Problématique de l'affiliation du secteur informel à la caisse sociale du Rwanda. Cas des menuisiers de Gakinjiro. Période : 1974-2002.( Télécharger le fichier original )par Joseph KAYUMBA Universit&é libre de Kigali (ULK) - Licence en gestion 2002 |
4.3. Analyse et interprétation des résultatsPour analyser les données recueillies sur terrain, nous avons relevé le nombre de fois que les personnes enquêtées partageaient l'événement. Nous avons groupé ces données sous forme de tableaux que nous nous sommes appliqué à commenter par la suite. 4.3.1. Identification des menuisiersTableau 7: Répartition des menuisiers par âge
Source : Enquête à Gakinjiro X = (25 x 27) + (35 x 42) + (45 x 15) = 2820 = 33,57 ~ 34 84 84 Interprétation L'âge moyen est de 34 ans. Il est compris entre 20 ans, comme âge minimum, et 48 ans comme age maximum. Nous constatons que 47% de nos enquêtés se retrouvent entre 30 et 40 ans. Ce phénomène peut vouloir expliquer que le métier de menuiserie est un métier stable et bien rémunérateur. Nous allons le constater par la suite. C'est un art qui se raffine au fil des ans et qui exige autant l'adresse que la vitalité. Tableau 8: Répartition des menuisiers en fonction de leur état civil ;
Source Enquête à Gakinjiro Il ressort de ce tableau que la majorité des menuisiers sont mariés (80%) ce qui vient renforcer l'idée de stabilité évoquée plus haut. Tant il est vrai qu'en matière d'emploi, les jeunes ont tendance à se mouvoir à la recherche de débouchés plus substantiels. On trouve en effet que les jeunes de moins de 25 ans ne représentent que 14,28% et ceux de moins de 30 ans, 28,57%. C'est un métier qui n'attire pas tellement les jeunes car il demande tout de même un certain apprentissage, un certain équipement, un goût artistique etc. Tableau 9: Répartition des menuisiers en fonction du nombre de leurs enfants
Chaque menuisier a en moyenne deux enfants. Tableau 10: Répartition des menuisiers en fonction du nombre de personnes à charge
X = 522/90 = 5,8 ~ 6 Source : enquête à Gakinjiro
Commentaires Chaque menuisier a en moyenne deux enfants. Cependant, il supporte en moyenne 6 personnes, ceci est un fait révélateur. En effet, on accepte de prendre en charge des gens parce qu'on en a les moyens. Nourrir 6 personnes quotidiennement sous entend qu'on en est capable, qu'on gagne un revenu consistant. Toutefois, nous n'excluons pas la possibilité d'exagération de la part des enquêtés. Le Rwandais ne dévoile pas ce qu'il possède. Quand vous lui demandez combien de vaches il possède, il te dit sans fausse honte qu'il n'en possède qu'une seule qui est en piteux état(agahushi), alors qu'il en a plus de cent. Il amplifie les charges à souhait et minimise ses revenus à volonté. Il y a toutefois une réalité que nous ne pouvons pas ignorer, c'est que le Rwandais est très sollicité par la famille tant proche qu'éloignée. La moyenne de six personnes à charge est peut être surestimée, mais n'empêche que le menuisier qui avoue supporter tout ce monde avoue indirectement qu'il gagne un revenu substantiel et c'est ce fait qui nous intéresse , pour des raisons bien comprises. Tableau 11:Répartition par district d'origine
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Ce tableau nous indique que 57% des menuisiers viennent d'autres provinces et ce n'est que normal car la ville a un grand pouvoir d'attraction. Dans son livre intitulé l'explosion urbaine , Roland Pourtier48(*) affirme que l'urbanisation représente la transformation la plus spectaculaire en Afrique contemporaine. Effet, on a affaire à un très grand nombre de gens, rassemblés trop vite, dans un petit nombre d'endroits, avec peu de ressources . Nous ajoutons, que parmi ces gens qui s'entassent dans les bidonvilles, se trouvent forcément des artisans, menuisiers de surcroît. Tableau 12 : : Répartition par niveau d'instruction
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Ce tableau nous renseigne que toutes les personnes enquêtées savent lire et écrire. 57% d'entre elles ont fréquenté l'école primaire ; 13% le Centre d'Enseignement Rural et Artisanal Intégré (C.E.R.A.I) ; 20% l'école secondaire ; 7% ont suivi une autre formation. Ces données nous amènent à déduire que le métier de menuiserie exige un minimum d'apprentissage, un minimum de formation scolaire ne fut ce que pour avoir une idée des mesures. Savoir lire et écrire constitue donc un préalable pour se lancer dans ce métier. Tableau 13: Répartition par district du domicile actuel
Source : enquête à Gakinjiro La répartition géographique des menuisiers de Gakinjiro couvre toute la Mairie de la Ville de KIGALI. Cela signifie un certain professionnalisme pour exercer ce métier. Il n'y a que les meilleurs venus de tous les coins du pays, venus de tous les Districts de la MVK, nantis d'un grand savoir faire et possédant des moyens de bord qui se sont fédérés pour créer le marché de menuiserie de Gakinjiro. Tableau 14: Répartition selon l'apprentissage du métier
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Le tableau n° 8 nous renseigne sur la façon dont les menuisiers de Gakinjiro ont appris leur métier. 47% prétendent l'avoir appris sur le tas par des amis ou des parents ; 33% avouent l'avoir appris à l'école ; La formation sur le tas est parfois plus instructive que sur le banc de l'école surtout en matière d'apprentissage. Puis le métier de menuisier se transmet de père en fils pour la plupart des artisans qui n'ont pas suffisamment fréquenté l'école. Tableau 15: Répartition par nombre de jours de travail.
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Le tableau n° 9 nous renseigne sur la durée hebdomadaire de travail. Les menuisiers de Gakinjiro travaillent en grande majorité (83,3%) pendant 6 jours de travail. L'influence de la religion est ici fondamentale car les personnes enquêtées reconnaissent toutes qu'elles vont à la messe les dimanches. Rien d'étonnant car les Rwandais passent pour être parmi les nations les plus christianisés au monde, même si le génocide s'est produit sur leur territoire.
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Le tableau n° 10 nous montre que 67% des menuisiers sont liés à leur patron par un contrat tacite. Ceci est une caractéristique majeure du secteur informel. En effet, les relations d'emploi sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel, les lieux de parenté ou les relations personnelles et sociales, plutôt que sur les accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme. Il va de soi que les abus qui en dérivent sont énormes, mais généralement les rapports de force sont tels que l'exploité courbe l'échine en acceptant de se plier à la règle du jeu faute de mieux. L'exploitation de l'homme par l'homme trouve ici toute sa signification.
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Le tableau n° 17 nous révèle une information importante qui va être en amont de l'infirmation de notre première hypothèse. En effet, 40% des personnes enquêtées nous avouent qu'elles exercent le métier de menuiserie par intérêt contre 3% qui l'exercent par héritage, 23% par amour et 27% par pis aller. Cela sous-entend que les revenus tirés de ce métier sont substantiels. Ce qui contredit notre première hypothèse. Tableau 18: Ancienneté dans le métier
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Le tableau n° 12 nous renseigne que le métier de menuiserie est un métier stable puisque les personnes enquêtées nous disent qu'elles l'exercent depuis plus de 5 ans (63%). Cela nous semble logique car ceux qui l'exercent sont intéressés financièrement comme nous venons de le voir. A la question de savoir si les menuisiers questionnés avaient au préalable exercé un autre métier, ils ont répondu à 73% que oui. Il y en a qui ont commencé par le commerce, d'autres par la maçonnerie, etc... Encore une fois, l'intérêt financier a servi de pôle d'attraction à ces artisans qui ne regrettent pas d'avoir changé de métier. Tableau 19: Exercice d' un autre métier
Source : enquête à Gakinjiro Commentaires Avant de se lancer dans le métier de menuiserie, 73% personnes enquêtées ont travaillé ailleurs. Cela est dans la logique des choses puisque nous avons vu que l'age moyen du menuisier était de 34 ans et que 47% de ceux-ci avait un age compris entre 30 et 40 ans contre 30% entre 20 et 30 ans. C'est dire donc qu'avant de s'engager dans ce métier, on se constitue un petit capital puis on s'investit corps et âme pour satisfaire au mieux une clientèle de plus en plus nombreuse. * 48 POURTIER , R. : L'explosion urbaine : Trente année d'Afrique, La documentation Française, Paris, 1992. p. 2. |
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