II.2.2. Effets de la
soutenabilité de la dette extérieure et ajustement du compte
courant
Selon Calderón et al. (2007), la question de
savoir si le déficit du compte courant est bénéfique ou
nuisible à l'économie dépend du facteur qui l'a
engendré. Cependant, la persistance d'un important déficit
persistant de la balance courante peut être le signe d'une mauvaise
performance et de la vulnérabilité de l'économie (Todaro
et Smith, 2003). En effet, la persistance des déficits courants est
généralement un indicateur clé de la faiblesse de
l'épargne et des investissements nationaux, de l'absence de
compétitivité internationale et de problèmes
économiques structurels tels qu'un système financier peu
développé. Par conséquent, le déséquilibre
de la balance courante se traduit par une perte potentielle de production, une
augmentation du chômage et une croissance économique
déséquilibrée (Ghosh et Ramakrishnan, 2006).
L'ouverture financière (libéralisation
financière), c'est-à-dire le degré d'ouverture des
transactions financières transnationales, peut influencer les flux de
capitaux et le compte courant. En effet, la libéralisation
financière peut accroître l'efficacité de l'allocation du
capital international, ce qui entraine une diversification du portefeuille
international et une augmentation des bénéfices potentiels. Une
autre relation directe est que l'ouverture financière peut influer sur
les décisions d'épargne et d'investissement, puis sur les flux de
capitaux transnationaux. Selon Bailliu (2000), un niveau plus
élevé de développement financier intérieur peut
stimuler l'économie et ensuite améliorer le compte courant. Par
ailleurs, le développement financier peut générer un
excédent du compte courant grâce à une augmentation de
l'épargne ou conduire à un déficit grâce à la
réduction de la demande d'épargne de précaution et
à la réduction de l'épargne nationale (Ya-Qiong et Rui,
2013).
L'effet de la libéralisation du commerce sur la balance
courante est théoriquement ambigu, quel que soit le cadre d'analyse de
la balance des paiements utilisé. Dans le cadre de l'équilibre
partiel de l'approche des élasticités, l'effet dépendra de
la mesure dans laquelle les droits à l'importation et à
l'exportation changent et de l'élasticité-prix des importations
et des exportations. Si l'on mesure la balance des paiements en devises
étrangères, les recettes d'exportation augmenteront si
l'élasticité-prix de la demande est supérieure à
l'unité, et les paiements d'importation augmenteront si
l'élasticité-prix de la demande est supérieure à
zéro. L'approche des élasticités ne convient pas à
l'analyse de la libéralisation du commerce qui n'implique pas de
changements de prix (Santos-Paulino, 2004).
Dans le cadre d'équilibre général de
l'approche par absorption de la balance des paiements, l'effet de la
libéralisation dépendra de la manière dont le revenu
réel sera affecté par rapport à l'absorption
réelle. Une réduction des droits à l'exportation
entraînera un déplacement des dépenses vers les produits
nationaux, ce qui augmentera les revenus, mais une réduction des droits
à l'importation fera l'inverse. Même si le revenu réel
augmente, la balance des paiements ne s'améliorera pas si la propension
à absorber est supérieure à l'unité. Ensuite, il
faut tenir compte des effets directs sur l'absorption. Si la
libéralisation du commerce réduit les prix, cela augmentera
l'absorption réelle grâce à un effet d'équilibre
réel et à l'illusion monétaire, mais diminuera
l'absorption s'il y a redistribution des revenus vers le secteur des biens
échangés où la tendance à épargner est
élevée. Enfin, dans l'approche monétaire de la balance des
paiements, le résultat de la libéralisation dépend de la
façon dont la demande réelle de monnaie évolue par rapport
à l'offre réelle (Santos-Paulino, 2004).
Dans la littérature théorique, il existe
diverses écoles de pensée concernant les relations entre le
déficit budgétaire et le déficit de la balance courante.
La première théorie suit l'école de pensée
keynésienne selon laquelle une augmentation du déficit
budgétaire augmente le revenu national et les dépenses de
consommation (une extension de la demande globale). Selon cette approche, une
dépréciation du déficit de la balance courante est
causée par l'augmentation des importations. La deuxième
théorie est basée sur le modèle de Mundell-Fleming (1968,
1962) qui affirme que le déficit budgétaire croissant augmente
les taux d'intérêt, génère plus d'entrées
financières et apprécie le taux de change, ce qui entraîne
une aggravation du déficit de la balance courante (Bakarr, 2014). En
effet, dans ce cadre de doubles déficits, les augmentations des
déficits budgétaires dans une économie ouverte ont
tendance à faire augmenter les taux d'intérêt
intérieurs, ce qui induit un afflux de capitaux et, par
conséquent, une appréciation du taux de change réel.
L'appréciation réelle de la monnaie nationale, à son tour,
détériore le solde du compte courant et, par conséquent,
le déficit budgétaire entraîne le déficit du compte
courant (Onafowora et Owoye, 2006).
L'hypothèse d'équivalence ricardienne contredit
l'hypothèse du double déficit en soutenant que le déficit
budgétaire n'a pas de relation de cause à effet avec le
déficit de la balance courante. Barro (1974, 1989) a examiné la
validité théorique de l'hypothèse d'équivalence
ricardienne au moyen d'un modèle de générations qui se
chevauchent et a conclu que le niveau de la demande globale et des taux
d'intérêt ne change pas en finançant les déficits
budgétaires par des impôts ou des emprunts (Seater, 1993). Le
phénomène des déficits jumeaux est également
lié au modèle Feldstein-Horioka (1980) qui affirme que le
degré de mobilité internationale du capital s'explique par
l'association entre l'épargne et l'investissement. Selon ce
modèle, le manque de mobilité des capitaux est attribué
à la forte association entre l'épargne et l'investissement et
vice versa (Abu-Bakarr, 2014).
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