III-4.1.2. Index et charges glycémiques du
« Garba »
Les résultats de l'index et de la charge
glycémique montrent qu'il existe une différence significative
(p=0,05) entre l'aire sous la courbe (ASC) de l'aliment test (« Garba
») et celle du glucose (aliment de référence). La valeur
moyenne des ASC du « Garba » (aliment test) (197,33#177;9,37
mmol.min/L) est significativement plus faible que celle de l'aliment de
référence (373,56#177;16,40 mmol.min/L). Pour ce qui concerne
l'index glycémique (IG), les résultats révèlent que
le « Garba » a une valeur moyenne d'IG plus faible (86,54#177;18,42)
que celle de l'aliment de référence (100). En outre, les
résultats montrent que la Charge glycémique (CG) du « Garba
» est plus faible (26,83#177;05,71) que celle du glucose (100). Cependant,
les valeurs de l'index glycémique (IG) et de la charge glycémique
(CG) du « Garba » (aliment test) montrent que ce mets est
classé dans la catégorie des aliments à index
glycémique et charge glycémique élevés (Tableau
XVII).
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Glyc. Jeun
Glucose
Garba
1 0
8
6
4
Temps (m in )
Figure 40: Influence de la consommation du «
Garba » sur la réponse glycémique postprandiale
Les valeurs de glucose sanguin sont la moyenne des
glycémies #177; écartype ; Glyc Jeun =
glycémie à jeun
0 1 5 3 0 4 5 6 0 9 0 1 2 0
Tableau XVII: Aire sous la courbe, index et charge
glycémique du « Garba »
Aliments utilisés
Paramètres
Glucose3 « Garba »
Aires sous la courbe (ASC) 373,56#177;16,40a
197,33#177;9,37b
Index Glycémique (IG1) 100a
86,54#177;18,42a
Charge Glycémique (CG2) 100a
26,83#177;05,71b
Classification des index et charges glycémiques
Elevé Elevé
123
Les lettres a, b, c, etc. en super script suivent les
moyennes issues du test de classement des moyennes de Newman-Keuls. Sur la
même ligne, les moyennes suivies de lettres différentes sont
significativement différentes (p = 0,05). ASC = aire
sous la courbe de la glycémie en fonction du temps ; IG
= index glycémique ; CG = charge
glycémique.
1 Niveau des index glycémiques
(IG) classés selon qu'ils sont élevés (> 69), moyen
(56-69 inclus) et faible (<56) ;
2 Niveau de charges
glycémiques (CG) classés selon qu'ils sont élevés
(= 20), moyens (> 10 et <20) et bas (=10) ;
3 Le glucose est utilisé comme aliment de
référence et est défini comme IG=100.
124
III-4.2. Discussion
Le mets « Garba » a un index glycémique (IG)
élevé. Ces résultats sont corroborés par ceux de
Kouamé (2016) qui a montré que la valeur
glycémique de l'attiéké est de 80#177;8,4. De même,
Yéboué (2018) a rapporté que le
placali (102,1#177;11,3) et l'attoukpou (106#177;10,7) sont
classés dans la catégorie des aliments à index
glycémique élevé. D'autres études effectuées
au Nigeria (Omoregie & Osagie, 2008), ont montré
que des aliments traditionnels comme l'amala (aliment à base de
tubercules d'igname : Dioscorea rotundata), l'agidi (aliment
à base de maïs : Zea mays) et l'eba ou garri
(aliment à base de tubercule de manioc : Manihot
utilisima) ont également des IG élevés, compris entre
82 et 99. Des résultats similaires sont obtenus au Botswana avec des
aliments riches en glucides, préparés à partir du
blé (IG = 103), du maïs (IG = 91), du sorgho (IG = 92), du millet
(IG = 95) et des légumes (IG = 86 ; aliment à base de
morama) (Mahgoub et al., 2013). Ainsi,
suivant la classification internationale de l'index glycémique
(ISO/Food products, 2010), le « Garba » a un index
glycémique élevé.
Le « Garba » est un mets essentiellement
composés d'attiéké (semoule de manioc) avec une forte
teneur en glucides. Les valeurs moyennes en glucide du « Garba »,
sont similaires à celles déterminées par Yao
et al. (2015) sur des échantillons
d'attiéké frais. Les glucides contenus dans le « Garba
» constituent plus de 54 % (par rapport à la matière
sèche) de l'apport énergétique dans la composition du
plat. Des études rapportent que la consommation d'aliments dont plus de
50 % de l'apport énergétique proviennent des glucides, serait
susceptible d'induire des désordres métaboliques
(Bhupathiraju et al., 2014; Sacks et al.,
2014), mis en évidence par la détermination de
l'index glycémique (IG) et la charge glycémique (CG) des
aliments. La teneur en glucide élevée du « Garba » fait
de ce mets de rue, un aliment capable d'induire une hyperglycémie
importante suite à sa consommation. En effet, il est aujourd'hui bien
établi que les aliments à IG élevé, sont capables
d'entrainer une augmentation rapide et importante du taux de sucre dans le sang
du fait de leur digestion rapide.
Ils entraînent par conséquent, une forte
absorption et une grande quantité de glucose dans la circulation
sanguine (Wolever, 2013 ; Bhupathiraju et al., 2014).
L'utilisation de l'index glycémique comme indicateur de qualité
des aliments (Wolever, 2013), permet de conclure que le «
Garba » serait inappropriée à la consommation, pour les
diabétiques de type 2 car il est très hyperglycémiant
(ISO/Food products, 2010). Le mets « Garba » peut
donc avoir des conséquences physiologiques néfastes à long
terme chez les consommateurs. Surtout les patients diabétiques, au
regard de son index glycémique élevé.
125
En effet, Sacks et al. (2014), ont
indiqué dans leurs travaux effectués chez 163 sujets aux USA, que
la consommation d'aliments riches en glucide ayant un index glycémique
élevé ou bas, entrainait non seulement une diminution de la
sensibilité à l'insuline mais également une augmentation
du cholestérol-LDL. Aussi, une méta-analyse d'études
prospectives (Bhupathiraju et al., 2014; Sacks et al.,
2014) a-t-elle révélé une relation
linéaire positive entre la glycémie postprandiale et le risque de
maladies cardiovasculaires (MCV) même chez les individus
non-diabétiques. Chez les individus non-diabétiques, une
glycémie élevée serait associée à une
augmentation de l'épaisseur de la paroi des vaisseaux sanguins
(épaisseur intima media), un facteur de risque reconnu de l'infarctus,
et interfèrerait avec la vasodilatation (Brand-Miller,
2003). Une hyperglycémie postprandiale serait aussi toxique
pour l'endothélium en générant du stress oxydatif,
altérant ainsi la fonction endothéliale (Sacks et
al., 2014). De plus, l'hyperinsulinémie, une
conséquence de l'hyperglycémie, est impliquée dans le
développement de dyslipidémies (Brand-Miller,
2003). Il est aussi possible qu'un mets à IG
élevé puisse augmenter le risque de MCV en exacerbant le
processus pro-inflammatoire. En effet, des associations positives entre l'IG ou
la CG et la concentration plasmatique de protéine C-réactive
(PCR) ont été observées dans plusieurs grandes
études observationnelles (Shivappa et al.,
2014). La PCR, qui est un marqueur sensible de l'inflammation, a
été reliée au risque de MCV dans plusieurs grandes
études prospectives (Ridker et al., 2018).
Enfin, une méta-analyse effectuée par Turati et
al.(2019), révèle qu'un aliment à IG
élevé est associé à une légère
augmentation du cancer colorectal, de la vessie et du sein.
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