1. Histoire de la ville de Bordeaux et de ses
transformations
1.1Une transformation urbaine
assumée
C'est à partir du 18ème siècle
grâce à son implication dans la Traite des Noirs et dans le
commerce colonial que la ville de Bordeaux connu sa première grande
expansion. De par la quantité des exports effectués vers le reste
de l'Europe et le nombre d'expéditions menées vers les autres
continents, Bordeaux devient le premier port de France et le deuxième
port mondial après celui de Londres. Alors en plein essor
économique, la ville accueille de plus en plus d'habitants. « La
population passe de plus de 66 000 habitants au milieu du siècle
à près de 110 000 en 1790. Le négoce attire une population
riche ou modeste, extrêmement variée, mêlant catholiques,
protestants et israélites. »7. À cette
époque, la ville est administrée par des Intendants hautement
qualifiés qui mettent en place un plan d'urbanisme visant à
défaire la ville de son image de cité médiévale.
Les grands édifices prennent naissance, « c'est la construction de
la place Royale (actuelle place de la Bourse), la création des places
Dauphine (Gambetta), Saint-Julien (de la Victoire), de Bourgogne (Bir-Hakeim),
Saint-Germain (Tourny), la percée ou l'aménagement des cours et
allées conçus comme des promenades, l'érection des portes
et fontaines, la réalisation du jardin public et de nombreux
lotissements, le démantèlement du Château Trompette. La
ville se pare de somptueuses constructions comme le Grand Théâtre,
le Palais Rohan et d'autres hôtels particuliers, créant de
nouveaux quartiers aérés à la richesse inouïe. »
8 . À l'issue de ces transformations urbanistiques, Bordeaux entre dans
l'ère de la modernité. Napoléon Bonaparte est au pouvoir
et de nombreux travaux sont entrepris, notamment le réaménagement
du port et la construction du pont de Pierre. En parallèle des
nombreuses revendications populaires faisant écho au climat ambiant de
belligérance on assiste à l'aboutissement de grands projets
urbains. « En 1822, c'est l'ouverture tant attendue du pont de Pierre,
premier pont reliant les deux rives, puis en 1824 celle de l'Entrepôt
réel des denrées coloniales pour stocker les marchandises sous
douane. En 1829 le nouvel hôpital Saint-André remplace l'ancien,
devenu insalubre. » Après la révolution de 1848, et
l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte au titre de
Président de la République le 10 décembre,
l'économie reprend son élan, et ce durant toute la moitié
du 19ème siècle. « Le Théâtre
Français, le cimetière de la Chartreuse, le palais de justice,
les colonnes rostrales des Quinconces, les boulevards (1853-1857), les lignes
de chemin de fer vers Bayonne
7 9 10 11 Bordeaux, porte Océane (1715-1793), Bordeaux
des deux rives (1793-1914), De nouveaux équilibres (de1945 à nos
jours) dans « Chronologie de l'histoire de Bordeaux »,
http://www.bordeaux.fr/
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ou Paris, l'extension des quartiers, l'adduction d'eau et
l'éclairage des rues dans les années 1860, l'annexion de la
commune de La Bastide en 1865, l'ouverture du cours d'Alsace en 1869,
l'installation de marchés, le dégagement de la cathédrale
Saint André, la construction de la synagogue, des facultés, de la
bibliothèque municipale et de la gare Saint-Jean, l'apogée en
1875 de la sculpture monumentale (L'exemple le plus représentatif est,
sur la place des Quinconces la colonne des Girondins) sont
pêle-mêle des témoignages significatifs de
l'aménagement de Bordeaux, ville attrayante qui passe de 120 000
habitants en 1841 à 230 000 en 1891. »9 Au cours de la
première guerre mondiale, Bordeaux devient à nouveau capitale
provisoire de la France. Son port jouissant d'une situation géographique
idéale fait office de base de ravitaillement des troupes
états-uniennes en 1917. L'économie bordelaise ne cesse
d'accélérer à compter des années 1920,
décennie durant laquelle on verra s'ériger le port autonome de
Bordeaux, les hangars et les quais « permettant aux grands
transatlantiques d'accoster ». Le maire de l'époque, Adrien Marquet
relance un projet de modernisation de l'architecture, accompagné des
architectes Jacques d'Welles, Raoul Jourde et Cyprien Alfred-Duprat. On leur
doit ainsi « la réfection des égouts et de
l'éclairage public, la macadamisation de rues, la construction des
abattoirs, de la piscine Judaïque, de la Bourse du travail, du stade
Lescure et d'un nouvel immeuble pour la récente régie municipale
du gaz et de l'électricité. »10. Le visage de la
vie culturelle est également transformé par l'apparition de
théâtres, cabarets, salles d'exposition, etc. À la
moitié du 20ème siècle, Jacques Chaban-Delmas,
député-maire de Bordeaux depuis 1947 devient en 1954 ministre des
Travaux publics, du Logement et de la Reconstruction et impulse le lancement de
constructions modernes. Plusieurs cités sont construites, le centre
hospitalier universitaire, le domaine universitaire et les tours de la
cité administrative sont érigées. Dans les années
1960, les ponts saint Jean et le pont d'Aquitaine apparaissent et l'ancien
quartier de Mériadeck est entièrement démoli afin devenir
l'actuel quartier des affaires de Bordeaux. Au regard de tous ces grands
travaux, la ville de Bordeaux n'a de cesse d'attirer de nouveaux habitants. Une
décennie plus tard, « la population de l'agglomération passe
de 430 000 à 600 000 habitants. » Il y a de plus en plus
d'étudiants, les premiers centres commerciaux font leur apparition.
C'est toute une ville qui est transformée non plus par les chantiers qui
l'animent, mais par le changement des habitudes de sa population. Dans les
années 1990, la métropole s'ouvre davantage à
l'extérieur avec l'arrivée du TGV à la Gare Saint-Jean et
Alain Juppé successeur à la municipalité de Chaban-Delmas
prend conscience des besoins de ses usagers. Un nouveau programme de
rénovation urbaine voit le jour, lequel annonçant entre autre le
retour du tramway.
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