RESUME
Notre étude consistait à évaluer
l'incidence de la politique monétaire dans la variation du PIB. Pour ce
faire, nous avons analysé cette relation en passant par le canal
étroit du crédit. Nous avons opté pour ce dernier,
premièrement (de façon spécifique) car la Banque Centrale
du Congo n'use pas du canal large du crédit (du bilan) du fait que les
marchés des capitaux ne sont pas développés dans le pays.
Deuxièmement nous avons opté pour le canal du crédit (de
façon générale, comparativement aux autres canaux) car il
exprime directement le niveau de la demande (de consommation et
d'investissement) même si elle n'est pas totale. Mais également
dans le but de limiter notre travail (se limiter en un seul point pour ne pas
le rendre exhaustif).
Pour déterminer l'apport de la politique
monétaire dans la croissance économique, notre analyse empirique
a été faite en deux étapes.
En premier lieu, nous avons évalué si la
politique monétaire de la Banque Centrale du Congo avait de l'impact sur
le niveau de crédit accordé à l'économie
congolaise. Après analyse économétrique, il s'est
avéré que le résultat était positif. Les
instruments de la politique monétaire (taux de réserve
obligatoire, taux directeur et coefficient de réserve obligatoire)
menée par la BCC influence le niveau de crédit à
l'économie (plus de 90%) cela avec effets retardés d'environ
quatre trimestres en moyenne. A très court terme le crédit est
expliqué par lui-même.
Deuxièmement, nous avons cherché à voir
si la politique monétaire de la Banque Centrale du Congo en passant par
les crédits (que cette dernière influence) avait de l'impact sur
la variation de la production. Après analyse
économétrique, il s'est avéré que l'apport des
crédits à la croissance économique n'était pas
significatif. La politique monétaire menée par la BCC n'influence
pas le niveau de la production. Cela du fait que la croissance
économique en R.D.Congo est plus portée par d'autres facteurs
tels que le secteur minier (les exportations) ou encorela politique
budgétaire.
Comme résultat général de notre
étude, la politique monétaire de la BCC n'a pas d'incidence
considérable par son canal du crédit sur les variations du
produit intérieur brut en République Démocratique du
Congo. Elle impacte les crédits mais ces dernier quant à eux
n'ont qu'une incidence minime sur la croissance économique. Cela peut
être expliqué par la faible dynamique du système bancaire
(faible taux de bancarisation) et le niveau élevé de
l'économie informelle.
3.5.
DISCUTIONS DES RESULTATS
Nos résultats vont dans le même sens que la
théorie keynésienne (1923) et celle de la synthèse
classico-keynésienne du fait que ces dernières préconisent
que le taux d'intérêt à un effet sur le niveau de la masse
monétaire. Car la Banque Centrale du Congo, comme le montrent nos
résultats, influence le niveau des crédits accordés
à l'économie et donc la masse monétaire.
En outre, nos résultats confirment l'hypothèse
de Friedman, car selon lui la demande de monnaie est faiblement
élastique au taux d'intérêt dont les variations n'ont que
peu d'impact sur la demande globale. La demande globale étant un
déterminant de la croissance, la BCC ne l'influence pas de façon
considérable comme l'ont attesté nos résultats, la
politique monétaire via ses instruments n'a pas d'incidence sur la
croissance en R.D.Congo.
Pour ce qui est des autres travaux empiriques, KIBABELA P. R.
(2009) affirme que la politique monétaire de la BCC est inefficace. Le
caractère inopérant de la politique monétaire sur le
secteur réel en République Démocratique du Congo
découle du mauvais agencement des instruments directs et indirects
(mauvaise politique d'encadrement des crédits, absence de la politique
d'Open Market). Ses résultats ne vont pas totalement dans le même
sens que les nôtres, car la politique monétaire de la BCC n'est
pas totalement inefficace du fait qu'elle agit sur le niveau des
crédits. Ses difficultés à affecter de façon
considérable la demande globale réside dans le fait que le niveau
de bancarisation est trop faible et la part du secteur informelle dans
l'économie nationale est élevée.
BAHATI, R. (2010) est parti quant à lui d'un constat
selon lequel la politique monétaire à travers ses objectifs a eu
une incidence sur la croissance économique dans l'ensemble du pays au
moment où celui-ci venait de traverser une grande période de
conflit armé dans certaines provinces. En outre, la dollarisation de
l'espace monétaire engendre une dépréciation de la monnaie
nationale. Tous ces facteurs rendent la politique de réforme
monétaire en R.D.Congo moins influente sur les agrégats
économiques du pays. Ses résultats vont presque dans le
même sens que les nôtres du fait que dans les deux cas, ce sont des
facteurs exogènes ou quasi-exogènes qui rendent la politique
monétaire inefficace.
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