Ø Le questionnaire
Le questionnaire était composé de 101 questions
au total. En moyenne, les femmes répondaient à 50 questions, en
fonction des différents renvois (annexe 1). Des planches imagées
des plantes les plus couramment utilisées à la Réunion,
ont été mises à disposition des femmes pour
répondre aux questions 17 à 38, 44 à 58 et 66. En effet,
souvent les noms des plantes ne sont pas connus, mais les femmes peuvent les
reconnaitre en photographie.
L'outil était composé des 4 items suivants :
Item 1 : Le profil des utilisatrices :
Cet item regroupe plusieurs informations sur la femme : femme
enceinte ou ayant accouché, le niveau de risque de la grossesse :
normale ou pathologique, l'âge, la profession, le niveau d'étude,
le lieu d'habitation et la motivation des femmes vis-à-vis de leurs
pratiques et non pratiques.
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Aucune étude à la Réunion n'a mis en
évidence un profil type de femme ayant recours aux plantes
médicinales pendant la grossesse et chez le nouveau-né. A
l'échelle nationale, l'étude de D. COURRIER (40) et celle de E.
RONGIER (39) qui traitent de l'automédication pendant la grossesse
renseignent sur le profil des femmes qui y ont recours. Il s'agit de primipares
et multipares du milieu rural ayant recours à l'automédication en
dehors de la grossesse, entre 20 et 39 ans, ayant suivi des cours dans
l'enseignement supérieur, actives pour la plupart et sans comportement
addictif. La plupart pense que l'automédication est sans danger. Parmi
ces femmes, 11 % ont recours à la phytothérapie. Il y a
très peu de données concernant l'usage de la phytothérapie
pendant la grossesse et chez le nouveau-né. 87 % de la population
(étude menée sur 300 personnes interrogées par J.
DUTERTRE, dans sa thèse de médecine générale
soutenue à l'île de la Réunion en 2011), ont recours
à la phytothérapie. Parmi ces usagers, 83% sont des femmes, 18 %
ont moins de 30 ans et près de la moitié ont entre 30 et 45 ans.
La majorité des personnes a recours aux deux médecines
traditionnelle et conventionnelle (7) (parmi les personnes prenant
régulièrement un traitement).
Item 2 : Les connaissances des femmes concernant les
plantes pendant la grossesse et chez le nouveau-né.
Cet item nous renseigne sur les connaissances des femmes
concernant les plantes utilisables pendant la grossesse et chez le
nouveau-né, leurs motifs d'utilisation, la durée d'utilisation,
les doses utilisées, les effets indésirables et les plantes
à éviter.
Dans la population générale, les indications
les plus courantes relevées par J DUTERTRE sont : les symptômes
grippaux, les troubles digestifs, le rafraichissement, la cicatrisation, le
saisissement (7). Pendant la grossesse et chez le nouveau-né, les
plantes sont utilisées à des fins préventives ou curatives
contre : les nausées, vomissements, « refroidissement »,
insomnies et stress, accélération du travail, cicatrisation,
coliques du nouveau-né, érythèmes fessiers, croutes de
lait, ou « oppressement » d'après les études
qualitatives de l'anthropologue L. POURCHEZ en 2001 (8).
57% des 60% de personnes qui pensent que les plantes peuvent
interagir avec les médicaments, accordent un effet
bénéfique à l'association médicaments/plantes selon
l'étude de J.DUTERTRE (7). Certaines plantes sont
contre-indiquées pendant la grossesse et l'allaitement : Zerbabouc
Ageratum conyzoides, Bwa de maman Maillardia borbonica Duchartre
Bois de Quivi Turraea casimiriana, Thym vert Thymus
officinalis, Romarin Rosmarinus officinalis, Géranium ,
Benjouin, Margose Momordica charantia (8), Fleurs jaunes Hypericum
lanceolatum Lam, Herbe d'Eugène Achyranthes aspera, Bois
de joli coeur Pittosporum senacia, Jujubier Ziziphus
mauritiana, Hibiscus Hibiscus rosa sinensis, Lilas
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d'inde Lagerstroemia indica, Papaye Carica
Papaya (latex) (63), Cannelle (le gros Cannelle) Cinnamomum
verum. Nous avons recensé les plantes les plus utilisées
dans la population générale, recensées par J DUTERTRE,
ainsi que celles utilisées traditionnellement pendant la grossesse et
chez le nouveau-né décrites par L. POURCHEZ (8) , par Kakouk,
tisaneur (56) , Roger LAVERGNE (55) et Jean Louis LONGUEFOSSE (64). Notre
étude actualise ces données selon les connaissances des
femmes.
Item 3 : Les pratiques des femmes pendant la grossesse et
chez le nouveau-né :
Dans cet item, il est question d'étudier les
motivations des femmes, la nature des plantes utilisées, les affections
traitées, les formes utilisées, les quantités et
durées conseillées, les périodes d'utilisation possibles
et leurs provenances.
La motivation des femmes : Certaines études,
menées au niveau international soulignent que les femmes sont soucieuses
de mener une grossesse la plus naturelle possible et voient souvent les
médecines complémentaires comme une alternative au système
biomédical (65). Elles sont à la recherche d'une médecine
holistique et d'un soutien pendant leur grossesse (66). D'après
L.POURCHEZ, à la Réunion, les femmes ont recours aux plantes par
prévention, et pour traiter divers maux de la grossesse et affections du
nouveau-né souvent sans équivalence dans la médecine
conventionnelle (8). De plus, l'usage des plantes est un indice
d'intégration familiale et une histoire de femmes (54).
La nature des plantes utilisées : Les
professionnels médicaux sont dans l'ignorance des pratiques (9). Or,
d'après l'OMS : « le savoir et les qualifications du praticien
influent directement sur la sécurité du patient ». Il existe
des risques liés à l'utilisation de produits de qualité
médiocre et au manque de qualification des praticiens. De plus, dans
plusieurs cultures, comme à la Réunion, la transmission des
connaissances en matière de médecine traditionnelle se fait
oralement. L'OMS préconise alors que chaque Etat
réfléchisse à sa propre situation. Il faut donc prendre
connaissance des pratiques.
La provenance des plantes : A la Réunion, la
majorité des usagers utilise des plantes de leur jardin ou de leur
famille. D'autres, dans une moindre mesure se tournent vers le marché
forain, les amis, la nature puis le tisaneur, la pharmacie et enfin
internet.
Item 4 : Les effets bénéfiques ou
indésirables constatés par les femmes.
D'après le centre antipoison français,
près de 5 % des intoxications recensées sont des intoxications
par les plantes. Nous n'avons pas retrouvé de données concernant
les plantes utilisées pendant la grossesse et chez le nouveau-né.
Notre étude a cherché à corréler des effets
indésirables récurrents avec l'utilisation des plantes.
Ø 29
La grille d'entretien
Le complément qualitatif a permis de découvrir,
comprendre et préciser les pratiques de certaines femmes
réunionnaises concernant leur usage des plantes pendant la grossesse et
chez le nouveau-né. Il s'est axé autour de trois items venant
compléter ceux de l'étude quantitative, à savoir : les
sources de motivation des femmes, les sources de leurs savoir et la notion de
sécurité (identification des plantes et leurs indications).
Item 1 : Les sources de motivation des femmes concernant
leurs usages des plantes médicinales
L'utilisation des plantes à la Réunion est
culturelle, traditionnelle, familiale et concerne tout le parcours de soin. Les
femmes ont recours aux plantes par prévention, et traitement contre les
divers maux de la grossesse et affections du nouveau-né souvent sans
équivalence dans la médecine conventionnelle (8). Selon J
Dutertre, les maux communs (symptômes grippaux, troubles digestifs etc.)
ne justifient pas une consultation chez le médecin (7). De plus, les
femmes souhaitent des soins plus naturels. Afin de contextualiser les pratiques
et de mieux les comprendre, l'OMS préconise d'étudier les
motivations des usages (3).
Item 2 : Les sources des savoirs des femmes concernant les
plantes médicinales chez la femme enceinte et le nouveau-né
A la Réunion, la transmission des connaissances en
matière de médecine traditionnelle se fait oralement, par la
famille ou la belle famille (54). D'après l'OMS : « le savoir et
les qualifications du praticien influent directement sur la
sécurité du patient. » et il existe des risques liés
à une information trompeuse ou non fiable. L'organisation
préconise alors d'approfondir les connaissances actuelles concernant les
savoirs traditionnels (3).
Item 3 : Notion de sécurité : identification
des plantes et des indications pendant la grossesse et chez le
nouveau-né :
Les utilisations sont diverses, les plantes sont
utilisées à des fins préventives ou curatives contre : les
nausées, les vomissements, le refroidissement,
l'accélération du travail, la cicatrisation, coliques du
nouveau-né, les insomnies etc (8). L'OMS préconise d'identifier
et de mieux comprendre les formes des médecines complémentaires
(3).