I.2/ Effets de l'incertitude de
l'endettement externe sur la croissance économique
L'incertitude a une influence négative sur
la réalisation des performances économiques en occurrence sur la
croissance économique. Elle peut résulter de l'action des
mécanismes macroéconomiques. Afin de déterminer l'impact
de l'incertitude sur la croissance économique, nous analyserons tour
à tour les effets de l'inflation et de l'épargne
intérieure sur la croissance économique.
I.2.1. Endettement externe et
croissance économique : « l'effet
d'éviction »
Les dépenses publiques ont toujours
été vues différemment par les économistes. Si pour
certains elles ont un effet positif sur la croissance, pour d'autres c'est le
contraire. En partant de l'approche néoclassique, l'effet négatif
de la dette sur la croissance est d'emblée suggéré par
l'effet bien connu d'"éviction" des déficits budgétaires
publics (Bernheim, 1989). En ce sens qu'un déficit budgétaire
augmente la consommation sur la durée de vie parce que les impôts
nécessaires sont transférés aux générations
futures. Toutefois, à condition que les ressources économiques
soient pleinement utilisées comme on le suppose habituellement dans ces
modèles, une augmentation de la consommation implique un niveau
d'épargne plus faible. Le taux d'intérêt augmente pour que
les investissements restent égaux à l'épargne et
évincent les dépenses privées (Cochrane, 2009). En
d'autres termes, l'impact des dépenses du déficit public sur le
système économique dépend de la substitution entre
dépenses publiques et dépenses privées.
Notons toutefois deux mises en garde importantes.
La première est que l'ampleur de l'effet d'éviction est largement
considérée comme une question empirique et que, dans certaines
circonstances, les dépenses de déficit peuvent avoir un effet
positif limité sur l'activité économique (Bernheim, 1989).
Deuxièmement, il n'y a pas de traitement explicite de l'accumulation de
la dette et de ses effets sur la croissance dans le temps : si les
dépenses de déficit sont inefficaces sur la production globale
aujourd'hui, cela ne signifie pas nécessairement que la dette
réduira la croissance demain. En effet, on peut penser que si le
gouvernement crée un surplus pour payer la dette, cela sera neutre pour
l'économie.
A cet égard, Diamond (1965) a été
le premier à étudier correctement les effets de la dette sur la
croissance économique. Il a été le premier à
concevoir un modèle néoclassique visant à explorer les
effets de la dette publique dans une économie à durée de
vie infiniment longue et à temps discret, avec un retour constant
à la fonction de production globale à l'échelle et des
individus qui vivent pendant deux périodes de temps. Le gouvernement
prélève des impôts auprès des prêteurs
nationaux pour financer sa dette publique, qui se divise en dette
extérieure (empruntée à des prêteurs
étrangers) et dette intérieure (empruntée à des
prêteurs nationaux). Ainsi, la dette extérieure a des effets
négatifs sur la croissance à long terme en raison des
impôts nécessaires pour financer le paiement des
intérêts : en effet, les impôts sont prélevés
sur les prêteurs nationaux alors que les intérêts sont
payés aux prêteurs étrangers. Les taxes réduisent le
revenu total des consommateurs tout au long de leur vie, et donc leur
consommation. En outre, les impôts réduisent l'épargne et
le stock de capital. La dette intérieure, en revanche, entraîne
à la fois des effets et une réduction du stock de capital du fait
que les particuliers substituent la dette publique au capital physique dans
leurs portefeuilles. Par conséquent, dans ce modèle, la dette
publique évince le capital privé.
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