6.2) Dette extérieure et
stabilité économique
Tout comme dans le cas de la croissance
économique, l'environnement économique a une influence sur la
stabilité économique d'un pays. A cet égard, le
déficit public a des effets négatifs non seulement sur le volume
des investissements domestiques, mais aussi sur la structure de toute
l'économie. Il est donc à l'origine du financement
extérieur créateur d'endettement (Baré, 2001). En ce sens,
qu'un niveau de dette très élevé aggrave
considérablement le déficit public (Adam et Bevan, 2005).
Certains auteurs ont également montré, que toute nouvelle dette
est émise pour couvrir à la fois le déficit public nouveau
et les intérêts de la dette (Artus et Morin, 1991). Delors, pour
mieux gérer la dette extérieure les Etats doivent d'abord
procéder à un assainissement de leurs finances publiques.
La dépréciation en monnaie
nationale par rapport à la monnaie étrangère dans laquelle
la dette est libellée accroît la valeur de l'encours de la dette
extérieure dans la même proportion et entraîne une perte en
capital en monnaie nationale (Alam et Taib, 2013). A cet égard, si la
tendance à la dépréciation du taux de change est rapide,
elle augmentera également l'intensité des pertes en capital
lorsqu'un pays s'acquitte de ses obligations au titre du service de sa dette
extérieure. Par conséquent, le rôle du taux de change est
vital pour un pays en cas de dette extérieure. -Calvo et Reinhart (2002)
observent que le dépassement du taux de change s'explique par l'ampleur
de la dette libellée en devises d'un pays, l'arrêt soudain des
flux de capitaux et la diminution de la production dans l'économie
nationale. Ainsi, pour de nombreux pays pauvres très endettés
(PPTE), la dette extérieure représente plus de deux fois leur PNB
et le service de la dette absorbe une grande partie des rares devises
étrangères (Asiedu, 2005 ; Atangana Ondoa, 2017). Une
croissance positive de la dette extérieure se traduit par une
augmentation du service de la dette extérieure qui entraîne une
augmentation de la demande de devises étrangères, ce qui
entraîne une hausse du prix de la monnaie dans laquelle la dette est
libellée. Une appréciation en monnaie étrangère
dans laquelle la dette est libellée augmentera le niveau de la dette
extérieure en termes de monnaie nationale (Khor, 1998).
Le déficit budgétaire est la
condition préalable à l'accumulation de la dette publique,
puisque la question des engagements publics découle
généralement de la nécessité de financer
l'écart entre les recettes ordinaires et les dépenses totales
-(Blejer et Cheasty, 1991). Ce faisant, pour financer le déficit
budgétaire élargi, les gouvernements devront emprunter
auprès de sources privées nationales ou étrangères
(Ramsay et Sobel, 2011). Le déficit budgétaire diminue ainsi, la
solvabilité des gouvernements en raison des tendances inflationnistes
attendues dans l'économie (Alam et Taib, 2013). Par conséquent,
l'acquisition de la dette devient coûteuse car les investisseurs exigent
une prime de risque sur leur investissement -(Krugman, 1988). Il en
résulte une pression à la hausse sur les paiements
d'intérêts, de sorte qu'en l'absence d'excédent primaire
dans le budget, une augmentation des paiements d'intérêts conduit
à une nouvelle accumulation de la dette (Rajan et Subramanian, 2008).
Les encours de dette élevés sont
associés à une inflation élevée et volatile. A cet
égard, le niveau élevé de l'encours de la dette
accroît les risques de défaillance, de
rééchelonnement et la volatilité des entrées
futures de capitaux (Mweni, Njuguna et Oketch, 2016). Pour Presbitero et Arnone
(2006), l'encours de la dette a un effet sur la performance économique
via l'incertitude associée à son effet sur l'inflation. En effet,
la dette extérieure crée un problème aigu de
surendettement parce que les pays en développement disposent d'une gamme
beaucoup plus restreinte d'outils de réduction de la dette (Reinhart,
Reinhart et Rogoff, 2012). Ainsi, le surendettement est lié à
l'incertitude et à l'instabilité économiques et oblige les
gouvernements à adopter des politiques financièrement
répressives pour maîtriser l'inflation afin de répondre aux
besoins financiers par seigneuriage, et réduire les dépenses
publiques en intérêts payés sur la dette publique (Hwang,
Chung et Wang, 2010 ; -Atique et Malik, 2012 ; Assibey-Yeboah et
Mohsin, 2014).
Le développement du secteur financier est
indispensable à celui du commerce extérieur. Il joue par
conséquent, un rôle essentiel sur les variations des prix ou des
quantités des produits importées ou exportées. Toutefois,
s'il n'est pas bien encadré par des règles efficaces, le
développement financier peut être la source des perturbations des
termes de l'échange (FMI,2016) ; fait pouvant engendre a un endettement.
De même, toute augmentation de la production et des exportations seront
transfères à l'extérieure pour honorer le paiement de la
dette extérieure -(Deshpande, 1997 ; -Serven et Solimano, 1992).
Des lors, si les pays débiteurs n'honorent pas au payement de leurs
dettes, les paiements de celles-ci deviennent, liés à leurs
performances économiques -(Naya, 1986 ; Savvides, 1992 ;
-North, 1994 ; Niroomand et Hamvi, 1995).
Plusieurs études ont été
entreprises pour tester la validité empirique des différentes
approches théoriques développées
précédemment. Ainsi, à partir d'une régression en
panel sur 25 pays de l'OCDE pour la période 1970-2007, Cheung (2013)
montre qu'une augmentation de 1 point de pourcentage de la dette
extérieure nette en pourcentage du PIB est associée à une
hausse des taux d'intérêt réels à long terme de 1,3
point de base. En particulier, cet auteur trouve qu'aucun effet statistiquement
significatif sur les taux d'intérêt de la dette publique n'a
été constaté compte tenu de l'exclusion de l'effet
extraordinaire de la crise financière. Un résultat similaire
avait déjà été obtenu par Rose (2010) lorsqu'il
analysait l'impact de la dette extérieure sur les taux
d'intérêt réels de 20 économies avancées sur
la période 1980-2007. Utilisant un modèle en donnée de
panel, il parvient au résultat selon lequel les taux
d'intérêt sont sensibles aux positions nettes d'investissements
internationaux et qu'une augmentation de 1 point de pourcentage du ratio dette
extérieure nette / PIB sera généralement associée
avec une augmentation de 2 points de base des taux d'intérêt
réels. De même, Lane et Milesi-Ferreti (2001) ont mis en
évidence une relation inverse entre les taux d'intérêt sur
les obligations d'État et avoirs extérieurs nets, de sorte qu'une
augmentation de 20 points de pourcentage du rapport entre les engagements
extérieurs nets et les exportations est associée à une
augmentation de 50 points de base de taux d'intérêt
réels.
A partir d'un modèle à effets fixes
sur un panel constitué de 39 pays d'Afrique, d'Asie et d'Europe sur la
période 1971-1999, -Calvo et Reinhart (2002) ont relevé que le
dépassement du taux de change s'explique par l'ampleur de la dette
libellée en devises d'un pays, l'arrêt soudain des flux de
capitaux et la diminution de la production dans l'économie nationale.
Cependant, Alam et Taib (2013) à partir des données en coupe
transversale pour 15 pays en développement d'Asie sur la période
1971-2000 ; parviennent à établir que la dette
extérieure est positivement liée au déficit
budgétaire, au déficit de la balance courante et à la
dépréciation du taux de change. Les résultats similaires
ont été obtenu par : Claessens, Oks et Wijnbergen
(1989) ; Siregar et Pontines (2005) ; Reinhart, Reinhart et Rogoff
(2012) ; Reinhart (2015).
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