INTRODUCTION GENERALE
Dans les pays à faible revenu, diverses politiques sont
mises en place par les autorités publiques pour tenter de
rétablir les grands équilibres macroéconomiques et
améliorer ainsi la situation économique du pays (Shari Spiegel,
2007). Ces équilibres sont principalement ceux du carré magique
de Kaldor(1960) à savoir, le plein emploi, la croissance
économique, la stabilité des prix et l'équilibre
extérieur. En effet, dans le fameux carré magique
théorisé par l`économiste britannique Kaldor(1960) qui
définit les quatre grands objectifs de la politique économique,
la lutte contre le chômage donc la promotion de l'emploi occupe toute sa
place à côté de la croissance.
L'emploi est un ensemble d'activités,
supposé réalisable par une personne, un "professionnel", dans le
cadre d'un poste de travail dont le contenu est défini
précisément par l'organisationde La gestion
prévisionnelle de l'emploi et des compétences. L'emploi
traduit l'agrégation de postes de travail suffisamment proches dans la
mise en oeuvre de techniques, d'outils et de méthodes pour être
regroupés et analysés de façon globale.
Autrement dit, c'est le plus grand
« dénominateur commun » d'activités et de
compétences au-delà de la diversité des structures et des
situations de travail. Généralement l'emploi peut être
regroupé sous deux secteurs : le secteur formel et le secteur
informel.
L'emploi demeure en réalité l'une des questions
les plus pressantes de la vie en société et regroupe aussi bien
une dimension individuelle que globale. La dimension « Individuelle »
s'explique par le fait que tout individu, en un moment ou à un autre de
sa vie, aspire à un emploi décent ; celle « globale »
se justifie par le fait que les questions de l'emploi et du chômage font
partie des priorités majeures pour les gouvernements et
représentent surtout un facteur de cohésion sociale.
En science économique, depuis Smith (1776)avec sa
théorie de la main invisibleconduisant au plein-emploi, à Keynes
(1936)jusqu`aux récents prix Nobel de 2010
récompensés(Diamond, Mortensen et Pissarides) pour leurs travaux
sur le marché de l'emploi, la problématique de l'emploi a
toujours été l'une des principales préoccupations des
économistes.
Aujourd'hui plus que jamais, le niveau de l'emploi d'un pays
est indubitablement l'une des variables macroéconomiques les plus
suivies, en raison de son impact sur le bien-être de la
société. Au-delà de son aspect purement lié
à la politique macroéconomique, un emploi décent permet
à l'homme de satisfaire ses besoins de base et de lutter contre la
pauvreté mais aussi procure une estime de soi, une dignité et une
meilleure intégration sociale.Pour Mankiw (1999), le chômage est
le phénomène macroéconomique qui affecte le plus
directement et le plus gravement les individus. Pour la plupart des gens, la
perte d'un emploi signifie une baisse du niveau de vie mais également
une détresse psychologique.
Cependant,selon Perroux (1990), la croissance
économique correspond à «l'augmentation soutenue pendant une
ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une
nation, le produit global net en termes réels». Vraisemblablement,
la croissance économique, a toujours occupé l'esprit des nombreux
économistes et continue encore aujourd'hui de faire débatsur les
méthodes et les stratégies de sa mise en place. Elle est
fondée sur la mesure de la richesse d'un pays, octroyant un
aperçue àl'évolution de grandeurs macroéconomiques
qui amorce l'activité économique d'un pays.Elle correspond au
taux de la croissance du PIB mesuré durant une année civile. La
richesse d'un pays dépend du taux de croissance enregistré, plus
le taux est élevé plus le pays devient de plus en plus riche.
Parmi les théories qui cherchent les causes de la croissance, celle
de Solow (1956)est la référence pour l'économie
néoclassique. A partir de plusieurs hypothèses, reposant en
grande partie sur le progrès technique exogène, le modèle
de Solow (1956)considère la croissance comme équilibrée et
stable à long-terme.Dans cette perspective théorique, le
rôle de l'emploi est marginal et ne se transmet qu'au cours de la
transition vers l'équilibre de long terme.
Toutefois, le rôle de l'emploi prendra un élan
particulier à travers les théoriciens de la croissance
endogène (Romer, 1986 ;Lucas, 1988 et BARRO, 1981).La
croissance endogène a pour objet d'expliquer la croissance
économique à partir de processus et de décisions
microéconomiques fondées sur l'idée d'une croissance
auto-entretenue contrairement aux théories antérieures, notamment
celle de Solow (1956).
En effet,Comme l'a admis Solow dans sa conférence Nobel
de 1987, le développement d'un nouveau modèle de croissance
était, à cette époque, une réaction contre
l'incomplétude de la tradition (Harrod-Domar-Hicks, 1948,1950) construit
comme sous-produit de la grande dépression qui imprègne la
pensée économique préexistante pendant la seconde guerre
mondiale.
L'importance de l'emploi public dans l'emploi total et son
impact positif sur la croissance trouvera sa légitimité
théorique à travers les travaux deTcherneva (2012) qui
préconise qu'on peut envisager des interventions publiques directes
permanentes sur les marchés du travail du secteur privé et du
secteur public, pour faire face aux fluctuations conjoncturelles de l'emploi
privé et de l'emploi global.
Des études du Fonds Monétaires
International(FMI), avril 2014, menées sur les pays en
développement montrent que la croissance économique est plus
rapide si les politiques des Etats sont bonnes.La recherche d'une croissance
soutenue pour réduire la pauvreté reste encore une
préoccupation des autorités étatiques et pour atteindre
cet objectif, les gouvernements peuvent y contribuer fortement.
En effet, au Sénégal, comme dans beaucoup de
pays en développement, le salaire est la principale source de revenus
des ménages. Les niveaux de vie sont ainsi conditionnés par le
mode d'insertion des individus sur le marché de l'emploi.
De nos jours, Chaque fois que l'économie tente de
sortir d'une récession, on assiste à beaucoup de discussions sur
le lien entre la création d'emplois et la croissance
économique.
Cette fois encore, on remet en question la solidité de
la récession, car l'emploi n'a pas encore réagi à la
croissance observée récemment.
Plusieurs auteurs comme (Marc Desnoyers ,2011)
considèrent que le taux de chômage est un indicateur
« en retard » (laggingindicator), car lorsqu'il commence
à réagir à une reprise économique, cette
dernière est déjà bien installée. En fait, les
entreprises attendent d'être relativement convaincues que la reprise est
solide avant de recommencer à embaucher, et plusieurs chômeurs qui
avaient abandonné leur recherche et qui étaient donc exclus des
statistiques sur le chômage reviennent sur le marché de
l'emploi, gonflant par le fait même le taux de chômage. De nos
jours, l'analyse s'oriente également vers la relation causale entre le
niveau de croissance et l'emploi généré. La croissance
produit aussi des effets sur la structure et la nature des emplois. Plus
spécifiquement, la croissance économique permet de créer
des emplois mais peut aussi en supprimer si elle est ralentie. En principe, la
création de richesses stimule l'emploi. A court terme, la croissance
économique permet de mobiliser du facteur travail supplémentaire.
A long terme, elle peut aussi en créer en permettant le financement de
mesures ayant un impact sur l'emploi. Mais elle peut aussi en être
faiblement créatrice. Le contenu en termes d'emplois de la croissance
peut être relativement faible et le niveau de la croissance aujourd'hui
doit être supérieur d'un point à celui de la fin du
siècle dernier si l'on veut assister à des créations
d'emplois. Par exemple selon une étude du Fonds monétaire
international(FMI), en Afrique du Sud, en Australie et au Canada, une hausse de
1 % du PIB s'est accompagnée d'une augmentation d'au moins
0,6 % de l'emploi (Loungani et Mishra, 2016).Il faut aussi prendre en
compte les gains de productivité pour générer de la
croissance afin de constater des créations d'emplois effectives. Si ces
gains sont plus importants que le volume des richesses à créer,
l'impact à court terme sur le volume de l'emploi sera négatif.
Elle génère aussi des effets sur la structure et la nature de
l'emploi.
Au vue des nombreux clivages dans la littérature
économique, nous nous sommes posé la question suivante :
quels sont les effets de l'emploi sur lacroissance économique
sénégalaise ? Ce travail s'inscrit dans cette
problématique générale.
L'objectif général de notre recherche est
d'analyser l'impact de l'emploi sur la croissance économie
sénégalaise. Et de façon spécifique :
· Identifier les variables qui captent l'emploi sur la
croissance économique
· Mesurer l'impact de l'emploi sur croissance
économique.
Dans ce cadre de cette recherche, l'analyse repose sur
l'écriture d'un modèle standard de croissance reliant l'emploi et
la croissance.
Notre champ d'investigation va porter sur le
Sénégal pour les raisons suivantes :
- Les pays en développement qui prétendent
émerger dans un futur proche font de croissance annuelle à deux
chiffres pendant une longue période. Aujourd'hui ce
phénomène d'émergence fait la une dans la zone, et devenu
le projet inébranlable pour les Etats. Depuis l'accession à
l'indépendance, le Sénégal a défini plusieurs
politiques de croissance économique et qui n'ont pas atteint les taux
initialement fixés (7à8%)
- De plus, les politiques de stabilisation mises en oeuvre
à la fin des années 70(programme de stabilisation à court
terme, 1979-1980) et les programmes d'ajustement structurel adoptés au
milieu des années 80 au Sénégal ont certes
contribué à une nette amélioration du cadre
macroéconomique du pays mais n'ont pas permis d'atteindre les
performances économiques aptes à répondre aux attentes des
populations. Au plan macroéconomique, l'économie
sénégalaise a été caractérisée durant
la période 1979-1993(Programme de stabilisation à court terme,
Plan à moyen terme de Redressement Economique et Financier, Programme
d'Ajustement structurel à Moyen et Long Terme et Plan d'Urgence
mort-né) par un net ralentissement de la croissance économique en
termes réels, voireune contraction qui a conduit à la mise en
place d'un plan d'urgence visant la restauration des finances publiques.
Il a fallu attendre la dévaluation du franc CFA en
Janvier 1994 pour enregistrer une reprise de la croissance avec un PIB qui
passe de 2,9% à plus de 5% par an dans la période 1995-2001.
Ce travail sera organisé en trois chapitres :
d'abord dans le premier chapitre, nous mettons en évidence les
politiques de l'emploi et de la croissance sur l'économie
sénégalaise.
Ensuite, le deuxième chapitre décrira lesrevues
théoriques et empiriques.
Enfin, le troisième chapitre sera consacré
à l'évaluation empirique de l'effet de l'emploi sur la croissance
économique.
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