UNIVERSITE LIBRE DE KIGALI
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
OPTION : GESTION
Problématique de l'Affiliation des Travailleurs
du Secteur Informel à la Caisse Sociale du Rwanda. Cas des Menuisiers de
GAKINJIRO
1974-2002
.
Mémoire présenté et défendu
en vue de l'obtention du grade
de licencié en Gestion
Par KAYUMBA Joseph
Directeur de Mémoire: Dr MUTABAZI Augustin
Kigali, Mars 2003
DEDICACE
A Toi Eternel, pour ton Amour infini,
A mes chers parents dont mon regretté
père,
A ma très chère épouse, MAOMBI
Françoise,
A mes enfants chéris, Sandra, Sacré et
Trésor,
A mes frères, mes soeurs et mes amis,
Je dédie ce mémoire
Joseph KAYUMBA
REMERCIEMENTS
Voici venir le temps, tant de fois attendu, où le coeur
s'exprime sur un morceau de papier, imprimant pour ainsi dire, une
reconnaissance éternelle.
Nous éprouvons un sentiment de gratitude au Professeur
Docteur RWIGAMBA BALINDA, Recteur et promoteur de l'Université Libre
de Kigali.
Ses qualités humaines, intellectuelles et spirituelles,
nous serviront de modèle.
Que Dieu le comble de ses riches
bénédictions.
Qu'il nous soit permis, d'adresser nos sincères
remerciements au Docteur MUTABAZI Augustin pour avoir accepté de diriger
notre travail de recherche malgré ses multiples responsabilités.
Ses conseils judicieux constituent un apport considérable à la
réalisation de notre travail.
Nous témoignons aussi un sentiment de gratitude
à tous nos enseignants qui, depuis l'Ecole Primaire jusqu'à
l'Université, nous ont dispensé un enseignement de
qualité. Que SENKOBORI Joseph, BAGAMBAKI Aloys et
RUSUHUZWA Thomas soient remerciés en leurs noms, respectivement pour la
base, le milieu et le sommet de notre formation.
Nous éprouvons un souvenir agréable à
l'endroit de nos amis suisses, Elena & Lorenzo BONDOLFI ainsi que Monique
LUISIER.
Nous remercions sincèrement Monsieur BUTARE
Théopiste pour la précieuse documentation qu'il nous a
donnée au sujet du secteur informel.
Merci à vous, Monsieur SANDRALI , Madame ZITONI
et Pasteur GAHUNGU pour votre intercession. Ce mémoire est une
récompense venue du Très Haut.
Que Mademoiselle NYIRAMUZIMA Odette, Monsieur l'abbé
MAKOBERO Déogratias , Messieurs KAYIGI P. Claver, MUGABE
Aggée, RUHARA Charles, RURANGWA J.M.V,
RUTAGWENDEKA Fidèle et
RUTAYISIRE Tharcisse se réjouissent avec moi de ce que ce travail arrive
à point nommé.
Nous remercions enfin toute personne qui nous a soutenu
d'une quelconque façon, nous pensons spécialement à nos
collègues de travail et surtout de promotion dite
des « Samourai » pour tout le savoir que nous avons
partagé.
Joseph KAYUMBA
SIGLES ET ABREVIATIONS
A.I
|
Allocation d'Invalidité
|
A.S
|
Allocation de Survivants
|
A.V
|
Allocation de Vieillesse
|
AM
|
Arrêté Ministériel
|
B.O.R.U
|
Bulletin Officiel du Rwanda-Urundi
|
BIT
|
Bureau International du Travail
|
CA
|
Conseil d'Administration
|
CMT
|
Confédération Mondiale du Travail
|
CSR
|
Caisse Sociale du Rwanda
|
DL
|
Décret-loi
|
etc
|
et caetera
|
FRW
|
Francs Rwandais
|
I.N.S.S
|
Institut National de Sécurité Sociale
|
J.O.C.
|
Jeunesse Ouvrière Chrétienne
|
J.O.R.R.
|
Journal Officiel de la République Rwandaise
|
MIFOTRA
|
Ministère de la Fonction Publique et du Travail
|
MVK
|
Mairie de la Ville de Kigali
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et du Développement
Economique
|
OIT
|
Organisation Internationale du Travail
|
ONG
|
Organisation non gouvernementale
|
P.I
|
Pension d'Invalidité
|
P.S
|
Pension de Survivants
|
P.V
|
Pension de Vieillesse
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
PNUD
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
R.M.M.
|
Rémunération mensuelle moyenne
|
U.Lk
|
Université Libre de Kigali
|
UNR
|
Université Nationale du Rwanda
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Taux de couverture des régimes de
pensions dans quelques pays
2
Tableau 2: Evolution de la population
âgée de plus de 60 ans en pourcentage de la population totale,
dans quelques pays (1990-2050).
16
Tableau 3: Comparaison entre le secteur formel et
le secteur informel
46
Tableau 4: Présence du secteur informel dans
quelques pays d'Amérique Latine.
54
Tableau 5: Répartition des activités
informelles au Rwanda par secteur
57
Tableau 6: Types de relation que le marché
de Gakinjiro entretient avec son environnement.
62
Tableau 7: Répartition des menuisiers par
âge.
67
Tableau 8: Répartition des menuisiers en
fonction de leur état civil ;
67
Tableau 9: Répartition des menuisiers en
fonction du nombre de leurs enfants.
68
Tableau 10: Répartition des menuisiers en
fonction du nombre de personnes à charge.
69
Tableau 11:Répartition par district
d'origine
70
Tableau 12 : : Répartition par niveau
d'instruction
71
Tableau 13: Répartition par district du
domicile actuel
71
Tableau 14: Répartition selon
l'apprentissage du métier
72
Tableau 15: Répartition par nombre de jours
de travail.
73
Tableau 16: Forme du contrat
74
Tableau 17: Choix du métier
74
Tableau 18: Ancienneté dans le
métier
75
Tableau 19: Exercice d' un autre métier
76
Tableau 20: Revenu du menuisier en Frw.
77
Tableau 21: Barème des salaires des Agents
de l'Administration Centrale (Année 2002).
78
Tableau 22: Utilisation du revenu
80
Tableau 23: Affiliation à la CSR
81
Tableau 24: Raisons de la non affiliation
81
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS
iii
LISTE DES TABLEAUX
iv
TABLE DES MATIERES
v
O. INTRODUCTION GENERALE
1
O.1. Choix et intérêt du sujet
1
0.2. Objectifs de la recherche
3
0.3. Délimitation du sujet
3
0.4. Problématique
4
0.5. Hypothèses de travail
5
0.6 Techniques et méthodes
6
0.6.1. Les techniques
6
0.6. 2. Les méthodes
6
0.7. Subdivision du travail
7
CHAPITRE 1. GENERALITES SUR LA SECURITE SOCIALE
8
1.1. Introduction
8
1.3. Historique de la sécurité
sociale
9
1.3.1. Contexte général
9
1.3.2. Contexte africain
11
CHAPITRE 2. LA CAISSE SOCIALE DU RWANDA
17
2.1. Définition
17
2.2. Organisation administrative
17
2.2.1. Organigramme de la CSR(Voir annexe
n°2)
17
2.2.2. Commentaires sur l'organigramme
17
2.2.3. Ressources et organisation
financière
20
2.3. Branches couvertes par la CSR
21
2.3.1. Branche des pensions
21
2.3.2. Branche des Risques Professionnels
24
2.4. Règles et Procédures à la
CSR
25
2.4.1. Procédures d'immatriculation de
l'employeur.
26
2.4.2. La tenue des comptes cotisants
29
2.4.3. Le recouvrement des cotisations.
31
2.5. Gestion stratégique de la Caisse
sociale du Rwanda
32
2.5.1. Définition des termes
32
2.5.2 . Etapes de la planification
stratégique
35
CHAPITRE 3. GENERALITES SUR LE SECTEUR
INFORMEL
37
3.1. Genèse de la question
37
3.2. Caractéristiques
générales du secteur informel
37
3.3. Tentative de définition
39
3.3.1. Perspective axée sur la
finalité du secteur informel
40
3.3.2. Perspective axée sur son
caractère non légal
40
3.3.3.Autres définitions du secteur
informel
40
3.4. Les activités informelles à
travers le monde
44
3.4.1. Le secteur informel dans les Pays
développés
44
3.4.2. Le secteur informel dans les pays en voie
de développement
46
3.4.2.1 Les spécificités du secteur
informel en Amérique Latine
49
3.4.2.2. La contribution du secteur informel
à l'économie de l'Amérique Latine
50
3.5.1. Les type d'activités informelles
exercées au Rwanda
51
3.5.2. Le Marché de Gakinjiro
52
3.5.3 Institutiogramme du marché de
Gakinjiro
54
3.6. Aspects positifs et aspects négatifs
du secteur informel
56
3.6.1. Les aspects positifs du secteur informel
56
3.6.2. Les aspects négatifs du secteur
informel
56
CHAPITRE 4 : ANALYSE ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
58
4.1. Introduction
58
4.2. Démarche méthodologique
58
4.2.1. L'échantillonnage
58
4.2.2. La collecte des données
59
4.3. Analyse et interprétation des
résultats
59
4.3.1. Identification des menuisiers
59
4.3.2. Le revenu du menuisier et son
affectation
69
4.4. Problèmes rencontrés par les
menuisiers enquêtés et leurs souhaits
78
4.4.1. Problèmes rencontrés
78
4.4.2. Souhaits des menuisiers
80
CHAPITRE 5 : EXTENSION DE LA COUVERTURE
SOCIALE AUX
83
5.1. Introduction
83
5.1.1. Régimes de base
83
5.1.2. Régimes complémentaires
84
5.1.3 Epargne retraite volontaire on
prévoyance individuelle.
84
5.2. Que faire pour une affiliation
effective ?
84
CONCLUSION GENERALE
90
BIBLIOGRAPHIE
96
O. INTRODUCTION
GENERALE
O.1. Choix et
intérêt du sujet
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible
de la nature ; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers
entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau, suffit
pour le tuer..., disait Blaise Pascal.1(*)
Il ne croyait par si bien dire. Et pour cause. L'idée
de la sécurité sociale est née de la volonté de
l'homme qui a, par expérience, découvert que l'union faisait la
force. Les Belges en ont fait une devise nationale. Les Rwandais , un paradigme
: Nta mugabo umwe.2(*)
Pour se prémunir des risques auxquels il est
constamment exposé (accidents de travail, maladies professionnelles,
vieillesse, décès, invalidité, chômage...), l'homme
a initié plusieurs démarches solidaires, les unes plus
performantes que les autres.
De la solidarité clanique à la force actuelle du
syndicat, il est parvenu à instituer un régime de
sécurité sociale, en passant fort adroitement à
l'assistance sociale, à la mutualité, à l'épargne
privée etc...
Nous allons traiter notre sujet de mémoire dans le
cadre de l'affiliation des travailleurs du secteur informel. Nous avons choisi
comme étude de cas, le marché de Gakinjiro dans la Mairie de la
Ville de Kigali(M.V.K)
Le choix du sujet nous a été dicté par le
fait qu'en tant que cadre de la Caisse Sociale du Rwanda, il nous a
été loisible de constater que la majorité de la
population rwandaise était totalement exclue de toute forme de
protection sociale alors que tout le monde y avait en principe droit en vertu
de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme , dans son article
22 qui stipule :
« Tout homme en tant que membre de la
société a droit à la sécurité
sociale. »
Nous avons cherché a connaître les causes
réelles de cette exclusion par le biais du marché de Gakinjiro et
proposer par voie de conséquence des stratégies afin d'en venir
à bout. Notre recherche est donc principalement axée sur la
gestion stratégique de la Caisse Sociale du Rwanda.
L'intérêt de notre sujet pourrait se situer à trois niveaux
à savoir:
· Le niveau économique,
· Le niveau politique
· Le niveau social
En effet, les activités du secteur informel
présentent sans conteste un intérêt économique,
dans la mesure où les revenus tirés de celles-ci permettent tant
bien que mal de satisfaire les besoins fondamentaux des agents
économiques concernés.
On produit, on gagne un revenu, on le dépense sur un
marché et le circuit économique est ouvert. Il participe donc
à la vie économique au même titre que le secteur
moderne.
Les activités informelles présentent
également un intérêt politique dans ce sens que la
gestion de la cité doit tenir compte de ces entités
économiques autogérées, de façon plus ou moins
illégale, mais supportées pour leur caractère
d'utilité collective.
Les activités informelles présentent enfin un
intérêt social dans la mesure où il y a résorption
du chômage, réduisant pour ainsi dire des tensions sociales
intercommunautaires.
Comment, dès lors, intégrer ce secteur dit
informel à la sécurité sociale d'une part, pour organiser
la protection sociale , d'autre part pour maximiser la couverture sociale au
niveau national ?
L'idée de maximiser la couverture sociale est un
objectif noble de toute institution de sécurité sociale, et il y
a lieu d'être satisfait que la C.S.R en a fait sienne et que son plan
triennal (2002-2005) en fait mention..
0.2. Objectifs de la
recherche
Notre travail a un double objectif :
· Eclairer les gestionnaires de la CSR sur les
stratégies à mener pour une couverture maximale des assujettis
sociaux, notamment ceux du secteur informel ;
· Faire connaître aux pouvoirs publics le secteur
informel à travers une étude de cas relatif aux menuisiers de
Gakinjiro, afin que ceux-ci puissent mieux l'organiser et mieux le
protéger socialement étant donné le rôle primordial
qu'il joue en créant des emplois et en générant des
revenus.
0.3. Délimitation du
sujet
Les activités informelles au Rwanda sont complexes et
diversifiées. Nous nous sommes intéressé à la
menuiserie informelle de Gakinjiro comme cadre de notre analyse. Nous pensons
que les résultats de notre enquête seront applicables aux autres
unités économiques informelles. Gakinjiro nous paraît comme
le marché informel par excellence au Rwanda. En effet, toutes les
activités qui s'y déroulent sont marchandes, artisanales, de
services avec au départ un investissement faible, aucune forme de
comptabilité, pas de contrat de travail, pas d'horaire fixe, pas de
syndicat, pas de sécurité sociale, pas de fiche de paie,
etc...
Nous avons choisi la période (1974-2002) comme limite
dans le temps pour la bonne raison que la CSR a été
instituée en 1974 par un Décret-Loi portant organisation de la
sécurité sociale au Rwanda. A la même époque, Keith
Hart3(*) employait
déjà le terme de « secteur informel » qui fut
vulgarisé plus tard par un rapport sur le Kenya initié par
l'Organisation Internationale du Travail. Aussi, quelques années plus
tôt (1968), le marché de Gakinjiro prenait forme.
0.4.
Problématique
Selon une récente publication du Bureau International
du Travail (BIT) 4(*),
intitulée « Social Security Pensions : Development and
Reform », 90% de la population mondiale en âge de travailler
ne sont pas couverts par des régimes de retraite de nature à leur
garantir un revenu suffisant. Pourcentage qui laisse perplexe quand on
travaille dans une institution de sécurité sociale.
La mauvaise gestion d'une grande partie des régimes
existants aggrave la situation et expose une large part de la population
mondiale à la pauvreté durant la vieillesse.
En moyenne les pays de l'OCDE, consacrent 10% de leur Produit
Intérieur Brut (PIB) aux pensions de vieillesse.5(*)
En Afrique, plus de 90% de la population active travaille dans
les activités informelles, de petite dimension et souvent de subsistance
qui offrent peu, voire aucune protection sociale.6(*)
En Amérique Latine, le secteur informel est le seul
segment du marché du travail qui soit en expansion puisqu'il crée
80% des emplois.7(*)
En Asie, les régimes de retraite ont été
affaiblis par la tempête financière, qui a ébranlé
le continent à la fin des années quatre vingt - dix.8(*)
Dans les Etats arabes du Moyen- Orient, les régimes de
retraite sont relativement récents et se heurtent à un
problème majeur, dû au fait que les nombreux travailleurs
étrangers n'ont pas le droit de s'affilier à ces
régimes.9(*)
Au Rwanda, le taux de couverture ne dépasse
guère les 10% de la population active. Il était de 9.3% en
199410(*)(Voir tableau
n°1). Cela signifie qu'il existe une catégorie de Rwandais,
grandement majoritaire qui travaille dans ce que l'on appelle
communément le secteur informel.
Du vendeur ambulant au travailleur domestique, du cireur de
souliers au tailleur de Bilyogo, du maçon des grands chantiers au
menuisier de Gakinjiro, le secteur informel est partout. Il regroupe tous les
petits métiers qu'on rencontre ici et là. La menuiserie
informelle nous a fort intéressé et pour cause. Cette
activité satisfait un besoin de logement(équipement domestique)
et elle est vieille comme le monde, mais surtout, elle s'opère dans un
marché informel par excellence. Pas de registre de commerce, pas de
comptabilité, pas de syndicat, pas de sécurité sociale,
pas d' impôts au sens classique du terme et c'est normal puisqu' aucun
état financier n'y prévaut qui pourrait montrer comment le
résultat a été dégagé, voilà tout!
Nous l'avons donc pris comme échantillon de notre
sujet de recherche. C'est ainsi que nous nous sommes posé la question
de savoir pourquoi les menuisiers de Gakinjiro n'étaient pas
affiliés à la Caisse Sociale du Rwanda.
0.5. Hypothèses de
travail
Les éléments de réponses à notre
problématique constituent nos hypothèses de travail qui sont
comme on le sait des réponses anticipées à tout travail de
recherche, qu'il nous reviendra de confirmer ou d'infirmer selon le cas.
Nous pensons que la non affiliation du secteur informel tels
les menuisiers de
Gakinjiro à la Caisse Sociale du Rwanda est
liée :
- à la précarité des revenus des
menuisiers de Gakinjiro ;
- au manque d'informations en matière de
sécurité sociale et surtout la mauvaise perception du rôle
de la sécurité sociale ;
- aux restrictions juridiques et obstacles
organisationnels.
0.6 Techniques et
méthodes
0.6.1. Les techniques
Nous avons utilisé la technique documentaire qui nous
a permis, comme il se doit, de faire un contour de la littérature
utilisée en matière de sécurité sociale et sur le
secteur informel.
Nous avons ensuite procédé à la
technique d'interview par laquelle il a été possible de
parler aux gens pour recueillir des informations qui nous ont été
d'une grande utilité.
La technique du questionnaire nous a permis
quant à elle de rassembler des données et des opinions librement
et anonymement exprimées.
Nous avons enfin utilisé le sondage
d'opinion qui est une technique moderne qui permet de se faire une
idée plus ou moins précise sur ce que pensent les gens par
rapport à une situation donnée. Nous l'avons
expérimenté avec satisfaction.
0.6. 2. Les méthodes
Selon le Nouveau PETIT ROBERT11(*), une méthode est un ensemble de
démarches que suit l'esprit pour découvrir et démontrer la
vérité.
Une méthode est aussi un ensemble ordonné de
principes de règles, d'opérations intellectuelles qui permet
d'étudier en profondeur les données et les informations qu'on a
préalablement recueillies.12(*)
a) Nous avons privilégié la
méthode descriptive qui a permis de présenter le
marché
de Gakinjiro tel qu'il est dans son environnement
immédiat;
b) Nous avons également recouru à la
méthode comparative qui a mis en relief les
activités du secteur informel du Rwanda et d'ailleurs
telles qu'elles s'exercent
également à Gakinjiro;
c) Nous avons utilisé la méthode
structuro-fonctionaliste pour décrire la structure et
le fonctionnement du secteur informel d'ici et d'ailleurs;
d) Enfin la méthode systémique
nous a aidé à placer le marché de Gakinjiro au sein d'un
ensemble organisé, cohérent et qui obéit à des
règles de jeu intéressant le gestionnaire que nous sommes.
0.7. Subdivision du
travail
Nous avons subdivisé notre travail en cinq
chapitres.
Nous avons commencé par une introduction
générale qui nous a permis de justifier le choix et
l'intérêt de notre sujet de mémoire.
Nous avons ensuite posé la problématique et
formulé les hypothèses de travail, décrit les
méthodes et les techniques utilisées et enfin
délimité le sujet.
Cette introduction sera suivie par une brève
littérature sur la sécurité sociale en
général (chapitre1)et sur la Caisse Sociale en
particulier(chapitre2)
Nous présenterons ensuite le secteur informel dans
toute sa diversité et le focaliserons à Gakinjiro qui sera notre
étude de cas (chapitre3)
Nous aurons à analyser les résultats de notre
enquête menée sur les menuisiers de GAKINJIRO au sujet notamment
de leur non affiliation à la CSR(chapitre4)
Le chapitre5 sera consacré au modèle de
sécurité sociale qui conviendrait aux travailleurs du secteur
informel.
Une conclusion générale récapitulative et
prospective viendra clore notre travail de mémoire.
CHAPITRE 1. GENERALITES SUR
LA SECURITE SOCIALE
1.1. Introduction
La sécurité sociale n'est pas une notion facile
à cerner.
Elle doit se définir à la fois sur le plan des
fins et des moyens, des principes affirmés et des politiques
effectivement entreprises. Il s'agit d'abord de déterminer ce qu'elle
veut être, c'est le problème de sa définition qui est
posé.
En effet, le droit de tout homme à la
sécurité sociale est désormais clairement affirmé.
Il suffit pour s'en convaincre de se référer à l'article
22 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme du 10
décembre 1948 précédemment cité.
Ce texte, il est vrai, a surtout valeur de principe et non
d'obligation juridique. Il est capital cependant sur le plan doctrinal, car il
exprime un consensus général de l'opinion internationale à
un moment donné de son histoire.
Par ailleurs, la notion de sécurité sociale est
loin d'avoir la même signification pour chacun de nous.
Pour certains, elle évoque les prestations à
percevoir à plus ou moins brève échéance; pour
d'autres , les allocations d'invalidité en attente de calcul, pour
d'autres encore, une indemnité de chômage qu'on perçoit
sans grande joie, amour propre exige.
Quant aux chefs d'entreprises et aux indépendants, la
notion de Sécurité Sociale évoque plutôt pour eux
les montants qu'ils doivent verser régulièrement au titre de
cotisations sociales qui augmentent leurs charges de personnel. Par ailleurs,
tout retard ou irrégularité entraîne une majoration de ces
charges.
Ces quelques considérations montrent à
suffisance que la sécurité sociale constitue une matière
très vaste, difficile à saisir dans son
intégrité.
1.2. Définitions
Selon le Nouveau Petit Robert13(*), la sécurité sociale est définie
comme étant une organisation destinée à garantir les
travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptibles
de réduire leur capacité de gain, à couvrir les charges de
maternité et les charges des familles qu'ils supportent.
En 1942, le B.I.T propose la définition
suivante :
La sécurité sociale est définie comme
étant la sécurité que la société fournit par
des organismes appropriés à ses membres contre certains risques
auxquels ils sont exposés. Ces risques proviennent essentiellement
d 'événements contre lesquels l'individu qui n'a pas de
grands moyens ne peut se prémunir par sa propre prévoyance.
La sécurité sociale peut enfin être
définie comme étant la branche du droit social qui règle
l'ensemble des institutions qui ont pour fonction de garantir les individus et
les familles contre certains risques dits sociaux.14(*)
Pour se prémunir contre ces risques sociaux, l'homme a
initié plusieurs techniques qu'il ne cesse d'améliorer
constamment. Nous pouvons citer entre autres :
- l'entraide familiale ;
- l'épargne ;
- la mutualité ;
- l'assurance privée ;
- la responsabilité civile ;
- la sécurité sociale.
1.3. Historique de la
sécurité sociale
1.3.1. Contexte
général
C'est en famille que l'on est le plus solidaire quand survient
un événement heureux ou malheureux. La naissance d'un enfant est
une source de joie pour la communauté comme la mort d'un membre de
famille affecte tout le monde.
Le besoin et la recherche d'une plus grande
sécurité individuelle et collective ont toujours existé.
Les gens ont toujours essayé de s'assurer une protection pour
eux-mêmes et les personnes à leur charge contre des
éventualités telle que la famine et contre les autres dangers qui
les menaçaient. Ils se sont battus pour satisfaire leurs besoins vitaux
(nourriture, logement, vêtements). Aujourd'hui encore, cela reste une
lutte constante pour une grande partie de la population du monde.
Au fil des siècles, de groupes de personnes ayant des
problèmes et des préoccupations identiques se sont
constitués afin de se protéger contre les aléas de la
vie.
Des corporations de marchands et d'artisans se sont
formés dans le but d'aider leurs membres quand ceux-ci se trouvaient
dans une situation difficile. Des institutions religieuses se sont
efforcées d'atténuer la misère des plus démunis.
« Au XIXe siècle,
l'industrialisation et l'exode rural qui l'a accompagné ont donné
naissance, notamment en Europe, à une nouvelle classe, celle des
ouvriers d'usine qui ne pouvaient compter, pour vivre et faire vivre leur
famille, que sur leurs salaires.
Si, pour diverses raisons (maladies, accident, chômage,
vieillesse), ils venaient à perdre cette unique source de revenus, ils
ne tardaient guère à sombrer dans la misère. Et en milieu
urbain, ils ne pouvaient plus compter sur la protection autrefois
assurée par le clan, la tribu ou la famille au sens large, bref sur ce
système social traditionnel dans lequel les personnes valides
s'occupaient des enfants, des faibles et des personnes âgées.
Des efforts fragmentaires ont alors été fournis
pour prémunir la classe ouvrière contre l'indigence :
caisses d'épargne encouragée par l'Etat, sociétés
mutuelles, assurances privées, etc...
Néanmoins, petit à petit, des programmes de
protection sociale ont commencé à prendre forme dans les pays
industriels, jusqu'au moment où ils ont donné naissance à
un grand système qui a vu le jour en Allemagne, entre 1883 et 1889, du
temps de BISMARCK.
Il s 'agissait d'un système d'assurance vieillesse
et d'assurance maladie. Le chômage n'était pas couvert. On a vu
apparaître d'autres régimes fondés sur le principe de
l'assurance ou de l'assurance sociale financée par l'Etat
(Amérique latine, Europe , Etats-Unis, Canada et à partir
des années 50, dans beaucoup de pays en développement). Plusieurs
types de prestations ont été mis en place, avec pour objectif de
remplacer, au moins en partie, les salaires et revenus perdus, et, au fil du
temps, le champ de ces prestations a été étendu. C'est
alors que l'on a commencé à parler de
sécurité sociale.
Le législateur allemand a timidement
légiféré pour une assurance volontaire pour les riches et
une assistance sociale pour les pauvres.
En 1884, en Allemagne, il y eut promulgation de la
première loi syndicale qui a institué la Sécurité
Sociale comme étant obligatoire pour tous les employeurs et
employés. L'Etat devant se porter garant.
Ainsi nous pouvons dire que la Sécurité Sociale
est née de la lutte syndicale dans les entreprises industrielles pour la
protection des travailleurs.
De 1929 à 1930, le droit à la
Sécurité Sociale a regagné d'autres pays occidentaux dont
la France et la Belgique.
Le 10/12/1948, il y eut l'expansion à grande vitesse
par la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Après cette
Déclaration, l'O.N.U a créé l'Organisation Internationale
du Travail par la Convention n° 102, en 1952. »15(*)
1.3.2. Contexte africain
En Afrique, la sécurité sociale était
auto entretenue par la famille restreinte, le clan ou la tribu. Cela se passait
le plus naturellement du monde étant donné que la culture se
chargeait de la transmission de cette valeur, de génération en
génération.
Tout se faisait en commun, tout se partageait cordialement
dans un respect d'hiérarchie qui honorait la personne âgée
et qui protégeait l'enfant, considéré comme une
bénédiction.
Il a fallu attendre les périodes de la colonisation
pour voir apparaître un embryon de protection sociale dont ne jouissaient
que les travailleurs coloniaux. Ce n'est qu'au prix d'une prise de conscience
générale que les travailleurs indigènes vont
accéder eux aussi à cette forme de protection sociale. Ce
processus a abouti à la loi de Lamine Gueye de 1950 qui donnera aux
travailleurs locaux les mêmes avantages sociaux que ceux consentis aux
travailleurs de la métropole. De cette loi découlera le code du
travail d'outre-mer de 195216(*) qui prévaudra jusqu'aux premières
heures des indépendances. Chaque pays nouvellement
indépendant se mit à instituer son propre régime de
sécurité sociale en s'inspirant, il est vrai, de celui de la
métropole.
Le problème majeur étant celui de
l'environnement dans lequel intégrer ces régimes. En effet, dans
les pays développés, la grande partie de la population exerce un
travail salarié, les cotisations sociales s'en trouvent
facilitées. Les travailleurs sont conscients des avantages qu'ils tirent
de la sécurité sociale. Les syndicats sont là pour le leur
rappeler. En Afrique , la réalité est tout autre. La couverture
sociale ne concerne qu'une infime partie de la population.
Nous sommes de l'avis de Luca Barbonne17(*) quand il affirme qu'en
Afrique, les économies rurales et non structurées occupent une
place très importante, alors que le secteur structuré (dans
lequel les individus ont un emploi et touchent un revenu de façon
continue) ne représente qu'une très petite fraction de
l'économie. La majorité des habitants d'Afrique subsaharienne
sont encore et toujours employés dans l'agriculture.
Même lorsque les individus viennent s'installer dans
les centres urbains, il est probable qu'ils continuent de tirer leur revenu de
l'agriculture. Les centres urbains n'ont pas encore réussi à
engendrer un volume significatif d'emplois stables. De ce fait, le revenu de la
majorité des habitants fait l'objet de variations propres aux
activités non structurées, lesquelles peuvent aussi varier
sensiblement. Si on ajoute à cela l'environnement et les catastrophes
d'origine naturelle ou humaine qui surviennent à intervalles
réguliers, l'incertitude de la vie devient énorme.
Nous ajoutons à cette réflexion que la
sécurité sociale en Afrique reste et restera toujours tributaire
d'un environnement socio-politique des plus incertains. Les guerres et les
catastrophes naturelles saignent à longueur d'années le continent
africain. Le cercle vicieux engendré par ce phénomène ne
fait que s'élargir au détriment d'une population
abandonnée à elle-même, privée de la protection la
plus élémentaire.
Dans de nombreux pays du continent africain, les institutions
manquent de crédibilité. En effet, la gestion irrationnelle des
fonds provenant des cotisations sociales, l'ingérence des Etats dans
ladite gestion, le non remboursement de la dette publique, la mauvaise
qualité des services fournis aux ayant droits, le faible niveau des
prestations, les longs délais d'instruction des dossiers sont des
exemples d'illustration. Les cotisants actifs en arrivent à
considérer les cotisations de sécurité sociale
plutôt comme un impôt.
Ils se désengageraient volontiers de la
Sécurité Sociale si on leur en donnait la possibilité.
Ces problèmes de crédibilité se rencontrent dans tous les
régimes. La mauvaise gestion des réserves, les coûts
d'administration injustifiés, l'inefficacité administrative
découlant du fait que « l'homme qu'il faut n'est pas à
la place qu'il faut » ont ainsi conduit au versement des maigres
pensions. Celles-ci résultent également du fait que les pouvoirs
publics ajustent à la baisse les prestations en s'abstenant de les
indexer à l'inflation. C'est si déplorable quand on sait que la
dévaluation de la monnaie en Afrique dépasse tout entendement.
La perte de crédibilité s'explique enfin par de
graves problèmes de gouvernance
qui tiennent eux-mêmes à des défauts de
conception. En effet, dans de nombreux pays, le problème clé est
l'intervention de la puissance publique dans la gestion des cotisations
sociales, encouragée par des conceptions institutionnelles dans
lesquelles l'Etat contrôle les conseils de tutelle et les administrations
de sécurité sociale . Qui plus est, l'administration
elle-même a souvent pris en main l'institution et faussé les
objectifs statutaires.
Une autre réalité à souligner est que
dans la plupart des pays africains, seul un faible pourcentage de la population
est affilié aux régimes formels de sécurité
sociale. Pour ce qui est des régimes de retraite, la couverture est
faible, tant du point de vue du nombre des cotisants par rapport à la
population économiquement active que du nombre des
bénéficiaires par rapport aux habitants de plus de 60 ans
(Tableau n° 2).
Tout bien considéré, les régimes de
sécurité sociale en Afrique sont le fruit des disfonctionnements
des pays en voie de développement.
Un pays dominé politiquement, économiquement et
culturellement ne peut prétendre assurer une protection sociale digne de
ce nom. Et cela n'est que très logique, le fruit d'un manguier ne peut
être autre chose qu'une mangue.
Tableau 1: Taux de
couverture des régimes de pensions dans quelques pays
Pays, année
|
Cotisants/main-d'oeuvre
|
Salaires couverts/PIB
|
|
(en %)
|
(en %)
|
Burundi, 1989
|
4.7
|
5.4
|
Cameroun, 1989
|
13.7
|
6.9
|
Ghana, 1989
|
13.2
|
15.7
|
Maroc,1989
|
17.4
|
5.6
|
Rwanda, 1989
|
9.3
|
10.7
|
Tanzanie, 1990
|
5.1
|
6.3
|
Tunisie, 1990
|
50.9
|
16.7
|
Inde,1990
|
10.5
|
1.7
|
Malaisie,1991
|
44.6
|
20.6
|
Philippines,1990
|
19.1
|
8.3
|
Singapour,1990
|
75.8
|
35.3
|
Colombie,1989
|
24.5
|
9.5
|
Mexique,1988
|
40.2
|
10.0
|
Pérou,1992
|
25.7
|
9.7
|
Allemagne,1990
|
93.6
|
36.7
|
Etats-Unis, 1989
|
96.7
|
38.5
|
Japon,1990
|
94.5
|
21.4
|
Pays-Bas,1990
|
93.6
|
49.3
|
Suisse,1990
|
99.4
|
60.0
|
Source : BUTARE, T., Régimes de
pensions : problèmes et perspectives, document de travail lors
des journées de réflexion organisées par la CSR,
Kigali, 10-14 août 1998, p.21
Tableau 2: Evolution de la
population âgée de plus de 60 ans en pourcentage de la population
totale, dans quelques pays (1990-2050).
Pays
|
1990
|
2000
|
2020
|
2050
|
Burundi
|
4.6
|
3.6
|
4.0
|
7.4
|
Cameroun
|
5.8
|
5.2
|
5.5
|
12.0
|
Ghana
|
4.5
|
4.5
|
5.4
|
12.3
|
Maroc
|
5.8
|
5.9
|
8.4
|
18.7
|
Rwanda
|
4.0
|
3.7
|
3.3
|
6.0
|
Tanzanie
|
4.7
|
4.2
|
3.9
|
7.6
|
Tunisie
|
6.5
|
7.3
|
10.5
|
23.1
|
Inde
|
6.9
|
7.5
|
10.3
|
20.4
|
Malaisie
|
5.7
|
6.5
|
11.0
|
22.1
|
Philippines
|
5.3
|
5.9
|
10.1
|
22.3
|
Singapour
|
8.5
|
10.9
|
23.9
|
29.3
|
Colombie
|
6.0
|
6.7
|
12.6
|
25.5
|
Mexique
|
5.7
|
6.6
|
11.2
|
24.6
|
Pérou
|
5.8
|
6.4
|
10.2
|
21.5
|
Allemagne
|
20.3
|
23.7
|
30.3
|
32.5
|
Etats-Unis
|
16.6
|
16.5
|
24.5
|
28.9
|
Japon
|
17.3
|
22.7
|
31.4
|
34.4
|
Pays Bas
|
17.8
|
19.0
|
28.4
|
31.7
|
Suisse
|
19.9
|
21.9
|
30.5
|
31.6
|
Hongrie
|
19.3
|
20.9
|
26.7
|
28.8
|
Pologne
|
14.8
|
16.2
|
22.2
|
26.8
|
Roumanie
|
15.6
|
17.8
|
20.2
|
26.1
|
Source : BUTARE, T., op.cit., p.22
1.3.3. Le contexte rwandais
Le régime rwandais de la sécurité sociale
plonge ses racines dans l'époque coloniale. Le décret du
1er août 194918(*) instituait le régime des accidents de travail
et des maladies professionnelles des travailleurs indigènes du secteur
privé. Vint ensuite le décret du 6 juin 1956 relatif à
l'assurance vieillesse des travailleurs du Congo- Belge et Rwanda-Urundi. Ce
décret s'étendait uniquement aux contractuels et travailleurs du
secteur privé car les travailleurs du secteur public étaient
régis quant à eux par le régime de sécurité
sociale spécial garanti par le Trésor colonial en vertu du
décret du 28 novembre 192719(*)
Après l'indépendance, le législateur
rwandais a adopté la loi du 15 novembre 1962 qui abrogeait toutes les
dispositions ci-haut citées et instaurait un régime de
sécurité sociale basé sur la technique de la
capitalisation individuelle.
Cette loi consacrait aussi la fusion des branches pensions et
risques professionnels jusque là gérées
séparément.20(*)
Plus tard, cette dernière loi a été
abrogée par le décret-loi du 22 août 197421(*) qui constitue jusqu'à
l'heure actuelle la pierre angulaire du régime rwandais de
sécurité sociale. Sa plus grande innovation est d'avoir
remplacé le système de capitalisation individuelle par le
système de répartition qui est bien meilleur pour les
assurés. Ce décret-loi a été suivi par plusieurs
mesures d'exécution et a subi certaines modifications dont notamment
celles portées par le décret- loi du 03 février 1977et
celui du 25 novembre 1989 ou la loi du 12 octobre 1988.22(*) Actuellement, le
décret-loi du 22 août 1974 est en passe d'amendement au niveau du
parlement.
CHAPITRE 2. LA CAISSE
SOCIALE DU RWANDA
2.1. Définition
La Caisse Sociale du Rwanda(CSR) est un établissement
public chargé de la gestion du régime de sécurité
sociale institué par la loi du 22 août 1974 portant organisation
de la sécurité sociale au Rwanda et complétée par
différents textes d'application.
Elle est dotée de la personnalité civile et de
l'autonomie financière.
Elle est placée sous la garantie de l'Etat. Le Ministre
ayant la sécurité sociale dans ses attributions(actuellement, le
MIFOTRA) en assure la tutelle.
2.2. Organisation
administrative
Les articles 5,6,7,8 et 9 du présent décret-loi
en donnent le contenu. En résumé nous pouvons dire que la C.S.R
est administrée par un Conseil d'Administration (CA) sur une base
tripartite des représentants de l'Etat, des Employeurs et des
Travailleurs. Un arrêté présidentiel, sur proposition du
Ministre ayant la Sécurité Sociale dans ses attributions, en
détermine la composition, le mandat et les modalités de
fonctionnement.
La gestion quotidienne est assurée par un directeur
nommé par le Président de la République sur proposition du
Ministre de tutelle.
Il peut être mis fin à ses fonctions selon la
même procédure.
Le statut du personnel est fixé par arrêté
présidentiel.
Un commissaire aux comptes nommé par le Ministre de
tutelle vérifie les opérations financières de la C.S.R.
Le Ministre ayant la sécurité sociale dans ses
attributions fixe le montant de l'indemnité alloué au commissaire
du Gouvernement à charge de la Caisse Sociale ainsi que la durée
de son mandat.
2.2.1. Organigramme de la
CSR(Voir annexe n°2)
2.2.2. Commentaires sur
l'organigramme
D'après Larousse, l'organigramme est un graphique de la
structure hiérarchique d'une organisation sociale complexe
représentant à la fois les divers éléments du
groupe et leurs rapports respectifs.
On définit également l'organigramme comme une
représentation schématique des différents services ou
postes d'une organisation . Simple ou complexe selon la taille et l'importance
de l'organisation, l'organigramme met en relief les responsabilités et
les rapports hiérarchiques qui y prévalent. Ce schéma
doit être révisé chaque fois qu'il y a des changements afin
de mieux représenter la réalité de
l'organisation.23(*) C'est
ce qui s'est passé dernièrement à la Caisse Sociale du
Rwanda avec la restructuration. Le nouvel organigramme comprend les
éléments suivants :
1° Le Ministère de Tutelle
2° Le Conseil d'Administration
3° La Direction
4° Les Services
5° Les Sections
6° Les Bureaux
A. Le Ministère de Tutelle est actuellement le
Ministère de la Fonction Publique,
de la Formation Professionnelle, des Métiers et du
Travail.
Le Ministre ayant la Sécurité Sociale dans
ses attributions propose la
composition du Conseil d'Administration et la nomination
du Directeur de la C.S.R.
B. Le Conseil d'Administration prend en charge la mise en
application de la politique
nationale en matière de Sécurité
Sociale.
C. Le Directeur de la CSR est responsable de
l'exécution des décisions du Conseil
d'Administration et à ce titre il est
chargé :
d'établir les instructions nécessaires au
fonctionnement de la CSR et à la gestion des diverses branches du
régime de sécurité sociale (art. 6)
de préparer et de soumettre au Conseil d'Administration
le projet de budget, les comptes annuels et un rapport d'activités sur
le fonctionnement de la CSR (art. 6.b)
de procéder à l'ordonnancement des budgets de la
C.SR, en ce qui concerne les frais de gestion administrative, il le fait dans
les limites de la délégation qui lui est faite par le Conseil
d'Administration lors de l'approbation du budget (art.6 c
de procéder au recrutement et aux mouvements du
personnel de la CSR autre que le personnel de direction selon les règles
fixées par le Conseil d'Administration et approuvées par le
Ministre ayant la sécurité sociale dans ses attributions
(art.6.d).
Le Directeur assiste à toutes les séances
de Conseil d'Administration avec voix
consultative (art6 .e).
D. Les Chefs de Service
L'organigramme de la CSR comprend 4 services:
· Service des Etudes et Placements
· Service Administratif
· Service Comptabilité et Financier
· Service Technique
Les Chefs des différents Services sont chargés,
chacun dans son domaine, de superviser et de coordonner les activités du
personnel leur affecté. Ce sont des agents de conception au plus haut
niveau, à part le Directeur. Ils sont tous membres du comité de
gestion de la CSR, organe de prise de décisions. Un des grands avantages
de ce comité est d'assurer l'harmonie dans le relationnel ainsi que dans
l'organisationnel, avec un réel esprit d'équipe, rehaussant le
niveau d'apport des membres qui en font partie.
L'organigramme de la CSR comprend également 17
Sections dont quatre rattachées à la Direction.
Les Chefs de ces entités supervisent et coordonnent les
activités sous leurs ressorts respectifs.
Enfin, 16 Bureaux viennent compléter l'organigramme de
la CSR. Ce sont des unités opérationnelles qui exécutent
les différentes activités de la C.S.R.
2.2.3. Ressources et
organisation financière
Les ressources de la CSR sont constituées par :
les cotisations destinées au financement des
différentes branches du régime de sécurité
sociale;
les majorations encourues pour cause de dépôt
tardif des déclarations des rémunérations
et les intérêts moratoires y afférents;
les produits des placements de fonds;
les dons et legs;
toutes autres ressources attribuées à la CSR par
un texte législatif réglementaire.
Les ressources de la CSR ne peuvent être
utilisées qu'aux fins prévues par le Décret-Loi du 22
août 1974 et pour couvrir les frais d'administration indispensables au
fonctionnement du régime, (art.10).
Les règles relatives à la comptabilité de
la Caisse Sociale sont fixées par arrêté du Ministre ayant
la sécurité sociale dans ses attributions.
Chacune des branches du régime de
sécurité sociale fait l'objet d'une gestion financière
distincte.
Le Ministre ayant la sécurité sociale dans ses
attributions détermine par arrêté pris après avis du
Conseil d'Administration de la CSR, la part des frais administratifs à
imputer à chacune des branches, (art.11).
Les cotisations dues à la CSR sont assises sur
l'ensemble des rémunérations perçues par les personnes
assujetties, y compris les indemnités, primes, gratifications,
commissions et tous les autres avantages en nature, mais à l'exclusion
des remboursements de frais et des prestations familiales légalement
versées par l'employeur.
L'évaluation des avantages en nature est faite
conformément aux règles prescrites par arrêté du
Ministre ayant le Travail et la Sécurité Sociale dans ses
attributions.
Pour certaines catégories de travailleurs ou
assimilés, les cotisations peuvent être assises sur des
rémunérations forfaitaires fixées par le Conseil
d'Administration de la Caisse Sociale et approuvées par le Ministre
ayant la Sécurité Sociale dans ses attributions.
Le Ministre ayant la sécurité sociale dans ses
attributions peut également décider que, pour le personnel
domestique ainsi que pour d'autres catégories de travailleurs, les
cotisations soient fixées d'après des classes de salaires, et
prescrire des modalités particulières pour le recouvrement des
cotisations, (art.12).
Les taux de cotisations sont fixés en pourcentage des
rémunérations soumises à cotisation, de manière que
les recettes totales de chaque branche permettent de couvrir l'ensemble des
dépenses de prestations de cette branche, la partie des frais
d'administration qui s'y rapporte et de disposer du montant nécessaire
à la constitution des diverses réserves et des fonds de
roulement.
2.3. Branches couvertes par
la CSR
2.3.1. Branche des pensions
a)Généralités
Les prestations en matière de pensions sont
basées sur un système de répartition où le mode de
calcul a été préalablement défini :
* 8 % des cotisations réparties entre l'employeur (5 %)
et le salarié (3 %)
* 30 % de prestations pendant les 3 ou 5 dernières
années de carrière avec une
majoration de 1 % pour chaque année
supplémentaire au delà de 15 ans (180 mois)
d'assurance .
b)Pension de vieillesse
Selon le Nouveau Petit Robert, la vieillesse est
définie comme étant la dernière période de la vie
normale qui succède à la maturité
caractérisée par un affaiblissement global des fonctions
physiologiques et des facultés mentales et par des modifications
atrophiques des tissus et des organes.
Pareillement, on peut définir la vieillesse comme
étant une usure normale des facultés physiques et mentales d'un
individu résultant de l'âge.
Les conditions exigées pour avoir droit à la
pension de vieillesse sont les suivantes:
* avoir l'âge de 55 ans
* avoir 20 ans d'affiliation (assurances)
* avoir 60 mois d'assurance (cotisations pendant les 10
dernières années).
* avoir cessé toute activité salariée.
La loi concernant la mise en retraite des travailleurs est en
passe d'être
promulguée. L'âge de demande de pension sera
toujours de 55 ans, mais cette fois
à volonté, jusqu'à 65 ans (comme
âge limite). C'est- à-dire que l'âge réel de mise en
pension sera de 65 ans; avec possibilité d'introduire
la demande dès 55 ans.
c) La pension d'invalidité
L'invalidité d'un travailleur est définie comme
étant l'incapacité, en raison de son état de santé
d'obtenir une rémunération suffisante correspondant à ses
aptitudes professionnelles compte tenu du marché du travail. Elle peut
résulter d'un accident ou d'une maladie d'origine non professionnelle.
La convention n° 123 de l'OIT définit
l'invalidité comme l'incapacité pour le travailleur d'exercer une
activité professionnelle quelconque dans une mesure prescrite, lorsqu'il
est probable que cette incapacité sera permanente ou lorsqu'elle
subsiste à l'expiration d'une période prescrite
d'incapacité temporaire ou initiale.
d) Conditions d'attribution
- avoir 5 ans d'assurance
- avoir 6 mois de cotisations pendant les 12 derniers mois
- avoir perdu les 2/3 de la capacité de travail.
e)Pension de survivants (Décès de
l'assuré ou du soutien de famille)
La convention n° 102 de l'OIT définit le
décès du soutien de la famille comme une perte de moyens
d'existence subie par les personnes à la charge du travailleur
assuré du fait de son décès.
Les prestations prévues par la Sécurité
Sociale représentent donc un transfert en faveur des survivants de la
pension de vieillesse d'invalidité, ou anticipée que percevait,
ou à laquelle aurait pu prétendre au moment de
décès, le travailleur assuré.
Elles sont attribuées dans les propositions
suivantes:
50 % pour la veuve ou le veuf
25 % pour chaque orphelin de père ou de mère
40 % pour chaque orphelin de père et de mère
25 % pour chaque ascendant
Toutefois, le total des pensions de survivants ne peut
excéder le montant de la pension de vieillesse. Si le total
dépasse ledit montant, les pensions de survivants sont réduites
proportionnellement.
f) Conditions d'attribution
L'attribution de la pension de survivant est
subordonnée à des conditions de mariage, d'entretien d'enfants,
ou d'ascendants à charge.
1° Mariage:
la veuve ou le veuf doit être légalement
marié
Le mariage devant avoir eu lieu au moins 6 mois avant le
décès de l'assuré
(ou du soutien de famille).
2° Enfants à charge:
Sont des enfants à charge, les enfants
célibataires, non salariés qui vivaient effectivement avec le
défunt, soit ses propres enfants, soit les enfants adoptés
légalement par lui, ou les enfants naturels reconnus par lui; de moins
de 18 ans ou de 25 ans s'ils poursuivent leurs études. (Art 33 DL). Les
pièces d'usage délivrées par les autorités
compétentes sont exigées dans chaque dossier de demande de
pension.
g) Calcul des pensions
Pension de vieillesse(PV)
La formule appliquée pour le calcul des pensions est
celle du pourcentage des salaires c'est-à-dire: 30 % des salaires qui
ont été soumis à cotisations pendant les 3 ou les 5
dernières années précédant la date
d'admissibilité à la retraite. 1 % de majoration pour toutes les
annuités dépassant 15 ans d'assurance.
La législation a prévu une pension minimum
à attribuer au travailleur. Ce montant ne peut être
inférieur à 50% de la rémunération
minimale(1300Frw), ni supérieur à 80% de la
rémunération moyenne calculée conformément au
salaire minimum légal(100 Frw/jour x 26 jours de travail).
Pension d'invalidité(PI)
PV/PI = RMM*30% (+1% pour chaque année
supplémentaire)
N.B. RMM est l'abréviation de
Rémunération mensuelle moyenne
Majorations de pensions.
Le titulaire d'une pension d'invalidité qui a besoin de
façon constante d'une assistance d'une tierce personne pour accomplir
les actes de la vie courante a droit à un supplément de 40% de sa
pension.
2.3.2. Branche des Risques
Professionnels
Le risque est défini comme étant un
événement futur et incertain dont la réalisation ne
dépend pas exclusivement de la volonté de l'homme et qui,
lorsqu'il se produit, fait naître un besoin.
Une analyse des risques conduit à les diviser en trois
parties :
· Les risques professionnels(accident de travail,
maladies professionnelles)
· Les risques humains(maladies d'origine non
professionnelle, invalidité, vieillesse, décès)
· Les charges familiales
Le risque qui est couvert par la CSR est le risque
professionnel.
L'accident de travail est caractérisé
par trois éléments :
- Fait soudain et imprévisible d'origine
extérieure à celui qui le subit
- Fait causant une lésion corporelle à celui qui
le subit
- Fait intervenant à l'occasion ou en raison du travail
de celui qui le subit.
D'une manière générale,
est considéré comme accident de travail, quelle qu'en soit la
cause, l'accident survenu à un travailleur par le fait ou à
l'occasion du travail qu'il y ait ou non faute de sa part.(art.20 du
Décret-Loi du 22/08/1974)
c) Maladie Professionnelle.
A la différence d'autres maladies, la maladie
professionnelle est assimilée à un accident de travail parce
qu'il y a un lien de causalité incontestable avec le travail.
Est considérée comme une maladie
professionnelle, toute maladie, causée par le fait et à
l'occasion de l'exécution d'un travail.
Pour qu'une maladie soit reconnue professionnelle, trois
conditions sont retenues :
· Elle doit figurer dans les tableaux
déterminés par le législateur, accompagnée d'une
liste des travaux susceptibles de la provoquer;
· Le malade doit avoir pratiqué les travaux de
façon habituelle;
· La maladie doit être constatée dans un
certain délai à partir de la cessation de l'exposition au risque(
A.M n° 623/06 du 14/8/1980).
2.4. Règles et
Procédures à la CSR
Selon la conception "universaliste", les régimes de
sécurité sociale doivent protéger l'individu en tant que
membre de la collectivité nationale, indépendamment du fait qu'il
exerce ou non une activité professionnelle.
Cette conception pose le principe du droit de chacun à
la sécurité sociale et implique la fiscalisation des ressources
de la sécurité sociale.
Selon la conception "professionnaliste", les régimes de
sécurité sociale couvrent les travailleurs salariés parce
qu'ils exercent des activités professionnelles ouvrant droit à
des rémunérations sur lesquelles sont assises les cotisations. La
sécurité sociale est alors financée par les cotisations
patronales et salariales. Ce mode de financement présente des avantages
certains:
- les travailleurs acceptent facilement les précomptes
opérés sur leurs salaires dans la mesure où ils savent que
les cotisations sont directement versées à l'organisme à
la gestion duquel ils participent.
- l'autonomie des organismes met leurs ressources à
l'abri des vicissitudes des finances publiques et limite les appétits
gouvernementaux.
C'est la conception "professionaliste" qui a été
adoptée par les pays francophones d'Afrique où la
Sécurité Sociale est financée par:
- les cotisations et leurs majorations de retard;
- les produits du placement des fonds ;
- les subventions des pouvoirs publics;
- les dons, legs et toute autre ressource attribuée
par un texte législatif ou réglementaire.
Les travaux liés au calcul, à la mise en
recouvrement et à l'encaissement des cotisations, sources principales de
financement des organismes de Sécurité Sociale, doivent
être effectués avec célérité
(rapidité), en utilisant des méthodes appropriées pour
permettre à ces organismes:
- d'assurer le service des différentes prestations
sociales dont le taux et le nombre de bénéficiaires augmentent
sans cesse;
- de faire face aux coûts croissants de gestion des
différentes branches techniques;
- de constituer des réserves techniques dont une
judicieuse utilisation permet de consolider leur patrimoine.
2.4.1. Procédures
d'immatriculation de l'employeur.
a) L'identification de l'employeur
Est considéré comme employeur, toute personne
physique ou morale, publique ou privée qui utilise, à quelque
titre que ce soit, du personnel salarié ou assimilé.
Il est donc nécessaire de déterminer qui sont
les travailleurs et ceux qui leur sont assimilés et dont l'utilisation
confère la qualité d'employeur au regard de la législation
de sécurité sociale.
Sont considérés comme travailleurs
salariés, tous les travailleurs régis par le Code du Travail,
sans distinction de race, la nature et la validité de leur contrat de
travail.
Sont assimilés aux travailleurs salariés et
confèrent la qualité d'employeurs à ceux qui utilisent
leur service:
- les apprentis ;
- les élèves des établissements
d'enseignement technique et de formation professionnelle;
- les détenus exerçant un travail pénal
comme conséquence d'une condamnation judiciaire, sous la surveillance et
l'autorité des pouvoirs publics;
- les membres des coopératives de production, ainsi
que les gérants et préposés non salariés de ces
coopératives;
- les ministres des cultes (dans certains pays);
- les gérants des sociétés à
responsabilité limitée sous certaines conditions;
- les assurés volontaires (notamment pour la branche
de l'assurance vieillesse invalidité- décès).
Toute personne ayant la qualité d'employeur est
assujettie à la législation de sécurité sociale qui
fait naître à son égard des droits et des obligations.
Au regard de la législation de sécurité
sociale, la première de ces obligations est de se faire connaître
à l'organisme de sécurité sociale afin qu'il soit
procédé à son immatriculation.
b) L'immatriculation de l'employeur.
La demande d'immatriculation est une obligation légale
qui incombe à l'employeur qui doit le faire dans un délai
réglementairement fixe: la plupart des législations exige qu'elle
soit faite dans les 8 jours qui suivent, soit l'ouverture ou l'acquisition de
l'entreprise, soit l'embauchage du premier travailleur salarié.
L'immatriculation elle-même est l'opération
administrative d'inscription sur la liste des employeurs. Elle se traduit par
l'attribution d'un numéro matricule et la transcription d'informations
nécessaires à l'identification de l'employeur sur une fiche
cartonnée appelée Modèle I. Ce dernier est rempli en deux
exemplaires.
- le nom ou la raison sociale;
- le secteur d'activité;
- la localisation géographique ;
- la catégorie d'employeur.
Ces informations sont ensuite saisies à
l'ordinateur.
L'immatriculation prend effet à la date de l'ouverture
ou de l'acquisition, ou du premier embauchage, même si la demande en a
été faite après le délai réglementairement
fixé.
Afin de faciliter les recherches et d'éviter les
doubles emplois, il importe de créer et de tenir à jour un
fichier général des employeurs comportant trois volets:
- le fichier alphabétique;
- le fichier numérique;
- le fichier géographique.
En vue de permettre à l'organisme de suivre
l'évolution des activités de l'employeur, on peut créer
d'autres fichiers faisant ressortir périodiquement:
- les employeurs actifs;
- les employeurs suspendus;
- les employeurs radiés.
L'affiliation des travailleurs.
Selon l'Arrêté présidentiel n° 671/06
du 21/12/1987, l'employeur a l'obligation d'informer la C.S.R à propos
de l'embauchage d'un ou des salariés non encore affiliés. Il est
tenu de donner tous les éléments d'identification du travailleur
que renferment les avis d'embauchage ou déclaration d'affiliation
Modèle II . Un numéro d'affiliation est alors accordé qui
sera par la suite son numéro de compte individuel à la CSR.
Toutes ses cotisations seront versées sur ce numéro, d'où
son importance quant à son identification et à sa conservation.
Tout assuré social doit , en effet avoir un et un seul numéro
d'affiliation, qu'il conserve, même en cas de changement d'employeur. En
cas de perte de la carte d'affiliation, un duplicata est accordé sur
simple demande de l'intéressé, sans conditions.
2.4.2. La tenue des comptes
cotisants
a) Le paiement des cotisations
L'employeur est débiteur de l'ensemble des cotisations
patronales et salariales. Les cotisations des travailleurs ne sont pas
payées par eux-mêmes, mais font l'objet d'un
précompte: une retenue à la source.
La substitution de l'employeur à ses salariés
comme débiteur des cotisations présente le double avantage de
réduire le nombre des débiteurs et de renforcer leur
solvabilité.
Pour s'acquitter correctement de cette obligation, l'employeur
(ou son préposé) doit connaître le mode de calcul des
cotisations et les conditions dans lesquelles s'effectue leur versement.
b) le calcul des cotisations
Il existe deux modes de calcul des cotisations: elles sont
fixées forfaitairement et d'un montant identique pour tous les
travailleurs quelque soit le montant de leurs rémunérations, ou
calculées en pourcentage des salaires.
Le système du calcul en pourcentage est le plus
utilisé, même si certaines législations prévoient le
système de cotisations forfaitaires pour certaines catégories du
personnel (par exemple: gens de maison, chauffeur de taxis). A la C.S.R, le
taux de cotisation est de 3% à charge du salarié et de 5%
à charge de l'employeur.
c) L'assiette des cotisations:
Les cotisations sont assises sur l'ensemble des gains ou
salaires perçus par le travailleur salarié. Mais tous les
éléments de salaires n'étaient pas dans l'assiette des
cotisations.
· Les éléments constitutifs de
l'assiette des cotisations:
- le salaire proprement dit;
- les accessoires et substituts du salaire qui sont:
- les indemnités de fonction, de risque et de
logement ;
- le primes de technicité, d'ancienneté,
d'assiduité, de rendement et de panier ;
- les primes ou gratification exceptionnelle de fin
d'année ;
- les pourboires fixés ;
- la majoration pour heures supplémentaires ;
- la participation aux bénéfices ;
- la contre - valeur des avantages en nature dans les
conditions et limites réglementaires ;
- les indemnités compensatrices de congés
payés et de préavis en cas de rupture du contrat de
travail ;
- les sommes versées pendant la période
précédant et suivant l'accouchement ;
- les sommes versées par l `employeur en
application du code du travail en cas de suspension du contrat du travail.
· Les éléments n'entrant pas dans
l'assiette des cotisations.
- les allocations ou indemnités familiales
éventuellement versées ;
- les indemnités de déplacement et frais de
voyage ;
- les primes de salissure et de travaux insalubres ;
- les primes d'outillage ;
- les remboursements des soins de santé ;
- une déclaration nominative des salaires (ou
relevé nominatif des salaires).
Ces documents indiquent la période de
référence et toutes les informations permettant de
vérifier l'exactitude des décomptes: le montant total des
salaires soumis à cotisations et le montant des cotisations de chaque
travailleur salarié.
- Les indemnités de licenciement allouées en
sus de l'indemnité de préavis ;
- d'une manière générale, toutes les
indemnités ayant un caractère de remboursement de frais.
d) Le versement des cotisations.
L'employeur paie les cotisations par un des moyens
libératoires admis dans le pays: chèque ou virement bancaires,
mandat postal.
A l'appui du versement des cotisations, l'employeur produit
des pièces justificatives:
imprimés de bordereau récapitulatif et de
déclaration nominative sont fournis par l'organisme.
Les cotisations sont portables et non
quérables, le non-envoi des imprimés par l'organisme ne
conditionne pas leur versement.
· Périodicité de versement:
Les cotisations sont en général payables
trimestriellement.
· Délai d'exigibilité
- Pour le paiement trimestriel: dans le mois qui suit la fin
du trimestre
- En cas de cessation d'activité ou de cession, les
cotisations sont immédiatement exigibles.
2.4.3. Le recouvrement des
cotisations.
Le recouvrement et le contrôle des employeurs sont
effectués par une catégorie particulière du
personnel: les contrôleurs d'employeurs.
Désignés par le Ministre de tutelle ou le Directeur de
l'organisme selon les législations, ils prêtent serment avant
leur entrée en fonction.
· La structure de cette unité de travail
semi-nomade, peut être centralisée ou déconcentrée.
Elle doit viser à faciliter les tâches des contrôleurs
d'employeurs.
· Les attributions
L'organisation des services de recouvrement et de
contrôle des employeurs varie selon les pays et tient compte des
problèmes pratiques rencontrés par les organismes dans la mise en
recouvrement des cotisations, mais les objectifs recherchés sont les
mêmes. Il s'agit de:
- vérifier l'exactitude et la sincérité
des déclarations des employeurs;
- tout mettre en oeuvre pour recouvrer les cotisations
dues;
- rechercher les voies et moyens de nature à inciter,
et en cas de besoin, à contraindre les employeurs à s'acquitter
de leurs cotisations;
- d'éduquer les employeurs et les amener à une
plus grande compréhension de leurs obligations, surtout ceux qui
éprouvent certaines difficultés à lire, écrire ou
comprendre le langage administratif.
· Les qualités que doivent posséder les
agents de recouvrement et du contrôle:
Pour que les objectifs recherchés soient atteints, il
importe que les organismes confient les tâches de recouvrement et de
contrôle des employeurs à des cadres compétents, dynamiques
et intègres.
· Qualités professionnelles:
Les contrôleurs des employeurs doivent:
a) posséder une culture générale
substantielle et avoir l'élocution facile;
b) soigner leur présentation et se montrer
courtois;
c) avoir une connaissance générale du Code du
Travail, ainsi que des notions de comptabilité et de
fiscalité;
d) avoir une connaissance approfondie des textes
législatifs et réglementaires relatifs aux régimes des
sécurité sociale.
Qualités morales:
A l'occasion de l'exercice de leur fonction, les
contrôleurs peuvent parfois être l'objet de tentations. Ils doivent
avoir une grande force de caractère et des qualités morales
très élevées pour ne pas y succomber.
Ils doivent faire montre de droiture et de patience pour faire
aboutir leurs enquêtes et parfaire la formation des employeurs.
2.5. Gestion
stratégique de la Caisse sociale du Rwanda
2.5.1. Définition des
termes
a . Gestion
D'après le Nouveau Petit Robert24(*), la gestion est une science de
l'administration de la direction d'une organisation et de ses
différentes fonctions.
En effet, la gestion est une science car le manager doit
utiliser les principes de base adaptés par d'autres sciences pour
résoudre le problème de l'organisation.
La gestion est aussi un art parce que le dirigeant doit
inévitablement se fier à son expérience, à ses
connaissances, à ses observations personnelles, à son
intuition.
b. Stratégie
Ansoff Igor 25(*) définit la stratégie comme l'un des
ensembles de critères de décisions qui guident le comportement
d'une organisation, par exemple :
1° Les critères permettant de mesurer les
performances actuelles et futures de l'entreprise. Les critères de
qualités sont appelés orientations et ceux de
quantité objectifs.
2° Les règles qui régissent les rapports de
l'entreprise avec l'environnement extérieur : quelle
technique de production faut-il mettre au point, où et
quand vendre les produits, et comment prendre l'avantage sur
les concurrents. Cet ensemble de règles forme ce que l'on appelle le
couple produit/marché, la stratégie commerciale.
3° Les règles qui gouvernent les rapports internes
et les procédures à l'intérieur de l'entreprise ; on
leur donne souvent le nom de stratégie administrative.
4° Les règles que suit
l'entreprise dans la marche quotidienne des activités, appelées
grandes orientations opérationnelles.
Pour Fry et Killng26(*), la stratégie correspond à la
façon dont l'entreprise opère des choix dans un environnement
compétitif.
La définition que propose Hambrick27(*) est que la stratégie
est un ensemble de décisions qui oriente l'organisation dans ses
relations avec l'environnement en vue d'atteindre ses objectifs.
Vallerand Jacques 28(*) quant à lui propose la définition
suivante : la stratégie est un plan unifié, complet et
intégré qui permet à une organisation de capitaliser sur
ses forces pour mieux faire face aux défis de l'environnement.
Ce plan doit contenir un plan des résultats, un plan
d'action et un plan des ressources.
La stratégie est donc une adaptation du plan aux
réactions prévisibles de ceux qui en subiront les effets. Elle
s'intéresse essentiellement aux rapports entre personnes.
C'est un ensemble d'actions engagées ou à
réaliser en vue d'atteindre un certain nombre d'objectifs.
Le plan stratégique de la Caisse Sociale du Rwanda a
été conçu dans l'esprit du management stratégique
de la Caisse Sociale du Rwanda.
En effet , la mission première de cette institution est
la protection des travailleurs en cas de vieillesse, d'invalidité, de
décès, d'accidents de travail et de maladies professionnelles.
Pour remplir cette mission, la Caisse Sociale du Rwanda perçoit des
cotisations sociales qu'elle doit fructifier pour assurer un équilibre
financier à court, moyen et long terme.
Pour le moment les cotisations sociales proviennent en grand
partie du seul secteur structuré, notamment les Administrations
centrales et communales, les entreprises privées et mixtes.
Par ailleurs, les études actuarielles faites
récemment à la Caisse Sociale du Rwanda par Monsieur Kamwenubusa
Théodore29(*),
actuaire de l'Institut National de Sécurité Sociale
ont constaté une tendance au déséquilibre
financier de la CSR.
C'est pour cette raison qu'après avoir
procédé à un diagnostic de son environnement tant interne
qu'externe, la Caisse Sociale du Rwanda s'est fixé un certain nombre
d'objectifs spécifiques. Tout cela s'est fait conformément aux
étapes de la planification stratégique qui sont les
suivantes :
1. Analyser l'environnement
1. Définir la mission ;
2. Fixer les objectifs (globaux,
spécifiques) ;
3. Programmer les activités ;
4. Estimer les résultats ;
5. Prévoir les moyens( Budget) ;
6. Evaluer les résultats .
Comme notre travail concerne l'affiliation des travailleurs
du secteur informel par le biais d'une étude de cas relatif aux
menuisiers de Gakinjiro, les objectifs spécifiques qui nous
intéressent sont de deux ordres :
1° Améliorer le régime
général de sécurité sociale en place avec comme
entre autres activités :
· Sensibiliser à grande échelle en
matière de sécurité sociale
· Recenser les employeurs non encore
immatriculés.
Nous voudrions citer pour mémoire que la
sécurité sociale gérée par la CSR ne couvre que 50%
de la population salariée assujettie par la loi, et ne protège
que 9.3% de la population totale, comme nous l'avons souligné dans notre
problématique.
2° Améliorer la qualité du service à
rendre aux partenaires avec comme entre autres activités :
· Mettre en place un système adéquat de
paiement des prestations ;
· Décentraliser les activités vers les
agences.
Les deux objectifs s'inscrivent dans la logique de notre
hypothèse de travail qui est relative au manque de sensibilisation de la
part de la caisse Sociale du Rwanda à l'endroit de nos partenaires
sociaux. Hypothèse que nous aurons à vérifier lors de
notre enquête à Gakinjiro.
2.5.2 . Etapes de la
planification stratégique30(*)
La mise en oeuvre de la stratégie d'une entreprise
exige l'utilisation d'une procédure appropriée . Deux
logiques rivalisent en la matière mais la plus rationnelle à
notre avis est celle qui s'opère en 4 étapes que sont :
1° La planification : Choix des grandes
options ;
2° La programmation : répartition des
activités ;
3° La budgétisation :
répartition des moyens ;
4° Le contrôle : évaluation des
réalisations et redéfinition des objectifs.
L'autre façon de concevoir la planification consiste
à focaliser l'attention sur les budgets.
Tel est le cas des Administrations publiques dont les grandes
options stratégiques sont largement déterminées du
dehors.
La première logique s'inscrit en général
dans la gestion des entreprises privées et la seconde concerne les
entreprises publiques.
La Caisse Sociale du Rwanda s'est inspirée de la
première, la plus rationnelle comme nous l'avons souligné plus
haut.
Nous venons ainsi de clore le premier chapitre qui avait trait
aux généralités sur la sécurité sociale,
d'abord dans un contexte général, ensuite dans un contexte
africain et enfin dans un contexte rwandais à travers l'institution
dénommée « Caisse Sociale du Rwanda ».
Nous avons montré que celle-ci s'était
engagée dans une gestion stratégique pour affilier le plus de
travailleurs possible qu'elle va trouver dans un secteur d'activité
qu'on appelle communément secteur informel. Le chapitre suivant va nous
permettre de faire un survol sur la littérature utilisée par
différents acteurs dans le domaine des activités exercées
au sein dudit secteur.
CHAPITRE 3. GENERALITES
SUR LE SECTEUR INFORMEL
3.1. Genèse de la
question
Richard Gerster31(*) développe une genèse du secteur
informel qui nous semble cohérente .
L'obtention d'un revenu régulier en espèce ou en
nature est le pivot du développement. L'Organisation Internationale du
Ttravail(O.I.T) estime que, sur une main d'oeuvre totale de trois milliards
d'individus, 25 à 30 pour cent sont sous employés.
Nombre de pays doivent faire face à un chômage
manifeste ou occulte qui dépasse les pourcentages ci-dessus.
Si le secteur formel fournit des emplois, en particulier
à travers de nombreuses petites entreprises, l'économie populaire
(le secteur informel) est, elle aussi, un important créateur d'emplois,
une source d'opportunités et un filet de sécurité en
période de crise.32(*)
Plus d'un milliard de personnes pauvres sont actives dans le
secteur informel, souvent dans des conditions précaires et à un
niveau de simple subsistance. C'est un monde en soi et non un
phénomène marginal ou de transition.33(*)
3.2.
Caractéristiques générales du secteur informel
Il n'existe pas de définition précise du
secteur informel de sorte qu'il est difficile de comparer les études qui
s'y rapportent.
Selon B.STREHLKE34(*), la production échappe normalement au
contrôle du gouvernement et les statistiques officielles ne sont pas
souvent disponibles.
D'une manière générale, les entreprises
emploient moins de cinq personnes et rarement plus de dix, les conditions de
travail sont médiocres, les ateliers et l'équipement sont
normalement très simples et les compétences techniques et les
capacités de gestion tendent à être limitées. Le
financement, l'approvisionnement des matières premières et la
commercialisation des produits finis posent souvent de gros problèmes.
Toutefois, en dépit de cela, le secteur informel jouit d'une
étonnante capacité de fournir des emplois et d'offrir des biens
et services fondamentaux aux couches les plus pauvres de la population...
Le secteur informel manque d'organisation, au niveau tant de
l'employeur que de l'ouvrier.
Dans un document publié par l'Organisation
Internationale du Travail(O.I.T)35(*) dans sa quinzième conférence
internationale des statisticiens du travail, le concept de secteur informel est
décrit comme suit :
1° Le secteur informel peut être décrit
comme un ensemble d'unités produisant des biens ou des services en vue
principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes
concernées.
Ces unités ayant un faible niveau d'organisation,
opèrent à petite échelle et de manière
spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital
en tant que facteurs de production.
Les relations d'emploi, lorsqu'elles existent, sont surtout
fondées sur l'emploi occasionnel, les liens de parenté ou les
relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords
contractuels comportant des garanties en bonne et due forme.
2° Les unités de production du secteur informel
présentent les caractéristiques particulières des
entreprises individuelles. Les actifs immobilisés ou autres
utilisés n'appartiennent pas aux unités de production en tant
que telles, mais à leurs propriétaires. Ces unités, ne
peuvent réaliser d'opérations ou conclure de contrats avec
d'autres unités ni souscrire en propre des engagements.
Les propriétaires doivent se procurer les moyens
financiers nécessaires à leurs propres risques et périls,
et ils sont personnellement responsables, sans limitation aucune, de toutes les
dettes et de tous les engagements souscrits aux fins de production. Les
dépenses de production sont souvent indifférenciées de
celles du ménage. De même les biens d'équipements, comme
les bâtiments et les véhicules, peuvent être destinés
indistinctement aux fins de l'entreprise et à celles du
ménage.
3° Les activités exercées par les
unités de production du secteur informel ne sont pas
nécessairement réalisées avec l'intention
délibérée de se soustraire au paiement des impôts ou
des cotisations de sécurité sociale, ou d'enfreindre la
législation du travail.
Par conséquent, le concept des activités du
secteur informel devrait être différencié de celui des
activités de l'économie dissimulée, noire ou souterraine.
Nous voudrions expliciter la notion du secteur informel par une paraphrase
d'Adolphe Ruiz36(*) qui
disait :
« Lorsque le soleil devient insupportable, nous
cherchons à nous mettre à l'ombre, lorsque le poids de l'Etat
devient insupportable, la seule défense de la majorité
silencieuse est l'économie informelle. »
Economie informelle, économie dissimulée,
économie cachée, économie noire, économie occulte,
économie non officielle, économie illégale,
économie marginale, économie non réglée,
économie souterraine , économie parallèle,
économie de substance, économie non structurée,
économie autonome, économie immergée, autant de
qualificatifs qui prouvent à suffisance la complexité de ce
concept
3.3. Tentative de
définition
Depuis que l'Organisation Internationale du Travail a
publié son rapport sur la situation de l'emploi au Ghana et au Kenya en
1972, identifiant pour la première fois un type d'activités de
travail qui ne correspondait ni aux activités du secteur traditionnel,
ni à celles du secteur moderne de l'économie, nombre
d'études et de travaux ont vu le jour sur ce que l'OIT a appelé
secteur non structuré de l'économie. Ces études n'ont pas
permis d'arriver à un consensus, ni sur la manière d'appeler ce
phénomène, ni sur la manière de le définir.
Il existe, pouvons-nous dire, autant de définitions que
d'études sur le secteur informel. En effet, la majorité sont des
généralisations faites à partir de ce qui est le secteur
formel et désigne un phénomène qui n'est pas une
réalité homogène.
D'un autre côté, il s'agit de définitions
négatives, c'est-à-dire qu'elles définissent ce qui n'est
pas le secteur formel. Il est très difficile par ailleurs
d'obtenir une définition synthétique. Cependant, il semblerait
que chaque définition réponde dans une certaine mesure à
une des perspectives que nous expliquons dans les sections qui suivent.
3.3.1. Perspective axée
sur la finalité du secteur informel
Cette perspective considère que l'élément
fondamental du secteur informel est sa logique de production, selon laquelle
l'objectif principal de l'activité est de garantir la survie du
groupe familial. Cette logique est différente de celle du
secteur formel de l'économie dont l'objectif est l'accumulation du
capital.
3.3.2. Perspective axée
sur son caractère non légal
Selon cette perspective, la principale caractéristique
du secteur informel est son caractère non légal, autour duquel se
définissent toutes ses autres caractéristiques. L'informel est
dit non légal parce qu'il ne respecte ni les règlements fiscaux,
ni ceux du travail ( heures supplémentaires, salaire minimum,
sécurité et hygiène...) ni les autres lois à
caractère social ( sécurité sociale, syndicat...)
37(*)
De ce point de vue, le secteur informel peut être
défini comme étant l'ensemble des activités
économiques qui se réalisent en marge de la législation
sociale et fiscale ou qui échappent à la comptabilité
nationale.
Paradoxalement, ce secteur censé se soustraire au
contrôle de l'Etat fonctionne allègrement au vu et au su de tout
le monde. Une certaine imposition forfaitaire lui est même
appliquée Ambiguïté de l'Etat ? Complaisance ?
Complicité ? Autant d'interrogations qu'il est légitime de
se poser.
Des trois secteurs connus ( primaire, secondaire, tertiaire),
dans quelle catégorie classer l'informel dans la mesure où toutes
les activités desdits secteurs y sont
représentés ?
Banques traditionnelles ( tontines), atelier de
réparation , médecine de proximité, s'y côtoient.
3.3.3.Autres définitions
du secteur informel
En 1981, S.V. Sethurman38(*) propose la définition suivante :
Le secteur informel est composé de petites
unités s'occupant de produire et de distribuer des biens et services
ayant pour finalité essentielle de créer des emplois au profit du
participant à l'entreprise et de leur assurer un revenu bien que ces
unités soient limitées sur le plan du capital matériel et
humain et sur celui du savoir-faire.
Pour Philippe Hugon,39(*) le secteur informel est un ensemble d'organisations
à petite échelle où le salariat est absent ( ou
limité), où le capital avancé est faible, mais où
il y a néanmoins une circulation monétaire et production de
biens et de services onéreux. Les règles dominantes ne sont pas
salariales mais coutumières, hiérarchiques.
La définition du secteur informel reste chose complexe,
intuitive et le plus souvent spécifique au terrain de recherche
envisagé.
D'une façon générale, l'économie
informelle fonctionne sur base d'activités marchandes, artisanales, de
services, voir de" micro activités" ne nécessitant qu'un faible
investissement, ne disposant quasiment pas de stock et qui pour la plupart se
pratiquent de façon ambulatoire.
En définitive, nous retiendrons la définition
proposée par l'O.I.T car elle s'inspire d'une synthèse d'autres
définitions, ce qui donne un portrait plutôt complet.
Le secteur informel est celui où les nouvelles
entreprises :
-entrent librement sur le marché;
-comptent sur des ressources indigènes;
-sont familiales et petites;
-ont une technologie adaptée et fournissent un travail
intensif;
-acquièrent leurs connaissances à
l'extérieur du système scolaire;
-évoluent dans un marché non
réglementé et concurrentiel.
De toute évidence, la diversité
intrinsèque du secteur informel constitue un point clé. Wouter
Van Ginneken40(*)
distingue trois catégories principales dans ce secteur :
a) l'informel de subsistance qui correspond à
l'ensemble des petits métiers qui n'impliquent pas ou peu de
capital(laveurs de voitures, cireurs de chaussures, vendeurs
itinérants). Il s'agit souvent de métiers itinérants, qui
n'exigent pas de locaux. Ils sont peu lucratifs et ne constituent souvent qu'un
complément de revenu familial. Ces métiers sont souvent
exercés de manière temporaire en attendant de trouver une autre
activité. C'est par eux que se régulent les flux de nouveaux
migrants et que se règle l'insertion sociale des sans-travail au sein
des structures familiales ou ethniques d'accueil. Il peut aussi s'agir
d'activités commerciales des ménagères, des ouvriers de
chantiers , etc...
b) l'artisanat traditionnel rural( ou plus rarement urbain)
est d'un autre type ;
On peut d'ailleurs se demander s'il est possible de
lui appliquer la dénomination d'activité informelle. Si les
volumes de production sont faibles et les technologies peu capitalistiques,
l'organisation de la profession est souvent poussée : cela est
dû soit à des structures corporatives efficaces, soit à
l'existence de monopoles ethniques (forgerons au Sénégal et au
Mali, vendeurs de statuettes au Sénégal). La liberté
d'entrées et la souplesse d'adaptation qui caractérisent
l'informel sont très limitées pour ces activités.
Cependant, sous certaines conditions, ces structures peuvent évoluer
vers des types de PME, ce qui est inconcevable pour la catégorie
précédente. L'artisanat marocain des tapis et, dans une moindre
mesure, celui du cuir, offrent une illustration de cette évolution
possible.
c) l'informel concurrentiel offre des biens ou des services
qui se veulent concurrents de ceux produits par le secteur moderne. Dans la
plupart des cas, le degré de concurrence est faible en raison de grandes
différences dans la qualité des produits et services.
Généralement, par conséquent, l'informel et le moderne
s'adressent à des clientèles différentes. Toutefois, pour
les unités de cette catégorie qui atteignent un certain niveau
d'équipement, qui ont une gestion cohérente et qui
améliorent la qualité des produits, le caractère
concurrentiel vis-à-vis du moderne est très fort.
Pour mieux différencier le secteur moderne du secteur
informel, nous allons nous servir d'un tableau synoptique qui a
été dressé par Sucrez-Berenguela R.M dans son livre
intitulé « Informal sector- Labor market and returns to
Education in Perou. » Ce tableau met en relief les différences
entre la définition des objectifs, le marché et sa structure, les
technologies utilisées par les deux secteurs
Tableau 3: Comparaison
entre le secteur formel et le secteur informel
Secteur formel
|
Secteur informel
|
Objectifs principaux
Maximisation des profits
|
Objectifs principaux
Création des revenus
|
Marché
Accès restreint, présence des
syndicats
Appliquer la législation du travail
Accès au crédit national et
étranger
Transactions non monétaires
|
Marché
Facilité d'accès, grande
concurrence
Aucune législation du travail
Autofinancement
Activités monétaires
|
Structure du marché
Barrières à l'entrée
Marques déposées, produits
standards
Marchés protégés(quotas,
licences, taxes)
|
Structure du marché
Aucune barrière à
l'entrée
Produits artisanaux
Marchés non protégés
|
Technologies
Moderne et importée
Utilisation intensive du capital
Education formelle requise
Production à grande échelle
Paiement de taxes et d'impôts
Salaires et contrats de travail
|
Technologies
Traditionnelle, adaptée,
créée
Utilisation intensive du travail
Apprentissage non formel
Petites unités de production
diversifiées
Aucun paiement d'impôts
Auto-emploi, rémunération à la
pièce
|
Source : Sucrez-Berenguela R.M. Informal sector, Labor
market s and Returns to Education in Peru, LSMS Working paper, n° 32,
p.3. Word Bank
Nous venons de voir que le secteur informel englobe toute
activité de production ou de service qui échappe à la
réglementation fiscale et à la comptabilité nationale.
Le secteur formel par contre est un domaine d'activités
reconnues juridiquement par l'Etat, organisées et structurées de
manière à atteindre les objectifs préalablement
fixés.
Des points de ressemblance existent entre les deux secteurs
comme des points de différence.
Il n'existe pas une ligne de démarcation entre le
secteur informel et le secteur formel car l'un est la réponse ou la
justification de la raison d'être de l'autre.
La différence fondamentale se trouve à notre
avis dans la définition des objectifs. En effet, le secteur formel
cherche la maximisation des profits, tandis que le secteur informel se
préoccupe de la création des emplois afin d'assurer la survie de
la famille.
3.4. Les activités
informelles à travers le monde
3.4.1. Le secteur informel
dans les Pays développés
Pour ces pays, le secteur informel est constitué par
le travail au noir, l'économie criminelle et le volontariat.
a. Le travail au noir
Selon Karin Schefer41(*), de l'Union des Banques Suisses(U.B.S), dans presque
tous les pays de l'OCDE, l'économie souterraine affiche une tendance
à la croissance à long terme.
Cette économie, comprendrait de nombreuses
activités qui n'entrent pas dans les statistiques officielles.
Parmi les secteurs dans lesquels le travail au noir est le
plus répandu, on peut citer le bâtiment,
l'hôtellerie, la restauration et le tourisme.
Une grande partie du travail au noir devrait toutefois revenir
à l'agriculture ou à divers services concernant les
ménages(gardes d'enfants, nettoyages ou jardinage ).
L'économie souterraine est en majeure partie une
conséquence des dysfonctionnements économiques, lesquels peuvent
prendre la forme de surcharges du facteur travail par des taxes d'ordre fiscal
et social ou d'une réglementation trop rigide et
génératrice de surcoûts pour les entreprises.
Par ailleurs les mesures de réduction du temps de
travail destinés à mieux répartir l'emploi renforcent le
potentiel de travail au noir. La propension à se réfugier dans
l'économie occulte augmente.
Malgré sa connotation négative,
l'économie souterraine fait aussi l'objet de jugements nuancés.
Ses formes douces, notamment le travail manuel hors des heures de travail
officielles, ne sont pas considérées comme dommageables en
soi.
L'économie au noir peut être aussi définie
comme étant "l'ensemble des activités générant
un revenu de marché qui n'est pas déclaré à
l'autorité publique". Il s'agit donc d'activités de
marché ou, en d'autres termes de la production qui est offerte contre
payement d'un prix de marché.
Au sens strict, il comprend les activités qui, en soi,
sont parfaitement légales mais peuvent être dissimulées
pour échapper aux obligations fiscales et sociales.
Exemples :
-Les étudiants qui font la plonge pour compléter
leurs bourses
-Les femmes de ménage non déclarées
à la sécurité sociale.
b. L'économie criminelle
L'économie criminelle comprend quant
à elle, les activités illégales comme le trafic de la
drogue, la contrebande, les jeux du hasard interdits ou l'exploitation de la
prostitution qui fournissent un revenu illégal qui n'est pas
déclaré au fisc ou à la Sécurité Sociale.
c. Le volontariat
Le volontariat comprend les nombreuses formes de travail pour
lesquelles aucun prix de marché n'est payé.
Exemples : Services de secours aux personnes
sinistrées, assistance bénévole aux malades etc...
3.4.2. Le secteur informel
dans les pays en voie de développement
Vendeurs de rue, cireurs de chaussures, ouvriers d'ateliers
clandestins, travailleurs à domicile, petits artisans, tous ces
travailleurs de l'ombre font partie d'un secteur oublié des
statistiques : le secteur informel qui constitue pourtant une source
majeure d'emploi dans les pays en voie de développement.
Lors du colloque international sur l'organisation des
travailleurs du secteur non
tructuré42(*), qui s'est tenu à Genève du 18 au 22
octobre 1999, il a été convenu que le
secteur soit subdivisé en trois grands groupes
à savoir :
1°. Les propriétaires ou exploitants des
micro-entreprises, y compris les agriculteurs, qui emploient quelquefois des
travailleurs ou apprentis.
2°. Les personnes travaillant pour leur propre compte,
travailleurs indépendants, marchands ambulants et petits paysans.
C'est le groupe le plus important et le plus visible du secteur informel.
3°. Les salariés à plein temps ou
occasionnels. Il comprend des travailleurs rémunérés,
ainsi que les travailleurs à domicile et les domestiques. Ces
travailleurs sont souvent cachés si bien qu'il est plus difficile de
les localiser, de se mettre en rapport avec eux et de les organiser.
Il a été également reconnu que l'immense
majorité des gens qui travaillent dans le secteur informel ne le font
pas par choix et ce travail n'est pas pour eux une étape vers un avenir
meilleur, c'est plutôt un moyen de survie.
Ainsi, face aux crises conjoncturelles, à la croissance
démographique, à l'absence ou au désengagement de l'Etat,
une part de plus en plus accrue de la population plonge dans l'informel pour
assurer sa survie. Ce visage peut emprunter différents chemins :
une activité traditionnelle dans l'artisanat, cireur
de chaussures, taximan, l'ouverture d'un petit commerce, un emploi dans un
atelier clandestin , travail domestique etc...
Dans les pays à faible revenu, le secteur informel
apparaît comme un moyen d'assurer sa survie et comme un rouage
indispensable de l'économie.
Comme la plupart des chercheurs, Marc Penouil 43(*)pense que les activités
informelles sont la réponse des sociétés aux besoins
nouveaux, aux mutations structurelles, aux contraintes sociales,
résultant du développement transféré sur toutes
les catégories sociales.
Relations de travail et relations marchandes combinent des
formes de relations comme le salariat et le marché. Cependant, selon
les tenants de cette perspective, l'informel ne peut pas à lui seul,
assurer l'industrialisation.
Analgésique pour gagner du temps, l'informel est une
réponse essentielle mais insuffisante à la gestion des crises et
à la transition vers une économie moderne.
Il ne répond en effet que partiellement aux
problèmes posés par l'évolution des technologies et tend
à mettre en place un système de formation essentiellement
reproductif.
Il est en outre, par nature, peu capitaliste. En effet, les
capitaux proviennent généralement de l'épargne
personnelle ou familiale, la main d'oeuvre est habituellement
constituée par des membres de la famille, la productivité est
très faible et la rentabilité des investissements se limite en
principe à récompenser le travail et non le capital.
Si on a longtemps adopté des politiques de
découragement à l'endroit des activités informelles,
notamment parce qu'elles échappent à toute taxation fiscale,
certaines ONG et les principales organisations internationales ont
progressivement adopté une attitude positive, essentiellement
réformiste, envers le secteur informel.
Faisons remarquer que malgré cette vision plutôt
prometteuse pour le secteur informel, ce dernier est loin d'être une
voie vers un développement équilibré.
En effet, de l'homme libre, entreprenant et inventif, le
travailleur informel devient plutôt un ouvrier soumis à de
longues heures de travail dans des ateliers souvent insalubres.
En marge de toute légalité, il travaille pour un
salaire de misère, sans moyen de voir sa situation
s'améliorer.
Les pays développés ne sont pas
épargnés par ce phénomène : on y trouve comme
au sud, de plus en plus d'ateliers clandestins et de travailleurs à
domicile.
Le syndicat australien TCFUA Textile, Clothing and Footwear
Union of Australian estime que 75% des entreprises de l'industrie textile
australienne font confectionner leurs vêtements à domicile.
Le cas de travailleurs oeuvrant douze heures par jour, sept
jours sur sept pour deux dollars de l'heure sont monnaie courante.
Pour d'autres chercheurs travaillant essentiellement sur les
micro-entreprises sud-américains, l'informel est porteur d'une autre
logique, basée sur la solidarité et la coopération, la
participation à la vie locale et la responsabilité de chacun.
Dans l'informel, on est ingénieux sans être
ingénieur, industrieux sans être industriel, entreprenant sans
être entrepreneur.
Autrement dit, on n'est pas dans une économie, on est
dans une autre société. L'économique n'y est pas autonome
en tant que tel. Il est dissout, enchâssé dans le social.
Pour des auteurs comme Serge Latouche44(*), l'économie informelle
répond à une voie choisie par des sociétés du sud
en opposition à celle ( société capitaliste) que veulent
leur imposer les pays industrialisés.
L'informel est un choix de société, de valeurs
de solidarité, un refus de l'industrialisme imposé et d'un type
d'Etat et de contrôle politique.
Cette vision fait la part belle au secteur informel et
occulte ses aspects dégradants.
Il n'en demeure pas moins que l'informel semble dans bien des
cas entremêlé d'une autre logique que celle du petit entrepreneur
d'une économie en transition vers la modernité industrielle
capitaliste.
Ainsi, Luis Razetto 45(*) constate que les informels se considèrent
comme des indépendants, comme des travailleurs possédant leur
propre outil de travail, comme artisans et non pas comme des entrepreneurs.
Leur entreprise n'est pas fondée sur la maximisation
du profit, elle est fondée sur le travail, une manière de
satisfaire de façon autonome leurs besoins personnels et familiaux.
Nous allons dans les paragraphes qui suivent illustrer par des
exemples les réalités du secteur informel en Amérique
latine. Nous aurons ainsi une idée extrapolable à d'autres pays
du tiers monde.
3.4.2.1 Les
spécificités du secteur informel en Amérique Latine
Le secteur informel latino-américain se
caractérise par sa colonisation, par sa pauvreté, par son
développement économique et technologique et par son importante
urbanisation.
Il incarne un moyen de survie sur l'ensemble du continent
où la pauvreté et le sous- développement sont
considérés comme étant endémiques. Ces
problèmes étant causés par une redistribution
inégale des richesses.
Le tableau suivant montre la forte présence du secteur
informel dans quelques pays de l'Amérique Latine :
Tableau 4: Présence
du secteur informel dans quelques pays d'Amérique Latine.
Pays
|
Participation(%) du secteur informel
1996-1998
|
Bolivie
|
41.5%
|
Colombie
|
44.6%
|
Equateur
|
48.8%
|
Pérou
|
50.3%
|
Venezuela
|
45.8%
|
Moyenne
|
46.2%
|
Source :
http://www.paris21.org
3.4.2.2. La contribution du
secteur informel à l'économie de l'Amérique Latine
En Amérique latine, le secteur informel est le
résultat d'une série successive de crises. Aujourd'hui, cette
région ne peut plus se passer de sa complémentarité.
Il fait partie intégrante de l'économie
latino-américaine, puisqu'il contribue à son développement
et à sa croissance économique en atténuant la
pauvreté, en réduisant les inégalités sociales, en
influençant la prise de décision des gouvernements, etc...
a) Sur le plan social.
Le secteur informel contribue à corriger les
imperfections de l'évolution de l'économie et des politiques en
vigueur. Il permet non seulement de réduire la pauvreté mais
aussi les inégalités sociales en permettant aux plus
démunis d'avoir un minimum de ressources pour survivre en plus d'une
tentative de redistribution plus équitable des revenus.
Comme l'Etat est incapable de remplir
adéquatement son rôle, en répondant aux besoins de sa
population , alors le secteur informel vient au secours en apportant aux
pauvres et aux marginalisés, un moyen de survivre.
b) Sur le plan économique
Le secteur informel est caractérisé par les
aspects économiques suivants :
-la contribution à la croissance économique
-la participation au développement du secteur
tertiaire
-l'apport du dynamisme propre au secteur informel
· La capacité d'intervention et d'innovation
allant des petits métiers aux activités plus
élaborées ;
· Le caractère capitalistique de
l'activité et la capacité d'accumulation grâce à une
main- d'oeuvre flexible ;
· La capacité d'adaptation aux changements
conjoncturels et socio-économiques, à nouer des relations avec
les fournisseurs et les clients, à faire face à la concurrence,
etc...
3.5. Les activités informelles au Rwanda
Au Rwanda, le secteur informel prend au fil des jours une
importance de plus en plus significative.
Il joue un rôle d'adoption de migrants venus de tous
les horizons et un rôle d'accueil dû aux agents économiques
exclus du secteur formel.
C'est une zone tampon entre le secteur traditionnel rural et
le secteur moderne.
En définitive, c'est l'incapacité de l'Etat de
répondre aux besoins fondamentaux de la population dans le domaine de
l'emploi, de la santé, du logement et de l'éducation qui est
à l'origine du foisonnement du secteur informel.
Soulignons que cette incapacité n'est pas imputable au
seul cas du Rwanda, aucun Etat au monde n'est en mesure de créer des
emplois pour tous ses citoyens.
3.5.1. Les type
d'activités informelles exercées au Rwanda
En examinant le type d'activités
réalisées dans le cadre du secteur informel au Rwanda, on peut
les classer en trois catégories (voir Tableau n°5 )
Tableau 5:
Répartition des activités informelles au Rwanda par
secteur
d'activités
Secteur Primaire
|
Secteur Secondaire
|
Secteur Tertiaire
|
-Construction
-Artisanat
-Poterie
-Agriculture
|
-Menuiserie
-Forge
-Atelier de couture
-Poterie
-Vannerie
-Menuiserie artisanale
-Artisanat artistique
-Vannerie d'art
-Produits alimentaires
-Imprimeries
-Ateliers divers
|
-Mécanique
-Soudure
-Réparations diverses
-Salon de coiffure
"Echangeurs"
-Transport: -Taxi Minibus
-Moto
-Cyclistes
-Blanchisserie
-Service de déménagement
-Prise d'images
-Troupes et théâtres
-Troupes de danses
-Restaurants
-Dispensaires
-Travailleurs domestiques
-Cireurs de souliers
-Autres
|
Source : Nous- même
Commentaire du tableau:
Ces activités se rencontrent pour la plupart dans le
secteur formel. Elles jouent un rôle important sur le plan socio-
économique. Nous allons le constater à travers une enquête
que nous allons mener à Gakinjiro.
3.5.2. Le Marché de
Gakinjiro
Le marché de Gakinjiro est un exemple illustratif des
activités informelles
au Rwanda.
a) Emplacement du marché
Le marché de Gakinjiro est situé dans la MVK,
District de Nyarugenge, Secteur CYAHAFI. Chef-lieu des activités
informelles de la Ville de Kigali, Gakinjiro s'étend sur le bord gauche
de la route qui mène à la Prison Centrale de Kigali (
dénommée 1930) en partance de Nyamirambo, sur le prolongement de
l'immeuble abritant le Café Nectar jusqu'à la prison ci-haut
citée. Ce marché est situé à deux endroits en
prolongement l'un de l'autre (Gakinjiro I et Gakinjiro II).
Gakinjiro I est construit sur une pente raide, au sommet d'un
creux de plusieurs mètres de profondeur. Il a fallu une main
d'architecte pour fixer les installations aussi rustres que mal
agencées. Un grand hall à deux niveaux couvert d'une toiture
solide abrite plusieurs articles fraîchement produits sur le tas et ceux
d'hier qui attendent d'être écoulés par des artisans
inlassables et besogneux comme des abeilles.
Ils fourmillent pour vendre à qui mieux mieux le
fruit de leur labeur, dans un environnement d'insalubrité et de
promiscuité propre au secteur informel classique.
D'une simple chaise en bois à une porte
métallique double, d'une armoire de luxe à un lit pour
domestique, tout y est, tout fait nombre.
Gakinjiro II s'étend à deux pas de la Prison
Centrale de Kigali qui est sa limite géographique.
Il est caractérisé par des installations
rudimentaires composées des machines à tailler le bois. Des
menuisiers de tout bord s'y côtoient, des acheteurs de toute
catégorie également. Le marché est longé en sa
partie haute de kiosques où se vendent des articles relatifs à la
construction et à l'équipement des maisons. Des mini
quincailleries à proprement parler.
b) Historique du marché de Gakinjiro
Le marché de Gakinjiro aurait vu le jour en 1968 selon
les artisans de Gakinjiro interrogés à ce sujet. Les pionniers de
ce marché étaient de simples artisans qui cherchaient à
satisfaire leurs besoins en vendant le produit fini de leur savoir-faire.
La Ville de Kigali se développant de plus en plus,
il est clair que le besoin en équipement domestique devait se faire
sentir de façon significative.
Jusque là, la demande était satisfaite par des
artisans éparpillés ici et là dans les différents
coins de la Ville de Kigali.
Ceux-ci n'étaient pas en contact les uns avec les
autres jusqu'à la naissance de l'association KORA, qui a pour objet
l'appui aux groupements et fédérations d'artisans exerçant
des métiers dans le secteur de l'artisanat utilitaire par des
activités de la formation, d'appui, d'animation, de garanties
réelles auprès des banques, de représentations ainsi que
de toute activité susceptible de permettre l'expansion de tout
groupement d'artisans.
Comme confédération, KORA existe depuis le
23/12/1984.
Elle est reconnue juridiquement par l'arrêté
ministériel n° 897/05 du 08/07/1985, modifiée par
l'arrêté ministériel n° 1028/05 du 16/07/1986 portant
ratification des statuts de l'association. Ceux-ci ont été
publiés dans le Journal Officiel n° 15 du 10/08/1985.
KORA regroupe les fédérations suivantes:
-Fédération de menuisiers (objet de notre
étude de cas). Les menuisiers fabriquent une large gamme de meubles
comme les chaises, les lits de différents styles, les armoires simples
et de grande valeur, les placards, les cercueils de toutes dimensions, les
fauteuils, de petits et grands salons etc.
-Fédération des soudeurs qui font la soudure des
fenêtres, des portes et qui fabriquent des outils artisanaux à
partir des objets métalliques ;
-Fédération des mécaniciens qui sont sur
le qui-vive pour réparer toute panne leur signalée ;
-Fédération des tailleurs qui secondent les
autres artisans en confectionnant sur commande les housses pour matelas, pour
meubles, les taies et les salopettes des artisans ;
-Fédération des cordonniers qui réparent
les vieux souliers et qui vendent aussi des pièces
détachées relatives aux souliers comme les semelles, les colles,
les cirages, les brosses pour souliers, etc ;
-Fédération des ferrailleurs qui confectionnent
des objets métalliques tels braseros,
les portes métalliques, les malles, les
différents ustensiles de cuisine etc. ;
-Fédération des métiers divers (salons de
coiffure, restauration, chauffeurs mécaniciens, électriciens,
réparateurs de pneus ...)
La KORA est une auto-organisation qui a servi d'exemple
même en milieu rural.
Son organisation a rayonné dans d'autres milieux
artisanaux. Butare et Gisenyi en sont témoins.
3.5.3 Institutiogramme46(*) du marché de Gakinjiro
a) Définition
L'Institutiogramme est une représentation
simplifiée de l'organisation à partir de l'analyse de son
environnement institutionnel. Il constitue une manière pratique de
visualiser les interactions des acteurs et des facteurs avec l'organisation
considérée.
b) Représentation de l'Institutiogramme du
marché de Gakinjiro
AMEKI
Autres banques
MVK
District Nyarugenge
MICOMART
Marché de
Gakinjiro
Quincaillerie
Autres Artisans
Ménages
Marché MVK
BIT
Forestiers
KORA
Entreprise de Construction
Source : Nous- même
Légende
1.~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ : Relation de clientèle
2. : Relation d'appui technologique et/ou
financier
3. : Relation de collaboration
4. : Relation
d'autorité
5. - - - - - : Relation de concurrence
Commentaire
Le marché de Gakinjiro entretient, comme d'autres
entités organisées, des rapports institutionnels avec son
environnement. Ces rapports sont de 5 ordres comme le montre le tableau
n°6.
Tableau 6: Types de
relation que le marché de Gakinjiro entretient avec son
environnement
Types de relation
|
Exemple
|
-Relation d'autorité
|
MICOMART
MVK
|
-Relation d'appui
technologique et / ou
financier
|
KORA
BIT
MICOMART
|
Relation de collaboration
|
Autres artisans
|
Relation de concurrence
|
Autres artisans
Autres marchés
|
Relation de clientèle
|
Ménages
Entreprises de construction
Quincailleries
Forestiers
|
Source : Nous- même
Au vu de ce qui précède, nous pouvons dire que
le marché de Gakinjiro joue un rôle socio-économique
important. Nous verrons dans le chapitre 3 que les artisans qui y exercent des
activités, en l'occurrence les menuisiers, sont des assurés
sociaux potentiels si la Caisse Sociale du Rwanda les sensibilise
suffisamment.
3.6. Aspects positifs et
aspects négatifs du secteur informel
Pour clore ce chapitre sur le secteur informel, il est
préférable de souligner les aspects positifs et les aspects
négatifs de ce secteur qui fait couler beaucoup d'encre pour tant de
chercheurs ou de partenaires divers.
3.6.1. Les aspects positifs du
secteur informel
Le secteur informel permet d'enrayer la pauvreté. Comme
elles constituent l'unique option de travail pour de nombreuses personnes, ces
activités du secteur informel assurent la survie et freinent les effets
de la pauvreté engendrée par l'incapacité du secteur
formel à créer des emplois.
Pour les femmes, surtout lorsqu'elles sont chef de famille,
les activités du secteur informel assurent ainsi leur survie propre mais
aussi celle de leur famille.
Aussi, l'accès au secteur informel est aisé.
N'importe qui peut y exercer une activité lucrative surtout lorsqu'il
s'agit d'activité qui ne requiert pas une formation
élevée.
D'autre part, le secteur informel permet d'acquérir les
connaissances nécessaires à l'exercice de ces activités
par leurs pratiques mêmes.
Le secteur informel joue un rôle social
déterminant. D'une part, il assure un emploi et un revenu et d'autre
part, il constitue un facteur d'intégration et de solidarité.
3.6.2. Les aspects
négatifs du secteur informel
Dans de nombreux cas, les personnes qui entament des
activités de secteur informel ne disposent pas de garanties que
demandent les banques pour octroyer un prêt.
Il s'agit là de barrières financières.
Certaines femmes africaines ont pu surmonter cette difficulté en
créant des tontines. Il s'agit d'un don rotatif qui s'opère au
sein d'un groupe de femmes qui se cotisent un montant fixe dont la
totalité est confiée à chacune d'elles jusqu'à ce
que tout le monde soit servi et on recommence de plus belle.
Il est à noter également que le secteur informel
est caractérisé par le non respect ou par la non application ou
simplement par l'absence de normes de travail relatives au salaire minimum, aux
horaires de travail, à la sécurité, et d'autres normes
sociales en rapport avec le système de santé, de retraite etc.
Nous venons de naviguer dans l'univers du secteur informel
dans ce deuxième chapitre. Nous avons observé que le secteur
informel est une réaction spontanée et justifiée des
hommes et des femmes qui se battent pour survivre dans un monde impitoyable.
Nous allons maintenant, à travers une étude de
cas, voir si ces travailleurs ingénieux peuvent bénéficier
d'une couverture sociale exclusivement réservée jusqu'à
présent, aux travailleurs du secteur structuré. C'est l'objet du
troisième chapitre.
CHAPITRE 4 : ANALYSE
ET INTERPRETATION DES RESULTATS
4.1. Introduction
Comme nous l'avons souligné précédemment,
le secteur informel est subdivisé en trois grands groupes à
savoir :
- les propriétaires ou exploitants de micro
entreprises qui emploient parfois quelques travailleurs ou apprentis ;
- Les personnes travaillant pour leur propre compte ;
- les salariés à temps plein ou les
occasionnels ;
Comme il nous était matériellement impossible de
contacter tous ces grands groupes, nous avons choisi le marché de
Gakinjiro comme étude de cas ; la menuiserie informelle ayant
été ciblée comme cheval de bataille.
Les questions que nous avons posées se
rapportent :
- à leur identification(âge, état civil,
niveau d'instruction, personnes à charge...) ;
- à l'identification de leur métier(
apprentissage, expérience, type de contrat....) ;
- au revenu et à son utilisation ;
- à l'affiliation à la CSR ;
- aux problèmes rencontrés et aux attentes vis-
à- vis des pouvoirs publics.
4.2. Démarche
méthodologique
Le nouveau Petit Robert définit la démarche
comme la manière de progresser (ex. démarche de la pensée,
du raisonnement). La méthode a été définie dans
notre partie introductive.
4.2.1.
L'échantillonnage
Le choix de l'échantillon ne nous a pas
été aisé, étant donné qu'il n'était
pas possible de connaître avec précision le nombre de menuisiers
exerçant à Gakinjiro.
C. Javeau 47(*) définit un échantillon comme
étant un ensemble de personnes à interroger, extrait d'une
population-parente, population-mère, population-référence
ou tout simplement population. Comme la population est grande, nous avons
considéré qu'un échantillon de 90 personnes étaient
suffisant, pour « fiabiliser » les résultats
dérivés de l'enquête.
4.2.2. La collecte des
données
Nous avons d'abord élaboré un questionnaire
guide d'interview à l'intention des menuisiers de Gakinjiro. Nos
hypothèses de travail constituent la charpente des questions que nous
avons posées. Naturellement certaines questions n'étaient pas
directement en rapport avec lesdites hypothèses mais tout
« marché » a son propre environnement.
Lorsque nous avons fini d'élaborer le questionnaire,
nous l'avons distribué au hasard aux menuisiers de Gakinjiro I et de
Gakinjiro II. Nous avons été surpris que nos
enquêtés sachent tous lire et écrire. Tant il est vrai que
pour fabriquer un fauteuil, un lit ou une armoire de telle ou telle dimension,
des mesures doivent obligatoirement être prises et notées quelque
part.
4.3. Analyse et
interprétation des résultats
Pour analyser les données recueillies sur terrain, nous
avons relevé le nombre de fois que les personnes enquêtées
partageaient l'événement. Nous avons groupé ces
données sous forme de tableaux que nous nous sommes appliqué
à commenter par la suite.
4.3.1. Identification des
menuisiers
Tableau 7:
Répartition des menuisiers par âge
Classe d'âge
|
Effectif
|
Proposition %
|
20-30
|
27
|
30
|
30-40
|
42
|
47
|
40-50
|
15
|
16
|
Abstention
|
6
|
7
|
Total
|
90
|
100
|
Source : Enquête à
Gakinjiro
X = (25 x 27) + (35 x 42) + (45 x 15) = 2820 =
33,57 ~ 34
84 84
Interprétation
L'âge moyen est de 34 ans. Il est compris entre 20 ans,
comme âge minimum, et 48 ans comme age maximum. Nous constatons que 47%
de nos enquêtés se retrouvent entre 30 et 40 ans.
Ce phénomène peut vouloir expliquer que le
métier de menuiserie est un métier stable et bien
rémunérateur. Nous allons le constater par la suite. C'est un art
qui se raffine au fil des ans et qui exige autant l'adresse que la
vitalité.
Tableau 8:
Répartition des menuisiers en fonction de leur état
civil ;
Etat civil
|
Effectif
|
Proposition %
|
Célibataire
|
18
|
20
|
Marié
|
72
|
80
|
TOTAL
|
90
|
100
|
Source Enquête à
Gakinjiro
Il ressort de ce tableau que la majorité des menuisiers
sont mariés (80%) ce qui vient renforcer l'idée de
stabilité évoquée plus haut.
Tant il est vrai qu'en matière d'emploi, les jeunes ont
tendance à se mouvoir à la recherche de débouchés
plus substantiels. On trouve en effet que les jeunes de moins de 25 ans ne
représentent que 14,28% et ceux de moins de 30 ans, 28,57%. C'est un
métier qui n'attire pas tellement les jeunes car il demande tout de
même un certain apprentissage, un certain équipement, un
goût artistique etc.
Tableau 9:
Répartition des menuisiers en fonction du nombre de leurs
enfants
Nombre d'enfants xi
|
Fréquence observée ni
|
ni xi
|
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
|
21
12
21
15
6
9
0
3
0
0
0
3
|
0
12
42
45
24
45
0
21
0
0
0
33
|
?
|
90
|
222
|
X = 222/90 = 2,4 ~ 2
|
Source : enquête à
Gakinjiro
|
Chaque menuisier a en moyenne deux enfants.
Tableau 10:
Répartition des menuisiers en fonction du nombre de personnes à
charge
Nbre pers à charge
xi
|
Fréquence ni
|
ni xi
|
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
|
9
3
3
6
12
12
15
6
9
0
6
0
3
0
3
3
|
0
3
6
18
48
60
90
42
72
0
60
0
36
0
42
45
|
?
|
90
|
522
|
X = 522/90 = 5,8 ~ 6
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Chaque menuisier a en moyenne deux enfants. Cependant, il
supporte en moyenne 6 personnes, ceci est un fait révélateur. En
effet, on accepte de prendre en charge des gens parce qu'on en a les moyens.
Nourrir 6 personnes quotidiennement sous entend qu'on en est capable, qu'on
gagne un revenu consistant. Toutefois, nous n'excluons pas la
possibilité d'exagération de la part des enquêtés.
Le Rwandais ne dévoile pas ce qu'il possède. Quand vous lui
demandez combien de vaches il possède, il te dit sans fausse honte qu'il
n'en possède qu'une seule qui est en piteux état(agahushi), alors
qu'il en a plus de cent. Il amplifie les charges à souhait et
minimise ses revenus à volonté. Il y a toutefois une
réalité que nous ne pouvons pas ignorer, c'est que le Rwandais
est très sollicité par la famille tant proche
qu'éloignée. La moyenne de six personnes à charge est peut
être surestimée, mais n'empêche que le menuisier qui avoue
supporter tout ce monde avoue indirectement qu'il gagne un revenu substantiel
et c'est ce fait qui nous intéresse , pour des raisons bien
comprises.
Tableau
11:Répartition par district d'origine
District d'origine
|
Nombre de menuisiers
|
Proportion
|
MVK
|
36
|
40%
|
Ailleurs
|
51
|
57%
|
Sans réponse
|
3
|
3%
|
Total
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Ce tableau nous indique que 57% des menuisiers viennent
d'autres provinces et ce n'est que normal car la ville a un grand pouvoir
d'attraction. Dans son livre intitulé l'explosion urbaine , Roland
Pourtier48(*) affirme que
l'urbanisation représente la transformation la plus spectaculaire
en Afrique contemporaine. Effet, on a affaire à un très grand
nombre de gens, rassemblés trop vite, dans un petit nombre d'endroits,
avec peu de ressources . Nous ajoutons, que parmi ces gens qui s'entassent
dans les bidonvilles, se trouvent forcément des artisans, menuisiers de
surcroît.
Tableau 12 : :
Répartition par niveau d'instruction
Niveau d'étude
|
Nombre de menuisiers
|
Proportion
|
a) Analphabète
b) Ecole Primaire
c) CERAI
d) Ecole Secondaire
e) Autres
f) Sans réponse
|
-
51
12
18
6
3
|
-
57%
13%
20%
7%
3%
|
Total
|
90
|
100%
|
Source : enquête à Gakinjiro
Commentaires
Ce tableau nous renseigne que toutes les personnes
enquêtées savent lire et écrire.
57% d'entre elles ont fréquenté l'école
primaire ;
13% le Centre d'Enseignement Rural et Artisanal
Intégré (C.E.R.A.I) ;
20% l'école secondaire ;
7% ont suivi une autre formation. Ces données nous
amènent à déduire que le métier de menuiserie exige
un minimum d'apprentissage, un minimum de formation scolaire ne fut ce que pour
avoir une idée des mesures. Savoir lire et écrire constitue donc
un préalable pour se lancer dans ce métier.
Tableau 13: Répartition par
district du domicile actuel
Domicile
|
Nombre
|
Biryogo
Gasyata
Gikondo
Gisozi
Kacyiru
Kanombe
Kimihurura
Kimisagara
Kimisange
Muhima
Nyakabanda
Nyamirambo
Nyarugenge
Sans réponse
|
6
3
3
6
12
6
6
6
6
3
9
9
12
3
|
TOTAL
|
90
|
Source : enquête à
Gakinjiro
La répartition géographique des menuisiers de
Gakinjiro couvre toute la Mairie de la Ville de KIGALI. Cela signifie un
certain professionnalisme pour exercer ce métier. Il n'y a que les
meilleurs venus de tous les coins du pays, venus de tous les Districts de la
MVK, nantis d'un grand savoir faire et possédant des moyens de bord qui
se sont fédérés pour créer le marché de
menuiserie de Gakinjiro.
Tableau 14:
Répartition selon l'apprentissage du métier
Lieu d'apprentissage
|
Nbre de menuisiers
|
Proportions
|
A l'école
Sur le tas
Sans réponse
Nulle part
|
30
42
12
6
|
33%
47%
13%
7%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Le tableau n° 8 nous renseigne sur la façon dont
les menuisiers de Gakinjiro ont appris leur métier.
47% prétendent l'avoir appris sur le tas par des amis
ou des parents ;
33% avouent l'avoir appris à l'école ;
La formation sur le tas est parfois plus instructive que sur
le banc de l'école surtout en matière d'apprentissage. Puis le
métier de menuisier se transmet de père en fils pour la plupart
des artisans qui n'ont pas suffisamment fréquenté
l'école.
Tableau 15:
Répartition par nombre de jours de travail.
Jour de travail
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
a) 6 jours
b) 5 Jours
c) Moins de 5 jours
d) Sans réponse
|
75
9
3
3
|
83,3%
10%
3,3%
3,4%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Le tableau n° 9 nous renseigne sur la durée
hebdomadaire de travail. Les menuisiers de Gakinjiro travaillent en grande
majorité (83,3%) pendant 6 jours de travail.
L'influence de la religion est ici fondamentale car les
personnes enquêtées reconnaissent toutes qu'elles vont à la
messe les dimanches. Rien d'étonnant car les Rwandais passent pour
être parmi les nations les plus christianisés au monde, même
si le génocide s'est produit sur leur territoire.
Tableau 16: Forme du
contrat
Nature du contrat
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
Oral
|
9
|
10%
|
Ecrit
|
6
|
7%
|
Sans contrat
|
60
|
67%
|
Sans réponse
|
12
|
13%
|
Nul
|
3
|
3%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Le tableau n° 10 nous montre que 67% des menuisiers sont
liés à leur patron par un contrat tacite. Ceci est une
caractéristique majeure du secteur informel. En effet, les
relations d'emploi sont surtout fondées sur l'emploi occasionnel, les
lieux de parenté ou les relations personnelles et sociales, plutôt
que sur les accords contractuels comportant des garanties en bonne et due
forme.
Il va de soi que les abus qui en dérivent sont
énormes, mais généralement les rapports de force sont tels
que l'exploité courbe l'échine en acceptant de se plier à
la règle du jeu faute de mieux. L'exploitation de l'homme par l'homme
trouve ici toute sa signification.
Tableau 17: Choix du
métier
Choix du métier
|
Nombre de menuisier
|
Proportions
|
Par amour
Par héritage
Par intérêt
Par pis aller
Sans réponse
|
21
3
36
24
6
|
23%
3%
40%
27%
7%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à Gakinjiro
Commentaires
Le tableau n° 17 nous révèle une
information importante qui va être en amont de l'infirmation de notre
première hypothèse.
En effet, 40% des personnes enquêtées nous
avouent qu'elles exercent le métier de menuiserie par
intérêt contre 3% qui l'exercent par héritage, 23% par
amour et 27% par pis aller. Cela sous-entend que les revenus tirés de ce
métier sont substantiels. Ce qui contredit notre première
hypothèse.
Tableau 18:
Ancienneté dans le métier
Ancienneté
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
Moins de 5 ans
|
27
|
30%
|
Entre 5 et 10 ans
|
36
|
40%
|
Plus de 10 ans
|
21
|
23%
|
Sans réponse
|
6
|
7%
|
Total
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Le tableau n° 12 nous renseigne que le métier de
menuiserie est un métier stable puisque les personnes
enquêtées nous disent qu'elles l'exercent depuis plus de 5 ans
(63%). Cela nous semble logique car ceux qui l'exercent sont
intéressés financièrement comme nous venons de le voir. A
la question de savoir si les menuisiers questionnés avaient au
préalable exercé un autre métier, ils ont répondu
à 73% que oui.
Il y en a qui ont commencé par le commerce, d'autres
par la maçonnerie, etc...
Encore une fois, l'intérêt financier a servi de
pôle d'attraction à ces artisans qui ne regrettent pas d'avoir
changé de métier.
Tableau 19: Exercice d' un
autre métier
Exercé un autre métier
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
Oui
Non
Sans réponse
|
66
18
6
|
73%
20%
7%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Commentaires
Avant de se lancer dans le métier de menuiserie, 73%
personnes enquêtées ont travaillé ailleurs. Cela est dans
la logique des choses puisque nous avons vu que l'age moyen du menuisier
était de 34 ans et que 47% de ceux-ci avait un age compris entre 30 et
40 ans contre 30% entre 20 et 30 ans. C'est dire donc qu'avant de s'engager
dans ce métier, on se constitue un petit capital puis on s'investit
corps et âme pour satisfaire au mieux une clientèle de plus en
plus nombreuse.
4.3.2. Le revenu du menuisier
et son affectation
D'après le Nouveau Petit Robert, le revenu est :
Ce qui revient à quelqu'un, à une collectivité,
comme rémunération du travail ou fruit du capital .
Le revenu est aussi défini comme la part de la
production qui revient au sujet économique individu ou
collectivité, comme rémunération de son travail, et / ou
le fruit de son capital.
Tableau 20: Revenu du
menuisier en Frw
Revenu journalier
|
Nbre de jours de travail/mois
|
Revenu mensuel
xi
|
Nombre de menuisiers
ni
|
nixi
|
500
|
24
|
12000
|
6
|
72000
|
650
|
24
|
15600
|
3
|
46800
|
800
|
24
|
19200
|
3
|
57600
|
1000
|
24
|
24000
|
15
|
360000
|
1200
|
24
|
28800
|
6
|
172800
|
1300
|
24
|
31200
|
3
|
93600
|
1500
|
24
|
36000
|
12
|
432000
|
1600
|
24
|
38400
|
3
|
115200
|
2000
|
24
|
48000
|
15
|
720000
|
2500
|
24
|
60000
|
3
|
180000
|
4000
|
24
|
96000
|
3
|
288000
|
5000
|
24
|
120000
|
3
|
360000
|
TOTAL
|
|
529.200
|
75
|
2.898.000
|
Source : enquête à
Gakinjiro
NB : 15 menuisiers se sont abstenus.
Le revenu moyen est de1frwx 2.898.000 = 38.640
Frw/mois, soit une moyenne
75
journalière de 1600frw/jour. Selon une enquête
réalisée par Madame Agnès Ntibanyurwa49(*) en 1997 et en 1998, le revenu
moyen d'un menuisier s'élevait à 990 frw/jour soit
23.720Ffrw/mois en prenant une constance de 6 jours de travail par semaine. Le
taux d'évolution de 61,88% en 5 ans peut s'expliquer par deux
éléments essentiels à notre avis :
- dépréciation de la monnaie
- croissance démographique urbaine, donc accroissement
de la demande des produits fabriqués par les menuisiers.
Le tableau n°21 va nous permettre d'apprécier le
revenu du menuisier par rapport à celui d'un agent de l'Etat.
Tableau 21: Barème
des salaires des Agents de l'Administration Centrale (Année
2002).
Année
|
2002
|
Catégorie
|
Grade
|
Salaire base.
|
Prime
|
T.M
|
I
II
III
IV
V
VI
|
Licencié
Bachelier
Humaniste
D5
D4
Non qualifié
|
28500
25000
18500
14000
9000
5000
|
25000
10000
6500
4000
4000
4000
|
53500
35000
25000
18000
13000
9000
|
|
Source : MIFOTRA
Si on analyse le revenu des menuisiers de Gakinjiro tel
qu'apparaissant au tableau n° 14, comparativement au barème de
l'Administration Centrale (tableau n° 15) , on remarque que le revenu
moyen des menuisiers de Gakinjiro est compris entre celui du bachelier et du
licencié engagés par l'Administration Centrale. Quand on sait que
le revenu dont il est question ici est celui gagné sur le lieu de
travail, on peut affirmer sans risque d'erreur que le revenu du menuisier peut
être majoré par des activités exercées
sporadiquement dans son environnement immédiat.
A la lumière de ce qui précède, notre
première hypothèse se retrouve infirmée. Et pour cause.
Nous étions en effet persuadés que les menuisiers de Gakinjiro et
par extension celui des travailleurs du secteur informel était
précaire et instable que ce fait constituait une des causes majeures de
la non affiliation à la Caisse Sociale du Rwanda. L'enquête
menée auprès des menuisiers de Gakinjiro vient de nous prouver le
contraire.
Dans le contexte économique rwandais ce revenu permet
aux personnes enquêtées :
- de se nourrir (83%) ;
- de se loger (83%) ;
- de se vêtir (83%) ;
- de se faire soigner (73%) ;
- de constituer une épargne (13%) ;
- de payer une certaine taxe.
Il va de soi que la non affiliation des menuisiers de
Gakinjiro et par extension celle des travailleurs du secteur informel a
d'autres raisons comme nous allons le voir par la suite.
Tableau 22: Utilisation du
revenu
Utilisation du revenu
|
Nombre de Menuisier
|
Proportion
|
a) se nourrir
Oui ...........................
Non ..........................
b) Se loger
Oui ...........................
Non ..........................
c) Se vêtir
Oui...........................
Non ..........................
d) Se faire soigner
Oui...........................
Non .........................
e) Constituer une épargne
Oui ..........................
Non ........................
f) Sans réponse.................
|
75
15
75
15
75
15
66
18
24
60
12
|
83%
10%
83%
10%
83%
10%
73%
20%
27%
67%
13%
|
TOTAL
|
90
|
|
Source : enquête à
Gakinjiro
La raison de la non affiliation des travailleurs du secteur
informel se trouve donc ailleurs comme nous allons le voir dans les pages qui
suivent. En effet selon le tableau n° 22, 90% des personnes
enquêtées ne sont pas affiliés à la Caisse Sociale
du Rwanda.
Il est intéressant de souligner que ce pourcentage
s'observe tant sur le plan national que sur le plan international. En effet,
selon le rapport d'un économètre de l'A.I.S.S., Monsieur BUTARE
Théopiste50(*) le
taux de couverture au Rwanda en 1999 avoisine les 10% ce qui signifie que 90%
de la population rwandaise est exclus de la Sécurité Sociale.
Dans le même ordre d'idées, selon le rapport du
BIT déjà cité, 90% de la population mondiale est exclue de
la protection sociale.
Tableau 23: Affiliation
à la CSR
Affiliation à la CSR
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
OUI
|
3
|
3%
|
NON
|
81
|
90%
|
PAS DE REPONSE
|
6
|
7%
|
TOTAL
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
Quelles sont les causes majeures qui empêchent les
travailleurs du secteur informel a ne pas s'affilier à la Caisse Sociale
du Rwanda ?
Tableau 24: Raisons de la
non affiliation
Raisons de la non affiliation
|
Nombre de menuisiers
|
Proportions
|
Revenu insuffisant
|
39
|
43.3%
|
Manque de sensibilisation
|
39
|
43.3%
|
Mauvaise perception de la CSR
|
3
|
3.4%
|
Pas de réponse
|
9
|
10%
|
Total
|
90
|
100%
|
Source : enquête à
Gakinjiro
En analysant le tableau n° 24, on trouve que parmi les
raisons avancées se trouve le revenu insuffisant à
égalité avec le manque de sensibilisation (43, 3%).
Cela peut paraître paradoxal, étant donné
que nous venons d'infirmer notre première hypothèse. Mais en
réalité, il n'y a aucune contradiction. En effet, l'artisan
menuisier de Gakinjiro gagne un revenu quotidien qu'il dépense
quotidiennement. Tout se joue à ce niveau. Il ne sait même pas
qu'il a un revenu proche ou même supérieur à celui d'un
licencié. Il vit dans un environnement qui l'incite à
dépenser sans compter.
Son niveau d'instruction le met à l'écart des
jouissances qu'il pourrait tirer de sa condition de travailleur plus ou moins
bien rémunéré par rapport aux autres travailleurs
notamment ceux du secteur public. L'épargne, le syndicat, la Caisse
Sociale du Rwanda, le crédit, c'est pour les autres, ceux qui ont
étudié, comme ils aiment le dire.
L'insuffisance du revenu n'est donc qu'un faux prétexte
puisque les agents de l'Etat qui gagnent en général moins que
ces artisans sont affiliés à la Caisse Sociale du Rwanda.
Les vraies raisons sont à notre avis le manque
d'informations en matière de sécurité sociale et surtout
la mauvaise perception du rôle de la Caisse Sociale du Rwanda.
En effet, celle-ci n'a conçu jusqu' à ce jour
aucune politique cohérente destinée à éduquer,
informer et sensibiliser les travailleurs du secteur informel. Si les
menuisiers de Gakinjiro étaient au courant des avantages qu'ils
pourraient tirer d'une éventuelle affiliation à la Caisse Sociale
du Rwanda, s'ils savaient qu'en cas d'accident de travail (si fréquent
dans leur métier) ils seraient indemnisés proportionnellement au
dommage subi, s'ils étaient informés qu'en cas de maladie
professionnelle (si fréquente également) la Caisse Sociale du
Rwanda prendrait en charge tous les soins nécessaires à leur
guérison et au besoin bénéficier de différentes
formes de rentes prévues par la loi, s'ils étaient au courant que
la Caisse Sociale du Rwanda accorde une pension d'invalidité, une
pension de vieillesse, une pension de survivant, diverses allocations
prévues par la loi qui régit la sécurité sociale,
s'ils savaient tout cela, eh bien les menuisiers de Gakinjiro
n'hésiteraient pas une seconde à payer une somme modique de 3% de
leur revenu trimestriel pour profiter des avantages que leur offre la Caisse
Sociale du Rwanda. Il resterait à placer l'employeur devant ses
responsabilités.
Il est donc exclu à toute forme d'avantages sociaux
dont jouissent ces camarades du secteur formel parce qu'il n'est pas tout
simplement correctement informé. La Caisse Sociale du Rwanda, les
pouvoirs publics, les syndicats, sont autant responsables de cette ignorance
dans laquelle se meuvent les travailleurs du secteur informel. Quant à
la mauvaise perception du rôle de la Caisse Sociale du Rwanda, elle
dérive également de cette ignorance et de la mauvaise gestion
qui a caractérise par le passé cette institution. Cela a
naturellement affecté son image de marque aux yeux de la population.
Ce problème de crédibilité qui
caractérise du reste l'ensemble des régimes de
sécurité sociale en Afrique sub saharienne est le fruit de
multiples facteurs comme le faible niveau de prestations, les longs
délais d'instruction des dossiers, la faible qualité des services
rendus, le manque de bonne politique de placement des fonds, les coûts
élevés d'administration, l'inefficacité administrative
etc.
Un autre problème qui entache l'image de marque de la
Caisse Sociale du Rwanda est que les pouvoirs publics
délibérément ou pas, ont ajusté à la baisse
les prestations en s'abstenant de les indexer sur l'inflation. Cela est
d'autant plus frappant quand on sait que la monnaie a perdu son pouvoir d'achat
dans des proportions inimaginables au cours de ces 40 dernières
années.
Notre deuxième hypothèse est ainsi
confirmée. Le manque d'informations en matière de
sécurité sociale et surtout la mauvaise perception du rôle
de la Caisse Sociale du Rwanda constituent bel et bien un obstacle majeur
à la non affiliation des menuisiers de Gakinjiro.
Notre dernière hypothèse a trait aux
restrictions juridiques et aux obstacles organisationnels. Nous n'avons pas
jugé nécessaire de faire des enquêtes d'opinion pour
confirmer ou infirmer cette hypothèse. En tant que cadre de la Caisse
Sociale du Rwanda, notre connaissance de la loi qui régit notre
institution nous permet de confirmer ladite hypothèse. En effet, le
décret-loi régissant la Caisse Sociale du Rwanda date du
22/08/1974. En son article 2, il est écrit ce qui suit :
« Sont assujettis aux dispositions du présent
Décret-loi :
a) Les travailleurs soumis aux dispositions du code du
travail, sans aucune distinction de race, de nationalité, de sexe, ou
d'origine, lorsqu'ils sont employés à titre principal sur le
territoire national pour le compte d'un ou de plusieurs employeurs publics ou
privés, nonobstant la nature, la forme, la validité du contrat ou
le montant et la nature de la rémunération ;
b) Les membres des services de l'Etat
Peuvent être assimilés aux travailleurs
visés au premier paragraphe du présent article, les
élèves des écoles professionnelles ou artisanales, les
stagiaires et les apprentis, même non rémunérés.
Les modalités particulières nécessaires
à l'application du présent Décret-Loi aux travailleurs
temporaires ou occasionnels, aux stagiaires, aux apprentis et aux
élèves des écoles professionnelles ou artisanales seront
déterminées par arrêté du Ministère ayant la
sécurité sociale dans ses attributions.
A la lumière de cet article, on constate que les
menuisiers de Gakinjiro, à l'instar de tous les travailleurs du secteur
informel, ne sont pas visés par le présent Décret-loi. Ils
ne sont pas en effet soumis aux dispositions du code du travail.
Non plus ce ne sont pas des agents de l'Etat, ni encore moins
des occasionnels ou temporaires puisqu'ils exercent un métier connu et
permanent. Ce ne sont pas des élèves, encore moins des apprentis,
mais bel et bien des travailleurs régis par une logique de survie. Ce
sont donc des exclus de la sécurité sociale. Si on essaye de les
assimiler aux travailleurs temporaires ou occasionnels, là aussi la loi
n'a pas défini leurs champs d'action. Il y a eu depuis la promulgation
de cette loi plusieurs ministres ayant eu la sécurité sociale
dans leurs attributions, mais aucun n'a défini les modalités
particulières nécessaires à l'application du
présent Décret-Loi en rapport avec le groupe ciblé. Ce
manquement préjudicie sans nul doute les travailleurs du secteur
informel et par ricochet la Caisse Sociale du Rwanda car comme nous l'avons
constaté lors de notre enquête menée auprès des
menuisiers de Gakinjiro, ceux-ci gagnent un revenu régulier et
amplement suffisant pour leur permettre une affiliation effective à la
Caisse Sociale du Rwanda.
Quant aux blocages administratifs, nous sommes du même
avis que Wouter Van Ginneken51(*) quand il affirme qu'il existe un lien étroit
entre l'extension de la couverture et la capacité administrative des
employeurs et des agences de sécurité sociale .
En effet, même si les menuisiers de Gakinjiro sont
regroupés en association « KORA » et que de ce fait
leur affiliation ne poserait pas de problèmes en principe, il en est
tout autrement d'autres artisans, voire d'autres travailleurs du secteur
informel, qui sont disséminés ici et là et dont la
volonté d'absorption par la Caisse Sociale du Rwanda entraînerait
une explosion des coûts fixes.
Il est utile de rappeler que la tenue des comptes individuels
de chaque assuré pose déjà un problème alors qu'il
s'agit des seuls travailleurs du secteur formel.
Il est évident que l'affiliation d'un nombre aussi
considérable des travailleurs du secteur non structuré
constituerait une charge administrative sans commune mesure. Le
fonctionnement d'un régime d'assurance sociale prévoit
comme le précise Wouter Van Ginneken, la tenue d'un dossier personnel
précis et exhaustif pour chaque assuré. Plus le nombre
d'affiliés croît, plus les dossiers individuels augmentent. Il
s'agit là d'un obstacle administratif majeur qui confirme notre
dernière hypothèse.
L'auteur ci-haut cité, en la personne de Wouter Van
Ginneken ajoute que « parmi les autres facteurs qui ralentissent le
processus d'extension de la couverture, il faut signaler le manque
généralisé d'informations au sein des groupes, voire leur
réticence lorsqu'un régime est perçu comme étant
inefficace ou contraire à leur intérêt. D'aucuns (tant
parmi les employeurs que les employés) se sentent dépassés
par les contraintes bureaucratiques liées à l'adhésion au
régime légal de sécurité sociale, ou craignant
peut-être que leur entrée dans le système public soit
générateur d'autres conséquences
indésirables ».
Nous pensons notamment à l'idée du fisc qui
hante les travailleurs et les employeurs du secteur structuré. En effet
selon les souhaits exprimés par les menuisiers de Gakinjiro (qui nous
semble partagés par d'autres artisans ou d'autres travailleurs), l'Etat
devrait revoir à la baisse son système d'imposition. Il s'agit
pour ces menuisiers de l'ICHA qui se pratique en amont du processus de
production et qui fait que les matières premières leur
coûtent cher, réduisant indirectement leur marge
bénéficiaire.
Le même auteur affirme que « les politiques
d'ajustement structurel poursuivies ces derniers temps dans les pays en
développement ont contribué à faire reculer le faible
pourcentage représenté par la population active au sein du
secteur formel. Les vagues successives des programmes d'ajustement structurel
poursuivies ces derniers temps dans les pays en développement ont
mené à une baisse des salaires dans les secteurs public et
privé, créant par là une érosion de la base
financière de régimes légaux d'assurance sociale. Dans le
même temps, nombreux sont les régimes de cette nature qui, dans
les pays en développement, ont souffert d'une mauvaise gestion
partiellement attribuable à une ingérence excessive des pouvoirs
publics, cette dernière ayant entraîné une perte de
confiance sensible chez les adhérents au régime. »
Nous terminons ainsi la vérification de nos
hypothèses de travail. Nous en avons confirmé deux et
infirmé une.
Nous allons maintenant exposer brièvement les
problèmes que rencontrent les menuisiers de Gakinjiro et les voies de
solution possibles.
4.4. Problèmes
rencontrés par les menuisiers enquêtés et leurs
souhaits
4.4.1. Problèmes
rencontrés
Les problèmes des menuisiers de Gakinjiro à
l'instar d'autres artisans peuvent être classés en trois
catégories :
· Problèmes situés en amont ;
· Problèmes situés au cours du processus
de production ;
· Problèmes situés en aval.
a) Problèmes situés en amont
· Le premier problème auquel se heurte les
menuisiers de Gakinjiro est le marché d'approvisionnement en bois qui
est très cher. En effet, l'activité de base pour ceux-ci
étant la transformation secondaire du bois, ce dernier ne lui parvient
qu'après avoir été traité par d'autres qui lui font
supporter les intrants dans le prix d'acquisition.
· Le second problème est lié au
financement (capital initial). La plupart des propriétaires, n'ont pas
accès au crédit bancaire. Le financement provient donc de leurs
propres ressources ou des prêts de parents et d'amis. Les prêteurs
sur gages privés constituent également une monnaie
d'échange pour ces menuisiers. Leur taux d'intérêt est
très élevé52(*) mais l'avantage est qu'il n'exige pas
d'hypothèques inaccessibles. Ils prennent le risque d'accepter un
chèque à présenter à une échéance
convenu, ou tout simplement un intermédiaire peut se porter garant
sur parole d'honneur ou sur un simple écrit tenant lieu de promesses de
payement.
· Le troisième problème en amont est
relatif à l'équipement de base (actif immobilisé) qui est
constitué d'outils simples, voire rudimentaires. Les opérations
de sciage, de perforage et de ponçage se font pour endroit
électriquement et chaque entité dispose d'un petit tour et d'une
simple raboteuse. Mais cela n'a rien à voir avec les équipements
ultra modernes de certaines menuiseries du secteur formel comme AMEKI COLOR,
chez John, Manu métal etc.
b) Problèmes liés au processus de
production
Le processus de production à Gakinjiro est fortement
handicapé par l'insalubrité des lieux caractérisé
par le marque d'infrastructure de base tels l'eau, les lieux d'aisance etc.
C'est ainsi que des maladies endémiques y sont
enregistrées séquentiellement.
Un autre problème est lié à l'afflux de
gens qui encombrent les lieux à volonté afin d'exercer à
leur aise le vil métier de « pick pocket ».
On peut citer également le problème
d'emplacement des ateliers de production. Ils sont situés sur une pente
raide et quand il pleut, non seulement les produits finis sont
abîmés car la plupart des ateliers de menuiserie sont peu ou pas
couverts, mais aussi la production ralentit quand elle ne s'arrête
pas.
c) Les problèmes en aval
Les menuisiers de Gakinjiro comme les autres artisans ont un
problème de marché d'écoulement, celui de stockage des
produits finis et le problème de sous traitance.
Le marché d'écoulement est en effet un grand
problème dans la mesure où la clientèle se limite
à quelque clients avisés.
Le reste de la population ignore le marché de
Gakinjiro. Cela sous entend un manque notoire de publicité.
Quant au problème de stockage, il se pose avec
acuité car la mévente des produits finis provoque un entassement.
Les produits sont alors cédés à des prix dérisoires
au risque de ne pas réaliser un quelconque bénéfice.
Les problèmes de concurrence se pose
généralement en termes de prix de revient du produit fini. Etant
donné que le secteur formel bénéficie d'un circuit de
distribution « normalisé » et bien connu quant aux
intrants de production ; étant donné que la production dans
le même secteur se fait à grande échelle, il est normal que
le prix de revient sera concurrentiel par rapport à celui du secteur
informel.
La concurrence se fait également à l'interne car
deux entités de production se trouvant à promiscuité se
livrent une guerre acharnée pour s'approprier une clientèle
souvent d'occasion.
Un autre phénomène observé est
qu'à côté des artisans menuisiers se trouvent des
commerçants des produits finis dérivant du bois. Ceux-ci sont
souvent mieux placés car près de la route macadamisée.
Cette farouche concurrence est naturellement de bonne augure pour l'acheteur.
Un autre problème que nous pouvons situé en
amont est lié au crédit bancaire.
Les contraintes liées au crédit bancaire
limitent sans contexte l'accroissement de la production des travailleurs du
secteur informel en général et des menuisiers artisans de
Gakinjiro en particulier. Les banques exigent, pour octroyer un crédit,
en plus des formalités administratives longues et ennuyeuses, une
garantie d'une maison dont la valeur est plus ou moins le double du
crédit demandé. Cela va sans dire que la plupart des menuisiers
ne sont pas capable de satisfaire à cette exigence.
4.4.2. Souhaits des
menuisiers
Les travailleurs du secteur informel partagent souvent les
mêmes problèmes. La menuiserie informelle n'échappe pas
à la règle.
En ce qui concerne l'approvisionnement en matières
premières, les menuisiers de Gakinjiro souhaiteraient constituer des
chantiers de bois car ce dernier peut être coupé sur mesure et
séché. Ces chantiers pourraient également rassembler,
trier et distribuer les déchets des scieries qui trouvent encore de
nombreuses utilisations dans le secteur informel.
Il faudrait rendre le crédit accessible en des termes
et à des conditions qui conviennent non seulement aux ateliers de
menuiserie, mais encore à l'ensemble du secteur informel. L'intervention
des pouvoirs publics est souhaitable.
Pour ce qui est de la formation, il est clair que le secteur
informel appelle des méthodes simples, accessibles aux entrepreneurs,
aux apprentis, aux ouvriers et plus spécialement aux menuisiers qui
constituent le créneau de notre travail de mémoire.
Enfin, les syndicats du secteur formel ne devraient pas
considérer le secteur informel comme un corps étranger,
engagé dans une concurrence déloyale à leur égard
mais comme un partenaire cherchant à s'intégrer à
l'industrie pour le bien de la communauté toute entière.
Les menuisiers de Gakinjiro ont exprimé le souhait
à l'endroit de l'Etat de revoir à la baisse son système
d'imposition. Leur souhait peut se résumer ainsi : Trop
d'impôts tuent l'impôt !
Ils ont exprimé le souhait que la Caisse Sociale du
Rwanda s'investisse davantage dans sa campagne de sensibilisation afin que tout
travailleur rwandais jouisse du droit à la sécurité
sociale.
Ils ont demandé à l'Etat, à travers ce
travail de recherche qu'un espace plus grand leur soit accordé afin
qu'ils améliorent leur productivité mais qu'en attendant les
installations sanitaires leur soient construites sans plus attendre.
Ils ont souhaité que l'Etat puisse importer à
leur place des matières premières nécessaires à
leur production. Mais nous pensons qu'ils auraient mieux fait de demander
plutôt à l'Etat de les organiser et de les initier aux techniques
d'importation. Comme le dit un adage chinois, il est opportun d'apprendre
à quelqu'un de pêcher un poisson plutôt que de le lui servir
sur un plateau d'argent .
Ils demandent enfin à l'Etat de les subventionner dans
un premier temps afin qu'ils puissent faire face à une concurrence de
secteur structuré qui est équipé suffisamment en moyens
tant matériels qu'humains. (technologie de pointe et agents
qualifiés).
Ils ont, pour terminer, lancé un appel aux
opérateurs économiques, aux ONG, aux chercheurs universitaires,
ou autres, afin qu'ils les aident à mieux s'organiser, à mieux
produire, à mieux gérer leurs stocks, à mieux vendre,
à faire connaître leurs produits, bref à être
reconnus par les instances habilitées comme des acteurs de
développement au même titre que leurs camarades du secteur
formel.
Ils nous l'ont signifié lors de nos entretiens
répétés. Ils nous l'ont confirmé lors d'un
débat que nous avons eu avec leurs représentants.
Nous venons de passer en revue les résultats d'une
enquête que nous avons mené auprès des artisans menuisiers
de Gakinjiro.
L'objectif de cette enquête était de comprendre
les raisons majeures de la non affiliation des menuisiers de Gakinjiro au
régime de sécurité sociale rwandais.
Nous avons la certitude que cette étude de cas nous a
révélé les vraies causes puisque nous nous avons
confiance aux techniques scientifiques que nous avons utilisées.
Nous étions convaincus au départ que les revenus
des menuisiers de Gakinjiro étaient précaires et instables.
L'enquête que nous avons mené nous a prouvé le contraire.
Nous avons ainsi infirmé notre 1ère
hypothèse.
Nous étions également convaincus que les
menuisiers de Gakinjiro et par extension les travailleurs du secteur informel
n'étaient pas sensibilisés en matière de
sécurité sociale et qu'ils avaient une mauvaise perception du
rôle que joue la Caisse Sociale du Rwanda, l'enquête nous a
confirmé cela, ainsi notre 2e hypothèse s'en est
trouvée corroborée. Il en est de même pour la 3e
hypothèse qui concerne les blocages administratifs et les restrictions
juridiques qui freinent l'extension de la sécurité sociale au
Rwanda. Cette hypothèse a été également
confirmée.
Nous allons dans le chapitre qui suit, voire quelle type de
sécurité sociale proposer aux travailleurs du secteur
informel.
CHAPITRE 5 :
EXTENSION DE LA COUVERTURE SOCIALE AUX
TRAVAILLEURS DU SECTEUR INFORMEL
5.1. Introduction
Dans les pays développés, la logique de la
sécurité sociale s'inscrit fort bien dans la philosophie
même de la croissance économique. La protection sociale y est si
bien conçue que le troisième âge est vécu avec
dignité et avec une prise en charge de soi-même, grâce
à des prestations qui avoisinent souvent le salaire d'avant la retraite
voire identique à ce dernier.
Dans les pays en voie de développement, les acquis
sociaux se réduisent à peu de choses. La majorité de la
population est exclue de la sécurité sociale.
Le but de ce travail est justement de frayer une piste
d'analyse sur la façon dont les travailleurs du secteur informel
seraient affiliés à la sécurité sociale d'une
façon ou d'une autre.
Pour cela, revoyons le système de
sécurité sociale développé au Rwanda.
5.1.1. Régimes de
base
Au Rwanda, le régime de base est organisé
pour :
- les fonctionnaires ;
- les forces armées ;
- les employés régis par le code du
travail ;
- les indépendants.
La définition de la politique de protection sociale
relève des autorités gouvernementales qui ont institué un
décret-loi portant organisation de la sécurité sociale.
Il s'agit d'un régime contributif c'est-à-dire
que chaque assuré social cotise 3% de ses rémunérations
trimestrielles et perçoit au moment de la pension une prestation
à concurrence de ses cotisations conformément au taux fixé
par la loi.
5.1.2. Régimes
complémentaires
La Caisse Sociale du Rwanda vient de terminer une
étude de faisabilité de la création d'un régime de
pensions complémentaire sur base d'une étude actuarielle faite
par Monsieur Théodore Kamwenubusa qui a démontré la
pertinence de plafonner les salaires soumis à cotisation dans le
régime de base à 500.000 FRW.
5.1.3 Epargne retraite
volontaire on prévoyance individuelle.
En dehors des régimes complémentaires, il peut
être conçu un autre type de protection sociale en
général de caractère privé, qui relève de
l'épargne ou de la prévoyance individuelle.
Ce sont des compagnies d'assurances privées qui
proposent des plans d'épargne retraite ou des plans de prévoyance
sociale. Au Rwanda, certaines sociétés d'assurance ont
déjà investi dans ce domaine, mais comme le suggère
Monsieur François Xavier Ngarambe53(*) , actuel Directeur de la Caisse Sociale Du
Rwanda, l'Etat a le devoir de mettre en place des dispositifs de
contrôle et de réglementation en ce domaine, avec des
règles prudentielles spécifiques en matière
d'épargne retraite, afin de limiter toute possibilité d'abus et
de contrôler les risques inhérents à ce régime
(risque de marché, risque d'investissement, risque lié au
gestionnaire, ...)
5.2. Que faire pour une
affiliation effective ?
Comme nous venons de le voir, les différents
régimes de sécurité sociale couvrent les travailleurs du
secteur structuré, communément appelé secteur formel.
Ceux-ci perçoivent un salaire à base duquel on
calcule les cotisations sociales.
Quant aux travailleurs du secteur informel qui constituent
pourtant les 90% de la population active, ils n'appartiennent à aucun
régime. Ils sont purement et simplement délaissés pour
compte.
Nous devons reconnaître toutefois que des recherches
avancées ont été faites par les instances
habilitées tant au niveau national qu'international.
Le BIT a financé beaucoup d'enquêtes et
d'études de cas dont la plus complète est celle dirigée et
écrite par Wouter Van Ginneken dans son livre intitulé :
« Sécurité Sociale pour
majorité exclue. Etudes de cas dans les pays en
développement ».
Pour le cas du Rwanda, le même BIT a entamé une
phase de reconnaissance de la structure du secteur informel et de son
éventuelle affiliation à la Caisse Sociale du Rwanda.
Dans son introduction à un article ci-haut cité
de Monsieur François Xavier Ngarambe, il est écrit ce qui
suit :
Dans le but de participer significativement au
développement du pays en contribuant à lutter contre les
inégalités sociales, à promouvoir la croissance de
l'économie, la création d'emplois et la réduction de la
pauvreté, la CSR a adopté une politique contenue dans son plan
stratégique 2002.-2004. Et dont les éléments clés
sont :
1° une réforme approfondie du régime de
« pensions » et risques professionnels actuellement
gérés. Cette réforme est destinée à garantir
la viabilité et l'équilibre financier de long terme de ces
régimes, tout en améliorant la qualité des prestations.
2° une extension de la couverture sociale à tous
les travailleurs assujettis et non couverts et aux travailleurs du
secteur informel,
3° l'initiation de la création d'une branche
« soins de santé » destinée à couvrir
les travailleurs du secteur privé, ceux du secteur
informel, ainsi que les retraités,
4° la mise sur pied des mécanismes innovateurs
et dynamiques destinés à maximiser la rentabilité
économique et sociale des réserves, notamment la création
d'un marché financier au sein duquel la Caisse Sociale du Rwanda
jouerait un rôle majeur ;
Ce marché se caractériserait par des
mécanismes qui pallient les blocages du système bancaire actuel,
lequel ne dispose que des ressources de court terme et est incapable de
financer de façon satisfaisante les projets de long terme.
A la lumière de ce qui précède, on
remarque que la volonté de la Caisse Sociale du Rwanda de s'investir
dans l'affiliation des travailleurs du secteur informel est réelle. Elle
est en passe d'être traduite dans les faits puisque contenue dans son
plan d'action 2002-2004.
Il reste maintenant d'en définir les modalités
d'application et le type de sécurité sociale que la Caisse
Sociale du Rwanda veut offrir aux travailleurs dudit secteur.
En collaboration avec le BIT, la Caisse Sociale du Rwanda a
visité quelques coopératives cibles pour avoir une idée de
leur fonctionnement. Les coopératives visitées sont les
suivantes :
- ADARWA
- KORA
- COOPAR
- ATRACO
- COOPTHE MULINDI
- COOPTHE VM
- COODAF
- CONFIGI
A l'issue de ces visites, les recommandations suivantes ont
été formulées :
1° Constituer au niveau de la Caisse Sociale du Rwanda
une équipe de réflexion pour l'extension au secteur informel en
ce qui concerne les pensions ;
2° Constituer et actualiser le fichier des associations
et coopératives (noms et adresses des coopératives ...) ;
3° Constituer un point focal de discussions avec les
coopératives ciblées pour l'extension de la couverture
sociale.
4° Organiser des ateliers de définition des
stratégies ;
5° Adapter les textes aux spécificités du
milieu ;.
6° Définir une politique pertinente d'appui
à ces coopératives par le biais de la formation en collaboration
avec le BIT ;
7° Mûrir l'idée de la création d'un
fonds de garantie par la Caisse Sociale du Rwanda en faveur du secteur
informel ;
8° Etudier sérieusement la création d'une
branche pour les soins de santé qui intègre plus facilement la
priorité des gens du secteur informel compte tenu des outils de gestion
utilisés par le BIT pour la mise en place, le suivi, le contrôle
des mutuelles et des centres de santé.
Nous souscrivons à ces recommandations et ajoutons que
la Caisse Sociale du Rwanda doit mener une campagne de sensibilisation à
la hauteur de ses ambitions. Une campagne de sensibilisation menée avec
doigté permettra à la Caisse Sociale du Rwanda d'être
suffisamment et correctement connue. Cette campagne peut se faire de plusieurs
façons :
- Organiser régulièrement des séminaires
à l `endroit des meneurs d'hommes (syndicalistes, religieux, maires
des districts, employeurs, directeurs des écoles...) ;
- Organiser des journées portes ouvertes ;
- Engager des professionnels de la communication ;
- Travailler étroitement avec les journalistes pour
une publicité toujours mieux soignée ;
- Développer un partenariat
« intéressé » avec des personnes influentes
dans leurs milieux, qui seraient chargées d'encadrer les travailleurs
dans le domaine de la sécurité sociale sous la supervision des
agents de liaison de la CSR. ;
- Affecter des personnes ressources auprès des
associations et des coopératives déjà inventoriées
afin qu'ils facilitent certaines formalités administratives en
matière d'affiliation ;
Ces personnes percevraient des commissions et seraient
évaluées par les agents de liaison.
La Caisse Sociale du Rwanda devrait mener des actions
concertées avec les différents Ministères qui travaillent
étroitement avec la population. Il s'agit des Ministères
suivants :
- Le Ministère de l'Administration Locale, de
l'Information et des Affaires Sociales ;
- Le Ministère du Commerce, de l'Industrie, de la
Promotion des Investissements, du Tourisme et des Coopératives ;
- Le Ministère de la Jeunesse, de la Culture et des
Sports ;
- Le Ministère du Genre et de la Promotion
Féminine ;
- Le Ministère de la Fonction Publique, de la
Formation Professionnelle, des Métiers et du Travail ;
- Le Ministre de la Santé.
Il reste maintenant de savoir quel type d'assurance sociale
apporter à ces différents groupes de travailleurs une fois
localisés, mobilisés, et regroupés dans de
différentes coopératives ou associations. Il est évident
que pour un souci de justice sociale, les citoyens d'un pays devraient jouir
d'une même sécurité sociale.
Cela dit, « aucun pays n'irait prétendre que
son système de sécurité sociale soit complet et
achevé. » comme l'a fait remarqué fort justement
Monsieur Imbaga Boussa, lors d'une conférence internationale de
recherche en sécurité sociale « an
2000 »54(*)
Interrogés au sujet du type de sécurité
sociale auquel ils voudraient être couverts, les menuisiers de Gakinjiro
ont répondu à 80% qu'ils souscriraient volontiers à la
couverture scolaire de leurs enfants.
Nous pensons que ces souhaits devraient être
nuancés car comme nous l'avons constaté, les menuisiers de
Gakinjiro ne savent pas ce que c'est que la Caisse Sociale du Rwanda. Nous
sommes certains qu'ils répondraient autrement après une
sensibilisation sur le mode d'affiliation, les taux de cotisations, les
montants et les différentes formes de prestations à servir
etc...
Ils sont du reste sous l'influence des compagnies d'assurance
qui ont commencé à les approcher et à leur parler de
souscrire à une assurance relative à la scolarité de leurs
enfants et cela a créé une confusion quant à la mission de
la Caisse Sociale du Rwanda comparée à celle des compagnies
d'assurance.
De ce fait nous sommes d'avis que la Caisse Sociale du Rwanda
doit s'investir davantage dans la sensibilisation des travailleurs du secteur
informel qui en a grandement besoin.
La démarche de la Caisse Sociale du Rwanda serait la
suivante à notre avis :
1° Mener une campagne de sensibilisation tous azimuts
pour se faire connaître par les travailleurs et leurs employeurs ;
2° Effectuer un recensement exhaustif de toutes les
associations et coopératives oeuvrant au Rwanda ;
3° Planifier avec le BIT une formation appropriée
en matière de gestion des entreprises ;
4° Créer un fonds de garantie pour permettre
à ces associations et coopératives l'accès au
crédit pour financer leur micro réalisation à court, moyen
et long terme ;
5° Souscrire à une assurance pour couvrir ce fonds
de garantie dans le cas où telle coopérative ou telle association
venait à faire faillite ;
6° Faire affilier obligatoirement les membres de ces
associations aux mêmes régimes auquel adhèrent les
travailleurs du secteur formel ;
7° Encourager financièrement la création de
nouvelles coopératives et de nouvelles associations et leur assurer un
appui logistique financier et une formation appropriée et
régulière en collaboration avec le B.I.
CONCLUSION GENERALE
Tant il est vrai que le Rwanda est un pays pauvre, mais il est
aussi vrai que les rwandais ont besoin de vivre pleinement leur vie. Ils ont
besoin de satisfaire leurs besoins dont celui d'être affilié
à la Caisse Sociale du Rwanda. Le choix de notre sujet de mémoire
a été conditionné par le fait que 90% des Rwandais
n'étaient pas couverts par la Caisse Sociale du Rwanda. Nous avons
construit notre problématique autour de cette triste
réalité. Nous avons pensé que les raisons majeures
étaient les suivantes :
- Précarité et instabilité des revenus
des menuisiers de Gakinjiro
- Manque d'informations en matière de
sécurité sociale et surtout la mauvaise perception du rôle
de la sécurité sociale
- Les restrictions juridiques et les obstacles
organisationnels
En émettant ces hypothèses pour mener à
bonne fin notre travail de recherche, nous nous étions fixés deux
objectifs :
· Eclairer les gestionnaires de la Caisse Sociale du
Rwanda sur les stratégies à mener pour une couverture maximale
des assujettis sociaux, notamment ceux du secteur informel.
· Faire connaître aux pouvoirs publics le secteur
informel à travers une étude de cas relatif aux menuisiers de
Gakinjiro afin que ceux-ci puissent les organiser et donc mieux les
protéger socialement. C'est ainsi que nous avons conçu un plan
de travail qui nous a servi de charpente à notre recherche.
La partie introductive nous a permis de :
- justifier le choix de notre sujet de mémoire,
- poser notre problématique,
- établir nos hypothèses de travail,
- définir nos objectifs,
- présenter les méthodes de travail,
- décrire les techniques de recherche,
- délimiter le travail
Le premier chapitre quant à lui a été
consacré aux généralités sur la
sécurité sociale que nous avons défini comme étant
la sécurité que la société fournit par des
organismes appropriés à ses membres contre certains risques
auxquels ils sont exposés.
Nous avons remonté l'histoire de la
sécurité sociale dans ses racines profondes c'est-à-dire
en famille, d'abord restreinte, ensuite élargie. Nous avons
survolé l'espace en plaçant ladite sécurité dans un
contexte général, puis africain et enfin rwandais. Nous en sommes
naturellement arrivés à parler de la caisse Sociale du Rwanda.
Nous l'avons défini comme étant un
établissement public chargé de la gestion du régime de
sécurité sociale institué par un Décret-loi du
22/8/1974.
Nous avons décrit son organisation administrative,
présenté son organigramme. Nous avons parlé de ses
ressources et de son organisation financière.
Nous avons dit que les branches couvertes par la Caisse
Sociale du Rwanda étaient de deux catégories : la
Branche des pensions et la Branche des risques professionnels.
Nous avons dit un mot sur la gestion stratégique de la
Caisse Sociale du Rwanda laquelle s'intéresse entre autres à
l'extension de la couverture sociale aux travailleurs du secteur informel.
La deuxième chapitre a été
consacré au secteur informel, ce secteur qui a fait couler beaucoup
d'encre. En effet, il préoccupe depuis plus de 20 ans chercheurs,
gouvernements, organisations internationales et non gouvernementales.
Le secteur informel apparaît dès lors non
seulement comme un moyen d'assurer sa survie mais, comme un rouage
indispensable à l'économie, comme une troisième voie pour
sortir du sous développement.
Dans le troisième chapitre, nous avons
présenté les résultats issus d'une enquête que nous
avons menée à Gakinjiro. Ceux-ci nous ont conduit à
infirmer notre première hypothèse tout en confirmant les deux
autres. Nous avons remarqué que les travailleurs du secteur informel
avait pour la plupart un revenu qui leur permettrait une adhésion
à la sécurité sociale. Le handicap est que ce revenu
gagné quotidiennement est aussi dépensé quotidiennement,
dans la plupart des cas.
La Caisse Sociale devrait initier un guichet, qui
fonctionnerait comme une banque populaire et qui servirait d'appui financier,
d'appui conseil aux associations des travailleurs du secteur informel. Mais
auparavant, la Caisse Sociale du Rwanda devra réserver un soutien
indéfectible aux banques locales créées par lesdites
associations comme la Banque KORA.
Le quatrième et dernier chapitre a été
consacré à l'extension de la couverture sociale aux travailleurs
du secteur informel.
Nous avons constaté que la sécurité
sociale dans les pays développés était d'une bonne
longueur d'onde sur celle des pays pauvres. La raison est toute simple, les
premiers sont avertis sur les avantages de la sécurité sociale,
les autres nagent encore dans une marre d'ignorance qui les brouille à
volonté.
Nous avons remarqué que dans notre pays il
existe :
-un régime de base pour les travailleurs du secteur
informel
-un régime complémentaire en passe d'être
opérationnel
-un régime d'épargne retraite déjà
effectif dans la plupart des compagnies d'assurance de la place.
Nous nous sommes ensuite penché à la question
qui fait l'objet de notre mémoire.
Que faire pour une affiliation maximale des travailleurs du
secteur informel ?
Nous avons passé en revue les efforts
déployés par la Caisse Sociale du Rwanda pour ce faire. Nous
avons approché les études de cas réalisées par un
expert du B.I.T en la personne de Van Wouter Ginneken et les avons
synthétisé pour une meilleure compréhension.
RECOMMANDATIONS
La volonté politique d'affilier les travailleurs du
secteur informel, tant sur le plan national que sur le plan international est
là.
Seules les modalités pratiques diffèrent d'un
pays à l'autre, d'un continent à l'autre, d'une culture à
une autre.
Nous conseillons aux gestionnaires de la Caisse
sociale du Rwanda ce qui suit :
- de simplifier les procédures de versements des
prestations afin de réduire les délais d'attente qui avoisinent
parfois douze mois si pas plus. Cela contribuerait sans nul doute à
améliorer l'image de marque de l'institution et effacer la mauvaise
perception que les gens se font de son rôle ;
- de mener une campagne de sensibilisation tambours battant
pour faire connaître la CSR partout où c'est nécessaire,
pour ce faire nous recommandons à la CSR de recourir à de
nombreuses techniques d'information du public qui font appel aux modes de
communication suivants : radio, films, télévision, supports
écrits, manifestations(anniversaires nationales,
cérémonies de pose de la première pierre, portes ouvertes,
expositions, foires, inaugurations, manifestations sportives, culturelles,
concerts, etc), publicité, dispositifs
extérieurs(audiovisuels).
- de décentraliser les prises de décisions
quant à l'affiliation des travailleurs et aux payements des prestations(
accorder aux agences de liaison une grande marge de manoeuvre quant à la
gestion des dossiers administratifs des assurés sociaux) ;
- d'améliorer les
« acquis » dans le domaine de l'informatique afin de
limiter au strict minimum la tenue des registres qui font perdre
énormément de temps.
Exploiter pour ce faire les atouts technologiques offerts par
l'informatique de pointe ;
- de doter l'institution de cadres dynamiques et très
bien formés afin de répondre à une contrainte
indispensable en matière de gestion des ressources humaines telle que
formulée par Henri Fayol : « the right man in the right
place »55(*) ;
- d'élaborer pour ces cadres un plan de formation
à court, moyen et long termes en matière de
sécurité sociale ;
- de créer au besoin des prestations sociales
spéciales pour différentes catégories de travailleurs du
secteur formel non couverts et des groupes structurés du secteur
informel.
- d'encourager les groupes non structurés du secteur
informel à une adhésion volontaire aux associations et/ou aux
coopératives afin de les encadrer plus facilement en matière de
sécurité sociale.
- de créer un fonds de garantie qui serait l'une des
façons d'attirer vers elle les petits entrepreneurs aux initiatives
dignes de louanges, partant de les faire affilier à la CSR.
Quant aux pouvoirs publics, nous leur demandons
également ce qui suit:
- de procéder à une assistance sociale minimale
qui proviendrait du service des impôts pour les couches les plus
défavorisées de la population (il y a lieu de restreindre
les avantages jusqu'alors accordés exclusivement au secteur formel telle
l'exonération des cotisations sociales en matière d'imposition)
;
- d'encourager les ONG qui s'intéressent à la
couverture sociale des travailleurs du secteur informel ;
- de revoir à la baisse son système de taxation
qui semble enfreindre la création d'emplois nouveaux ;
- de s'engager davantage en faveur du financement des soins
de santé en fournissant un cadre juridique de réglementation et
de contrôle approprié, en conférant au régime le
pouvoir de recouvrer les cotisations et de veiller à ce que ce
recouvrement s'effectue dans les règles en développant d'une
manière cohérente les compétences nécessaires en
matière d'administration et de gestion ;
- d'encourager l'auto- organisation du secteur informel par
le biais de la création des associations et des
coopératives ;
- de financer toute forme de stratégies visant
à étendre la couverture sociale ;
- de soutenir la CSR dans ses efforts de sensibilisation de
la population en rappelant chaque fois que de besoin dans les discours
officiels les avantages d'être un assuré social.
- d'autoriser la C.S.R à investir
financièrement dans les micro réalisations, afin que plus
d'emplois soient crées et partant plus de revenus soient
générés ! Conscient que le meilleur investissement est
d'abord humain, la CSR devra alors commencer par une série de
formations et d'informations à l'endroit de ces entités, en
formant les formateurs en matière de management moderne; les effets
induits ne tarderaient pas à venir.
Cet investissement permettra de créer des emplois qui
vont générer des revenus à base desquels, la CSR percevra
des cotisations sociales. Au bout de la chaîne, le capital investi ainsi
que les intérêts y relatifs seront récupérés
et tout le monde y trouvera son compte.
La sécurité sociale est un droit de tout un
chacun, il appartient à chaque acteur social d'en être convaincu
et un grand pas sera alors franchi.
L'Etat est le premier interpellé, la Caisse Sociale en
est le vecteur, les organismes internationaux de sécurité sociale
tel l'AISS, le BIT, l'OIT en sont les facilitateurs. Nous osons croire que ce
travail sera complété par d'autres chercheurs qui pourront par
exemple démontrer par une étude de cas, que la CSR peut investir
dans les micro-projets du secteur informel et en tirer profit, sur le point de
vue socio- économique.
BIBLIOGRAPHIE
LES OUVRAGES
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analogique de la langue française, Paris, année
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17/6/2002
* 1 BLAISE, P.,
Pensées : Section VI, p. 347 cfr.
http://www.croixsens.net/pascal/page8.html,
30/1/2003
* 2 Dicton populaire qui
signifie qu'un seul homme ne peut se suffire à lui-même.
* 3 KEITH, H. ,
Séminaire du Centre de Développement, Nouvelles
approches du Secteur Informel, OCDE , Paris, 1990 cité par
UWANTEGE Emma-Carine dans Approche Socio-économique du secteur
informel au Rwanda UNR, FSESG , 2001 p.10
* 4 GILLION C. et al, :
Social security pensions : development and reform, BIT,
Genève, 2000, p. 1
* 5 Idem p. 2
* 6 Idem, .p. 4
* 7 Ibidem
* 8 Idem, p. 3
* 9 GILLION C., op.cit,
p.3
* 10 BUTARE Th.,
Régimes de Pensions : Problèmes et perspectives,
(document de travail lors des journées de réflexion
organisées par la CSR du 10au 14 août 1998 à Kigali, p.
21)
* 11 LE ROBERT, Dictionnaire
alphabétique et analogique de la langue française, Paris 1993,
p.1396
* 12 RWIGAMBA B., Cours de
méthodologie de la recherche, ULK , Licence3 Gestion, 2001
* 13 LE ROBERT, Op.cit,
p.2062
* 14 GISAGARA, R.B., Etendue
de la sécurité sociale, U.N.R., F.S.E.S.G, Butare, 2000,
p.3.
* 15 Texte inspiré du
Guide d'éducation ouvrière élaboré par le B.I.T en
1995, pp. 3 et 4
* 16 MBAGA, B.V., La
sécurité sociale et le secteur informel Cfr
http.../imbaga-boussa. PDF+ sécurité sociale+%22secteur
informel%22&hl=fr&ie=UTF 16/05/02
* 17 ISSA : «la
sécurité sociale en Afrique : nouvelles
réalités », in Série africaine, n°
21, p
* 18 B.O.R.U 1949, p.1912
cité par GISAGARA , op.cit. p.6
* 19 B.O.R.U. 1927. P.846
cité par GISAGARA , op.cit. p.6
* 20 GISAGARA R.B.
op.cit. p.6
* 21 J.O.R.R , 1974 p.
143 cité par GISAGARA , op.cit. p.6
* 22 J.O.R.R , 1974 p.
121 cité par GISAGARA , op.cit. p.6
* 23 BALORE B., Cours
de management de la qualité , U.L.K, Licence2 Gestion/soir , 2000
* 24 LE ROBERT, op.cit.
p.1016
* 25 ANSOFF, I.,
Stratégie du développement de l'entreprise, Nouveaux
Horizons, Paris, 1989, p.110
* 26 FRY.J. et KILLING P.,
Strategic, Analysis and Action, US/International Edition, 1986. p.10
* 27 HAMBRICK,
Operationalizing the concept of business. Level strategy in research,
Academy of Management Review vol.5, n°4 p.567
* 28 VALLERAND, J.,
Gestion stratégique, Université Virtuelle Africaine,
2000
* 29 KAMWENUBUSA, T., in
Etudes actuarielles de la Caisse Sociale du Rwanda, Kigali, 2001
* 30 MUTABAZI A., Cours de
management stratégique, Licence3 Gestion, ULK, 2001
* 31 GESRSTER, R. : in
Rapport de synthèse de la déclaration d'Interlaken du 13 et du
14 septembre 2001 p.1
Cfr http :
www.workandskills.ch/pages/f/over
wiew.html 30/9/2002
* 32 Idem, p.1
* 33 Idem, p.2
* 34STREHLKE, B : in
l'emploi dans le secteur urbain informel des industries du bois :
résumé d'études OIT , p.1
Cfr http : //
www.fao.org/docrep/S8380F/s8380f06.htm
30/9/2002
* 35 OIT :
Résolution concernant les statistiques de l'emploi dans le secteur
informel, p.2
Cfr http :
//www.ilo.org/public/french/bureau/stat/res/infsec.htm 30/9/2002
* 36 RUIZ A., 1987, p.33
cité par UWANTEGE E.-C., Approche Socio-économique du secteur
informel au Rwanda UNR, FSESG , 2001, p.9
* 37 THYS, W., Genre et
secteur informel, (Conférence Mondiale du Travail), p.5
Cfr http :
//www.europrofem.org/02.info/22contri/2.07.fr/1fr.gend/13fr_gen.htm
17/6/2002
* 38 Séminaire du centre
de développement, pp.71-72 cité par UWANTEGE E.-C.,
op.cit. p.11
* 39 HUGON, P :
l'économie de l'Afrique, Ed. la Découverte, Paris. 1993
pp65-66 cité par UWANTEGE, op.cit. p.12
* 40 WOUTER, G. :
Sécurité Sociale pour la majorité absolue,
B.I.T , Genève, 2000, pp197-198.
* 41 SCHEFER, K. : La
zone de l'ombre de l'économie, Union des Banques Suisses, 2001,
pp2-3
Cfr http :
//www.go.../f_01_03.pdf+Economie+parall%c3%A8le++en+suede&hl=fr&ie=UTF-
16/10/02
* 42 http :
//www.ilo.org/public/french/dialogue/actrav/publ/infcncl.htm 16/05/02
* 43 PENOUIL, M., «
Secteur informel et crises africaines, », in Afrique
contemporaine, Numéro spécial, 4e trimestre, 1992,
p.28.
* 44 LATOUCHE, S., La
planète des naufragés, Ed. La Découverte, Paris 1991,
p.53
* 45 RAZETTO, L. :
« Le futur sombre des travailleurs du secteur informel, »,
Economie et Travail, ,Santiago, année 2, n°3 ,1994.
* 46 WENDO, M., Cours de
Gestion du développement organisationnel, Licence 3 Gestion/Soir,
ULK, 2001
* 47 JAVEAU, C. ,
l'enquête par questionnaire, 3ème
édition, , Ed. de l'Université de Bruxelles, Bruxelles, 1985.
p.40.
* 48 POURTIER , R. :
L'explosion urbaine : Trente année d'Afrique, La
documentation Française,
Paris, 1992. p. 2.
* 49 NTIBANYURWA A., Impact
socio-économique du secteur informel, l'U.N.R, FSESG ,2001
* 50 BUTARE , T., in
Régimes de pensions : problèmes et perspectives, Document
de travail lors des journées de réflexion organisées par
la CSR , 10-14 août 1998 p.21
* 51 WOUTER, G.,
op.cit , p.15
* 52 Le taux pratiqué
au marché noir n'a pas de formule, mais il est fréquent que les
intérêts demandés soient mensuels au taux
d'intérêt de 20 à 30% du Capital emprunté.
* 53NGARAMB, F., in
Réforme du régime des pensions : Bilans et
Perspectives, Kigali, 2000
* 54 IMBAGA, B., op.cit,
. p.6
* 55 Signifie
« L'homme qu'il faut à la place qu'il faut. »