Le port d'Abidjan face au defi des violences maritimes: cas des vols a bord des navires( Télécharger le fichier original )par Yetonon Ahmed COULIBALY CNUCED - TFT - Certificat de gestion moderne des port 2017 |
CHAPITRE I : CRIMINALITE MARITIME ET PIRATERIEMARITIME Section I : Criminalité maritime dans le golfe de Guinée A. Présentation du golfe de Guinée Le golfe de Guinée est une aire maritime contiguë au littoral ouest-africain de l'océan Atlantique. Selon l'Organisation Hydrographique Internationale (OHI), elle est décrite comme une ligne passant au sud-est du Cap des Palmes au Libéria (frontière ivoiro-libérienne) et aboutissant au Cap Lopez au Gabon 3(voir figure 1). Plusieurs autres définitions sont disponibles en fonction des organisations auxquelles l'on se réfère. Au regard de la définition de l'OHI, le golfe de Guinée regroupe les pays suivants : La Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, La Guinée Equatoriale, le Gabon et Sao Tomé & Principe (un pays insulaire). Ces pays, qui ont tous en commun le golfe de Guinée (GoG) ont une diversité de cultures mais aussi de langues (pays anglo-saxons, pays francophones et lusophones). La population de l'ensemble de ces pays est estimée à 276.602.690 habitants4. La population vivant le long du littoral du golfe de Guinée est très importante car la plupart des grandes villes de ces pays sont des villes portuaires (Abidjan, Accra, Lomé, Lagos, etc...). Le golfe de Guinée est une région riche en ressources halieutiques, pétrolières, minéralières, agricoles et forestières. Voir tableau de classement mondial selon les produits en annexe 1. Il faut ajouter à cela les ressources des pays enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad, etc...) qui sont les hinterlands captifs des ports du littoral du golfe. Eu égard à leurs différentes richesses, les pays du golfe de Guinée ne peuvent rester en dehors du commerce international. On ne peut parler de commerce international sans toutefois parler de transport maritime car 90% des échanges se font par voie maritime dans les pays en développement5. Les routes maritimes reliant le golfe de Guinée à l'Europe et les Etats-Unis sont plus courtes, sans détour, plus aisées à parcourir et donc moins coûteuses. 3Bureau hydrographique international, Limites des océans et des mers (publication spéciale N°23, 3ième édition 1953) 4Donnée Banque Mondiale : www.banquemondiale.org/fr/country 5Rapport CNUCED, Revue du transport maritime 2015, 4 Figure 1 : Présentation du golfe de Guinée Source : https://www.google.ci/maps De par sa position géostratégique et ses potentialités, les grandes puissances et les acteurs privés tels que les armateurs, les industriels, les traders, etc... convoitent cette région. Pour preuve, le rapport d'information du sénat français N°410 en sa session ordinaire de 2014-2015 estime qu'environ 10 % du pétrole importé en Europe provient du golfe de Guinée. Il conclut que le golfe de Guinée constitue un moyen de diversifier les approvisionnements et de diminuer la dépendance énergétique de la France, voire de l'Europe, envers les producteurs historiques que sont : le Moyen-Orient, l'Algérie et la Russie6. Le paradoxe du golfe de Guinée est que, bien qu'étant une région riche, sa population est l'une des plus pauvres du monde7. B. Définition de la criminalité maritimeLa criminalité est la transgression de normes juridiques. Elle se manifeste par des actes illégaux voire des délits. Dans le domaine maritime, elle peut se définir comme tout acte allant à l'encontre des lois ou des réglementations nationales ou internationales. La criminalité maritime est un fléau multiforme qui part d'actes illicites perpétrés en mer à l'encontre des navires ou d'installations maritimes aux divers trafics (substance illicite, personne, etc...). Elle est exécutée par des réseaux de criminels nationaux ou transnationaux ; et se manifeste 6Rapport d'information du sénat français N° 410 en sa session ordinaire de 2014-2015 7Voir Classement IDH, PNUD 5 par un certain nombre de violences que sont : la piraterie maritime, les vols à main armée, la pêche illicite, la contrebande de stupéfiants, l'immigration clandestine, le terrorisme maritime, la pollution maritime, le transport de personnes recherchées... Dans le but de mettre fin à ces violences contre l'économie maritime, l'Organisation Maritime Internationale (OMI) a adopté plusieurs conventions telles que la Convention pour la répression des actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime (SUA Convention)8 et le code ISPS (International Ship and Port Security code)9 introduit dans la convention SOLAS (Safety Of Life At Sea)10. |
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