la dette extérieure favorise-t-elle la performance économique en Afrique subsaharienne ?par Landry Arnold YOUBI POUEPI Université de Yaoundé II - Master II PTCI 2018 |
SECTION I : DETTE EXTERIEURE ET CROISSANCE ECONOMIQUE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, ANALYSE DESCRIPTIVEL'évolution de la croissance économique en Afrique subsaharienne a connué une progression non moins négligeable même si celle-ci reste encore inférieure à celle des autres régions dans le monde. Si l'on se réfère aux 10 premiers forts9(*) et aux 10 derniers faibles10(*) taux de croissance, on notera qu'il existe cependant de grandes disparités entre ces deux sous-groupes. En effet, le premier groupe a 4,29 % par an au cours de la période 2002-2017 contre 0,50 % pour le second groupe. En outre, il semble exister une plus grande disparité dans la répartition des taux de croissance dans le second groupe comparativement au premier. A titre illustratif, pour une moyenne de 4,29 % par an, l'écart-type dans le premier groupe n'est que de 0,90, tandis que dans le second groupe, il est de 0,85 pour une moyenne de 0,50 %. Dans cette catégorie, la RCA a connue des taux de croissance négatifs au cours de 2002-2017, soit -0,82 % contre 1,46 % pour la cote d'ivoire. Dans l'optique d'expliquer ces disparités, cette section présentera l'influencede la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne d'une part (I.1) et celle de la soutenabilité de la dette extérieure d'autre part d'autre part (I.2). I.1/ L'influence de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne Afin de déterminer l'influence potentielle de la solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique en Afrique Subsaharienne, nous nous focaliserons sur l'évolution de l'indicateur du service de la dette extérieure et sur celle du stock de la dette extérieure. A cet effet, nous distinguerons deux cas : celui des 10 plus forts taux de croissance et celui des 10 plus faibles taux de croissance en Afrique subsaharienne. I.1.1. Solvabilité de la dette extérieure sur la croissance économique : cas des 10 plus forts taux de croissanceLe service de la dette extérieure est très élevé dans ce premier groupe de pays au cours de la période 2002-2017 puisqu'il a été en moyenne de0,934milliards de dollar. Pour être plus précis, on note que celui-ci a même augmenté pour l'ensemble de ces pays. En effet, cet indicateur est de1,34 milliards de dollars ;1,75 milliards de dollars et1,63 milliards de dollarsen 2015, 2016 et 2017 contre0,37 milliards de dollars ; 0,41 milliards de dollars et 0,44milliards de dollars pour les années 2002, 2003 et 2004 respectivement. Toutefois, notons qu'il existe des divergences assez non négligeables si l'on s'en tient aux performances des uns et des autres. Le service de la dette extérieure pour l'Ethiopie (pays ayant le plus fort taux de croissant en Afrique subsaharienne avec 6,37 % en moyenne) a été de 0,42 milliards de dollars contre 0,115 milliards de dollars pour le Tchad qui n'est que dixième destination avec 3,54 % de taux de croissance en moyenne. En outre, un seul des 10 pays semble avoir fait de grands efforts afin de réduire sa dette extérieure, il s'agit de l'Angola qui a obtenu une performance moyenne de 3,73 milliards de dollars. Toutefois, notons que ce pays n'a pas été constant puisqu'il a connu un relâchement au cours des dernières années. En effet, de 2002 à 2007, l'Angola a connu des notes croissantes en la matière et celles-ci sont devenues décroissantes depuis 2008. Graphique 2.1 : Evolution de l'indicateur de service de la dette extérieure en fonctionde la croissance économique (Groupe 1) Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018) Le stock de la dette extérieure dans les 10 pays ayant leplus forts taux de croissance a été particulièrement élevé au cours de la période 2002-2017. Toutefois, ces pays ont été moins mauvais en la matière comparativement à la lutte contre la pauvreté puisque l'indicateur du stock de la dette extérieure y a été de 9,32 milliards de dollars contre 0,93 milliards de dollars pour le service de la dette extérieure. De même, si l'on note une baisse considérable du stock de la dette extérieure entre 2002 et 2012, celle-ci n'a cessé d'augmenter depuis 2013. En effet, pour la première sous-période, le stock de la dette extérieure a été de 11 milliards de dollars en moyenne contre 14,96 milliards de dollars pour la deuxième sous-période. En outre, la baisse du stock de la dette extérieure n'a pas connue la même tendance dans tous ces pays. Les pays tels que le Nigeria (23,9 milliards de dollars), l'Angola (19,14 milliards de dollars), le Ghana (11,51 milliards de dollars) ont été particulièrement mauvais tandis que les pays comme le Rwanda (1,5 milliards de dollars) et le Tchad (2,25 milliards de dollars) ont fait des efforts remarquables. Toutefois, la « palme d'or » revient à la Sierra Leone qui a obtenue une note moyenne de 1,3 milliards de dollars. Graphique 2.2 : Evolution de l'indicateur stock de la dette extérieure en fonction de la croissance économique (Groupe 1) Source : Auteur, à partir des données de la Banque Mondiale (WDI 2018) * 9 L'Ethiopie, Le Rwanda, L'Angola, Le Nigeria, Le Ghana, Le Mozambique, L'Ile-Maurice, La Sierra Leone, La Tanzanie, Le Tchad. * 10 La Cote d'ivoire, Le Mali, Le Benin, Le Niger, Le Togo, La RDC, La Gambie, Le Gabon, Le Burundi, La RCA. |
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