2- L'approche de l'eau comme lieu de développement
des insectes vecteurs de maladies
Au-delà de la dimension qualitative et quantitative,
l'eau est le lieu de développement des moustiques et des mouches
responsables des pathologies telles le paludisme, l'onchocercose, la
bilharziose, la fièvre jaune, le ver de guinée et la dengue.
Cependant, c'est le paludisme qui fait le plus grand nombre de victime
d'où l'insistance de son étude dans ce travail. BART (2003) dit
que : « Le paludisme est la plus universelle des maladies tropicales,
il est étroitement lié à l'eau. Il sévit en Afrique
où il est la première cause de mortalité loin devant le
SIDA ». A ce titre, ceux qui se sont intéressés
à la situation épidémiologique du paludisme en Afrique
perçoivent le problème différemment. Pour les uns, c'est
une maladie essentiellement urbaine, pour les autres la transmission palustre
est plus forte en zone rurale qu'en zone urbaine à cause de la pratique
de l'irrigation et pour certains les variations climatiques, la topographie, la
végétation et l'hydrographie ont une influence sur la
transmission du paludisme. Ces auteurs mettent en relation les
éléments du milieu et l'eau dans la propagation des moustiques
vecteurs des maladies.
Parmi les auteurs qui traitent du paludisme comme une
affection essentiellement urbaine, il y a LOUIS et al (1999). Pour eux, la
prévalence du paludisme en milieu urbain africain est importante. Ceci
est dû à la croissance souvent explosive des densités
extrêmes des populations, d'un sous-emploi et d'une pauvreté
généralisés, une insalubrité et un bas niveau
d'hygiène individuelle et collective. Dans ces conditions, on peut
parler du
3Société Nationale des Eaux du Cameroun
privatisée en 2007 et devenue la Camerounaise des Eaux et CAMWATER sont
les structures qui distribuent l'eau potable au Cameroun.
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« paludisme en milieu urbain ». Les
caractéristiques de ce paludisme sont : le développement
d'espèces anophéliennes domestiques, une très grande
variation dans les densités anophéliennes et les taux de
piqûres infestantes, la perte de la pré-munition chez les
habitants avec pour corollaire l'apparition d'accès palustres
sévères chez l'adulte.
Par contre, BAUDON et SPIEGEL (2001)4 disent
plutôt que la transmission anophélienne en milieu urbain est
globalement plus faible qu'en milieu rural. Ceci est lié au fait que les
zones rurales sont des zones où on a une faiblesse des structures
sanitaires, une prévalence élevée, la faiblesse des
revenus et l'ignorance des méthodes de prévention ou bien le
faible usage de ces méthodes (NGANTCHOU, 2005)5. Or, les
systèmes agricoles, notamment la pratique de l'irrigation leur sont
plutôt préjudiciable car responsable de la propagation des
vecteurs des endémies tropicales. Abordant la question dans le
même sens, BALDET et al (2007) faisant une étude comparative sur
deux sites VK5 village situé au centre de la rizière de Bobo
Dioulasso et VK7 en périphérie ont montré que les
rizières font partie des zones agricoles dont l'aménagement
hydraulique peut avoir des répercussions profondes sur les maladies
à transmission vectorielle, en particulier le paludisme.
TCHUINKAM et al (2003), travaillant sur le paludisme à
Santchou, Dschang et leur périphérie deux zones voisines, ont
prouvé l'importance de ces éléments physiques dans la
transmission du paludisme. En effet, la topographie de Santchou favorise la
stagnation des eaux causant le développement des moustiques. Par contre,
la ville de Dschang se trouve en altitude par conséquent, la
transmission palustre y est plus faible. Pour MEVA'A ABOMO (2003), la
combinaison des composantes du milieu physique à savoir le climat,
l'altitude, la pédologie, la végétation ainsi que les
pratiques et comportements humains à l'exemple du faible entretien de
l'environnement immédiat, favorise le développement des
moustiques dans la plantation d'HEVECAM au Sud du Cameroun. NGUIDJOE MPECK
(2005), travaillant sur le paludisme dans l'arrondissement de Douala
IIème et MADA NJOUA (2008), à Dschang soulignent que dans ces
deux villes, bien qu'étant endémique, le paludisme y
connaît une recrudescence saisonnière. Pour NGONO MESSI MBOUDOU
(2008), les facteurs favorables au développement du paludisme sont
l'hydrographie aggravée par le climat à certaines périodes
de l'année.
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