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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
SOMMAIRE
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
RESUME iv
ABSTRACT v
LISTE DES ABREVIATIONS vi
LISTES DES TABLEAUX vii
INTRODUCTION GENERALE 1
PARTIE I : EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES
JEUNES CAMEROUNAIS .. 14
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE SUR
L'EDUCATION ET
L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES 16
SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS-CLES 16
SECTION II : CADRE THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET L'INSERTION
PROFESSIONNELLE 22
CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE SUR LA RELATION EDUCATION ET
INSERTION
PROFESSIONNELLE DES JEUNES 29
SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ANALYSE 29
SECTION II : ESTIMATION ET RESULTATS ECONOMETRIQUES 38
PARTIE II : INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE DU
DECLASSEMENT DES
JEUNES 42
CHAP 3 : INSERTION PROFESSIONNELLE ET DECLASSEMENT
PROFESSIONNELLE :
UNE APPROCHE THEORIQUE 44
SECTION 1 : APPROCHE THEORIQUE DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE
44
SECTION 2 : APPROCHE THEORIQUE DU DECLASSEMENT 46
CHAP 4 : DETERMINANTS DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE
DU
DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE DES JEUNES 56
SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE 56
SECTION II : RESULTATS ET DISCUSSIONS 61
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 63
REFERENCES 65
ANNEXES 68
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DEDICACE
Ce travail est dédié à ma
grand-mère WEYENO JUSTINE de regretté mémoire. Elle a
toujours été celle-là qui m'a le plus encouragé
mais est parti bien avant que le travail ne s'achève. Ceci est pour
elle
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REMERCIEMENTS
Certes que ce travail a été assez long et
difficile, mais grâce aux encouragements et soutien de beaucoup de
personnes, j'ai pu arriver jusqu'au bout. Le moment est donc venu de les
remercier de leur soutien.
- Tout d'abord je rends gloire au Dieu tout puissant pour les
grâces et la force dont il m'a chargé tout au long de cette
période ; il est la source de toute sagesse et intelligence.
- Ma reconnaissance et ma grande gratitude vont
particulièrement à l'endroit du Pr MIAMO Clovis qui, animé
de bonne volonté a bien voulu diriger le présent travail ;
malgré ses multiples occupations, il répondait toujours
présent pour nous autres étudiants sous son encadrement. Ses
précieux conseils et critiques ont considérablement permis de
réaliser ce travail. Je le remercie infiniment pour sa patience et son
soutien régulier.
- Mes remerciements vont aussi à l'endroit du Dr KAFFO
Faustin pour sa disponibilité et ses précieux conseils.
- Un grand merci au doyen de la faculté des sciences
économiques et de gestion Pr AVOM Désiré et tout son staff
pour avoir mis à notre disposition tous les moyens nécessaire
à la bonne réalisation de nos travaux.
- Merci à ma maman BOMNDA Martine pour ses encouragements
incessants, et sa grande tolérance pendant cette période. Merci
à celui-là qui pour moi est un père le Dr TCHOUALAG
Laurent pour ses encouragements et son soutien financier. Merci à la
grande famille YANGA, à Mme PEZZANA Marie épse NNOUMA, la famille
FOUMANE, à Mme EKOUDI pour leur présence et leur mobilisation
à mes côtés pendant ces moments.
- Un merci particulier à ces amis-là qui n'ont
cessé de m'encourager chaque jour et qui étaient là pour
m'aider : NESSA HAMIDOU, KENGNI Barthele, SEUMO Finesse, AQUILA Nji, MASODA
Julien, TCHINO Daniel. Merci très particulièrement au Phd
candidate DJEKONBE Djimoudjiel pour sa disponibilité et sa
précieuse aide.
- Je ne saurais terminer ces propos sans remercier ma grande
famille YMCA de Dschang-ville pour leurs encouragements et leurs prières
en mon égard.
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
RESUME
La présente étude vise à vérifier si
l'éducation est un catalyseur d'accès au marché de
l'emploi pour les jeunes camerounais en examinant l'impact des diverses
dimensions de l'éducation sur l'insertion professionnelle des jeunes
camerounais. Le déclassement ou suréducation est actuellement un
problème majeur de société dans les pays en
développement. Il constitue une autre forme de sous-utilisation des
compétences humaines. Son analyse est d'un enjeu important pour une
économie comme celle du Cameroun. Du point de vue de
l'évaluation, l'identification de la suréducation à la
lumière de nombreux travaux effectués dans ce domaine repose sur
des mesures distinctes qui ne donnent pas l'espoir de disposer d'une mesure
simple, précise et complète. Dans les approches traditionnelles
dites normative, statistique et subjective, la mesure de la suréducation
est rendue possible par la définition d'une norme d'éducation
requise. Pourtant, le choix de cette norme est discutable du fait de sa double
perception à la fois objective et subjective. Dans la présente
étude nous utiliserons un modèle logit multinomial pour montrer
comment es ce que l'éducation influence l'insertion des jeunes et
comment on peut partir des déterminants de l'insertion pour expliquer le
déclassement.
Mots clés : éducation, insertion
professionnelle, suréducation,
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
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ABSTRACT
The aim of this study is to test whether education is a catalyst
for access to the labour market for young Cameroonians by examining the impact
of the various dimensions of education on the professional integration of young
Cameroonians. Decommissioning or over-education is currently a major societal
problem in developing countries. It is another form of underutilization of
human skills. Its analysis is an important issue for an economy like
Cameroon's. From an evaluation perspective, the identification of
over-education in the light of much work in this area is based on separate
measures that do not give hope of a simple, accurate and comprehensive measure.
In traditional normative, statistical and subjective approaches, the
measurement of over-education is made possible by the definition of a required
standard of education. However, the choice of this standard is questionable
because of its dual perception, both objective and subjective. In this study we
will use a multinomial logit model to show how education influences the
integration of young people and how we can start from the determinants of
insertion to explain decommissioning.
Keywords: education, job integration,
over-education
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LISTE DES ABREVIATIONS
ASS : Afrique subsaharienne
BIT : bureau international du travail
CEMAC : Communauté économique
et monétaire de l'Afrique centrale
DSCE : Document de stratégie de
croissance économique
ECAM3 : troisième enquête
camerounais auprès des ménages
EESI 2 : deuxième enquête sur
l'emploi et le secteur informel
FMI : fond monétaire international
FNE : fond national de l'emploi
IIDRIS : indexe international et dictionnaire
de la réadaptation et l'intégration sociale
INS : institut national de la statistique
OCDE : organisation de coopération et
de développement économique
OIT : organisation internationale du
travail
ONU : Organisation des nations unies
PIB : produit intérieur brut
RGPH : recensement général de
la population et de l'habitat
UNESCO : organisation des nations unies pour
l'éducation la science et la culture
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déclassement professionnel des jeunes
LISTES DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Proportion (%) des jeunes dans la population selon
le sexe, par région d'enquête et milieu de résidence ;
répartition (%) des jeunes par région d'enquête et milieu
de
résidence 32
Tableau 2.2 : Répartition (%) des jeunes par niveau
d'instruction, taux d'alphabétisation et
durée moyenne des études, selon le milieu de
résidence et le sexe .33
Tableau 2.3 : Taux d'activité au sens du BIT pour les
personnes de 10 ans ou plus par région
d'enquête, groupe d'âges selon le milieu de
résidence et le sexe (%) 34
Tableau 2.4 : Répartition (%) des jeunes en situation
d'inactivité par raison d'inactivité selon
le sexe .35
Tableau 2.5 : Taux de chômage en milieu urbain par cycle
d'études et selon le sexe 36
Tableau 4.1: Répartition (%) des emplois occupés
par les jeunes par secteur d'activité,
secteur institutionnel, catégorie socioprofessionnelle en
fonction du milieu de résidence 58
Tableau 4.2 : Répartition (%) des jeunes actifs
occupés par ancienneté selon la catégorie
socioprofessionnelle 59
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LISTES DES FIGURES
Graphique 2.1 : Répartition des jeunes par situation
d'activité 34
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INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE
La problématique de l'insertion sur le marché du
travail est un défi que rencontre à la fois les pays
développés et les pays en développement. Celle-ci est
liée entre autre au problème de chômage et de sous-emploi.
Pour aider à comprendre et résoudre ces problèmes, l'ONU,
la Banque mondiale et le BIT s'engage à faire des études en
collaboration avec les pays membres afin d'apporter des solutions à ces
problèmes. Dans les pays africains, les conditions d'entrée sur
le marché du travail et les conditions d'exercice d'une profession sont
très difficiles et dans la plupart des cas ce sont les jeunes qui sont
défavorisés. Suite au sommet extraordinaire des chefs d'Etat et
de Gouvernement de l'Union Africaine sur l'emploi et la lutte contre la
pauvreté qui s'est déroulé à Ouagadougou du 3 au 9
septembre 2004, un plan d'action pour créer des opportunités
d'emplois productifs et décents en vue de la réduction durable de
la pauvreté et du développement socioéconomique a
été défini. Il a insisté sur le fait que les
programmes et politiques relatifs à l'emploi doivent viser
prioritairement des groupes vulnérables et notamment les jeunes, qui
connaissent un chômage et un sous-emploi croissant.
La problématique de l'insertion des jeunes sur le
marché de l'emploi relève que la formation scolaire ou
universitaire de ces derniers est souvent moins bien considérée
par les demandeurs de travail. Les jeunes se retrouvent à la sortie du
système éducatif dans ce que VERDIER a appelé en 1993
« sas de transition », pour ne pas faire face au chômage. Cette
situation décrit le fait que les jeunes pour subvenir à leur
besoin exercent des emplois ne correspondant pas à leurs qualifications
et/ou sont sous payés. C'est ainsi que la plupart des jeunes se
retrouvent employés dans le secteur informel caractérisé
par des emplois précaires.
Au Cameroun, la question de l'emploi des jeunes est
d'actualité. Déjà, la grande crise qui a frappé le
pays entre 1985 et 1994 avait pratiquement réduit les chances des jeunes
d'accéder à un emploi salarié. Suite à la situation
morose qui prévalait on est passé d'une situation
d'autorégulation du marché du travail avec l'Etat comme principal
employeur à une situation ou le secteur privé est
considéré comme le nouveau pourvoyeur
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
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d'emploi. De ce fait, la transition entre l'école et le
premier emploi décent connait de longues périodes d'attente
pendant lesquelles les jeunes sont le plus souvent confrontés à
des emplois précaires. En 2005, une enquête sur l'emploi et le
secteur informel a montré que le taux de chômage était de
4,4% et le taux de sous-emploi de 75,8%. Ceci étant donc, le
problème d'insertion se pose en termes de sous-emploi et non de
chômage. Face à cela, les pouvoirs publics ont mis sur pieds des
actions facilitant l'accès à un emploi de qualité. Le
Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) dans lequel
est consignée la politique économique actuelle du pays met un
accent sur l'emploi productif et décent avec le capital humain comme
moteur de l'émergence en 2035.
C'est dans cette optique que pour une période
2016-2020, l'Etat Camerounais a adopté un document de stratégie
du secteur de l'éducation et de la formation en s'orientant sur trois
axes stratégiques que sont : l'accès et l'équité,
la qualité et la pertinence, la gouvernance et le pilotage. Partant du
second axe, l'objectif premier est d'améliorer la qualité des
apprentissages dans l'enseignement primaire et secondaire. A cet effet les
enquêtes ont montré une détérioration dans la
qualité des apprentissages ces quinze dernières années.
Ainsi le taux d'achèvement en relation avec la qualité
d'apprentissage est de 72% au primaire ce qui traduit un niveau de
rétention insuffisante alors que le Cameroun vise une scolarisation
universelle.
L'une des premières théories à avoir
abordé la question d'éducation et insertion sur le marché
du travail est la théorie du capital humain1. Les
théoriciens du capital humain ont démontré la place
importante que l'éducation joue dans le développement d'un pays
car elle améliore la qualité de main d'oeuvre et ainsi la
productivité du travail. Ils en ressort que ceux des personnes ayant
étudié sont moins confrontés au chômage et au
sous-emploi et de ce fait ont une meilleure situation sur le marché du
travail.
Le Cameroun est un pays de l'Afrique centrale
s'étendant entre le 2ème et le 13ème
degré de latitude Nord d'une part et entre le 8ème et
le 16ème degré de longitude Est d'autres part.
Peuplé d'environ 24 millions d'habitants en 2017 (Banque Mondiale) avec
une population active d'un peu plus de 10millions d'habitant, le Cameroun est
un pays a revenu intermédiaire de tranche inférieure dont la
croissance du PIB est estimé à 3,7% en 2017 et le PIB par
tête est de 3400dollars. Il partage ses frontières avec le Gabon,
le Congo, le Nigéria, le Tchad, la Guinée Equatoriale et la
République Centrafricaine. C'est un pays richement doté en
ressources naturelles et agricoles (pétrole et gaz, minerais et
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
bois précieux, café, maïs...). Le Cameroun
est la principale économie de la CEMAC. Une zone ayant subi le choc
causé par la chute des prix du pétrole .Les pays de la zone y
compris le Cameroun ont été obligés de mettre en place des
mesures d'ajustement budgétaire leur permettant de rétablir leur
stabilité macroéconomique. Le Cameroun devrait en particulier
enregistrer une croissance du PIB réel d'environ 8% sur la
période 2015-2035.
Avant la crise économique des années 80, les
camerounais avaient une stratégie de recherche d'emploi classique
reposant sur les concours, l'auto emploi, les recrutements et prospection
directes auprès des employeurs. Mais face à cette crise le pays a
dû recourir à des réformes économiques qui se sont
traduites par des licenciements du personnel, des fermetures d'entreprises, des
compressions et des programmes d'ajustements structurels mis en place avec
l'appui du FMI et de la Banque Mondiale entrainant ainsi une réduction
du volume d'emploi et de recrutement. En outre, la forte croissance
démographique d'une part et le retard à s'adapter du
système de formation au marché du travail d'autre part confronte
chaque année plusieurs jeunes fraichement sortis du système
éducatif au marché du travail. Face à ce contexte sombre
de l'économie, les jeunes ont de plus en plus de peine à
s'insérer.
Fort heureuse, cette situation a poussé le gouvernement
à mettre en place des mesures pour assurer la promotion et/ou la
sauvegarde de l'emploi ceci à travers la création du Fonds
National de l'Emploi(FNE) en 1990, de l'Observatoire National de l'Emploi et de
la Formation Professionnelle en 2002, et bien d'autres.
II. PROBLEMATIQUE
Suite à ce contexte, il apparait que lorsqu'on parle
d'insertion professionnelle l'accent est mis sur le marché du travail.
Il donc important de faire ressortir la relation entre éducation et
marché du travail. Ainsi va donc se fonder la littérature pour ce
thème.
L'approche économique contemporaine de
l'éducation s'est développée à partir de la fin des
années 1950 avec les travaux de Schultz (Prix Nobel 1979), Becker (Prix
Nobel 1992) et Mincer qui ont fondé la théorie du capital humain.
Cette théorie relève que les compétences acquises dans le
système d'enseignement rendent les individus plus productifs et de ce
fait les revenus issus de leur travail ne peuvent qu'en être
augmenté.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 4
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Dans cette théorie, l'éducation est
perçue comme un investissement en capital humain en ce sens que chaque
individu décide de la durée et du contenu de ses études en
fonction de ses couts et des bénéfices espérés dans
le futur. De cette décision émane donc la demande
d'éducation à laquelle le système d'enseignement
répond en termes d'offre. L'enseignement est donc présenté
comme un processus de production du capital humain dont les dépenses
d'éducation sont traduites en résultats scolaires. Cette
théorie soutien donc l'hypothèse selon laquelle
l'éducation serait une condition suffisante pour accéder à
un emploi. Cependant Tanguy (1986) démontrera dans son ouvrage
l'introuvable relation formation-emploi que l'éducation est
certes une condition pour accéder à un emploi sur le
marché du travail mais il y'a aussi d'autres variables qui doivent
être prise en considération dans l'accès à l'emploi.
Elle s'aligne ainsi à la suite des penseurs comme Arrow(1973) pour qui
l'éducation est avant tout un signalement. Partant du fait que les
employeurs ne peuvent avoir d'informations réelles sur la
productivité des candidats, ils sont juste limités aux
diplômes et au niveau d'études. L'éducation apparait donc
comme un filtre permettant de détecter et de conserver les candidats les
plus « capables » à priori. Thurow (1975) le rejoindra par la
suite en stipulant que puisque l'employeur ne dispose pas des connaissances sur
le cout d'éducation de chaque individu, il se servira donc des
explicites de chacun comme reflet de l'aptitude à être
formé. En outre, Thurow met un accent sur le fait que la
productivité réside dans l'emploi et non dans le travailleur.
Ainsi, « au cours des décennies
écoulées, le nombre d'étudiants engagés dans les
études supérieures a beaucoup augmenté »2.
Les jeunes se ruent massivement vers les études universitaires et
supérieures quoique cette évolution s'opère dans un
contexte de faible croissance économique et de progression continue du
taux de chômage, favorisant la dégradation des conditions de
l'insertion des jeunes diplômés sur le marché du travail.
Les jeunes se retrouvent donc dans une situation où ils doivent arbitrer
entre chômage et l'emploi disponible (même si celui-ci ne
corresponde pas à leur niveau de diplôme), leur insertion sur le
marché du travail est faite au prix d'un déclassement
professionnel. Les jeunes diplômés sont donc prêts à
exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse
celui théoriquement requis ou à percevoir un salaire
inférieur à celui correspondant théoriquement à
leur niveau d'instruction3.
Est considéré comme «
déclassé », tout individu qui, à son entrée
dans la vie active, occupe un emploi inférieur à celui auquel son
diplôme aurait pu lui permettre de prétendre. Compte tenu de la
forte croissance de l'offre de main-d'oeuvre diplômée
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
relativement à celle de la demande de travail
qualifié, de telles situations sont devenues fréquentes sur le
marché du travail.
La notion de déclassement reste souvent floue ou
contestée en sciences sociales perçue comme le reflet des
pratiques de surqualification des employeurs pour certains ou, à
l'inverse, comme le produit de la sur-éducation des jeunes pour
d'autres, la logique explicative de ce phénomène reste donc en
tension. Se référant à l'acception de BOURDIEU (1978), il
faut souligner qu'un individu est déclassé quand il est contraint
de renoncer au classement social qu'il pensait obtenir grâce à son
diplôme. Néanmoins, l'idée de contrainte forme un
élément essentiel dans le « renoncement », il s'analyse
en lien avec l'état du marché du travail sur lequel le jeune se
positionne.
Bon nombre des pays de l'ASS suite aux difficultés
liées à leur enlisement dans les persistantes crises
socioéconomiques ces deux décennies, vivent des situations
paradoxales. Car, à mesure que la population croît rapidement les
conditions de vie se dégradent de plus en plus rendant ainsi plus
difficile la situation sur le marché du travail.
Avec la saturation de l'État Camerounais qui est
resté depuis l'indépendance en 1960 le principal pourvoyeur
d'emploi du pays, le recrutement des diplômés a connu un
inquiétant tassement. Les jeunes qui constituent la frange de la
population active la plus affectée sont les moins outillée pour
lutter contre le chômage car, 70 % de jeunes qui arrivent sur le
marché du travail camerounais n'ont aucune qualification en termes de
métier. Ainsi, malgré les dispositifs d'aide à l'insertion
mis en place par l'Etat, le chômage des jeunes reste une
préoccupation. Les données du recensement démographique de
1987 indiquaient que le chômage des moins de 25 ans représente 66
% du chômage total et celui de la tranche des 15-29 ans, 80 %; les
conclusions de l'étude du Groupe d'études et de recherches en
économie appliquée du centre universitaire de Douala (1988, 35)
qui relèvent que 52 % des diplômés de l'enseignement
supérieur sont au chômage (Tama Ateba, 1996, ) ont sans doute
largement contribué à la détermination du gouvernement
à réorienter la politique de l'éducation vers le monde de
l'entreprise.
Mebara (1984) fait figure de pionnier dans la recherche sur
l'éducation, l'emploi et le salaire au Cameroun. Ce dernier montre que
:les entreprises ont tendances a ne recruter que les étudiants ayant une
expérience du terrain au détriment de ceux qui, ayant un
diplôme équivalent n'ont suivi qu'un cursus uniquement
universitaire ; il existe des inégalités en matière
d'importance accordée par le pouvoir public a l'enseignement
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
général par rapport à l'enseignement
technique ; dans le supérieur les disciplines littéraires et
juridiques sont dominantes des disciplines scientifiques. Cette approche,
quoique ancienne dans les textes reste encore présente aujourd'hui car
malgré les efforts consentis, l'insertion sur le marché du
travail demeure une préoccupation permanente.
Actuellement, le niveau de diplôme est bien un facteur
essentiel d'accès au monde professionnel Camerounais, mais il ne suffit
pas à garantir une protection face au chômage et d'autres
aléas du marché du travail. De plus, pour les
diplômés qui veulent obtenir un emploi, il existe un fort
décalage entre le niveau de diplôme atteint et la qualification de
l'emploi obtenu. La demande de travail pour des emplois qualifiés n'est
pas suffisante par rapport à l'offre de main-d'oeuvre
diplômée. Ainsi, les difficultés d'insertion sur le
marché du travail conduisent beaucoup de jeunes diplômés,
car ils n'ont pas d'autre alternative, à exercer un emploi pour lequel
leur niveau de formation initiale dépasse celui théoriquement
requis, les entraînant de ce fait au déclassement
professionnel.
Face à cette situation, il apparait opportun
d'approfondir les analyses sur la notion d'insertion professionnelle des jeunes
au Cameroun. Au regard des développements et la problématique
ci-dessus la question principale qui servira de fil conducteur à nos
investigations est celle de savoir : Quel est le lien existant
entre l'éducation et l'insertion professionnelle des jeunes au Cameroun
et quelle est l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes
camerounais ? De cette question principale peuvent naitre deux
questions spécifiques que sont :
-Quel est l'apport du niveau d'études et/ou de
formation professionnel dans l'insertion des jeunes sur le marché du
travail ?
-les jeunes formés (diplômés)
trouvent-ils toujours un emploi cadrant avec leur niveau de formation ?
III. OBJECTIFS
Ce travail de recherche est centré sur un objectif
principal qui est le suivant : Faire une analyse profonde sur le
lien existant entre l'éducation et l'insertion des
jeunes
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
camerounais sur le marché du travail.
Des objectifs spécifiques sont tirés de cet
objectif principal à savoir :
- évaluer l'impact du niveau d'éducation sur
l'insertion des jeunes sur le marché du travail.
-faire une analyse sur l'ampleur du déclassement
professionnel des jeunes dans la fonction publique.
IV. HYPOTHESES
Pour essayer d'apporter une réponse aux différentes
questions soulevées plus haut des hypothèses peuvent être
posées :
H1 : l'insertion professionnelle est fonction de
l'éducation
H2 : Le niveau d'insertion professionnelle des jeunes
diplômés sur le marché du travail serait bas avec comme
conséquence une grande ampleur du déclassement
professionnel
V. REVUE DE LITTERATURE
La littérature autour de la problématique de
l'insertion professionnelle et de l'éducation a fait l'objet de
plusieurs débats et ont confronté plusieurs théoriciens
tant économistes que sociologues. Il serait donc plus judicieux
d'essayer de présenter l'apport de ces théories.
Revue théorique
Même si les théories sur le marché du
travail sont relativement muettes à l'égard de l'insertion
professionnelle, il est possible de déceler certains
éléments implicitement explicatifs. Les principales grandes
théories sont celles du capital humain, de la quête d'emploi et du
double marché de travail. Les deux premières se situant dans le
prolongement de la théorie néoclassique (Dubar 1980).
Selon la théorie néoclassique, le marché
du travail repose principalement sur la motivation économique des
acteurs car chacun recherche la satisfaction maximale de leurs
intérêts. Tandis que les employeurs recherchent une production
plus efficace à moindre couts,
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 8
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
les travailleurs eux investissent dans l'éducation et
la formation afin de se garantir un meilleur salaire dans de meilleures
conditions de travail. Le marché de travail ici est
représenté comme un lieu de compétition parfaite entre
offrant et demandeur d'emploi étant chacun influencé par
l'environnement social ayant presque les mêmes effets sur tous.
La théorie de la quête de l'emploi
développé par George Stigler dans les années 1960,
s'intéresse plus particulièrement au comportement rationnel du
chercheur d'emploi et tente «de définir une période et un
processus d'insertion en s'attachant à ses actes et plus
précisément à l'utilisation de son temps »(Vincens
1981). Donc, la variable lourde ici devient l'utilisation du temps de
l'individu car un changement majeur est opéré dans celui-ci.
Cette approche théorique repose sur un équilibre individuel. Un
individu est en équilibre quand il suppose qu'il ne peut accroitre ses
bénéfices en répartissant son temps entre plusieurs
activités.
Quant à la théorie du capital humain, elle fait
ressortir l'importance de l'investissement éducatif dans la relation
école/emploi. Donc pour un individu s'il y'a parfaite adéquation
entre la formation et le poste de travail, sa rentabilité est d'autant
plus grande. L'insertion professionnelle est donc ici définie à
partir de l'investissement dans la formation initiale.
Le capital humain est alors vu comme un facteur de production,
dans un contexte de mobilité parfaite du capital financier, Barro,
Mankiw et Sala-I-Martin (1995) placent le capital humain comme la variable
centrale expliquant l'évolution macroéconomique. Dans ce contexte
les pays d'OCDE considèrent le capital humain comme une panacée
capable de réduire le chômage et les disparités de revenu,
ou encore d'améliorer la productivité et la croissance
économique.
Lucas (1988) est l'un des pionniers de l'analyse des
mécanismes endogènes de croissance, et le premier, dans ce
courant à mettre l'accent sur les relations entre secteur productif et
secteur éducatif. La place du facteur humain dans la production
constitue le coeur des apports des modèles de croissance endogène
à la macro-économie. On considère que la
productivité des salariés est améliorée par la plus
grande qualité du facteur travail. Le capital humain agit directement
sur la quantité et la qualité de la production.
Les théories du filtre (Arrow, 1973) et du
signal (Spence, 1981) insistent sur une des limites de la logique de
la théorie du capital humain. L'éducation est un signal
pour les entreprises
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 9
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
qui embauchent et de ce fait l'éducation est
considéré comme un facteur de qualité qui
élève la productivité des travailleurs et contribue de
cette manière à augmenter la production.
Dans le cadre de la théorie du capital humain, le
déclassement correspond à une situation temporaire où les
entreprises n'utilisent pas pleinement les qualifications des salariés,
ni ne les rémunèrent à leur productivité marginale
potentielle. Cette théorie peut également expliquer le
déclassement comme le résultat d'un choix
délibéré : l'emploi de bas niveau constitue un moyen
d'investir en capital humain spécifique (Hartog, 1999). En accord avec
cette dernière interprétation, Sicherman(1991) met en
évidence une probabilité de mobilité professionnelle
ascendante accrue, par promotion interne ou changement d'entreprise, pour les
individus déclassés.
Revue empirique
Beaud et Pialoux (2003) cités par Duffour et Peretti
(2008), pensent qu'au sortir du système scolaire, les jeunes à
faible niveau d'instruction éprouvent d'énormes
difficultés à trouver de l'emploi surtout qu'ils font de plus en
plus face à une rude concurrence sur le marché du travail. Nauze
et Tomasin (2002) constatent que le diplôme diminue le risque de
chômage, favorise l'accès à des emplois qualifiés et
bien rémunérés. Ce constat est confirmé par les
résultats de l'enquête Emploi 2001 de l'Institut National de
Statistique et des Etudes Economiques (INSEE) de France. Selon ces
résultats, la plupart des actifs ayant un niveau d'études
élevé occupent des emplois qualifiés.
Ces études empiriques montrent que le capital humain,
mesuré par le niveau d'instruction ou le niveau d'étude, joue un
rôle prépondérant dans l'accès à l'emploi. Il
permet de réduire le risque de chômage, donne accès
à des emplois qualifiés et une rémunération plus
importante. Dans la même perspective, De La Fuente et Ciccone (2002)
évoquent d'autres travaux empiriques qui ont confirmé le lien
entre le capital humain et la productivité de l'entreprise. Leur
étude montre qu'un capital humain élevé accroît la
productivité et la compétitivité des travailleurs à
long terme au sein des entreprises. Ce qui permet aux employés ayant un
capital humain assez élevé de se maintenir aussi longtemps que
possible en activité. Charlot (2005) aboutit à la conclusion que
l'employabilité s'améliore avec l'éducation surtout avec
l'avancée de la technologie qui est de plus en plus exigée par
les employeurs. Il ressort de cela que l'investissement dans le capital humain
doit continuer tout au long du cycle d'activité pour maintenir une
certaine stabilité sur le marché du travail.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 10
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Pour la plupart de ces travaux empiriques, l'éducation
est un déterminant dans la carrière professionnelle du
début à la fin de l'emploi.
Cependant des études empiriques ont été
aussi faite au Cameroun en ce qui concerne la relation éducation et
insertion professionnelle. D'entrée de jeu, Mebara et al. (1984) fait
office de pionnier ici, il indique de façon concise ce que les auteurs
comme René Dumont (1962, 1982,1987, 1991), Pierre Ernv (1977), Edgar
Pisani (1988) ou Jean Ziegler (1988) posent de façon radicale dans leurs
écrits consacrés au devenir de l'Afrique : l'adaptation de
l'enseignement aux réalités du milieu pour une facile et rapide
intégration dans le monde du travail et une revalorisation de
l'enseignement technique longtemps considéré, et à tort
d'ailleurs, comme un dépotoir des déchets de l'enseignement
général.
D. Maingari(1997) opte pour les notions de
professionnalisation d'expertise et de professionnalisation d'exercice pour
spécifier et qualifier d'un côté l'intégration des
attributs professionnels par les enseignants et décrire de l'autre les
aspects et les conditions relatifs à l'adéquation formation-
emploi.
Njikam, Tchoffo et Mwaffo (2005) ont essayé de faire
une analyse de la situation de l'emploi des jeunes au Cameroun, en vue de mieux
comprendre la nature et les causes de leur désavantage sur le
marché du travail, et de proposer des stratégies qui
intègrent l'emploi des jeunes comme variable endogène dans la
politique de lutte contre la pauvreté et dans la politique de
développement économique et social de manière plus
générale.
En 2006 , Mambou produisait un mémoire sur « les
stratégies d'insertion des jeunes dans la ville de Yaoundé
». Il s'agissait dans ce document d'analyser l'insertion professionnelle
des jeunes en fonction des variables susceptibles d'expliquer la
décision de participation au marché du travail et par là
évaluer l'efficacité des stratégies adoptées par
l'Etat dans l'insertion des jeunes. A sa suite, Simo (2008) rédigera un
mémoire sur « Rendement de l'éducation sur le marché
du travail au Cameroun ». Qui est une analyse sur l'impact qu'a
l'éducation regroupant les formations tant scolaires que
professionnelles, sur l'employabilité des jeunes sur le marché du
travail camerounais.
La conclusion majeure semblant se dégager suite
à cette revue de littérature, est que: des niveaux d'instruction
élevés sont associés non seulement à des salaires
plus élevés, mais aussi à une employabilité
relativement forte. Toutefois les études empiriques présentent
des limites liées à la mesure du capital humain. En effet, la
plupart de ces études limitent le
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 11
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
capital humain au niveau d'étude atteint ou au niveau
d'instruction qui ne sont en fait qu'une de ses composantes. Toutefois, dans
cette étude, le capital humain sera également mesuré par
le niveau d'instruction.
VI. METHODOLOGIE
Tout d'abord il convient de présenter les
différentes variables d'études devant servir pour l'estimation
des modèles économétriques. La variable à expliquer
ici est la situation d'activité des jeunes. Pour mieux l'expliquer on
fera recours non seulement aux caractéristiques individuelles des jeunes
mais aussi à l'emploi et au revenu. Les caractéristiques
individuelles sur lesquelles nous allons nous attarder sont le niveau
d'instruction, l'âge, le sexe, et le milieu de résidence. Ainsi
pour modéliser le rôle de l'éducation dans l'insertion
professionnelle des jeunes sur le marché du travail, nous estimerons les
probabilités liées par le niveau d'instruction du fait
d'être en emploi puis, pour les jeunes actifs occupés, nous
estimerons les probabilités liées au niveau d'instruction dans la
formation de revenu.
Les méthodes d'analyse sont autant descriptives
qu'explicatives. Compte tenu de la nature de la variable dépendante, qui
est qualitative et possède plus d'une modalité, le modèle
de régression logistique multinomial encore appelé logit
multinomial ou logit multinomial indépendant sera aussi mis en oeuvre.
Ce modèle a été introduit à la fin des
années 60 par Mc Fadden (1968) et Theil (1969). C'est un modèle
où la variable expliquée est qualitative et possède plus
de deux modalités. Il fait en outre partie des modèles
multinomiaux non ordonnés. Les modèles multinomiaux non
ordonnés permettent de décrire des choix individuels en
présence d'utilité stochastique. La principale
caractéristique du modèle logit multinomial indépendant
est que les coefficients â varient en fonction des modalités et
que les variables explicatives diffèrent selon les individus uniquement.
Chacune des variables explicatives est fonction de l'individu. Cette analyse
nous est inspirée des travaux du document sur l'insertion des jeunes de
l'Institut National de Statistique du Cameroun (2013).
En outre, l'ampleur du déclassement sera
déterminée en croisant, dans un tableau de contingence, le niveau
de diplôme et le grade des jeunes diplômés ; par ailleurs un
modèle économétrique dichotomique sera
élaboré pour les déterminants de l'insertion
professionnelle des jeunes diplômés camerounais
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Les données nécessaires pour la modélisation
seront tirées de EESI2
VII. INTERET DE L'ETUDE
Le choix de ce sujet repose sur une profonde réflexion
autour de l'état du marché du travail au Cameroun . Etant
donné que la problématique du chômage et de l'emploi sont
des préoccupations internationales, la notion d'insertion sur le
marché du travail mérite de retenir toute notre attention. Il est
devenu difficile de faire le lien entre la compétence d'un agent
mesuré a priori par ses diplômes, et le poste qu'il occupe sur le
marché; sans compter le fait que la procédure de recrutement est
un peu floue. C'est donc pour essayer d'apporter un éclairage à
ces points d'ombre que cette thématique a été choisie.
L'intérêt de ce choix se situe à deux niveau
: au niveau personnel et au niveau
social.
- Niveau personnel : le
problème de l'insertion et du déclassement des jeunes
dipômés nous a intéressé non seulement parce que
nous vivons dans ce milieu mais aussi parce que nous serons dans peu de temps
lancés sur le marché du travail où nous serons
confrontés à ces mêmes difficultés. C'est ainsi que
ce travail nous permet de comprendre la situation que traverse beaucoup de
diplômés sur le marché du travail afin de nous
préparer en développant dès maintenant des
mécanismes pour y échapper.
- Niveau social : ce travail permet
à tous les éventuels lecteurs de mieux appréhender la
thématique de l'insertion des diplômés sur le marché
du travail, surtout en ce qui concerne l'emploi dans le secteur public de
l'Etat, car il constitue une source précieuse de documentation en la
matière. Il fournit à la communauté et aux
décideurs politiques une réflexion leur permettant de porter un
changement dans la politique en matière d'emploi, de recrutement et de
gestion des carrières.
VIII. PLAN D'ETUDE
Ce travail sera reparti en deux parties. D'abord la
première sera intitulée : éducation et insertion
professionnelle. La présente étude vise à examiner
l'impact du niveau d'éducation sur l'insertion professionnelle des
jeunes au Cameroun. Ensuite la deuxième partie aura pour titre :
insertion professionnelle et mesure du déclassement professionnel des
jeunes. L'objectif est de faire une analyse sur l'ampleur du
déclassement professionnel des jeunes.
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
PARTIE I : EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE
DES JEUNES CAMEROUNAIS
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE
L'acuité du chômage des jeunes au Cameroun se situe
officiellement à 33% (stat 2010); c'est une énorme source de
débat qui a déclenché un bon nombre de réformes des
politiques publiques depuis les années 1990 pour faire reculer la
tendance en pleine progression. Malgré la réorganisation continue
des ministères clés, notamment avec la nomination des membres du
gouvernement après l'élection présidentielle du 8
décembre 2004 et l'institution des Ministères de la jeunesse et
de l'Emploi et de la Formation professionnelle, il convient de noter que des
avancées très mineures ont été
réalisées dans la réduction du chômage des jeunes au
Cameroun. Néanmoins il y'a plus préoccupant encore, la
qualité de l'éducation dans certains pays en développement
et notamment le Cameroun est trop faible pour pouvoir espérer
bénéficier de ses bienfaits. Ainsi donc , le positionnement des
jeunes sur le marché du travail dépendant de l'origine sociale de
chacun créé des situations d'inégalités de chance
en ce sens que les jeunes issus d'un milieu favorisé avec des parents
aisés travaillant dans le secteur formel ont plus de chance
d'accéder à des carrières mieux
rémunérés dans le secteur formel. L'éducation
apparait donc comme la solution à ces situations
d'inégalités de chances car, elle permet au jeune
d'acquérir un capital humain nécessaire pour entrer sur le
marché formel. L'éducation en permettant l'accès à
des emplois plus stables avec de meilleures conditions de travail, contribue
ainsi à protéger certaines catégories de travailleurs,
traditionnellement plus sujettes à l'exploitation (UNESCO, 2014).
Dans cette partie il sera question de mettre en évidence
cette relation éducation/insertion professionnelle. Ceci à
travers une approche théorique et une approche méthodologique
liée à cette thématique.
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
CHAPITRE 1 : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
SUR L'EDUCATION ET L'INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES
Ce chapitre traite des notions générales en
rapport avec notre étude. Il subdivisé en deux principaux points
; le premier concerne le cadre conceptuel ou la définition des
concepts-clés et le second traite du cadre théorique de
l'éducation et de l'insertion des jeunes sur le marché du
travail. A ce titre, un tour d'horizon des différentes théories
explicatives de l'accès et du maintien à l'emploi est fait.
SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS-CLES
Dans tout travail, il y a des concepts-clés qui reviennent
très souvent et dont la définition constitue un point de
départ pour la compréhension de ce travail. Il est donc
important, dans le cas de cette étude, de commencer par définir
les concepts-clés liés à l'éducation et à
l'insertion des jeunes sur le marché du travail. Des définitions
seront données de manière successive sur ce qu'il faut entendre
par éducation, insertion professionnelle, marché du travail et
les concepts y afférant, jeunesse.
I.1 L'EDUCATION
L'éducation est étymologiquement entendu comme
« guider hors de », c'est-à-dire développer, faire
produire. Il signifie maintenant plus couramment l'apprentissage et le
développement des facultés intellectuelles, morales et physiques,
les moyens et les résultats de cette activité de
développement. L'éducation humaine inclut des compétences
et des éléments culturels caractéristiques du lieu
géographique et de la période historique. Chaque pays dans le
monde dispose de son propre système éducatif, avec un rôle
traditionnellement dévolu aux parents d'un enfant (ou à leur
substitut) d'amener cet enfant aux moeurs de l'âge adulte, et une
intervention souvent croissante des États. L'éducation est
considérée comme un élément important du
développement des personnes, d'où le développement d'un
droit à l'éducation. Le mot « éducation » est
directement issu du latin educatio de même sens, lui-même
dérivé de ex-ducere (ducere signifie conduire,
guider, commander et ex, « hors de ») : faire produire (la
terre), faire se développer (un être vivant). Pour Durkheim,
l'éducation est
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 17
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
un« Socialisation méthodique pour la jeune
génération ». Enseigner, c'est transmettre à la
génération future un corpus de connaissances et de valeurs de la
vie sociale.
Depuis les théories du Capital Humain (Becker, 1962 ;
Schultz, 1961) et de la croissance endogène (Lucas, 1988 ; Romer, 1986),
il est généralement admis que l'éducation, au niveau
macroéconomique, est un facteur essentiel de croissance
économique et un moyen de lutter contre toutes les formes de
pauvreté. En effet, plus une population est éduquée, et
plus elle est productive, ce qui a en retour un impact positif sur la
croissance économique. L'éducation a non seulement un impact sur
le niveau des revenus mais aussi sur leur répartition. Plus la
population est éduquée, plus les revenus sont homogènes
(UNESCO, 2014). Augmenter l'accès à l'éducation est donc
un premier pas vers la réduction des inégalités de revenus
au sein des pays. Pour les personnes les plus défavorisées,
l'éducation est un outil efficace qui leur permet de sortir du
piège de la pauvreté. Si tous les enfants des pays à
faible revenu quittaient l'école avec les compétences de base en
alphabétisme, 171 millions de personnes pourraient sortir de la
pauvreté, soit l'équivalent d'une baisse de 12% de la
pauvreté mondiale (UNESCO, 2014). Les individus éduqués,
quelques soient leurs milieux d'origine, ont une plus faible probabilité
de se retrouver en situation de pauvreté chronique (Dercon et al., 2012
; Lawson et al., 2006 ; Ribas et al., 2007).
La relation entre éducation et marché du travail
est cependant plus opaque dans les pays en développement car le
marché du travail est segmenté entre un marché informel
précaire et dominant et un marché formel plus restreint mais
offrant de meilleures perspectives de carrières et de salaires (Ray,
1998 ; Schultz, 2004). Les rendements associés à
l'éducation sont plus élevés dans le secteur public et le
secteur privé formel que dans le secteur privé informel
(Kuépié, Nordman et Roubaud, 2009).
I.2 L'INSERTION PROFESSIONNELLE
Le concept d'insertion est indissociable du concept de
socialisation car pour être inséré, l'être humain
doit intérioriser un ensemble de valeurs, de normes, de règles
communes. On distingue la socialisation primaire (au sein du cercle
familial) de la socialisation
secondaire (au sein de l'espace scolaire, professionnel
et au fil des divers échanges avec autrui). Ces processus de
socialisation permettent à l'individu de trouver sa place dans la
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 18
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
société, d'être inséré
socialement. Jusqu'ici, il n'existe pas une définition standard et
consensuelle du concept de l'insertion professionnelle. Certains chercheurs
l'appréhendent comme un processus dynamique qui évolue dans le
temps, d'autres la conçoivent comme une étape bien précise
dans le cycle de vie des individus.
Barreyre sera le premier à donner l'origine
étymologique du mot « insérer » qui vient du latin
in-sere, signifiant « introduire dans ». Loriol(1999) essaiera
d'apporter sa contribution à la compréhension du concept
d'insertion par une citation de Durkheim en ces termes « un groupe ou
une société sont intégrés quand leurs membres se
sentent liés les uns aux autres par des croyances, des valeurs, des
objectifs communs, le sentiment de participer à un même ensemble
sans cesse renforcé par des interactions régulières
». L'insertion sociale revêt donc plusieurs dimensions, que ce
soit au niveau professionnel, du logement, culturel ou encore de la
santé.
Selon l'IIDRIS, l'insertion est l'« action visant à
faire évoluer un individu isolé ou marginal vers une situation
caractérisée par des échanges satisfaisants avec son
environnement. C'est aussi le résultat de cette action, qui
s'évalue par la nature et la densité des échanges entre un
individu et son environnement ». L'insertion sociale et professionnelle
désigne donc le processus permettant l'intégration d'une personne
au sein du système socio-économique par l'appropriation des
normes et règles de ce système. L'insertion couvre l'ensemble des
rapports de la personne avec son environnement social.
. Selon Vincent (1981), l'insertion professionnelle est
définie comme une «quête d'emploi» qui
débute lorsqu'une personne consacre son temps à la recherche d'un
emploi et se termine lorsqu'elle détient un emploi en lien avec sa
formation et son projet de vie personnelle. Elle peut aussi être
définie comme un processus par lequel un individu passe de l'état
de sortie du système de formation initiale à celui d'emploi
stable. Dans ce travail, l'insertion professionnelle est vue dans le sens de
l'accès à l'emploi. Elle est opérationnalisée par
la situation d'activité. La situation d'activité d'un jeune est
l'état de ce jeune par rapport à l'activité
économique. A ce titre, un jeune est dit inséré, s'il est
actif occupé sans préjugé de la stabilité de son
emploi. Par ailleurs, le jeune peut être chômeur ou inactif.
I.3 MARCHE DU TRAVAIL
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 19
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
En économie, le marché du travail désigne le
marché théorique où se rencontrent l'offre et la demande
de travail. L'offre de travail est constituée par les salariés et
les personnes en recherche d'emploi, la demande de travail par les besoins des
entreprises (les facteurs de production). Le marché du travail peut
aussi être défini comme le lieu théorique de rencontre
entre la population active représentant l'offre de travail et les
entreprises publiques ou privées représentant la demande de
travail. Le travail y est régulé et fait l'objet, dans la
majorité des cas, d'une rémunération, qui correspond au
prix sur un marché "classique".
Dans le cadre de cette étude, la définition qui
sera retenue est celle selon laquelle le marché du travail fonctionnant
analogiquement comme les autres marchés est un lieu théorique de
confrontation entre l'offre et la demande du travail moyennant un prix : le
salaire.
Plusieurs concepts sont liés au marché du travail
selon les différentes théories prédominantes dans la
matière, à savoir : la théorie néoclassique et la
théorie keynésienne. Ces concepts sont :
I.3.1. Le travail
Au sens économique usuel, le travail est l'activité
rémunérée qui permet la production de biens et services.
Avec le capital, c'est un facteur de production de l'économie. Il est
essentiellement fourni par des employés en échange d'un salaire.
Dans un sens plus restreint, seuls les biens et services ayant une valeur pour
autrui sont pris en compte. Ce périmètre inclut les travaux
ménagers, mais exclut par exemple la toilette. Pour Wallon (1879-1962),
travailler c'est « contribuer par des services particuliers à
l'existence de tous, afin d'assurer la sienne propre ».
Depuis le rapport STIGLITZ, les économistes insistent sur
le fait que le travail n'est pas seulement le travail
rémunéré, l'activité productrice des travailleurs :
il comprend aussi le bénévolat et le travail domestique.
Freyssinet sépare le travail en différents types à savoir
travail libre, travail salarié et travail forcé, dans le cadre
d'activités marchandes ou non marchandes. Le travail forcé
comprend l'esclavage, les corvées, et les peines de travaux
forcés. Dans le cadre d'activités marchandes, le travail libre
est fourni par les travailleurs indépendants. Dans le cadre
d'activités non marchandes, le travail libre comprend le travail
domestique et le travail militant ; le travail salarié comprend les
salariés des administrations publiques et des ménages.
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
I.3.2. Le chômage
Le terme chômage est issu du latin populaire « caumare
» dérivé du grec ancien «
êáõìá » (kauma), signifiant « se
reposer pendant la chaleur ». Jusqu'au 19e siècle, il
signifie une cessation d'activité en général, qu'importe
la cause. En plus de cette définition étymologique, le
chômage peut être défini comme l'état
d'inactivité d'une personne souhaitant travailler. Cette
définition du chômage connaît de nombreuses variantes et son
concept donne toujours lieu à des controverses théoriques et
statistiques.
Selon le BIT, est chômeur toute personne (de 15 ans ou
plus) qui remplit les critères suivants:
? « Etre sans travail », c'est-à-dire ne pas
avoir d'activité, même minimale, pendant la semaine de
référence ;
? « Etre disponible pour travailler »,
c'est-à-dire être en mesure d'accepter toute opportunité
d'emploi qui se présente dans les quinze jours, sans qu'une tierce
obligation soit une entrave au retour à l'activité ;
? « Rechercher activement un emploi, ou en avoir
trouvé un qui commence ultérieurement ».
Par ailleurs, pour être chômeur selon le
système statistique européen Eurostat, il faut avoir
été sans travail durant la semaine de référence
(soit moins d'une heure hebdomadaire d'activité) et avoir fait des
démarches spécifiques en vue de retrouver un emploi, sans
forcément s'être déclaré comme chômeur
auprès de l'administration. Aux États-Unis, le Bureau of
Labor Statistics compte comme chômeurs les personnes n'ayant pas
d'emploi, en ayant cherché un activement durant les quatre semaines
passées, et disponibles pour travailler.
Dans le cadre de notre travail, est considéré comme
chômeur tout individu qui au moment de l'enquête est sans emploi,
recherche activement un emploi et est disponible pour l'occuper.
I.3.3. La Population active
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
La population active se définit comme l'ensemble des
personnes en âge de travailler qui sont disponibles sur le marché
du travail, qu'elles aient un emploi (population active occupée) ou
qu'elles soient au chômage (population active inoccupée) à
l'exclusion de celles ne cherchant pas d'emploi, comme les personnes au foyer,
étudiants, personnes en incapacité de travailler, rentiers. Selon
les définitions, l'âge est fixé entre 15 et 64 ans, ou
porte sur toutes personnes de plus de 15 ans.
L'Organisation internationale du travail (OIT) définit la
population active comme l'ensemble des personnes ayant entre 16 et 67 ans et
qui ont travaillé non bénévolement durant une semaine de
référence. Les personnes ayant un emploi mais ne
l'exerçant pas pour différentes raisons, comme un congé
maternité, ainsi que les chômeurs, font également partie de
la population active.
Cette étude considèrera la population active comme
regroupant l'ensemble des personnes en âge de travailler exerçant
une activité rémunérée (les actifs occupés)
ainsi que celles à la recherche active d'une activité
rémunérée (les actifs inoccupés ou
chômeurs).
I.3.4. L'emploi
Un emploi est un contrat passé entre deux parties,
l'employeur et l'employé, pour la réalisation d'un travail contre
une rémunération. La notion d'emploi est souvent assimilée
avec celle de salariat. En réalité la rémunération
peut tout aussi bien prendre la forme d'un traitement, si l'employeur est une
personne publique ; d'un salaire, si l'employeur est une personne morale ou
physique autre que le travailleur ;
d'honoraires lorsqu'il s'agit d'un indépendant qui est son
"propre employeur" (artisan, commerçant, exploitant agricole, profession
libérale,...).
Une autre définition considère l'emploi comme une
activité professionnelle, un travail qui reçoit, en contrepartie,
une rémunération. Dans ce sens, une activité de
bénévolat ne peut donc être considérée comme
un emploi. L'emploi est un concept plus large que le salariat dans la mesure
où il recouvre aussi la FP et les professions indépendantes
(artisanat, commerce,.....).
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 22
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Pour cette étude, l'emploi sera défini au niveau
macroéconomique. A ce niveau, l'emploi représente l'ensemble du
travail fourni au sein d'une économie nationale, par la population
active qui n'est pas au chômage. L'emploi peut être dans le secteur
public ou dans le secteur privé, il peut être subventionné
par les pouvoirs publics.
I.4 LA JEUNESSE
Le concept de jeunesse ou d'enfance diffère
considérablement d'un pays à un autre, allant de 7 à 39
ans. En règle générale, la jeunesse peut être
définie comme étant la période de la vie qui
précède le passage à l'âge adulte et celle-ci peut
varier en fonction de facteurs divers tels que l'âge moyen auquel les
jeunes terminent leurs études et leur formation initiale et celui auquel
ils sont censés assumer leurs responsabilités d'adulte dans la
collectivité. Le statut légal de la jeunesse peut
également varier à l'intérieur d'un même pays et ce
sont les éléments comme le mariage, le droit au vote, le droit
foncier, les délits pénaux, l'âge du service militaire ou
encore la possibilité d'accéder aux services médicaux sans
le consentement des parents qui sont pris en compte pour le définir.
L'Organisation des Nations Unies (ONU) définit le jeune comme tout
individu âgé de 15 à 24ans. Selon le document de politique
nationale de la jeunesse du Cameroun, la jeunesse constitue la population dont
l'âge varie entre 15 et 35 ans inclus. Dans cette étude, une
personne sera dite jeune si elle est âgée de 15-34 ans
révolu.
Ainsi défini tous les concepts-clés relatifs
à cette partie, le premier contact est établi. Reste maintenant
à présenter les différentes théories et
débats qui ont balisés la relation éducation/insertion
professionnelle
SECTION II : CADRE THEORIQUE SUR L'EDUCATION ET
L'INSERTION PROFESSIONNELLE
Comme Laramée et Vallée (1991) pouvait encore le
dire, « le cadre théorique sert principalement à
présenter un cadre d'analyse et à généraliser des
relations théoriques déjà prouvées dans d'autres
contextes pour tenter de les appliquer au problème étudié
».
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 23
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Ainsi donc, une revue théorique faite ici nous permet de
faire l'état de la recherche sur l'éducation et l'insertion
professionnelle.
II.1 Les théories d'analyse d'entrée sur le
marché du travail.
Ici nous nous attarderons sur trois principales grandes
théories dont celles du capital humain, de la quête d'emploi et du
filtre. Toutes les trois sont à caractère économique et
les deux premières se situent dans le prolongement de la théorie
néo-classique (Dubar, 1980).
II.1.1 La théorie du capital humain
Le concept du « CAPITAL HUMAIN » dans les
théories économiques a véritablement émergé
grâce à Schultz (1961) et Becker (1964), deux économistes
américains nobélisés quelques décennies plus tard
pour leurs travaux, eux-mêmes inspirés par les théories
déjà anciennes d'Adam Smith et de quelques autres. La doctrine de
cette théorie est qu'un individu, lorsqu'il décide de suivre une
formation au lieu de prendre un travail, raisonne comme un investisseur.
L'éducation aurait ainsi des caractéristiques communes avec le
capital physique. Elle serait une dépense présente,
effectuée en vue d'un rendement futur. Pour Becker (1993), la formation
apparaît comme un investissement qui améliore la
productivité individuelle ; chaque individu arbitre entre le coût
et le rendement de l'investissement que génère la formation ou
l'éducation
Lucas (1988) est l'un des pionniers de l'analyse des
mécanismes endogènes de croissance, et le premier, dans ce
courant, à mettre l'accent sur les relations entre secteur productif et
secteur éducatif. On considère que la productivité des
salariés est améliorée par la plus grande qualité
du facteur travail. Le capital humain agit directement sur la quantité
et la qualité de la production.
Les modèles précurseurs ont mis l'accent sur deux
modes d'accumulation du capital humain :
? l'accumulation hors processus de production, l'individu
effectue une répartition de son temps entre formation et production
(Lucas, 1988) et,
? l'accumulation au sein même du processus de production,
le fait même de produire permet une accumulation de connaissances.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 24
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Chez Romer (1986, 1990) on retrouve la distinction traditionnelle
de Becker (1964) entre deux composantes du capital humain, la formation «
schooling » et l'apprentissage sur le tas « on the job training
».
Selon Tremblay (1997), les individus peuvent faire d'autres types
d'investissements en l'occurrence l'investissement de la connaissance du
marché du travail telles l'acquisition de l'information sur l'emploi,
l'acceptation d'un emploi moins rémunéré mais pouvant
offrir des possibilités de carrière et même la
mobilité géographique pour profiter des opportunités
d'emplois.
Certains auteurs tels Eicher, Vincens ont cependant émis
des remarques concernant le capital humain. Pour Eicher (1979), la
théorie du capital humain ne prouve pas que la productivité est
totalement liée au niveau de formation car d'autres variables sont
susceptibles d'expliquer le niveau de revenu (l'âge, le sexe, la race, la
région, la profession et la durée du travail) ; pour Vincens
(1998), la théorie du capital humain a un pouvoir explicatif dans un
régime où les salaires sont flexibles et /ou le chômage
global est faible.
II.1.2 La théorie de la quête d'emploi
« job search »
La théorie du << job search >> est un
assouplissement de l'hypothèse de l'information parfaite sur les emplois
potentiels dans un marché du travail en concurrence pure et parfaite.
Pour les partisans de cette théorie, à l'instar de Stigler qui
l'a développé dans les années 1960, l'offreur de travail
est un demandeur d'informations relatives aux salaires, aux emplois, aux
qualifications, aux conditions de travail, etc. mais avec un coût
d'obtention plus ou moins important. L'offreur de travail arrêtera sa
prospection lorsque le gain marginal attendu égalisera le coût
marginal de visite d'entreprise ou de recherche d'emploi.
Lippman et Mac Call (1976) appellent salaire de réserve ou
d'acceptation le coût de recherche de l'emploi qui égalise les
gains marginaux attendus. Pour ces mêmes auteurs, le salaire de
réserve dépend de la distribution des salaires dans
l'économie, du degré de stabilité des emplois
proposés et de l'impatience de chaque demandeur d'emploi. Lorsque les
salaires proposés sont inférieurs au salaire d'acceptation, les
emplois offerts sont refusés, d'où un chômage volontaire du
chercheur d'emploi vu par ce dernier comme un investissement pour
accéder à un emploi décent. Mais ce chômage perd son
caractère d'investissement en période de fort chômage pour
devenir un facteur de déclassement.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 25
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
La théorie de la recherche de l'emploi précise que
l'offreur de travail est un demandeur d'informations dont les informations
relatives aux qualifications, à la formation. Il serait important de
passer en revue les systèmes de formation mis en oeuvre dans le monde ;
ceci dans le but d'extraire les éléments utiles qui pourront
aider les jeunes à s'insérer.
II.1.3 La théorie du filtre
Michael Spence (1973) a appliqué la notion de signal au
rôle de l'éducation supérieure : selon la théorie de
Spence, l'éducation n'a pas d'effet sur la productivité du futur
employé : elle est seulement utile pour prouver une compétence
face à un employeur. Dans la réalité pourtant il est
reconnu que l'éducation est considérée comme une source
notable de productivité et de mobilité sociale, et donc de
croissance économique. D'aucuns diront qu'en fait l'éducation
joue ces deux rôles : elle augmente d'une part la productivité des
individus et fournit d'autre part un signal utile sur les qualifications et la
capacité de travail de celui-ci. Les employeurs, ne connaissant pas les
capacités des candidats à l'embauche recherchent toutes les
aptitudes qu'ils possèdent. Spence affirme que ces aptitudes sont
révélées par un signal donné par le niveau de
formation.
Pour les tenants de l'école du filtre, la population est
hétérogène avant même d'entrer en formation du fait
des coûts de formation différents suivant les individus. Les
coûts de formation seraient plus bas chez les plus doués,
contrairement à ce que postule la théorie du capital humain pour
laquelle l'hétérogénéité résulte du
cumul du capital des individus qui avaient à l'origine des aptitudes
semblables.
Le niveau d'éducation apparaît alors comme un outil
utilisé par les demandeurs d'emploi et par les employeurs. Pour les
premiers, le niveau d'éducation joue un rôle de signal pouvant
révéler les aptitudes et pour les seconds, il agit comme un
filtre permettant d'identifier les individus les plus aptes à recruter
pour les emplois disponibles.
II.2 Les modèles explicatifs de l'insertion
professionnelle
II.2.1 Modèle d'investissement en
éducation et d'offre de travail simultané
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 26
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Blakemore et Low (1983, cité par Julie du Bois (2002) ont
élaboré un modèle d'investissement en éducation et
d'offre de travail simultané dans le but d'étudier et de
prévoir l'effet d'un changement dans les conditions du marché du
travail sur les choix travail-études. En théorie, un taux de
chômage élevé et des salaires bas conduise à une
réduction du coût d'option des études mais aussi une
diminution du revenu familial disponible pour financer l'éducation.
L'effet net des conditions du marché du travail sur les choix
travail-études est déterminé de façon empirique.
Le modèle de Blakemore et Low repose sur
l'hypothèse selon laquelle les individus font le choix d'une combinaison
d'investissement en éducation et d'offre de travail qui maximise la
valeur présente nette attendue des revenus sur leur horizon de vie.
Cette valeur est définie comme étant une fonction des
caractéristiques de l'individu, des coûts directs des
études, des ressources financières, autres que le revenu,
disponibles pour couvrir les coûts directs des études ainsi que du
taux de chômage et des salaires. Pour cette théorie, une hausse du
taux de chômage entraine une réduction de la probabilité de
la poursuite des études. L'effet revenu négatif d'une hausse du
taux de chômage annule donc l'effet positif d'une diminution du
coût d'option.
L'impact d'une hausse des salaires sur les choix
travail-études a également été estimé.
L'effet revenu semble dominer encore une fois puisqu'une hausse des salaires
entraîne une augmentation de la probabilité de poursuivre des
études bien que les étudiants soient également plus
susceptibles de travailler à temps partiel pendant leurs études.
En bref, les conditions du marché du travail influencent la
décision d'investir en éducation principalement parce qu'elles
influent sur le revenu familial.
1.1.2.5 Modèle formation-emploi
L'adéquation diplôme-emploi est
réalisée ici par « tâtonnement » à l'issu
de la période d'insertion. Est-ce à dire qu'au terme de cette
période, tous les jeunes réalisent l'adéquation
formation-emploi ? La réponse à cette question est
évidemment non pour plusieurs raisons. Ces raisons sont liées aux
arbitrages individuels entre coût et bénéfices de la
formation et aux caractéristiques du marché du travail, notamment
au décalage existant entre offre et demande de travail. Concernant les
arbitrages individuels, la théorie de la quête d'emploi, dans ces
différentes versions, intègre les coûts de la recherche
d'emploi (Stigler, 1962, Mac Call, 1970). Il s'agit, par exemple, du coût
de l'information, de celui des trajets, des coûts d'opportunité
associés à la durée de recherche, des coûts
psychologiques dus à la précarité de
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 27
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
la situation, etc. Le jeune qui intègre ces coûts
à sa décision de quitter un emploi risque alors de rester dans
son emploi même s'il existe ailleurs un emploi plus en adéquation
avec ces compétences notamment sa formation initiale. En plus de ces
arbitrages individuels, l'état de l'offre et de la demande de travail
détermine la qualité de l'adéquation. Tout d'abord et en
relation avec ce qui précède, un fort taux de chômage, i.e.
l'absence de nombreuses opportunités, augmente le coût
d'opportunité d'une démission. Ensuite, l'offre
d'éducation n'évolue pas en lien direct avec la demande de
compétence.
Une lecture analytique des recherches empiriques récentes
sur l'insertion professionnelle montre que les jeunes manifestent beaucoup
d'appréhension à l'égard du monde du travail. Non
seulement ils manifestent de l'inquiétude à l'égard de la
quantité des débouchés sur le marché du travail,
mais ils se sentent démunis vis-à-vis des grandes composantes et
des grands acteurs du monde du travail. En général, il est
convenu de reconnaître que les jeunes finissants de l'enseignement
secondaire ont une connaissance approximative du marché du travail, du
développement technologique et du syndicalisme.
De plus, si d'une part il y a l'école et l'entreprise qui
jouent un rôle majeur, d'autre part on peut se demander si, à
niveau égal de formation, la qualité de l'insertion
professionnelle des individus dépend de leur sexe, de leur origine
sociale, de leur conformité au système idéologique
dominant, de leur spécialité. Les relations personnelles et la
recherche personnelle d'emploi sont beaucoup plus efficaces que les agences
officielles de main d'oeuvre.
En somme, le processus d'insertion professionnelle commence
à l'école et se termine dans l'entreprise au moment où le
travailleur occupe un poste de travail stable et devient conscient des
étapes de sa carrière. Théoriquement l'insertion
professionnelle est non seulement influencée par les faits de
socialisation et les faits d'organisation, mais elle participe à la
définition de ces faits. En effet, les individus en période
d'insertion professionnelle peuvent exercer ou non des pressions, autant sur le
système d'enseignement que sur l'entreprise pour favoriser une
réorientation des faits de socialisation et des faits d'organisation.
Ainsi, l'insertion professionnelle des jeunes serait influencée par
l'environnement politique, économique et social du pays à travers
les règles de fonctionnement du marché du travail, les
caractéristiques des parents et des jeunes. La santé
économique et la stabilité politique d'un pays peuvent faciliter
non seulement la création des infrastructures de formation, mais aussi
la création des infrastructures de recherche d'emploi
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 28
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
qui sont des éléments dont les jeunes peuvent jouir
et qui sont susceptibles d'influencer leur insertion.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 29
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
CHAPITRE 2 : ETUDE EMPIRIQUE SUR LA
RELATION EDUCATION ET INSERTION PROFESSIONNELLE DES JEUNES
Ce chapitre s'inscrit dans le cadre méthodologique de
l'analyse. Il sera question ici de présenter les différentes
variables de l'étude, les méthodes et estimations qui seront
utilisées, ainsi que les résultats économétriques
obtenus. La variable à expliquer ici est la situation d'activité
des jeunes. Cette variable compte trois modalités à savoir :
actif occupé, chômeur, et inactif. Elle sera expliquée par
de variables explicatives que sont le niveau d'instruction, l'âge, le
sexe, le milieu de résidence, l'emploi et le revenu. Le modèle
que nous utiliserons ici est celui de régression logistique multinomial.
Ce chapitre sera divisé en deux sections dont la première sera
consacrée à la méthodologie et la seconde à
l'estimation.
SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE DE L'ANALYSE
Cette section a pour objectif de mettre en évidence sur un
plan empirique la relation entre l'éducation et l'insertion
professionnelle des jeunes au Cameroun. Les éléments
méthodologiques présentés dans cette section portent sur
la source des données empiriques, le cadre et la méthode
d'analyse. Cette section présente les variables de l'étude, les
données empiriques ainsi que les outils économétriques
employés.
I.1 Source et méthodes d'analyse des
données
La présente étude, dans sa partie
vérification empirique du rôle que joue l'éducation dans
l'insertion professionnelle des jeunes, utilise les données en coupe
transversale issues de l'enquête initiée par l'INS
intitulée EESI plus précisément la deuxième
(EESI2). EESI 2 est une enquête statistique à deux phases dont la
première vise à appréhender l'emploi (Enquête sur
l'Emploi) et la seconde à évaluer les activités
économiques du secteur informel non
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 30
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
agricole (Enquête Secteur Informel). La base de sondage
utilisée pour la première phase est fournie par la cartographie
actualisée du troisième Recensement Général de la
Population et de l'Habitat (RGPH) de 2005. Elle a permis de sélectionner
de manière aléatoire un échantillon de 8 160
ménages stratifié selon les dix régions et le milieu de
résidence. Les villes de Yaoundé et de Douala ont
été considérées chacune comme une région
d'enquête.
Les ménages au Cameroun ont une taille de 4,4 personnes.
Cette taille est restée quasi stable depuis 2005. Elle était de
4,5 personnes en 2005 (EESI 1) et de 4,4 en 2007 (ECAM 3).Les ménages
sont de taille plus grande en milieu rural (4,7) qu'en milieu urbain (4,0).
I.1.1 Variables de l'étude
Il est question ici de présenter les différentes
variables qui seront utilisés lors de l'estimation du modèle
économétrique. Dans le cadre de notre étude, la variable
à expliquer est la situation d'activités des jeunes ; cette
dernière permet d'étudier le niveau de participation des jeunes
au marché du travail. Cette variable intègre trois
modalités à savoir : les actifs occupés, les
chômeurs et les actifs inoccupés.
Pour expliquer cette variable, des variables
indépendantes à caractère individuel et environnemental
seront utilisées. Ces variables sont :
? L'âge
C'est une variable donnant un ensemble d'informations sur les
capacités physiques d'un individu. Un adulte est en
général plus apte physiquement qu'un très jeune ou un
âgé. En deuxième lieu, c'est l'âge qui donne à
l'individu l'élan de se former et de se qualifier. On retient pour
l'âge, deux modalités à savoir 15-24 ans et 25-34 ans.
? Le sexe
La variable sexe est l'indicateur utilisé pour mesurer
directement les relations de genre. Elle a deux modalités homme et
femme. Les différences sexuelles sont interprétées comme
la manifestation des rôles et statuts assignés par les rapports de
genre.
? Le milieu de résidence
L'enquête sur l'emploi et le secteur informel(EESI)
recouvrant l'ensemble du territoire national, on distingue donc le milieu
urbain du milieu rural. Le milieu urbain
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 31
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
est composé des agglomérations d'au moins 50 000
habitants ; le milieu rural est constitué des agglomérations de
moins de 50 000. Les villes de Douala et de Yaoundé sont
considérées comme étant intégralement urbaines et
assimilées respectivement aux départements du Wouri et du
Mfoundi.
? Le niveau d'instruction
Il permet de mesurer le capital humain d'un individu. Le niveau
d'instruction est un critère de différenciation de l'accès
à l'emploi. Les modalités retenues pour cette variable sont :
sans niveau, primaire, secondaire 1er cycle, secondaire 2nd
cycle et supérieur.
? Emploi
Il représente ici la situation d'emploi du chef de
ménage ou parents du jeune qui veut
s'insérer sur le marché de l'emploi. Il s'appuie
aussi sur le secteur d'activité des parents.
I.1.2 Méthode d'analyse
Les méthodes d'analyse sont autant descriptives
qu'explicatives. L'analyse descriptive permet de dresser un portrait de la
situation des jeunes sur le marché du travail. L'analyse explicative
quant à elle permet de prendre une décision quant à la
confirmation ou à la réfutation de l'hypothèse de
recherche. Compte tenu de la nature de la variable dépendante, qui est
qualitative et possède trois modalités, le modèle de
régression logistique multinomial encore appelé logit multinomial
ou logit multinomial indépendant sera mis en oeuvre.
Ce modèle a été introduit à la fin
des années 60 par Mc Fadden (1968) et Theil (1969). C'est un
modèle où la variable expliquée est qualitative et
possède plus de deux modalités.
La principale caractéristique du modèle logit
multinomial indépendant est que les coefficients â varient en
fonction des modalités et que les variables explicatives
diffèrent selon les individus uniquement. Chacune des variables
explicatives est fonction de l'individu (ceci se vérifie aisément
puisque chacune des variables
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
explicatives sont issues d'un questionnaire rempli par chacun des
individus). De la
même manière, les résultats obtenus
attribuent un coefficient différent pour chacune des modalités de
la variable expliquée.
I.2 Analyse descriptive de l'étude
Il s'agit ici de dresser un portrait sur la situation des jeunes
sur le marché du travail. Pour se faire il convient d'expliciter les
différentes modalités de la variable dépendante que sont
actifs occupes, chômeurs et inactifs. Cette analyse se fait à
travers un examen de la proportion des jeunes dans la population, leur niveau
d'instruction et la situation d'activité dans laquelle ils se
trouvent.
I.2.1 Proportion des jeunes dans la population
Les jeunes représentent un tiers (34,3%) de l'ensemble de
la population tant en 2010 qu'en 2005 (33,2%). Une analyse par milieu montre
que les jeunes sont relativement plus nombreux en milieu urbain (41,6%) qu'en
milieu rural (29,7%). Selon le sexe, l'enquête révèle une
différence très faible entre les proportions de jeunes
garçons et de jeunes filles (respectivement 32,9% et 35,6%). Par
région d'enquête, on observe que la ville de Yaoundé abrite
la plus forte proportion de jeunes (44,2%) et la région de l'Ouest, la
plus faible (27,3%).
Source : INS, EESI 2
I.2.2 Niveau d'instruction des jeunes
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 32
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 33
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
La quasi-totalité des jeunes ont déjà
été à l'école. Un jeune sur trois (34%) a le niveau
primaire, 28,4% celui du secondaire 1er cycle de l'enseignement
général et 17,6% celui du secondaire 2nd cycle de l'enseignement
général. La proportion de jeunes qui ont fait l'enseignement
technique est très faible par rapport à ceux de l'enseignement
général quel que soit le cycle, le milieu de résidence ou
le sexe. Le milieu urbain est caractérisé par une scolarisation
de même importance dans le primaire et le secondaire
général pendant qu'en milieu rural un jeune sur deux a au plus le
niveau du primaire. En milieu rural, les jeunes scolarisés
fréquentent en moyenne 2,6 ans de moins que ceux du milieu urbain (7,0
ans contre 9,6 ans). Cette répartition est donnée dans le tableau
2.2 qui suivra.
Les femmes passent presque autant d'années à
l'école que les hommes (en moyenne 8,2 ans contre 8,5 ans).
Source : INS, EESI 2010
I.2.3 Situation d'activité des jeunes
La répartition des jeunes selon la situation
d'activité révèle que 64,9% de jeunes sont des actifs
occupés, 6,4% sont des chômeurs et 28,7% sont des inactifs. C'est
ce que montre le graphique 2.1 qui suit :
Graphique 2.1 : Répartition des jeunes par
situation d'activité
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 34
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Un jeune est considéré comme actif s'il participe
au marché du travail. La participation au marché de travail
traduit alors le fait (i) d'exercer une activité économique
(participation à toute activité de production de biens ou de
services donnant lieu ou non à une rémunération
monétaire ou en nature) ; (ii) ou d'être à la recherche
effective d'une activité économique à exercer. Le BIT
recommande d'utiliser le taux d'activité comme indicateur de mesure de
la participation au marché du travail. Au sens du BIT, près de 7
personnes sur 10 sont actives (69%). Ce taux masque d'importantes
disparités régionales. Ainsi, situées nettement au-dessus
de la moyenne, l'Ouest (83,6%), le Littoral (83,2%), et le Centre (82%) se
détachent des autres régions avec plus de quatre actifs sur cinq
personnes de 10 ans ou plus tandis qu'à l'autre extrémité,
les villes de Yaoundé (57,3%), Douala (62,4%) et les régions de
l'Adamaoua (49%) et du Sud-Ouest (66,3%) présentent des faibles taux
d'activité.
Le taux d'activité est de 74,1% chez les hommes, soit 9,9
points d'écart par rapport à celui des femmes (64,2%). En milieu
urbain, 67,2% d'hommes sont actifs contre 52,2% de femmes soit un écart
de 15 points. Par contre, en milieu rural, l'écart entre le taux
d'activité des hommes et celui des femmes est moins prononcé
qu'en milieu urbain. En effet, près de huit hommes sur dix sont actifs
contre sept femmes sur dix, soit un écart de 6,4 points.
Tableau 2.3 : Taux d'activité au sens du BIT pour
les personnes de 10 ans ou plus par région d'enquête, groupe
d'âges selon le milieu de résidence et le sexe (%)
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Source : INS, EESI 2, Phase 1
Un jeune est considéré comme inactif, s'il ne
participe pas au marché du travail, c'est-à-dire qu'il n'est pas
classé dans la catégorie des actifs. Le taux d'inactivité
est l'indicateur de mesure du phénomène de l'inactivité.
Il est le complément à 100 du taux d'activité. Le taux
d'inactivité des jeunes est de 30,2%. Parmi les raisons
d'inactivité, la scolarisation est la principale raison
d'inactivité déclarée par la plupart des jeunes. En effet,
64,9% de jeunes en situation d'inactivité sont en cours de
scolarité, 22,5% sont des femmes au foyer.
Tableau 2.4 : Répartition (%) des jeunes en
situation d'inactivité par raison d'inactivité selon le
sexe
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 35
Source : INS, EESI 2
Au sens du BIT, le chômage correspond à la situation
des actifs qui n'ont pas travaillé au cours des 7 jours
précédant l'enquête, ne serait-ce qu'une heure, et qui
recherchent un emploi et sont disponibles pour l'exercer immédiatement.
Le chômage au sens
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 36
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
élargi quant à lui regroupe les chômeurs au
sens du BIT auxquels on ajoute ceux qui, bien que n'ayant pas cherché
d'emploi au cours de la période de référence, restent
malgré tout disponibles à travailler si on leur en proposait
un.
Au sens du BIT ou au sens élargi, le chômage des
jeunes est une fonction croissante, à quelques exceptions près,
du niveau d'instruction. Plus le niveau d'instruction est élevé,
plus les jeunes éprouvent des difficultés à
s'insérer sur le marché du travail. Cette situation pourrait
s'expliquer par la faible capacité de l'économie à
créer des emplois pour les personnes de plus en plus instruites et par
l'exigence des personnes instruites vis-à-vis d'un type d'emploi
recherché.
En milieu urbain, le taux de chômage est plus
élevé chez les personnes ayant suivi un cursus académique
général que chez ceux ayant suivi un cursus technique ou
professionnel tant chez les jeunes de sexe masculin que chez ceux de sexe
féminin.
Tableau 2.5 : Taux de chômage en milieu urbain par
cycle d'études et selon le sexe
Source : INS, EESI 2
I.3 Construction du modèle
Une fois le cadre d'analyse défini et le tableau sur la
situation des jeunes sur le marché du travail dressé, il est
important de présenter le modèle économétrique
empirique qui nous permettra d'expliquer la relation éducation et
insertion professionnelle.
Le modèle retenu pour notre analyse est celui du logit
multinomial. Issu de la classe des modèles multinomiaux non
ordonnés, il satisfait une hypothèse particulière qui est
l'hypothèse d'Indépendance des Alternatives Non Pertinentes (IANP
ou IIA en anglais pour Independance of Irrelevant Alternative). Cette
hypothèse traduit le fait que le rapport de deux probabilités
associées à deux évènements particuliers est
indépendant des autres événements.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 37
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
L'utilisation essentielle de cette classe de modèle est de
rendre compte de choix probabilistes. Les modèles multinomiaux non
ordonnés sont en effet avant tout des modèles permettant de
décrire des choix individuels en présence d'utilité
stochastique. Les choix probabilistes supposent qu'un individu ait à
effectuer un choix rationnel entre m + 1 modalités procurant m + 1
niveaux de satisfaction différents pour l'individu. Le niveau
d'utilité est considéré comme étant stochastique et
décrit par une fonction U (.) dépendant d'un terme
aléatoire. pour chaque modalité j = 0, 1, ..,m,
l'utilité de l'individu s'exprime sous la forme suivante :
Uj = U (xj , åj) = v (xj) + åj ?j = 0, 1,
..,m
Où v (.) est une fonction continue
déterministe et où åj est une variable
aléatoire i.i.d. Une variable polytomique y prenant
m + 1 modalités suivant les choix de l'individu est
défini:
y = j si l'individu choisit la j`eme
modalité ?j = 0, 1, ..,m
Le modèle logit multinomial indépendant (ou logit
multinomial) est obtenu lorsque la fonction v (.) est linéaire,
les paramètres fij diffèrent selon les modalités
et les variables explicatives varient uniquement en fonction des individus,
c'est à dire lorsque
v (xi,j) = xifij (xi,j désigne la valeur du
vecteur de variable explicative pour l'individu i conditionnant le choix de la
j`eme modalité).
Dès lors, on peut définir la forme
générale de la probabilité que l'individu i choisisse la
modalité j de la façon suivante :
Prob (yi = j) = ? =
?
Où le vecteur â0 est normalisé à
zéro : = 0. Sous l'hypothèse de normalisation = 0, la
probabilité associée à la modalité de
référence 0 est définie par :
prob ( = ) ? = ?
Pour notre étude, on cherche à modéliser la
probabilité que les jeunes aient une situation d'activité en
fonction des différentes variables explicatives précitées
plus haut. La situation d'activité est considérée comme
yi la variable dépendante et elle peut prendre les
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 38
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
modalités (j=1,2,3,4) que sont actifs
occupés (modalité1), travail des enfants(modalité 2)
chômeurs (modalité3), inactifs (modalité4). Le
modèle à estimer est présenté comme suit :
Yi= iq0 +: iqjT.i xj+
Avec yi la variable expliquée représentant les
groupes de modalité. xi les variables explicatives m E [0; 4].
et le terme d'erreur.
I.3.1 Spécification du modèle
Notre modèle à estimer s'écrira donc sur
cette forme :
Avec actif i : la variable indépendante situation
d'activité du jeune age : l'âge de
l'individu
i
sexei : le sexe de l'individu
emploii : emploi du parent de
l'individu
nivinsi : le niveau d'instruction de
l'individu
milieui : le milieu de résidence
des jeunes
Le modèle ainsi décrit peut être écrit
selon les modalités prise par la variable explicative.
SECTION II : ESTIMATION ET RESULTATS ECONOMETRIQUES
II.1 Estimations
L'estimation des paramètres des modèles logit
multinomiaux peut se faire de différentes façons :
Méthodes du maximum de vraisemblance, méthodes de moments : GMM,
moments simulés etc.., méthodes non paramétriques et
semi-paramétriques. Nous utiliserons ici la méthode du maximum de
vraisemblance à information complète.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 39
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
La vraisemblance associée à un modèle logit
multinomial indépendant à m+1 modalités s'écrit en
fonction de m vecteur de paramètres âj, j = 1, ..,m
du fait de la normalisation â0 = 0. Ainsi l'estimation des
paramètres du modèle logit multinomial s'effectue alors en
maximisant la log-vraisemblance par rapport aux vecteurs de paramètres
(â1, â2, ..., âm) :
log L ( , â1, â2, ..., âm)= ? ?
avec yi,j = 1 si yi = j et 0 sinon, et
où les probabilités Prob (yi = j) sont définies
par :
Prob (yi = j) = ? =
?
Notons au passage que la fonction de log-vraisemblance d'un
modèle logit multinomial indépendant est globalement concave et
que par conséquent on peut utiliser différents algorithmes
d'optimisation numérique propres à ce type de problème
(Newton Raphson par exemple) et que les résultats ne sont pas sensibles
au choix des conditions initiales de ces algorithmes.
II.2 Les résultats économétriques
Les résultats économétriques de notre
modèle ont été obtenus grâce à notre travail
avec le logiciel stata 14. Pour parvenir à l'élaboration de notre
modèle économétrique logit multinomial nous avons tout
d'abord exporté nos données de la base de données EESI 2
vers le logiciel stata 14 et c'est à partir de ce dernier que nous avons
eu les résultats qui seront présentés dans les tableaux
situés en annexes de ce document. Il s'agira donc pour nous dans ce
point d'interpréter les différents résultats obtenus.
Etant donné le fait que nous sommes dans un modèle
de régression multinomiale, les interprétations se feront en
termes de probabilités suivant les différentes modalités.
Les modalités que nous interprèterons plus dans le cadre de notre
étude sont : population active, chômeurs et inactifs.
Au regard des résultats donnés par le tableau
d'estimation (annexe1),il vient que notre modèle est globalement
significatif au seuil de 1% car Prob chi2=0.0000. De même, le Pseudo R2 =
0.5624 qui signifie que les variables indépendantes expliquent à
56,24% la variable situation d'activité.
Les résultats montrent que, en ce qui concerne la variable
âge, elle a une influence positive et significative sur la
modalité actif occupé. Ce qui signifie que pour avoir la
chance
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 40
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
d'être considéré comme un actif occupé
il faut atteindre un âge précis ; dans le cadre de notre travail
l'âge prend deux modalités que sont 15-24ans et 25-34ans.
Cependant, elle a une influence négative sur les modalités
chômeurs et inactifs ce qui signifie l'âge n'influence pas
le fait de ne pas avoir un emploi. Ce qui est tout à fait logique car ce
n'est pas parce qu'on atteint une certaine tranche d'âge qu'on est
directement qualifié de chômeurs ou d'inactifs.
Au compte de la variable sexe, il existe une
corrélation négative et positive entre elle et la modalité
1. Ce qui revient à dire que le statut de travailleur ne dépend
pas toujours du sexe de l'individu. Par contre pour les modalités 3 et 4
on constate une significativité forte et positive de cette variable
signifiant que la situation de chômage et d'inactivité
dépend en ce moment du sexe de l'individu. Ce qui est justifié
dans le rapport sur l'insertion professionnelle au Cameroun où il
spéculé qu'un jeune de sexe féminin a environ 66% de
risque de moins qu'un jeune de sexe masculin d'être chômeur
plutôt qu'actif occupé, toutes choses égales d'ailleurs.
Par ailleurs, un jeune de sexe féminin a environ 56% de risque de moins
qu'un jeune de sexe masculin d'être inactif plutôt qu'actif
occupé.
Le niveau d'instruction est négatif dans les
modalités 1 et 3 ; ce qui signifie que plus un individu est
qualifié, moins il a des chances d'être soit actif soit
chômeur. L'éducation n'influencerait pas la situation
d'activité d'un jeune. Ce résultat est contraire à nos
attentes puisque en réalité et suivant les différentes
théories de l'insertion professionnelle, le fait d'avoir reçu une
éducation garanti une insertion professionnelle future. Cependant, au
Cameron il a été démontré que ceux-là qui
sont facilement inséré sur le marché de l'emploi sont ceux
ayant une expérience professionnelle aux détriments de ceux
n'ayant reçu une formation purement et seulement académique (
Mebara et al) d'où on peut comprendre ce résultat car cette
variable ne prend en compte que les jeunes n'ayant pas suivi une formation
professionnelle mais uniquement académique.
Pour ce qui est du milieu de résidence, il est
significativement positive quel que soit la modalité signifiant ainsi
que la zone dans laquelle le jeune se trouve influence ses chances de pouvoir
avoir une quelconque situation d'activité. Les jeunes du milieu urbain
plus de risque d'être chômeurs et inactifs plutôt que
d'être actifs occupés sur le marché du travail.
Il était question dans ce chapitre de vérifier
l'assertion selon laquelle l'insertion professionnelle a un lien avec
l'éducation. Les tests empiriques sont effectués à partir
de la base de données EESI 2010. Les résultats du modèle
logit multinomial montrent qu'il existe une correlation négative entre
le niveau d'instruction et la probabilité d'avoir une situation
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 41
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
d'activité pour les jeunes. Ainsi une formation
professionnelle recu pourra être un indicateur les jeunes dans la
possibilité d'être inseré. En suivant donc beaucoup plus
les formations professionnelles, ceci augmenterai la probabilité
d'insertion professionnelle des jeunes.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
L'objectif de cette partie était d'identifier le
rôle joué par l'éducation dans l'insertion des jeunes sur
le marché du travail. Pour y parvenir, l'insertion a été
opérationnalisée par la situation d'activité. Les jeunes
représentent plus du tiers de la population du pays. Ces jeunes ont
très peu recours à l'enseignement technique comparé
à l'enseignement général quels que soient le cycle, le
milieu de résidence et le sexe. En milieu urbain, le taux de
chômage est plus élevé pour les jeunes ayant suivi un
cursus académique général que chez ceux ayant suivi un
cursus technique ou professionnelle et ce, quel que soit le sexe, même si
ce taux reste plus élevé parmi les jeunes de sexe
féminin.
Cependant, quand bien même ces jeunes réussissent
à s'insérer professionnellement, ils se retrouvent
confronté à une situation dans laquelle ils sont obligés
n'importe quel emploi même si celui-ci ne correspond pas à la
formation initialement reçue . D'où la naissance du
phénomène de déclassement dont on parlera dans la partie
suivante.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 42
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
PARTIE II : INSERTION PROFESSIONNELLE ET MESURE
DU DECLASSEMENT DES JEUNES
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 43
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
Le recours à la notion de "déclassement" ne devrait
a priori guère poser problème tant il est vrai que, dans ses
usages courants, le sens du mot va de soi : sa construction lexicale est
explicite et son usage bien réglé. L'usage savant du mot,
consiste à juger un individu comme « déclassé »
au regard de son diplôme lorsque l'emploi qu'il occupe pourrait ou
pouvait, dans un état de fait antérieur être occupé
par quelqu'un de moins diplômé. Cet usage savant très
particulier a trouvé l'un de ses terrains d'application
privilégiés dans la description de l'insertion professionnelle
des jeunes : est alors considéré comme «
déclassé » tout individu qui, à son entrée
dans la vie active, occupe un emploi inférieur à celui auquel son
diplôme aurait pu lui permettre de prétendre. Par ailleurs,
au-delà du chômage et du temps partiel subi, le «
déclassement » peut constituer une autre forme de sous-utilisation
des compétences humaines sur le marché du travail. Actuellement,
le niveau de diplôme est bien un facteur essentiel pour accéder au
monde professionnel camerounais, mais cela ne suffit pas à garantir une
protection face au chômage et d'autres aléas du marché du
travail. De plus, pour les diplômés qui veulent obtenir un emploi,
il existe un fort décalage entre le niveau de diplôme atteint et
la qualification de l'emploi obtenu. Il existe également un
problème d'expérience professionnelle limitée ; les
employeurs mettent l'emphase sur l'expérience professionnelle comme
facteur clé pour être retenu. Ainsi, les difficultés
d'insertion sur le marché du travail camerounais conduisent beaucoup de
jeunes diplômés, car ils n'ont pas d'autre alternative, à
exercer un emploi pour lequel leur niveau de formation initiale dépasse
théoriquement celui requis, les entraînant ipso facto au
déclassement professionnel. Pour autant, la fonction publique
présente un ensemble de caractéristiques qui fait d'elle un champ
d'analyse du déclassement particulièrement pertinent. En effet,
elle concentre une population salariée plus diplômée que
dans le secteur privé.
Dans cette partie nous nous attarderons à démontrer
l'ampleur que le déclassement a sur l'insertion professionnelle des
jeunes. Ceci se fera au fil d'un parcours en deux étapes : la
première s'attachera à définir un cadre théorique a
la notion de déclassement et d'insertion professionnelle. La seconde
visera à partir des déterminants de l'insertion pour donner une
mesure à l'ampleur du déclassement professionnel des jeunes.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 44
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
CHAPITRE 3 : INSERTION PROFESSIONNELLE ET DECLASSEMENT
PROFESSIONNELLE : UNE APPROCHE THEORIQUE
L'insertion professionnelle correspond à une succession de
situations (recherche d'emploi, emploi, chômage, formation,
inactivité...) par lesquelles l'individu transite avant de se stabiliser
dans un type d'emploi. La durée de la période d'insertion est, en
ce sens, relativement difficile à déterminer puisqu'il faut alors
s'accorder sur ce qu'est une situation stable et un emploi correspondant
à la formation initiale. Les représentations individuelles et
collectives ont ainsi un impact significatif dans la définition de
l'insertion professionnelle puisque la « stabilisation » sera
caractérisée de façon différente selon les
personnes. On peut toutefois considérer, de manière
générale, que la « stabilisation » désigne le
fait de trouver un emploi correspondant au niveau et à la formation de
l'étudiant, et dans lequel celui-ci est amené à rester de
façon relativement pérenne. Or, les jeunes en emploi sur le
marché du travail n'accèdent pas tous à l'emploi à
vie dès leur embauche. Ainsi, il sera question pour nous dans ce
chapitre de présenter les différents auteurs et théories
de l'insertion professionnelle et du déclassement.
SECTION 1 : APPROCHE THEORIQUE DE L'INSERTION
PROFESSIONNELLE
Issu du champ des politiques publiques et de l'économie
sociale, le concept d'insertion est apparu dans les années 1960 et s'est
fortement répandu par la suite. À l'origine, cette notion
concernait la jeunesse et plus particulièrement le processus
d'adéquation entre formation et emploi. D'après Nicole-Drancourt
et Roulleau-Berger, l'utilisation de ce terme dans les textes
législatifs date du début des années 1970. Mais ce n'est
véritablement qu'en septembre 1981, à l'occasion d'un rapport sur
« l'insertion professionnelle et sociale des jeunes » remis par
Bertrand Schwartz au Premier Ministre Pierre Mauroy, que le terme d'insertion
fait une entrée en force dans le vocabulaire politique français.
Les années suivantes ont vu l'insertion être érigée
en problème social et instituée en « impératif
national », lors de l'adoption de la loi sur le Revenu Minimum d'Insertion
(RMI) en 1988. Néanmoins, la conceptualisation par les sociologues ne
s'est faite que depuis les années 1990.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 45
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
En outre, il faut préciser qu'au départ, le terme
d'insertion n'était pas utilisé pour parler des
diplômés. En effet, l'action en faveur de l'insertion
professionnelle concernait surtout les personnes peu ou pas qualifiées
puisque les diplômés n'avaient, en principe, pas de
problèmes pour trouver un travail qui leur corresponde. Aujourd'hui,
l'insertion est devenue un terme couramment employé, qui désigne,
de façon plus ou moins précise, un ensemble de processus en
rapport avec la scolarisation des jeunes, l'intégration harmonieuse dans
la société et la recherche d'un emploi. Le terme a ainsi
progressivement évolué pour s'appliquer, non seulement aux jeunes
peu ou pas qualifiés et aux chômeurs de longue durée, mais
également aux diplômés du supérieur.
Il existe de nombreuses représentations autour de
l'insertion professionnelle qui rendent ce terme polysémique. Selon
TROTTIER, LAFORCE et CLOUTIER(1997), les représentations de
l'insertion sont structurées par trois termes que sont la
stabilité, la correspondance formation/emploi et la construction d'une
identité professionnelle. Selon cette analyse, la plupart des personnes
lient l'insertion professionnelle au fait de trouver un emploi stable et
correspondant à sa formation, mais aussi et surtout, l'insertion
professionnelle apparaît, dans cette perspective, comme un processus de
socialisation. Ce serait elle qui permettrait au jeune de passer
véritablement à l'âge adulte et de trouver une certaine
reconnaissance par ses pairs à travers l'identification à un
métier et à un groupe de personnes exerçant la même
fonction ou travaillant simplement dans le même lieu. Cette dimension de
l'insertion professionnelle apparaît comme très importante car
elle souligne un des enjeux lié à l'insertion professionnelle des
diplômés : celui de leur intégration dans la
société.
Théoriquement, il existe trois perspectives pour aborder
la question de l'insertion : suivant le point de vue du sujet en insertion ; de
la société qui, posant l'insertion en « impératif
national », conçoit et pilote une politique d'insertion ; ou
le point de vue du professionnel qui met en oeuvre l'insertion pour le sujet et
avec le sujet. Ces trois aspects sont liés mais l'on fera le choix dans
cette étude de regarder l'insertion professionnelle telle
qu'envisagée par la société, dans le sens où c'est
la construction de l'insertion professionnelle comme problème et
l'action des autorités publiques qui nous intéressent.
En guise de récapitulatif, on peut suggérer la
définition intéressante que proposent Bordigoni, Demazière
et Mansuy en 1994 : l'insertion professionnelle correspondrait à un
« processus socialement construit dans lequel sont impliqués
des acteurs sociaux et des institutions
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 46
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
(historiquement construites), des logiques
(sociétales) d'action et des stratégies d'acteurs, des
expériences (biographiques) sur le marché du travail et des
héritages socio-scolaires. »
On peut noter qu'il existe finalement un certain déficit
de théorisation concernant la notion d'insertion professionnelle, qui
fait de celle-ci un terme "fourre-tout". Ce constat amène le sociologue
Dubar à écrire, en 1998, que « la notion d'insertion
constitue bien, avant tout, une notion du débat social et politique,
historiquement datée et sémantiquement floue. ». On
voit donc que l'emploi du terme "insertion" est lié à une
construction particulière qui s'est opérée dès les
années 1960-1970, mais a beaucoup évolué, pour devenir de
plus en plus large.
Le concept d'insertion professionnelle est complexe du fait de la
multiplicité des réalités auxquelles il renvoie. Diverses
représentations et divers acteurs sont susceptibles d'intervenir au
cours du processus d'insertion professionnelle : les diplômés, les
entreprises, les universités, l'État, les collectivités
locales, les professionnels de l'insertion, etc... D'autre part, la notion
d'insertion se situe au carrefour de plusieurs disciplines comme la sociologie,
les sciences de l'éducation, l'économie ou encore l'histoire.
C'est ce qui fait à la fois son intérêt et la
difficulté qu'il peut y avoir à saisir tous les enjeux
liés à ce thème.
Si l'on en croit Claude Dubar(2001), « le fait de
«devoir s'insérer» en essa ant de trouver du travail, à
la sortie de l'école ou de l'université est tout sauf un
donné naturel qui aurait toujours existé. Au contraire, c'est une
exigence relativement récente, en France comme ailleurs. ». Et
si aujourd'hui, l'ensemble des orientations politiques en termes d'emploi et de
formation en tiennent compte, tant au niveau national qu'au niveau
européen et international, cela n'a pas toujours été le
cas. Il s'agira donc de voir comment a évolué la
représentation de l'insertion professionnelle des diplômés
pour mener à une action concrète de la part des autorités
publiques, alors que celle-ci n'était pas forcément
évidente au départ.
SECTION 2 : APPROCHE THEORIQUE DU DECLASSEMENT
Selon NAUZE-FICHET et TOMASINI, « le déclassement
recouvre une sous-utilisation de la main-d'oeuvre potentielle qui
dépasse les seuls constats du chômage et du sous-emploi, au sens
usuel du terme. Il peut influer sur la motivation des jeunes salariés
comme sur leur productivité. Il invite, par ailleurs, à nuancer,
en partie, le discours sur les pénuries de main-d'oeuvre
qualifiée ». Le concept de déclassement apparait donc
comme un concept qui mérite
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 47
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
qu'on lui accorde une attention particulière. Le
déclassement fait l'objet de débat dans la littérature et,
notamment, son caractère transitoire ou durable n'est pas tranché
dans les explications théoriques. Par ailleurs, la notion même de
déclassement peut renvoyer à plusieurs dimensions : normative,
statistique ou subjective, autant de façons de mesurer le
déclassement que nous aborderons dans cette section.
II.1 Les débats théoriques autour du
déclassement
Le déclassement, encore appelé overeducation
par les anglo-saxons, a déjà fait l'objet de nombreuses
études et publications. Malgré une définition à peu
près unanime selon laquelle « est considéré comme
déclassé tout individu dont le niveau de formation initiale
dépasse celui normalement requis pour l'emploi occupé
», les deux auteurs précités précisent que
l'interprétation exacte du concept et l'analyse de ses causes et de ses
effets varient fortement, en fonction notamment des hypothèses retenues
par les économistes sur le fonctionnement du marché du
travail.
Les premières investigations sur la «
suréducation » remontent au début des années 1970 aux
États-Unis. En effet, Berg (1970) observait que les employeurs
profitaient de la hausse de l'offre des travailleurs ayant un niveau de
scolarité collégial pour augmenter les qualifications scolaires
requises pour un emploi qui n'aurait pas théoriquement
nécessité un tel niveau de savoir et de savoir-faire. Ce sera
néanmoins Freeman (1976) qui fondera l'acte de naissance d'un
véritable champ de recherche sur ce thème. D'un point de vue
théorique, le déclassement est envisagé comme transitoire
pour certains auteurs, durable pour d'autres. En effet, dans le cadre de la
théorie du capital humain, le déclassement correspond à
une situation temporaire où les entreprises n'utilisent pas pleinement
les qualifications des salariés, ni ne les rémunèrent
à leur productivité marginale potentielle. Cette théorie
peut également expliquer le déclassement comme le résultat
d'un choix délibéré : l'emploi de bas niveau constitue un
moyen d'investir en capital humain spécifique (Hartog, 1999). En accord
avec cette dernière interprétation, Sicherman (1991) met en
évidence une probabilité de mobilité professionnelle
ascendante accrue, par promotion interne ou changement d'entreprise, pour les
individus déclassés. Dans cette configuration, l'hypothèse
qui prévaut est celle d'un rattrapage d'un déclassement initial.
Selon Mc Cormick (1990), en situation d'information imparfaite, l'employeur
considère l'information relative au dernier emploi occupé par
l'individu comme signal de sa productivité. Une situation d'emploi
déclassé est identifiée comme signal d'une
productivité faible. Ainsi, l'état dans lequel se trouve
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
l'individu prime sur son diplôme ; en conséquence,
si l'individu ne sort pas rapidement de la situation de déclassement
initial, il pourrait s'y trouver enfermé car plus le temps passe, moins
le niveau d'études compte. Enfin, le déclassement peut
également devenir persistant, si la structure de qualification des
emplois n'évolue pas aussi vite que l'offre de diplômés
(Tsang et vin, 1985).
Par ailleurs, Thurow(1975) dans « Le modèle de
concurrence pour l'emploi » suppose que les salaires, étant
associés à la hiérarchie des postes dans l'entreprise,
sont prédéterminés. Dans ces conditions, les ajustements
sur le marché du travail se font par les quantités, d'où
la notion de « concurrence pour l'emploi ». En outre, les
caractéristiques de productivité sont supposées
attachées aux postes de travail et non aux individus. Les entreprises
cherchent alors à embaucher les personnes dont les coûts de
formation sont les plus faibles et utilisent pour cela le diplôme comme
indicateur de l'aptitude à être formé. Elles choisissent
donc les candidats les plus diplômés parmi l'ensemble des
demandeurs d'emploi. Ainsi, selon ce modèle, le niveau relatif de
formation des individus est plus important que leur niveau absolu dans la
mécanique d'ajustement conjoncturel entre offre et demande de travail.
La concurrence pour l'emploi implique au niveau macro-économique
l'existence d'une file d'attente en tête de laquelle se trouvent
les individus les plus diplômés relativement à l'ensemble
des demandeurs d'emploi. Comme l'illustre l'analyse de Fondeur (1999), une
telle vision du fonctionnement du marché du travail est susceptible
d'expliquer le développement de situations de déclassement en
période de pénurie d'emplois qualifiés.
II.1.1 Facteurs macroéconomiques du
déclassement
Au niveau macroéconomique, le déclassement
apparaît, parallèlement au chômage, comme une forme de
sous-emploi liée à une pénurie d'emplois qualifiés.
L'origine d'une telle pénurie peut être conjoncturelle
(insuffisance globale de la demande de travail) ou structurelle (insuffisance
relative de la demande de travail qualifié au regard de l'offre de
main-d'oeuvre diplômée). Ainsi, selon Chauvel (1998), «
la dévalorisation des diplômes n'est pas le résultat de la
seule diffusion des diplômes, mais le fait d'un décalage entre le
r thme de progression des diplômes et celui de la croissance des postes
qualifiés ». Dans un contexte ou le chômage est
élevé, le fait d'accepter les situations de déclassement
peut découler du fait qu'il y'ait une préférence
croissante pour la stabilité de l'emploi, au détriment de sa
qualité ou de sa rémunération.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 49
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Quelle que soit son origine macroéconomique, le
déclassement est susceptible de s'amplifier par le jeu des
différents acteurs sur le marché du travail. Ainsi, conscients de
la stratégie d'écrémage des entreprises au sein des
candidats à l'emploi, les individus peuvent être incités
à poursuivre leurs études, en vue d'obtenir un diplôme qui
leur procure une meilleure place dans la file d'attente pour l'emploi. Ce qui
conduit plutôt à une amplification du décalage entre les
rythmes de croissance des compétences offertes et requises.
Réciproquement, les entreprises peuvent se permettre de devenir de plus
en plus exigeantes quant au niveau de diplôme détenu par les
candidats à l'emploi, pour un poste à pourvoir à
qualification requise donnée.
II.1.2 Approche théorique des liens entre
formation et emploi
Fondeur (1999), Green et al. (1999) et Sloane et al.
(1999) proposent chacun une revue de détail des différentes
approches théoriques des liens entre formation et emploi. Trois grandes
approches se distinguent : celle fondée sur la théorie du capital
humain, celle fondée sur la théorie de l'appariement et les
approches à la base des modèles de signalement, au sein desquels
se distingue le modèle de concurrence pour l'emploi.
C'est donc la logique de ce dernier modèle que l'on
privilégiera pour éclairer l'interprétation et l'analyse
du déclassement proposée ici. Les autres approches permettent
toutefois de préciser la complexité des liens entre formation et
emploi qui relèvent vraisemblablement aussi en partie de ces
différents schémas théoriques.
Selon la théorie du capital humain, la formation
constitue un investissement conduisant à accroître les
capacités productives d'un individu, ces dernières
déterminant entièrement la qualification et la
rémunération de l'emploi occupé. Le niveau
d'éducation ne constitue, par ailleurs, qu'une composante parmi d'autres
du capital humain, à côté notamment de l'expérience
et du savoir-faire (Mincer, 1974). Dans un cadre où le marché du
travail est supposé pleinement efficient, les entreprises, qui cherchent
à maximiser leur profit, ont tout intérêt à utiliser
au mieux les compétences des personnes employées. On peut ainsi
envisager que ces dernières adaptent systématiquement le profil
des postes de travail aux compétences des personnes embauchées.
Une telle approche met en doute la possibilité de situations de
déclassement à proprement parler. La théorie du capital
humain envisage malgré tout l'existence de périodes où les
individus, ou la société, investissent dans l'éducation
au-delà des besoins en main d'oeuvre diplômée. Un tel
déséquilibre est néanmoins supposé temporaire, se
résorbant naturellement par le jeu des réactions des individus et
des entreprises
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 50
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
(Freeman, 1976). Les premiers sont en effet incités
à investir moins dans l'éducation, compte tenu de la baisse de
son rendement. Les secondes sont encouragées à modifier leur
organisation productive, pour bénéficier du moindre coût du
travail qualifié.
Selon la théorie de l'appariement (Jovanovic,
1979), le déclassement est également appréhendé
comme un phénomène de court terme, mais selon un tout autre
raisonnement. Cette fois, la possibilité de mauvais appariements entre
offreurs et demandeurs de travail est supposée résulter du manque
d'informations détenues par les agents (sur les compétences des
personnes ou sur les caractéristiques des emplois) et du coût pour
acquérir ces dernières (coût des procédures
d'entretien ou coût de recherche d'emploi, par exemple).
Selon une telle théorie, les situations de
déclassement constitueraient pour les individus des erreurs de parcours,
dans la phase de recherche d'un emploi adéquat. Ces situations ne
seraient néanmoins que temporaires, les individus
déclassés étant incités à quitter leur
emploi afin d'en obtenir un mieux adapté à leur niveau de
compétence. Inversement, les situations de « surclassement »
(cas où le niveau de formation initiale des personnes est
inférieur à celui normalement requis pour l'emploi occupé)
sont envisagées comme pouvant être plus durables. En effet, dans
un contexte où la demande de main d'oeuvre diplômée
excèderait l'offre, un travailleur surclassé peut être
incité à rester dans l'entreprise, car cette situation lui est
financièrement favorable. De son côté, l'entreprise peut
envisager de garder une personne surclassée.
D'une part, cela lui permet d'épargner de nouveaux
coûts de prospection et d'embauche. D'autre part, la personne
surclassée peut compenser progressivement l'insuffisance de sa formation
initiale par l'acquisition d'expérience et de savoir-faire.
Les modèles de signalement s'appuient
également sur l'hypothèse d'une information imparfaite des agents
sur le marché du travail. En particulier, les employeurs ne connaissent
pas la productivité réelle des candidats à l'embauche. Le
diplôme constitue alors pour les entreprises un signal les aidant
à identifier les personnes ayant les capacités productives
adéquates (Spence, 1973). De leur côté, les travailleurs
investissent dans l'éducation pour fournir des signaux clairs aux
employeurs, leur permettant d'accéder à des niveaux d'emploi et
de salaire élevés. Selon une telle approche, le système
éducatif joue avant tout un rôle de sélection des
compétences « potentielles » (aptitudes à s'adapter ou
à se former aux emplois), plus que de développement des
compétences « effectives » (connaissances théoriques ou
pratiques). L'utilisation du diplôme comme critère d'appariement
est fondé sur l'hypothèse
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 51
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
que le coût d'acquisition d'un titre scolaire est d'autant
plus faible que le potentiel des individus est élevé. Une
diminution exogène d'un tel coût d'acquisition peut ainsi
brouiller le signal associé aux diplômes et engendrer un
phénomène de dévaluation des titres scolaires, plus que de
développement du déclassement au sens strict.
Le modèle de concurrence pour l'emploi (Thurow,
1975) s'inscrit dans la lignée d'une telle approche, mais en rupture
avec le cadre néoclassique de la plupart des autres modèles de
signalement. Dans son ouvrage « Generating Equality »,
Thurow (1975) s'interroge sur les mécanismes économiques à
l'origine des inégalités de revenus. Dans l'analyse
traditionnelle, le salaire est supposé être la variable clé
d'ajustement entre l'offre et la demande de travail. Conformément
à cette approche, on doit s'attendre à ce que cette variable
« équilibrante » soit peu dispersée, une fois pris en
compte les différents facteurs
d'hétérogénéité de la productivité
individuelle du travail.
Or, selon Thurow, la statistique peine à mettre en
évidence des groupes d'individus aux salaires réellement
homogènes. Ce constat parmi d'autres l'incite à envisager une
autre description de la mécanique de régulation sur le
marché du travail, en alternative à l'hypothèse de
concurrence par le salaire (« wage competition »).
Le modèle de concurrence pour l'emploi («
jobcompetition ») développé par Thurow repose sur
l'idée qu'une part essentielle des compétences nécessaires
pour occuper un emploi donné n'est réellement acquise qu'en
occupant l'emploi. Les compétences professionnelles seraient donc
largement transmises de manière plus ou moins formelle dans le cadre du
travail (« on-the-job training »). De même, la
productivité du travail constitue selon lui une caractéristique
attachée à un emploi donné et non à la personne qui
occupe cet emploi. Du côté de l'offre de travail, les individus se
différencient alors, non par leur productivité, mais par le
coût nécessaire pour les former à occuper tel ou tel
emploi. Pour un emploi et un individu donné, ce coût est une
fonction du bagage personnel de la personne (« background
characteristics »), c'est-à-dire de ses aptitudes
innées, son niveau d'éducation, son expérience
professionnelle, etc. Du côté de la demande de travail, les
emplois sont hiérarchisés préalablement à
l'embauche, selon une grille de qualifications qui correspond aux
différentiels de productivité des emplois. Cette grille
détermine en même temps la grille des rémunérations,
qui est donc en grande partie fixée préalablement aux
embauches.
Dans le cadre de ce modèle, le salaire ne peut ainsi
constituer une variable d'ajustement conjoncturel entre offre et demande de
travail, puisqu'il est largement prédéterminé. La
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 52
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
logique de régulation du marché du travail est
alors la suivante. Pour chaque emploi, qui constitue en même temps une
opportunité de formation professionnelle, il existe un ensemble de
candidats potentiels.
Ces derniers forment une file d'attente (« labor queue
») au sein de laquelle les employeurs privilégient ceux pour
lesquels ils anticipent les plus faibles coûts de formation, compte tenu
des indications qu'ils possèdent sur leur bagage personnel. En
particulier, pour les nouveaux entrants sur le marché du travail, le
niveau de formation initiale constitue l'indicateur privilégié
sinon unique du coût de formation anticipé. Entre plusieurs
candidats à caractéristiques identiques, le choix de l'employeur
s'apparente ensuite à une loterie.
Ainsi, au niveau global, en fonction du nombre et de la structure
des emplois offerts, parallèlement au nombre et aux
caractéristiques des candidats à l'emploi, des individus
identiques en termes de bagage personnel pourront se voir proposer des emplois
de qualifications, salaires et opportunités de formation professionnelle
différents. Répondant à son objectif, le modèle de
concurrence pour l'emploi est ainsi effectivement susceptible d'expliquer
l'importance des inégalités de salaires au sein de groupes de
personnes a priori relativement homogènes.
II.2 Mesure du déclassement
Aux difficultés pour cerner le concept de
déclassement et ses facteurs explicatifs, correspondent des
difficultés tout aussi importantes pour quantifier le
phénomène. Mesurer le déclassement suppose de
définir la population des déclassés ; il est à
noter qu'un déclassé est celui la dont le niveau de formation ne
correspond pas avec le niveau « normalement » requis pour l'emploi
qu'il occupe. Cette mesure suppose en effet de pouvoir définir dans quel
cas la formation initiale correspond ou non à la qualification requise
pour, l'emploi occupé, c'est-à-dire dans quel cas la relation
formation-emploi peut être considérée comme « normale
».
Dans les travaux empiriques internationaux, on classe les
différentes mesures envisagées en trois grandes catégories
: l'approche « normative », l'approche « statistique » et
l'approche « subjective » (Fondeur, 1999 ; Battu et al.,
2000).
L'approche « normative » repose sur l'analyse du
contenu en formation qui est a priori nécessaire pour occuper
une fonction quelconque ou, réciproquement, du type de professions
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
auxquelles prépare un diplôme précis. Cette
analyse détaillée permet d'établir une table de
correspondance entre diplômes et professions. Cependant, cette approche
simple du déclassement normatif n'est pas satisfaisante. Elle met
notamment en évidence des requalifications statistiques des contenus de
travail non prises en compte dans la correspondance entre diplômes
exigés au niveau des concours et emplois. Ces informations existent
inévitablement ; pour autant, leur recensement pour tous les
métiers de la fonction publique, afin de mettre à jour les
correspondances diplômes-contenu des emplois, reste une entreprise
considérable, en particulier dans une démarche quantitative.
La mesure du déclassement s'appuie alors sur la
comparaison du niveau de formation détenu avec celui « normalement
» requis pour l'emploi occupé. Cette approche est largement
utilisée aux États-Unis sur la base du « Dictionnary of
Occupationnal Titles ». Elle a été également
utilisée en France par Affichard (1981) à partir du « code
DPJ ». L'approche « normative », qui peut paraître la plus
naturelle et la plus objective, suppose un important travail d'analyse à
la base. Les travaux, déjà anciens, fondés sur cette
approche ne correspondent plus à la situation actuelle du
déclassement.
L'approche « statistique » propose de définir
plus simplement les correspondances « normales » à partir de
ce qui ressort de l'analyse statistique comme étant les situations les
plus fréquentes. Elle est généralement utilisée
comme substitut à la première méthode, lorsqu'on ne
dispose pas de table de correspondance « normative » suffisamment
récente. Aux États-Unis, la méthode statistique la plus
courante consiste à estimer, profession par profession, le niveau moyen
d'études. Une personne est alors considérée comme
déclassée si son niveau d'études dépasse de plus
d'un écart-type le niveau moyen de la profession. Pour mesurer
statistiquement le déclassement, la démarche utilisée par
Forgeot et Gautié (1997), à partir de l'examen empirique des
tableaux annuels de contingence croisant diplômes et catégories
socioprofessionnelles, peut être systématisée. Une analyse
des écarts à l'indépendance au sens du chi-deux permet en
effet d'établir simplement chaque année une table de
correspondance diplôme-catégorie socioprofessionnelle (CS).
Celle-ci décrit la norme statistique du moment et permet de
repérer, en fonction de cette norme, les personnes «
sur-diplômées » ou « sous-diplômées »
par rapport au type d'emploi occupé, c'est-à-dire respectivement
en situation de « déclassement » ou de « surclassement
».
L'approche « subjective », renvoie à une
norme personnelle, à un ressenti. On se réfère
à l'auto appréciation des jeunes vis-à-vis de leur
situation, à travers la réponse à la
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 54
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
question : « A propos de cet emploi, diriez-vous que
vous étiez utilisé (a) à votre niveau de
compétences, (b) en dessous de votre niveau de compétences, (c)
au-dessus de votre niveau de compétences ? ». Avoir le
sentiment d'être employé en dessous de son niveau de
compétences correspond alors à un déclassement subjectif.
Les individus, lorsqu'ils s'expriment sur l'usage de leurs compétences,
ne se centrent probablement pas sur la correspondance entre formation et
emploi. En effet, les compétences renvoient de manière seulement
indirecte aux deux dimensions mobilisées pour définir le
déclassement statistique ou normatif, à savoir la correspondance
entre le niveau de qualification à l'issue de la formation initiale et
le niveau de qualification de l'emploi occupé, lu à travers les
PCS. En outre, pour l'individu interrogé, d'autres dimensions relatives
à la satisfaction professionnelle peuvent contribuer à alimenter
ce sentiment de déclassement. Toutefois, « l'approche
subjective présente l'intérêt de mieux prendre en compte
l'environnement du salarié et de s'affranchir des problèmes de
nomenclature d'emploi » (Giret,2005, p. 280).
Source : Forgeot Gérard, Gautié
Jérôme (1997)
Utilisant l'approche statistique dans la mesure du
déclassement, FORGEOT et GAUTIE ont proposé une table de
correspondance reposant sur un critère d'ordre statistique au sens
où elle tenait compte aussi bien de l'importance relative des
CS à chaque niveau de formation, que, symétriquement, des
parts relatives des différents diplômes dans chaque CS. Ils
ont donc retenu la table suivante :
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 55
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Cette table de correspondance obtenue par approche statistique
conduit à une nomenclature des diplômes plus
détaillée que celle qu'Affichard (1981) a utilisé.
Affichard avait proposé la table de correspondance suivante :
Source : Affichard (1981)
Lecture de la table de correspondance :
Les travailleurs se situant dans une profession de niveau supérieur
à la norme pour leur diplôme sont considérés comme
"sous-diplômés", ils sont dans la situation de sur classement. Par
contraire, ceux situés dans une profession de niveau inférieur
à la norme par rapport à leur niveau de formation sont
considérés comme "sur-diplômés" et sont par
conséquent dans la situation de déclassement.
Pour ce qui est de l'analyse des facteurs de déclassement
et leur évolution au début des années 90, Forgeot et
Gautié ont trouvé que les femmes et les débutants sur le
marché du travail sont les plus touchés par le
déclassement, ceci dépendant de l'emploi occupé.
En effet, le déclassement des femmes est beaucoup plus
conséquent: en 1995, plus de 24 % des jeunes femmes étaient sur
diplômées, contre moins de 18 % des jeunes hommes. Les
débutants étaient logiquement en moyenne davantage
sur-diplômés. De ce fait, le déclassement diminuait avec
l'ancienneté sur le marché du travail.
Les analyses menées par les deux auteurs ont montré
qu'entre 1992 et 1995, les facteurs sociodémographiques ont
contribué peu à l'évolution relative du
déclassement. Les hommes avaient toujours une propension nettement plus
faible que les femmes à être déclassés dans leur
emploi. Les jeunes vivants en couple avaient également une
probabilité plus faible d'être déclassés. Cette
variable restait cependant très corrélée à
l'âge de l'individu et à l'expérience professionnelle, qui
vont toutes deux dans le sens d'un moindre déclassement. Il était
en outre possible que la décision de vivre en couple soit
postérieure à la stabilisation professionnelle
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Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
des jeunes. Durant la même période, le statut de
l'emploi demeure un facteur important du déclassement, bien que
relativement moins discriminant en 1995 qu'en 1992. En effet, les
catégories de salariés comme ceux de la FP, bien moins
touchées par le déclassement en 1992, le deviennent à
l'identique des contrats à durée indéterminée du
secteur privé en 1995. De plus, les contrats à durée
déterminée, où, on l'a noté, la part des
sur-diplômés est plus importante, se sont développés
sur la période.
En somme, il était question ici de présenter les
différentes théories ayant trait à la notion de
déclassement et d'insertion professionnelle. Il apparait donc que
même si les formations reçus par les jeunes leur permettent
d'accéder au monde de l'emploi, ils sont néanmoins
confrontés à des situations de surqualification par rapport
à l'emploi occupé. Ce phénomène de
déclassement peut être fonction de certaines
caractéristiques individuelles telles que le sexe par exemple,
l'âge et l'expérience professionnelle. Nous essaierons dans le
chapitre qui suit faire une analyse méthodologique sur la mesure de ce
phénomène de déclassement.
CHAP 4 : DETERMINANTS DE L'INSERTION PROFESSIONNELLE ET
MESURE DU DECLASSEMENT PROFESSIONNELLE DES JEUNES
Il est question dans ce chapitre de faire une analyse des
déterminants de l'insertion professionnelle grâce à un
modèle économétrique logit multinomial afin de pourvoir
ressortir une mesure du déclassement. Il sera donc subdivisé en
deux sections le cadre méthodologique et les estimations.
SECTION I : CADRE METHODOLOGIQUE
Cette section a pour objectif de mettre en évidence sur un
plan empirique la relation insertion professionnelle et déclassement.
Les éléments méthodologiques présentés dans
cette section portent sur la source des données empiriques, le cadre et
la méthode d'analyse. Cette
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 57
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
section présente les variables de l'étude, les
données empiriques ainsi que les outils économétriques
employés.
I.1 Sources et cadre d'analyse des données
Les données ici sont toujours ceux collectés par la
base EESI 2 et la méthode d'analyse reste celle du logit multinomial.
I.1.1 Variables de l'étude
Dans cette partie nous allons utiliser comme variable à
expliquer l'insertion professionnelle à travers la catégorie
socioprofessionnelle ayant six modalités. Pour expliquer cette variables
on utilisera entre autre le niveau d'instruction de l'individu, le niveau
d'instruction du chef de ménage, l'âge, le milieu et le sexe.
I.2 Analyse descriptive
Il s'agit ici de dresser un portrait de l'emploi des jeunes sur
le marché et de leur catégorisation socio professionnelle.
I.2.1 Emplois des jeunes par secteur institutionnel
La répartition des emplois des jeunes par secteur
institutionnel est un bon indicateur synthétique de la structure du
marché du travail des jeunes. On distingue quatre secteurs
institutionnels à savoir : le secteur public (administration publique et
entreprises parapubliques), le secteur privé formel, le secteur informel
non agricole, et le secteur agricole dominé par l'agriculture de
subsistance.
Le secteur informel (agricole et non agricole) est le secteur
dans lequel la grande majorité de jeunes (92,0%) exercent leur emploi.
La part de l'emploi des jeunes dans le secteur formel reste faible (80%). Le
secteur informel agricole concentre à lui seul presque la moitié
des emplois globaux et plus de deux tiers des emplois ruraux, tandis que le
secteur informel non agricole regorge 46,0% des emplois globaux, soit
près de 78,6% des emplois urbains et un quart des emplois ruraux. Le
secteur formel semble inaccessible aux jeunes, avec à peine 8% des
emplois, en raison de la contraction des recrutements, autant dans la Fonction
Publique que dans le secteur privé formel.
Tableau 4.1 : Répartition (%) des emplois
occupés par les jeunes par secteur d'activité,
secteur
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
institutionnel, catégorie socioprofessionnelle en
fonction du milieu de résidence
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE
NINA Page 58
I.2.2 Ancienneté des jeunes dans l'emploi
La répartition des jeunes selon l'ancienneté dans
l'emploi révèle que 25,7% ont une ancienneté d'au plus un
an, 33,2% ont une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans et 41% ont une
ancienneté d'au moins 5 ans.
Chez les jeunes ayant actuellement le statut de patrons ou de
travailleurs pour compte propre, près de la moitié
(respectivement 45,8% et 45,5%) ont obtenu leur emploi il y a au moins cinq
ans. Par ailleurs, chez les cadres, 35,1% ont obtenu leur emploi il y a un an
au plus et près de la moitié (47,9%) entre 2006 et 2008.
Quelle que soit la catégorie considérée, la
plupart des jeunes ont une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans. En
effet, un jeune sur deux (47,9%) qui est dans la catégorie des cadres a
une ancienneté comprise entre 2 et 4 ans. Cette proportion est de 38,4%
pour les employés qualifiés, 36,1% pour les manoeuvres, 35,2%
pour les patrons, 34,8% pour les travailleurs pour propre compte.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 59
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Tableau 4.2 : Répartition (%) des jeunes actifs
occupés par ancienneté selon la catégorie
socioprofessionnelle
I.3 Construction du modèle
Une fois le cadre d'analyse défini et le tableau sur la
situation des jeunes sur le marché du travail dressé, il est
important de présenter le modèle économétrique
empirique qui nous permettra d'expliquer la relation éducation et
insertion professionnelle.
Le modèle retenu pour notre analyse est celui du logit
multinomial. Issu de la classe des modèles multinomiaux non
ordonnés, il satisfait une hypothèse particulière qui est
l'hypothèse d'Indépendance des Alternatives Non Pertinentes (IANP
ou IIA en anglais pour Independance of Irrelevant Alternative). Cette
hypothèse traduit le fait que le rapport de deux probabilités
associées à deux évènements particuliers est
indépendant des autres événements.
L'utilisation essentielle de cette classe de modèle est de
rendre compte de choix probabilistes. Les modèles multinomiaux non
ordonnés sont en effet avant tout des modèles permettant de
décrire des choix individuels en présence d'utilité
stochastique. Les choix probabilistes supposent qu'un individu ait à
effectuer un choix rationnel entre m + 1 modalités procurant m + 1
niveaux de satisfaction différents pour l'individu. Le niveau
d'utilité est considéré comme étant stochastique et
décrit par une fonction U (.) dépendant d'un terme
aléatoire. pour chaque modalité j = 0, 1, ..,m,
l'utilité de l'individu s'exprime sous la forme suivante :
Uj = U (xj , åj) = v (xj) + åj ?j = 0, 1,
..,m
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 60
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
Où v (.) est une fonction continue
déterministe et où åj est une variable
aléatoire i.i.d. Une variable polytomique y prenant
m + 1 modalités suivant les choix de l'individu est
défini:
y = j si l'individu choisit la j`eme
modalité ?j = 0, 1, ..,m
Le modèle logit multinomial indépendant (ou logit
multinomial) est obtenu lorsque la fonction v (.) est linéaire,
les paramètres fij diffèrent selon les modalités
et les variables explicatives varient uniquement en fonction des individus,
c'est à dire lorsque
v (xi,j) = xifij
Dès lors, on peut définir la forme
générale de la probabilité que l'individu i choisisse la
modalité j de la façon suivante :
Prob (yi = j) = ? =
?
Où le vecteur â0 est normalisé à
zéro : = 0. Sous l'hypothèse de normalisation = 0, la
probabilité associée à la modalité de
référence 0 est définie par :
prob ( = ) = ? = ?
I.3.1 Specification du modèle
Le modèle à estimer est écrit comme suit
pour chacune des modalités prise par la variable dépendante
(j=1,2,3,4,5,6)
Avec : la variable dépendante
: le sexe de l'individu
: le niveau d'instruction du chef de famille
: le niveau d'instruction de l'individu
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
: le milieu de résidence des jeunes
SECTION II : RESULTATS ET DISCUSSIONS
II.1 Estimations
L'estimation des paramètres des modèles logit
multinomiaux peut se faire de différentes façons :
Méthodes du maximum de vraisemblance, méthodes de moments : GMM,
moments simulés etc.., méthodes non paramétriques et
semi-paramétriques. Nous utiliserons ici la méthode du maximum de
vraisemblance à information complète.
La vraisemblance associée à un modèle logit
multinomial indépendant à m+1 modalités s'écrit en
fonction de m vecteur de paramètres âj, j = 1, ..,m
du fait de la normalisation â0 = 0. Ainsi l'estimation des
paramètres du modèle logit multinomial s'effectue alors en
maximisant la log-vraisemblance par rapport aux vecteurs de paramètres
(â1, â2, ..., âm) :
log L ( , â1, â2, ..., âm)= ? ?
avec yi,j = 1 si yi = j et 0 sinon, et
où les probabilités Prob (yi = j) sont définies
par :
Prob (yi = j) = ?
= ?
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 61
Notons au passage que la fonction de log-vraisemblance d'un
modèle logit multinomial indépendant est globalement concave et
que par conséquent on peut utiliser différents algorithmes
d'optimisation numérique propres à ce type de problème
(Newton Raphson par exemple) et que les résultats ne sont pas sensibles
au choix des conditions initiales de ces algorithmes.
II.2 Les résultats économétriques
Au vue des résultats donnés par le tableau de
regression (annexe 2) il ressort les interprétations suivantes :
Les risques pour un jeune d'être chômeur plutôt
qu'actif occupé augmentent avec le niveau d'instruction. En effet, un
jeune de niveau d'instruction "primaire" a 13,2% de risques de moins qu'un
jeune de niveau d'instruction "secondaire technique" d'être chômeur
plutôt
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 62
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
qu'actif occupé. Par contre, un jeune de niveau
"supérieur" a 2,8 fois plus de risque qu'un jeune de niveau
d'instruction "secondaire technique" d'être chômeur plutôt
qu'actif occupés
Par rapport au niveau d'instruction des parents, les jeunes dont
le père a un niveau d'instruction primaire ou secondaire ont
respectivement 3% et 7% de risque de moins que ceux dont le père est
sans instruction d'être chômeurs plutôt qu'actifs
occupés. Le jeune dont la mère a le niveau d'instruction
secondaire ou supérieur a 1,2 fois plus de risque que ceux dont la
mère est sans instruction d'être chômeurs plutôt
qu'actifs occupés.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 63
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
A. Conclusion
L'objectif de cette étude était d'identifier les
déterminants de l'insertion des jeunes sur le marché du travail.
Pour y parvenir, l'insertion a été opérationnalisée
par la situation d'activité.Les jeunes représentent plus du tiers
de la population du pays. Ces jeunes ont très peu recours à
l'enseignement technique comparé à l'enseignement
général quels que soient le cycle, le milieu de résidence
et le sexe.
En milieu urbain, le taux de chômage est plus
élevé pour les jeunes ayant suivi un cursus académique
général que chez ceux ayant suivi un cursus technique ou
professionnelle et ce, quel que soit le sexe, même si ce taux reste plus
élevé parmi les jeunes de sexe féminin. Les jeunes
éprouvent des difficultés à s'insérer sur le
marché du travail et quand bien même ils ont réussi
à s'y insérer, ils occupent dans la plupart des cas des emplois
précaires dans le secteur informel. Le secteur formel leur étant
presque inaccessible, la quasi-totalité des jeunes au Cameroun trouvent
refuge dans le secteur informel où ils exercent comme aides familiaux et
dans une moindre mesure comme travailleurs indépendants.
Conséquemment, ils perçoivent une faible
rémunération et sont en situation de sous-emploi. En outre, ils
exercent généralement leur activité sans contrat de
travail et parfois sans bulletin de paie.
Ce diagnostic global incite à la recherche des
déterminants de la situation d'activité des jeunes sur le
marché du travail. Au niveau national, la région d'enquête,
le milieu de résidence, l'âge, le sexe, le fait d'avoir suivi une
formation professionnelle ou non, le niveau d'instruction, la situation
d'activité du père, le niveau d'instruction du père sont
des déterminants de l'insertion professionnelle des jeunes.
En milieu urbain, la région d'enquête, l'âge,
le sexe, le statut migratoire, le fait d'avoir suivi une formation
professionnelle, le niveau d'instruction expliquent la situation
d'activité du jeune.
Au delà de ces résultats liés aux
caractéristiques individuelles, il est important de souligner que la
situation de l'économie en général (macroéconomie)
soit favorable pour une meilleure insertion professionnelle des jeunes.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 64
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
B. Recommandations
La mise en place des politiques de formation professionnelle et
de formation en alternance couplée à la promotion de l'auto
emploi et à la décence des conditions d'activité chez les
jeunes s'avèrent nécessaires pour éviter l'aggravation de
la précarité des emplois occupés par les jeunes. Plus
spécifiquement, il est nécessaire de:
· accélérer la mise en place des politiques
visant l'amélioration de l'offre de la formation professionnelle,
modalité importante de l'accès à un emploi de
qualité ;
· sensibiliser les ménages sur l'importance de la
formation professionnelle pour l'emploi ;
· recentrer l'organisation et le fonctionnement des
établissements de formation supérieure diplômante (BTS,
HND, DSEP, Licence professionnelle, etc.) et de formation professionnelle
qualifiante à travers ; (i) la réorientation des programmes de
formation en insistant sur la méthode d'alternance ; (ii) le recrutement
de formateurs et enseignants desdits établissements ; (iii) l'appui
multiforme à ces structures de formation ;
· diversifier les programmes d'insertion professionnelle en
faveur des jeunes, des femmes et des personnes de niveau d'instruction
supérieur et mettre en place le guichet unique pour l'emploi ;
· renforcer le système d'information (ONEFOP) et
celle de l'orientation professionnelle (COSUP, FNE,...), ce qui permettrait de
limiter en amont les délais d'insertion des chercheurs d'emploi et
l'adoption par ces derniers des canaux formels de recherche d'emploi.
Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 65
Education et insertion professionnelle au Cameroun : le
déclassement professionnel des jeunes
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Rédigé par NYANGONO BELINGA LOUISE NINA Page 68
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déclassement professionnel des jeunes
ANNEXES
Annexe 1 : tableau de regression logit multinomial
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Annexe 2 : tableau de regression logit multinomial sur
le déclassement
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