2.3. Burundi
Le Burundi avec une superficie de 28.000 km2 est le
3è pays de Grands Lacs en termes de superficie. Juste avant
le Rwanda, son voisin et jumeau. Il a pris comme principales ressources
naturelles : le Kaolin, l'Or. Mais il y a encore des ressources non
exploitées, telles que le Nickel (5% des réserves mondiales),
vanadium, phosphates. Et les principales ressources agricoles burundaises sont
le thé, le café, la banane, la patate douce, le manioc, le riz,
le maïs, le blé, le sorgho, le coton, le haricot. Le Burundi a 974
km de frontière dont il partage avec la R.D. Congo 233 km, le Rwanda 290
km et la Tanzanie 451 km. La capitale du Burundi s'appelle
Bujumbura85.
Le Burundi déjà indépendant vit des
moments de tensions entre Hutu et Tutsi qui ne font que s'exacerber
malgré les efforts d'apaisement du roi MWAMBUTSA IV. Alors
qu'après l'assassinat du prince Louis RWAGASORE, les Hutus et les Tutsis
gouvernèrent le Burundi ensemble ; voilà que ce qui se passe au
Nord, au Rwanda va sensiblement contaminer le Sud. Alors qu'au Rwanda c'est la
chasse aux Tutsi, au Burundi c'est plutôt la chasse au Hutu après
un coup d'Etat manqué en 1965. Sous la direction de Michel MICOMBERO
alors 1er Ministre, un coup d'Etat renverse la monarchie au profit
de la République et met en place un Gouvernement dominé par les
Tutsis.
85 Dictionnaire Le Petit Larousse
illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.
86 Dictionnaire Le Petit Larousse
illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.
87 BRAECKMAN, C., Terre africaine. Burundi, Rwanda,
Zaïre : les racines de la violence, Op. cit., pp. 203-266.
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Entre mars et juin 1972, une révolte des Hutus aboutit
au massacre de 100.000 à 300.000 Tutsi. En 1976, un nouveau coup d'Etat
porta au pouvoir Jean Baptiste BAGAZA. Il prôna la réconciliation
nationale, occulta la question ethnique.
En octobre 1987, le 02 octobre 1987, le Major Pierre BUYOYA,
après un coup d'Etat très réussi, prend le pouvoir.
Le 1er juin 1993, après des élections
pluralistes Melchior NDADAYE, un Hutu, est élu. Quelques jours
après soit le 22 Octobre Melchior NDADAYE est assassiné par
quelques officiers Tutsi. C'est le début des troubles sans
précédent86.
Les Hutus réussirent, malgré la tentative de
putsch des officiers Tutsi, à remettre un autre Hutu au pouvoir à
travers les élections organisées en 1994 : Cyprien NTARYAMIRA.
Mais seulement à peine élu, lors d'une sortie officielle pour la
Tanzanie où il y avait un sommet régional, alors qu'il
était de retour au Burundi et avait emprunté le même avion
que le Président Rwandais Juvénal HABYARIMANA, Cyprien NTARYAMIRA
seront victimes avec son homologue Rwandais d'un attentat meurtrier contre
l'avion où ils étaient à bord le 6 avril 1994 en plein
ciel de Kigali. De part et d'autre ( au Rwanda et au Burundi ) il y aura
amplification de la guerre avec des massacres et contre massacre à
grande échelle.
C'est dans un contexte de trouble et de confusion
généralisée que l'ancien Président Pierre BUYOYA
revint aux affaires. Comme quand il avait fait son coup d'Etat de 1987, il
stabilisa l'Etat et se battit pour rétablir la sécurité.
Mais il devra faire face aux extrémistes Hutu en rébellion dans
des mouvements tels que le CNDD-FDD et le PALIPEHUTU FNL (Forces Nationales de
Libération).
En 1996 avec le Rwanda, le Burundi participa à la
première guerre de la R.D. Congo pour chasser MOBUTU87. Et en
1998, le 2 août, il participe, cette fois-ci, de façon moins
voilée à la 2è guerre de la R.D. Congo.
68
Dans l'entretemps, après multiples négociations,
les Burundais opteront pour une Présidence de la République
tournante entre Hutu et Tutsi en vertu des accords d'Arusha. Pierre BUYOYA sera
retenu en 2001 et le 30 avril 2003, il sera succédé par Domitien
NDAYIZEYE.
Après plusieurs négociations, le CNDD-FDD se
décide finalement de quitter la rébellion. Et en août 2005,
un Président « Hutshi » (né du mariage d'un Hutu et
d'une Tutsi ) leader du CNDD-FDD, Pierre NKURUNZIZA sera élu puis
réélu en 201088. Il s'inscrira dans la logique de
l'inclusion généralisée et multiplia des rapprochements
avec le PalipeHutu-FNL encore en rébellion. Le PalipeHutu-FNL le 13
Août 2004, une année avant des nouvelles élections, se
rendit coupable de massacre des réfugiés Tutsi congolais,
près de 159 morts, au camp de Gatumba au Burundi.
Il importe de noter que la crise congolaise avait des
ramifications impressionnantes. En effet, la guerre au Congo était de
tous les enjeux. D'abord, il faut savoir que les richesses immenses de ce pays
lui attiraient courtise et convoitise.
De ce qui est des jaloux et gourmands étrangers et
nationaux, il faut voir les multinationaux en quête de la matière
première bon marché. Ensuite, les pays venus faire la guerre au
Congo avaient aussi des raisons sécuritaires fondées. La
R.D.Congo était une base arrière des rebelles de la
région. On pouvait noter la présence des FDLR (venue avec les
réfugiés Hutu suite à la guerre de 1994 au Rwanda fuyant
le contre-massacre de l'APR), la LRA ougandaise (ayant quitté le Soudan
suite à l'accord de paix intervenu dans ce pays entre le Gouvernement et
la rébellion autrefois sous contrôle de John GARANG allié
de MUSEVENI) et le FNL (très actif au Burundi et installé
à Uvira dans le Sud Kivu).
En 2015, le Président Pierre NKURUNZIZA a
été réélu pour un troisième conduisant de
violences meurtrières dans le pays89 et à des attaques
armées menées à partir de la RDC par des groupes rebelles
burundais basés dans la province du Sud-Kivu (FOREBU, RED, ex-FNL,
etc.). D'où, la rencontre à Bujumbura entre le Président
Pierre NKURUNZIZA et le
88 Dictionnaire Le Petit
Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.
89 Idem
90 IWANYANYU MBUNGU, R., Enjeux de
l'insécurité persistante au Nord et au Sud Kivu : analyse et
perspectives, Mémoire, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010-2011, p.91.
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nouveau Président de la RDC Félix-Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO le 14 juin 2019 pour endiguer ce problème
sécuritaire commun.
La région des Grands Lacs depuis les
indépendances n'a pas connu des moments prolongés d'accalmie. En
même temps d'un côté un pays pouvait se retrouver en
relative accalmie, de l'autre côté un autre s'enfoncer dans le
désarroi. Des conflits et désarrois qui ont des origines
lointaines et complexes. L'Accord-cadre d'Addis-Abeba s'il est appliqué
de manière stricte va conduire cette sous-région au
développement et à la stabilité durable.
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