L'exposition aux médias ne discrimine pas le fait pour
une femme d'être propriétaires terriennes. En effet, peu importe
le degré d'exposition de la femme aux médias, cette relation
reste non significative. Au regard de nos résultats, Ce résultat,
pourrait s'expliquer par les éléments de l'approche culturelle.
En effet, l'exposition aux médias d'une femme, ne change pas grand-chose
à la situation de la femme. En effet, même lorsqu'elle est
informée de ses droits, elle préfère se taire, ne pas
revendiquer par peur de représailles ou de se retrouver dans la rue
(Mbayinil, 2016). De plus, moins nombreuses sont les femmes qui sont
régulièrement exposés à ces derniers ; lorsqu'elles
le sont, c'est en grande majorité pour des programmes de divertissement
et non d'informations (Mbayinil, 2017).
Contrairement à nos attentes, nos résultats
divergent de ceux des travaux du Rapport National sur l'amélioration et
la sécurisation du foncier des femmes au Sénégal (2016),
qui dans un contexte de recherche de la relation entre l'exposition de la femme
à chacun des médias (radio, télévision et journaux)
et son accès à la propriété foncière est
arrivée à la conclusion selon laquelle les femmes qui sont
régulièrement exposées aux médias ont plus de
chances d'accéder à la propriété foncière
que leurs consoeurs non exposés à ces médias.
Ainsi, L'hypothèse H9 qui stipule
que: L'exposition aux médias, diminue le risque de ne pas
accéder à la propriété foncière.
Ainsi, nous supposons que les femmes de faible
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
ONANA Jean Christophe Master Professionnel en
Démographie
exposition aux médias ont moins de chances
d'être propriétaires terriennes que leurs homologues de niveau
d'exposition moyen ou élevé, est
infirmée.
Cette variable, qui est non significative au départ
est devenue significative au seuil de 10% à au modèle M5. Puis,
est redevenue non significative au modèle M6. Ce qui voudrait dire que
la variable âge de la femme est une variable inhibitrice de l'exposition
aux médias sur l'accès à la propriété
foncière chez les femmes. Autrement dit, l'avancée en âge,
renforce l'effet de l'exposition aux médias sur la variable
d'étude qui est l'accès à la propriété
foncière. Par ailleurs, la variable statut matrimonial est la variable
intermédiaire de l'influence de l'exposition aux médias sur
l'accès à la propriété foncière. Mieux,
l'influence de l'exposition aux médias sur l'accès à la
propriété foncière est en partie liée ou transite
par le statut matrimonial de la femme.
Toutefois, le modèle final (M10), indique que
l'exposition aux médias n'influence pas significativement l'accès
à la propriété foncière. Autrement dit, la
différence de chance en matière d'accès à la terre
n'est pas significative que la femme ait un niveau d'exposition aux
médias faible, moyen ou élevé.
La région de
résidence
Les résultats de l'analyse arrivent à la
conclusion selon laquelle la région de résidence est un
élément capital à prendre en compte dans l'explication de
l'accès à la propriété foncière chez les
femmes au Cameroun. Il s'agit de la quatrième variable la plus
explicative de l'accès à la propriété
foncière au Cameroun (Tableau 5.3). De l'analyse du tableau 5.2, il
ressort que le plus faible niveau d'accès des femmes à la
propriété foncière est observé dans les
régions de l'Extrême-Nord, l'Ouest, Littoral, Centre et
Adamaoua.
En relisant ces résultats, le constat qui se
dégage est que ce sont des régions à l'exception de la
région de l'Adamaoua à forte densité de population au
Km2. En effet, la population est inégalement répartie
au sein du territoire avec des régions à forte densité et
des régions à faible densité de population. C'est ainsi
que les régions telles que le Littoral et l'Ouest enregistrent par
exemple des densités de population maximale respective de 124 habitants
au Km2 et 123, 8 habitants au km2 largement au-dessus de
la moyenne nationale qui est de 37,5 habitants au
km2.38. Cette forte densité,
aurait donc pour conséquence la course à la
propriété foncière et le renforcement des pratiques
patriarcales qui consistent à exclure la gente féminine de la
38 Tome 1 : Rapport thématique Etat et
structure de la population, p vii
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Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019
succession. Car, la terre est désormais un bien qui
tend à se raréfier et qui revêt de plus en plus de la
valeur pour celui qui la détient.
Une autre explication de la disparité régionale
en termes d'accès à la propriété foncière
est imputable aux différences de pratiques culturelles. En effet,
certaines régions en la matière sont plus rigides que d'autres.
De plus, le niveau de modernité culturel et économique n'est pas
le même dans différentes régions. Car elles ne remplissent
de nombreuses fonctions (administrative, économique, éducative
etc.).
Ces résultats rencontrent ceux de l'INS (2011) et
(2014) qui arrivent à la conclusion selon laquelle ils existent de
nombreuses disparités entre les différentes régions pour
ce qui est de la possession d'une propriété foncière par
les femmes.
Parvenu à l'échéance de cet ultime
chapitre consacré à un essai d'explication de l'accès
à la propriété foncière chez les femmes de 15-49
ans au Cameroun, nous essayons d'en ressortir la quintessence. Les variables
mobilisées ont pu expliquer la quasi-totalité du
phénomène. Seuls trois (3) des neuf (9) facteurs mobilisés
ne discriminent pas significativement le fait pour une femme d'être
propriétaire terrienne. Ensuite, une hiérarchisation des
variables a été faite. Il ressort que six (06) variables sont
déterminantes dans l'explication de l'accès à la
propriété foncière au Cameroun. Il s'agit du statut
matrimonial, l'appartenance association de tontine, du statut
d'activité, la région de résidence, l'âge de la
femme, de l'accès au crédit au cours des douze (12) derniers
mois, du milieu de résidence et du niveau d'instruction. Ces
résultats ont été par la suite interprétés
et discutés, selon les éléments du contexte et de la revue
de la littérature consultée.
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Démographie
Femmes et accessibilité à la
propriété foncière au Cameroun 2018/2019