Sommaire
PARTIE I : INTRODUCTION ET CONCEPTS 1
Introduction : 1
La phytothérapie ou l'art de soigner par les
plantes 3
1.1 Définitions 3
1.2 L'usage thérapeutique des plantes à travers les
époques. 4
1.3 La réglementation de la phytothérapie 5
La phytothérapie pendant la grossesse et chez le
nouveau-né : 6
2.1 La phytothérapie chez la femme enceinte et le
nouveau-né dans le Monde. 6
2.2 La phytothérapie chez la femme enceinte et le
nouveau-né en France 9
PARTIE II : MATERIELS ET METHODE 24
Rappel de la problématique, des objectifs, du but
et des hypothèses 24
Présentation de l'étude 24
2.1 Type d'étude 24
2.2 Période et lieu de l'enquête 24
2.3 La population étudiée 25
2.4 L'outil d'enquête 26
2.5 Limites et biais 29
2.6 Exploitation des données 30
PARTIE III : PRESENTATION DES RESULTATS ET DISCUSSIONS
32
Présentation des résultats 32
1.1 Caractéristiques de l'échantillon
étudié 32
1.2 Les connaissances des femmes 33
1.3 Les pratiques 41
Analyse et discussions 55
2.1 Les connaissances des femmes concernant la
phytothérapie 55
2.2 Les pratiques des femmes concernant la phytothérapie
59
2.3 Les facteurs influençant les usages et les
réticences : 63
Les propositions d'action 65
Conclusion 66
PARTIE I :
INTRODUCTION ET
CONCEPTS
1
PARTIE I : INTRODUCTION ET CONCEPTS
Introduction :
Ces dernières décennies ont laissé
paraître une revalorisation mondiale des médecines alternatives.
75% des français y ont déjà eu recours d'après la
stratégie de l'OMS pour les médecines traditionnelles pour
2002-2005 (1). Néanmoins, l'usage de ces médecines dites «
douces » se fait parfois sans avis médical et dans l'ignorance de
leur potentiel nuisible. La toxicité des plantes employées en
phytothérapie est peu connue. D'après le centre antipoison
français, près de 5 % des intoxications recensées au
niveau national en 2012 sont des intoxications par les plantes (2).
En Europe, c'est près de 100 millions de personnes qui
ont recours à la médecine traditionnelle et
complémentaire. Cet engouement pour la médecine non
conventionnelle est mondial ; et encore peu connu du système de soin
conventionnel, si bien que l'OMS recommande une prise de connaissance, une
sécurisation et une réglementation des pratiques. Ses
stratégies de sécurisation pour les années 2014 à
2023 stipulent que les États Membres devraient mieux comprendre et
contextualiser la médecine traditionnelle et complémentaire en
identifiant les formes de médecines traditionnelles et
complémentaires utilisées, en définissant leurs
utilisateurs, en analysant les raisons de leur utilisation notamment (3).
La France, engagée dans ce dynamisme de
sécurisation des médecines complémentaires propose en
2012, de recenser les connaissances actuelles sur les médecines non
conventionnelles et les plantes médicinales (4). Depuis, de nombreuses
monographies françaises de plantes végétales se sont
rajoutées à la base de données de l'ANSM.
L'ethnomédecine se fait donc une place dans « les interstices que
la biomédecine a laissé vacants » (Dupé S.2010).
L'île de la Réunion s'ouvre également aux
perspectives de recherche dans le domaine. En novembre 2018, la ville du
Tampon, lauréate des sites pilotes pour la reconquête de la
biodiversité, ouvre au public le jardin des plantes aromatiques et
médicinales Marc Rivière (5). 200 plantes médicinales
collectées par Marc Rivière, illustre pharmacien de la
Rivière Saint Louis, ont été léguées
à l'APLAMEDOM après son décès en 2017. Parmi elles,
16 plantes médicinales réunionnaises sont inscrites à la
pharmacopée française depuis 2013, et 3 depuis 2015 grâce
au soutien de l'APLAMEDOM(6). L'association tente de comprendre, valider
scientifiquement, valoriser et préserver les coutumes de l'île.
Car ce n'est pas moins de 87% de la population réunionnaise qui
déclarent avoir recours aux plantes médicinales ; dont 79% n'en
parlent pas à leurs médecins (7). Or, le système
réunionnais est complexe. C'est une symbiose
2
entre les schémas traditionnel et conventionnel, et ce,
même chez la femme enceinte et le nouveau-né. Les femmes ont en
effet recours aux deux systèmes traditionnel et conventionnel : «
Il est vrai que les croyances des grands-mères, on en prend et on en
laisse [...] » (8). Mais les pratiques (façonnage du visage, tisane
Tambav, tisanes rafraichissantes etc.) sont souvent cachées au corps
médical par soucis d'un ressenti d'infériorité et/ou de
revendication identitaire (8). Ces craintes ont donc longtemps
séparé les deux systèmes de soin. Bien qu'aujourd'hui ce
clivage s'efface peu à peu, il reste une grande part de
méconnaissance que ce soit du côté de la population ou des
praticiens (9). Des premiers constats de terrain ont souligné cette
méconnaissance et montré et que certains usages peuvent
être dangereux. En 2013, l'étude de Choi JS et al souligne
l'augmentation du taux de mort foetale in utéro liée à la
consommation de réglisse pendant la grossesse(10). Il y a pourtant
toujours une volonté de se tourner vers la phytothérapie.
Il est rarement fait mention dans la littérature de
l'utilisation des plantes réunionnaises chez la femme enceinte et le
nouveau-né. Il semble cependant que le potentiel toxique des plantes
soit connu. « Il faut faire attention chez la femme enceinte,
néna des plantes i fo pa utiliser. (Il faut faire attention, chez
la femme enceinte, il y a des plantes à éviter.) » nous met
en garde Franswa Tibère. Les directives de l'OMS, à savoir :
« Renforcer la base de connaissances », sont donc applicables au
contexte réunionnais. Aussi, face à ces constats, nous avons
élaboré la problématique suivante : : quelles sont
les pratiques des femmes pendant la grossesse et chez le nouveau-né en
ce qui concerne l'usage de la phytothérapie à la Réunion ?
L'objectif de ce mémoire sera de faire un état des lieux
des connaissances et pratiques des femmes vis-à-vis de la
phytothérapie chez la femme enceinte et le nouveau-né à la
Réunion. La finalité de ce mémoire sera de
sécuriser les pratiques et répondre à cette volonté
actuelle de retourner au « naturel ». Nous partons de
l'hypothèse que : quand les plantes sont utilisées, leur usage
n'est pas sécuritaire. Ce manque de connaissances entrave et
démotive les pratiques de certaines femmes.
Nous présenterons dans un premier temps les concepts de
la phytothérapie, puis une seconde partie portera sur les
matériels et méthodes, dans un troisième temps nous
présenterons les résultats de l'étude et enfin nous les
discuterons.
3
La phytothérapie ou l'art de soigner par les
plantes
1.1 Définitions
Le terme « phytothérapie » vient du grec
« Öýôïò - phytos » : plante, et «
Öåñáðåßí - therapeïn
» qui signifie soigner et désigne donc l'art de soigner par les
plantes.
Quelques définitions de l'OMS concernant la
phytothérapie (11) :
o Il existe deux types de phytothérapie (7) :
o La phytothérapie traditionnelle : établie sur
les savoirs empiriques, sans essais cliniques. Selon l'OMS, cette pratique
étant peu coûteuse et accessible, elle est plus répandue
dans les pays en voie de développement.
o La phytothérapie conventionnelle, établie
à partir de recherches scientifiques et délivrée en
officine.
o « Utilisation traditionnelle des plantes
médicinales : Les médicaments à base de
plantes comprennent des plantes, des matières végétales,
des préparations à base de plantes et des produits finis qui
contiennent comme principes actifs des parties de plantes, d'autres
matières végétales ou des associations de plantes. Par
utilisation traditionnelle, on entend une utilisation de fort longue date de
ces médicaments à base de plantes dont l'innocuité et
l'efficacité ont été bien établies et qui sont
même agréés par certaines autorités nationales.
»
o « Plantes : elles
comprennent les matières végétales brutes telles que
feuilles, fleurs, fruits, graines, tronc, bois, écorce, racines,
rhizomes et autres parties, entières, fragmentées ou en poudre.
»
o « Préparations à base de
plantes : elles comprennent les matières
végétales en fragments ou en poudre, les extraits, teintures et
huiles grasses, dont la production fait intervenir des opérations de
fractionnement, de purification, de concentration ou d'autres
procédés physiques ou biologiques. Elles comprennent
également des préparations obtenues en faisant macérer ou
chauffer des matières végétales dans des boissons
alcoolisées et/ou du miel, ou dans d'autres matières. »
o « Activité thérapeutique :
Par activité thérapeutique, on entend la
prévention, le diagnostic et le traitement de maladies physiques et
psychiques, l'amélioration d'états pathologiques, ainsi que le
changement bénéfique d'un état physique ou mental.
»
4
Définition du médicament selon l'ANSM,
tirée de l'Article L 5111-1 du CSP :
« Un produit est qualifié de médicament
s'il est présenté comme possédant des
propriétés curatives ou préventives à
l'égard des maladies humaines ou animales, ou s'il peut être
utilisé ou administré en vue d'établir un diagnostic
médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions
physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou
métabolique. »
Selon la pharmacopée française, les plantes
connaissent divers procédés de préparation,
dont :
o Les tisanes qui sont des
préparations aqueuses obtenues selon plusieurs modes de
préparation incluant l'extraction (infusion, décoction,
macération) et la dilution notamment. Ceux-ci suivent
généralement des données empiriques. La pharmacopée
française (Xème édition) en décrit les bonnes
pratiques en matière de préparation, et de posologie
notamment.
o Les extraits qui sont « des
préparations liquides, demi-solides, ou solides obtenues à partir
de matière à l'état sec, mous, fermes ou fluides.
»
o Les teintures qui sont « des
préparations liquides, mélange de solvants d'extraction
(éthanol en général) et de drogues animales ou
végétales »(12).
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