1.2.6. ETUDE THEORIQUE DE LA RELATION ENTRE INTERMEDIATION
FINANCIERE ET CROISSANCE
Les fondements théoriques concernant les effets de
l'intermédiation financière sur la croissance peuvent se
décomposer en deux parties. La première partie (A) reprend les
théories développées par les grands maîtres à
penser et plus particulièrement les écrits d'Adam Smith et de
Joseph Schumpeter qui se sont penchés sur l'utilisation optimale du
crédit par les marchés, bien que leur approche soit radicalement
différente, chacun ayant sa propre appréciation de la croissance.
Mais leur idée s'intéresse donc plus particulièrement
à la façon dont le crédit doit être utilisé
pour bénéficier à l'économie. Elle a une fonction
normative.
La seconde partie (B) est au contraire plutôt
descriptive. Des économistes spécialisés dans l'analyse de
la croissance ont développé des modèles qui
décrivent comment le développement financier dynamise les
marchés. Ces modèles découlent tout droit de la
théorie de la croissance endogène. Ils permettent de formaliser
les fonctions du système financier qui favorisent la création de
richesses et le dynamisme économique. Ces modèles ont
enclenché une longue série d'études empiriques
destinées à démontrer le lien entre développement
financier et croissance.
En ce qui concerne ce point de notre travail, nous nous
intéresserons qu'à la première partie.
1.2.6.1. LA THEORIE BANCAIRE D'ADAM SMITH
Adam Smith initie son raisonnement en constatant qu'un agent
exerçant une activité économique est obligé
d'épargner pour faire face à ses échéances. Cet
argent lui permet de détenir l'encaisse de transaction rendue
nécessaire par l'existence de décalages entre les recettes et les
dépenses de l'activité. Il peut s'agir, par exemple, du
décalage entre le paiement d'un fournisseur et la réception du
paiement d'un client. Cette épargne est morte car elle n'est
utilisée ni à des fins de consommation, ni à des fins de
production. Le chef d'entreprise est finalement contraint à une gestion
inefficace de son argent. Adam Smith propose alors que les banquiers
substituent les instruments bancaires à la monnaie métallique.
Les entrepreneurs pourraient ainsi faire escompter auprès des banques
leurs effets réels sous la forme d'avance monétaire. Ces
crédits bancaires seraient accordés contre la promesse d'une
rentrée d'argent future. L'épargne serait ainsi
gérée de façon optimale9.
Adam Smith considère que le rôle de la banque
n'est pas de financer les immobilisations, mais uniquement de rendre active et
productive une plus grande partie du capital. Il craint les risques
systémiques créés par des faillites bancaires.
D'après l'auteur, une
- 14 -
banque peut difficilement gérer de façon
efficace et prudente ses liquidités si elle autorise des prêts sur
du long terme. Lorsqu'une banque octroie un crédit, elle augmente la
circulation de monnaie dans l'économie.
Des déséquilibres micro-économiques
bancaires peuvent avoir des conséquences macroéconomiques
énormes, comme l'effondrement de tout le système bancaire et de
crédit, ainsi que des effets dramatiques sur le commerce et l'industrie.
Ce risque ne peut être limité que par la règle de la
stricte convertibilité du papier en or. Une telle restriction
empêche les banques de proposer des prêts à long terme dans
la mesure où il leur est difficile de contrôler le volume de
papier en circulation10.
Si Adam Smith considère que le seul rôle des
banques est d'activer la partie du capital inutilisée par les
entrepreneurs dans la conduite prudente de leur activité
économique, il en va tout autrement de Joseph Schumpeter. Comme Adam
Smith, Joseph Schumpeter reconnaît que l'exercice de l'activité
bancaire comporte des risques importants pour la stabilité
macro-économique. Néanmoins, il soutient l'idée que les
banques doivent financer le capital immobilisé, idée totalement
contraire à la vision d'Adam Smith.
|