CONCLUSION GENERALE
91
Le pluralisme au Cameroun
La démocratisation n'est pas une cage de fer, ni une
loi d'airain. Elle s'incarne dans des structures juridico - institutionnelles
et s'enracine dans un substrat sociologique et matériel. Elle est ainsi
tributaire des données sociologiques, anthropologiques et du
tempérament des peuples463. Quoi qu'il en soit, la question
de la démocratie au Cameroun, doit être posée au regard de
deux dimensions principales : celle des lignes historiques et celle des
répertoires culturels.
Au terme de cette étude qui s'est donné pour
mission de jeter un regard nouveau sur la relation entre le pluralisme et la
démocratie au Cameroun, des données constantes confortent les
hypothèses de départ et un constat ultime s'impose : le
pluralisme est le « le fil d'Ariane »464 qui
donne à observer les mutations du système démocratique
camerounais. Autrement dit, les différents moments de l'émergence
et de la consolidation d'un ordre véritablement démocratique.
En effet, la reconnaissance de ce principe, conduit à
l'instauration d'un système démocratique pluraliste où
foisonnent bon nombre de partis politiques et qui permet aux libertés
publiques d'éclorent véritablement. Sa garantie tant normative
qu'institutionnelle permet d'apporter une touche consociative au système
pluraliste camerounais, surtout qu'il n'existe pas de standard unique et
universel de démocratie. Ainsi se trouve confirmée l'affirmation
selon laquelle « le bon architecte doit accommoder son bâtiment
à la matière qu'il trouve sur les lieux
»465.
Enfin, en promouvant la participation politique des
minorités et des peuples autochtones, le constituant et à sa
suite le législateur appelle le citoyen « à sortir de
son individualisme pour s'assumer comme partie d'un tout dont il est solidaire
»466.La figure du citoyen en tant qu'être
individuel, débarrassé de toutes attaches a laissé de la
place à l'individu concret avec ses appartenances familiales,
régionales, ethniques, linguistiques ou religieuses .Il n'est donc plus
une abstraction juridique mais ne devrait pas non plus devenir un «
être enchaîné à un groupe, quel qu'il soit
»467.
463 Narcisse MOUELLE KOMBI, La
démocratie dans la réalité camerounaise,
op.cit., p. 353. 464Ibid., p. 63.
465 Jean BODIN, Les six livres de la
République, livre V, Fayard, 1986, p. 9.
466 Alain Didier OLINGA / BIGOMBE LOGO,
« La participation politique locale communautaire dans la dynamique de la
mise en oeuvre de la Constitution du 18 janvier 1996, op.cit.,
p.187.
467 Propos tenus par Maurice KAMTO à l'occasion de la
42ème fête de l'Unité nationale. Voir La
Nouvelle Expression, n° 3731 du mercredi 21 mai 2014.
Le pluralisme au Cameroun
92
|