4.3.3 Vers une démarche d'appropriation des risques
par les compagnons
Pour que la démarche globale de la maîtrise des
risques que nous voulons mettre sur pied soit efficace, il faudrait que les
compagnons se l'approprient comme venant d'eux et pour eux. Et pour cela, il ne
faudrait plus que les compagnons restent de simple individus qui ont tendance
à « subir » la sécurité (en se sentant parfois
déranger dès qu'on en parle), mais qu'ils deviennent des
«acteurs« de cette sécurité, ceux qui la « font
».
Cette notion d'appropriation englobe la formation des acteurs
aux risques afin qu'ils puissent anticiper sur les évènements et
le retour d'expérience, qui permet d'apprendre du passé et
d'enrichir l'anticipation (Wybo, 2004a).Mais tout n'est pas si simple car pour
que les acteurs s'approprient ou s'imprègnent d'une véritable
culture du risque, il faudrait encore savoir faire passer le message. Et la
principale difficulté réside même dans le fait de
communiquer (la façon de communiquer et les canaux de communication
utilisés).
Dans son travail de thèse, Denis-remis (2007, p.31)
souligne bien cette difficulté de communication, selon lui, bien que
nous soyons capable de réaliser de bonnes analyses
d'évènements, d'accidents ou de crises, nous sommes encore
faibles sur notre capacité à partager et à faire
approprier ces enseignements. Ainsi donc la communication se
révèle être un élément nécessaire pour
l'appropriation des enseignements tirés de la formation ou de l'analyse
des évènements produits passés
4.3.4 Des rapports entre les différents acteurs
(Etude d'opinion interne)
L'activité du BTP est encore assez rude et
difficilement supportable et les compagnons ont besoin d'être
écoutés parce qu'ils ont des choses à dire. Au cours de
nos descentes sur le terrain, après entretiens avec des compagnons, nous
avons relevé ce qui suit :
· Les compagnons se plaignent de la « sourde oreille
» que font généralement leur supérieur
hiérarchique.
· Les compagnons se plaignent du fait que la grande
majorité des doléances qu'ils remontent n'ont pas de retour et du
coup ils concluent à un blocage au niveau de leur hiérarchie
directe.
· Les compagnons se plaignent du manque de
considération qui leur est témoignée alors que ce sont eux
qui accomplissent la « sale besogne » et qui permettent à
l'entreprise d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses clients.
· Ils estiment qu'ils manquent parfois d'interlocuteurs,
personne pour relayer leurs problèmes et très souvent à
leur demande (de matériel...) leur est opposé le plus souvent un
refus en terme d'arguments financiers.
· ...
Même si toute entreprise a pour objectif de faire de la
marge, il ne faudrait surtout pas pourrir le climat social, il ne faudrait
surtout pas opposer sécurité et productivité. Il faudrait
surtout retenir qu'une entreprise n'existe pas par elle-même, elle
n'existe que parce qu'il y a des hommes qui veulent bien la faire exister, la
faire produire.
Tous ces points relevés ne contribueraient qu'à
raviver les tensions et à instaurer un climat de méfiance et de
défiance, les uns et les autres se regardant en chiens de
faïence.
Tout cela pouvant se traduire bien sûr sur le terrain
par une prise de risque bien plus élevée des compagnons suite au
fait qu'ils auront l'impression d'être abandonnés à eux
même et iront jusqu'à dire « on fait ce que l'on peut
avec les moyens de bord »
Le manque d'engagement des compagnons serait bien trop
dangereux pour tous. Alors, une démarche dans le but de résoudre
ses dysfonctionnements serait la bienvenue..., une démarche dans le sens
d'un diagnostic socio-organisationnel, qui permettrait de faire une «
étude d'opinion interne » encore appelée «
enquête d'opinion social » dont l'un des objectifs est d'identifier
les signaux précurseurs d'un climat social qui se dégrade ou
alors de confirmer le bon climat social d'une entreprise. Cette enquête
peut être faite aussi bien en interne qu'en externe. Il s'agit en fait
d'une démarche qui prône l'écoute des collaborateurs par la
société.
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