CHAPITRE IV : FACTEURS POUVANT CONTRIBUER A
L'AUGMENTATION DES DENSITES DES AGENTS VECTEURS DES MALADIES HYDRIQUES A
TRANSMISSION VECTORIELLE A BABADJOU
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Les maladies hydriques vectoriellement transmissibles comme
nous l'avons souligné plus loin sont celles transmises à l'homme
par des insectes (mouches et moustiques) qui se développent en milieu
aquatique. Nous entendrons par facteurs, l'ensemble des conditions
nécessaires pour leur développement. Dans ce chapitre, nous
citerons entre autres les rôles joués par l'environnement
physique, le non respect des règles élémentaires
d'hygiène et la pratique de l'agriculture irriguée dans la
prolifération des moustiques à Babadjou, ce qui occasionne la
pérennité de ces affections dues à l'eau et à
transmission vectorielle. Les résultats contenus dans ce chapitre sont
pour la plupart ceux obtenus des observations directes faites sur le
terrain.
I- L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE
Il englobe : le climat, la topographie, l'hydrographie.
1- Le climat : un facteur globalement favorable
L'influence du climat sur l'état de santé des
populations est directe. En effet les divers éléments du complexe
climatique entretiennent des liens multiples avec l'épidémiologie
des maladies transmissibles. C'est ainsi que l'alliance entre la chaleur et le
froid propre aux régions tropicales favorise le foisonnement de la vie
aussi bien celle des micro-organismes pathogènes que celle des insectes
vecteurs (REMY, 1998)11. Ceci se réalise différemment
selon les types de climat et selon les saisons. Les températures, les
écarts thermiques sont fortement impliqués dans le
déroulement des cycles biologiques des germes ou de leurs hôtes
intermédiaires. Cependant, l'humidité atmosphérique
modifie les températures et intervient souvent conjointement avec elle.
Elle agit sur l'activité des vecteurs, la durée de survie des
germes. Selon les masses d'air, le vent dessèche l'atmosphère ou
la rend plus humide. Par ailleurs, il contribue à la dispersion des
vecteurs ailés. Babadjou a un climat pluvieux avec
11 REMY ; 1998 : Paysages et milieux
épidémiologiques dans l'espace ivoiro-burkinabè. CNRS,
267p.
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environ huit mois de précipitations par an. Ce type de
climat est une condition favorable à la multiplication des moustiques.
De même, la température moyenne à Babadjou est comprise
entre 22 et 23°C. De telles températures selon MEVA'A ABOMO (2003)
sont des conditions favorables à la reproduction optimale des
moustiques. Tandis que les températures comprises entre 18 et 22°C
permettent plutôt une reproduction moyenne.
MAZIER (1991)12, relève qu'il existe un lien
entre les débuts et les fins de saison, propice à la
prolifération des moustiques et des épidémies de
paludisme. Abordant la question dans le même sens, en consultant les
registres des hôpitaux de Babadjou, nous avons noté qu'au
début et à la fin de la saison des pluies, on enregistre un
nombre élevé de malades souffrant du paludisme (confère
tableau 22).
2- L'influence de la topographie
La transmission du paludisme dépend non seulement des
variations climatiques, mais aussi de la topographie du milieu. En dehors des
grandes zones de montagnes qui constituent des faciès
individualisés, les reliefs modifient l'épidémiologie du
paludisme. Par exemple, les pentes sont peu favorables à
l'établissement des gîtes larvaires. Dans le faciès
tropical des Monts Mandara au Cameroun, autour de nombreux villages de
crête, il n'y a pas de gîtes à anophèles ; ceux-ci
viennent du piedmont et pour une courte saison (MOUCHET, et al, 1993). Dans les
montagnes Bamiléké et le Manengoumba, les fortes pentes confinent
le paludisme aux bas fonds des vallées où le vecteur est
Anophèle Funestus, les sommets étant indemnes (MOUCHET, et al,
1993).
Babadjou bien qu'étant une zone d'altitude, le relief y
joue aussi un rôle non négligeable dans la transmission du
paludisme et dans la présence des vecteurs. Notre site d'étude
est une zone d'altitude situé sur le plateau Bamiléké et
constitué de collines et de vallées. L'altitude moyenne est de
1886m. Très souvent, il est admis qu'à cette altitude, la
transmission palustre est faible. Cependant, on y observe une
omniprésence des moustiques. MADA NJOUA (2008) reprenant WANDJI et al,
APPAWU et al (2004), souligne que, d'une manière générale,
la transmission palustre est plus forte dans les bas fonds (plaines,
vallées) que sur les sommets. Cependant, cette répartition peut
être modifiée.
Nous pensons que le paludisme à Babadjou serait
lié non pas à la forte altitude, mais plutôt à
l'intense occupation des vallées qui sont marquées par la
présence des sols hydro morphes et d'un couvert végétal
important. En effet, les sols hydromorphes des bas-fonds à cause de leur
degré élevé d'humidité sont des lieux par
excellence de développement des
12 MAZIER (1991) cité par MADA NJOUA (2008).
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moustiques vecteurs du paludisme. La transmission du paludisme
peut y être très élevée à cause de leur forte
sollicitation par les populations (concentration d'habitats et
d'activités agricoles), les hautes altitudes étant presque vides
d'homme. C'est le domaine de l'élevage des bovins, les glossines
préférant le sang des bovins que celui des hommes.
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