Il existe différents types de tonalités
affective et émotionnelle : humoristique, dramatique ou scientifique.
Ces différents types de tonalités peuvent être
utilisés à des moments précis par rapport aux
résultats voulus ou aux types de comportements attendus chez les
populations cibles.
Dans le cas d'une entreprise de travaux publics comme la
nôtre, où nous observons des attitudes chez les acteurs tels que
la non perception du risque qui expose tout naturellement à une prise de
risque suite à une non évaluation et les « dénieurs
», il serait utile dans le but de les faire prendre conscience de mettre
sur pieds des campagnes de prévention à tonalité
dramatique (par exemple sur le port et l'utilisation des EPI ) qui suscite la
peur, pourquoi ? Parce que, l'appel à la peur est une forme de
communication persuasive qui vise à choquer en mettant l'accent sur les
conséquences nuisibles ou néfastes d'un risque ou d'un
comportement si on ne se conforme pas aux recommandations
préconisées. Ces conséquences peuvent être de type
social, psychologique ou émotionnel. (Kouabenan et Al, 2006...)
Des études sur la relation existante entre l'
émotion que suscite la peur et l'efficacité de la persuasion qui
en découle ont fait l'objet d'une centaine de travaux scientifiques
entre 1953 et 2000,travaux résumés dans des méta-analyses,
relatant les conclusions obtenues (Boster et Mongeau, 1985, Mongeau, 1998,
Sutton, 1982, Witte et Allen, 2000) ont mis en lumière que plus le
niveau de peur ressentie par un individu exposé à un message de
prévention est élevé, plus son attitude, ses intentions et
les changements de comportement qui en découlent vont dans le sens
souhaité par l'émetteur du message .Il faut toute fois rester
prudent face à de tels résultats.
En effet, si la majorité des études
réalisées sur la peur et la persuasion sociale aboutissent
à une relation positive, il n'en demeure pas moins que certains
chercheurs ont tout de même montré une influence négative
de l'émotion négative ressentie sur la persuasion. Cela
s'explique par le fait qu'il existe des conditions à l'utilisation de
messages qui suscitent des émotions fortes. L'hypothèse selon
laquelle la peur suscitée par ces messages a des influences sur le
comportement des individus, ne pourrait s'avérer vrai que si les
messages de prévention contiennent un moyen efficace permettant
d'éviter les conséquences négatives du risque, les
individus qui le reçoivent seront motivés à le respecter
(Kouabenan et Al, 2006). Autrement dit, il ne suffit pas de faire des messages
de prévention axés sur la peur pour le plaisir de les faire, il
faut donner aux populations cibles les voies et moyens d'évitements ou
de contournement de la menace. Le travers dans lequel il ne faudrait pas tomber
est celui qui consisterait à délivrer des messages de
prévention, basés sur la peur sans toutefois dire aux populations
cibles comment se protéger ou éviter les conséquences
nuisibles.
Dans un tel cas de figure, les individus seront
motivés à contrôler leur peur en essayant de réguler
leur émotion, et dans ce cas les messages de prévention ne
seraient pas pertinents.
La peur est efficace si les campagnes passées n'ont
pas utilisées le même registre créatif. Enfin, une des
conditions à l'efficacité des campagnes de prévention qui
font peur est de prendre en considération le contexte dans lequel le
message est diffusé. En effet, Hastings et Mac Fadyen (2002) font
remarquer que des messages phobiques se révèlent moins pertinents
lorsqu'ils sont souvent répétés car cela provoque
finalement une lassitude chez la cible visée, voire un rejet du message
diffusé.