CHAPITRE PREMIER :
CONSIDERATIONS GENERALES SUR LA
THEORIE MONETAIRE
INTRODUCTION
L'économie monétaire a connu de profonds
bouleversements en l'espace d'un demi-siècle. La politique
monétaire était auparavant considérée comme une
question technique, comment fixer le taux bancaire qui évite un
excès de crédit et la sortie d'or du pays. Elle n'était
pas discutée en termes de stabilisation du produit ou de l'emploi.
La situation actuelle se situe à l'opposé. La
théorie monétaire occupe une place centrale en
macroéconomie. Les économistes ont réalisé que la
monnaie était intrinsèquement reliée aux théories
des prix et du cycle. On assiste depuis lors à un enrichissement mutuel
entre les théories et les leçons tirées de la pratique des
politiques monétaires.
L'exemple emblématique de cette interdépendance
est représenté par la banque centrale la plus influente au monde,
la Réserve fédérale dont le responsable actuel Ben
Bernanke(2009)12est un universitaire reconnu mondialement pour ses
publications dans le domaine (on peut également citer
Mishkin(2006)13qui a eu des responsabilités à la
Fed).
Cette interconnexion se retrouve dans le contenu de cette
étude qui traitera à la fois de la théorie
monétaire et de l'état de la pratique en lien avec la
théorie. Application particulière à la Banque Centrale du
Congo.
La politique monétaire a également changé
en réponse à son contexte, avec le développement des
marchés financiers, de l'intégration et de la mondialisation, et
en partie le
12Ben Bernanke (2009), « la politique
monétaire américaine » : Aux intervalles réguliers,
les grandes banques centrales annoncent leur nouveau taux
d'intérêt directeur. L'annonce en particulier lorsqu'il s'agit de
la banque centrale des États-Unis est amplement couverte par les
médias. C'est sans doute parce que cette information a de l'importance.
Et elle n'a ! Des nombreux indicateurs macroéconomiques dépendent
directement de la valeur du taux d'intérêt.
Mais la politique monétaire se limite-t-elle simplement
à choisir un taux d'intérêt ? Non, cela impose
également que la banque centrale intervienne sur le marché de la
monnaie pour assurer que le taux d'intérêt choisi soit le taux
d'intérêt d'équilibre.
13 F.S. Mishkin (2006), « Les canaux de
transmission de la politique monétaire : leçon pour la politique
monétaire », bulletin de la banque centrale de France, mars 2006,
C. Bordes, « l politique monétaire » chapitre II de «
politique économique »
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résultat des progrès réalisés par
la recherche économique. On commence par quelques rappels sur la
monnaie.
SECTION PREMIERE : NOTIONS SUR LA POLITIQUE
MONETAIRE
A. Définition de la monnaie
La monnaie est un actif qui est accepté comme moyen
général de paiement. On peut la définir par ses fonctions.
Tout actif qui remplit les trois fonctions suivantes est
considéré comme de la monnaie : la fonction de réserve de
valeur, la fonction d'unité de compte et la fonction
d'intermédiaire des échanges.
On peut aussi définir la monnaie par ses supports. Dans
quels types de support s?incarne la monnaie ? Il existe plusieurs formes de
monnaie qui satisfont les fonctions précédentes. La
quantité totale de monnaie qui circule dans une économie à
disposition des ménages, du secteur public et des entreprises constitue
la masse monétaire. Un bien a son prix exprimé dans une
unité de compte unique, mais il existe plusieurs moyens de
l'acquérir qui correspondent à différentes composantes de
la masse monétaire.
Le premier moyen est d'utiliser des billets ou des
pièces pour payer. C'est la première composante de la masse
monétaire, ce que l'on appelle la monnaie manuelle. Le second moyen est
d'utiliser son chéquier ou sa carte bleue et de transférer la
monnaie électroniquement. La monnaie ne transite alors pas de la main
à la main mais de compte bancaire à compte bancaire. La monnaie
prend une forme dématérialisée puisqu'elle correspond
à une écriture informatique dans les comptes des banques. On
parle alors de monnaie scripturale.
La somme des deux fournit la définition la plus
étroite de la masse monétaire, ce que la banque centrale nomme
l'agrégat M1 : billets et pièces + dépôts à
vue. Nous obtenons le schéma suivant :
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Tableau N°1 : présentation statistique
de la structure monétaire
Source : Alexis Direr : la politique monétaire
française, mai 2012, page 18
Il existe des actifs qui ne sont pas de la monnaie mais sont
facilement convertibles en monnaie. C'est pour cette raison que les banques
centrales les ajoutes à la monnaie au sens de M1 dans des
agrégats plus larges. Nous obtenons:
M2 : M1 + livrets d'épargne (livret A, comptes
épargne logement, LDD etc...)
Les livrets sont transformables en moyens de paiement avec
généralement un délai d'un jour sans frais bancaire. On
peut donc les considérer comme de la quasi-monnaie.
M3 : M2 + Sicav et FCP (+ divers)
Sicav = société d?investissement à capital
variable
FCP = fonds communs de placement.
Les Sicav et les FCP sont appelés des OPCVM (organismes
de placement collectifs en valeurs mobilières). Ce sont des
portefeuilles d'actions, d'obligations et de titres à court-terme. Comme
les livrets, ils sont facilement et sans délais convertibles en moyen de
paiement. Mais contrairement à ces deniers, la conversion implique des
coûts de transaction et un risque de moins-value en raison des
fluctuations boursières. D'où leur inclusion dans un
agrégat différent de M2.
La définition des agrégats monétaires
n'est pas exactement la même d'un pays à l'autre mais l'objectif
reste le même : classer les agrégats par degré de
liquidité, du plus liquide au moins liquide.
Le taux d'intérêt qui équilibre chaque
jour le marché monétaire s'appelle le taux directeur. Pour
certains pays, le taux de référence est le taux de refinancement
("refi"). Les
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