2.2 La phytothérapie chez la femme enceinte et le
nouveau-né en France
2.2.1 La réglementation en France
De manière générale, en collaboration
avec la Société Française d'Ethnopharmacologie (15) et la
Société française d'endobiogénie et
médecine, l'ANSM contrôle la pharmacopée française,
en approuvant ou non l'usage sécurisé des médicaments, et
donc des plantes reconnues par la pharmacopée (34).
Pour tout médicament, « une évaluation
spécifique du risque au cours de la grossesse est conduite dans le cadre
de l'AMM ». Même si aucun effet tératogène n'a
été relevé par les études pré-cliniques, le
laboratoire peut décider de le déconseiller aux femmes enceintes.
Dans tous les cas, aucun médicament nouvellement entré sur le
marché ne peut être prescrit à la femme enceinte. Ce n'est
que lorsque la femme a pris le médicament alors qu'elle ne savait pas
qu'elle était enceinte, qu'on peut alors évaluer les effets de
celui-ci. Si au bout de plusieurs années, aucun effet indésirable
n'est apparu, les chances que ce médicament soit reconnu par la
législation pharmaceutique sont davantage importantes (35). Une
étape supplémentaire est nécessaire pour les plantes :
celles-ci doivent d'abord être réglementées et reconnues en
tant que médicaments.
Le CRAT et son site internet, et la base de données
Thériaque nous renseignent sur les médicaments utilisables ou non
pendant la grossesse et l'allaitement (36). Néanmoins, il est rare d'y
trouver des informations en termes de recommandations sur l'usage de plantes
pendant ces périodes. La base de données HEDRINE recense les
études cliniques et cas rapportés d'interactions entre les
plantes médicinales et les médicaments, et les effets des plantes
(37). Face au manque de données concernant les effets des plantes sur
les enfants, l'EMA déconseille l'usage de la plupart des plantes chez
les enfants de moins de 12ans (38).
2.2.2 La fréquence d'utilisation de la
phytothérapie en France pendant la grossesse.
Chez la femme enceinte, E.RONGIER (39), estime que 11,57% de
sa population interrogée (effectif de 80 patientes au CHU d'Estaing) a
eu recours à la phytothérapie au cours de la grossesse. La
phytothérapie représente 4,76% de l'automédication des
femmes au premier trimestre de grossesse (effectif de 21 patientes), 13,16 % au
second trimestre (effectif de 30 patientes) et 17,39% au troisième
trimestre (effectif de 29 patientes).
10
En 2014, parmi les 120 femmes interrogées en
établissements de santé du Réseau Périnatal
Alpes-Isère et exposées à l'automédication, 6 ont
eu recours à la phytothérapie selon l'étude
observationnelle de D. COURRIER (40).
En 2001, N. MEDOC a souligné que 20% des 80 patientes
réunionnaises interrogées avaient recours aux tisanes en
première intention (41).
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