1.1.1.8. LE ROLE DE L'ENTREPRENEUR, SCHUMPETER (1911)
Dans son ouvrage, Capitalisme, Socialisme et
démocratie,Joseph Schumpeter (1942) fait
duprogrès industriel la clé du changement. Le progrès
industriel est porté par des innovateurs qui cherchent à emporter
legros lot (Schumpeter compare le jeu des affaires au poker).L'analyse
schumpetérienne est intéressante car elle ne repose pas seulement
sur le progrèstechnique, sur l'évolution des connaissances ou les
grandes inventions (avec le cycle desrévolutions industrielles
successives). Schumpeter y ajoute un héros -le chef d'entreprise
quiprend le risque de lancer un nouveau produit ou une nouvelle façon de
produire , et unestructure (la concurrence monopolistique) qui assure à
celui qui a réussi son pari d'enpercevoir une rétribution
financière. Mais attention, il y aura peu d'élus pour
beaucoupd'appelés. La « Destruction - créatrice »
laissera certains derrière elle, cependant elle finirapar être
bénéfique pour tous. Le système tout entier produira plus
de richesse.
1.2.1.1. MODELES DE CROISSANCE POST-KEYNESIENS
(DOMAR ET HARROD)
De nombreux économistes inspirés par les travaux
de J.M Keynes à la suite de la crise de 1929, vont s'interroger sur les
possibilités d'une croissance équilibrée. Les
modèles de Domar et Harrod vont chercher à rendre compte des
conditions et caractéristiques essentielles de l'équilibre d'une
économie capitaliste en croissance.
Le point de départ de Domar (1946) est de
considérer que l'investissement exerce une double influence sur
l'économie (Muet, 1993). Du côté de la demande (et à
court terme), la variation de l'investissement détermine, via le
principe du multiplicateur, le niveau de revenu et de la demande globale. Du
côté de l'offre (et à long terme), l'investissement
accroît la capacité de production. L'effet capacité stipule
que l'investissement doit engendrer une stimulation de la capacité de
production, via le mécanisme de l'accélérateur. Le
problème de Domar prend ainsi la forme suivante : « A quelle
condition la hausse de la demande issue de la variation de l'investissement
est-elle compatible avec l'accroissement de la capacité de production
résultant de l'investissement ? ». Pour qu'il y ait croissance
équilibrée, il faut que les revenus supplémentaires
engendrés par l'effet multiplicateur permettent d'absorber la production
supplémentaire obtenue. En d'autres termes, l'effet de revenu doit
être égal à l'effet de capacité. Cette condition est
vérifiée si l'investissement augmente à un taux constat
égal au rapport entre la propension marginale à épargner
et le coefficient de capital.
Alors que Domar met en évidence la
nécessité pour le capital et la production de croître
à untaux constant, Harrod va montrer que la croissance est par nature
instable. Selon Pierre Alain (Muet, 1993), Harrod aurait
été conduit à poser deux problèmes «dont l'un
est la stabilité de la croissance, l'autre est la possibilité
de maintenir le plein emploi».
En introduisant les anticipations de croissance dans la
détermination de l'investissement,Domar arrive à la conclusion
que la relation déterminant le taux de croissance par le rapportdu taux
d'épargne au coefficient de capital (taux de croissance garanti) est
fondamentalementinstable. La raison sera que l'effet multiplicateur serait sans
commune avecl'effet accélérateur, sauf pour une valeur bien
particulière correspondant au régime decroissance
équilibrée.
En confrontant letaux de croissance garanti, gw(qui
équilibre l'offre et la demande sur lemarché des biens) etle taux
de croissance naturel, gn(qui équilibre l'offre et la demande surle
marché du travail), Harrod met en évidence un paradoxe de la
théorie keynésienne. Si gwest supérieur à gn, le
rythme élevé de croissance pourra permettre de réduire le
chômage.Mais lorsque l'économie tend vers le plein emploi, letaux
de croissance effectif gsera limitépar le taux naturel. La croissance
réelle devient inférieure au taux garanti. Harrod en conclutque
l'économie tendra progressivement vers la dépression du fait de
l'insuffisance de lademande. Ainsi, un taux d'épargne
élevé (ou insuffisant) serait néfaste au plein
emploi.L'épargne est une vertu si gw est inférieur à
gn.
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