la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?par Landry Arnold YOUBI POUEPI Université de Yaoundé II - Master II PTCI 2018 |
SECTION I : ANALYSE THEORIQUE DE LA RELATION DETTE EXTERIEURE ET STABILITE ECONOMIQUE INTERNELa stabilité économique interne (stabilité des prix et plein emploi) a longtemps monopolisé l'attention des économistes et des hommes politiques, depuis les écrits majeurs de Kaldor (1934)11(*) et Philips (1958)12(*). Dès lors, l'inflation et le chômage sont considérés comme les indices de premier plan qui permettent d'apprécier l'état de santé d'une économie. A cet effet, dans cette première section, nous commencerons par analyser les effets de la dette extérieure sur l'inflation et par la suite, nous présenterons son influence sur le chômage. I.1/ Influence théorique de la dette extérieure sur l'inflationLa dette extérieure est un facteur de maîtrise de l'inflation. Sa bonne gestion vise à créer un environnement macroéconomique propice à l'élaboration des politiques économiques cohérentes (CEA, 2017). Dans cette sous-section : en premier lieu, nous examineront les effets de la solvabilité de la dette extérieure sur la dynamique des prix et en second lieu, nous analyserons l'influence de la soutenabilité de la dette extérieure et volatilité de l'inflation. I.1.1. Impact de la solvabilité de la dette extérieure sur la dynamique des prixRéduire les coûts inhérents à l'inflation dépend fortement de la politique économique qui prévaut dans une économie. Autrement dit, plus la politique économique d'un pays est mauvaise, plus l'inflation est élevée, et à l'opposé, plus cette politique est bonne, plus l'inflation sera maîtrisée (Ali et Sassi, 2016). Dans le présent volet, nous discuterons des effets du stock de la dette extérieure, ainsi que de l'influence du service de la dette extérieure sur l'inflation. a) Stock de la dette extérieure et inflationL'encours de dette élevés sont associés à une inflation élevée et volatile. A cet égard, le niveau élevé de l'encours de la dette accroît les risques de défaillance, de rééchelonnement et la volatilité des entrées futures de capitaux (Mweni, Njuguna et Oketch, 2016). Pour Presbitero et Arnone (2006), l'encours de la dette a un effet sur la performance économique via l'incertitude associée à son effet sur l'inflation. En effet, la dette extérieure crée un problème aigu de surendettement parce que les pays en développement disposent d'une gamme beaucoup plus restreinte d'outils de réduction de la dette (Reinhart, Reinhart et Rogoff, 2012). Ainsi, le surendettement est lié à l'incertitude et à l'instabilité économiques et oblige les gouvernements à adopter des politiques financièrement répressives pour maîtriser l'inflation afin de répondre aux besoins financiers par seigneuriage, et réduire les dépenses publiques en intérêts payés sur la dette publique (-Atique et Malik, 2012 ; Assibey-Yeboah et Mohsin, 2014). En outre, les pays en proie à l'instabilité politique ont probablement de grandes activités clandestines qui augmentent la taxe sur l'inflation optimale, ce qui implique un niveau d'inflation élevé et instable (Barugahara, 2015). La présence d'une grande économie souterraine peut être inflationniste en raison de l'incitation à utiliser l'impôt sur l'inflation pour répondre aux besoins budgétaires lorsque de larges pans de l'économie ne sont pas enregistrés et donc non imposés (Canzoneri et Rogers, 1990). De même, une grande économie informelle menace non seulement l'assiette fiscale, mais a également des implications pour la politique de stabilisation. Dans ces circonstances, un gouvernement qui n'est pas certain de son assiette fiscale est plus susceptible d'adopter des mesures à court terme au détriment de la cohérence des politiques (Mazhar et Jafri, 2017). Ainsi, l'économie souterraine influe sur les résultats de la politique monétaire parce qu'elle est associée à une demande accrue de monnaie, et sur les résultats de la politique budgétaire en raison de son incidence sur l'importance des recettes fiscales (Martinez-Vazquez et al., 2015). * 11 Nicola Kaldor a élaboré les conditions nécessaires à la détermination de l'équilibre économique, connues sous le nom de « carré magique ». Le carré magique est une représentation graphique des quatre grands objectifs de la politique économique conjoncturelle d'un pays que sont : la croissance économique, la stabilité des prix, le plein emploi des facteurs de production et l'équilibre extérieure. * 12 Alban William Phillips a été l'un des premiers économistes à présenter des preuves convaincantes de la relation inverse entre le chômage et l'inflation salariale. En effet, Phillips (1958) a étudié la relation entre le chômage et le taux de variation des salaires au Royaume-Uni sur une période de près d'un siècle (1861-1957). |
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