INTRODUCTION
Le progrès de la technologie a ouvert de nouvelles
perspectives économiques, donnant à cet effet naissance à
de nouveaux produits, services, et méthodes de travail (Madjid, 2013).
Aujourd'hui étant dans une ère nouvelle de gestion des affaires,
les opérateurs de téléphonie mobile, les institutions
bancaires et financières ont compris que la pérennité et
la survie de leurs activités, repose sur la maitrise et l'adaptation des
technologies de l'information et de la communication (TIC). En effet, les TIC
ont révolutionné les modèles économiques
classiques, ce qui a obligé, le secteur financier entre autres, à
subir des changements structurels dans la gestion de ses activités. La
digitalisation gagne fortement le secteur des services financiers. Les cas
concrets d'application se multiplient : paiements mobiles, sans contact ou
instantanés ; les services d'épargne et de crédit,
agrégation de l'information relative aux comptes bancaires, etc. Ainsi,
les TIC, plus précisément l'industrie mobile, jouent
désormais un rôle de premier plan dans le développement
économique. En contribuant à l'émergence et la diffusion
de l'innovation dans le commerce, l'agriculture, les services financiers, ou le
transport, et à la modernisation des administrations publiques,
notamment fiscales, la digitalisation de l'économie est en passe de
révolutionner les échanges économiques et de stimuler la
croissance, l'emploi, la réduction de la pauvreté, l'inclusion
sociale et financière (Banque Mondiale, 2016 ; Hjort et Poulsen, 2016 ;
Andrianaivo et Kpodar, 2011 ; Cariolle et al., 2007).
Depuis ces débuts, la finance mobile n'a cessé
d'évoluer et de s'adapter aux modes et aux changements socioculturels.
Née avec la grande consommation, des démarches et des
méthodes ne cessent d'être formulées pour
démocratiser et professionnaliser cette nouvelles technologies en
finance, d'où l'apparition d'une vision moderne des institutions
financières et bancaires (Madjid, 2013). Cette dernière n'est
plus au centre de son environnement, mais elle est plutôt tournée
vers un marché sur lequel agissent directement les concurrents, les
clients et tout autre acteur. Ainsi, la notion de marché va
profondément modifier le fonctionnement des sociétés qui
ont désormais comme seul et unique objectif, le client et la
satisfaction de celui-ci.
Cependant, Gervais (2009) affirme que le secteur bancaire a su
imprimer une certaine dynamique grâce à une meilleure
définition des procédés en vigueur et une meilleure
structuration du système en général. Sa
préoccupation majeure est : comment l'intégration des nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC) apporte une
réponse supplémentaire au problème de la saturation des
canaux naturels de distribution de services bancaires?
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
2
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
La croissance accélérée de la demande de
services financiers et bancaires fera que les banques des pays en
développement devront faire face au problème épineux de la
saturation des canaux traditionnels de distribution de services financiers et
bancaires, c'est ainsi qu'elles doivent donc se préparer aux nouvelles
donnés qui se dessinent de façon à être plus
compétitive et ainsi, la définition d'un cadre financier de plus
en plus technologique et innovateur leur permettra de répondre aux
exigences actuelles et futures du marché (Madjid, 2013).
En revanche, plusieurs auteurs dans la littérature ont
défini la technologie financière. Selon Kannya (2018), la
technologie financière est une application technologique en finance.
Abondant dans le même sens, Wilson (2017) trouve que, la technologie
financière est une entreprise qui utilise principalement la technologie
pour générer des revenus en fournissant des services financiers
aux clients. Pour Kominfo (2017), la technologie financière est un
phénomène de fusion qui se produit entre une technologie aux
caractéristiques financières qui modifient le modèle
économique et l'affaiblissement des barrières à
l'entrée.
Par ailleurs, prenant conscience de l'effet des services
financiers fournis par le biais de la technologie sur les économies,
Guerineau et Jacolin (2014) notent que les pays qui disposent de
systèmes financiers suffisamment développés, par exemple
en Asie du Sud-Est, bénéficient d'une croissance de long terme
plus élevée que les pays où la profondeur
financière est plus faible en particulier ceux situés en Afrique
Subsaharienne. De même, la Banque de France (2014) souligne que
l'accès aux services financiers permet aux populations à faible
revenu de lisser leur contrainte budgétaire et leur consommation,
évitant ainsi de tomber dans des « trappes à pauvreté
» à la suite d'un choc exogène. Plusieurs facteurs sont
à l'origine du sous-développement du secteur financier (Nkouka,
2019). A cet effet, Beck et Cull (2014) ont noté quatre facteurs
spécifiques qui ont freiné le développement bancaire en
Afrique par rapport aux autres régions en développement.
Premièrement, la taille restreinte de nombreuses économies ne
permet pas aux prestataires de services financiers de tirer parti des
économies d'échelle. Deuxièmement, un grand nombre
d'agents économiques opèrent dans le secteur informel et ne
disposent pas des documents officiels requis pour les transactions
financières. Troisièmement, la volatilité à la fois
au niveau individuel, liée aux fluctuations des flux de revenus d'un
grand nombre de micro entreprises et de foyers, et au niveau global,
liée à la dépendance de nombreuses économies
africaines vis-à-vis des exportations de produits de base, augmente
encore les coûts et les risques pour les prestataires de services
financiers. Enfin, quatrièmement, les problèmes de gouvernance
continuent d'affaiblir de nombreuses institutions financières
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
3
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
privées et publiques. Ainsi, le développement
rapide du secteur de l'informel en particulier les services financiers fournis
par les opérateurs mobiles constitue-t-il une opportunité pour
les exclus d'accéder aux services financiers formels ?
L'inclusion financière est devenue depuis le
début des années 2000, l'un des piliers de l'agenda international
pour le développent (Nkouka, 2019). Le sujet est aujourd'hui au centre
des préoccupations des Banques centrales à qui il incombe d'une
part, de contribuer à la mise en place des règles,
mécanismes et outils appropriés en vue d'améliorer
l'accès aux services financiers et d'autre part, à la
création d'un environnement sain et propice au développement du
secteur financier. Pour tenir compte de ce défi majeur, le Conseil des
Ministres de l'UEMOA a adopté le document-cadre de politique et de
stratégie régionale d'inclusion financière visant à
promouvoir le renforcement de l'accès des populations aux services
financiers dans l'Union.
Toutefois, malgré ce mouvement mondial en faveur de
l'inclusion financière responsable, d'importantes divergences persistent
dans la diversité, la qualité et l'utilisation des services
financiers disponibles sur le marché (Klapper, 2015). Les personnes
pauvres et à faibles revenus, en particulier les femmes, les jeunes et
les habitants des zones rurales, sont les plus exclus et dépendent de
mécanismes informels moins faibles et souvent plus coûteux pour
gérer les besoins financiers. On se pose la question aujourd'hui de
savoir si les services financiers mobiles ne permettent pas une inclusion
financière responsable garantissant la croissance des
dépôts bancaires. C'est dans cette perspective que la
présente étude est initiée dont le thème est
intitulé : « Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires dans l'UEMOA
». Cette étude se propose d'analyser l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance
des dépôts bancaires dans l'UEMOA.
Notre étude utilise une estimation en données de
panel sur les (08) Etat membres de l'UEMOA, notamment le Bénin, le
Burkina, la Cote d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo sur la période allant de 2010 à
2018.
La présente étude est structurée en deux
(02) chapitres. Le premier chapitre est consacré au cadre
théorique et méthodologique de l'étude. Quant au dernier
chapitre, il porte sur l'analyse empirique des résultats de
l'étude ainsi qu'à la formulation des suggestions.
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
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