5.1. Opinions des habitants de la zone du PRA
Cette sous-partie s'attache à analyser le ressenti que
les habitants de la zone du PRA ont des conflits hommes-animaux et, plus
particulièrement des dégradations agricoles.
5.1.1. Les types de conflits hommes-faune
sauvage
Les 84 foyers interviewés ont tous exprimé vivre
au moins une forme de conflits avec les animaux sauvages.
L'ensemble des foyers subissent des dommages réguliers
sur leurs cultures. Les sangliers sont impliqués dans 79 des 84 cas, les
sambars dans 69 cas, les éléphants dans 49 cas, les macaques dans
15 cas, les calaos (oiseaux nommés « Hornbill » en
anglais) dans 1 cas, les porcs épics dans 2 cas et les écureuils
géants dans 2 cas.
Le 2ème type de conflit le plus
reporté est le sentiment d'insécurité (76,19%). Ce dernier
est causé par 4 animaux : éléphants (pour 59 des 84
foyers), sangliers (6 foyers), tigres (17 foyers) et chiens sauvages (9
foyers).
Seulement 13,10% des foyers ont subi des dommages
matériels (13,10%), à cause d'éléphants (7 foyers),
sangliers (5 foyers) et porc-épic (1 foyer).
Il y a eu des cas de prédation d'animaux domestiques
dans 7,14% des foyers, à cause de tigres (5 foyers) et de python (1
foyer). Ce dernier a mangé 2 chevreaux, alors que les tigres ont
tué 3 chiens et 2 chèvres.
3 foyers (3,57% du total) ont reporté des blessures
physiques non invalidantes : un par un sanglier et deux par des serpents.
Types de conflits reportés (en % des 84
foyers interviewés)
100,00% 90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00%
10,00% 0,00%
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76,19%
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13,10%
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3,57%
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7,14%
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Dommages Matériels
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Dommages Physiques
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Prédation d'animaux domestiques
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Insécurité
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100,00%
Dommages agricoles
41
Figure 7:Types de conflits reportés
Il a été également demandé
d'exprimer l'espèce animale étant la plus problématique.
Les sangliers ont été cités dans 78,57% des foyers, alors
que les éléphants et les sambars l'ont été chacun
dans 25% des foyers. Seule une personne a énoncé les macaques.
Les opinions sur les raisons principales poussant les animaux
à sortir de l'AWS sont principalement partagées entre le manque
de nourriture dans l'enceinte de l'AWS et les préférences
alimentaires des animaux (41,67% chacun). Le manque d'eau est beaucoup moins
considéré (14,29%), conformément aux opinions des
gestionnaires de l'AWS. Une personne a répondu que les animaux venaient
pour nuire aux humains et une autre a suggéré que c'était
par peur des prédateurs dans l'AWS.
Seulement 39,29% des foyers ont demandé à se
faire compenser pour les dommages subis, et 72,73% de ces foyers ont obtenu une
compensation financière. Chaque foyer a pourtant le droit de se faire
compenser financièrement par le gouvernement indien pour les
dégâts occasionnés par la faune sauvage une fois par an.
Les habitants se plaignent cependant que les autorités de l'AWS ne
viennent que tardivement vérifier leurs déclarations, quand les
dégâts sont bien moins visibles, ce qui leur permet de d'estimer
à la baisse la gravité des dégâts, voire de les
nier.
60,71% des personnes interviewées ont exprimé
que ces conflits ont un impact important sur leur vie quotidienne, 35,71% un
impact faible et 3,57% ne sont pas dérangés par
42
les animaux sauvages. Ces derniers (3 foyers) possèdent
tous les 3 une plantation d'hévéas, peu sujette aux dommages de
la faune sauvage, dont ils tirent la majorité de leurs revenus.
La source principale de conflits sur ce terrain est les
dégradations agricoles, d'autant plus que l'agriculture sert de
complément de revenus essentiels pour la majorité des foyers.
L'insécurité ressentie est également forte, alors que les
dommages matériels et sur l'intégrité physique des
habitants sont minoritaires. Ce sentiment d'insécurité est de
plus très lié à la venue des éléphants. Le
fait que ces derniers ne soient pas ceux causant le plus de dégâts
matériels semble indiquer que le problème est plus d'ordre
psychologique. Plutôt que les dégâts réels
provoqués, la taille et le potentiel de destruction des
éléphants provoquent certainement ce sentiment. Le sentiment
d'insécurité est de plus causé dans 71% des cas par les
herbivores. Ces derniers sortants de l'AWS essentiellement dans le cadre de
leurs stratégies de recherche de nourriture (Rajan, Madhusoodhanan,
comm. personnelles), le sentiment d'insécurité est donc
lié au problème des dégradations agricoles.
5.1.2. Les dégradations agricoles
L'ensemble des foyers interviewés estime subir
régulièrement des dégradations de leurs cultures par la
faune sauvage. Les espèces animales les plus en cause dans les
dégradations agricoles dans la zone du PRA sont les sangliers (Sus
Scrofa), les sambars (Rusa Unicolor), les éléphants
(Elephas Maximus) et les macaques (Macaca radiata et
Macaca Silenus).
Les dégradations agricoles peuvent être
séparées en deux catégories : les dommages
résultant de la recherche de nourriture sur la plante même (que
l'on appellera par la suite les raids agricoles) et les dommages non
liés directement à la recherche de nourriture, comme le
déracinement d'un arbre par un éléphant (que l'on
appellera par la suite les dommages agricoles collatéraux).
Des raids agricoles ont été reportés par
96,43% des foyers : sangliers (75 des 84 foyers), sambars (67 foyers),
éléphants (44 foyers), macaques (15 foyers), calao (1 cas),
porc-épic (2 foyers) et écureuils géants (2 foyers). Des
dommages agricoles collatéraux ont été signalés par
34,52% des foyers : éléphants (10 foyers), sambars (10 foyers),
sangliers (9 foyers). À titre d'exemple, les sambar utilisent parfois
l'écorce d'un arbre pour soulager une démangeaison,
détruisant au passage les poivriers avec ses rameaux.
43
Contrairement à d'autres études dans un contexte
environnemental similaire, les animaux causant le plus de dégâts
agricoles ne sont donc pas les éléphants, mais plutôt les
sangliers et les sambars (Gubbi, 2012; Karanth et al., 2012).
Espèces animales causant des
dégradations agricoles (en % des 84 foyers
interviewés)
100,00%
90,00%
94,05%
82,14%
58,33%
17,86%
1,19% 2,38% 2,38%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Figure 8:Espèces animales causant des
dégradations agricoles
D'après les habitants, les dégradations
agricoles ont lieu principalement la nuit pour les sangliers,
éléphants et sambars (100% des foyers), au coucher du soleil pour
les éléphants et sangliers (33,33%) et dans la journée
pour les éléphants et les singes (25%). De nombreuses personnes
ont mentionné une heure précise de la nuit, 22h. Seulement 15,48%
des foyers ont exprimé une période de l'année
particulièrement corrélée à la venue de la faune
sauvage, la période de début des moussons en Juin-Juillet. Le
reste estime que les dégradations agricoles ont lieu tout au long de
l'année.
63,10% des personnes ont le sentiment que les
dégradations agricoles sont en augmentation par rapport aux
années précédentes, alors que 17,86% estiment qu'elles
sont stables et 19,06% qu'elles sont en diminution.
La fréquence de venue de ces espèces animales
sur les parcelles des habitants de la zone du PRA interviewés varie.
Les sangliers viennent tous les jours chez 91,67% des personnes
interrogées.
Fréquence de venue des sangliers (en % des
84 foyers interviewés)
100,00%
91,67%
90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00%
0,00%
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4,76% 1,19% 1,19% 1,19%
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Tous les jours Plus d'une fois Plus d'une fois Plus d'une fois
Jamais
par semaine par mois par an
44
Figure 9: Fréquence de venue des
sangliers
Les sambars viennent également très
fréquemment : tous les jours dans 89,29% des cas.
Fréquence de venue des sambars (en % des
84 foyers interviewés)
100,00%
89,29%
90,00% 80,00% 70,00% 60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00%
0,00%
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5,95% 1,19% 2,38% 1,19%
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Tous les jours Plus d'une fois Plus d'une fois Plus d'une fois
Jamais
par semaine par mois par an
Figure 10: Fréquence de venue des
sambars
45
Les éléphants viennent moins
régulièrement. Ils ne sont en effet observés que sur un
rythme mensuel dans la moitié des foyers.
Fréquence de venue des éléphants
(en % des 84 foyers interviewés)
60,00% 50,00% 40,00% 30,00% 20,00% 10,00%
0,00%
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51,19%
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16,67%
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21,43%
|
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7,14%
|
|
|
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|
|
3,57%
|
Tous les jours
|
Plus d'une fois Plus d'une fois Plus d'une fois Jamais
par semaine par mois par an
|
Figure 11: Fréquence de venue des
éléphants
Les macaques sont les moins observés. Ils ne viennent
plus d'une fois par semaine que dans 21,44% des cas. 21,43% des foyers ne les
voient même jamais.
Fréquence de venue des macaques (en % des
84 foyers interviewés)
35,00% 30,00% 25,00% 20,00% 15,00% 10,00% 5,00% 0,00%
|
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29,76%
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27,38%
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14,29%
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7,14%
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Tous les jours
|
Plus d'une fois Plus d'une fois Plus d'une fois
par semaine par mois par an
|
21,43%
Jamais
Figure 12: Fréquence de venue des
macaques
Les habitants ne ressentent donc pas les macaques comme posant
beaucoup de problèmes, comparativement aux trois autres espèces
animales. Leur petite taille fait qu'ils ne sont peut-être pas tout le
temps repérés. De même, ils privilégient les fruits
et la perte de quelque
46
uns de ces fruits peut ne pas être observée. Ils
posent donc peut-être plus de dégâts que reportés,
mais ces dégâts ont un impact beaucoup moins important sur la vie
quotidienne des habitants.
D'après les habitants de la zone du PRA,
l'espèce animale posant le plus de problèmes est donc celle des
sangliers, à cause des dégradations agricoles causées. Les
sambars et les éléphants sont également sources de
destructions de nombreuses cultures. La venue de l'éléphant
crée, en outre, un fort sentiment d'insécurité. La
régularité de la venue des sangliers et des sambars (quasiment
journalière) renforce d'autant plus les problèmes.
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