Chapitre 1- les stratégies monétaires :
quelle efficacité ?
Introduction
Les thèses monétaristes, popularisées
notamment par Friedman (1968), ont ramené aux devants de la scène
théorique la thématique de l'efficacité de la politique
monétaire pour la régulation conjoncturelle, voire structurelle
de l'économie. Même si Lucas (1976) insiste sur le fait que la
politique monétaire est inefficace du fait de la rationalité des
anticipations des agents économiques, nombres d'autres tels Taylor
(1993, 1995), Bernanke et Gertler (1995), Mishkin (1996) croient à la
transmission des impulsions monétaires de la banque centrale à
travers plusieurs canaux possibles. Dès la fin des années 1980,
les études s'intéressèrent à la manière de
conduire la politique monétaire pour optimiser ses effets
escomptés.
Ce chapitre passer en revue les grands débats autour de
stratégies et de la conduite de la politique monétaire.
Fondamentalement, il s'agit de revenir au débat
`règles versus discrétion' (kydland et prescott,1977).
Examinée sous cet angle, la politique monétaire
est-elle un problème de détermination de l'instrument optimal
pour assurer la stabilité des prix ? objectif principal mais non unique
des banques centrales ? ou plutôt, est-elle un jeu de stratégies
entre agents rationnels ?
La politique monétaire est-elle plutôt un jeu de
stratégies entre agents rationnels ?
Ou ce qui revient au même à envisager la politique
monétaire comme un jeu contre la nature.
Section 1 - La politique monétaire : un jeu
contre la nature
La politique monétaire est une composante importante de
la politique économique d'ensemble. La Banque centrale est
généralement chargée d'exécuter cette politique.
Elle doit coopérer avec les autres autorités pour atteindre les
objectifs recherchés compte tenu de l'interdépendance entre les
différentes politiques économiques (en particulier, la politique
budgétaire). S'agissant de la mise en place de la politique
monétaire, les dernières décennies ont été
marquées par la large adhésion des banquiers centraux aux trois
principes suivants :
· à long terme, l'objectif principal de la
politique monétaire est de stabiliser la valeur de la monnaie. Il n'en
demeure pas moins que la Banque centrale doit s'occuper de la stabilité
du système financière dans son ensemble ;
· la règle de la politique monétaire est
préférable à la politique discrétionnaire ;
·
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la crédibilité de la Banque centrale est
considérée comme une condition majeure pour atteindre l'objectif
recherché. A ce propos, l'indépendance de la banque centrale a
été considérée comme le gage de sa
crédibilité.
Dans les années quatre-vingt-dix, un large consensus
s'est dégagé sur la politique monétaire visant à
fournir à l'économie la masse monétaire nécessaire
à la croissance économique et au plein emploi tout en maintenant
la stabilité. Le montant d'argent au niveau national (stabilité
des prix) et externe (stabilité du taux de change). Dans ce cas, il n'y
a pas de politique monétaire sans débat théorique sur le
rôle de la monnaie (monnaie passive ou active). C'est ce débat qui
a enrichi la réflexion sur la politique monétaire contemporaine.
Les autorités supérieures et les autorités
compétentes fixent leurs propres objectifs monétaires
(contrôler la croissance de la masse monétaire et ajuster les taux
d'intérêt). Pour atteindre et mettre en oeuvre ces objectifs,
elles doivent s'appuyer sur un certain nombre d'outils spécifiques.
La présente section analyse l'efficacité de la
politique monétaire à travers les différentes
écoles de pensée, on constate qu'il y a principalement quatre
écoles de pensé qui font activement la concurrence et sont en
relation les unes avec les autres. La première école de
pensée, issue de la théorie quantitative de la monnaie, qui dit
que maîtrise de l'évolution des prix, et l'objet principale de la
politique monétaire. Une deuxième école, d'inspiration
keynésienne conteste toutefois cet élargissement en identifiant
des circonstances importantes dans lesquelles il est clair que la politique
monétaire est inefficace.
Une troisième école, dite «
monétarisme », précise qu'elles doivent être les
règles de bonne gestion d'une banque centrale lorsque l'économie
est en croissance, si l'on veut éviter l'inflation. Enfin l'analyse
monétariste a été rénovée récemment
par le courant des anticipations rationnelles, qu'on a, dès lors,
qualifié de nouveaux classiques.
1-1-La théorie quantitative de la monnaie
Celle-ci est d'abord apparue au XVIe siècle lorsque
l'afflux des métaux précieux d'Amérique latine provoqua en
Europe de très fortes augmentations des prix. L'augmentation des prix
fut alors justifiée par l'augmentation du stock de monnaie en
circulation. Il appartient à l'économiste «Irving
Fisher» d'obtenir mis en forme cette idée, au début du XXe
siècle, avec une Équation :
Mx v= Px T
M est la masse monétaire en circulation
;
V est la vitesse de circulation de la monnaie ;
P le niveau général des prix ; T
le volume des transactions.
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Pour comprendre le concept de vitesse de circulation, on peut
concevoir une position où les prix et la quantité de monnaie sont
constants ; si la vitesse de circulation de la monnaie est multipliée
par deux, les billets, par exemple, circulent deux fois plus vite et permettent
d'acheter deux fois plus de biens.
Suivant la théorie quantitative de la monnaie, quand le
volume des transactions et la vitesse de rotation de la monnaie ne se modifient
pas, une variation de la quantité de monnaie entraîne une
variation des prix. Par suite, la quantité de monnaie doit s'ajuster aux
échanges de biens dans une économie afin d'éviter
l'inflation. La masse monétaire ne doit donc pas accroître plus
vite que l'activité économique (taux de croissance du PIB par
exemple).
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