2- Les causes de la dégradation qualitative de l'eau
à Babadjou
a- L'agriculture comme un important facteur de la
dégradation de l'eau à Babadjou
L'autre facteur qui occasionne les difficultés
d'accès à l'eau à Babadjou est l'agriculture. Elle est une
grande consommatrice d'eau et la principale source de pollution des terres et
des eaux de surface par les nitrates. Elle est aussi l'activité qui
pollue le plus par l'ammoniaque.
L'agriculture est la principale activité
économique pratiquée par les populations de Babadjou.
D'après nos enquêtes, 34% de la population oeuvrent
essentiellement dans l'activité agricole. La gamme de cultures
pratiquées est variée. On a les cultures
maraîchères, les cultures vivrières telles le maïs, le
haricot, le taro, le macabo, les bananes douces et les cultures de rente comme
le café arabica et le vin raphia.
Les cultures maraîchères concernent une classe
d'agriculteurs beaucoup plus jeunes et souvent instruits d'autant plus que leur
pratique impose plus de contraintes en temps, en travail intensif, la rigueur
et la maîtrise de la technologie y afférente. Les produits
cultivés sont très variés. Il s'agit : de la tomate, du
choux, de la pomme de terre en monoculture, de la betterave, des radis, des
carottes, du piment, du haricot vert, des courges et des navets.
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L'intensité de la pratique de cette activité est
due au phénomène de l'ouverture des montagnes lié à
l'existence de par et d'autre de deux villes (Bamenda et Bafoussam), grandes
consommatrices de denrées alimentaires.
La pratique de cette activité nécessite beaucoup
d'espace et l'usage des quantités importantes d'intrants chimiques. Le
besoin d'espace est à l'origine de la déforestation qui
s'opère en bordure des cours d'eau et sur les flancs des collines,
exposant ainsi les eaux aux rayonnements solaires qui accélèrent
l'évapotranspiration et l'érosion. Pendant la saison
sèche, les eaux des rivières sont déviées vers les
parcelles cultivées pour l'irrigation. Cette déviation des eaux
occasionne la faiblesse du débit des eaux de rivières dans leur
cour normal, ce qui occasionne le manque d'eau. Des observations similaires ont
été faites par KEINO TIOMELA (2004) dans la ville de Mbouda,
localité voisine de Babadjou, qui présente les conditions
physiques semblables à celles de Babadjou. Il ressortait de cette
étude que les problèmes d'eau dans la ville de Mbouda en saison
sèche sont liés non seulement au climat, mais aussi à la
pratique de l'agriculture sur le bassin versant du point de captage. Aussi, les
agriculteurs creusent des trous plus ou moins profonds ce qui fait que les eaux
qui devaient alimenter les nappes et par ricochet les ruisseaux sont
piégés. Comme conséquence, en saison sèche les lits
des cours d'eau sont à sec.
S'agissant de la pollution de l'eau par l'agriculture, elle
intervient à la fois en saison sèche et en saison des pluies. La
destruction du couvert végétal pour l'installation des cultures
accélère l'érosion. Les alluvions provenant de
l'activité érosive des eaux de pluies envasent les cours d'eau en
aval en même temps qu'ils transfèrent à l'eau des cours
d'eau une quantité importante de nitrates. Une autre forme de pollution
est celle dite diffuse à travers les eaux d'infiltration, les pesticides
et les engrais minéraux vont alimenter les nappes souterraines. En
saison sèche, les agriculteurs jettent dans les eaux les sachets des
produits chimiques après usage et y nettoient les pulvérisateurs
et les arrosoirs.
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