II. Etude de la relation entre la
couverture des attentes du contrat psychologique perçue par les
salariés et leur socialisation organisationnelle et implications de la
recherche
Après avoir présenté la description des
variables de la recherche les analyses factorielles qui nous ont permis de
dimensionner nos concepts de la recherche dans la section
précédente, il convient maintenant de donner les réponses
aux hypothèses formulées à l'introduction
générale de cette thèse. Cette section nous permet de
mettre en relief les éléments relatifs aux attentes du contrat
psychologique ayant une incidence sur la socialisation organisationnelle des
salariés dans les entreprises camerounaises. Afin de mettre en exergue
cette incidence, nous avons réalisé des régressions
linéaires multiples avec les facteurs mis en évidence par l'ACP.
Avant même de procéder au test des hypothèses proprement
dits, nous avons essayé de comprendre l'effet que peut avoir les
variables sociodémographiques des salariés
(considérées dans le cadre de cette thèse comme des
variables de contrôle) sur les attentes exprimées et la perception
même de la couverture de ces attentes dans le cadre du contrat
psychologique avec l'entreprise. Nous débutons donc cette partie du
chapitre par la proposition des résultats du test de cet effet des
variables de contrôle sur ces variables des attentes et de la couverture
des attentes du contrat psychologique.
II.1. Relation entre le contrat
psychologique par les attentes et les variables sociodémographiques
L'idée principale dans le cadre de la
considération de ces variables dites de contrôle réside
dans le fait que les attentes du contrat psychologique sont des variables
psychologiques et dont très subjectives. Elles dépendent non
seulement de l'individu lui-même, mais aussi des forces
extérieures qui ne sont pas pour autant visibles mais dont l'effet sur
l'expression de ces variables dans le cadre de la relation d'emploi est
pourtant non négligeable. En théorie, l'intégration des
variables de contrôle et l'analyse de l'effet de ces dernières sur
les variables d'attitude témoigne de la validité interne des
résultats qui en découlent et même de la validité
interne du modèle empirique global proposé par la recherche (Raja
et al.,2004 ; Delobbe et al., 2005 ; Tarnes, 2007 ;
Lemarchand, 2016). Deux catégories de variables sont à utiliser
dans le cadre de cette interprétation de l'incidence des variables de
contrôle sur le contrat psychologique. D'une part, l'effet sur
l'expression des attentes par les salariés et l'effet la perception de
la couverture de ces attentes exprimées dans la relation d'emploi avec
l'entreprise.
II.1.1. Effet des variables sociodémographiques sur
l'expression des attentes du contrat psychologique par les salariés
Afin de matérialiser l'incidence de
l'effet des variables de contrôle sur l'expression des attentes
liées au contrat psychologique, nous avons procéder à
l'analyse de variance à 1 facteur (ANOVA à 1 facteur) croisant
ainsi les variables de contrôle telles que l'âge, le genre, le
niveau d'étude, la catégorie d'emploi et l'ancienneté dans
l'entreprise aux axes factoriels des attentes du contrat psychologique qui sont
exprimées par les salariés. Ce recours à l'analyse de la
variance a été effectué simplement du fait de la nature de
la variable à expliquer (quantitative) et des variables explicatives
(qualitatives). A la lecture des tableaux qui suivent (tableaux qui mettent en
évidence la compilation des résultats obtenus de l'ANOVA
effectuée sur les variables de contrôle), nos propos vont
être plafonnés à deux niveaux : d'abord au niveau de
l'homogénéité des variances et ensuite au niveau de
l'égalité des moyennes.
Avec pour hypothèse nulle : les variances sont
homogènes, on est en droit de dire au regard des données
chiffrées dans le tableau que l'ANOVA ne sera pas
interprétée pour le genre et pour l'ancienneté d'autant
plus qu'on retrouve des significativités du test de Levene de l'ordre de
0,000 (significativité qui tendent à rejeter l'hypothèse
nulle selon laquelle les variances sont égales). Cependant, pour les
autres variables de contrôle, l'ANOVA sera interprétée. En
effet, si nous observons le test d'homogénéité des
variances, nous pouvons faire les analyses suivantes : les attentes de
reconnaissance, de soutien et de non-discrimination dans les échanges
ainsi que les attentes d'entraide et de développement personnel ont une
variance homogène avec l'âge des répondants
(significativité du test de Levene supérieure à 0,05). Du
côté de la catégorie d'emploi des répondants, le
constat est que cette dernière a une variance homogène avec les
attentes d'écoute et de relation d'emploi conviviales, les attentes du
contenu d'emploi réaliste et générateur d'apprentissage et
les attentes de sureté et d'autonomie dans l'emploi
(significativité du test de Levene supérieure à 0,05). En
ce qui concerne le niveau d'étude, excepté les attentes de
sureté et d'autonomie ainsi que les attentes de soutien dans
l'exécution du travail, toutes les autres attentes sont non
significatives du point de vue du test d'homogénéité (avec
une significativité supérieure à 0,05).
Les différentes interprétations faites dans les
lignes précédentes sur le test d'homogénéité
des variances avec la statistique de Levene et sa significativité nous
conduisent droitement à l'interprétation des résultats de
l'ANOVA. En effet, les variables dont le test
d'homogénéité a donné une probabilité
très significative ne seront pas considérées dans le cadre
de l'analyse de l'égalité des moyennes. Aussi, dans le cadre de
l'interprétation de l'analyse de variance, nous posons
l'hypothèse nulle selon laquelle « les moyennes des
variables mises en évidence sont égales ». Dans ce
sens et à la lumière de la probabilité du F de Fisher pour
les attentes de reconnaissance, de soutien et de non-discrimination dans les
échanges et ainsi que pour les attentes d'entraide et de
développement personnelprincipalement en ce qui concerne l'âge,
nous pouvons conclure que rien ne nous permet de dire que les moyennes ne sont
pas égales (probabilité du F de Fisher supérieure à
0,05). Considérant la catégorie d'emploi des répondants,
l'observation de la probabilité du F pour les attentes d'écoute
et de relation d'emploi conviviales et les attentes du contenu d'emploi
réaliste et générateur d'apprentissage
(significativité du F inférieure à 0,05) nous signale que
les moyennes sont égales et dont la catégorie d'emploi
occupé par le salarié n'a aucune influence sur l'expression de
ces attentes. Pourtant, les attentes du contenu d'emploi réaliste
générateur d'apprentissage présentent une
probabilité de F de l'ordre de 0,056, une probabilité
supérieure à 0,05. Nous pouvons conclure que ces attentes ne sont
influencées par la catégorie d'emploi des salariés
interrogés.
Tableau 34: Test
d'homogénéité des variances
Facteurs
|
Age
|
Genre
|
Emplois
|
Ancienneté
|
Niveau d'étude
|
Test de Levene
|
Sign
|
Test de Levene
|
Sign
|
Test de Levene
|
Sign
|
Test de Levene
|
Sign
|
Test de Levene
|
Sign
|
Attente de reconnaissance, de soutien et de non-discrimination
dans les échanges
|
1,041
|
,374
|
86,672
|
,000
|
22,680
|
,000
|
11,782
|
,000
|
,895
|
,345
|
Attente de conciliation travail/famille,
travail/compétences acquises
|
12,273
|
,000
|
21,534
|
,000
|
6,359
|
,000
|
5,049
|
,000
|
,175
|
,675
|
Attente d'écoute et des relations de travail
conviviales
|
5,933
|
,001
|
12,720
|
,000
|
1,110
|
,344
|
13,422
|
,000
|
1,196
|
,084
|
Attente d'entraide et de développement personnel
|
1,345
|
,259
|
67,745
|
,000
|
39,914
|
,000
|
5,773
|
,000
|
,001
|
,971
|
Attente du contenu du travail réaliste et
générateur d'apprentissage
|
15,696
|
,000
|
47,725
|
,000
|
1,373
|
,250
|
4,657
|
,000
|
,203
|
,653
|
Attente de sûreté et d'autonomie dans l'emploi
|
8,165
|
,000
|
38,992
|
,000
|
3,072
|
,067
|
11,462
|
,000
|
13,671
|
,000
|
Attente de soutien dans l'exécution du travail
|
28,642
|
,000
|
124,79
|
,000
|
40,861
|
,000
|
13,371
|
,000
|
18,143
|
,000
|
Source : Nos analyses
Tableau 35: Test
d'égalité des moyennes
Facteurs
|
Age
|
Genre
|
Emplois
|
Ancienneté
|
Niveau d'étude
|
F
|
Sign
|
F
|
Sign
|
F
|
Sign
|
F
|
Sign
|
F
|
Sign
|
Attente de reconnaissance, de soutien et de non-discrimination
dans les échanges
|
,854
|
,465
|
1,629
|
,202
|
48,836
|
,000
|
13,534
|
,000
|
6,782
|
,000
|
Attente de conciliation travail/famille,
travail/compétences acquises
|
5,307
|
,001
|
,838
|
,360
|
4,489
|
,004
|
6,498
|
,000
|
3,802
|
,000
|
Attente d'écoute et des relations de travail
conviviales
|
1,138
|
,333
|
,042
|
,838
|
7,825
|
,000
|
35,906
|
,000
|
5,228
|
,000
|
Attente d'entraide et de développement personnel
|
2,977
|
,079
|
,270
|
,603
|
15,485
|
,000
|
12,551
|
,000
|
1,858
|
,074
|
Attente du contenu du travail réaliste et
générateur d'apprentissage
|
12,839
|
,000
|
1,159
|
,282
|
2,526
|
,036
|
8,920
|
,000
|
4,543
|
,000
|
Attente de sûreté et d'autonomie dans l'emploi
|
5,344
|
,001
|
,093
|
,760
|
3,839
|
,010
|
16,950
|
,000
|
1,317
|
,239
|
Attente de soutien dans l'exécution du travail
|
20,017
|
,000
|
,867
|
,352
|
38,774
|
,000
|
79,123
|
,000
|
7,112
|
,000
|
Source : Nos analyses
Les analyses et les interprétations
des résultats faites sur les variables des attentes exprimées en
relation avec les variables de contrôle méritent d'être
prises en considération avec précaution surtout pour la
catégorie d'emploi et l'ancienneté dans l'entreprise. En effet,
l'expression des attentes est faite avant même l'entrée en
fonction dans l'entreprise. Or les attentes qui sont exprimées sont
pratiquement faites par des individus qui sont déjà en emploi. Ce
qui signifie qu'avant l'entrée en fonction, les employés avaient
exprimé ces attentes qui ne tenaient pas en compte la fonction
occupée ni même l'ancienneté bien évidemment. C'est
vraiment dans cet esprit que nous nous sommes basés pour
l'interprétation.
|
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