identifiée comme signal d'une productivité faible. Ainsi, l'état dans lequel se trouve

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l'individu prime sur son diplôme ; en conséquence, si l'individu ne sort pas rapidement de la situation de déclassement initial, il pourrait s'y trouver enfermé car plus le temps passe, moins le niveau d'études compte. Enfin, le déclassement peut également devenir persistant, si la structure de qualification des emplois n'évolue pas aussi vite que l'offre de diplômés (Tsang et vin, 1985).

Par ailleurs, Thurow(1975) dans « Le modèle de concurrence pour l'emploi » suppose que les salaires, étant associés à la hiérarchie des postes dans l'entreprise, sont prédéterminés. Dans ces conditions, les ajustements sur le marché du travail se font par les quantités, d'où la notion de « concurrence pour l'emploi ». En outre, les caractéristiques de productivité sont supposées attachées aux postes de travail et non aux individus. Les entreprises cherchent alors à embaucher les personnes dont les coûts de formation sont les plus faibles et utilisent pour cela le diplôme comme indicateur de l'aptitude à être formé. Elles choisissent donc les candidats les plus diplômés parmi l'ensemble des demandeurs d'emploi. Ainsi, selon ce modèle, le niveau relatif de formation des individus est plus important que leur niveau absolu dans la mécanique d'ajustement conjoncturel entre offre et demande de travail. La concurrence pour l'emploi implique au niveau macro-économique l'existence d'une file d'attente en tête de laquelle se trouvent les individus les plus diplômés relativement à l'ensemble des demandeurs d'emploi. Comme l'illustre l'analyse de Fondeur (1999), une telle vision du fonctionnement du marché du travail est susceptible d'expliquer le développement de situations de déclassement en période de pénurie d'emplois qualifiés.

II.1.1 Facteurs macroéconomiques du déclassement

Au niveau macroéconomique, le déclassement apparaît, parallèlement au chômage, comme une forme de sous-emploi liée à une pénurie d'emplois qualifiés. L'origine d'une telle pénurie peut être conjoncturelle (insuffisance globale de la demande de travail) ou structurelle (insuffisance relative de la demande de travail qualifié au regard de l'offre de main-d'oeuvre diplômée). Ainsi, selon Chauvel (1998), « la dévalorisation des diplômes n'est pas le résultat de la seule diffusion des diplômes, mais le fait d'un décalage entre le r thme de progression des diplômes et celui de la croissance des postes qualifiés ». Dans un contexte ou le chômage est élevé, le fait d'accepter les situations de déclassement peut découler du fait qu'il y'ait une préférence croissante pour la stabilité de l'emploi, au détriment de sa qualité ou de sa rémunération.

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Quelle que soit son origine macroéconomique, le déclassement est susceptible de s'amplifier par le jeu des différents acteurs sur le marché du travail. Ainsi, conscients de la stratégie d'écrémage des entreprises au sein des candidats à l'emploi, les individus peuvent être incités à poursuivre leurs études, en vue d'obtenir un diplôme qui leur procure une meilleure place dans la file d'attente pour l'emploi. Ce qui conduit plutôt à une amplification du décalage entre les rythmes de croissance des compétences offertes et requises. Réciproquement, les entreprises peuvent se permettre de devenir de plus en plus exigeantes quant au niveau de diplôme détenu par les candidats à l'emploi, pour un poste à pourvoir à qualification requise donnée.

II.1.2 Approche théorique des liens entre formation et emploi

Fondeur (1999), Green et al. (1999) et Sloane et al. (1999) proposent chacun une revue de détail des différentes approches théoriques des liens entre formation et emploi. Trois grandes approches se distinguent : celle fondée sur la théorie du capital humain, celle fondée sur la théorie de l'appariement et les approches à la base des modèles de signalement, au sein desquels se distingue le modèle de concurrence pour l'emploi.

C'est donc la logique de ce dernier modèle que l'on privilégiera pour éclairer l'interprétation et l'analyse du déclassement proposée ici. Les autres approches permettent toutefois de préciser la complexité des liens entre formation et emploi qui relèvent vraisemblablement aussi en partie de ces différents schémas théoriques.

Selon la théorie du capital humain, la formation constitue un investissement conduisant à accroître les capacités productives d'un individu, ces dernières déterminant entièrement la qualification et la rémunération de l'emploi occupé. Le niveau d'éducation ne constitue, par ailleurs, qu'une composante parmi d'autres du capital humain, à côté notamment de l'expérience et du savoir-faire (Mincer, 1974). Dans un cadre où le marché du travail est supposé pleinement efficient, les entreprises, qui cherchent à maximiser leur profit, ont tout intérêt à utiliser au mieux les compétences des personnes employées. On peut ainsi envisager que ces dernières adaptent systématiquement le profil des postes de travail aux compétences des personnes embauchées. Une telle approche met en doute la possibilité de situations de déclassement à proprement parler. La théorie du capital humain envisage malgré tout l'existence de périodes où les individus, ou la société, investissent dans l'éducation au-delà des besoins en main d'oeuvre diplômée. Un tel déséquilibre est néanmoins supposé temporaire, se résorbant naturellement par le jeu des réactions des individus et des entreprises

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(Freeman, 1976). Les premiers sont en effet incités à investir moins dans l'éducation, compte tenu de la baisse de son rendement. Les secondes sont encouragées à modifier leur organisation productive, pour bénéficier du moindre coût du travail qualifié.

Selon la théorie de l'appariement (Jovanovic, 1979), le déclassement est également appréhendé comme un phénomène de court terme, mais selon un tout autre raisonnement. Cette fois, la possibilité de mauvais appariements entre offreurs et demandeurs de travail est supposée résulter du manque d'informations détenues par les agents (sur les compétences des personnes ou sur les caractéristiques des emplois) et du coût pour acquérir ces dernières (coût des procédures d'entretien ou coût de recherche d'emploi, par exemple).

Selon une telle théorie, les situations de déclassement constitueraient pour les individus des erreurs de parcours, dans la phase de recherche d'un emploi adéquat. Ces situations ne seraient néanmoins que temporaires, les individus déclassés étant incités à quitter leur emploi afin d'en obtenir un mieux adapté à leur niveau de compétence. Inversement, les situations de « surclassement » (cas où le niveau de formation initiale des personnes est inférieur à celui normalement requis pour l'emploi occupé) sont envisagées comme pouvant être plus durables. En effet, dans un contexte où la demande de main d'oeuvre diplômée excèderait l'offre, un travailleur surclassé peut être incité à rester dans l'entreprise, car cette situation lui est financièrement favorable. De son côté, l'entreprise peut envisager de garder une personne surclassée.

D'une part, cela lui permet d'épargner de nouveaux coûts de prospection et d'embauche. D'autre part, la personne surclassée peut compenser progressivement l'insuffisance de sa formation initiale par l'acquisition d'expérience et de savoir-faire.

Les modèles de signalement s'appuient également sur l'hypothèse d'une information imparfaite des agents sur le marché du travail. En particulier, les employeurs ne connaissent pas la productivité réelle des candidats à l'embauche. Le diplôme constitue alors pour les entreprises un signal les aidant à identifier les personnes ayant les capacités productives adéquates (Spence, 1973). De leur côté, les travailleurs investissent dans l'éducation pour fournir des signaux clairs aux employeurs, leur permettant d'accéder à des niveaux d'emploi et de salaire élevés. Selon une telle approche, le système éducatif joue avant tout un rôle de sélection des compétences « potentielles » (aptitudes à s'adapter ou à se former aux emplois), plus que de développement des compétences « effectives » (connaissances théoriques ou pratiques). L'utilisation du diplôme comme critère d'appariement est fondé sur l'hypothèse

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que le coût d'acquisition d'un titre scolaire est d'autant plus faible que le potentiel des individus est élevé. Une diminution exogène d'un tel coût d'acquisition peut ainsi brouiller le signal associé aux diplômes et engendrer un phénomène de dévaluation des titres scolaires, plus que de développement du déclassement au sens strict.

Le modèle de concurrence pour l'emploi (Thurow, 1975) s'inscrit dans la lignée d'une telle approche, mais en rupture avec le cadre néoclassique de la plupart des autres modèles de signalement. Dans son ouvrage « Generating Equality », Thurow (1975) s'interroge sur les mécanismes économiques à l'origine des inégalités de revenus. Dans l'analyse traditionnelle, le salaire est supposé être la variable clé d'ajustement entre l'offre et la demande de travail. Conformément à cette approche, on doit s'attendre à ce que cette variable « équilibrante » soit peu dispersée, une fois pris en compte les différents facteurs d'hétérogénéité de la productivité individuelle du travail.

Or, selon Thurow, la statistique peine à mettre en évidence des groupes d'individus aux salaires réellement homogènes. Ce constat parmi d'autres l'incite à envisager une autre description de la mécanique de régulation sur le marché du travail, en alternative à l'hypothèse de concurrence par le salaire (« wage competition »).

Le modèle de concurrence pour l'emploi (« jobcompetition ») développé par Thurow repose sur l'idée qu'une part essentielle des compétences nécessaires pour occuper un emploi donné n'est réellement acquise qu'en occupant l'emploi. Les compétences professionnelles seraient donc largement transmises de manière plus ou moins formelle dans le cadre du travail (« on-the-job training »). De même, la productivité du travail constitue selon lui une caractéristique attachée à un emploi donné et non à la personne qui occupe cet emploi. Du côté de l'offre de travail, les individus se différencient alors, non par leur productivité, mais par le coût nécessaire pour les former à occuper tel ou tel emploi. Pour un emploi et un individu donné, ce coût est une fonction du bagage personnel de la personne (« background characteristics »), c'est-à-dire de ses aptitudes innées, son niveau d'éducation, son expérience professionnelle, etc. Du côté de la demande de travail, les emplois sont hiérarchisés préalablement à l'embauche, selon une grille de qualifications qui correspond aux différentiels de productivité des emplois. Cette grille détermine en même temps la grille des rémunérations, qui est donc en grande partie fixée préalablement aux embauches.

Dans le cadre de ce modèle, le salaire ne peut ainsi constituer une variable d'ajustement conjoncturel entre offre et demande de travail, puisqu'il est largement prédéterminé. La

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logique de régulation du marché du travail est alors la suivante. Pour chaque emploi, qui constitue en même temps une opportunité de formation professionnelle, il existe un ensemble de candidats potentiels.

Ces derniers forment une file d'attente (« labor queue ») au sein de laquelle les employeurs privilégient ceux pour lesquels ils anticipent les plus faibles coûts de formation, compte tenu des indications qu'ils possèdent sur leur bagage personnel. En particulier, pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, le niveau de formation initiale constitue l'indicateur privilégié sinon unique du coût de formation anticipé. Entre plusieurs candidats à caractéristiques identiques, le choix de l'employeur s'apparente ensuite à une loterie.

Ainsi, au niveau global, en fonction du nombre et de la structure des emplois offerts, parallèlement au nombre et aux caractéristiques des candidats à l'emploi, des individus identiques en termes de bagage personnel pourront se voir proposer des emplois de qualifications, salaires et opportunités de formation professionnelle différents. Répondant à son objectif, le modèle de concurrence pour l'emploi est ainsi effectivement susceptible d'expliquer l'importance des inégalités de salaires au sein de groupes de personnes a priori relativement homogènes.

II.2 Mesure du déclassement

Aux difficultés pour cerner le concept de déclassement et ses facteurs explicatifs, correspondent des difficultés tout aussi importantes pour quantifier le phénomène. Mesurer le déclassement suppose de définir la population des déclassés ; il est à noter qu'un déclassé est celui la dont le niveau de formation ne correspond pas avec le niveau « normalement » requis pour l'emploi qu'il occupe. Cette mesure suppose en effet de pouvoir définir dans quel cas la formation initiale correspond ou non à la qualification requise pour, l'emploi occupé, c'est-à-dire dans quel cas la relation formation-emploi peut être considérée comme « normale ».

Dans les travaux empiriques internationaux, on classe les différentes mesures envisagées en trois grandes catégories : l'approche « normative », l'approche « statistique » et l'approche « subjective » (Fondeur, 1999 ; Battu et al., 2000).

L'approche « normative » repose sur l'analyse du contenu en formation qui est a priori nécessaire pour occuper une fonction quelconque ou, réciproquement, du type de professions

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auxquelles prépare un diplôme précis. Cette analyse détaillée permet d'établir une table de correspondance entre diplômes et professions. Cependant, cette approche simple du déclassement normatif n'est pas satisfaisante. Elle met notamment en évidence des requalifications statistiques des contenus de travail non prises en compte dans la correspondance entre diplômes exigés au niveau des concours et emplois. Ces informations existent inévitablement ; pour autant, leur recensement pour tous les métiers de la fonction publique, afin de mettre à jour les correspondances diplômes-contenu des emplois, reste une entreprise considérable, en particulier dans une démarche quantitative.

La mesure du déclassement s'appuie alors sur la comparaison du niveau de formation détenu avec celui « normalement » requis pour l'emploi occupé. Cette approche est largement utilisée aux États-Unis sur la base du « Dictionnary of Occupationnal Titles ». Elle a été également utilisée en France par Affichard (1981) à partir du « code DPJ ». L'approche « normative », qui peut paraître la plus naturelle et la plus objective, suppose un important travail d'analyse à la base. Les travaux, déjà anciens, fondés sur cette approche ne correspondent plus à la situation actuelle du déclassement.

L'approche « statistique » propose de définir plus simplement les correspondances « normales » à partir de ce qui ressort de l'analyse statistique comme étant les situations les plus fréquentes. Elle est généralement utilisée comme substitut à la première méthode, lorsqu'on ne dispose pas de table de correspondance « normative » suffisamment récente. Aux États-Unis, la méthode statistique la plus courante consiste à estimer, profession par profession, le niveau moyen d'études. Une personne est alors considérée comme déclassée si son niveau d'études dépasse de plus d'un écart-type le niveau moyen de la profession. Pour mesurer statistiquement le déclassement, la démarche utilisée par Forgeot et Gautié (1997), à partir de l'examen empirique des tableaux annuels de contingence croisant diplômes et catégories socioprofessionnelles, peut être systématisée. Une analyse des écarts à l'indépendance au sens du chi-deux permet en effet d'établir simplement chaque année une table de correspondance diplôme-catégorie socioprofessionnelle (CS). Celle-ci décrit la norme statistique du moment et permet de repérer, en fonction de cette norme, les personnes « sur-diplômées » ou « sous-diplômées » par rapport au type d'emploi occupé, c'est-à-dire respectivement en situation de « déclassement » ou de « surclassement ».

L'approche « subjective », renvoie à une norme personnelle, à un ressenti. On se réfère à l'auto appréciation des jeunes vis-à-vis de leur situation, à travers la réponse à la

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question : « A propos de cet emploi, diriez-vous que vous étiez utilisé (a) à votre niveau de compétences, (b) en dessous de votre niveau de compétences, (c) au-dessus de votre niveau de compétences ? ». Avoir le sentiment d'être employé en dessous de son niveau de compétences correspond alors à un déclassement subjectif. Les individus, lorsqu'ils s'expriment sur l'usage de leurs compétences, ne se centrent probablement pas sur la correspondance entre formation et emploi. En effet, les compétences renvoient de manière seulement indirecte aux deux dimensions mobilisées pour définir le déclassement statistique ou normatif, à savoir la correspondance entre le niveau de qualification à l'issue de la formation initiale et le niveau de qualification de l'emploi occupé, lu à travers les PCS. En outre, pour l'individu interrogé, d'autres dimensions relatives à la satisfaction professionnelle peuvent contribuer à alimenter ce sentiment de déclassement. Toutefois, « l'approche subjective présente l'intérêt de mieux prendre en compte l'environnement du salarié et de s'affranchir des problèmes de nomenclature d'emploi » (Giret,2005, p. 280).

Source : Forgeot Gérard, Gautié Jérôme (1997)

Utilisant l'approche statistique dans la mesure du déclassement, FORGEOT et GAUTIE ont proposé une table de correspondance reposant sur un critère d'ordre statistique au sens où elle tenait compte aussi bien de l'importance relative des CS à chaque niveau de formation, que, symétriquement, des parts relatives des différents diplômes dans chaque CS. Ils ont donc retenu la table suivante :

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Cette table de correspondance obtenue par approche statistique conduit à une nomenclature des diplômes plus détaillée que celle qu'Affichard (1981) a utilisé. Affichard avait proposé la table de correspondance suivante :

Source : Affichard (1981)

Lecture de la table de correspondance : Les travailleurs se situant dans une profession de niveau supérieur à la norme pour leur diplôme sont considérés comme "sous-diplômés", ils sont dans la situation de sur classement. Par contraire, ceux situés dans une profession de niveau inférieur à la norme par rapport à leur niveau de formation sont considérés comme "sur-diplômés" et sont par conséquent dans la situation de déclassement.

Pour ce qui est de l'analyse des facteurs de déclassement et leur évolution au début des années 90, Forgeot et Gautié ont trouvé que les femmes et les débutants sur le marché du travail sont les plus touchés par le déclassement, ceci dépendant de l'emploi occupé. En effet, le déclassement des femmes est beaucoup plus conséquent: en 1995, plus de 24 % des jeunes femmes étaient sur diplômées, contre moins de 18 % des jeunes hommes. Les débutants étaient logiquement en moyenne davantage sur-diplômés. De ce fait, le déclassement diminuait avec l'ancienneté sur le marché du travail.

Les analyses menées par les deux auteurs ont montré qu'entre 1992 et 1995, les facteurs sociodémographiques ont contribué peu à l'évolution relative du déclassement. Les hommes avaient toujours une propension nettement plus faible que les femmes à être déclassés dans leur emploi. Les jeunes vivants en couple avaient également une probabilité plus faible d'être déclassés. Cette variable restait cependant très corrélée à l'âge de l'individu et à l'expérience professionnelle, qui vont toutes deux dans le sens d'un moindre déclassement. Il était en outre possible que la décision de vivre en couple soit postérieure à la stabilisation professionnelle

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des jeunes. Durant la même période, le statut de l'emploi demeure un facteur important du déclassement, bien que relativement moins discriminant en 1995 qu'en 1992. En effet, les catégories de salariés comme ceux de la FP, bien moins touchées par le déclassement en 1992, le deviennent à l'identique des contrats à durée indéterminée du secteur privé en 1995. De plus, les contrats à durée déterminée, où, on l'a noté, la part des sur-diplômés est plus importante, se sont développés sur la période.

En somme, il était question ici de présenter les différentes théories ayant trait à la notion de déclassement et d'insertion professionnelle. Il apparait donc que même si les formations reçus par les jeunes leur permettent d'accéder au monde de l'emploi, ils sont néanmoins confrontés à des situations de surqualification par rapport à l'emploi occupé. Ce phénomène de déclassement peut être fonction de certaines caractéristiques individuelles telles que le sexe par exemple, l'âge et l'expérience professionnelle. Nous essaierons dans le chapitre qui suit faire une analyse méthodologique sur la mesure de ce phénomène de déclassement.

CHAP 4 : DETERMINANTS DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE DU DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE DES JEUNES

Il est question dans ce chapitre de faire une analyse des déterminants de l'insertion professionnelle grâce à un modèle économétrique logit multinomial afin de pourvoir ressortir une mesure du déclassement. Il sera donc subdivisé en deux sections le cadre méthodologique et les estimations.

SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE

Cette section a pour objectif de mettre en évidence sur un plan empirique la relation insertion professionnelle et déclassement. Les éléments méthodologiques présentés dans cette section portent sur la source des données empiriques, le cadre et la méthode d'analyse. Cette

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section présente les variables de l'étude, les données empiriques ainsi que les outils économétriques employés.

I.1 Sources et cadre d'analyse des données

Les données ici sont toujours ceux collectés par la base EESI 2 et la méthode d'analyse reste celle du logit multinomial.

I.1.1 Variables de l'étude

Dans cette partie nous allons utiliser comme variable à expliquer l'insertion professionnelle à travers la catégorie socioprofessionnelle ayant six modalités. Pour expliquer cette variables on utilisera entre autre le niveau d'instruction de l'individu, le niveau d'instruction du chef de ménage, l'âge, le milieu et le sexe.

I.2 Analyse descriptive

Il s'agit ici de dresser un portrait de l'emploi des jeunes sur le marché et de leur catégorisation socio professionnelle.

I.2.1 Emplois des jeunes par secteur institutionnel

La répartition des emplois des jeunes par secteur institutionnel est un bon indicateur synthétique de la structure du marché du travail des jeunes. On distingue quatre secteurs institutionnels à savoir : le secteur public (administration publique et entreprises parapubliques), le secteur privé formel, le secteur informel non agricole, et le secteur agricole dominé par l'agriculture de subsistance.

Le secteur informel (agricole et non agricole) est le secteur dans lequel la grande majorité de jeunes (92,0%) exercent leur emploi. La part de l'emploi des jeunes dans le secteur formel reste faible (80%). Le secteur informel agricole concentre à lui seul presque la moitié des emplois globaux et plus de deux tiers des emplois ruraux, tandis que le secteur informel non agricole regorge 46,0% des emplois globaux, soit près de 78,6% des emplois urbains et un quart des emplois ruraux. Le secteur formel semble inaccessible aux jeunes, avec à peine 8% des emplois, en raison de la contraction des recrutements, autant dans la Fonction Publique que dans le secteur privé formel.

Tableau 4.1 : Répartition (%) des emplois occupés par les jeunes par secteur d'activité, secteur

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institutionnel, catégorie socioprofessionnelle en fonction du milieu de résidence

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I.2.2 Ancienneté des jeunes dans l'emploi

La répartition des jeunes selon l'ancienneté dans l'emploi révèle que 25,7% ont une ancienneté d'au plus un an, 33,2% ont une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans et 41% ont une ancienneté d'au moins 5 ans.

Chez les jeunes ayant actuellement le statut de patrons ou de travailleurs pour compte propre, près de la moitié (respectivement 45,8% et 45,5%) ont obtenu leur emploi il y a au moins cinq ans. Par ailleurs, chez les cadres, 35,1% ont obtenu leur emploi il y a un an au plus et près de la moitié (47,9%) entre 2006 et 2008.

Quelle que soit la catégorie considérée, la plupart des jeunes ont une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans. En effet, un jeune sur deux (47,9%) qui est dans la catégorie des cadres a une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans. Cette proportion est de 38,4% pour les employés qualifiés, 36,1% pour les manoeuvres, 35,2% pour les patrons, 34,8% pour les travailleurs pour propre compte.

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Tableau 4.2 : Répartition (%) des jeunes actifs occupés par ancienneté selon la catégorie socioprofessionnelle

I.3 Construction du modèle

Une fois le cadre d'analyse défini et le tableau sur la situation des jeunes sur le marché du travail dressé, il est important de présenter le modèle économétrique empirique qui nous permettra d'expliquer la relation éducation et insertion professionnelle.

Le modèle retenu pour notre analyse est celui du logit multinomial. Issu de la classe des modèles multinomiaux non ordonnés, il satisfait une hypothèse particulière qui est l'hypothèse d'Indépendance des Alternatives Non Pertinentes (IANP ou IIA en anglais pour Independance of Irrelevant Alternative). Cette hypothèse traduit le fait que le rapport de deux probabilités associées à deux évènements particuliers est indépendant des autres événements.

L'utilisation essentielle de cette classe de modèle est de rendre compte de choix probabilistes. Les modèles multinomiaux non ordonnés sont en effet avant tout des modèles permettant de décrire des choix individuels en présence d'utilité stochastique. Les choix probabilistes supposent qu'un individu ait à effectuer un choix rationnel entre m + 1 modalités procurant m + 1 niveaux de satisfaction différents pour l'individu. Le niveau d'utilité est considéré comme étant stochastique et décrit par une fonction U (.) dépendant d'un terme aléatoire. pour chaque modalité j = 0, 1, ..,m, l'utilité de l'individu s'exprime sous la forme suivante :

Uj = U (xj , åj) = v (xj) + åj ?j = 0, 1, ..,m

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v (.) est une fonction continue déterministe et où åj est une variable aléatoire i.i.d. Une variable polytomique y prenant m + 1 modalités suivant les choix de l'individu est défini:

y = j si l'individu choisit la j`eme modalité ?j = 0, 1, ..,m

Le modèle logit multinomial indépendant (ou logit multinomial) est obtenu lorsque la fonction v (.) est linéaire, les paramètres fij diffèrent selon les modalités et les variables explicatives varient uniquement en fonction des individus, c'est à dire lorsque

v (xi,j) = xifij

Dès lors, on peut définir la forme générale de la probabilité que l'individu i choisisse la modalité j de la façon suivante :

Prob (yi = j) = ? =

?

Où le vecteur â0 est normalisé à zéro : = 0. Sous l'hypothèse de normalisation = 0, la probabilité associée à la modalité de référence 0 est définie par :

prob ( = ) = ? = ?

I.3.1 Specification du modèle

Le modèle à estimer est écrit comme suit pour chacune des modalités prise par la variable dépendante (j=1,2,3,4,5,6)

Avec : la variable dépendante

: le sexe de l'individu

: le niveau d'instruction du chef de famille : le niveau d'instruction de l'individu

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: le milieu de résidence des jeunes

SECTION II : RESULTATS ET DISCUSSIONS

II.1 Estimations

L'estimation des paramètres des modèles logit multinomiaux peut se faire de différentes façons : Méthodes du maximum de vraisemblance, méthodes de moments : GMM, moments simulés etc.., méthodes non paramétriques et semi-paramétriques. Nous utiliserons ici la méthode du maximum de vraisemblance à information complète.

La vraisemblance associée à un modèle logit multinomial indépendant à m+1 modalités s'écrit en fonction de m vecteur de paramètres âj, j = 1, ..,m du fait de la normalisation â0 = 0. Ainsi l'estimation des paramètres du modèle logit multinomial s'effectue alors en maximisant la log-vraisemblance par rapport aux vecteurs de paramètres (â1, â2, ..., âm) :

log L ( , â1, â2, ..., âm)= ? ?

avec yi,j = 1 si yi = j et 0 sinon, et où les probabilités Prob (yi = j) sont définies par :

Prob (yi = j) = ?

= ?

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Notons au passage que la fonction de log-vraisemblance d'un modèle logit multinomial indépendant est globalement concave et que par conséquent on peut utiliser différents algorithmes d'optimisation numérique propres à ce type de problème (Newton Raphson par exemple) et que les résultats ne sont pas sensibles au choix des conditions initiales de ces algorithmes.

II.2 Les résultats économétriques

Au vue des résultats donnés par le tableau de regression (annexe 2) il ressort les interprétations suivantes :

Les risques pour un jeune d'être chômeur plutôt qu'actif occupé augmentent avec le niveau d'instruction. En effet, un jeune de niveau d'instruction "primaire" a 13,2% de risques de moins qu'un jeune de niveau d'instruction "secondaire technique" d'être chômeur plutôt

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qu'actif occupé. Par contre, un jeune de niveau "supérieur" a 2,8 fois plus de risque qu'un jeune de niveau d'instruction "secondaire technique" d'être chômeur plutôt qu'actif occupés

Par rapport au niveau d'instruction des parents, les jeunes dont le père a un niveau d'instruction primaire ou secondaire ont respectivement 3% et 7% de risque de moins que ceux dont le père est sans instruction d'être chômeurs plutôt qu'actifs occupés. Le jeune dont la mère a le niveau d'instruction secondaire ou supérieur a 1,2 fois plus de risque que ceux dont la mère est sans instruction d'être chômeurs plutôt qu'actifs occupés.

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CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

A. Conclusion

L'objectif de cette étude était d'identifier les déterminants de l'insertion des jeunes sur le marché du travail. Pour y parvenir, l'insertion a été opérationnalisée par la situation d'activité.Les jeunes représentent plus du tiers de la population du pays. Ces jeunes ont très peu recours à l'enseignement technique comparé à l'enseignement général quels que soient le cycle, le milieu de résidence et le sexe.

En milieu urbain, le taux de chômage est plus élevé pour les jeunes ayant suivi un cursus académique général que chez ceux ayant suivi un cursus technique ou professionnelle et ce, quel que soit le sexe, même si ce taux reste plus élevé parmi les jeunes de sexe féminin. Les jeunes éprouvent des difficultés à s'insérer sur le marché du travail et quand bien même ils ont réussi à s'y insérer, ils occupent dans la plupart des cas des emplois précaires dans le secteur informel. Le secteur formel leur étant presque inaccessible, la quasi-totalité des jeunes au Cameroun trouvent refuge dans le secteur informel où ils exercent comme aides familiaux et dans une moindre mesure comme travailleurs indépendants. Conséquemment, ils perçoivent une faible rémunération et sont en situation de sous-emploi. En outre, ils exercent généralement leur activité sans contrat de travail et parfois sans bulletin de paie.

Ce diagnostic global incite à la recherche des déterminants de la situation d'activité des jeunes sur le marché du travail. Au niveau national, la région d'enquête, le milieu de résidence, l'âge, le sexe, le fait d'avoir suivi une formation professionnelle ou non, le niveau d'instruction, la situation d'activité du père, le niveau d'instruction du père sont des déterminants de l'insertion professionnelle des jeunes.

En milieu urbain, la région d'enquête, l'âge, le sexe, le statut migratoire, le fait d'avoir suivi une formation professionnelle, le niveau d'instruction expliquent la situation d'activité du jeune.

Au delà de ces résultats liés aux caractéristiques individuelles, il est important de souligner que la situation de l'économie en général (macroéconomie) soit favorable pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes.

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B. Recommandations

La mise en place des politiques de formation professionnelle et de formation en alternance couplée à la promotion de l'auto emploi et à la décence des conditions d'activité chez les jeunes s'avèrent nécessaires pour éviter l'aggravation de la précarité des emplois occupés par les jeunes. Plus spécifiquement, il est nécessaire de:

· accélérer la mise en place des politiques visant l'amélioration de l'offre de la formation professionnelle, modalité importante de l'accès à un emploi de qualité ;

· sensibiliser les ménages sur l'importance de la formation professionnelle pour l'emploi ;

· recentrer l'organisation et le fonctionnement des établissements de formation supérieure diplômante (BTS, HND, DSEP, Licence professionnelle, etc.) et de formation professionnelle qualifiante à travers ; (i) la réorientation des programmes de formation en insistant sur la méthode d'alternance ; (ii) le recrutement de formateurs et enseignants desdits établissements ; (iii) l'appui multiforme à ces structures de formation ;

· diversifier les programmes d'insertion professionnelle en faveur des jeunes, des femmes et des personnes de niveau d'instruction supérieur et mettre en place le guichet unique pour l'emploi ;

· renforcer le système d'information (ONEFOP) et celle de l'orientation professionnelle (COSUP, FNE,...), ce qui permettrait de limiter en amont les délais d'insertion des chercheurs d'emploi et l'adoption par ces derniers des canaux formels de recherche d'emploi.

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ANNEXES

Annexe 1 : tableau de regression logit multinomial

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Annexe 2 : tableau de regression logit multinomial sur le déclassement

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