3.1.1.2 Gestion des ressources en eau du complexe lac
Nokoué-lagune de Porto-Novo
La gestion des ressources naturelles était
fondée sur un arsenal d'interdits et tabous portant sur les ressources
naturelles. Le viol de ces tabous était sévèrement puni.
Deux jours de repos sur cinq étaient accordés par respect aux
divinités (K. Imorou, 1996). La crainte des sanctions divines et la
forte croyance des populations en leur vodoun maintenaient en respect tous ceux
qui risquaient de compromettre le système. Véritable protection
de l'environnement, cette coutume a permis pendant des siècles, une
régulation et une restauration des écosystèmes
naturels.
Pendant la période de crise issue, les populations
riveraines invoquaient et louaient tout simplement leurs dieux lacustres pour
la résolution des problèmes. Elles n'ont pas manqué de
multiplier les interdits. Malheureusement, les années 70 ont
marqué un tournant historique dans cette approche traditionnelle de
gestion des ressources naturelles. La rigueur traditionnelle se trouve
confrontée à d'autres réalités. La mondialisation
informationnelle a drainé une prolifération des sectes
religieuses (chrétiennes et musulmanes) avec une conversion de la
majorité des populations. Cette conversion aux religions
importées a complètement changé la configuration de la
scène traditionnelle. Un syndrome de mouvements religieux affecte les
populations riveraines mettant en péril la capacité de support
des ressources naturelles.
Les règles de gestion du plan d'eau portent
sur :
- l'interdiction d'accès aux femmes en
menstrues ;
- l'interdiction des engins de pêche prohibés.
Ces règles ne sont plus respectées de nos
jours ; ce qui a conduit à la diminution des ressources
halieutiques.
En ce qui concerne la gestion du transport sur la lagune, il y
a des redevances qui sont payées à la mairie des
Aguégués.
3.1.1.3 Gestion de la rivière Boué
Cette source est utilisée depuis les temps ancestraux
par les populations de Houédomè et de Zoungamè comme
alternative à l'eau du fleuve Ouémé quand cette
dernière devient salée entre janvier et juillet. La
rivière Boué située à quelques kilomètres
de Houédomè est située dans les marais au large du
village de Vakon dans la Commune voisine
d'Akpro-Missérété. Elle est accessible par voie fluviale
à partir d'un bras du fleuve Ouémé qui débouche sur
la lagune de Porto-Novo.
De nombreuses perceptions sont construites autour de ce point
d'eau. L'eau de la rivière Boué est réputée pour
avoir des vertus thérapeutiques du fait de l'apparence de
décoction ou de tisane qu'elle offre à cause de la
présence d'un certain nombre de plantes aquatiques
considérées comme médicinales. L'eau a une coloration
variant entre le jaune clair et le rougeâtre, suivant le degré de
macération et la saison en cours (pluvieuse ou sèche). La femme
qui accouche commence son bain et celui de son bébé par l'eau de
Boué, ce qui lui permet d'avoir la bonne forme et la santé.
De nombreux interdit entourent également l'eau de cette
rivière alimentée par une source d'eau qui n'est rien d'autre
qu'une nappe phréatique qui affleure. De ce fait l'eau de la
rivière Boué est considérée comme
mystérieuse. Un vodoun lui est même consacré, à
savoir la divinité « dan » (serpent) localement
dénommée `'vodoun Kindjinou`'. Des prêtres `'vodoun`' de
Vakon (Commune d'Akpro-Missérété) organisent depuis des
générations un rite sacrificiel annuel au bord de cette
rivière en l'honneur de cette divinité. Cette dernière
reçoit en offrande souvent des bananes et du miel. L'accès
à l'eau de Boué est frappé d'interdit aux femmes en
menstrues. Si elles transgressent cette interdiction, elles verront un serpent
passer devant sa pirogue et l'entraver dans sa progression sur l'eau, ou si
elle puise l'eau, son gout sera salé, ce qui va la contraindre à
évoluer en profondeur sur la rivière avant de réussir
éventuellement à avoir de l'eau douce.
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