Conclusion de la Partie 1 :
Cette première partie consiste donc en une
présentation générale du terrain d'études.
Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une période faste qui correspond
à la période d'activité du port de marchandises, durant
laquelle la ville devient un pôle industriel important et voit sa
population passer en moins de 100 ans de 300 habitants en 1881 à plus de
10 000 en 1975. A cette période faste succède une période
de crise liée au transfert des activités portuaires vers la ZIP
de Fos-du-Mer. Depuis le milieu des années 1990, cependant, la ville
sort de la crise, notamment grâce à la création de la
plate-forme logistique Distriport sur son territoire communal par le Port
autonome de Marseille. On voit donc que Port-Saint-Louis-du-Rhône est une
ville dont le destin est étroitement lié aux industries
liées au transport maritime de marchandise et soumis à des
décisions extérieures à elle.
L'idée d'une ville dont le destin a été
influencé de l'extérieur se retrouve également dans le
retard pris par la commune en termes d'équipement par rapport aux
communes telles que Fos-sur-Mer, Istres et Miramas qui ont pu profiter des
investissements du SAN Ouest Provence.
Port-Saint-Louis-du-Rhône n'est plus aujourd'hui cette
ville laissée au ban de l'intercommunalité parce qu'elle n'est
pas assez prospère. La commune a en effet intégré le SAN
Ouest Provence depuis 2003 et profite ainsi de la solidarité
communautaire. C'est cependant une commune qui est intégrée dans
un système complexe d'échelles territoriales au sein duquel elle
a invariablement un statut de périphérie.
D'autre part, si la commune n'est plus en crise, elle n'en est
pas moins en pleine stagnation. En effet, elle ne parvient pas à se
défaire d'une image de « ville du bout du monde »
ravagée par le chômage et donc ne parvient pas à devenir
attractive. Charge à l'équipe municipale élue en 2014 de
faire évoluer le destin de la commune, à faire que cette fois, le
destin de Port-Saint-Louis-du-Rhône ne soit pas dicté de
l'extérieur.
Cette présentation générale du territoire
avait pour objectif d'ancrer notre objet d'études, les politiques
sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône dans son contexte. Les deux
parties suivantes seront consacrées de manière plus
spécifique aux politiques sportives.
39
2. Les politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône : une périphérie au sein du SAN
Ouest Provence en matière de sport
Dans la partie précédente nous avons donc
esquissé un portrait de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Il s'agit d'une
ville qui a connu un âge d'or, puis une crise importante et qui
aujourd'hui semble s'être stabilisée. Mais justement, elle stagne
et a du mal à se défaire de son image de territoire ravagé
par le chômage et défiguré par les friches industrielles.
Il s'agit d'une ville dont le destin a été jusqu'à
présent déterminé de l'extérieur et qui cherche
aujourd'hui à être actrice de son destin.
A la lumière de la présentation du territoire,
il s'agit à présent d'entrer dans notre objet d'étude :
les politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Cette
deuxième partie sera donc consacrée à la
présentation des politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône
et à la manière dont elles ont été
façonnées. Nous présenterons d'abord la compétence
en matière de sport de la commune en France. Ensuite nous
présenterons les particularités des politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône. Enfin, dans une troisième sous-partie,
nous présenterons les politiques sportives du SAN Ouest Provence en ce
qu'elles influent sur Port-Saint-Louis-du-Rhône.
2.1. Le sport : une compétence communale
récente et définie de manière imprécise par la loi
Dans cette première sous-partie nous
présenterons les politiques sportives communales en France. Nous
reviendrons donc d'abord sur l'apparition des politiques sportives, puis nous
montrerons que le cadre juridique est relativement imprécis et enfin,
nous présenterons les grands domaines d'intervention de la commune en
matière de sport.
2.1.1. Les politiques sportives communales : repères
historiques
De la fin du 19e siècle aux années
1930, « premier-âge du sport », les premiers équipements
sportifs sont construits et gérées par des personnes
privées. Les communes commencent à s'intéresser au sport
par le billet des équipements sportifs et c'est essentiellement pour les
besoins scolaires que sont construits les premiers gymnases. Si quelques
communes telles que Lyon commencent à s'équiper à partir
des années 1920, pour l'essentiel des communes, l'histoire des
politiques sportives commence dans les années 1930, sous l'influence de
l'Etat. La construction d'équipements sportifs est une facette de la
politique d'aménagement du territoire national.
40
Genèse de la politique d'équipements
sportifs des communes :
C'est dans les années 1930 que la première
réflexion globale sur les équipements sportifs en France est
menée. En effet, en 1936 Léo Lagrange, nommé
sous-secrétaire d'Etat aux Sports et aux loisirs dans le gouvernement du
Front Populaire, réalise le premier inventaire général des
équipements sportifs français. Cet inventaire met en
lumière un retard important de la France dans ce domaine avec un total
de 4234 équipements répartis sur l'ensemble du
territoire56 et des inégalités d'équipements
entre les territoires. Un programme d'équipement est donc engagé
pour un montant de 63 millions de francs sur deux ans dans le financement
duquel l'Etat intervient pour moitié, le reste étant à la
charge des communes.
En 1946 apparait la première grille
d'équipements sous forme de circulaires ministérielles et ces
grilles vont devenir obligatoires à partir des années 1950. Dans
les années 1960, la politique d'équipement s'intensifie avec la
1ère Loi-programme de 1961 qui fixe des objectifs à
l'horizon 1985 pour rattraper le retard accumulé par la France par
rapport à ses voisins. Le 1er Plan d'équipement
(1961-1965) impose donc un nombre moyen théorique de mètres
carrés de terrain de sport par habitant dans les zones urbaines. Les
4e et 5e plans vont donner la priorité à la
création de piscines, stades et terrains de jeux. Mais la grille la plus
élaborée est celle du 15 mai 1974, relative à la grille
globale d'urbanisme qui indique des surfaces minimales de terrains à
réserver pour recevoir des équipements sportifs et
socio-éducatifs.57
Ce modèle de planification était celui de
« l'attraction gravitaire ». Il s'agit de couvrir le
territoire d'équipements sportifs afin de permettre à l'ensemble
des Français de pratiquer des activités sportives variées
dans des lieux quasiment identiques quel que soit leur lieu d'habitation.
L'idée est que la distance aux équipements doit être
limitée au quartier. 58 C'est ainsi que les communes vont
être obligées de s'intéresser au sport puisqu'elles ont
désormais l'obligation de construire et de gérer des
équipements sportifs.
56 A titre de comparaison, il y a aujourd'hui plus de
320 000. Atlas des équipements sportifs français :
Ministère de la jeunesse et des sports, juillet 2011
57 BAYEUX, Patrick : Le sport et les
collectivités territoriales, PUF, Collection Que sais-je ?,
5e édition, 2013 : Chapitre 1 « Histoire des politiques
sportives territoriales » : P. 5 à 12
58 AUGUSTIN, Jean-Pierre : op. cit.
41
Vers la création des services des sports
municipaux :
A partir des années 1930, apparaissent les Offices
municipaux des sports. Il s'agit de structures associatives qui
réunissent des personnes bénévoles souhaitant organiser la
pratique de l'éducation physique et sportive sur la commune :
professeurs de sport, dirigeants d'associations sportives, médecins ou
encore fonctionnaires municipaux. Ces structures, regroupées dans la
Fédération nationale des offices municipaux des Sports (FNOMS),
militent pour la création de services municipaux des sports. Le premier
service municipal des Sports est créé à Clermont-Ferrand
en 1945.
Parallèlement, le statut de la fonction publique se
construit. Le 16 mai 1966, un arrêté fixe les conditions de
recrutement des services municipaux des sports, D'autre part, la construction
des équipements sportifs ainsi que l'obligation faite aux communes
à partir de 1951 de faire surveiller toute baignade d'accès
payant par du personnel qualifié va pousser les commune à se
doter de services des sports pour gérer ces nouvelles fonctions. C'est
à partir des années 1970 que les services des sports vont se
multiplier. Enfin, la création en 1992 de la filière sportive de
la fonction publique territoriale vient parachever le système.
C'est ainsi que sous influence de l'Etat, les communes vont
progressivement être obligées de se doter de services municipaux
des sports pour faire face à de nouvelles responsabilités
liées à la construction, l'entretien et la mise à
disposition des équipements sportifs.59 Cependant, comme on
le verra par la suite, les politiques sportives communales sont aujourd'hui
loin de se limiter à la seule politique d'équipement.
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